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DICTIONNAIRE
DELA
LANGUE FRANÇOISE,
ANCIENNE ET MODERNE,
DE PIERRE RICHELET.
TOMJË T JR.O I S IJÉ M JE.
P-Z
DICTIONNAIRE
D JÊ jL ^
LANGUE FRANÇOISE,
ANCIENNE ET MODERNE,
PIERRE RI C HELE T,
NOWEI.I.E ÉDÏTïON,
AUGMENTÉE D'UN TRÈS^GRAND NOMBRE D'ARTICLES,
TOMJË TJR.OISIJËMM.
P-Z
ALTON,
Chez LE s Frères Duplain, Libraires, grande rue Mercière, Maifon de;
MM. les Chanoines Réguliers de Saint Antoine.
M. D C, C. L I X,
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI
1l+
AUAMS
DICTIONNAIRE
DE LA
LANGUE FRANÇOISE,
ANCIENNE ET MODERNE,
Avec des Obfervations de Critique , de Grammaire & d'Hifioire,
p. p A c.
Subji. Mafc. Une des lettres de
l'Alphabet François. (Faire Un
P. Un P mal fait. )
Le P accompagné de Vh fe
prononce comme une F. Ainfi
on prononce Phyfiquc, de même
que fi ce mot étoit écrit Fifiquc.
Le P ne fe prononce pas en plufieurs mots.
Par exemple , compte , loup , fepc, fe prononcent
comme s'ils étoient écrits , conte , lou , fet.
Le P au commencement des mots fe fuprime.
Dans ptifanne & dans Pfeaume. Au milieu des
mots il fe prononce , dans baptifnial , exemption ,
rédemption , Rédempteur. Dans les mots où le
P eft final , il fe prononce , comme dans Gap ,
ville , galop. ( Voiez Defmarais , Grammaire
JprançoiJ'e. )
PAC.
Pacage, ou Parcage , f. m. [^Pafcua. ] L'un
& l'autre s'écrit , mais quoi qu'on écrive pafcage
avec une J'. il ne la faut point prononcer. Elle
ne fert qu'à montrer que la filabe eft longue,
( On apelle pacage , le lieu oîi le bétail va
paître. ) Voiez Pâturage.
Pacal , f. m. Arbre qui croît aux bords
-d'une rivière près de Lima dans le Pérou. Ce
bois étant brûlé , les Indiens fe fervent de fes
cendres , mêlées avec du favon , pour guérir
toute forte de dartres.
P a c e'. terme de Couvent. Mettre un Reli-
gieux in pace , c'eft le mettre en prifon oii on
le réduit à une vie dure & au jeûne.
Tome III,
PAC.
P a c F I , OU P A F I ,y^ //z. [ Decumanum velumi
artimon. ] Terme de Mer. On donne ce nom
aux deux voiles baffes. Le grand Pacfi , c'eft la
grande voile. Le petit Pacfi , c'eft la. voile de
mizaine. O^an. Dicî. Mar. On dit aufll Pacfiqus,
mais le premier mot eft le plus ufité.
Pacificateur , y; 77Z. \_PacifLcator , mediaror.^
Qui fait des traités de paix. Qui fait la paix.
( En cent lieux il me dégrada , ce pacificateur
d'Avaux. Fait. ]
Pacification , f.f. \_Pacificatio , mediatio.'\
Prononcez pacificacion. Ce mot a un ufage aftez
borné. On dit , un Edit de pacification , pour
dire un Edit qui tend à apaifer & à pacifier les
troubles & les brouilleries du Royaume ; mais
il ne fe dit que des troubles qui furent excitez
en 1561. fur le fujet de la Religion. Voïez
là-deflus VHijîoire des troubles. Il y a des gens
qui fouffrent par des Edits de pacification ,
mais leurs dommages font récompenfez par
l'utilité qui en revient à l'Etat. Le Maît. pi. ig.
Pacification , fè dit auffi du foin qu'on prend
pour apaifer des difl"enfions domeftiques , ou des
difFérens entre des particuliers. ( J'ai travaillé
à la pacification de leurs difFérens. )
Pacifier, V. a. [ Pacare ,fedure. ] Apaifer.
Acorder. Mettre en paix. Donner la paix.
( Pacifier l'Europe. Abl. Pacifier la France ,
l'Italie , l'Allemagne. Abl. Pacifier les mouve-
mens de quelque Royaume.
Pacifier , fe dit aufTi des querelles des particu-
liers. ( J'ai pacifié leurs différens. J'ai pacifié
l'efprit de ces frères.
Pacifier , fe dit auffi de la mer & des vens.
A
i PAC.
[ SeJare.'] Aprcs deux jours d'orage , la mer fe
paajia. ) Il eft beaucoup mieux de dire la mer
le calma.
P A Cl F I du E , / m. [ Pacificus. ] Qui aime
la paix. ( Bien-heureux font les paciji'quis , parce
qu'ils feront apellez enfans de Dieu. Nouv. Tcfl.')
Pacifique , adj. [ Pacificus , quietus. ] Pdifible.
Qui aime la paix. Qui eft en paix. ( L'cfprit
pacifique. Ombre pacifique. Dcfpr, Satire 3. )
La mer Pacifique. [ Mare pacificum. ] C'eft la
mer du Sud qui eft au-delà de l'Amérique. On
l'apelle pacifique , parce qu'il s'y fait moins de
tempêtes que dans la mer du Nord , qui eft
rOcean Atlantique; cependant au-delà des
détroit de Magellan & de le Maire les tempêtes
font auffi fréquentes & peut-être plus furieufes
qu'ailleurs.
Mener une vie pacifique , ou tranquille; cholfir
une vie pacifique , un genre de vie pacifique.
^^ Pacifique pofi'cffion. Une polfeilion ne
produit jamais aucun éfet , fi elle n'eft pacifique ;
& c'eft particulièrement dans la Jurifprudence
Ecléfiallique , où la poifeiïion pacifique de trois
ans eft un rempart bien folide contre l'avidité
des dévolutaires. Le Pape Innocent VIII. établit
dans la Chancelerie Romaine , une règle en
faveur de la poffeftion triennale , quand elle eft
pacifique , & cette règle a été confirmée par
tous les Papes qui lui ont fuccédé : la France
l'a adoptée , parce qu'elle eft conforme à la
difpofuion du Concile de Bâle , fur lequel la
Pragmatique Sandion & le Concordat ont été
formez. Pour jouir du bénéfice de la régie,
non - feulement il faut être fondé dans une
pofTeffion paifible de trois années , mais encore
fur un titre du moins coloré. RebufFe , qui a
fait un Commentaire fur cette régie , dit que
la poffeftion paifible eft celle qui n'eft point
troublée , ni en jugement , ni hors jugement :
mais les aftes qui font faits hors jugement , ne
peuvent être que de ftmples proteftations qui ne
peuvent point paffer pour un trouble légitime ,
& le litige injufte n'eft point une interruption
de la pofleffion , comme il a été jugé par un
Arrêt du Parlement de Paris , raporté dans le
recueil de Bardet , tom. z. liv. S- ch. jS. Il en
eft de même d'une inftance intentée devant un
Juge incompétent ; elle n'interrompt point la
pofl'eflion. Quant au titre , il doit être légitime
& canonique , ou du moins coloré ; & , félon
le fentiment de plufieurs Dofteurs , le titre eft
coloré , quand celui de qui on le tient, a droit
originellement de pourvoir, quoiqu'accidentelle-
ment il foit furvenu en fa perfonne quelque
empêchem£nt qui s'opofe à la provifion , pourvu
que cfes empêchemens ne foient de la qualité
de ceux qui font exprimez dans la règle, comme
la fimonie. On peut encore dire qu'un titre eft
coloré, quand il n'eft point réprouvé par la
régie ; & par conféqucnt un titre n'eft point
coloré quand il eft contraire à la régie. Au refte,
la régie a lieu dans toutes fortes de Bénéfices ,
même à l'égard de ceux qui font de patronage
laïque.
PacifiQuemfnt , aJv. [ Placidb , tranquille. ]
Paifiblement. D'une manière pacifique. Dans la
paix. Sans guerre. ( Vivre pacifiquement. Régner
pacifiquement. )
P A c o s , / m. [ Pacos. ] Animal du Pérou
qui eft aprivoifé , & qui porte beaucoup de
laine extrêmement fine.
PAcoi4i,Lt, f. f. Certaine quantité de
PAC. P A D. PAG.
marchandifes deftinée au commerce ; ce mot
fe dit principalement de la marchandife que l'on
tranfporte ou que l'on fait tranfporter dans les
pays éloignez pour la commercer.
■j" Pacte , f. m. [^ Pactum , fxdus , convention ]
Ce mot fignifie , Acord , Convention. Racine
dans Athality Aft. i. Se. i. dit :
Rompe? , rompez tout paRe avec l'impiété ;
Du milieu de mon Peuple exterminez les crimes.
Et vous viendrez alors m'immoler vos victimes.
Pacle , fignifie aufll , ou l'écrit par lequel
quelqu'un s'engage & fe livre au Démon , ou
les fimboles phyfiques,dont l'aplication produira,
à ce qu'on penfe , tel ou tel éfet en conféquence
du pade.
Faction,// [ Conventio , claufula. ] Ce
mot aujourd'hui ne le dit ordinairement qu'en
parlant des affaires , & il fignifie , Acord ÔC
Convention qui fe fait entre quelques perfbnnes.
{ Faire une padion avec quelqu'un. Vaug. Rem.)
Paclion , dit le Père Bouhours , étoit autrefois
le meilleur ; à préfent il ne vaut plus rien -.pacle
a prévalu , foit qu'il s'agifTe des Sorciers qui
font un pafte avec le Diable , foit qu'il s'agifTe
d'autres gens : paclion n'eft plus qu'un terme de
Palais. Remarq. pag. 408. Vaugelas , ch. 45 y.
de fies Ohfervations , a dit que pache pour paclion
étoit un barbarifme. L'ufage eft cependant de
ne fe fervir ni de pache , ni de paclion , quand
il s'agit d'un traité , d'un marché fait entre deux
perfonnes. Le terme convention eft générique.
Tranfaclion eft une efpéce de convention ; car ,
félon la définition des Jurifconfultes , la tran-
fa'àion eft une convention faite entre deux ou
trois perfonnes fur une chofe douteufe, & qui
eft litigieufe : & il y a cette diférence entre la
fimple convention & la tranfaftion , que celle-ci
ne peut jamais être réfolue & annullée que par
le dol perfonnel , c'eft-à-dire , lorfque l'une des
parties a été trompée par l'autre , qui lui a
fouftrait des titres importans.
Pactiser , v. 77. [ Paclionem facere , pacifci. 1
Faire une pafte , ou une convention. (Paflifer
avec quelqu'un. On dit auffi paclionner. Il eft
deft'endu aux Procureurs & aux Avocats de
paclionner. )
Pactole, //77. [ Paclolus. ] Nom d'un
Fleuve de Lydie , dont le fable étoit doré : il
fe dit figurément des richeffes. Le Paftole coule
pour vous. l^Tibi Paclolus fiuit.'\ C'eft-à-dire,
vous êtes très-riche.
P A D.
Padech a , /ot. Titre que le Grand-SeigneiM*
fe donne , & qu'il n'acorde à aucun Prince
Chrétien , qu'au Roi de France. Ce mot eft
Perfan , & nos Diftionnaires l'expliquent en
Turc par ceux de Beg , & de Sultan , qui
fignifient Seigneur ou Prince.
Paoelin , / ot. [ Viiri fufor caliculus. ] Terme
de Verrerie. C'eft un grand creufet où l'on fait
fondre la matière du verre.
Padou ,/ m. [ f^itta bombycina. ] he padou
eft une forte de ruban de fil ou de ibie , dont
on fe fcrt pour faire des noeuds de fouliez ,
des jartiéres , &c. (Padou gris, padou noir,
padou blanc. )
PAG.
Pagale,// Sorte de rame ou d'aviroa
dont on fe iert à canoter ; ç'eft-à-dire , à conduire
PAG.
les Canots dans plufieurs endroits derAmérique.
Pagaie , eft aulfi une grande efpatule de
bois , dont on fe fert dans les fucreries de
l'Amérique , pour remuer le fucre quand il
rafraîchit , afin d'en former le grain.
Pagaye , f. f. [ Rcmiis minor & lattts. ]
Efpéce de pelle ou d'aviron dont fe fervent
les Sauvages pour faire nager leur pirogue ou
canot. Voiez le 4. tome des Mémoires de V Aca-
démie , page 3C)S)-
Paganisme , f. m. [ Gcnûlitas , ficlorum
Deorum cultus.'\ Religion des Payens. Religion
Payenne. ( Les Dieux du Paganifme étoient
des hommes. )
Page,// [ Pagina. ] Tout le côté d'un
feuillet de livre , ou tout le côîc d'une feuille
de papier. ( Une petite ou grande page. Faire
de grandes pages. )
^3" P'ig'^ vient de pagina des Latins , à
pangendo.
Page , fe dit auffi de l'écriture contenue dans
la page même. ( Je n'ai lu que la première
pr.ge de ce livre. )
P A c, E , J] m. [ Ephebus , puer rcgius., ] C'ell
ordinairement un Gentilhomme de douze à treize
ans , qui fert une perfonne de qualité. ( Un
Page bien fait. Etre Page de la grande Ecurie.
Erre Page de la petite Ecurie. Etre Page chez
Monfieur. Quitter les chauffes de Page. On dit
aulii quitter les ckaujjes , & cette dernière façon
de parler eft la plus ordinaire. Etre effronté
comme un Page de Cour. Sorte de proverbe ,
pour dire être fort effronté. * Louis XL mit
les Rois de France hors de Page. Cette façon de
parler eft figurée , pour dire , il les a rendus
abfolus & mis en état de faire & de dire , il
faut cela pour les befoins de l'Etat.
Et traînant en tous lieux de pompeux équipages ,
Le Duc & le Marquis fe reconnut aux Pages.
Defpreuux. )
Le hors de Page. On apelle ainfi chez le Roi
la recompenfe qu'on donne aux Pages qui
fortent de fervice.
Hors de Page. Se dit auffi figurément.
( Il faut fe relever de ce honteux partage ,
Et metue hautement notre elprit hors de Page.
Molière , Pemmes Savantes. )
Tour de Page. C'eft une malice , où il y a
quelque cfpiéglerie. (11 m'a fait un tour de Page.)
Page. [ Puer pedagogianus. ] Ce mot chez le
Roi , fe donne encore à quelques jeunes gens
qui fervent ou qu'on inftruit. ( Ainfi on dit ,
être Page de la Mufique. Etre Page de la
chambre. Les Pages donnent les mules au Roi. )
§3" Le Préfident Fauchet , page à 1 2. a
remarqué que jufques au tems des Rois Charles
VL & VII. le mot de page femhlnit être feulement
donné à de viles perfonnes , comme à garçons de
pied. Il ajoute que l'on voit , par les Mémoires
de Philippe de Comines , que les Pages qui
fervoient les Princes & les Seigneurs de fon
tems étoient nobles enfans , qui par-tout fuivoient
leurs Maîtres , pour aprendre la vertu & les
armes. Loifeau , dans fon Traité des Ordres ,
chap. 5. n. zj. a remarqué que « l'ancienne
» Nobleffc de France n'étoit pas fi glorieufe
» que celle d'à préfent ; qu'un pauvre cadet de
» Gentilhomme , bien qu'il meure quafi de faim
» dans fa chaumière , tiendroit à deshonneur
t> de fervir en la Maifon du Roi ; même feroif
PAG. 3
» difficulté de céder, dans la paroiffe où îl eft,
» à un Grand Seigheur , difant qu'il eft auffi
>» noble que le Roi : ce qui eft fi ordinaire
» en leur bouche , qu'il eft tourné en proverbe :
» mais , le tems paffé, tous les Gentils-hommes,
>> fans exception , faifoient ordinaire de fervir
» plus grand qu'eux ; car les Princes fervoient
» le Roi, & les Seigneurs fervoient les Princes,
» Si les fimples Gentils-hommes les Seigneurs ;
» comme , à la vérité , à toute forte de perfonnes
» c'eft un moyen de parvenir que de fe foumcttre
» aux plus grands : ce qui a lieu particuliére-
» ment aux Gentils-hommes ; car comme le
» Gentil-homme ne peut faire aucun exercice
» pour entretenir fa famille, c'eft le feul moïen
» qu'il a de maintenir fa qualité , que de s'avan-
» cer aux Charges militaires par la faveur des
» Grands. » Il ajoute : « Les jeunes Gentils-
» hommes étoient Pages des Seigneurs, & les
» jeunes Demoifelles étoient filles de chambre
» des Dames. » Le Préfident Fauchet , en traitant
de l'origine des Chevaliers , chap. i. dit que
jufqu'au règne des Rois Charles VI. & VII.
on apelloit Pages , de fimples valets de pié , &C
que de fon tems les Tuiliers apelloient Pages ,
certains valets qui portoient fur des palettes les
tulles vertes pour les faire fécher ; & 11 ajoute:
auifi le mot de Page volontiers fignlfioit Ds^ir &C
Jeune. Le Jeuparty , en la chanfon 28. dit :
Miex vaut un Jaians qu'un Page,
Et deux difmes que un terrage.
Quant à l'étlmologie du mot Page , Ménage &
Cafeneuve le dérivent de pedagogium. Lancelot
dérive Page ànGrec Trotis , puer , un jeune garçon.
Pages , f. m. [Nautici tyrunculi. ] Terme de
Mer. Garçons qui font dans le navire pour le
nettoyer , pour monter aux perroquets & fervir
les Matelots. Voïez Foumicr , Hydrographie.
§3' Parmi les Marins , pages , mouffes, garçons,
font les jeunes gens de l'équipage , aprentifs
matelots , ou élevés de la navigation. Page de-
là chambre du Capitaine , c'eft celui qui fert le
Capitaine.
\ Pagnote. [ Lners , ignavus , timidus. ] Ce
mot vient de l'Italien , pagnotta , qui fignifie
proprement un petit pain , & figurément un
poltron , un lâche. Il n'a d'ufage en François
que dans ce dernier fens. C'eft un frarac pagnote,
c'eft-à-dire , c'eft un homme qui n'a point de
cœur , qui eft lâche, qui n'eft point hardi.)
f Pagnote. [ Timida. ] Ce mot fe difant
quelquefois des femmes , comme il y a des ren-
contres , où il fe peut dire , eft fans conteftatioa
féminin , mais ce n'eft d'ordinaire qu'en riant
que le mot de pagnote fe dit des femmes. ( Pour
moi , ce dira une femme , je fuis une franche
pagnote , j'ai peur quand je vois feulement la
figure d'un plftolet. )
Mont pagnote. [ Statio timidorum. ] Terme de
Guerre. On apelle ainfi un lieu élevé qu'on
choifit hors de la portée du canon des ennemis ,
& où fe placent ceux qui font curieux de voir
un camp , un fiége , ou un combat , fans être
en danger. On l'apelle auffi le pojle des invul-
nérables.
fPAGNOTERiE,// [ Ignavia , inereia. ]
Poltronnerie. Lâcheté.
Pagode, //7z. [Pagodus.] C'eft un nom que les
Portugais ont donné aux Temples des Indiens
qui font Idolâtres. (Un magnifique Pagode.)
Aij
4 P A G. P A I.
Pagode ,f.f. Se prend auiïi pour l'Idole qu'on
adore d;ins le Temple , & dans ce fens il eft
féminin. ( Une pagode d'or , une pagode de
pierre , une pagode hideufe , &c. On nomme
encore Pagoiks , de petites figures grotefiques,
dont la tctc fufpendue remue dès qu'on touche
à la figure. C'eft en faifant allufion à ces figures
que M. de Senécé dit dans une Rodondille :
O ! fi des femmes incommodes
Des tours de tête délivroient !
Que de M.iris , comme Pagodes ,
Inceirammcnt la tourneroiem.
Pagode. [ Nutnmus indus. ] C'cft au.Ti le nom
d'une monoie qui a cours dans les Indes , &
qui vaut ;\ peu près un écu d'or.
Pagurus,/w. Efpéce d'Ecrevice de mer
longue d'un pied , 6i plus large que longue. Ce
poiffon eft couvert d'une écaille forte , unie ,
rougeâtre ou jaunâtre. Ses pattes de devant
font comme celles des autres écrevices. Sa chair
eft bonne à manger , mais difficile à digérer.
Elle eft apéritive, & propre contre la pierre,
ôi pour faciliter les urines.
P A I.
PaÏable, (Payable.) adj. ^^Solvendus.^
Qu'on doit païer. ( Lettre de change païable à
un tel. Somme paiable dans iix mois.)
Pai'ant , (Payant.) adj. & Jhbjl. m.
[ Solvens. ] Celui qui paie. ( Il y a quatre païans
à ce repas. )
Paie, (Paye.)// [ Stipendium. ] Chofe
due pour avoir fervi & travaillé. Ce qu'on
donne au Soldat pour avoir porté les armes
au fervice de fon Prince. ( Sa paie eft bonne.
Nous ne vous fervirons pas feulement pour la
paie , comme des mercenaires , mais par affeâion.
^bl. Ret. l. z. c. 3.)
Paie, f.f. \_Deblcor.'\ Païeur qui paie mal.
(C'eft une mauvaife paie.)
Morte-pûic. [ Iwprobus debitor. ] Voiez-le en
fon rang fous la lettre M.
Paiement, (Payement.)//??. [ Mris
folutio. ] Prononcez paîmait. Somme qu'on
paie. ( 11 voulut avoir cinquante talens pour le
paiement des troupes. Abl. Arr. l. i. c. lo.
Donner , prendre , recevoir en paiement. )
Paiement. [ Pecuniœ dies. ] Il lignifie dans le
commerce , certains termes fixes , où les négo-
cians doivent aquitter leurs dettes ourenouveller
leurs billets. ( Il y a quatre païemens à Lyon.J
* Paiement. [ Salarium , manu pretiiim. ]
Récompenfe. Salaire. Punition. ( Il donne des
excufes en paiement. Il a reçu le paiement de
fes crimes. )
Païen , ou Payen. [ Deornm cultor , idolo/atra.]
Prononcez ce mot comme il eft écrit. Il fignifie
celui qui eft adorateur des faux Dieux. ( Les
Païens étoient aveuglez )
Un Païen converti qui croit un Dieu fuprême,
Peut-il être Chrétien qu'il n'afpire au Baptême ?
Defpreaux.
Païenne, ouPayenne.// [Deorum cultrix.^
Prononcez ce mot comme il eft écrit. Il fignifie
celle qui adore les faux Dieux. ( C'eft une
Païenne. )
5;3"Païfnnie. (Payinnie. ) La région habitée
par les Païens. Ce terme étoit fort en ufage
dans le tems des Croifades. Voïez Du Cange
PAL
fur Jouiviilc , page 5S- dt fes Ohfervations. Il
ne fe dit plus.
PaÏer , (Payer.) v. a. [ Levare fe œrc
aliéna. ] Prononcez peier. Donner ce qu'on doit.
( La plupart des gens de qualité ne paient pas
trop bien leurs dettes. Paier à trcn'c jours de
vue. Paier à jour nommé. Païer à htiire vCiii.
Païer en billets ou autre valeur. Payer à quel-
qu'un ou à fon ordre. )
Paier en Vaquit de quelqu'un. Pat ru , A [j emblée
du Clergé. ]_Pro alto perfolvere.'] C'eft- à -dire,
païer pour aquitter quelqu'un. On dit aulîi paier
à Vaquit de quelquun. C'eft paier à fa décharge
pour le décharger. Le Mc.it. Pl.nd.
On dit de la marchandife qu't'//e paie un tel
droit, c'eft-à-dire , qu'on le paie pour elle
[ In merces dinarios exigere. ] Une paroiffe païe
tant de taille. Un Bénéfice païe des décimes.
Un Officier du Roi paie la Paulette , pour
empêcher que fa charge ne devienne vacante
par fa mort. Païer à dîner. Païer fa bien-venue.
Païer fa rançon.
Peu de cœurs paient en monoie debonalloi.'
Toureil. Un efprit raifonnable eft affez paie par
le plaifir d'obliger une perfonne de mérite.
* Ils firent paier la peine du crime à celui qui en
étoit auteur. Vau. Qjiin. l.^-^-ll- C'eîl-à-dire ,
ils punirent l'auteur du crime. [ Pœnas darc ,
luere. ]
■\ * Je te le ferai paier. [ Non impuni fcres. ]
C'eft-à-dire , J'en aurai du reffentimcnt. Je te
rendrai quelque mauvais ofiîce.
■\ * Te voilà paie de ta raillerie. C'eft-à-dire y
fe voilà puni. Molière.
* Païer la foie enchère. Payer les pots
caffez. [ PleUi. ]
* Paier. Reconnoître par quelque chofe d'hon-
nête , ou d'utile. Avoir du reflentiment d'une
chofe par une autre qui foit obligeante. (Les
Hollandois païent la fidélité de leurs femmes
par un grand afrujettifl"ement. S, Evrem. in-^^
p. ^oy.)
* Je le fuis venu trouver pour païer fes
faveurs de quelque fervice. Abl. Ret. L i. c. 3.
Païer d'excufes & de révérences. Abl. Luc. II
faut païer de fa perfonne. ( Les yeux qui m'ont
pris , paieront tous mes maux avec un fouris.
Foit. pocf. )
Le battu paie l'amende. Voyez Battu,
Qui répond paie. Proverbe.
Paier en monoie de Jîrige. Proverbe. Voïez
Singe.
* Paier en Louis. Il fe dit au figuré , & en
raillant de ceux qui ont obtenu des lettres de
répit , & qui commencent par ce mot Louis.
Se païer , v. r. [ Sibifacerefatis. ] Se fatisfaire
foi-même en prenant ce qui nous eft dû. ( Se
païer par fes mains. )
Se païer de raifon. [ ALquum & bonum audire, J
C'eft-à-dire , fe contenter de raifon.
* Se païer d'excufes. [ Excufationes accipere. ]
C'eft fe contenter des excufes qu'on nous dit.
* Ce l'ont là ces fortes de chofes qui m fe peuvent
païer. C'eft-à-dire , qu'on ne fçauroit jamais affez
reconnoître. Molière.
* On dit qu'7/n homme paie les violons , 6* que les
autres dnnfer.t , quand quelqu'un fait les frais d'un
divertifl"ement oii il a moins de part. On dit
d'un homme dur & avare , qu'il païe en chats
& en rats. [ Malefolvit. ] On dit que les peuples
païent les fautes des Rois. [ Qjddquid délirant
Reges , pUcîuniur Achivi. ] On dit , tant tenu.
P A I.
tant pal- . Pour dire, qu'il faut païer à proportion
des fervices. On dit auffi , qui mariât La vache
du Roi , à cent ans de là en paie les os.
P A ï E u R , ( P A Y £V K ) f. m. [ Nomen. ]
Prononccz/fj'c'Kr. Celui qui paie. Un tel fera mon
païeiir. ( Un méchant paieur. Un bon païeur. )
Paicur des rentes. [ Diribitor , avilis qUAjIor. ]
C'ell un Officier qui paie les rentes alTignées
fur l'Hôtel de Ville de Paris , du fonds qu'il a
reçu des Fermiers du Roi , ou du Receveur
général du Clergé.
•}■ * C'ejl un pâleur d'arrérages. Ces mots fe
difcnt en riant pour marquer un homme
vigoureux , & bien capable de contenter une
Dame en matière d'amour.
PaÏeuse , // (Payeuse) [ Dcbitrix. ]
Prononcez peyeufe. Celle qui paie. ( C'cft une
méchante païeufe.
Paignes. Efpece de tapis , ou couvertures
dont les Nègres des côtes de Guinée fe couvrent.
Paillard ,/ m. \Scortator ,fauix?\ Débauché
avec les femmes. Homme fort & robufte , propre
à bien fervir une Dame en matière d'amour.
l'aillurd, paillarde, adj. \_Libidinofus,invcncrem
promis. ] Laicit.
( Il foule le paillard defir ,
Qui dans Ion fein velu fe couve.
5. Amand , Rome ridicule. )
( Deux forts paillards ont chacun un bâton.
Qu'ils font tomber par poids & par meiure. )
g^ Ce mot a fignifié & fignifie encore un
homme débauché , à qui les laides & les belles
font le même plaifir , & comme la corruption du
cœur fe répana fur tous les fentimens , & infefte
toutes les aftions , on s'eft iervi du mot , paillard,
pour figniiier un méchant homme , lin coquin ;
quelquefois aufll on a adouci l'infamie du terme,
en l'apiiquant à certains hommes adroits , & que
nous appelions bons compagnons. Rabelais a
fait un autre ufage du même mot : Fous ne l'aver
pas telle (dit-il ) vous autres paillards de plat pays.
C'eft-à-dire , vous aure^ rujlres , & gens de la
(ampagne.
•\ Paillarde , y! f. (^Mulier libidinofa. ] Celle
qui aime fort les plaifirs de la chair. Celle qui
eft impudique , lafcive , qui eft dans la débauche
des hommes. (C'eft une franche paillarde.)
■\ Paillarder ,v.n.\_ Scortari , rébus venereis
jici, ] Ce mot de paillarder , de paillard , de
paillardeur & paillardife ne fe difent que dans le
burlefque &danslefatiriqueleplusbas.Pai//»zr<f4.-r
lignifie être dans la débauche des femmes. Fré-
ciuenter des femmes débauchées. Prendre des
plaifirs défendus avec des perfonnes de mauvaife
vie. ( La Loi de Dieu défend de paillarder. )
U y en a qui difent paillardement , mais on
doute de l'ufage de ce mot.
\ Paillardise, y! y! [ Impudicitia , venercœ
yoluptates.^ Impudicité. Commerce charnel qu'on
a avec des perfonnes débauchées. Plaifir charnel.
( La paillardife eft la perte de l'ame , du corps
& de la réputation. )
Paillasse ,f.f.\Culcita(lraminea.'\ Ouvrage
de grofle toile , creuv , & fendu par le milieu ;
qu'on remplit de paille , & qu'on met fur le
bois de lit & fous le ma«elas , ou le lit de plume.
( U n'y a pas affez de paille dans cette paillaffe.
Plufieurs perlbnnes ne le fervent point de pail-
la (Tes , mais de fommiers de crin.)
f * Paillaffe d' corps de garde. [ Profiibulum ,
fcortum. ] Ces mots au figuré veulent dire une
P A I. 5
femme ou fille de mauvaife vie , qui s'abandojine
indignement à tous les foldats.
* On dit en Proverbe ,ferviteur à la paillafji.
quand on quitte l'année , parce qu'il y faut
coucher fur la paillaffe.
* Paillasson. \TcgmenJlramineum.'\ Termô
de Jardinier. Efpece de couvertLre de paille,
qu'on met fur les fleurs & fur les orangers,
rhyver , pour les conferver àv. froid. ( Faire
des paillafîons.) On appelle auiîi paillaffon des
couvertures de paille fous lefquelles on met
quelque chofe à l'abri. (Le vin dans les halles
de Paris efl quelquefois à couvert fous des
paillaffons. )
Paillajjon , f. m. OU nate à fenêtre ,f.f. \Storea.
Jlramentiaa.l C'eft une pièce de nate couverte
par dehors d'une groffe toile qu'on met l'été
devant les fenêtres pour empêcher l'ardeur du
Soleil , & qu'on haufle & baiffe avec des cordes,
autant qu'on veut.
Paille ,/./. [ Palea , culmus.'] C'eft le tuyau
du bled ou d'autre grain lorfque le grain en eft
dehors. (Petite paille, La grande paille. De
bonne paille. Donner Je la paille aux chevaux,
aux bœufs , aux vaches.)
■j" * Rompre la paille. \_Tefferam frangere.'\ Ces
mots fe difent des perfonnes & veulent dire.
CefTer d'être amis. La paille eji rompue. C'e!l-à-
dire , ils n'ont plus d'amour l'un pour l'autre.
* Paille. [ Ramentum , partes vidais. ] Petit
défaut dans quelque pierre précieufe, ( 11 y a
une paille dans ce diamant.)
•j" Pourquoi voyez-vous une paille dans l'œil
de votre frère , lorfque vous ne vous appercevez
pas d'une poutre qui eft dans le vôtre? [Fejiucam
in oculo videre!\ Nouveau Tcjlament.
Aller à la paille. Terme de Soldat fantaffln.
C'eft , lorfqu'on eft dans un bataillon , pofer
fes armes pour aller aux néceffîtés de la digeftion,
les reprendre au premier coup de tambour &
fe remettre au pofte qu'on avoit quitté.
Aller à la paille , fe dit aufîi des Soldats qui
vont chercher de quoi fe butter.
Etre dans la paille jufqu au ventre. On le dit
d'un homme qui a toutes fes commodités , &C
fur-tout des gens de guerre.
Etre comme rats en paille. On le dit des gens
qui font dans un lieu où ils ont tout à fouhait ,
& oïl ils font grand' chère aux dépens d'autrui.
Homme de paille , fe dit particulièrement des
gens qu'on fait intervenir dans les aft'aires , SiC
qui prêtent leur nom , quoiqu'ils n'y aient pas
de véritable intérêt. On le dit aulTi d'un homme
de néant, de nulle confidération.
Feu de paille. On le dit d'une chofe qui
commence avec ardeur , & qui eft de peu de
durée.
Lever la paille. Proverbe. Il fe dit de ce qui eft
excellent en foi. ( Ce vin eft excellent , il lève
la paille.
Croix de paille. Proverbe , qui marque qu'oit
ne fera pas une chofe , ou qu'on ne croit pas
qu'elle arrive. (Si je me fie à lui , croix de
paille. )
Tirer à la courte paille. C'eft tirer au fort avec
des brins de paille d'une longueur inégale.
Mettre bien de la paille dans fes fouliers. On le
dit d'un homme qui en peu de temps s'eft fort
enrichi dans un emploi.
Paille. Figure dans l'Evangile , fignifié les
réprouvez. ( Le Seigneur féparera la paille du
bon grain. Les tempêtes dont l'Eglife a été
G P A I.
battiil- , ont emporté la paille , & fait paroître
le froment. NicoU. )
Pailki. [ Ramenta. ] Petits endroits foibles
clans les métaux qui ne font point affinez. (Ce
rafoir n'a point de pailles. )
^^ Piiilks. C'eft la mcme chofequeyj^/c/iaz^-
fures. Ce font des défauts dans l'acier.
iCÉ' P'ii'Us , ou écailles de fer fervant aux
aprêteurs fur verre. Félibicn.
Pailles. Inégalitez & diverfitez de couleurs
qu'on trouve dans les marcaflites ou pierres
de mine.
PailUs de bitus. [Fibiila , ntinacidiim. ] Terme
de Mer. Longues chevilles de fer qu'on met à
la xcXQ des bittes pour tenir le cable fujet.
P AI L L E T. [ Hdvus. ] Mot adj:clif. Qui fc dit
proprement du vin , & qui n'eft pour l'ordinaire
ufité qu'au mafculin. Il veut dire qui tire fur La
couleur de paille. ( Vin palllet. )
P A ILLOTTE, ou Paillftte. L'ufagc eft
pour Paillette ,/./■[ ^iuri braclcolœ. ] Ce mot fe
dit de l'or ou de l'argent , & fignifie une très-
petite & trcs-legére partie de l'or ou de l'argent.
( Les paillettes d'or ou d'argent font précie\ifes.)
Paillette. [Jurl , argenti grana. ] Il fe dit auffi
des petits grains d'or & d'argent , applatis &
percez , qu'on applique fur la broderie , pour
lui donner plus d'éclat.
Paillette de fer. [ Ferri fillx.} C'eft_ ce qui
tombe du fer lorfqu'on le bat. ( La forge eft
toute pleine de paillettes. )
P A i L L E u R ,/ m. [ Palcarius propola.'] Celui
qui vend & fournit de la paille à de certaines
maifons de Paris qui ont des chevaux. ( Le
pailleur nous a amené de fort bonne paille. )
P A I L L E u X , adj. Il fe dit du métal qui a
des pailles.
Paillier,/. OT. [ Stramentiirtt.'] Prononcez
pailUé. C'eft une cour de quelque ferme , où font
les chapons & les volaiilles , & c'eft dans ce
fens qu'on dit. ( Un bon chapon de paillicr.
[ Capo ckortulis. ]
■\* Il eflfur J'on paillier. ] Juxta prœfepe fiium
tfl. ] C'eft-à-dire , il eft chez foi. ( On eft bien
tort fur fon paillier. )
Pailliers , ou plutôt Paliers ,f. m. \_Scalarum
flatioius. ] Terme d'Architedure. Les pailliers
font les efpaces qui font entre les degrez des
efcaliers pour fe repofer en montant , ou pour
entrer dans les appartemens.
P A I L L o ,/! TO. \_Panis armamentarius.'\ Terme
de Marine. Chambre dans une galère où l'on
met le bifcuit , & où loge l'écrivain.
Paillon de foudure , f. m. \^Ferrumen.^
Terme d'Orfèvre. C'eft un petit morceau de
métal mince & allié pour fouder. (Mettre les
paillons. Pofer les paillons. )
Paillons. On donne ce nom à de petites
feuilles quarrées de cuivre battu très -minces ,
colorées d'un côté , que l'on met par petits
morceaux au fond des chatons des pierres
précieufes & criftaux.
Pain,/ m. [ Panis. ] Prononcez la fylabe
pain des mots qui fuirent dans cette colonne
comme fi elle étoit écrite avec un « , au lieu de
l'a. Ainfi prononcez /jci//. On appelle propre-
ment & ordinairement pain , un compofé de
farine , de levain . ou de leveure de bière qu'on
paîtrit , & qu'on fait cuire dans un four pour la
nourriture de l'homme principalement. ( Bon
pain. Méchant pain. Pain bis. Pain blanc. Pain
noir, dur, fec , moifi , molet, tendre, i;aftis.
PAL
Petit pain. Pain chaland. Pain de Goneffe.)
Pain à la Reine. Ce pain n'a été appelle de ce
nom que depuis la venue de la Reine Marie de
Médicis en France. (Taire du pain. Pain cornu.
Mie de pain. Croûte de pain.
^" Pain de chapitre. On appelle pain de
chapitre, celui que l'on diftribuc tous les jours
aux Chanoines dans quelques E^;lifes. 11 étoit
autrefois fi excellent , que l'on appelloit pain
de chapitre, les meilleures chofes. «S'il eft queftion
» ( dit Kenri Etienne) de parler d'un pninaiant
» toutes les qualités d'un bon 6i friand pain ,
» volrc tel que celui de la ville Enflas , pour
« lequel Mercure prenolt bien l;i peine dedécendre
» du Ciel, & en venir faire provifion pour les
» Dieux, fi nous en croïons au Poète Archeftrate,
»ne faut-il pas venir au pain de chapitre, je dis
» au vrai pam de chapitre , dont celui que vendent
>f à Paris les Boulangers , a retenu le nom , mais
» non la bonté , finon qu'en partie ? »
(0- » Le pain qui n'a pas été cuit dans le
»four banal, eft confifqué ipfo facto au profit du
» Seigneur banier , qui peut le faire prendre de
» fon autorité où il le trouvera , & exiger
M l'amende de fept fols fix deniers tournois pour
»chaque fols».C'eftla difpofitiondela Coutume
de Nivernois , art. J.
''£^° P'^''"- '^^ panière , que les fujets de Saint
Gondon fur Loire , outre le cens , doivent
chacun an à leur Seigneur, C'eft un grand pain
foiirman. Ragueau.
:{ff Pain d'hoflelage. Redevance due au
Seigneur féodal dans la Coutume de Dunois ,
art. zy. Pains d'hoftelages mangez , & avenages
doublent pareillement de moitié , comme lefdites
tailles & feftages.
Pain de rive. [ Panis in fuma non allifus. ]
Terme de Boulanger de Paris. C'eft du pain qui
n'a point de bifeau , ou qui en a très-peu. (If
ne manqueroit pas de vous parler d'un pain de
rive , relevé de croûte croquante fous la dent.
Mol. Bourg, gent. a. 4. fc. l.")
Pain de munition. [ Panis caflrenfîs. ] Terme de
Soldat. C'eft une ration de pain cuit raffis ,
entre bis & blanc , pefant vingt-quatre onces,
qu'on donne à chaque Soldat.
Pain de mouton. [ Panis mutuatus. ] Morceau
de pâte cuite , un peu plus grand qu'un écu
d'argent , fait avec du beurre & du fromage,
qu'on vend & crie par Paris , un peu devant
& peu après le jour de l'an. ( À mes petits pains
de mouton , Madame. )
Pain de blanc à blanchir. [ Cretœ maffa."] C'eft
un morceau de blanc qu'on vend chez les
Chandeliers de Paris , & dont on fe fert pour
blanchir & donner de l'éclat à la vaiflélle.
( Froter la vaiffelle avec du blanc. )
Pain à chanter. [Sacrifcii panis plagula.']}ioù.ie
grande ou petite qui fe fait en détrempant de
la farine de pur froment avec de l'eau , qu'on
met après entre deux fers figurez fur le feu,
& dont on fe fert au Sacrifice de la Mcfle , à
la Communion & à quelqu'autre ufage.
Pain à cacheter. Sorte de petit pain fans levain,
dont on fe fert pour cacheter des lettres.
Pain azyme. [Aiymuspanis.'\ Termes confacrez
pour dire pain fans levain , dont on fert préfen-
tement dans l'Eglife Latine pour confacrer.
( On ne peut confacrer dans l'Eglife Latine
qu'avec du pain azyme. Les Juifs mangeoient
l'Agneau Pafcal avec des pains azvmes. )
Pain bénit. [ Panis lujlratus. ] C'eft du pain
P A I.
que le Prêtre bénit , & qu'on coupe par morceaux
pour le diftribuer aux fidèles durant une Meffe
îolemnelle. (Prendre du pain bénit. Donner le
pain bénit. Faire le pain bénit. Recevoir le pain
bénit. Avoir le pain benii.
j3° Cette diftribution du pain bénit a caufé
fouvent des querelles & des procès. Quelques
Auteurs fe font imaginé que c'étoit un honneur
qui devolt être réglé par la qualité des paroifllens:
Benedicli, fur le chapitre Raynutïus, & Chaffantus,
dansfon traité de la gloire du monde , l'appellent
honor. Il eft dit feulement dans le Capitulaire
d'Hincmar , que le Prêtre le diftribuera après
l'avoir béni : nous iommes d'ailleurs tous égaux
à la face du Seigneur ; aulfi les Arrêts ont jugé
que le Patron étoit feul préférable dans cette
ocafion : on y a joint les Seigneurs Hauts-
Jufticiers ; même les Seigneurs d'un fief fitué
dans la parroiffe , ne peuvent pas joiiir de cette
préférence , félon l'Arrêt rapporté par Henris ,
tom. 2- liv. i. q. J. Les Officiers du Seigneur
font préférez en fon abfencc , û ce n'efl lors
qu'il fe trouve des Magiftrats & autres perfonnes
qualifiées , fuivant l'Arrêt rendu en 1664. qui
adjugea la préférence à MMe Meaupeou Confeil-
ler au Parlement, contre les Officiers du Seigneur
du lieu d'EI vry : cet Arrêt eft rapporté au tome 2.
liv. 8' ch. 21. du Journal dis Audiences. Pour
éviter toutes ces conteftations , il faut que le
Marguiller , après avoir fait préfenter le pain aux
Patrons , Seigneurs , ou Magiftrats , il l'expofe
à la poTte de l'Eglife , afin que chacun en prenne.
Si pourtant le Seigneur veut préfenter le pain
un des jours de Fêtes principales , il doit avoir
la préférence. Enfin , les Eccléfiaftiques qui
fervent en furplis à chanter la Meffe , doivent
recevoir le pain bénit par préférence au Seigneur,
fuivant un Arrêt du Parlement de Paris , du
mois de Septembre 1716. Voiez Duperray , des
Patrons.
•j* * C^eûpain bénit que d'cfiroquer un avare.
C'eft-à-dire , c'eft bien fait que d'efcroquer un
avare. Mol.
Pain de propojition. \_Panespropofltionis.^ C'étoit
un pain qui étoit expofé dans le Temple , &
?ue les Prêtres de l'ancienne Loi offroient à Dieu.
Dieu, dans le vingt - cinquième chapitre de
l'Exode , verfet 30. commanda à Moïfe de mettre
fur la table des pains de propofition.)
Pain quotidien. On entend parce terme emploie
idans l'Oraifon Dominicale , la nourriture de
chaque jour , ouïes befoins journaliers.
Pain quotidien , le dit auffi dans les difcours
familiers , des chofes qu'on fait prefque tous les
jours. ( 11 paffe fon temps à la chaffe , au jeu.
&c. c'eft fon pain quotidien. )
Pain de bougie. [ Fili incerati majfula. ] C'eft
un demi quarteron , un quarteron , une once ,
un peu plus , ou un peu moins de bougie pliée
& arrangée proprement qu'on vend chez tous
Jes Ciriers de Paris. On dit aufli un pain de cire.
Pain defucre. [ Sacchari majja. ] C'eft du fucrc
formé en manière de piramide, qui contient trois,
quatre, cinq, fix , fept , huit, neuf, dix ou
douze livres de fucre tout au plus , & qu'on
vend à Paris chez tous les Epiciers. (Couvrir
un pain de fucre. Pain de fucre en papier gris ,
& pain de fucre en papier bleu. )
Avoir la tête faite en pain de fucre. C'eft avoir
la tête longue & pointue.
Pain de vieux oins;. [ f^eteris axurîaix ma([a. ]
C'eft une maffe de vieux oing en forme de pain
PAL 7
que font les Charcutiers, & qui fe vend à Paris
chez les Charcutiers & les Chandeliers pour
graiffer les roués de caroffes , de chariots, de
charettes , de tombereaux , &c. ( Acheter un
gros ou un petit pain de vieux oing.)
Pain de lie. [ Mufja fœcis acetofœ. ] Terme de
Vinaigrier. Lie accommodée en forme de tuile
faitiére , dont les Chapeliers fe fervent pour
fabriquer leurs chapeaux.
* Pain. Ce mot entre dans quelques phrafes
figurées & dans quelques proverbes. Exemples.
( • Tandis que Coletet croté jufqu'à l'échiné ,
Va mandier fon pain de cuiiine en cuifme. Defp. Sat. i.)
C'eft-à-dire , va manger tantôt chez l'un , &
tantôt chez l'autre. [ Rogat viclum. ]
* Je lui ai mis le pain à la main. [ Pra manu,
dedi unde vivat. ] C'eft-à-dire , je lui ai donné
moyen de fubfifter & de gagner fa vie.
* Sans moi il n'auroit point de pain. [ Sine me
nihil effet quod ederet domi.] C'eft-à-dire , fans moi
il n'auroit pas de quoi fubfifter.
* La Jbtife du peuple lui donne du pain. ( Ineptiâ
plebisvitam alit.] C'eft-à-dire, le fait fubfifter. y^i/.
* l/n tel travaille pour du pain. [ Pro cibo
laborat. ] C'eft-à-dire , pour fubfifter feulement,
■j" * y/ a eu fa maifon pour un morceau de pain.
[ Viliori pretio domum émit. ] C'eft-à-dire , à très-
vil prix. Pour peu de chofe.
^ * Manger fonpain blanc le premier. [Benignam
modh habuit fortunam , nunc iniquam. ] C'eft avoir
du repos au commencement , & de la peine
après ; c'eft faire bojine chère d'abord, & enfuite
ne la pas faire fort bonne.
Manger fon pain à la fumée du rôt. C'efl être
tém.oin des plaifirs d'autrui fans y participer.
■f * Emprunter un pain fur la fournée. C'eft-
à-dire , obtenir la dernière faveur de quelque
belle avant que de l'époufer.
■{■ * Avoir dupain cuit. \Utitur cibis arte quœjîtîhi\
C'eft-à-dire , avoir dequoi fubfifter. Avoir des
provifions. 11 fe dit au fujet de diverfes chofes.
\* Manger fon pain dans fon fac. C'eft manger
feul comme un vilain fans faire part à perfonne
de ce qu'on a de bon.
•{■ * Manger du pain du Roi. [Panem Regium
edere. ] C'eft-à-dire , être en prifon ou en galère.
* A mal enfourner on fuit les pains cornus.
Proverbe pour dire , que quand on commence
mal une affaire , il eft difficile d'y remédier.
■\ Il ne vaut pas le pain qu'il mange. Cela fe dit
d'un valet fainéant.
* f Liberté & pain cuit. Proverbe pour dire,
qu'on eft heureux quand on a du bien , ôi qu'on
n'eft fujet à perfonne.
^^ Etre en pain , c'eft être émancipé , dans
les Coutumes de Hainaut, de Mons & de Tournai.
Etre hors de pain , c'eft de même être émancipé.
■{■ * Cela efl long comme un jour fans pain.
Proverbe qui fe dit d'une chofe qui ennuie.
■f * Il promet plus de beure que de pain. [ Plura
poUicetur quàm prxflat. ] Proverbe. Il donne de
vaines efpérances.
f On dit d'un homme qui déjeijne avant que
d'aller à la Meffe , qu'i/ va à une Mejfe des morts ,
qu'il y porte pain & vin,
-{■ On dit , pain coupé n'a point de maître ,
pour marquer qu'on peut fe fervir du pain ds
ion voifin.
Pain d'épice , f. m. [ Panis mellitus. ] C'eft un
compofé de miel , de fleur de fégle , & des
' quatre épic-es qu'on fait cuire au four , & qu'on
8 P A I.
vend à la livre par pain ou par petite pièce.
(Faire de l'excellent pain d'épice. Le meilleur
pain d'cpice cft celui de Reims en Champagne.)
Pain J'îpicc A la Domine. Il s'appelle ainfi du
nom de fon Inventeur , M. Dominé , de V'itri-
le-François.
* // aime h pain d'épice. II fe dit au figuré
d'un Juge qui taxe trop haut fes vacations.
Pain-J'épicier ,f. m. [Piflor/piciarius. [ Celui
qui fait & vend des pains d'épices. ( Ceft un
des meilleurs & des plus riches Pains-d'épiciers
de Paris. )
P A 1 N B ï'c H E , / / [ MuUer iners. ] Terme
injurieux qu'on dit à des femmes pour leur
reprocher leur faincantife ; comme fi on difoit ,
qu'il faut leur mettre le pain au bec. ( Cette
femme eft une vraie painbéche.
Pain de pourceau ,f.'n. [ Ciclamen orblculatum.']
Ceft une herbe qui eft une efpece de ciclamen.
Pain de cocu , f. m. [ Trifoiium acetofum. ]
Efpece d'herbe qu'on mange en falade.
•l^. Pain d'afinage. Il refte toujours quelque
matière d'argent dans le fond de la coupelle ,
en forme de pain , & que l'on appelle pain
d'afinagi , ou plaque.
Pain£s , ou Peines. Les Courroïeurs
nomment ainll les morceaux de drap ou d'étofe
de laine , dont ils font leur gipon.
Paiomirtoba/ m. Petit arbriffean légumineux
du Bréfil , dont il y a deux efpeces. Leurs racines
font eftimées bonnes contre le venin. Les plantes
font déterfives , apéritives , vulnéraires , rafrai-
chiflantes , & tempèrent l'ardeur des reins. La
femence infufée dans le vinaigre , guérit la
gratelle,
Pajonisme. [Pajomfmus.] Seûede Calviniftes
qui s'éleva vers la fin du dix-feptiéme fiecle , &
qui futainfi appellée à caufe de Pajon , Miniftre
d'Orléans , qui en étoit l'Auteur. Cette fefte
étoit une branche de l'Arminianifme rafiné. Ceux
qui la fuivoient étoient appeliez Pajonijles. V.
le Suplém. de Mortri de IJSS. article Pajon.
Pair , du latin Par , égal , femblable ,
compagnon. On dit pair & compagnon.
P AïiKs , f. m. [ Pares. ] Prononce Pers. Les
fiefs étant devenus héréditaires , on appella Pairs
un certain nombre de vafleaux du fief dominant
qui étoient obligez de tenir la Cour du Seigneur ,
& de juger des caufes féodales. Voïez Du Tllkt ,
Recueil des Rois de France.
Pairs de France. [ Patricii Franciœ. ] C'étoient
douze grands Seigneurs , tant Ducs que Comtes,
dont il y en avoit fix Eccléfiaftiques , & fix
qui ne l'étoient pas. Us furent créez par le Roi
Loiiis le Jufte pour aftifter au Sacre & au
Couronnement des Rois de France , & juger
les caufes de la Couronne. Les Pairs Ducs
Eccléfiaftiques font l'Archevêque de Reims ,
l'Evêque de Laon , & l'Evêque de Langres.
Les Pairs Eccléfiaftiques Comtes , font l'Evêque
de Beauvais , l'Evêque de Châlons , & celui de
Noyon. Les Pairs Ducs Séculiers étoient les
Ducs de Bourgogne , de Normandie & de
Guyenne. Les Pairs Comtes Séculiers étoient
les Comtes de Flandre , de Champagne & de
Touloiifc. Voïez Du Tillet. Il faut ajouter , que
pour éclaircir cette matière en deux mots , il
eft néccffairede diftinguer les tems, & de dire,
que fous la première & fous la féconde race
de nos Rois , il y avoit des Pairs ; mais c'étoit
im fimplc titre qui diftinguoit les perfonnes
riches , ou d'une famille ancienne , & le peuple
P A ï.
qui gémiffoit dans une condition vile , & même
fervile ; & ce ne fut ( félon le fentiment de la
plupart des Dofteurs ) que depuis l'éreâion des
fiefs , que l'on commença à établir des Pairs en
titre , & à donner ce nom à ceux qui pofl"édoient
des fiefs relevant d'un Seigneur fuzerain : ainft
les poffeft"eurs des hauts fiefs , comme les Comtes
de Champagne , les Ducs de Normandie , &
autres de cette qualité , étoient les Pairs du Roi ;
& de même les vafl"aux des Seigneurs étoient leurs
Pairs, La fonâion de ces Pairs confiftoit princi-
palement à juger les diférends qui naifl"oient ou
entre le Seigneur & un Vafl^al , ou entre les
Vafl'aux, lorfqu'il s'agifl"oit d'une matière féodale.
Il n'eft pas poftible de marquer précisément le
tems de l'éleûion des Pairs : mais ce qu'il y
a de vrai , eft qu'ils n'ont commencé que depuis
l'établiffement des fiefs, & l'on eft perfuadé qu'à
l'égard du Roi , il n'y eut d'abord que douze
Pairs qui adifterent aux Sacres de nos Rois , aux
Affemblées publiques , Si aux Jugemens qui
pouvoient concerner les fiefs & les perfonnes
du premier rang. Il eft aifé de comprendre
comment les Parlemens étant érigez en tribunaux
réglez , les Pairs furent appeliez dans l'éleftion
du Parlement de Paris , que l'on a toujours apellé
la Cour des Pairs Laïques , & Eccléfiaftiques : le
nombre des premiers n'eft point fixé, mais il n'y
a que fix Pairs Eccléfiaftiques qui ont été érigez
en diférens tems.
Pair. [ jEqualis , par. ] Mot adjectif, & qui ne
fe dit ordinairement qu'au mafcuUn , & qui
fignifie égal , pareil. Il ejifans pair. C'eft-à-dire ,
il n'a point d'égal.
Pair , [ Par. ] Il fe dit de quelques oifeaux
qui s'aparlent pour la génération , comme des
pigeons , des tourterelles , &c. ( La tourterelle
ne vajamaisfansfonpair, on dit que quand elle a
perdu fon pair elle mène une vie languiflante. ]
Pair. [ Numerus par. ] Terme i^ Arithmétique.
{ Nombre pair. C'eft-à-dire, un nombre qui fe
divife en deux parties égales en nombres entiers,
& fans fraftion.)
Pair. Les Négocians & Banquiers difent que
le change eji au pair , pour faire entendre qu'il
eft égal de part & d'autre ; c'eft-à-dire , qu'il n'y
a rien à gagner ni à perdre dans les négociations
que l'on fait d'argent & de lettres de change ,
enforte que pour une fomme qu'on donne en
un endroit , on reçoit pareille fomme dans un
autre , fans qu'il en coûte de change ou de
remife.
Pair , Se dit aufli de l'égalité des monoies
entre elles; c'eft-à-dire, de ce qu'il faut donner
d'une forte d'efpece pour y rencontrer jufte la
valeur d'un autre.
Nombre pairement pair. [ Numerus par primus. ]
Ceft un nombre pair qui ne fe peut divlfer que
par des nombres pairs & non par des impairs.
Tels font le nombre 4. celui de 8. & tous fes
multiples 16. Z4. 32. &c.
Nombre pairement impair , ou plutôt impairement
pair. [Par, impar numerus. "] Ceft un nombre
pair , qui peut fe divifer par un nombre pair ,
& par un impair. Tels font tous les multiples
de 2. qui ne font pas les multiples de 4. comme
6. qui fe peut divifer par 2. & par 3. & de même
10. 14. 18. 20. &c.
Nombre pairement 6- impairement impair. Ceft
un nombre pair qui fe peut divifer par deux
nombres pairs , & aufti par un nombre pair &
par un impair. (Tels font tous les multiples de
4. qui
PAL
4, qui ne font multiples de 8. comme ii. 10.
18. &c.)
Pair & non pair,/, m. [ Par & impar. ] C'eft
imo i'orte de jeu où l'on cache pkifieurs pièces
de monoie dans la main , & oii l'on fait deviner
quelqu'un fi le nombre des pièces qu'on cache
eft pair ou non. ( Joiier à pair & non pair. Il
y a non pair , il y a pair. )
Pair à pair , adv. \_yEquaHtir.'\ (Nous y oWd pair
à pair. C'efl-à-dire , égaux. ^
Du pair , adv. [Sociiis ej/e.) D'égal. De même
air. De même manière. ( Aller du pair avec
quelqu'un. Patrie , plaid. 6. Il y a des gens
obfcurs & d'un mérite fort médiocre qui veulent
aller du pair avec les perfonnes illuftres & d'un
haut mérite. )
Paire , f. f. [ Par , jugum. ] Deujf chofes de
même efpéce , dont l'une ne va guère fans l'autre.
( Une bonne paire de fouliez. Une méchante
paire de bottes. Une paire de fabots. Une paire de
gans , de piftolets , ôic. Une paire de pigeons ,
de bœufs , &c.
( Elle av-oit au bout cfe fes manches
Une p.iire de mains fi blanches.
Scaron. )
On dit ^nfCl une paire de cifeaiix , de pincettes ,
de caleçons , & d^ autres chofes compojïes de deux .
parties femblables.
Paire, [ Nervorum conjugatio. ] Ce mot fe dit
en terme d'Anaromie , & en parlant de nerfs.
( Il part du cerveau fept paires de nerfs. )
Pairement , adv. [ Paricer. ] Voïez fous pair.
Pairie ,f.f. [Paris Francu dignitas.] Prononcez
périe.C'eû. une Ibrte de grande Seigneurie annexée
feulement aux Diichez & aux Comtez. C'eft un
droit de Pair. C'eft une qualité de Pair. Loi/eau,
Traité des Seigneuries Subalternes . ch. 3. (Eriger
un Duché en Pairie. Les Rois de France peuvent
i'euls dans leur Royaume ériger des Terres en
Pairie. Choifi , Vie de Philippe de Valois. )
]^ AÏS ,f.m. [ Regio , Patria , Natio , Oréis.]
Trononcezpéis. Ce mot vient de l'Italien /"a^/t:,
lignifie , Région , Contrée , Patrie , Lieu de la
naijj'ance d'une perfonne. ( Avant que d'entrer
dans un pais , il fe faut informer des mœurs des
habitans , & des différentes Coutumes du pais.
Autant de pais, autant de Coutumes. Pveconnoître
le pais. Ai-l. Le Sage n'a point de pais parti-
culier. Ils font de même pais.
Tout peuple peut avoir du goût & du bon fens;
Ils l'ont de iout pais ; du fend de l'AmLrique
Qu'on y mène un Rhéteur habile & bon critique ,
Il fera des Sçavans.
La Vont. )
§^ Pais , depagus , qui fignifioit une contrée,
& même l'étendue d'un certain terrein , que
nous appelions un village. Tulliiis avoit inftitué
des fêtes , dans leiquelles on parcouroit les
champs avec de l'eau luftralc que l'onrépandoit ;
ces fêtes étoientappellces Paganaliu. Ovide en
fait mention dans fes Faftes :
Pagus agtitfeflum , pagum liiftrate colonî ,
Et date pagiinis anima liba fucis ;
Placeniur maires frugum Tdlufque Cercfque
Farn fuo gravidce , vifccribufquc fuis.
Il y a apparence que pagus eft le wj-Voç des
Grecs , qui fignifie une élévation , une petite
montagne , l'ufage étant de s'étabhr plutôt fur
les hauteurs , que dans les fonds & dans les
plaines. Le terme pagus fignifie , dans les
Auteurs de la baflTe latinité , non feulement \n\
Tome ///.
PAL 9
village , mais encore une contrée , un bailliage.
Païs rnontueiix. Pais plat & uni. Pais de bois.
Pais de chafl"e. Pais maritime , marécageux ,
abondant en pâturages. Païs fertile , flérile , fec
& maigre. Païs d'Etats. [ Regio vecliga/is ex
prœfcripto deputatorum conventu. ] Ce font en
France, les Provinces qui ont confervé le droit
de faire des impofitions fur eux par leurs Députez
& par les Notables de la Province , comme la
Bourgogne, la Bretagne & le Languedoc.
Pais "d'Eleclion , c'eft une Province 011 les
impofitions fe font par les Elus & autres Officiers
créez à cet effet.
Païs de concordat. [ Regio in qua viget pacîio
inter Leonem decimumPapam &Prancifcumprinmm .]
Pais où les matières bénèficiales fe règlent par
la difpofition du Concordat fait entre Léon X.
& François I.
Païs d'obédience, eft celui où le Concordat n'eft
point reçu , comme la Bretagne , la Lorraine.
Païs de Droit écrit. [ Provinciœ juris fcripti.
Ce font les Provinces & les endroits de la..
France où l'on décide les affaires par Pautorité
du Droit Romain. (La Provence eft un pais de
Droit écrit.)
Païs coûtumier. [ Regiones Juris confueti. ] Ce
font les endroits de France où Pon décide les
affaires civiles par les Coutumes des lieux.
( L'Ifle de France , la Picardie , la Champagne ,
la Normandie, font des pais de Droit coûtumier.)
■{- Païs Latin. [Parijien/îs Univerfitas. ] Termes
burlefques pour dire , \!Uni\'erftié de Paris , ou
quelque autre lieu de cette nature. (H y a peu
de gens polis dans le pais Latin. C'eft un
homme du païs Latin , & c'eft tout dire.
Les Rois du Païs Latin
Ont pour fceptre une férule. Main. )
f Païs de fapience, [ Normannia. ] On appelle
ainfi en riant la Normandie , parce que la
Coutume des fidèles Normans eft Pune des plus
fages Coutumes de France , ou félon quelques-
uns , la Normandie eft appellèe le païs de fapience ,
parce que c'eft le pais de la fourberie & de la
diffimulation , qui eft la prudence des enfans du
fiécle. Cela ne fe dit que de la bafle Normandie.
\P aïs de cocagne. [ Fertilis regio. ] C'eft-à-dire ,
un pais abondant en toutes fortes de biens &
de chofes pour la vie. M. Aftruc , dans fes Mém.
fur le Languedoc, p. 316. dit : Les pelottes dit
paftel apprêté s'appellent coques ou co.jnaignes ,
& le paftel ainfi apprêté , pa(lel en coquaigne.
C'eft de là , ajoûte-t-il , qu'eft venu l'ufage de
dire païs de coquaigne ou cocaigne , pour dire un
païs riche, parceque le païs où croît le paftel,
s'enrichifToit autrefois par le commerce de cette
drogue.
( * Le païs de Caux eft impaïs de cocagne. Sur.
Paris eft pour un riche , un païs de cocagne.
Defpréaux , Sat, 6. )
Païs , fe dit figurément en chofes fpirituelles
& morales. ( Les Modernes ont découvert des
païs inconnus dans les fciences.) [ Multa incognita
dctcxerune reccntiores. ] L'Algèbre eft un païs
inconnu à la plupart. Ce Prédicateur a bien
battu du païs. [ Campos excurrit. ]
* Païs. Mot dont les gueux & les petits artifans
fe fervent quand ils fe faluènt. ( Bon jour /au.
Adieu païs.^
'\ Il eft bien defonpaïs. [Nimium fane ineptus
eft. ] C'eft-à-dire , il eft fort neuf. Il eft fort niais.
j .1 g
,o PAL
■}■ * Gagner p.ûs. Oeil fuir. [ So/i/m veriere. ]
-f * Counr U puis. [ Peregrè abire. ] C'cft voyager
en divers lieux.
•{•*// lui a bun fuit voir du pals. C'eft-à-dire ,
il l'a mené loin. U lui a donné de la peine. Il l'a
embaraffé, chicané. II lui a iàW des pièces.
PLu-païs,f.m. [Campe jlresloci.] La Campagne.
Le piat-pais eft tout à fait perdu. Faire le dégât
dans le/'/rtf-/''"'- Fourager {q plat-pals. Le plat-
païs étoit fans bois. )
•f Le pais d'adieu fias. [Occitanla, f^afconia.]
Mots burlefques , pour marquer le Languedoc
& la Gafcogne. Il eu du pah d'adieu Jîas.)
* Ju^er à \ui de puïs. Ce(l juger d'une chofe
dont on n'a pas une connoiffann; certaine.
PaÏsage ,f. m. [Traclus amanà locorum varietate
dif inclus. ]LepafageeR.un des principaux genres
de peinture , & renferme en ra.;ourci tous les
autres. On appelle païjage , im tableau qui
reprcfente quelque Campagne. (Unbeau païfage.
Aimer les païfages. ) L'art de faire ces repré-
fentations s'appellent encore/'rt/y.'fn'e. On diftingue
le païfage du genre héroïque , & le paifage du
genre pafloral. Le premier ell une compofition
formée fur ce que l'art & la nature offrent de
plus majeftueux , de plus rare & de plus frapant.
Le deuxième eft une repréfentation de la fimple
nature , telle qu'elle fe montre fans fard & fans
artifice. Les païfages ordinaires font dans le
genre paftoral.
Paifage. [ Rus , locus amœnus. } II fignifie pro-
prement l'afpeû d'un pais , ou d'un territoire ,
aufll loin que la vue fe peut étendre. (Les bois ,
les colines & les rivières rendent les païfages
fort beaux.) C'eft ce que les Peintres repréfentent
dans leurs païfages.
PAÏsAGiST£,yiOT. [ Piclor topograpkicus . ]
Prononcez pêifagijle. Peintre qui ne travaille
qu'en païfages. ( C'efl le plus fameux païfagifte
de Paris. Le jeune Francifque , Wouvermens ,
& Maugobert , ont été de grands païfagiftes.
P A ï s A N , f. m. [Homo rnjiicanus. ] Prononcez
pli fan. Ce mot vient de l'Italien pacfano. C'eit
celui qui eft de quelque Village de la Campagne,
f Les païfans ne font pas fi polis que les gens
de la Ville ; & les gens de la Ville ne le font pas
tant que ceux de la Cour. Les païfans font fins
& méchans , & principalement ceux des environs
de Paris. Les païfans de France, quoique pauvres
font fouvent plus heureux que ceux de Pologne,
qui font tous efclaves de leurs Seigneurs. ^
Paifan , paifanne , [ Agrejlis & ruficus. ] II
fe dit par mépris , & fignifie rufîre , grofficr ,
peu civil , peu honnête. ( Avoir l'air païfan.
Avoir la mine païfane. Avoir des manières
païfanes. Sa conduite eil païfane , & je ne la puis
foufFrir. )
Faisane , /./. [Ru/lica.] Prononcez péifane.
Villageoife. (C'efl une jolie païfane, c'eft-à-dire,
c'eft une villageoife jolie. C'ejl une franche pmfane ;
c'eft-;Vdire , c'eft une ruftre. )
^^ Molière a dit le premier , paifanerie dans
fon George-Dandin : J'aurais bien mieux fait ,
tout rie fie que je fuis , de m' allier en bonne &
franche paï/anerie.Onpem le dire dans le comique,
& dans la converlation familière.
Paisible, adj. Prononcez piflble. [Placidus,
tranquilUis ,fedatus , quietus. ] Il fignifie tranquille,
& il fe dit des chofes & des perfonnes. ( Paifible
nuit , helas ! je ne demande que le repos que tu
donne à tous. C'dl un efprit fort paifible. L'Etat
eft fort paifible.
P A I.
Non , ne me parlez point de ces tiédes Amans
Dont les Bdijlbles cœurs n'ont nuls einportemens.
Mol. )
Paifible , fe dit des animaux. ( Ce cheval efl
doux & paifible. Un agneau paifible. )
Lieu.xpuijibles. On appelle ainfi les lieux où il
n'y a point de bruit , où l'on eft en paix.
Paifible , fe dit aufli des eaux qui ne font
point agitées.
Paifible. [ Pacificus. } Ce mot fe dit principale-
ment en parlant des bénéfices , & veut dire :
Qui n'eft pas troublé dans fa pofTefTion , qui a
pofTédé trois ans , après lefquels on ne le peut
plus troubler , & qui pour cela eft appelle paifible
pofjeffeur. Il fe dit aufli des autres perlonnes-qui
ne font pas troublées dans leur pofTeffion.
( Sonffrirez-vous encor qu'un roc inacceflîble
D'un injufle ennemi foit l'azile yjj/jfi/e ^
Betoulaud. )^
Paisiblement , adv. [ Sedato animo , tranquilÛ .\
D'une manière paifible. D'une façon douce &
tranquille. ( La nature ne tend qu'à vivre
paifiblement.
t Paissaler , V. a. [Palare , pedare. ] Mettre
des paiffeaux. Dites , Echalaffer la vigne.
Paissant, adj. [Depajcens.^ Terme de
Blafon. Qui fe dit des vaches & des brebis qui
ont la tête baiffèe pour paître. Voiez Paître.
■\ Paisseav,/. m. [ PalkS , pedamentum. ]
Ce mot ne fe dit que dans les Provinces , & en
fa place on dit à Paris échalas.
Pdijfeau , fe dit aufîi d'une efpece de Serge
qui fe fabrique en Languedoc.
P a I s s E L E R , V. a. fe dit en Province pour
fignifier mettre des paiffeaux dans les vignes.
P a I s s £ L I E R E , y^ /, Lieu où l'on fait des
paiffeaux.
§3" Paissomme. Terme maritime. C'eft
un bas fond , où i! y a peu d'eau.
PAissoN,y^/7z. [Radula.] Terme de Gantier
& de Peaucier. Morceau de fer ou d'acier délié
qui ne coupe pas , fait en manière de cercle ,
large d'un demi pied , ou environ , & monté fur
un pied de bois fervant à déborder & à ouvrir
le cuir pour le rendre plus doux.
P.iijjon, f. m. [ Glandaria vel herbaria paflio. 1
Glandèe & autres fruits fauvages que les porcs
& autres beftiaux mangent à la Campagne. (Les
habitans ont droit de paiffon. )
Paissonner, V. a. Terme de Gantier &
de Peaucitr. C'eft étendre & tirer une peau fur
le paifl"on. C'eft la tirer & l'étendre fur le
paiffon. ( Paiffonner une peau. )
PaÎtre, V. n. [Pafcere , prata pabulari. ] Je
pais , tu pais , il pait , nous paiffons , vous paijj'e;^,
ils paiffent. Je paiffois , je paîtrai , que je paifjiy
paiffant.Ce mot eft un verbe neutre & dèfeftueux.
Il fe dit proprement des bêtes , & veut dire
manger. ( C'étoient des chevaux de bagage qui
paifloient. yîhl. Rtt. L i. c. 2. ) Mener paître
les pourceaux. Un grand nombre de pourceaux
paifloient le long des montagnes. Nouveau
Tejlamcnt,
Kelas ! petits moutons que vous êtes heureux.
Vous paifpx ^■'"^ ^°' champs fans fouci , fans alarmes.
Aulîi-tôt aimés qu'amoureux.
Deshoul. poijtet.
Paître , v. a. [ H:rham pafcere.'] Ce verbe eft
quelquefois aftif, (Paître l'herbe.)
PAL
%y Saint Amand a abufd, ce me femble,de
te terme dans fon Contemplateur.
Vous qui gardez d'un foin fi doux
Le cher troupeau de votre maitrc ,
Lui donnant , en dépit des loups ,
Le facré pain de grâce à paiin-,
L'Abé Régnier Defmarais dit dans une églogue :
Son troupeau qui pji£oit , oublia de manger.
Paître & manger , c'eft la même chofc ; ou fi
le Poëte a entendu parler d'un troupeau qui eft
dans le pâturage , & qui cherche à paître , il a
péché contre la juftefle.
Paûre , v. a. [ Abigere pecus. ] Ce verbe eft
toujours aôif lorqu'il fignifie mener paître. Faire
paître. ( Voïant un vainqueur des jeux Olimpi-
ques paître des troupeaux ; il dit : &c. Ablancoun
Apopht. p. 148'
C'eft par lui que laiffant fur le haut des coteaux
Paître nos pailibles troupeaux.
Nous ne craignons point le pillage;
Pendant que loin de nos hameaux
Tout refpire l'horreur, le fang &le carnage.
Poét. anon. )
Paître un oifeau. [ Avem alere. ] Terme de
Fauconnerie. C'eft lui donner à manger.
* Paître , v. a. [ Pafcere. ] Il fe dit au figuré ,
'& fignine enfeigner & conduire. ( Jefus-Chrift
dit à faint Pierre , paijf'ei mes agneaux , paijfe^
mes brebis. Nouveau Tejlament. )
■\ Envoler paître quelqu'un. [Aliquem foras quatere.]
C'eft-à-dire , chaffer une perlbnne , l'envoier
pr )mener comme un fot.
* Allei paître de Vherbe. C'eft , allez - vous
promener , vous n'êtes qu'une bête. Sar. poif.
ÇT Et je les fçais fi peu choïer ,
Que celles que j e mène paître ,
M'y devroient moi-même envoïer.
Se paître , v. r. [Pafci.] Se nourrir. (Les
•orbeaux fe paiff'ent de charognes. Les bons
oifeaux fe paiffent fur le vif. )
* Se paître d'imagination , de chimères , de vent.
[ Vana meditari. ] C'eft-à-dire , entretenir fon
efprit , & fe nourrir de chofes vaines & peu
folides, & d'efpérances mal fondées. Il eft mieux
de dire : fe repaître l'imagination de chimères , de
•yent.
P A I T R I N , /. OT. [Piflrinum , M-aclra. ] Terme
de Boulanger. C'eft une forte de grande huche
où les Boulangers de Paris & d'autour de Paris
font le pain. ( Un grand ou petit paitriri.)
Paitrir, v. a. [Farinamfubigere.] Faire de la
pâte pour en faire enfuite du pain. ( On paitrit
la farine avec de l'eau , en la remuant & la
mêlant long-tems. Paitrir la pâte pour faire du
pain. Il faut encore paitrir cela davantage.
On dit cLuffi, paitrir l'argile pour faire des ouvrages
de terre. [ Argillam depfere. ]
t On diroit que le Ciel l'a paitri d'autre limon
que moi. Defp. Satire 3.
* Etre paitri d'ignorance & de vanité. C'eft
être fot & vain.
* Il eft des âmes paitries de fange & de boue ,
qui ne font éprifes que du gain & de l'intérêt.
[ Terrenœ anima. ] La Bruy.
P Alx,^/, [Pajt. ] Tranquillité publique. Ce
mot n'a point de pluriel. La paix , chez les
anciens , étoit une Divinité allégorique , qu'ils
faifoient fille de Jupiter & de Thcmis. ( Offrir ,
P A I. PAL. II
conclure, faire la paix. Rompre la paix. Donner
la paix à toute l'Europe. Acheter la paix. Vivre
en paix. Entretenir la paix.
Charmante Pa^x , délices de la terre,
Fille du Ciel & mère des plaiiirs ,
Revenez combler nos defirs.
Racine, )
Paix. Repos. Douceur. Tranquillité d'efprit
& de vie. [Tranquillitas , concordia.] (Elle nourrit
dans fon fein une paix éternelle. Defpréaux ,
Lutrin.
Ainfi qu'en ces beaux lieux \zpaîx régne en mon cœur. )
* Paix. [Pax, reconciliatio.] Réconciliation.
Elle confirte à fe remettre bien avec quelqu'un.
( Faire la paix avec quelqu'un, f^oit. l. ^- )
* Une paix fourrée , ou pldtrce. [ Pax ficia.]
C'eft-à-dlre , qui n'eft faite qu'en apparence &
pour un tems, dans le dcffein de recommencer
la guerre à la première ocafion favorable.
Paix, fedit de la concorde & de la tranquillité
qui eft dans les familles. ( La paix régne dans
cette maifon. Nous vivons en paix. Entretenir
la paix , &c. )
Ange de paix. C'eft un homme qui porte
toujours les efprits à l'union & à la concorde.
On le dit aufli de celui qui annonce quelque
chofe d'avantageux.
Laifer quelqu'un en paix. C'eft ne le molefter
plus , ne l'importuner plus. ( Laiffez - nous en
paix. Enfin, il me laiff'e en paix.)
Laiffer les morts en paix. C'eft ne point parler
mal d'eux. ( Laiflbns les morts en paix. )
Ne donner ni paix ni trêve à quelqu'un. C'eft
ne lui donner aucun reiâche , le preffer conti-
nuellement.
Paix , fe prend auffi pour calme , filence ,
éloignement du bruit. ( On eft bien en paix ici.
On eft bien paix dans ce quartier , dans cette
folitude. )
Paix. Terme d'Eglife. Manière de petite plaque
légère , d'argent ou de vermeil doré , qui a une
poignée par'derriere , & au milieu la figure de
Jefus-Chrift, ou de quelque Saint , que le Diacre,
après VAgnus Dei de la Nlpffe , donne ^à baifer
au Célébrant, cnfuiie au Soùdiacre & à l'Acolyte
pour la faire baifer aux autres Eccléfiaftiqiies
& au Peuple. (Baifer la paix avec refpeft.
Quand legrandAumônierfe trouve à la Chapelle,
il fait baifer la paix au Roi.)
• Paix. [ Pax fit , filete, fayete lir^guis.] Sorte
d'adverbe dont on fe fert pour faire taire ; pour
prier ou pour commauder qu'on ne faffe point
de bruit & qu'on n'interrompe point. Le mot
de paix en ce fens veut dire filence. ( Paix-là ,
paix-là, je vous prie, Meffieurs. )
j- Paix , f.f Le peuple appelle de ce nom
un os plat & large , qui forme l'épaule d'un
mouton , d'un veau , &c. Les Anatomlftes ,
parlant du corps de l'homme , appellent cet os
omoplate,
PAL.
P A L , / OT. [ Palus. ] Ce mot eft un terme de
Blafon. C'eft une pièce qui fe tient perpendi-
culairement droite , & qui partit l'écu en long
depuis le haut jufqu'au bas. (Il porte de fmople
à un pal d'or. Il porte d'argent à deux pals de
fable. Col. )
Paladin ,/ m. [ Eques errabundtts.]Chsviheï'
B ij
IX PAL.
errant delà table ronde. (" Les anciens Paladins
font t'ameiix.
Lui qui prefque fcmblablc à ces fiers Paladins
Qui [jarcouroient toute la terre ,
Enlève à des Geans envieux & mutins
Non de libertines infantes ,
Mais en chemin taifant, des places importantes.
Deshoul. )
En général on appclloit autrefois Paladins,
ces fameux Chevaliers errans , qui cherchoient
des ocafions pour fignaler leur valeur & leur
galanterie. Les combats & l'amour étoient leur
unique ocupation. Pour avoir un prétexte
d'infultcr les Chevaliers qu'ils rencontroient ,
ils fe propofoicnt de publier que leur maîtreffe
étoit la plus belle perfonne qui fût au monde ,
& d'obliger ceux qui n'en conviendroient pas
volontairement , de l'avoiier , ou de perdre la
vie. On dit que cette manie commença de régner
dans la Cour d'Artus , Roi d'Angleterre , lequel
recevoit avec toute forte de courtoifie &
d'agrément les Chevaliers de fon Roiaume &
des pais étrangers , iorfqu'ils s'étoient aquis par
leurs combats la réputation de braves & de
galans Chevaliers. Lancelot étant arrivé dans la
Cour du Roi Artus , devint amoureux de la
Pleine Genevre , & fe déclara fon Chevalier ;
il parcourut toute l'ifle ; il livra divers combats ,
dont il fortit victorieux , & fe rendant ainfi
fameux par fes faits guerriers , il publia la beauté
de fa maîtreffe , & la fit reconnoître pour être
infiniment au-deffus de toutes les autres beautez
de la terre. Triftan , d'un autre côté , amoureux
de la Reine Iffotte , publioit de même les beautez
& les grâces de fa maîtreffe , avec un défi à
tous ceux qui n'en conviendroient pas. Les
exploits de ces deux Chevaliers s'étant répandus
dans le monde , l'émulation & l'envie d'aquétir
de la gloire , mirent aux champs plufieurs autres
Chevaliers , à qui l'on donnoit le titre de
Chtval'urs errans , &C de Paladins , parce que
dans le commencement ils fe refferroient , après
de longues courfes , dans le palais du Roi Artus,
où ils étoient régalez pour les délaffer de leurs
fatigues ; & comme la table fur laquelle on leur
donnoit à manger , étoit ronde , on les apella
aufll Chevaliers de la table ronde. Les avantures
fabuleufes de ces Chevaliers ont fourni la matière
à une infinité de Romans en profe & en vers ,
qui font encore recherches par quelques curieux.
Palais, f. m, [ Palatiuni , domus regia. ]
Bâtiment magnifique propre à loger quelque Roi
ou Prince. (Bâtir un fuperbe , un magnifique
Palais, y^il. Luc.
Bâtir en mille & mille lieux
De fuperbes PuLiis , des Temples vénérables ,
Des Forts, des Places imprenables.
Bofijuillon. )
Palais Royal. [ Domus Augiijla. ] C'efl: une
belle maifon dans la rue S. Honoré, qui appartient
à Monficur le Duc d'Orléans , petit fils du feu
Régent du Royaume durant la minorité de
Loiiis XV.
Palais Cardinal. [ Domus Cardinalls. ] C'efl la
maifon qu'on appelle aujourd'hui Palais Royal,
& où logeoit autrefois le Cardinal de Richelieu ,
qui, à caufe de cela , s'appelloit Palais Cardinal.
Balzac a repris autrefois cette façon de parler ,
Palais Cardinal. Elle eft contre les régies de la
Grammaire, on l'avoué , mais elle eft de l'ufage.
Palais d'OrUans. Belle maifon avec un jardin
PAL.
qui eft fituée au Fauxbourg S. Germain , oh
demeurolt Mademoifellc de Montpenfier. On
l'appelle Luxembourg.
•j" * Palais. [ Domus fuperba & magnifica. ]
Maifon belle & propre. ( Sa maifon eft une
maifon enchantée, on diroit que c'eft un petit
Palais. )
Palais. [ Forum , Curla , BaJlUca. ] C'eft un
bâtiment grand & vafte , divifé en plufieurs
chambres , où font diftribuez Meffieurs les Pré-
fidens , Maîtres des Requêtes & les Confeillers
pour rendre la juftice aux particuliers. (Le
Palais eft beau & grand.
Pour augmenter l'effroy , la difcorde infernale
Monte dans le Palais , entre dans la grand'fale.
De/préaux.)
* Palais. Ce mot eft un peu figuré dans
plufieurs façons de parler. (Se mettre au Palais ,
c'eft-à-dire , embraffcr la profeffion d'Avocat ,
ou acheter quelque charge de Magiftrature.
Mourir de faim au Palais , c'eft-à-dire , ne rien
faire dans la profeffion d'Avocat. Blondeau crou
fa robe au Palais , c'eft-à-dire , n'y fait rien.
Pour faire quelque chofe au Palais , il faut
dormir entre les bras de la fille d'un bon
Procureur. * Le Palais n enrichit aujourd'hui
perfonne , c'eft-à-dire , la profeffion d'Avocat
n'eft plus fi lucrative qu'elle étoit autrefois. )
On dit , gens de Palais , l'ufage de Palais ,
le ftile du Palais , &c.
L'Almanach du Palais ; c'eft un petit livre où
fon«»marquez les jours qu'on ne plaide point.
Palais. [ Palatum. ] Ce mot fe dit des hommes
& des animaux , & veut dire la partie fupérieure
du dedans de la bouche.
( Certes on vit un trifle jeu ,
Quand à Paris Dame Juftice
Se mit le palais tout en feu ,
Pour avoir mangé trop d'épice.
S. Amani. )
Palais de bœuf. Palais de brochet. Palais de
carpe. Rond. Palaisde cheval. i'o/<;i/«/. \Palatum^
Palais de lièvre. [ Sonchus. ] Plante dont il y
a deux efpéces. Elles contiennent beaucoup de
phlegme & d'huile , médiocrement de fel. Elles
lont humeâantes, rafraichiffantes, adouciffantes,
apéritives. On s'en fert pour les inflammations
du foie , de l'eftomach & de la poitrine, & pour
augmenter le lait des Nourrices.
Palamente , f. m. [ Rémi triremis. ] Terme de
Mer. C'eft tout le corps d'une rame de galère.
Palans,/. OT. [ Funes helciarii. ] Terme de
Mer. C'eft un affemblage d'une corde , ou de
deux , d'un moufle à deux poulies , & d'une
poulie fimple qui lui eft opofée : on s'en fert
pour embarquer & pour débarquer les mar-
chandifes & les pefans fardeaux : une de ces
cordes s'apelle étague, Mantel, & l'autre garant.
Le palan , dit un autre Auteur , eft la corde
qu'on atache à l'étai ou à la grande vergue ,
ou à la vergue de mifaine , pour tirer quelque
fardeau ou pour bander les étais. Il eft compofé
de trois cordes ; fçavoir , celle du palan ,
l'étague & la driffe. Il a des pattes de fer au
bout qui déeend en bas. Il a trois poulies , l'une
defquellcs eft double. Celui du mât de mifaine
ne s'en détache jamais , comme étant du fervice
ordinaire. Aubin. Grands palans , font ceux qui
tiennent au grand mât. Palan fimph. Palans
di mifains , ce font ceux qui font atachez au
PAL.
mât de mifainc. Palan à caliornc , c'eft la caliorne
entière , laquelle cft un gros cordage paflé dans
deux moufles à trois poulies chacun , dont on
fc fert pour guinder & lever de gros fardeaux ;
on l'atache quelquefois à une poulie fous la
hunç de mifaine , & quelquefois au grand étai ,
au-deffus de la grande écoutille. Palan à can-
ddctte , qui cft une corde garnie d'un crampon
de fer , dont on fe fert pour acrocher l'anneau
de l'ancre , lorfqu'elle fort de l'eau & qu'on
veut la boffer ou remettre en place : chaque
candelette a de fon côté fon pendour & fon
étrope. Palans d'ccai , font ceux qui font
amarrez à l'étai. Palan defurpente. Palan d'amure.
C'eft un petit palan dont l'ufage eft d'amurer
la grande voile dans un gros vent. Amunr ,
c'elt mettre vers le vent le coin de la grande
voile , que l'on apelle le point de la voile , &
toucher un trou fait dans le côté du vaiffeau ,
lequel eft apellé dogue d'amure. On amure
pour aler au plus près du vent. Palans dz bout ,
ce font de petits palans frapez à la tête du
mât de beaupré par-deflbus , dont l'ufage eft
de tenir la vergue de (ivadiere en fon lieu , &
d'aider à la biffer lorfqu'on la met à place.
Palans pour rider les haubans. On apelle rides
de haubans , les cordes qui fervent à bander
les haubans , par le moïen des cadénes & des
caps de moutons , qui fe répondent l'un à l'autre
par ces rides. Palans di retraite , ce font de
petits palans dont les Canonniers fe fervent
pour remettre le canon dedans quand il a tiré ,
lorfque le vaiffeau eft à la bande.
é;:it'P ALANQ.UER. C'eft fc fcrvir des palans.
Palan Q_tr ï , f. f. Efpéce de fortification ,
faite avec des pieux, qui eft en ufage en Pologne,
en Hongrie , &c. ( Ataquer une palanque ,
défendre une palanque. )
^y Palanque. C'eft un commandement pour
faire fervir ou tirer fur le palan.
Palan q_u in, f. m. Chaife portative dont
les riches fe fervent dans les Indes , en fe faifant
porter fur les épaules des hommes. ( Il fe faifoit
porter dans un palanquin. )
■■Cs^ Palanquin. C'eft un petit palan qui fert
à lever de médiocres fardeaux. Il y en a de
doubles & de fimples. Palanquins de ris , ce font
des palanquins que l'on met au bout des vergues
des huniers , par le moïen defquels on y amène
les bouts des ris , quand on les veut prendre.
Palanquins Jlmples de racage , dont on fe lert
pour guinder ou amener -le racage de la grande
vergue , lorfqu'il faut guinder ou amarrer la
vergue. Qn apelle racage , de petites boules de
bois enfilées l'une avec l'auti-e , comme des
grains de chapelets.
PalardeauXjYIot. [ Obturamenta navis
foraminum. ] Terme de Mer. Bouts de planche
que l'on couvre de bourre & de goudron pour
boucher les trous du bordage.
Palastre ,//. [ Sera capfula. ] Terme
de Serrurier. C'eft la pièce de fer qui compofe
la partie extérieure , fur laquelle s'affemblent
toutes les pièces & les refforts qui la font agir.
P A L A T I N , / OT. [ Palatinus. ] Titre que
prenoient les Comtes François fous les premiers
' Rois & les premiers Empereurs de France. On
apcUoit Comte Palatin , celui qui en qualité de
Juge prenoit connoifl'ance des affaires & qui
les décidoit , à moins qu'il ne les jugeât d'une
manière à être difcutées en préfence du Roi.
Il y avolt en Allemagne ,*en Pologne , auffî
PAL. 13
bien qu'en France , des Comtes Palatins. Il y
en avoit auffi en Champagne. Depuis Charles
le Chauve on croit que les Rois de France
n'ont point fait de Comtes Palatins , & les
Comtes Palatins de Champagne n'ont ceffé que
lors que la Champagne a été réunie à la Cou-
ronne. Voïez Pithou , Coutume de Troyes : le
même dans fon Traité des Comtes de Champagne :
Favin , des premiers Officiers de la Couronne :
Du Tillet , page IJJ. Pafquier , liv. 2. ck. 10.
& Catel , Hijloire des Comtes de Touloufe , liv. i.
chap. J.
Palatin. On apelle Palatin , ou Comte Palatin
du Rhin , l'Elefteur qui a fes Etats fur le Rhin.
On apelle fa Maifon , la Mai/on Palatine.
Palatin. On apelle ainli le Viceroi de Hongrie
Se les Gouverneurs de chaque Province de
Hongrie. Palatin , eft auffi un titre de dignité
en Pologne ; le Palatin de Pofnanie.
Palatinat ,/■ m. [ Palatinatus. ] Ce mot
fe dit en parlant de Pologne. C'eft la Province
d'un Sénateur de Pologne: ( Le Royaume de
Pologne eft divifé en Palatinats. Aprcs qu'on
a délibéré à Varfovie , chaque Sénateur s'en
retourne à fon Palatinat. )
Palatinat. [ Inferior & fuperior Palatinatus. ]
Ce mot fe dit auffi en parlant d'Allemagne.
C'eft un pays poffedè par un Prince qu'on apelle
Palatin. ( Il y en a deux en AHemagne , le haut
& le bas Palatinat , ou le Palatinat du Rhin
& celui de Bavière , Sanfon , Introduction à la,
Géographie , i. partie , page 64.
Palatine, f. f. [ Focale pellitum. ] Peau
de martre ou de fouine bien paffée , doublée
de taffetas & acommodèe en forme de mouchoir
de cou pour les Dames. (Elle a une palatine
fort jolie.) On z^eWs auffi palatine les ornemens
faits de ruban &c de réfeau que les femmes
mettent au cou.
P a l au T , / m. C'eft dans le ftile familier
un terme de mépris , qui fe dit d'un groffier
villageois. ( C'eft un gros palaut , un franc
palaut. )
Pale, adj. [ Pallidus , pallens. ] Qui a de
la pâleur. Le mot de pâle a la première filabe
longue , & c'eft pourquoi quelques-uns écrivent
pafle , mais \f ne fe prononce pas. ( Il cft pâle.
Elle eft pâle. Vifage pâle. Ahl. La pâle main
de la mort. Main. poéf. 11 demeure tout le jour
courbé fur un livre , toujours pâle & détait ,
au lieu qu'auparavant il avoit le teint frais &
vermeil. Ahl. Luc.
Moi-même dont la gloire ici moins répandue,
Dci pâles curieux ne bleiTe point la vûi;.
Defpreaux. )
On dit des rofes pales. [ Rofœ patientes. ] Pour
diftinguer les rofes communes d'avec celles de
Provins , qui font d'un rouge plus vif & plus
foncé. Couleurs pâtes. [ Colores pallidi. ] Ce
font celles qui font lavées , ou qui font mêlées
de blanc. ( Rouge pâle. Bleu pâle. Jaune pâle ,
&c. ( On dit que le Sokil efl pâle , [PalUtJ'ot.]
quand il eft couvert de quelque petit nuage
qui diminue fa clarté. )
Pâles couleurs, f.f [Arquatus morhi/s.] Jauniffe.
Epanchement d'humeur bilieufe par-tout le corps.
( La belle Philis eft morte des pâles couleurs à
feize ans. On l'a plaint de mourir d'une maladie
dont il eft tant de Médecins. ) C'eft ordinairement
la maladie des filles. On a fort chanté autrefois
ces vers :
14 PAL.
La Fille qui caufe mes pleurs ,
Fil morte tles pàUs couleurs ,
Au plus bel âge de fa vie.
Pauvre Fille , que je te plains ,
De mourir d'une maladie
Dont il cft tant de Médecins.
Pale ou Palle,/./ [ Charta. ] Ce mot
a la première filabe brève ; c'eft im Terme
à'EgUJ'e. C'eft un carton carré couvert de linge,
qu'on met fur le calice. ( Cette pale eft trop
grande. Couvrir le calice de la pale. Mettre la
pale fur le calice. )
Paie , f. f. [ Rémi extrem'itas. ] Terme de
Batelier. C'eil le bout de l'aviron qui eft plat.
( Pale mal faite. ) On l'apelle aufli la pale de
la rame ou de l'aviron.
Pale ■, f. f. [ Obcuramentum llgneum. ] C'eft
une pièce de bois qui fert à boucher un biez
de moulin, ou la chauffée d'un étang. C Lever
la pale. ) On l'apelle auffi la bonde.
P A L e'a G ï , f.f. [ Exoneratio. ] Terme de
Marine. Obligation qu'ont les Matelots de dé-
charger & mettre hors le vaiffeau les grains ,
les fels , & les autres marchandifes qui fe
remuent avec la pelle.
^^ Les Matelots doivent aux Marchands le
palcaot & le manéiige. On ^^ç\\q paUage , l'atlion
de mettre hors du vaiffeau , les grains , le fel
& autres chofes femblables avec la pelle ou
pale. Le manéage , eft l'aftion de mettre hors
du vaiffeau , avec les mains , les planches , le
merrin , le poiffon verd & fec ; & pour ces
deux manceures il n'eft dû aucun falaire aux
Matelots.
P A LE z, f.f. C'eft un rang de pieux emplofez
de leur groffeur, placés affez après les uns des
autres , atachez & boulonnez de chevilles de
fer ; lefquels plantez fuivant le fil de l'eau ,
fervent de piles pour porter les travées d'un
pont de bois.
Palefrenur ou Palfrenifr , f. m. [ yigafo,
flabuli curator.] En vers on fait ce mot de trois
ou quatre filabes , mais en profe on le fait
ordinairement de trois , & fi on le fait de quatre,
on doit prononcer fort doucement Ve de la
féconde filabe , Palefrenié. Le palfrenier eft celui
qui panfe les chevaux de caroffe. Ce mot vient
du vieux mot palefroi , qui lignifioit cheval. ( Un
Roi de Thrace difoit qu'il lui fembloit qu'il ne
differoit en rien de fon palfrenier lorfqu'il ne
faifoit pas la guerre. Abl. Apopht. page JfOJ. )
On apelle valets d'étable , ceux qui panfent les
chevaux dans les hôtelleries.
■j" Palefroi, yiffz. [ Equus phaleratus. ]
Vieux mot qu'on trouve dans les Amadis &
autres vieux Romans , & même dans Sarazin.
C'eft le cheval que montoit une Dame & fur
lequel elle alloit où elle vouloit. (Elle monta
fur fon palefroi. Voiez V Amadis des Gaules ,
Uv. i. cil. J.
Il faut fiiivre le Roi,
Et quel moyen , je ne le puis moi-même ,
Non plus que ton grand Palefroi.
Peliffln.
Tels palefrois font peur aux Dainoifelles.
Sar. Poej: )
§j Voiez les Origines de la Langue Françolfe
& de la Langue Italienne de Ménage , fur le
terme palefroi ; je n'ai rien à y ajouter , fi ce
n'eil la raillerie de Sarazin , dans fa glofe fur
PAL.
le fonnet de Job de Benferade , où le Poëte
exagérant la patience dans les maux que fon
amour lui caufe , l'explique ainfi :
Bien qu'il eût d'extrêmes foufrances ,
On voit aller des patiences
Plus loin que la tienne n'alla.
L'expreflîon , aller des patiences , fut généra-
lement condamnée , & Sarazin dit fort fpiri-
tucllement :
Avec mes vers une autre fois
Ne mettez plus dans vos balances ^
Des vers où fur des palefrois
On voit aller des patiences.
'f P A L r M A ï L ,f. m. [ Sphxrijlerium malleare.]
Mot vieux & hors d'ufage , au lieu duquel on '
dit mail. ( Jouer au mail , &C non pas au palemail.)
Paleron ,f.m. [ Humérus , Armus. ] Terme
de Charcutier. C'eft la partie du porc qui eft
jointe au jambon de devant.
Les Anatomiftes fe fervent auffi de ce terme
pour marquer un os de figure prefque trian-
gulaire , qui fert pour couvrir le derrière des
côtes. On dit auffi qu'un cheval eft bleffé au
paleron.
P A l E s , / OT. \_PaUs. ] La Déeffe des Bergers
dont on célébroit tous les ans la Fête à la
campagne , & que les Poètes bucoliques invo-
quoient quelquefois dans leurs ouvrages.
^' Virgile , Ovide , Feftus & plufieurs
autres , ont apellé Pales, la Déeffe des Bergers,'
ou parce qu'elle préfidoit aux pâturages , que
les Latins apelloient pabula , ou de palare ,
errer , parce que les troupeaux errent fous fa
proteftion dans les champs. On inftitua une
fête à fon honneur , que les uns apellent Pariliai
les autres , Paliîia.
Pales , ou Palée , f. m. [ Séries palorum in
terra defixorum. Terme à! Archittclure. Pieux qui
fervent aux ponts de bois au lieu de piles de
pierre.
Palestre, / m. [ Palafra. ] C'étoit le lieu
où les luteurs s'exerçoient. Voïez Vitruve.
■ ( Ici dans la paieflre unie ,
Les luteurs font tous leurs efforts.
S. Arnaud, Rome ridicule. )
Ce mot vient de waMa» , agito , parce qu'en
lutant on remue fon corps. Quoique palefre &C
xyjte aient été des lieux deftinés aux exercices ,
il y avoit pourtant cette difèrence ,que paleftre
fignifioit feulement las exercices du corps ,
comme la lute & les autres femblables ; & le xyfte
marquoit tout enfemble les exercices du corps
& ceuxde l'efprit. Les combats où l'on difputoit
de la courfe & de l'adreffe à lancer un dard ,
ont été apellez paleftrct par Virgile , dans fon
Enéide , Hb. 5.
Pars in gramineis exerttnt membra palejlrls.
Et dans fes Georgiques , liv. z. verf. S31, il
dépeint les jeux de ceux qui habitent la cam-
pagne , & il dit que le Laboureur propofe au
Berger un combat de flèches que l'on tire contre
un but ataché à un orme , & les oblige même
à quiter leiys habits pour être plus propre au
jeu , à cette palefre.
pecorifque mdg'iftris
Vclocis jaculi cei lamina poxit in ulmo ,
Corporaquc agrcjli nudaf pradura palizjlra.
Vitruye nous aprend , liv, 10, ch. ii, que l'on
PAL.
ne connoifToit point en Italie les paleftres , &
que l'on i"e fervoit pourtant de ce terme pour
exprimer les lieux où l'on enieignoit les exer-
cices du corps : il enfeigne néanmoins dans le
même endroit ct>mment il faloit faire des
paleftres. L'origine de ce mot efl vaxi , qui
iîgnifie la lute. Le terme puUjhc fignifie encore
les combats de peribnne à peri'onne , fans
autres armes que les bras & les mains. La fable
a inventé une efpéce de demi-Déeffe , qu'elle a
apeilé Paleftre , & qu'elle a fait fille de Mercure.
Philofirate en a fait le fujet de l'un de fes
tableaux , où il dépeint dans un des plus beaux
lieux de l'Arcadie , une jeune fille , à qui il
attribue la gloire de l'invention de la lute , de
laquelle , fclon Paufanias , Thefée , après avoir
vaincu le géant Cercyon , commença à donner
des règles & des préceptes , que l'on enfeignoit
dans lin lieu préparc pour ces fortes d'exercices.
Le Peintre n'y avoit mis aucunes armes ofen-
fives ni défenfives , parce que les combatans
avoient le corps nud. Quant au xyjîi , c'étoit
un lieu couvert où les Luteurs s'cxerçoient
pendant l'Hiver & dans les chaleurs de l'Eté.
On apelloit \yj}e les allées d'arbres , dont le
feuillage mettoit à couvert des ardeurs du Soleil
ceux qui s'y promenoient. Pline l'hiftorien fait
mention de ces planes de l'Académie d'Athènes ,
que les promenades des Philofophes ont rendu
il célèbres ; Platanos Athmis Acadcmiœ. ambula-
tione uhbratas.
Maître di PaUjlre. Du tems de Quintilien
ceux qui montoient le théâtre avoient pour
objet de leur fcience, le ton de la voix , le jeu
des pafîîons , les fentiments , &c. Le gefte n'étoit
pas fi abfolumcnt de leur diftrift ; ils dépendoient
un peu à cet égard des Maîtres de Palcflre ; ils
aprenoient d'eux la manière de fe camper , de
marcher , de porter la tête , de mouvoir les bras.
C'eft là ce que les anciens apelloient l'art des
Maîtres de Palejlrt.
V ALt.T , f. m. [ Dlfcus. ] C'eft un morceau
de pierre ou de tuile , plat , rond & uni , dont
on fe fert pour jouer & pour jetter auprès d'un
petit but fiché en terre. (Mon palet eft rompu.)
Jouer au palet. [ Difco ■ ludere. ] C'eft jeter un
palet le plus proche qu'on peut d'un but fiché
en terre , avec deffein de gagner quelque chofe
à une ou plufieurs perfonnes qui jouent avec
nous. (Jouer au palet. Apollon tua Hiacinte
en jouant au palet. )
^r Le jeu du palet eft fort ancien : il confiftoit
ou dans ime pierre plate ou arrondie , ou dans
ime pièce de fer auffi ronde , que l'on jettoit
d'une main , & celui qui le pouflbit plus haut
ou plus jufte au but remportoit le prix. On ne
peut pas douter que les Grecs ne fe foient
divertis avec le palet. Homère en fait mention
dans fon Iliade , & dans fon Odiffée. Parmi
les diférens jeux funétres célébrez à l'honneur
de Patrocle, & qui remplifl'ent le 13. livre de
Plliade , Homère raconte qu'Achille fit porter
au milieu de l'aftemblée une prodigieufe boule
de fer , rude & groftiere , dont le Roi avoit
coutume de fe fervir dans fes exercices , &
qu'il lançoit comme un difque , c'eft-à-dire ,
comme un palet ; & ce Héros en montrant la
boule aux Grecs leur dit , félon la traduâion
de Madame Dacier : « Que ceux oui ont
» allez de vigueur & de force pour lancer ce
y> difque , viennent difputer le prix , qui fera le
» difque même ; quelques grandes terres que
PAL. 15
» le vainqueur puiffe avoir , il peut s'affûrer
» qu'il aura là du fer pour plus de cinq ans ,
» & que fes Bergers & fes Laboureurs ne feront
» pas obligez de quiter leurs troupeaux & leurs
» labourages , pour en aler acheter à la ville ,
» parce qu'ils en auront abondamment. » Martial
décrit le même jeu dans ces deux vers, Uv, 14.
Splendidu cîim volitem Spartani pondère difci,
Efie procul pueri , fit fcmel ille nocens.
L'avertiffement de Martial aux jeunes gens à
qui il défend de s'aprocher , a pour fondement
l'avanture funefte d'Hiacinte , dont voici l'hif-
toire , félon qu'Ovide nous la raconte. Apollon
éperduement amoureux d'Hiacinte, fit une partie
pour jouer enfemble au palet : Apollon commença
le jeu , & il jetta fon palet fi haut , qu'il perça
les nues & demeura long-tems en l'air : Hiacinte
s'avança imprudemment pour le relever ; mais
le palet , du bond qu'il fit , frapa fi fort au vifage
Hiacinte , qu'il fut renverfé par terre , du coup
qu'il reçut. Apollon le releva , le cœur percé
de douleur ; il efliiïa fa plaie ; il emploïa tous
fes fecrets pour le guérir , mais il ne put lui
conferver la vie ; &c pour réparer en quelque
manière la rigueur de la deftinée du pauvre
Hiacinte , il lui promit de le transformer en
une nouvelle fleur qui exprimeroit l'excès de fa
douleur.
Paletot, y; OT. [ Palla. ] Sorte de manteau
ou habit de gens de guerre. Il y en a qui difent
que c'eft un jufte-au-corps d'étoffe groffiere &
fans manches , qui ne vient que jufqu'aux genoux,
& dont ioM. vêtus les payfans , principalement
en Efpagne. Acad. Franc.
Palette ou Pale'te ,/■/■[, Palmula luforia.'\
Manière de petit batoir rond , dont on fe fert
lorlqu'on joue au volant , pour recevoir ou
jetter le volant. ( Une jolie palette. )
Palette. [ Parva fciittlla. ] Sorte de petite
fauciére d'étain , de terre ou d'argent , pour
recevoir le fang de ceux qu'on feigne. ( Ces
palettes font fort bien faites. )
Palette. Ce mot en parlant de faignée , fignifie
le fang qui eft dans la palette. ( Quand le
Médecin aura vît ces palettes , on les jettera. )
11 fignifie auffi plein la palette. (Combien faut-il
tirer de fang à Monfieur , deux ou trois palettes >
On lui a tiré deux ou trois \ionnc% palettes de fang.)
Palette. \_Palmida atramentaria.^ Inftrument de
fer en manière de fort petite palette de fer ,
dont on fe fert dans les Imprimeries pour relever
l'ancre.
Palette. [ Palmula. ] Efpéce de petite pelé de
fer dont les forgerons fe fervent pour tifonner
leur feu.
Palette. [ Patella. ] Terme àlAnatomie. L'os
plat qui eft fur le genou.
Palette. Terme de Peintre. Petit ais délié &
uni , où les Peintres mettent leurs couleurs
lorfqu'ils travaillent.
On dit de certains tableaux , qu'i/^ fentent la.
palette , c'eft-à-dire , que les couleurs n'en font
point afl"ez vraies , & que la nature y eft mal
caraclérifée.
Palette. [ Palmula picioria. ] Terme de Doreur
fur bois. C'eft un tuyau de plume au bout duquel
il y a du poil , & dont on fe fert pour coucher
les feuilles d'or fur le bois.
Palette. [ Palmula. ] Terme de Doreur fur cuir.
C'eft un outil de fer emmanché de bois , dont
16 PAL.
on (c fcrt pour faire de petits ornemens au bout
des derniers hlots du dos , de la tcte &C de la
queue des livres.
Puliite aux mrfs. Terme de Doreur fur .cuir
Infiniment de fer à manche de bols pour poufler
les nerfs.
Faktu. Terme de Doreur fur cuir. Petit orne-
ment à un ou à plufieurs filets , ou de quelqu'autre
manière femblable , qu'on pouffe quelquefois
fur le dos des livres , au haut & au bout de
chaque bouquet. ( l'oufl'er une palau. )
PaLîUR , Pasleur , //. lPallor.^^ L'un &
l'autre s'écrit , mais il ne faut pas prononcer \s.
Couleur pâle. Certaine blancheur tade & morte
que la peau fait paroître fur le vifa^e de certaines
perfonncs. C'ell auJfi une certaine blancheur
ià le & dégoûtante qui ell naturelle à certaines
gens , ou qui leur vient de quelque maladie.
( Une grande pâleur. Une pâleur dégoûtante ,
fâcheufe , chagrinante. Caufcr de la pâleur,
Oter , chaffer la pâleur.
De mon teint abattu la mortelle pâleur
Te dira mon amour fans bleffer ma pudeur.
Lii Su7^ , Poef. )
P A L E z. Voïez Pales.
Paliati?, Paliative, (Palliatif, ive. ) adj.
[ Remed'ium demuUens. ] Terme de Médecine.
Remède paliatif. Cure paliative , c'eft-à-dire ,
qui ne guérit le mal qu'en aparence & ne fait
que l'adoucir.
P AL I ATION , fPALL 1 AT ION.)// [FuCUS,
dlffimulaùo.] Couleur adroite & ingénieufe dont
on fe fert pour faire voir qu'une chofe qu'on
croit méchcînre ou défendue ne l'eft pas. (Ne
fuflîroit-il pas d'avoir permis aux hommes tant
de chofes défendues par les paliations que vous
y aportez.')
Palier ou Pallier , v. a. [ Colorare , caufim
oltendere. ] Couvrir ingénieufement. Donner
quelque couleur à une chofe , afin qu'on la
voie tout d'une autre forte qu'elle n'eft véri-
tablement , afin qu'on ne découvre pas ce
qu'elle a de méchant , de pernicieux & de
fâcheux. ( De quelque manière qu'ils palient les
maximes , elles ne vont qu'à favorifer les Juges
corrompus. )
Palingenesie , f. f. [ Noviis ortus. ] La
Palingénéfie eft l'art d'opérer fur les corps une
certaine refurrection ; elle les réproduit de
leurs fels & de leurs cendres , & retrace leur
image qu'elle fait paroître. Le Père Kirker ,
Jéfuite , un des plus grands admirateurs de la
Palingénéfie , dit avoir gardé dix ans dans fon
cabinet à Rome , une fiole qui contenoit des
cendres , d'où , avec un peu de chaleur , il
réfTufcJfoit une rofe quand il vouloit. Kirk. Art.
magnet. l. .3. c. 4. (juefi. i. En général le mot
Palingénéfie , qui vient du Grec , fignifie réfur-
reftion , nouvelle nailTance. M. de Mairan ,
dans fa differtation fur la glace , imprimée en
1749. page 302. & fulv. parle de la Palingénéfie,
dont il paroit , avec raifon , ne pas croire les
merveilles qu'on en raconte.
P a L I N o D. Efpéce de Poëfie qu'on fait en
l'honneur de la Vierge à Caën & à Rouen.
Le mot Palinod , vient des mots Grecs waX ¥
& a " , qui figtiifioit chant réitéré , parce que
le dernier vers ou refrein , qui doit toujours
avoir raport au privilège de l'Immaculée
Conception, par l'allullon qu'on y fait à quelque
chofe de fingulier, doit être répété à la fin de
PAL.
chaque ftrophe , fans altération du fens & fans
aucun changement dans les exprefllons.
Palinodie,// [ Palinodia. ] Mot qui
vient du Grec , & qui veut dire defaveu de ce
qu'on avoit dit ; chant contraire 9u premier.
h^ palinodie eft une forte de poëme qui contient
une rétraftation en faveur de la perlbnne que
le Poète a offenfce. On dit que le Poète Stéficore
eft le premier Auteur de la palinodie. Horace a
compofè une palinodie qui commence , O matrts
pulchrà fiUa pulchrior. Defmaretz dit : chante
donc la palinodie , cher paradoxe de mes fens.
•}• * Chanter la palinodie. [ A fe dicta revocarc ]
C'eft fe rétrafter. Dire autant de louanges qu'on
avoit dit d'injures. Voïez Scaliger , Poétique,
liv.J. ch. Il 6.
PâLiR,PASLiR,v.n. [ Expallefcere.] ' 'un
& l'autre s'écrit , mais il ne faut pas prononcer
r/"dans le mot pjflir , parce qu'elle ne fert qu'à
faire longue la filabe oh elle (e trouve. Pâlir,
fignlfie devenir pâle. ( La moindre chofe qu'on
lui dit d'un peu fâcheux le fait pâlir. Il pdlic à
la vue d'une épée nue. )
La crainte qui fait rougir eft plus excufable
que celle qui fait pâlir : celle qui fait rougir
naît de la pudeur & d'une honte modefte : &
celle qui fait pâlir témoigne que tout le fang
fe retire au cœur pour en foutenir la foibleffe.
M. de Scuderi.
Moi craindre ! Ah courons , cher Arcas ,
Le plus affreux péril n'a rien dont je pJliJfe.
J'irai par-tout . . . Mais Dieux, ne vois-je pas UlifTe ?
C'eft lui : ma fille eft morte : Arcas , il n'eft plus tems.
Racine , Ipkigenie , ail. j.Jc. S'
Je pâfu, je frémis quand ma douleur cruelle
Me reproche en fecret que j'aime une infidelle.
Marignî,
Pâlir eft auffi quelquefois aclif , & lignifie
rendre pâle. (Cette maladie l'a beaucoup pâli. Le
vinaigre pâlit les lèvres.)
t P A L i s , /. w. [ Palus. ] Il fe dit des pieux
qui font plantez pour faire quelque clôture. Il
y en a qui dlfent pâli;.
Palissade,// [ Palorum difixorum ordo.]
Terme de Fortification. C'eft un rang de pieux
pointus & plantez tout droit, près à près dans
les travaux de terre. ( Garnir les endroits
folbles avec des fraifes & des paliffades. Les
paliffadcs doivent être ferrées , de forte qu'il
n'y ait de l'efpace entr'elles que pour paffer
un moufquet ou une pique.
Les Forts ne font pas mieux traitez ,
Le Marquis me fait voir qu'ils font tous deux rèftez
bans paliffade tk fans défenfe.
Allié Régnier y Foyage de Munich.)
Paliffade. [ Séries arborum muro applicitarum. }
Terme de Jardinier. Arbres qui font face de
deux cotez , bordant orcrinairement une allée ;
& la féparant de quelque parterre. ( Paliffade
haute. Paliffade baflè. Paliffade d'apui. Affermir
une paliffade Mettre en paliffade. )
Palissader,v. 4. [ Vallare locum. ] Terme
de Fortification. Mettre des paliffades en quel-
que endroit qui peut être emporté d'emblée.
Planter des paliffades aux portes foibles &
dégarnis. ( Paliffader une berme , un parapet ,
la eorge d'une demi-lune , &c, )
Palisser, V. a. [ Protcndere fepem fegeti. ]
Terme de /jA^/nicr. Attacher des arbres contre
une muraille avec des llfieres de drap , ou des
morceaux
PAL.
morceaux d'égiiillette de cuir de chien ou de
chawois , attachez avec de petits doux fur des
chevilles mifes entre les joints des pierres , ou
("ur des morceaux de chêne mis dans la muraille
lorfqu'on la fait. ( Puliff'cr des arbres. Arbres
paitjfc:^ contre une muraille. ■'
S'il lui falloit toujours , comme raoi s'exercer ,
Labourer , couper , tondre , applanir , paliffcr.
Dcfprcdux. )
Palisson , qu'on nomme auffi Pinçon ,
f. m. Inftrument de fer plat & poli , planté
debout dans un pieu , dont les Chamoifeurs
fe fervent pour ouvrir les peaux , c'eft-à-dire,
pour les rendre plus molles & plus maniables ,
en les paffant les unes après les autres fur cet
inllrument.
Paliure , / m. [ Pallurus. ] Arbriffeau
dont les rameaux font épineux : les feuilles &
les racines de cette plante font aftringentes.
Sa fcmence adoucit les acretez de la poitrine ;
elle excite l'urine ; elle eft émollientc &
lélolutive.
P ALIX AN DR E , / m, Efpccc dc bois violet
propre au tour & à la marqueterie. Le plus
beau eft celui qui eft plus plein de veines , tant
dehors que dedans , & qui a le moins d'obier.
Pallas,/! m. Déeffe , autrement apellée
Minerve. {Pallas , Minerva.] Elle étoit fille de
Jupiter , & les Poètes ont feint qu'elle étoit
fortie toute armée de fon cerveau. C'eft pour
cela qu'on la regarde comme la Déeffe de la
guerre.
^^ Palladium. Le mot eft Grec , Latin
& François. C'étoit un bouclier fur lequel on
voyoit la figure de la DéeiTe Pallas , & à qui
la fuperftition Payenne , accoutumée à fe faire
des Dieux , avoit attribué la deftinée des Villes
& des Empires ; on dit que Dardanus , Fonda-
teur de la ville de Troie , enferma ce bouclier
avec les Dieux Pénates dans le Temple de Vefta,
qui fut en grand crédit parmi les Troyens , qui
s'iiTiaginoient que la durée de leur Ville dépendoit
de la confervation de ce bouclier.
Cependant ni le Palladium , ni les Dieux
Pénates , ne purent pas empêcher qu'après un
long fiége , Troie ne fût entièrement détruite
par les Grecs. Enée éveillé par la frayeur d'un
fonge , où Heftor , après lui avoir annoncé la
ruine de f^ Patrie , lui confeilla de chercher
im afile , en lui difant qu'il feroit Fondateur
d'un grand Empire , eut à peine le tems de
prendre fon père fur fes épaules , le Palladium
& la Déeffe Vefta d'une main & fon cher
Afcagne de l'autre , & de fe fauver au travers
des fiâmes jufques au bord de la mer où il
s'embarqua , avec les triftes dépouilles de fa
patrie. 11 aborda après avoir fouffert tout ce
que la fureur de Junon pût inventer pour le
faire périr , au port de Lavinium ; on y dépofa
dans un Temple le feu facré & le Palladium ,
pour fervir de gages de fa fidélité & de garands
de la faveur des Dieux : l'un & l'autre furent
cnfuite tranfportez dans Albe , & enfin dans
Rome , où l'on établit les Veftales pour garder
avec foin ces deux chofes. La ruine de Troye
étoit une preuve certaine de leur foibleffe , mais
ce fut pour cacher au peuple l'impuiffance du
feu facré & du PuUadium , qu'on en défendit
la vue.
Nitltuiue afpell.t virorum
Pallas in abftrnfo , pignus niimorabiU , Templo.
Tome III,
P L A. 17
p A L L I u M , f. m. [ PûLlïum , fi/perhumerale.']
Terme A'Eglife. Ce terme eft Grec , Latin Se
François : il fignifie en foi un manteau. C'étoit
dans l'ancienne Eglife un habillement femé de
de croix , qui couvroit tout le corps depuis le
cou jufqu'aux talons, qui étoit fans manches,
& n'étoit ouvert que par en haut & par le bas-.
Le palllum dans la Grèce étoit commun aux
Evêques , Archevêques & Patriarches. Mais
aujourd'hui le palUum ne fe donne qu'aux Mé-
tropolitains. C'eft une bande large de trois ou
quatre doigts , chargée de croix noires , ôc
attachée d'un rond qui fe met fur les épaules
par-deffus les habits pontificaux, & duquel
pendent deux morceaux longs d'un pied , l'un
par devant & l'autre par derrière. Le pallium
reprcfente JeAis - Chrift , qui eft le Pafteur
éternel. On croit que le Pape a donné le pre-
mier puliium aux Métropolitains.
Le premier des Evêques de France qui a reçu
le pallium , fut Vigile , Archevêque d'Arles ,
afin d'avoir la preflêance fur les autres Evêques ;
& ce fut en fa faveur que Childebert II. écrivit
au Pape S. Grégoire. Tertulien marque que
le pallium étoit l'habit que portoient autrefois
les Chrétiens. Le pallium eft une elpt-ce de
cercle ou de colicr , fait d'une laine blanche
d'agneau , femé de croix de foie noire , que
les Archevêques portent lorfqu'ils oficient
pontificalement ; on le place fur leurs épaules ,
& on l'attache avec quatre épingles- de diamant ;
il a deux pendans , l'un fur l'eftomac , & l'autre
fur le dos de l'Archevêque. On bénit la laine
d'Agneau dont le pallium eft fait , dans la
Chapelle de Sainte Agnès à Rome , le jour de
fa fête. Les Soudiacres Apoftoliques , qui font
des Oficiers du Pape , au nombre de cinq , ont
été chargez du foin de cette bénédiâion , & de
la fabrication àsspalliums ; ils afeâent de paffer,
en allant à la chapelle de Sainte Agnès , devant
le Vatican , d'où le Pape bénit les agneaux ,
qui font portez fur un cheval, dans deux paniers;
& après avoir été bénits par le Prêtre qui oficie
ce jour-là , on les remet à deux Chanoines de
l'Eglife de Saint Jean de Latran , qui les donnent
aux Soudiacres Apoftoliques , lefquels les nour-
riffent dans un pâturage particulier , jufques à
ce que l'on tonde leur toifon , dont on fait
enfuite les palliums. Il y a aparence que l'on
a choifi le jour de la fête de Sainte Agnès pour
cette bénédiâion , à caufe de la pureté &; de
l'innocence des moeurs de cette Sainte , dont
l'agneau eft le véritable fimbole. Depuis que
\c pallium a été introduit dans l'Eglife , fa matière
a toujours été la même , mais la forme a changé
de tems en tems. La iolemniié de la bénédiftion
eft auffi fort ancienne ; elle fe fait fur le petit
autel de Saint Pierre , où on laiffe ks pMiums
pendant une nuit. "Le pallium marque la plénitude
de la jurifdiflion du Métropolitain ; il n'ajoute
rien au pouvoir de l'ordre , ni à la confécratioa
de l'Archevêque , mais il le met en droit de
faire toutes fes fonctions ; comme d'ordonner
les Clercs , de tenir des Synodes , de confacrer
le Saint Crème ; & , jufques à la tradition d«
pallium , il lui manque un pouvoir de jurifdidion,
fans lequel il n'eft point parfaitement Archevê-
que, On donne plufieurs fens miftiques z\\ pallium.
Dom Ruinarl a fait un traité di Pallio , inféré
dans le recueil des ouvrages pofthumes de ce
favant Bénédiftin , & de Dom Jean Mabillon,
VoÏGZ Manteau,
iS
PAL.
Pallonniir ouPallosni au ,//7i. Nom d'une
pièce du train d'un carrofTe. Voïez Palonneaii.
Palma -Christi , f. m. [Cataputia major.']
C'eft une plante qui monte fort haut , & qui
porte des fleurs &C des fruits couverts d'une
couverture pleine de piquants. On l'apelle
aufTi Ricin.
Palmaire , adj. [ Palmarius, ] Terme
m Anatomic. Mufcle qui prend fon origine de'
l'apophife interne & inférieure de l'os du bras ,
& qui va s'infvfrer à la peau de la paume de la
main. Acad. Franc.
Palmï,//. [Palma.] Petite branche de
palmier. ( Une petite palmt. On porte des
palmes à la procefTion du Dimanche des Rameaux,
en mémoire de l'entrée de Notre-Seigacur à
Jcrufaicm.) Ce mot àe palme fe dit aufll ibuvent
de l'arbre que l'on apelle palmier.
Palme , f. m. Mefure Romaine , prifc de la
longueur de la main ; en Latin Palma, lorfqu'elle
cft étendue autant qu'elle peut l'être. On dit ,
le palme Romain , le palme de Naples , le
palme de Cènes , le palme de Languedoc &
de Provence.
* Palme. [ Palma , vicloria. ] Ce mot au figuré
fignifie viâoire , honneur , grâce. ( Célébrons
cette palme qui nous invite à chanter. Sarayn.
Une palme fi vulgaire n'eft pas pour un tel
champion. Voittue. Mufes , à vos foins im-
mortels il confacre fes palmes. Segr. Eglog. j.)
ÇX Les Poètes faiilffent avec plaifirles termes
de palmes , de lauriers , toutes les fois qu'ils
doivent parler de la viâoire. Malherbe dans
fon Ode à la Reine Mère :
Et puifque félon fon defTein
Il a rendu ncs troubles calmes;
S'il veut davantage de palmes
Qu'il les acquière en votre fein.
Et ailleurs :
J'honore tant la palme acquife en cette guerre.
Et ne différez plus les p.ilmes
Qu'il brûle de vous acquérir.
Acquérir des palmes n'eft pas fuportable ; la
palme dans les médailles marque la viftoire.
Ménage a dit :
Quel Amant fit jamais une telle conquête ,
Myrtes, pjlmcs , lauriers, venez ceindre ma tête;
Eloignez-vous, cyprès, je goûte en ces bas lieux
Les délices des Cieux.
Si Malerbe avoit vécu du tems de Ménage , il
auroit pu prendre fa revanche , &c le chicaner
fur fes couronnes de palmes. On voit dans les
médailles & dans les tableaux une branche de
palmier dans la main du Héros qui l'a mérité ;
mains on n'en volt jamais fur la tête.
Palme , f. m. Ce mot vient du Latin palmus.
Teme de Géométrie pratique. C'eft une mefure
de l'étendue de la main , il contient neuf pouces.
On l'apelle aufTi un Empan.
P A L M F. R les éguilles. C'eft les aplatir avec
un marteau fur l'enclume par le bout opofé à
la pointe , pour commencer à en former le chas,
ou le cul.
Pal METTES, f.f. [ Palmiilœ. ] Terme
m ArchÀteclure. Petits ornemens qui fe taillent
fur quelques moulures , & qu'on apelle ainfi ,
parce qu'ils font faits en manière de feuilles
de palmier. Acad. Franc.
PAL.
Palmier^ f. m. [ Palma. ^ C'eft l'arbre
qui porte les dattes , qui eft beau & grand , qui
a le tronc droit & rond , mais l'écorce toute
raboteufe. Il ne jette point de branches qu'à
la cime , & elles ont le bout tourné contre
terre. Ses feuilles font longues & en façon de
rofeaux & fes fleurs blanches , atachécs en
forme de grapes de raifin. Le palmier eu toujours
verdoïant , fleurit au Printems & fon fruit eft
mi'ir en Automne. Il y a un palmier mâle &
un palmier femelle. Il y a outre ce grand palmier
une autre forte de palmier , qu'on apelle le petit
palmier. Celui-ci n'a pas plus d'une coudée de
haut. Il a les feuilles femblables à celles du grand
palmier, & la partie la plus près de fa racine
eft pleine d'un gros germe rond qu'on apelle
cervelle de palmier , Dal. l. i. c. z8. ( Le Jufte
fleurira comme le palmier. Pfeaumes. )
P a L M 1 s T H. C'eft le nom qu'on donne à
quatre diférentes efpéces de palmiers qui croifl"ent
dans les Ifles Antilles. Acad. Franc.
Palmites. Efpéce de palmier des Indes,
dont le tronc eft fort gros & les feuilles fort
longues. Son fruit eft un peu plus gros qu'un
pois , dont on fait des chapelets.
P A L o N N E a u , yi m. [ Palanga. tracloria. ]
C'eft un morceau de bois plané , long de deux
pieds & demi ou environ , au bout duquel on
met des traits pour tirer le caroflTe ou quelque
affût d'artillerie. ( Mettre les traits dans le
palonneau.)
\ Pâlot, adj. &C f. m, [ Ruflicus , agrejlis.'\
Ce mot eft vieux , provincial & bas , & fignifie
lourd , groflîer , ruftique. ( C'eft un gros pâlot. )
Palourdes. [ Chamœpaloris. ] Efpéce de
coquillage de mer.
Palpable , adj. [ Traclahilis , fub taclum
cadens.l Senfible. Qui fe voit & qui fe connoît
par le fens. ( Cela eft palpable. Ablanc. Supofition
palpable Patru , plaidoyi i5. )
Palpable MENT, adv. Evidemment. ( Je
lui ferai voir cela palpablement. )
P A L p £ R. Ne fe dit gueres qu'en cette phrafe.
( Il n'eft pas content qu'on lui promette de
l'argent , il veut le palper. )
Palpitatio N,y;/[Pi2//'iMf/o.] Dilatation
& fecouffe foudaine & contre nature des parties
molles du corps , par l'effort d'une vapeur ou
d'un vent , qui, cherchant à fortir & ne trouvant
point d'iffuë , élève ces parties molles du corps ,
& les ftiit bondir à proportion de la force de
fon impétuofité. ( Palpitation facheufe & in-
commode. )
Palpitation du cœur. M. Col de Villars dans
fon Diftionnaire des termes de Médecine & de
Chirurgie , la définit : un mouvement du cœur
violent , fréquent, déréglé , convulfif , acompagné
d'opreffion & de difiiculté de refpirer , d'abat-
tement des forces & de défaillance.
Palpiter, v. n. [ Palpitare , micare. ] Ce
mot fe dit principalement du cœur , & fignifie
remuer vite & continuellement. ( Quand un
animal eft fraîchement tué & qu'on tire fon cœur
dehors fon ventre , fon cœur palpite encore.
Quand certain Direfleur parle à fa Sunamite,
Je voudrois bien favoir pourquoi fon cœur pjlpitei
Palpiter, eft-ce un mal? il vient de charité.
Oui : mais le cœur de Paul a-t-il tant palpite ?
Sanlec. )
Palpitant , adj. partie. Qui palpite. ( Un cœur
palpitant , entrailles palpitantts. )
PAL. P A M.
Paltoq.uet, f. m. Homme qui a l'air &
les manières ruftiques & paifannes. ( C'eft un
vrai paltoquet. )
Palus Meotide. [Palus miondcs.'] Monfieur
le Préfident Couûn, Hijloire Romaine, pa'^s j(î g.
écrit : ( Comme les Scites avoient pafTés en ce
tems-lik la Palus Meotide & le Phare , Tacite
fondoit fur eux. ) La Palus Meotide eft peut-être
une faute d'impreffion. On dit en burlelque le
Stygicn Palus , pour dire l'Enfer.
P A M.
PaMER, ou Pas MER, v.n. [ Animo deficere,
linqui. ] L'un & l'autre s'écrit , mais on ne
prononce pas Vf àzns pafmer , elle ne fert qu'à
montrer que la filabe où l'y'fe trouve eft longue.
Pâmer fignifie défaillir. ( Tomber en pâmoifon.
On k ftiM à ces vers jufques au fond de l'ame
Couler je ne fçai quoi qui fait que l'on fe pâme.
Molière , Femmes Savitnies. )
On dit auflî , cet enfant fe pâme à force de
crier. [ Nimid vociferatione cjulatiir. ] On dit
encore fe pâmer de joie , fe pâmer de rire. On
dit d'une femme , qu elle fait la carpe pâmée.
P â M e'. Terme de Blafon. A gueule béante ,
il fe dit du Dauphin d'Auvergne fans langue ,
pour le diftinguer du Dauphin Viennois. Il fe
dit auffi de l'Aigle qui n'a point d'yeux.
PaMoisoN, f.f. [ Dellqiùum. ] Défaillance.
( Tomber en pâmoifon. Molière , Cocu imagin. )
Rien n'eft plus admirable que les pâmoifons
de Madame Guyon ; c'étoit plutôt des plénitudes
du Saint Efprit , dont elle feroit crevée une
fols , fi une Ducheffe n'eut eu la charité de la
délacer. Voïez Relation du Quittifnu par M. de
Meaux.
P AMVf. , f. f. [ Pampinus tritici. ] Efpéce
d'herbe plate en forme de petit ruban , qui vient
au tuyau du bled & autre graine , lorfqu'il eft
pendant par les racines & qu'il fe forme en épi.
( Ainfi on dit la pampe du bled. La pampe de
l'orge , de l'aveine , &c. )
P AMPERRUQ^u E. Efpéce dc danfe , parti-
culière à la ville de Bayonne. Il en eft parlé
dans le Mercure de Juin 1749. page 174.
Pamphile,//^. [ Pamphilus. ] Nom
d'homme qui vient du Grec , & qui veut dire :
Qui aime tout. ( D'Ablancourt a dédié fa
traduftion de Minutius Félix à Conrart fous le
nom de Pamphile , parce qu'en effet le bon
homme Conrart aimoit & careffoit tout le
monde. )
Pampre , f. m.[ Pampinus vineœ. ] Quelques
vignerons que j'ai vus fur ce mot le font
féminin , mais mal. Tous ceux qui parlent bien
font le mot de pampre , mafctdin. C'eft le jeune
bois de l'année que pouATe la vigne & qui eft
revêtu de feuilles. ( Bacchus eft couronné de
pampre vert.
Et là vous femblerez vouloir faire la guerre
A Baccus couronr.é de pampres & de lierre.
Abbé Régnier. )
PAN.
PAN.
19
Les Peintres & les Sculpteurs apellent
pampre , un fefton de feuilles de vigne & de
grapes de raifm , un ornement en maniera de
fep de vigne , qui fert à décorer la colomne
torfe , comme il y en a fur les Corinthiens des
portes du chœur de Notre-Dame de Paris.
Tome III.
P AU , f. m. [ Pan. ] Le Dieu des bergers ,
auquel les Poëtes donnent des cornes fur la
tête avec des pieds de chèvre , & qui a été
principalement révéré en Arcadie. (Pan a foin
des brebis. Pan a foin des Bergers. ) Voïez
les Eglogues de Virgile.
Les Anciens croïoient Pan auteur de la
nature , d'où fon nom lui eft venu : Pan , en
Grec , lignifie tout. Homère , Hefiode , Durius
de Samos, Hygin,Apollodore lui donnent chacun
une origine différente. On lui offroit du lard &C
du miel ; fes Prêtres s'apelloient Luperques ; &C
les fêtes qui fe célébroient en Ion honneur au
mois de Février fur le mont Aventin , étoient
apellées Lupercalcs. Ce fut Pan qui , félon
Apollodore, enfeigna à Apollon l'art de deviner.
On le fait auffi auteur de la Philofophie & de
l'Idolâtrie ; & il pafloit dans l'Antiquité pour
l'inventeur de la flûte compofée de fept cha-
lumeaux.
Pan , f. m. [ Quatuor facies-l Terme de TapiffJer
& de Meîiuifler. Le mot pan fe du en parlant
de lit. C'eft une pièce dc bois large de quatre
pouces , épaiffe de deux , & longue conformé-
ment au lit. ( Il y a dans un bois de lit quatre
pans , deux de longueur & autant de largeur. )
Pan. [ Vellis lacinia. ] Partie de la robe qui
répond à ce qu'on apelle lé. ( Elle a un pan
de fa robe déchiré. )
Pan. [ Pars mûri. ] Ce mot en parlant de
mur , fignifie quelquefois une partie de la
muraille. ( Un pan de mur abattu. )
Pan. [ Compluviatum materialium. ] Ce mot fe
dit entre Architecles. C'eft-à-dire , face. \]as
tour à plufieurs pans. Faire des pans & des
faces plates. Abngé de Fitruve , page 124.. Pan
de baftion , c'eft la face d'un Baftion.
Pan. [ Pavo. ] Voïez Paon.
Pan. [ Rete , plagx , indago. ] Sorte de filet
qui fert à prendre des lapins 6c des lièvres , &
qu'on apelle plus ordinairement paneau. Voïez
Paneau.
Pan de rets. [ Rida. ] Ce font les filets avec
quoi on prend les grandes bêtes. Salnove.
Pan , eft une mefure de neuf pouces. Ce
terme eft fort connu en Provence , où la cannt
eft de huit /Pd/M, qui font fix pieds ou une toife.
Pan de bois , eft une clôture de charpenterie
qui fert à féparer des chambres , & à faire des
retranchemens.
Pan de Buflion , c'eft la partie du baftion
terminée par l'angle de l'épaule & par l'angle
flanqué.
P A N A G e'e , yi /] [ Panax , panaces."] C'eft un
mot Grec , qui eil le nom de certaines plantes
dont on parle en Médecine. Aujourd'hui il
fignifie un remède univerfel avec lequel on ie
vante de guérir toutes les maladies : ce qui eft
une préfomption de charlatan.
On a donné le même nom à certaines pré-
parations qui cojiviennenî à plufieurs maladies.
Telles font la panacée mercurielle , qui eft fort
en ufage ; la panacée antimonialk , &c. ce mot
vient de Uiv , tout , & »KU(ia\ , je guéris.
Panache , f. m. [ Pennce pctafum adornantes. ]
Terme de Plumacier. C'eft un bouquet de plume
à deux rangs. ( On apelle aufTi ce bouquet de
plumes , mais entre Plumaciers le mot de panache
efl le vrai mot.
C ij
lO
PAN.
Çi;and lin des Cair.p;gna:ds relevant fa mouftache,
Kt (on icuire à graiids poils ombragé d'iin panjche.
Dcjpreaux , Sjlyrc 3. )
Panache ih Ut. [ PankuLi pltimaïui. ] Terme
lie Plumac'ur. Bouquet de plume au haut de la
colonne du lit. Quelques Dames apcllent cette
forte de panache bouquet de plumes , mais les
ouvriers dilent pan.uhe.
■\ * Panache Je Cerf. \_Cornua.'] Mots burlefques
qui Te difent en parlant des gens qui font cocus,
& qui fignifient cornes.
( D'un famcht de cerf fur le front me pourvoir ,
Voilà qui «ft vraiment un beau venez-y voir.
MolUre , Cocu Imaginaire. )
Panache. [ Ci'tfla plumat'ili ornatus. ] Terme
6'Orfcxre &C de Potier d'étain. Partie de la tige
ou de la branche du flambeau qui eft élevée
au defTus du pied , & qui s'étend en forme de
petite aile au tour de la tige, ou de la branche
du fl.imbeau. Panache bien fait.
Panache. \_F!ûS variis colorihus pictus. ] Terme
de Fleurifîe. C'eft un agréable mélange de cou-
leurs dans une fleur. (Anémone qui a un beau
p.uiachc. Un panache qui n'cfl point tranché.
Un panache brouillé ne vaiK rier>. Un panache
bien enrichi. Panache qui fe néteïe & reâifie.
Les tulipes les plus nuancées font les plus beaux
panaches. Un panache net & agréable. )
^^ Ces panaches ne font autre chofe que
des raicures de jaune ou de rouge , fur im fond
de couleur fuivant l'efpéce de la fleur.
Panache. [ Excurrens àfcapo orbiculus.'\ Terme
S ArchitcUure. Une portion de voûte entre les arcs
d'un dôme. On l'apelle d.\iS\ fourche ii pendentif.
Panache. Terme de Sculpteur. C'elt un orne-
ment de plumes d'Autruche qu'on a introduit
dans le chapiteau de l'ordre François , qu'on
peut quelquefois mettre au lieu des feuilles
d'un chapiteau compofé. Cet ufage , qui avoit
pris d'abord par fa fmgularité , ne s'efl pas
foutenu. Il efî à fouhaiter que la bizarrerie des
Artifîes ne le fafTe jamais revivre.
Panache de mer. [ Plumarium marimim. }
Arbriffeau qui croit à la hauteur de douze pieds
& davantage , q«ii eft de figure plate & étendu
en forme d'éventail. Il naît fur les rochers au
fond de hi mer, d'où il eft jette fur le rivage.
Panachi;', Panache'e, adj. [ Panniculis
dijlinclus. ] Terme de Fleurifie. C'eft-à-dire ,
qui eft de diverfe couleur. ( Fleur panachée.
Tulipe panachée de gris de lin , de jaune , de
rouge. Panaché de yerd. Rofe agréablement
panachée. Œillet panaché. )
fi^^ On ne fe fcrt du terme panaché qu'à
l'égard des tulipes , des anémones , des oreilles
d'ours , des œillets &i des rofes.
Panacher , f. m. Celui qui vend ou qui
?ti\i des panaches.
Panacher , v. <z. [ Coloribiis variegare. ] Terme
de Fleurifie. Avoir un aimable mélange de
couleurs. Prendre une diverfité d'agréables
couleurs. Les tulipes quj panachent font préfé-
rables aux autres. Attendez que vos hazards
aient panaché nettement. Cette fleur ne panache
pas net. La feuille de la tulipe s'alonge en pana-
chant. Ç^uint. Jardins & culture des jleurs.
Se panacher , v. r. [ DijUngui coloribus.'] Terme
d.e Fleurifie. Prendre un agréable mélange de
couleurs. ( Rofe qui commence à fe panacher.
Tulipe quiy^ p.inache. Marin , Traité des ficurs.
PAN.
pa^e 2Ci6. Se pan. cher de deux ou trois couleurs
bien diftin£fes. )
Panade, f.f. [ Fruflum panis jure foporatum.'\
Pain râpé mis dans un fuculent bouillon à la
viande, ( Cardan dit que Cornaro a vécu plus
de cent ans, en ne mangeant que àc\d panade.
On fait encore de la panade avec du pain &
des œufs , & cette panade eft bonne pour la
famé. On peut vivre long-tcms en ne mangeant
que de la panade de pain & un œuf. C'cft le
fentiment du fameux Vénitien Cornaro. )
f Panader (^tr) , V. /■. [ Magnifiée fe efferre. ]
Se carrer , marcher avec une forte de gravité
fîere. Se carrer en faifant montre de ce qu'on a
de plus beau. Il iepanada tout fier parmi d'autres
paons , La Fontaine , Fables , liv. 4.
Panage,/]ot. [ Jus herbariœ pafiionis. ]
Terme de Coutume. Droit de paifTon. Droit de
faire paître les cochons dans quelque forêt,
pour y manger le gland , la faine , &c.
Çj!' De Chaufour explique ainfi le panade
dans fon Inftitution des Eaux & Forêts. C'eft
la paifTon ou pâture provenue des fruits des
arbres des forêts , corrme gland qui ell le fruit
du chêne , ou faine qui eft le fruit du hêtre ; il
eft aulii apellé glandée dans les forêts plantées
de chênes , il explique enfuite , l'arriére panage.
Il y a aulii , dit-il , dans quelques forêts un
arriére panage , qui eft quand le tems limité du
panage eft fini &C expiré , les ufagers & coùtu-
miers peuvent laifTer leurs porcs efdites forêts
un autre certain tems , en payant certaine
redevance au Roi , combien qu'en quelques
endroits il fe pratique autrement.
Ç3' Le terme panage fignifîe aufTi le droit
que l'on doit payer au Roi & aux Seigneurs
pour la faculté d« mener paître dans leurs
forêts ; il eft dit dans le chapitre feptiéme des
Loix foreftiéres d'Ecoffe , que lorfque le panage
eft abondant , le Foreflicr doit faire publier que
j chacun peut envoyer les troupeaux , afin que
le panage en foit payé au Roi.
^3° Panage a une autre lignification dans la
Brelfe , où l'on apelle ainli une quantité de blé
que le Granger , ou Métayer , retient par fes
conventions , à prendre fur les bleds avant le
partage , pour nourrir les MoilTonneurs & les
Batcurs.
Pour être informé de la Jurifprudence fur le
fait du panage , il faut recourir à l'Ordonnance
de 1669. concernant les Eaux & Forêts, titre
29. Voiez ca-zYjTCS pâturage.
Panais , nommé antrement Pastenade , f.m.
[ Pajànaca fativa fylveflris latifoUa. ] Sorte de
plante domeftique ou fauvage , dont on ratifTe
la racine qu'on mange dans le potage à la viande,
ou qu'on fait cuire pour la faire. ( Le panais eft
chaud & apéritif. Voïez Diofc. & Mat. liv. 3.
chap. 34. )
P AU AR is , f. m. [ Panaricium. ] II vient du
Grec. C'eft un terme de Médecine , & le nom
d'une Tumeur phlegmoncufé qui vient ;\ l'extré-
mité des doigts , ou à la racine & au.x côtés
des ongles.
P A N c .\ L i E R s , f. m. [ Braffica pancalica. ]
Efpéce de choux apelltz ainli , parce qu'ils font
venus de Pancalicrs ville de Savoye. jicad. Fr.
Pancarte, [ Veteres chartœ. ] Vieux papiers
écrits. Paperaffes. Ecrit qu'on a fiché à un
poteau &: où font contenus quelques droits de
péage. ( Ce ne font point de vieux reftes de
pancartes toutes mangées qui vous parlent ,
PAN.
Patru , pLiid. i5. Ceux qui prétendent droits
de péage doivent faire en lieu éminent , public
& accellbie , un tableau ou pancarte, Voiez
Ragueaa , Indice des droits Royaux. )
iÇ^ Pancarte. Ce mot eft Grec , ■^^x P'^fS >
qui eft pompolé de wav , tout 6c de A^'f»? >
eharta , un papier.
On apelle Fermier de la pancarte , celui qui
afferme les droits taxés par la pancarte.
Pance, (Panse. )yi/; [ Abdomen. ] C'eft
la partie du ventre des animaux qui renferme
les alimens qu'ils ont mangé. ( Une pance de
porc, de bœuf, de mouton, &c.
■{" Pance , J. f. [ l^'enter tentus pin^ui omafo. }
Ce mot pour dire le ventre d'une perfonne elt
burlefque.
Ronfard a dit :
L'homme fot qui lave fa pance
D'autre breuvage que du vin ,
Mourra d'une mauvaife fin.
Pance , fe dit proverbialement en ces phrafes.
Il a plus grands yeux que grandi pance , pour
dire , qu'un homme fe fait fervir beaucoup plus
qu'il ne peut manger. [ Nimium gutturi addiclus
eji. ] On dit encore : après la pance vient la
darîfe , pour dire qu'on veut prendre d'autres
plaifirs après celui de la table. On dit auffi ,
grand merci pance à ceux qui donnent quelque
chofe , dont ils ne fçavent que faire.
Pance. Terme de Fondeur. On apelle les
pances d'une cloche , les endroits où fe fait la
percuflion du battant quand elle eft en branle.
•{• Pance d\4. Ces mots fignifient quelquefois
le corps de la lettre A , & quelquefois étant
pris généralement , ils fignifient lettre. ( Si je
voulois recevoir vo? quatre mille livres fans
faire aucune /;<777« d'A , ni œuvre de mes raains ,
vous feriez , &c. Fait. liv. i$4.)
Pance d'A. Il na pas fait une pance d'A.
Prov. On le dit d'un homme qui n'a rien écrit ,
qui n'a rien compofé. ( De fa vie il n'a feit
une pance d'A. ) On le dit auflî d'un homme
qui s'attribue quelque part à un ouvtage , quoi-
qu'il n'y ait point travaillé. ( Il n'y a pas fait
feulement une pance d'A.)
Pancement, f. m. [ Curatio , curaiura. ]
C'eft i'aftion de pancer , foit à l'égard des
malades & des bleffez , foit à l'égard des chevaux,
mulets , &CC. L'Académie écrit pcnfement.
Pancer ou Panser, v. tf. [ Strigili equum
defricare. ] Ce ft^ot fe dit des chevaux. C'eft
étriller, néteïer des chevaux & en avoir foin.
( Pencer bien un cheval. Les palfreniers doivent
pancer les chevaux. )
Pancer. [ Curare. ] Ce mot fe dit des olfeaux.
C'eft néteïer les oifcaux & leur donner à boire
& à manger. Si on veut élever des oifeaux , on
les doit pancer foigneufement. )
Pancer , pa/ifer. [ Purgare vulnus. ] Terme de
Chirurgien. C'eft accomoder une plaie y faire
& y apliquer les chofes nécefl'aires. C'eft aulfi
lever l'apareil de quelque phiie , la oéteïcr &
y mettre d'autre apareil. ( Pancer une plaie.
Pancer leS blefl"ez. )
Pancer , v. a. [ Medicari , mederi.'\ L'Académie
écrit penjcr. C'eft généralement avoir foin d'un
malade , & lui fournir les chofes nécefl'aires.
( Monfieur N. a été bien foign^ & bien pance
durant fa maladie. )
•j" AllcT^ vous faire pancer. [Procul eflo.^ Cette
façon de parler eft libre &c burlefque , 6c fe dit
PAN. 2 1
par mépris à une perfonne pour lui marquer
qu'elle eft fotte & impertinente , quelle s'aille
piomener , &C qu'on n'a que faire d'elle.
Foi turc.
f On envoie le Pere pancer , avec fon art
de penfer , Ligniire poëf. Voïcz penfer.
Pancer , eft aulfi un terme de Taruieur & de
Chamoifeur. Ils difent , pancer une fofl'e , pancer
un pJain.
Panchant, (Pench.^nt.)/ m. [Locidevexitas'l
Pante. Manière dans un corps qui panche.
C'eft une montagne d'un panchant fort aifé ,
Ahlanc. Donner du panchant à quelque corps.
Le panchant d'une coline.
Aifife au bord de la Seine
Sur le pjnch.int d'un coteau ,
La Bergère Céliméne
Laifle pai:re ion troupeau.
Deshouiures ,poef.')
* Panchant , f. m. [ Inclinatio , propenjio, ]
Inclination. Pente naturelle. ( Son panchant l'a
porté à l'amour, Scarron. Il a un furieux panchant
à la guerre. Il a à\x panchant ■çomx la mufique.
Hélas! de (on p,znchjm perfonne n'eft le M;ûtre,
Le p,inc'i,int de nos jours ell toujours violent ^
J'ai fçu taire des vers avant que de connoitre
Les chagrins attachez à ce maudit talent.
DeshouUeres poif.
D'un fi jufte panchant bien loin de me défendre
Je faii gloire de l'avouer.
DeshouUeres poif.
Souvent un 4oux p.inck.mt eft en vain combattu.
Du Bocage , Trag. des Ama^^
Panchant , f. m. [ Inclinata ac prope Jacens
fortiina. ] Ce mot au figuré fe dit encore dans
un autre fens & en parlant de perte , de ruine
& de defruclion. Il fignifie moment fataJ , où
une chofe eft prête à périr , à décliner , à
tomber en defordre & en décadence. Etre fur
\s panchant de fa ruine , Akl. Arr. l. i. c. ^.^
Panchant ,panchante , adj. [ Devexus , decliyis.'\
Qui panche. ( Corps panchant. )
Panchant , panc'iante , adj. [ Ruens. ] Qui
menace ruine. Qui va en décadence. Qui dépérit,
( Il s'alloit accabler fous les ruines d'un empire
panchant. Faug. Quint. Ai. Age panchant. Ahl.)
P AN cui.\ partie. On apelle dans le ftile
familier , des airs panchez , des raouvemens de
la tête ou du corps affedés pour tâcher de
plaire. (Il a des airs panchez. Cette femme
prend des airs panchez.
PANCMEMENT,y]/w.[ IncUnatio , devexitas.'\
L'état d'une chofe qui panche. (Le panchement
d'un mur. Le panchement du corps. )
Pancher , V. a. & V. n. [ Fergere in altérant
partem.] Incliner. Etre d'une manière qui panche.
Prendre fa pente d'iui certain côté. Il faut un
peu pancher cela davantage. Muraille qui panche.
Chofe qui panche , qui va en panchant. Le
moindre poids fait pancher une balance qui éroit
en équilibre. Pancher le corps. Pancher la tête
d'im c«ité. Les branches d'un arbre chargé de
fruit panchent vers la terre.
* Pancher. [Propendere.'\ Incliner. Donner un
certain penchant , ou une certaine inclination.
( Dieu répand dans l'ame quelque amour qui la
panche vers la chofe commandée. Il panche à
déclarer la guerre. Pancher à la douceur. Ahl.
* Cette ïecomm:xnd3iX'ion iik'n pancher la talante
de fon côté. )
IZ
PAN.
Panch IMAGO GUE. Termc de Pharmacie.
Extrait d'abcs , de rhubarbe , de fené , de
fcamonce , de jalap , de coloquinte , & d'ellébore
noir. Ce mot veut dire qui tft propre à purger
toutes les mauvaifes humeurs du corp^.
Pancratien. Le vers Pancratien eft compofé
de deux trochées & d'une fyllabc furnuméraire.
Il a reçu fon nom de fon inventeur, Pancrate,
Poëte & Muficicn Grec , dont Plutarque fait
mention dans fon Dialogue touchant la Mufique.
Pancratium. tfpece d'oignon marin ,
fembiable à la fcille , & qui a à peu près les
mêmes vertus.
PANCRtAS,y?OT. [Pancreas.l Terme à'Jnatomie.
Corps charnu fitué au milieu du mefentcre pour
aflTurer & Civorifer les divifions des veines. Deg.
PANcn.r;'ATiQ_ut , [Pancréaticus.] Qui apartient
au PancrLts. Lc conduit Pancrcutique OU le canal
de Virfungus fort à porter le fuc Pancréatique
dans le Duodénum jxjur rendre le chyle plus
fluide & tempérer la bile. Ce canal n'a été
découvert qu'en 1642,.
Panchresth , f. m. Epithete qu'on a donné à
certains Médicamens qu'on croïoit propres pour
toutes fortes de maladies.
f P A N ç u ,/ /«. [ Vtntrofus. ] Qui a un gros
ventre. ( Un gros pançfi. ) Ileft bas.
Pandalïon , f. m. Médicament folide , interne,
doux , fucré , fait en tablette , propre pour les
maladies de la poitrine & du poumon. C'eft une
invention des Arabes. Il ne diffère pas des
tablettes pefloraies.
Pandectaire ,f.m. Auteur de Pandeftes.
Pandbctes, f.f. [ Digcjla. ] Mot qui vient
du Grec , & qui fignifie Livres contenant toutes
chofes. Le mot de pandcclts eft un terme de
Jurïfcon fuite. Il fignifie un volume de Droit divifé
en cinquante livres , contenant les réponfes des
anciens Jurifconfultes. Ce volume s'appelle auflî
digejle. ( \^£S pandcclcs & le code lui font des pais
inconnus. Main. C'efi-à-dire , c'cft un homme de
Palais fort ignorant. )
Pande'mi E , f. f. C'eft la même chofe
f\W Epidémie. C'eft une attaque de maladie qui
fc répand fur tout le peuple.
P a N D e'm I Q^u E , adj, C'eft la même chofe
C^ViEpidémiqiie.
Pandore,/./ [ Pandora. ] Inftrument de
mufiq^ue à cordes de léton qui n'eftplus en ufage,
& qui reffembloit au lut , hormis qu'il avoit le
dos plus plat. Merf. l. z.
* Cejl la boite de Pandore. [ Omnium malorum
fons & origo. ] C'eft-à-dire , la fource de plufieurs
maux. C'eft un vieux proverbe fondé fur une
fable des Paycns , chez qui Pandore étoit une
femme fabriquée, difoient-ils , par Vulcain.
P A N i' , panée , adj. [ Panis aquâ madidus. ]
Ce mot fe dit de l'eau où l'on a mis du pain ,
& qu'on a verfé d'un vafe à un autre. ( Eau
panée. Faire de l'eau panée. )
Pane , ou Panne ,/ / \Pingue porciomentum!\
Graiffe de porc qui n'eft batué ni fondue , mais
que l'on bat & que l'on fond quand on veut
faire du fain-doux pour foire des bignets. Tirer
la pane du venire d'un porc. Batrc la pane.
Pane , fe dit par raillerie , d'un homme
extrêmement gras. Cet Iwmme a deux doigts
de pane.
Pane. Terme de Charpenterie. C'eft une pièce
de bois , qui fert à foutenir les chevrons d'une
couverture.
Pane. [Pannus bombjcinus altéra parte villofus.']
PAN.
Sorte d'étofe de foie de même qualité & de
même largeur que le velours façonné. ( Pane
grife , bleue , ou noire. )
Pane. [ PelUs fcutaria. ] Terme de Blafon.
Fourrure de vair ou d'hermine. Peau de vair,
ou d'hermine. Il y a deux panes dont on parle
dans la fcience du blafon. Voiez là-defl^us la,
Colombiére , Science héraldique, c. 6.
( Le blafon compofé de difFérens émaux ,
N'a que quatre coiileurs , ieax panes , deux métaux. )
Pane. [ Navem in latus inclinare. ] Terme de
Mer. Mettre un vaifl'eau en /7a«e, c'eft, dit Aubin,
virer le vaifl'eau vent devant , & mettre le vent
fur toutes les voiles , ou fur une partie , afin de
ne pas tenir ni prendre le vent , ce qui fe fait
quand on veut retarder le cours du vaifleau ,
pour attendre quelque chofe , ou laiffer paffer
les vaifleaux qui doivent aller devant, mais cela
ne fe fait que de beau-tems.
On dit encore mettre un vaiffeau en pane , c'eft
faire pancher le vaiifeau en mettant le vent fur
fes voiles fans qu'il faffe de chemin , & cela fe
fait afin d'éiancher une voie d'eau qui fe trouve
de l'autre bord du vaifl'eau du côté que le vent
vient. On dit aufli en ftile de guerre , qu'un tel
régiment en pane devant P ennemi.
Pane. \Mallei pars tenuior.^ la partie du marteau
la plus mince. ( Fraper de pane. )
Paneau, ou Pann e a u , y." ot. \_Retia.'\
C'eft Un filet qui , lorfqu'il eft tendu , paroît
comme un pan de muraille , & dont on fe fert
pour prendre des lapins, des lièvres , des renards,
des blaireaux , des chats , ou même des loups.
( Paneau fimple , paneau double , ou paneau
coniremaillc. Ce filet s'apelle aufli pan. Voïer
les Rufes innocentes, lib. ^. c. J. & ^.^ & le
Code des Chajjes.
'\ * Donner dans le paneau. [ Induert fe irt
laqueos. ] C'eft - à - dire , doruier dans le piège
qu'on nous tend. Se laifl"er prendre aux finefl'es
de quelque fourbe. Se laifl'er attraper à quelque
faux éclat, à quelque beau dehors. (C'eft un
homme à donner dans tous les paneaux qu'on
voudra. Molière.
Vers ramaiTe?, , éclatans d'oiipeau ,
Qui t'ont donner la Cour dans le paneau.
Sciir. Ep. cAag.')
Paneau. [ Epbippii pulvilU. ] Terme de Sellier.
Ce font deux couflinets pleins de bourre , ou de
crin , qu'on met fous la felle pour empêcher que
la felle ne bleflTe le cheval. ( Rambourrer des
paneaux.)
Paneau. [ InflragulKm. ] Terme de Bourrelier.
Pièce de cuir qui embrafl'e le dos du cheval ,
ou de la bête de fomme , 011 il y a un lit de
paille & de bourre , & fur quoi font pofez les
fûts du bât. ( Les paneaux de ce bât font bons
& bien faits. )
Paneau. [ Textum vicreum. ] Terme de Vitrier.
Plufieurs morceaux de verre dont les uns
s'apellent bornes , & les autres pièces quarrées ,
ou lofanges mifes en plomb , foit qu'elles foient
attachées ou non , fur un chaflis de bois. ( Un
paneau de bornes. Un paneau de lofanges.
Atacher un paneau. )
Paneau. [Tympanum.'\ Terme de Menuijîer.
LesMenuifiers apeUent paneaux , des tables d'ais
minces jointes enfemble, dont on fait le bâti d'un
lambris ou d'une porte. Ce mot , en parlant
de caroflTe , c'eft le bois du devant & du derrière
PAN.
du caroffe. (Lespaneaux de ce caroffe font de
trcs-bon bois. )
\Pun(iJux.TcTme de Marine.TrRpes ou mantelcts
qui forment les écoutilles d'un vaiffeau. Le
mantelet qui forme la plus grande écoutille
s'apelle le grand paneaii. Acad. Fr.
Paneaux de Maçonnerie. C'eft l'enduit de
maçonnerie qu'on mer entre les pièces de
charpente qui forment un pan de bois , ou une
cloifon,
Paneau, fe dit proverbialement. //cT£vi;(/j/2.îyii
paneaux , [^Ringitur.'] Pour dire , avoir du dépit,
<f^ Paneau. Les poiffons qui font dans les
étangs de la Brefle , font appelles paneaux ,
quand ils ont deux ans. Revel , pag. 416.
F A N e'g 1 R I Q^u t , f. m. [ Panégyricu oratio. ]
Mot qui vient du Grec. C'ell un difcours oratoire
•qui renferme les louanges d'une perfonne confî-
dérable , de quelque Saint ou Sainte , & qui
fe récite en public. ( Il n'y a point de plus beau
panégirique des grands hommes que leurs aftions,
jibl. Ret. On dit que Pline fie fon panêgirique en
fdifant celui de Trajan. )
Ç3^ La plupart des faifeurs de panégiriques
imitent le Sénateur dont Tacite a fait mention
dans le premier livre des Annales ch. y 4. lequel
au lieu de faire ladépenfe d'une ftatue de Tibère ;
fe fervit d'une vieille figure de l'Empereur
Augiifte , fe contentant de lui couper la tête &
de lui en aptiquer une nouvelle : Alta in flatua
amputato capite Augujli ejpgiem Tiberii inditam.
Pancgirique , fe prend aufîi pour tout éloge,
pour tout ce qu'on dit à la louange de quelqu'un.
(J'ai fait votre panégirique en telle compagnie. )
Pancgirique , adj. [ Panegyricus. ] Ce mot fe
dit du difcours , & veut dire. Qui loue. ( Un
difcours panégirique. )
Panégirijîe , f. m. \_ Orator , laudator. ] Celui
qui a fait un panégirique. Celui qui a donné
Jes louanges à quelqu'un. { Pline fécond eft un
fameux panégiriiie. )
On appelle encore panégiriftes ceux qui loiient
tout le monde. [ Ajfentatores. ] Je hais ces Pané-
giriftes perpétuels qui ont toujours l'encenfoir
à la main , S. Real. )
Panel LE , Efpece de fucre brut, qui vient
des Ides Antilles.
Paner , v. a. II fignifie , couvrir de pain
émié ou émiété de la viande qu'on fait griller
ou rôtir. ( Paner des coteletes , paner des pieds
de cochon , paner une poularde. )
Eau panée. C'ell de l'eau où l'on a fait tremper
«ne mie de pain pour en ôter la crudité. On
fait aulfi de l'eau panée avec du pain rôti qu'on
met dans de l'eau : (boire de l'eau panée. }
P A N E R e'e , y; /I [ Calathus fruclibus refertus. ]
Plein un panier. (Une petite panerée. Une bonne
panerée. Pour bien faire venir ces fleurs , il faut
mettre trois panerées de terreau fur quatre
panerées de terre franche. Culture des fruits.
Une panerée de fruits. )
P A N E s s E , f.f. [ Pa\o femella. ] Danet donne
ce nom à la femelle du Paon. Mais Meflîeurs
de l'Académie l'appellent Panache. Il y en a qui
la nomment Panne.
P A-HETEKii ,f. f. [ Panarium , panis cella. ]
C'eft un Ofice chez le Roi où l'on diftribue le
pain. ( Il eft àla paneterie. Allez à lapaneterie,
on vous donnera ce que vous demandez. )
Paneterie , eft auffi un bénéfice clauftral de
quelque Abaïe. Et celui qui polféde ce bénéfice
s'apelle Panetier.
PAN. i3
Panetier, y^/«. [Panis promus domus regio>.'\
C'eft l'un des plus confidérables Oficiers de la
bouche du Roi. Le grand Panetier eft celui qui
a l'œil fur les Oficiers de la paneterie de \a,
Maifon du Roi. Il a jurifdiclion & droit de
vifitç fur le pain des Boulangers de la ville &
fauxbourgs de Paris. Les Boulangers de Paris
lui doivent un certain droit que Quelques - uns
appellent bon denier & le pot de Romarin. Voiez
du Tillet , Recueil des. Rois de France.
^3' L'Ofice de grand Panetier étoit pofTédé
autrefois par des perfonnes diftingué.'S , & il
avoit des droits & des prérogatives qui le
relevoient au-deffus de fes fondions ; on voit
dans les preuves de l'Hiftoire de la Maifon de
Montmorency, qu'en 1353. Burchard de Mont-
morency étoit Panctarius Franciœ , & qii'-:;n cette
qualité il eut un grand procez avec le Frevôt
des Marchands & les Echevins de la Ville de
Paris , qui foùtenant les intérêts des Boulangers
de cette Ville & des Fauxbourgs , ne pouvoient
fouffrir qu'il exerçât la Jurifdiftion du Panetier,
ni l'infpeftion qu'il prétendoit avoir fur eux ;
mais il fut maintenu dans tous fes droits. Du
Tillet , après avfir raporié l'Arrêt rendu en
1333. ajoute toutes fois à la Prévôté de Paris
par prévention ou par négligence du Grand Panetier
Icfdites vijitations , correclion & Jurifdiciion ; fut
décidé par autre Arrêt le vingt-deuxième Janvier
mille quatre cens fix , & fur ce y a eu entre eux
devant & après plufieurs diiférens & arrêts ,
entr'autres un provifionnel du 1. Mai 14,06. par
lequel fut permis au Grand Panetier d avoir fa
petite Juftice , &c. à condition de porter au
Chatelet les contraventions qu'il découvriroit
dans fes vifites pour punir les coupables ; cette
Charge fut fuprimée par Charles VU. ainfi que
celle de Grand Boutilier.
Panetie're , f. f\, Pera , panariolum. ] Efpéce
de grande poche , ou manière de petit fac de
cuir , où les bergers mettent leur pain. On apelle
dans les Eglogues & les Romans qu'on nomma
Bergeries , cette efpéce de fac de cuir , panetière^
mais les bergers d'autour de Paris l'apellent
gibecière.
Paneton ,fm. [Pars clavis inféra verfatiiis.']
Terme de Serrurier. C'eft la partie de la clef où
font les dents. (Paneton de clef rompu.)
Panicaut, //«. [ Eryngium. ] Herbe qui
a des feuilles épineufes. Efpece de chardon qu'oa
appelle à cent têtes.
P a N I E R,y; OT. l^Caniflrum, calathus.'] Ouvragô
de Vanier qui eft rond , ovale , plein , ou à jour ,
qui eft ordinairement fait d'oûer , qui fert à
plufieurs ufages , & qui eft toujours compofe
d'un corps ou d'un couvercle, ou de tous deux
enfemble. Un panier plein. C'eft-à-dire , qui n'efl:
pas à jour. \]n panier à jour. C'eft-à-dire, un
panier qui n'eft pas plein. Un panier à claire voie.
[ Fimineum textum.] C'eft-à-dire , un panier qui
n'eft pas plein, & qui aft à jour. Panier à aller
à l'école. Panier à fumier. Panier de bagage.
Panier de fervice. Panier de pain bénit. Panier
à porter des verres, &c. Faire des paniers.
^f§ Borel dérive Panier àe Panis , parce que
les premiers paniers furent faits pour enfermer
du pain.
Panier , fe dit aufli des chofes dont on remplit
un panier. ( Un panier de raifin , un panier de
poires , &c.
Panier de marée. C'eft un panier dans lequel
on aporte d'ordinaire la marée à la halle,
i4 PAN.
Panier d'arbalète. [ CiJIa. ] C'cft le milieu de
la corde de l'arbalctc n jalct qui eft fait en creux ,
& où l'on met la balle , ou le jalet lorfqu'on
veut tirer.
Panier à feu. [ Cijlii piraiijVica. ] Efpéce de
machine qui fe jette avec un mortier. (Jetter
<les paniers à iaw. )
Panier. \_Sporta ,Jifcina. ] Il fe dit auflî de ces
fortes de paniers qit'on met fur les bêtes de
fomme & fur des chevaux de bât ^ pour porter
des provifions , des marchandifes , &c.
Panier. Il fe dit quelquefois d'une ruche
d'abeilles. (On vend tant le panier.)
Panier. Il fignifie :i\xffx panerce , plein un panier.
( Acheter un panier de cerifes. )
jinfe de panier. [ Fornix elumhis. ] Terme- de
Maçon. Ils difent qu'nne arcade eft faite enanj'e
de panier , lorfque le defl'us eft un peu abaiffé ,
& qu'elle n'eft pas faite en plein cintre. C'eft-à-
dire , qu'elle eft en demi ellipfe fur le grand
diamètre.
// ejl foc comme un panier percé. [ Stnpet ut
caniflrum pcrforatum.'\ Sorte à^i. proverbe du petit
peuple de Paris , pour dire , qu'il eft fort fot.
\ * A petit mercier petit panier. Proverbe qui
iîgnifie , qu'un homme qui a peu de bien ne doit
pas faire grande dcpenfc.
* \ Il ne faut pas mettre tous fes œufs dans un
panier. Proverbe pour dire , qu'il ne faut pas
rifquer tout fon bien à une fois.
■ On dit d'un prodigue, c'f/;? K/z/jfl/zier/'^rc/, plus
on lui donne , moins il a, \_Plenus rimarum ejî, hac
& illac perjluit. j Adieu paniers vendanges font
faites , quand il eft venu quelque dcfolation fur
les vignes.
P A M I Q_u E , adj. [ Panîcus. ] Ce mot fe dit en
parlant de gens qui craignent tout d'un coup &
fans fondement. Il ne fe dit qu'avec le mot de
terreur. Une terreur panique s'empara des efprits,
Al'l. C'eft-à-dire , une crainte foudaine & fans
raifon failît les efprits. La terreur panique eft
ordinairement prefque générale dans un pais ,
«ne ville , une armée , &c.
( Le renard manager de fecrettes pratiques ,
Et les lièvres fujêts à des terreurs puiûqueT.
La Font. )
Panis , yl m. [ Panicum. ] Sorte de bled qui
a de petits grains , comme ceux du millet, mais
il en eft avec des grapes , & c'eft en quoi cette
plante difére de celle du millet.
Panne. Voiez Pane.
P At^ti T.LLEs , f f [ Scutum folVis popuhis
ornatum. ] Terme de Blafon. Il fe dit des feiiilles
de peuplier peintes fur un Ecu.
P A N N I c u 1 p. , y; ;n. [ P anniculus carnofus. ]
Terme iH Anatomie. Membrane qui eft fous la
graiffe , & qui envelope les parties du corps
des animaux. (Pannicule charnu.)
P A N o N , / w. On apelle fur mer , Panon de
Pilote. Plufieurs plumes que l'on met dans de
petits morceaux de licge , & qui voltigent au
gré du vent pour connoître d'où il vient.
P A N o N c E A u , yi OT. Ce mot h Paris ne fe
dit pas en la fignification de giroiiette , on dit
girniiette , & non pas panonceau.
Panonceau. [ Parma teffararia. ] Mot qui fe dit
en terme de Pratique , en parlant de vente &
de criées. C'eft une afiche où font les armes
du Roi qu'on met à l'entrée d'une maifon qui
eft en criées & faifie par ordre de Juftice.
(■ Quand on fait les criées de quelque ofice , on
PAN.
doit mettre des panonceaux contre la porte de
l'Eglife oîi fe font les criées , & contre la maifon
du laifi. Loi/eau , des Oficcs vénaux , c. y.
^3' Nous aprenons du Préfident le Maître ,
liv. i. des Criées , cii. ii. que le Panonceau
démontre ôi fait connoître que la maifon eft
faifie , & mifc en la main du Roi par autorité
de juftice , à ce que perfonne ne s'ingère d'en
joiiir & prendre les fruits , ni ait à troubler &
empêcher celui qui eft établi Commiffaire , &
n'eft loilibled'apofertels panonceaux & armes à
un héritage, fmon par autorité de juftice , &
étant apoléz par autorité de juftice , n'eft aulîi
loifiblc de les ôter. El nefoit oubliée, ajofite-t-il,
cette apofition de panonceaux ; car autrement
les criées font nulles , combien que cette
Ordonnance ne le porte pas exprè: : mais la
Cour de Parlement l'a alnfi entendu. Voïez
Brandon.
Le mot eft ancien ; l'on appelloit autrefois
panonceaux , les bannières & étendarts que l'on
portoit à la guerre , dans Guillaume Guiat.
Panonceaux par leurs flots ventilent ,
Et mainte bannitre ifabelle.
Et dans Froiflart , vol. 4. ch. 18. 6- devei_
favoir que toutes ces bannières & panonceaux étoienc
en front & en montre. Et au vol. 1. ch, ijf.i.fous
le pennon S. George & à la bannière de Aire. Jean
Ckaudot , èioient les compagnies , ou bien ètoient
douxj: cens pannonceaux.
Pannonceau fe dit d'un écuflbn d'armes ou
d'armoiries. S^Pinnatum fcutum.'\ Il y en a qui
l'appellent Pennon.
Pan q_u e ,f.f. Plante qui croît dans le Chily
en Amérique, & dont la tige fert à teindre en
beau noir. Cette tige , qui eft rougeâtre , fe
mange crue ; elle rafraîchit , & a une qualité
fort aftringente. Sa feiiille eft ronde , tiffuë
comme celle de l'Achante , & a deux ou trois
pieds de diamètre.
P A N s A R D. Voiez Pançû.
Panser. Terme de Chirurgien & Palfrenitr.
Voïez Pancer.
Panspermif , Mot tiré du Grec : c'eft un
terme de philofophie ; il fignifie l'opinion qu'ont
eiie quelques Philofophes , que chaque corps
contenoit en foi les fcmences de tous les autres.
P A N T A L o N ,yi TO. \fefris inttrior adfriclior.'\
Sorte de caleçon , ou de haut-de-chauflTe qui
tient avec le ba&i
P.intalon , [ Mumis , ludio.] Celui qui danfe
quelque pantalonnade , & qui eft habillé en
pantalon, ( Deux gros jouflus , fix pantalons ,
apoticaire , lavement , jamais je n'ai été fi faou
de fotifes. Molière, Pourceaug. acl. 2. fc 4.
Pantalon , fe dit d'un homme qui prend toute
forte de figures , & qui joiie toute forte de rôles,
pour parvenir à fes fins. ( C'eft un pantalon, il
ne manquera pas de faire le pantalon. )
A la barbe du pantalon. Façon de parler
proverbiale , qui fignifie , en préfcnce & en
dépit de celui que la chofe intércfl"e le plus.
Pantalon. Terme de Papeterie. C'eft une des
moiennes fortes de papier qui fe fabrique aux
environs d'AngouIême. Il eft ordinairement aux
armes d'Amfterdam.
•{■ Pantalonade, f.f. [ Hifîrionalis aclio. ]
Sorte de dance boufonne , dance de pantalon.
( Danccr une pantalonade. )
•j" Pantalonade, [Joculuris,OU ridiculiis ingrefjiis^
Entrée
PAN.
Entrée ou fortie brufque &_ irrégiillcre d'un
étourdi dans une compagnie férieufe.
Pante. (Pente,) [ Dedivhas, divexhas.']
Panchant. La manière d'être d'un corps qui va
en panchant. Manière dont on fait pancher
quelque chofe. La montagne avoit une pante
fort douce. Jhl. Donner de la pante à quelque
corps. (Donner un demi-pied Aq pante à quelque
corps. Sau.^
Pante. On apcUe ainfi une efpece de chapelet
compofé de plufieurs de ces petites coquilles
blanches qu'on nomme porcelaine , qui fervent
- de monnoie en plufieurs endroits de l'Afrique
& de l'Amérique.
Pante , f. f. Terme de TapïJJîer. C'eft un
morceau d'étofe qui entoure le lit, & qui a
d'ordinaire de la frange. Il y a trois pantes
dans chaque lit. Le mot de pante fe dit aulîi
en parlant de dais , mais en chaque dais il y a
quatre pantes , & la pante du dais eft un morceau
d'étofe qui environne le dais. (On dit , en parlant
des pantes des lits & des dais , la pante de
dehors , La pante de dedans , la pante de longueur ,
la pante de largeur. Franger les pantes d'un lit ,
ou d'un dais! Attacher la frange aux pantes
d'un dais ou d'un lit.
.Pante [Propen/îo.] Ce mot fe dit des perfonnes,
' & fignifie inclination d'une perfonne à quelque
chofe. [ Avoir de la pante à la poëfie. )
* Vous vous abandonnez , fans remords , fans terreur
A votre pante naturelle
Point de loi , parmi vous , ne h rend criminelle.
Desh. po'éf. )
La joie efl: levr:(i bien, tous les autres font faux,
Oii je ne la vois point , rien ne fçauroit me plaire :
Si l'on met cette pante au rang de mes r'éfauts ,
Je ne vous promets pas fi-tôt de m'en défaire.
Bourf. Let.')
* Pante. Certaine manière délicate & prefque
imperceptible. ( Il n'ètoit queftion que du lan-
gage, néanmoins par une/^a/zw douce & prefque
infenfible , vous avez dépeint les gens. Le
Chevalier de Meré , Converf. )
Panteler, v.a. {^Ankelare.'] Palpiter. Il
fe dit de ceux à qui le cœur bat trop fort , pour
avoir trop couru , ou pour avoir eu quelque
émotion extraordinaire , caufèe par la peur ,
par la colère , &c.
Pantelant, (Pantelante) adj. Qui
halète. Qui pantele. ( 11 eft venu tout pantelant.
Il eft encore tout pantelant. ) Ce terme n'eft
guère d'ufage.
P A N T E o N , y! /«. [ Panthéon. ] Mot qui vient
du Grec , & qui fignifie un temple de l'ancienne
Rome , dédié à tous les Dieux. Le Panteon
n'avoit qu'une porte & une ouverture en haut ,
par laquelle il recevoit le jour. Le Panteon étoit
large , élevé & de forme ronde , parce qu'il
reprèfentojt la figure du monde. Ce fut Marcus
Agrippa qui fit conftruire le Panteon , & qui
l'embellit de fuperbes colonnes par dehors , mais
par dedans il fut enrichi de magnifiques figures
des Dieux & des Déefl"es. Le Pape Bonlface IV.
a expié le Panteon , & l'a confacrè à la Vierge,
& à tous les Saints & à toutes les Saintes. Un
Critique moderne , le P. Lazerl , Jéfuite , dans
uneDiffertation Italienne fur ce fujet , imprimée
en 1749. prétend que le Panteon n'ètoit point
un temple, & conjefture quec'étoit un édifice
confacrè au bain : il remarque aufil que chez
les Anciens le terme de Panteon a quelquefois
To/iie III,
PAN. Z5
d'autres fignifications que celle qui fe rapporte à
tous les Dieux : par exemple: on ApeWoit Panthcon
la garde des Empereurs Grecs , & Pantluotes les
foldats qui la compofoient. On donnoit aufiî le
nom de Panthéon aux édifices dont la voûte
imitoit la convexité du Ciel.
Pantf. RE,//. [ Panthera. ] Sorte d'animal
farouche & furieux , qui a la peau marquetée
de diverfes couleurs , & qui n'eft diftingué du
Léopard que par la blancheur. Jonjlon.
Et voit-on comme lui les Ours ni les Panteres ,
S'éfraïer fotement de leurs propres chimères. •
Hefpriaitx',
P A N T H e' E. Les Antiquaires appellent une
Divinité Panthée , les figures qui réliniffoient les
fymboles de plufieurs Divinitez, Telle eft la
figure d'Harpocrate , trouvée en 1748. en bafl'e
Bretagne ; dont on peut voir l'explication dans
les Mémoires de Trévoux , du mois de Juillet
1749. p. 141 3. & fuiv.
Pantiere,//. [ Rete penjîle. ] Terme
d'Oi/elier & à'OifeUur. C'eft une forte de filet
fait en mailles à lofanges , ou en mailles qiiarrées
pour prendre des becaifes. ( Pantiere fimple.
Pantiere volante. Pantiere à bouclettes. Pantiere
entremaillce , ou contremaillèe. Tendre ime
pantiere. RuJ'es innocentes , liv. i. c. zj. & zS ■
Pantin./, m. Figure de carton peint , à qui
l'on donne toutes fortes d'attitudes en la remuant
avec un fil ou plufieurs fils. On a porté l'extra-
vagance en France jufqu'à mettre ces fortes de
figures dans tous les apartemens , & à s'en amufer
férieufement.
Pantin E. f.f. C'eft un certain nombre
d'échevaux de foie , de laine ou de fil encore en
écru , liez enfemble pour être envoiez à la
teioture.
Pantographe, (le) ou Singe , eft un
inftrument qui fert à copier le trait de toutes
fortes de deffeins & de tableaux, & à les réduire,
fi l'on veut , en grand ou en petit. Il eft compofé
de quatre régies mobiles ajuftées enfemble fur
quatre pivots , & qui forment entr'elles un paral-
lélograme. A l'extrémité de l'une de ces régies
prolongées eft une pointe qui parcourt tous les
traits du tableau , tandis qu'un craïon fixé à l'ex-
trémité d'une autre branche femblablc.trace légè-
rement ces traits de même grandeur , en petit ,
ou en grand , fur le papier ou plan quelconque fur
lequel on veut les raporter. Cet inftrument n'eft
pas feulement utiles aux perfonnes qui ne fçavent
pas defiîner , il eft encore très - commode pour
les plus habiles qui fe procurent par là promp-
tement des copies fidèles du premier trait , &;
des reduftions qu'ils ne pourroient avoir fans
cela qu'en beaucoup de tcms , avec bien de la
peine , & vraifemblablement avec moins de
fidélité. Mémoires de l'Académie des Sciences pour
l'année 1743. p. 171.
Pantois. Vieux mot. \_ Anxie ankelans.'^
Homme qui n'a pas la refpiration libre. Aftma-
tique. Scaron a dit. Ton feu grégeois m'a fait
pantois. On difoit aufiî pantoifer , pour dire
avoir la courte haleine. Acad. Fr,
Pantometre,// ( Pantometrum.'] Mot
qui vient du Grec. C'eft un inOrument Géomé-
trique propre à prendre toutes fortes d'angles ,
à arpenter & à mefurer toutes fortes de diftances
& de figures , inventé par Monfieur Bulet. Il a
fait un petit livre de l'ufage du Pantometre. Il
fert aufii à divifer les figures planes & à tracer
D
xC PAN.
le plan des édifices, aiiflî-bien dans rArchitcflure 1
civile que dans la militaire. Voicz U Journaldcs
Sçavans de l'année l6y6.
P A N T o M I M E , yi OT. [ Pantomunus. ] Mot
qui vient du Grec , il veut dire boufonil plaljunty
qui imltoit avec les pieds & avec les mains
toutes fortes d'aftions de perfonnes. Voïez la.
■ Po'ct'iquc de Scaligcr 6c de f-^ojjins , lib. z. ch. Ji.
Ub. i. ch. X. ( Les boufons Italiens font inimita-
bles , & je ne fçai fi les Mimes & les Pantomimes
des Anciens ont eu beaucoup davantage fur eux,
S. Evremont , Difcours de la Comédie Italienne.
§3* Les Pantomimes fe formèrent fur les
Mimes , ils ne fe fervoient point de la parole ,
ni du chant comme les Mimes , pour exprimer les
chofes qu'ils vouloient reprcfcntcr au peuple ;
ils le faifoicnt par des mines , par des gellcs ,
par des mouvemens de toutes les parties de leur
corps ; ils furent apellez Pantomimes , parce
qu'ils repréfentoient toutes chofes , les férieufes
auflî-bicn que les badines & les obfccnes , ainli
on ajoute ce mot Grec •"S.v tout, à celui de Mimes.
On dit qu'Augufte introduifit parmi eux la danfe
forcée , & les gefàculations mefurées , & que
Pylades & Batille furent les premiers dont il
fe fervit pour rendre plus agréables ces fortes
de repréfcntations muettes ; mais comme ces
Pantomimes fe donnoient la licence de fe moquer
de ceux qui leur déplaifoient , il les chatioit
fevérement pour faîisfaire ceux qu'ils avoient
infultez. Suétone raconte que, fur la. plainte
du Préteur , l'Empereur fîtfoiietter dans la cour
de fon Palais , les portes étant ouvertes , un
Pantomime appelle Hylus , parce qu'il contre-
faifoit tout le monde ; & qu'il bannit Pylades
de Rome & de tout l'Empire , pour avoir montré
au doigt un des fpeftateurs qui le fifloit & fe
moquoit de lui. Vitruve remarque dans le Uv. 5.
ch. 8. que les Romains avoient trois fortes de
fcénes , la tragique , la comique & la fatyrique ,
& ce fut fans doute de cette dernière que les
Pantomimes fe fervoient pour leurs repréfenta-
toujours fatyriques & infultantes.
P ANTOQU itKts ,/./. [ FtinicuU curn fcanfdibus
intexti. ] Terme de Marine. Cordes qui font un
entrelalfement avec les haubans , pour les tenir
plus roides & plus fermes , afin de mieux tenir
le mât dans une tempête.
Pantoufle ,f.f. [Sala ferrea ad extra declivis.']
Terme de Manège, Fer à cheval dont on fe fert
pour rétablir les talons ferrez & cncaftillez.
Pantoufle,//. [ Crepida ciibicularis. ]
Efpéce de fpuliez fans quartiers , qui n'ont ni
garniture ni autre enrichiiTement ; car lorfqu'il
en a , ou qu'au lieu d'empegnc de cuir, il y a
du velours , on ne l'appelle plus parztouj^e , mais
mule. ( De bonnes pantoufles. Les femmes &:
les filles des bourgeois mettent des/>a«ro«/ZM,dans
la maifon & les femmes de qualité , des mules. )
§3° Quelques-uns dérivent ce mot , du Grec
TTÙr & (f»\Xo comme qui diroit tout liège.
Raifonnsr pantoujle. Proverbe. C'eft faire des
raifonncmens de travers.
Mettre fon foulié en pantoujle. C'eft plier les
quartiers du foulié & les coucher dans le foulié
hir la première femelle , ce qu'on lorfqu'ona les
mules au talon , ou qu'on y a quclqu'autre mal.
En pantoujle , adv. C'eft-;Vdire , à fon aife.
Plaider en pantoujle , c'eft plaider dans le lieu où
l'on demeure, contre un homme d'un autre pais.
Faire un Jicge en pantoufle. C'eft le faire à fon
aife, avoir toutes les CQmmoditez pour le faire.
PAN. PAO. P A P.
■\ Pantouflier,//??. [ Crepidarius. ] Mo«
burlefque & faftice qu'on ne trouve que dans
la traduQion de Lucien par d'Ablancourt , il
fignifie , t]ui a des pantoujles. ( Dieu te gard ,
maître pantouflier. Lucien , t. i. p. 144.
Panture,/-/ [ Epijîhabus. ] Terme de
Serrurier. Ce font des barres de fer qui fervent
à foûtenir les portes , ou les fenêtres fur les
gonds. Morceau de fer plat qui eft attaché par
dedans ;\ la porte , & dans quoi entre le gond."
( Une bonne & forte panture. Attacher un©'
panture. )
Panture de tableau. Cette panture eft ordinai-
rement de cuivre jaune. Elle eft compofée d'ua
anneau & d'une petite plaque percée de trois
petits trous , au haut de laquelle pafl'e l'anneau.
Tout cela enfemble s'appelle panture. ( Voili
une panture fort propre & fort bien faite. )
Voiez la colornne P E N.
Panus,/ot. anciennement /?a«/i. Terme
de Chirurgie. C'eft une tumeur inflammatoire,
éryiipélateufe , garnie de petites puftules qui la
font refl"embler à du pain , d'où vient fon nom.
On l'appelle aufli phygethlori.
PAO.
P A ON , / OT. [ Pavo. ] Prononcez pan , il
vient du latin pavo , oifeau dédié à Junon. Le
paon eft une forte d'oifeau dont la chair eft
excellente, & qui a un très-beau plumage, mais un
cri fort défagréable. La femelle fe nomme PaneJJe,
Lucien & Dion Chryfoftome ont fait ime def-
cription du paon , fur-tout de la queue qui le
diftingue des autres oifeaux. Varron, de reRiiflicit
lib, J . cap, 6, 2l remarqué qu'Hortenftus a été lo
premier qui ait fait fervir un paon dans le repas»
qu'il donna lorfqu'il fut reçu dans le Collège
des Augures , qu'il appelle Cœna adjicialis , 8c
avec plus de raifon aditialis , je finis par la Fabla
du Paon dont on n'a raporté qu'une partie,'
Phèdre fait plaindre le paon à Junon de ce qu'ell©
ne lui a pas donné une voix auflî agréable quô
celle du roffignol , & la Déeffe lui répond qu'il
furpaffoit les autres oifeaux par fa grandeur &C,
par fa beauté , que les Deftins en avoient ainli
difpofé , & qu'elle avoit partagé fes grâces ,
d'où le Poëte forme cette moralité , que l'on
ne défire point ce que la nature ne nous a pas
donné , de peur qu'étant trompé par de fauffes
efpérances , il ne refte que de vaines plaintes.
Noll afeflare quod tibi non c(l datum ,
Dilata ne fpes ad querelam recidat.
Enfermes de Blafon, on appelle un /jïîo/z roilant,
lorfqu'il étale fa queue & qu'il eft reprefentQ
de front.
Paonneau , f.m. \_Pavunculus,'\ Prononcea
panneau. Le paonneau eft le petit du paon , &
eft un manger fort délicat. ( Il nous a faitmangeji
d'exccllcns paonneaux. )
P A P.
\ V Kv h, f. m, [ Pater, ] Terme A^ Enfant ,
qui veut dire />«/•«, (Mon petit Papa mignon.)
•j- Grand papa. Terme ai Enfant , pour dirô
grand père. (Son grand papa l'aime fort. )
Papa , y.' m. Divers peuples de l'Amérique 5f
des Indes ont donné le nom de Papas aux Sou-
verains Prêtres de leur Religion.
Papable , adj. [ EUgibilis adfummi Pontlficatui
P A p.
■apictm. ] Propre à être élu Pape. Ce qu'on dit I
des Cardinaux. C'eft un fujet trhs ■ papabU.
Acad. Fr.
Papal, PapaU,adj. \_Pontificlus, Pontificalis]
<2ui eft de Pape. Qui apartient au Pape. Qui
relève du Pape. (Terre Papale. Benediftion
Papale. Le fiége Papal. Fait. Uttrc. )
Papauté',//. Dignité du Pape. ( Elever à
la Papauté. )
Papaye, Arbre de l'Amérique , dont il y
a deux efpeces. Le fruit de cet arbre fortifie
l'eftomac , fes femences font bonnes pour le
fcorbut , pour exciter l'urine , & les mois aux
femmes.
P a p F , / m. [ Papa , fummus Pontifex. ] Le
premier Pafteur de l'Eglife Catholique & Apof-
tolique , & celui qui la gouverne fouverainement.
Le titre de Pape a été autrefois commun à tous
les Evêques , & le nom de Pape n'a été afefté
au Souverain Pontife que vers le commencement
du fixiéme fiécle. Le. Pire Thomaffin , Difcipime
Ecdifiaflique. (Le Pape eft le premier des Evêques.
Le Pape eft l'Evêque de Rome, qui a de droit divin
la primauté d'ordre & de jurifdiûion dans l'Eglife.
Je lui demande trait pour trait.
Un bon & fidèle portrait
D'un Pape que tout le monde aime.
Madem. de Scud.
P A P E G A I ,/ /n. {P^ccacus.'] Ce mot fignifioit
autre fois , un perroquet. Il lignifie à préfent en
plufieurs provinces, un oifeau peint fur du carton,
ou fur du bois , qu'on met au bout d'une perche,
pour fervir de but à ceux qui tirent de l'arc,
ou de l'arquebufe. Celui qui abat le papegai
emporte le prix.
g3" L'Auteur du Blafon des fauffes amours :
Tous Papegaux
Sont- ils égaux
Et d'un organe
Gorge cToifeaux.
•]■ Papelard ,/ m. [ Palpator , blandiloquus. ]
Hlpocrite. Faux dévot. Tartufe. (C'eft un franc
papelard à qui on ne doit point fe fier. )
^, Papelarder , dans le Roman de la Rofe.
Si voulez donc que déformais
Je fafle de la chate-mite
Papelardant comme un Hermite
Eien , tien , ne m'en parlez jamais.
f Papelardise , // {Hypocrifs."] Hlpocrifie.
Faufl'e dévotion. ( Nous vîmes que fon fait étoit
papdardife. La Fontaine , Contes. Quelques-uns
difent papelardie au lieu de papelardife , mais il
n'eft pas fi approuvé que papelardife , qui de
lui-même ne l'eft pas beaucoup , finon dans le
burlefque.
Dans le Roman de la Rofe :
Une autre après étoit écrite
Qui bien fembloit être hipocrite,
Papelardie eft appellée :
C'eft celle qui en recelée
Suand on ne s'en peut prendre garde
'aucun mal faire ne fe tarde ;
Qui fait dehors la marmiteufe ,
Ayant face pâle & piteu fe ,
Comme une fimple créature :
Mais il n'y a mal-adventure
Quelle ne penfe en fon courage.
On peut voir le refte du portrait de la pape-
lardife à la ;;. j. verf. di L'édition de i$3i.
Tome IIL
P A P. 17
Pateline, [ Pannus textus exferico & filn. ]
Sorte d'étofe tramée de fleuret. ( Papeline
façonnée. )
Papelonne', ad)'. \_Lunatus?^ Terme de Blafon.
Qui fe dit d'une repréfentation en forme d'écaillé,
ou de demi-cercle , qu'on fait fur un écu. Le
plein de ces écailles tient lieu de champ , &
les bords de pièces & d'ornemens.
\ Paperasse,// [Carta inutiles & rej'e^aneœ.l
Vieux papiers , papiers de rebut & qui font
De vieilles paperafl'es. Chercher parmi des écrits,
paperafîes. Foiiiller dans des paperafi^es.
f Paperajfer , v. n. \_Ineptl & continuh fcribere.'\
Ce mot fe trouve dans Scaron. Il fignifie faire
écritures fur écritures , écrit fur écrit.
Nul d'eux ne fe peut pafler.
D'inceflamment paperajj'er.
Scaron poêf. )
Papesse,//. [Papifa.} On a donné ce nom
au Pape Jean VIII. qui étoit Anglois , & qu'on
a nommé Papejfe Jeanne. Martin Polonus a écrit
la vie de la Papefle Jeanne. Il y a dans la
Catédrale de Sienne une ftatuë de la Papefle
Jeanne. Florimond de Raimond a écrit contre
la fable de la Papefl^e Jeanne , Colomiei opufcules.
La fable de la PapeflTe Jeanne a été folidement
réfutée , même par des Proteftans , enir'autres
par Blondel.
Papeterie,// \_Chartariaofficina.'\ Lieu
où l'on fait le papier. ( Une belle & grande
papeteries. Les papeteries d'Ambert en Auvergne
font les plus belles de France. On dit aiiifi
papeterie , [ckartarium negotium,'] pour exprimer
le négoce du papier. Danet. )
Papetier, /ot. [ Cliartarum propola. ] On
appelle de ce nom à Paris , le marchand qui vend
de toutes fortes de papiers , d'ancre , de canifs ,
d'écritoires , de plumes & de livres de papiers
en blanc. ( Un papetier fourni de tout, )
Papetier forain. [_Chartarius forenfis. ) C'eft un
marchand Papetier qui fait le papier, qui l'amène
à Paris , & qui le vend aux marchands Papetiers,
aux merciers & autres.
Papetier-couleur , f m. \_ Spifjiorum chartarum
compaclor. ] Artlfan qui fait le carton. Ces fortes
d'artifans s'apellent entre eux papetiers-couleurs ,
mais les autres ne les nomment que cartonniers.
Compagnon papetier. C'eft l'ouvrier qui fait le
papier. Mais c'eft hors la papeterie qu'on les
nomme ainfi ; cardans la papeterie, les compa-
gnons ont chacun leur nom; l'un s'apelle coucheur y
l'autre leveur, &c.
Papier ,f. m. [ Papyrus , charta. ] Compofition
faite de linge , acommodée & façonnée avec
tant d'adrefie , qu'on écrit delTus. Le papier a
été apellé de la forte , d'une plante qu'on nomme
papyrus , qui croît en Egypte dans des marais &
dans des folTez autour du Nil. Voïez Dalechamp
t. z. Hifioire des plantes , liv. iS. ch. 6 y. Voïez
Papyrus. ( Il y a diverfes fortes de papier. Il y
a du papier réglé. Papier lavé. Papier de compte.
Papier in-oftavo. Papier à humefter. Papier gris.
Papier bleu, rouge , fin. Papier vanant. Papier
au raifin. Papier à defligner. Papier à quartier.
C'eft du papier fans marque. Papier brouillard.
[ Charta bibula.] C'eft du gros papier dont on fe
fert pour mettre fur la tête , pour faire des
paquets , & pour mettre fur l'écriture de peur
qu'elle ne s'éface.
Un pédant dont on voit la plume libérale ,
D'oficieux papiers fournir toute la Haie.
Molière, J
a8 PAR
Papier marbré. [Ckarta varils colorlbus picla."]
Ceft un papier peint de divcrfes couleurs. II
fe fait en appliquant une fciiille de papier fur de
l'eau , dans laquelle on a détrempe plulleurs
couleurs avec de l'huile & du fiel de bœuf, qui
en empêche le mélange. Et félon la difpofition
qu'on leur donne avec un peigne , on fait les
ondes & les panaches.
Papkr timbré. [ Papyrus fîgnata. Terme de
Palais. On l'appelle aiiffi Papier marqué. C'eft
du papier fur lequel on a imprimé une marque
roïale , fur lequel feul il eft permis d'écrire tous
les aftes de Juftice & les Contrats des Notaires.
Mettre en papier. Ces mots fe difent entre de
certains marchands qui envelopent leur mar-
chandife avec du papier , & ils appellent cela ,
mettre de la marchandife en papier.
Papier , fe dit auffi d'un journal , d'un livre
de compte. [ Papier journal. J'ai écrit cela fur
mon papier. )
Papier terrier. Regiftre contenant le dénom-
brement de toutes les terres & de tous les
tenanciers qui relèvent d'une feigneurie.
Papier blanc. Terme iHImprimeur. C'eft le
premier côté de la feiiille qu'on couche fur la
forme. ( Nous commençons le papier blanc. )
Papier volant. [ Charta dzjeclaria. ] Terme qui
fe dit au Barreau pour marquer un papier qui ne
fuit point de foi enjuflice. ( Ce n'eft Q^^Mn papier
volant qui ne peut être confidéré en juftice
Patrn , plaidoïé J. )
Papiers. [ Manufcripta. ] Ce mot au pluriel
fignifie quelquefois les manufcrits. Après la mort
de Monfieur Pafcal on trouva quelques papiers
qu'on fit imprimer.
Papiers , fe dit aa/Ti de toutes fortes de titres ,
Mémoires & autres écritures. (J'ai aporté mes
papiers. Mes papiers font entre les mains de
l'Avocat. )
On dit , proverb. Cela efl réglé comme un papier
mufîque. [ Ad amu(Jîm difpofltum efl. ] On dit que
le papier foujfre tout , pour dire qu'on écrit tout
ce qu'on veut. On dit d'un homme qui a un
bien litigieux, qu^ il ejl riche en papiers. Vous êtes
écrit fur mes papiers. Pour dire , vous êtes mon
débiteur. Il écrit en papier rouge. Pour dire , il
a choqué quelqu'un qui fçaura s'en vanger.
Brouiller , gâter du papier. Proverbe. C'eft écrire
de méchantes chofes.
Papillon, f. m. {^Papilio."] Sorte d'infede
qui vole, qui a les ailes marquetées de quatre
couleurs , & qui s'atache fur tout à tirer le fuc
de la mauve. On dit que depuis qu'il s'ef acouplé
avec fa femelle , il vit en langueur,
* ■\ Se brûler à la chandelle comme un papillon.
C'eft fe jetter dans le péril inconfidérement. C'eft
quiter un azile pour fe mettre en danger d'être
pris.
i0" Papillon. Terme à^ Agriculture. Les Vigne-
rons dilent, les vignes font le papillon , c'eft-à-dire,
que leurs bourgeons , en s'épanoiiiffant , ne
donnent qu'une feiiille de chaque côté qui
reffemblent auJ: aîlcs d'un papillon , & c'eft une
mauvaife marque.
Papillonner , v. n. [ Volitare , exagitari. 1 Etre
toujours dans le mouvement, & dans l'aftionà
la manière des papillons. Mademoifelle Deshou-
lieres s'en fert dans fa lettre à Mademoifelle
d'Uffel , fille de Monfieur de Vauban. Elle
papillonne toujours , me difoit ce grand homme ,
& rien ne la corrige. )
Papillote,//; \_Glomeratio.'\ Terme de
P A P. P A Q.
Coijeufe & de Perruquier. Petit morceau de papier
ou de tafetas pour enveloper une boucle de
cheveux. (Mettre les cheveux dans les papillotes.
Papillotes qui font défaites. )
Papillote, i\'^x\\iie. aufti, pailleté d'or ou d'argent,
(Un habit tout femé de papillotes. )
Papilloter , v. a. [ Glomerare. ] Terme de
Perruquier. Mettre les cheveux en papillote. (Il
faut papilloter cette perruque.)
Papillotage , f. m. [ Glomerata colleclio. ] Terme
de Perruquier. Ce font des papillotes de quelque^
frifures , ou de quelque perruque, ( Faire ou
défaire un papillotage.)
^^ Papilloter. Terme A^ Agriculture. Nos
Vignerons dilent : nos vignes ne font cette année
que papilloter , c'eft - à - dire , les parties qui
devroient concourir à former les produftions ,
ont été dérangées , ce qui fait que n'ayant pu.
groffir , elles font devenues imparfaites.
t Papin,/ m. [Puls^ Mot vieux & provincial
au lieu duquel à Paris on dit bouillie. ( Faire ,
donner , manger du papin. )
Papisme, Terme injurieux dont fe fervent»
les prétendus Refermez en parlant de la-Religion
Catholique, ( Mr, Jurieu a fait le Papifme & le
Calvinifme mis en paralelle. )
Papistes, y; /72. [ Roman.t Ecclefx addicîi.'\
Les Catholiques Romains. Ceux qui reconnoif-
fent & fuivent les fentimens du pape. ( Leç
Huguenots n'aiment pas fort les Papilles. )
■j" Papijle , adj. [ Papifla. ] Terme odieux donf
fe fervent les Protefans.Qui eft Catholique Romain^
( Il eft papifte. Elle eft papifte. )
Papolatufs,/ 772. [Papœ c«/rorw.] C'eft-à-dire^
qui adore le Pape. Ce terme eft injurieux, Per-
fonne n'adore le Pape. ( Les Lutériens & les
Calvmiftes apellent les Catholiques Papolatres^
Lettre au Père Annat. p. y.
Papyrus, /w. Le Papyrus eft une efpec©
de canne ou de rofeau , qui reflemble un peu K
notre typha. Il croit dans les marais d'Egypte ,
dans les eaux dormantes du Nil , dans les lieux
bas d'où les eaux de l'inondation annuelle ne fe
font pas totalement retirées. C'eft des couches
ou envelopes intérieures de cette plante , qu'oa
fabriquoit le papier d'Egypte , fi célèbre chez
les Anciens. Ses racines ont pour l'ordinaire dix
pieds de long. Sa tige eft triangulaire, & n'excède
pas la hauteur de deux coudées , entant qu'elle
s'élève au deffus des eaux. Mais dans fa totalité»
elle en a communément quatre, & jamais , dit-on,
plus de fept.
P A Q.
P A CLXJ AGI , f. m. Terme de Commerce. Oa
le dit de l'arrangement qui fe fait du poiflbn falé
dans les barils & autres futailles.
Paquage , fe dit aulîi pour le poiiTon même,'
( Le paquage de cet endroit eft le meilleur. )
P A Q.U E , Pas Q.U v,s,f.f. [ Pafcha. ] L'un.
& l'autre s'écrit, mais on prononce/xf^wir. C'étoiC
dans la Religion ces Juifs une cérémonie célèbre
où l'on faifoit la Cène Pafcale , où l'on mangeoit
l'agneau qu'on apelle Vagneau Pafcal. ( Manger
la Pâque, Faire la Pâque. Préparer la Pâque,
S. Mathieu , c. zS- La Pâque eft aujourd'hui une
fête oii l'on célèbre la réfurreftion de Jefus-
Chrift, )
Ce terme Pafcha fignifioit parmi les Chaldéens
paffiige , & plufieurs ont confondu le paffoge
du Seigneur par l'Egypte , lorique pour punir
cette nation il fit mourir dansime nuit les premierif
P A Q.
ne^ depuis r homme jufqtiaux bJtcs & le partage
de la mer rouge : mais les habiles conviennent
que la Pâque doit ûtre entendue du premier
paffage, qui eft marqué dans le douzième chapitre
de l'Exode : »Je paflerai , dit le Seigneur à MDiTe,
» cette nuit-là pari Egypte, & je fraperai dans
» les terres des Egyptiens tous les premiers-nez
» depuis l'iiomme jufqu'aux bêtes , & j'exercerai
» mon jugement fur tous les Dieux de l'Egypte,
» car c'ert moi qui fuis le Seigneur, lefang qui
» fora marqué à chaque maifon , où vous
» demeurerez , vous fervira de figne , je verrai
»> ce fang 6i je pafferai vos maifons , & la plaie
» de mort ne vous touchera point , Jprfque j'en
»> fraperai toute l'Egypte." Pour rendre le jour
de cette aftion plus célèbre & même immortel ,
Dieu ordonna en même tems à Moïfe de le
célébrer de race en race avec un culte perpétuel
comme une fête folemnelle au Seigneur : » Vous
» mangerez, lui dit -il, des pains fans levain
» pendant fept jours , dès le premier jour il ne
» fe trouvera point de levain dans vos maifons ,
» quiconque mangera du pain avec du levain
» depuis le premier jour jufques au feptiéme
» périra du milieu d'Ifraël : Le premier jour
» iéra faint & folemnel , le feptiéme fera une
» fête également vénérable ; vous ne ferez aucune
» fervile durant ces fept jours , hors ce qui
» regarde le manger , &c. » Voilà l'origine de
la fête de Pâques qui a toujours fubtifté parmi
les Ifraèlites , & q\ii a confervé fon ancienne
vénération dans la nouvelle Loi ; en forte que
l'on peut dire que nous n'avons point dans lïotre
Religion de fête ni plus ancienne , ni plus folem-
nelle , ni plus rcfpei^able , puifque elle a éré
ordonnée par Dieu lui-même pour être célébrée
de race en race. Le jour où l'on commençoit la
folemnité étoit fixé au quatorzième jour du
premier mois , que les Ifraëlites apelloient Nifan,
comme il eft marqué dans le x8. chapitre des
Nombres '^. i6. le quatorzième jour du premier
mois fera la Fâque du Seigneur. Après la mort
de Jefus-Chrift les premiers Chrétiens firent la
Pâque comme les Juifs , & fuivirent le Kalen-
drier , pour trouver le premier mois Nifan , &
la quatorzième Lune , ce qui fut obfervé jufques
à ce cpie quelques Evêques , fans changer le
«ois, firent naître une difpute qui a régné pendant
long-tems dans l'Eglife : les uns s'atacherent
toujours à l'ufage des Juifs , & ils vouloLent
que la Pâque fût célébrée le quatorzième jour
de la Lune , les autres vouloient que ce fût le
Vendredi qui fuivoit , parce qu'en ce jour Jefus-
Chrift a été crucifié ; il y en avoit qui vouloient
que l'on célébrât la Pâque le Dimanche après
le quatorzième de la Lune , parce que ce fut ce
jour que Dieu reffufcita. L'arrivée de S. Poly-
carpe à Rome fut l'époque du diférend qui s'éleva
entre ce S. Evêque & le Pape Anicet fur le jour
de la célébration de Pâque ; le premier , fuivant
l'ufage des Eglifes d'Afie , foutenoit que la fête
devoit être célébrée le quatorzième de la Lune ,
fans aucune avention fur le jour ; le Pape acoû-
tumè à la pratique des Occidentaux vouloit qu'on
atendît le Dimanche qui iuivoit le quatorzième
de la Lune, ces deux Evêques ne purent point
convenir fur ce point, ils (é féparerent : mais
l'hiftoire remarque que ce fut fans aigreur , &
(ans donner la moindre atteinte à leur union ;
ainfi chaque Eglife refta dans fon ancienne
pratique , qu'elles ne regardoient point comm.e
un fujet de fchifme & de féparation. Ces deux
P A Q. 29
Eglifes refterent tranquilles jufqu'au Pontificat
du Pape Viftor , oii véritablement les deux
partis s'échaufèrent , jid'qu'à faire chacune des
Affemblées, en forme de Conciles provinciaux ,
pour foutenir leurs fentimens. Eufebe nous
aprend dans fon hlftoire de l'Eglife , Uv. i. cli.21.
que Polycrates , Evêque d'Ephefe, fut le prè.Tiier,
qui fit décider dans une Aflemblèe de fa province,
qu'il faloit célébrer la Pâque le quatorzième de
la Lune (ans différer d'un i'eu! jour ; d'un autre
côté , Théophile , Evêque de Céfarée , fit con-
damner cette décifion par une AiTeniblèc qu'il
tint dans la Paleftine , où l'on détermina la
Pâque pour le Dimanche après le quatorzième
du mois de Nifan , 6c que l'on croj'oir être
l'Equinoxe du printems. Le Pape Viftor, dont
le parti étoit le plus nombreux , écrivit aux
Evêques d'Afie ime lettre un peu vive , & que
quelques-uns ont regardé comme une fent-ence
d'excommunication contre tous ceux qui perfif-
teroient dans leur erreur ; voici comment Eufebe
liv. i. c/i. 24. raconte ce qui fe palfa pour lors ;
» Polycrates , écrivit au Pape Victor une lettre
w au nom des Evêques qui avoient affilié à
» fon Synode , & lui marqua en termes vifs
» la perfévéran<;e dans leurs fentimens fur la
» célébration delà Pâque finiffam par ces mots ;
» ils font venus chez moi nonobftant ma petiteffe,
» ils ont aprouvé ma lettre dans la créance que
» je n'ai pas en vain des cheveux gris , & que
» j'ai paîTé toute ma vieaufervicedu Seigneur; «
le Pape fentit peut-être un peu trop vivement
ce que l'Evêque vouloit dire, & dans les premiers
mouvemens de fa colère il excommunia toutes
les Eglilés d'Afie comme étant également dans
ime fauffe doftrine ; mais cette excommunication
ne fut pas aprouvée par les Evêques , qui
l'exhortèrent à conferverla paix & l'union entre
les Eglifes Chrétiennes. Eufebe raporte la lettre
que S. Irenée écrivit au Pape, par laquelle il
lui remontre que le miftére de la Réiurreilion
doit être célébré le Dimanche , & que l'on ne
doit point féparer de la Communion des Eglifes
ceux qui obfervent une ancienne Tradition; il
n'étoit pas pofHble qu'une querelle li ancienne,
& fi èchaufèe fe terminât facilement ; l'hiftoire
fait mention d'un grand nombre de Synodes ,
qui furent tenus dans les deux partis , mais enfin
l'Empereur Conftantin ayant affemblé un Concile
(Ecuménique dans la ville de Nlcée en Bithinie
l'an 325. dont Eufebe /iv. j. ch. 3. &c. de la
vie de cet Empereur , a rapporté les principales
circonftances , ce Concile fixa Pâques au Diman-
che d'après le quatorzième de la Lune de Mars ,
c'eft-à-dire , après la pleine Lune qui fuit l'Equi-
noxe du Printems , ou qui tombe le jour rtiême
de l'Equinoxe , lequel fut fixé au zi. jour de
Mars ; & cetintervale ne peut rouler que depuis
le 22. Mars jufqu'au 25. Avril.
P àque fleurie ,f.f. [ Domïnica palmarum. ] C'eft
le jour des Rameaux , qui eft le Dimanche immé-
diatement avant Pâque. La Floride a été apellée
de ce nom à caufe qu'elle fut découverte le
jour de Pnque fleurie , le 17. Mars de l'année
1 5 1 3 . Voïez Garcilafjo de la Vega , découverte
de la Floride.
Pdque , j: m. [ Dies Pafchalis. ] Ce mot pris l
pour marquer le propre jour de Pâque , eft
mafculin , &c n'a point de pluriel. Pâque eft
haut cette année. Pâque étoit fort bas il y a
quelques années. Pâque eft paffè. )
Fâque clos. [Dominica in albis, ] Cc mot efl
30 P A R-
mafcidin , pour dire le dernier jour de la quin-
zaine de Pâqut qui eft le jour de Quafimodo.
( C'cft aujourd'hui Pdqut clos.
Paq,u£s , f.f. [ Sucra fynaxis cempore Pafchali. ]
Ce mot c& féminin & toujours eft pluriel , pour
dire les dévotions qu'on a fait pendant la quin-
zaine de Pilqiie. ( Mes Pâques font faites. Faire
d'abord fes Pâques. )
On dit proverbialement , il faut faire carcme-
prenant avec fa femme , & Pâques avec fon
Curé.
On apelle œufs de Pâques. [ Ova Pafchalia. ]
Les préfens qu'on fait aux valets & aux enfans
au tems de Pâques.
P AQ.U H Bo T , f. m. [ Tabdlaria navis. ] Mot
Anglois. C'eft un petit vaiffeau de paffage qui
fert aux paffans & aux Meffagers.
P A Q,u E F I c , f. m, [ Decumanum vélum. ]
Terme de Marine. Voïez Pacfi.
PA(i.UER£TE,y^y^ [ Bellis fylvejlrls minor. ]
Plante ainfi nommée , parce qu'elle fleurit vers
Pâques , & qui efl vulnéraire & propre pour
emporter les obftruftions.
P A CLU E T , y; m. [ Sarcina , fafcis. ] Plufieurs
petites chofes attachées , jointes , acouplées ou
envélopées enfemble. ( Faire un gros ou un
petit paquet. Fermer un paquet de lettres. Ouvrir
un paquet de lettres. Acheter un paquet de
chanvre , de livres , de hardes. Perdre , changer,
■égarer un paquet de linge. Volt. l. 30.
■(■ Donner le paquet à quelqu'un. \_AUquem aculeis
perjlringere. ] C'eft répliquer d'une manière
plaifante & fatirique à quelqu'un.
* Donner le paquet à quelqu'un. [ Coplam alicui
dare. ] Ces mots fignifient auffi , donner congé
à quelqu'un & lui dire qu'il fafle fon paquet
pour s'en aller.
* f On dit en parlant d'une fille qui eft
groffe , qu'elle a donne le paquet à un tel , pour
dire qu'elle l'a acufé , & qu'elle dit qu'elle eft
enceinte de fon fait.
* Il faut hasarder le paquet. \^AUquld audere.^
Proverbe , pour dire , il faut bazarder & pour-
fuivre quelque entreprlfe.
* \ Le paquet de l'JpoufJe. [ Viri pudcnda. ]
Ce font les parties naturelles de l'homme. Dans
ce même fens on dit en parlant baflTement &
burlefquement ^ fi , le vilain , il montre fon
paquet.
P A Q^u E T E R , V, <î. \_In farcinam colligere. ]
Mettre en paquets. II ne fe dit guère ; on dit
plutôt empaqueter,
P A Q.U E u R ,/. OT. Celui qui paque le poiffon
' falé , qui le foule & qui le prcffe en l'arrangeant
dans les futailles.
PAR,
Par. [Per. ] Sorte de prépofttlon qui régit
Vacnfatif , & qui veut dire, au travers , par
dedans. ( Paffer par la France. Paffer par une
Egl.fe.)
Par. [ Oh , propter. ] A caufe. ( Les richefles
ne font pas fi confidérables par elles-mêmes que
par l'eftime qu'on en fait. Abl. Luc. Le plaifir
de l'amour eft d'aimer , & on eft plus heureux
par la paflion que l'on a , que par celle qu'on
donne. Mémoires de Monfîeur le Duc de la Roche-
foucauld.
Par. Pendant. Durant. ( Ils partirent environ
deux mille par une grande pluie. [ Maxlmo
imhe.^Ablancourt j Rétorique, liv. 4, ci.)
PAR.
Par. [ Cum. ] Avec. ( Il prit le diadème pcO>
la permilTion d'Alexandre. Faug. Quint, liv. 8,
ch. iz. Il a fait cela par envie , par colère,
par vengeance , par fineffe , &c. Tout par
amitié, rien parfotce. Parle confeil des Avocats,
Par ce moïen. )
On dit , aller par eau ,par terre , par le coche,
&c. par tout le monde , par mer & parterre ,
&c. par defl'us , par deffous , par devant , pag
derrière , par le haut de la montagne , &c.
* Il fe laiffe mener par le nez.
Par-fois, c'eft-à-dire, quelquefois. [Aliquando.y
Par hazard , par avanture , par accident, /a/"
bonheur , />iîr raillerie , &c.
Par après , n'eft plus en ufage. Faugelas , Rem,
Zl5. & l' Académie.
Jetter par terre quelqu'un , ou quelque chofe.
Par. [ Per. ] Cette prépofition fe met au miliei»
de ces mots , à la confidération , ou en confidc-
ration de. ( Je vous conjure par notre amitié
de , &c. Elle eft confidérable par fa vertu , par
fa beauté &c. )
Par, Cette prépofition fe met avec un vtrht.
paffif , & tient lieu de la prépofition Latine <è
ou ab : ( Il a été tué par un de fes meilleurs
amis. Il fe laifTe mener par fa femme. Il 3>
commencé fon difcours par une interrogation. )
La prépofition /?«/■ entre encore dans beaucoup
d'autres phrafes. Tout par amour & rien par
force. Il m'a juré par fa foi qu'il m'aimerois
toujours. Par manière d'aquit. Il eft toujours
par voye & par chemin. Il s'eft répandu un bruifi
par-ci , par-là. [ Paffim. ] Il a des dettes par»
deffus la tête. Parci-devant , parci-apris. Par-blet*
ou par-bieu , en faifant femblant de jurer. Pa$
votre permifjîon. De par le Roy.
Par-ainfi , eft mauvais. Vaug, Remarq. çzi
Parabole, y; y. [ Parabola , allegoria. J
Efpéce de fimilitude & de comparaifon. Oix
peut dire en général que la parabole eft une
manière de petite hiftoire qu'on imagine pouf
marquer une vérité de Morîile ou de Religion,
La parabole a deux parties , le corps & l'ame.
Le corps eft le récit de l'hiftoire qu'on a ima*
ginée , & l'ame le fens moral ou miftique ^
caché fous les paroles du récit. ( Faire unçr
parabole, Jefus-Chrift parloit en paraboles. Expli-
quer une parabole. Entendre une parabole. Nouv,
Teflament, )
ijH^ Les paraboles ont beaucoup de raporÇ
avec les comparaifons , félon Longin, ch, Ji,
Parabole. [ Parabola. } Terme de Géométrie»
C'eft une figure géométrique , qui eft courbe
& infinie , & l'une des feftions coniques qui
fe fait quand un plan coupe un cône hors dq
fon fommet , & qu'il eft parallèle à l'un deç
cotez du cône.
P AR a B o L I Q.U li , adj. [Parabolicus. ] Terme
de Géométrie. Il fe dit dit d'un ouvrage taillé
en figure de parabole. ( Miroir parabolique. On
apelle auffi difcours parabolique , un difcour^
qui tient de la parabole. )
Paracentèse , f.f. [ Paracentefîs. ] Terme
de Chirurgien, C'eft une opération de chirurgie
pour évacuer l'eau du ventre des hydropiques.
( La paracentéfe eft dangereufe pour le malade.
Faire une paracentéfe. )
■j" PARACHtvFMENT,y^ m. [ Operis confummatio.'\
Achèvement , fin & perfection de quelque-
ouvrage.
Parachever, V. a. [ Perficere. ] Ce mot
fignifie achever, terminer, mettre fin à quelque
PAR.
ouvrSge & le rendre parfait. {Pamchcvcr un
bâtiment. ) On dit ordinairement achever.
Pj.Tach.ever. Terme de Doreur fur métal. C'eft
étendre fur l'argent ou le cuivre qu'on veut
dorer, l'or moulu & le vif-argent , amalgamez
cnfemble , avec l'avivoir ou le grate-boefl'c.
P A R A c L E T , /. ;«. [ Paracktus. ] Nom qu'on
donne dans l'Eglife au Saint - Ei'prit , &c qui
veut dire Confolatcur.
Parade,//.' [Pompa , aparatus.'] Ornement.
Habits fuperbes & magnifiques. ( L'armée des
Macédoniens néglige cette vaine parade , &
elle n'a foin que de fc confervcr inébranlable.
yaug. Quint, liv. J. f/z. 2.
L'Alemagne a fort étalé
Le meriie de cette aubade.
Et par tout elle en fait pa'ade ,'
Comme il'un fuccez fignalé.
Abé Régnier , Voyage de Munieli.
Chambre Aq parade. Lit de parade. On expofe
les Princes morts fur un lit de parade. Habits
àQ parade. Chc\2L\xx àe parade. Porter des prcfens
en parade. Porter les dépouilles des ennemis
en parade. ¥^\rc parade de quelque chofç , &c.)
Parade , f.f. [ ReprcJer2[atio.'\Termc à'Oficier
d'infanterie. Ce mot de parade fe dit iorfqu'un
Capitaine d'Infanterie ou autre Ofîcierfe rend ,
au meilleur état qu'il peut , à l'on Bataillon , à
fon Régiment ou à fa Compagnie pour y prendre
fon rang & y faire les fondions de fa charge.
■( Les Capitaines font obligés de fz\re parade. )
Parade. [ Ofientatio habitas. ] Terme de Danfeur
de corde & ai" autres gens de cette forte. Le mot de
parade fe dit lorfque les facétieuv & quelques
danfeurs de la troupe paroiflent devant la maifon
où ils joiient , fur ime forte de balcon qui efl:
fait de grands & de gros ais , & qui eft d'ordi-
naire , élevé à fept ou huit pieds de terre , &
que fur ce balcon , où il y a le plus fouvent
des violons qui jouent , les facétieux difent
mille froides plaifanteries, & les danfeurs font
divcrfes fortes de pollures pour attirer le badaut
& le bourgeois , & le faire entrer au lieu où ils
jouent. ( Faire parade. )
Parade , f- f [_ Icîiis repulfo.'] Terme de Mettre
d'armes. C'eft la manière de parer le coup qu'on
j porte. Sçavoir toutes les bonnes & méchantes
parades. Les parades en forme de cercle font
bonnes & utiles. Faire une parade. S'attacher
à une bonne parade. Négliger la parade de l'cpée.
Revenir à la parade , &c. Liancourt , Maître
d'armes. Il y a autant de fortes de parades aiie
de coups & d'attaques.
Parade , fe dit aufli en terme de Manège , de
l'arrêt d'un cheval qu'on manie. ( Ce cheval
eft fur à la parade. )
On dit , il faut éviter de faire parade de fon
efprit. [ Oftentationis ingenii vit.-inda efl fnfpicio.^
Tz'ne parade defes bleffures. [OJIentare cicatrices.]
Cette vieille guenon eft venue faire ici parade
de fes vilains os. [.^dvenit hue fe ofentatum
cum exornatis ofjîbus. ]
Paradis,/! m. [ Beatorum fedes. ] Lieu où
font les Bien-heureux. [ Il eft en Paradis.
Quoi donc , cher Renandot , un C!-.ri.';icn cîTiovaWe
Qui jamais, fervant Dieu , n'eut d'objet que le diable.
Pourra , marchant toujours dans des (entiers nwudits ,
Par des formalités gagner le l'arad'is ?
Dcfprèaux. )
Paradis terreflre. [ Paradifus. ] Lien délicieux
PAR. 31
où Moïfe raconte que Dieu avoit mis Adam
& Eve.
* Venife fe doit nommer à cette heure le
paradis de la terre. Voit. let. 8G.
f Elle m'a fait voir le paradis dans l'enfer où
je fuis. Voit.
* En me tirant d'erreur il m'ôte du paradis.
Defprèaux , Satire ^.
Les Prédicateurs font comme les m.archands,
ils furfont le paradis en chaire , mais ils Ip
donnent à meilleur marché au confeffional.
Paradis. Terme de Comédien. Efpcce de
galerie au-deffus des loges de l'hôtel des
Comédiens d'où l'on entend la Comédie.
Paradis , f. m. Terme à'Eg/if: Romaine. C'eft
une Chapelle qu'on pare la femaine Sainte plus
qu'à l'ordinaire , qu'on va vifiter , & devant
laquelle on prie pendant les jours ciu'on va à
ténèbres. ( On dit , il y aura la femaine Sainte
un beau Paradis au Val de Grâce. Le Paradis
de Nôtre-Dame éfoit fort joli. Aller voir les
Paradis. Vifiter les Paradis.^
Le Paradis de Mahomet. C'eft un lieu que ce
faux Prophète a feint & imaginé , où il fait
efpérer à ceux qui fuivront fa Loi , toutes
fortes de piailirs fenfuels.
Oifeau de paradis. [ Manucodiata. ] C'eft une
forte d'oifeau qu'on dit qui n'a point de pieds ,
qui vole prefque toujours & ne vit que de
mouches.
Graine de paradis. Voïez Maniquette.
Pomme de paradis. On donne ce nom à une
efpéce de pomme rouge , qui fe manee en
Etc.
P A r A D o X E , y; OT. [ Paradoxnm. ] Mot oui
vient du Grec , & qui veut dire , fentiment
contraire à l'opinion commune. ( C'eft un paradoxe
que cela. )
L'opinion de Copernic qui foutient le mou-
vement de la terre eft un paradoxe félon le
peuple , & une vérité très-décidée parmi les
Sçavans. ( Humiliez - vous , raifon imbécile,
connoiffez , fuperbe , quel paradoxe vous êtes
à vous - même. )
Paradoxe , adj. Une propofition paradoxe. Un
fentiment paradox.
P A R A G E , / 7«. [ Maris plaga. ] Terme de
NavigLition. Etendue de mer fous quelque Inri-
tude que ce puiffe être. ( Connoître le parage
où l'on eft. )
Parage , f. m. [^jEqualis nobilitas.] Vieux mot
qui fignifioit égalité de condition entre Nobles.
Originairem.ent il figniiioit noblefle , parce que
tous les Nobles prétendent parité ou égalité
de Noblefie.
§^ Le Parage eft un droit , en vertu duquel
une petite partie du fief eft poffédée par les
puifnez , & leurs defccndans, fans être obligez
de prêter la foi & hommage à l'aîné , qui en
pofféde la plus grande partie. L'aîné eft apellé
paragier , dans les Ufances de Saintonge &C
dans la Coutume de Poitou , art. 26'. le Chemier.
Voïez Bechet fur ces Ufances , & Ragueau.
^f^ Le terme de parage eft un abrégé de
parentage , mais d'un parentage noble , & même
du parentage de la ligne mafcuiine ; car félon
Philipe de Beaumanoir , ch. 45. gcntiteffe efl
toujours raportée de par les pères , & non de par
les mcres. Etre de haut parage , c'eft être deC-'
cendu d'une fuite d'ayeux illufires & anciens^^^^
fans rien emprunter des aycules. Ainfi l'Auteu'Ég"-'
du Roman Garin a dit :
31
P A R.
Là es-tu riche & trop de liaut piiragt ,
Quatorze Comtes as-tu de ton lignage ?
^j'Le Prcfident Fauchet , /'<î^e 492. explique
ce terme ; Paragc , dit-il , parcage & parentage
eft tout un , le commencement d'une oraifon
à la Ficrgc Marie toute commune , dit :
A toi , Reine de \a\xt parafe.
Et au Roman d'Alexandre ,
Gadifer fut moult preux , d'un Arabi-lignage ;
En Berri fut nourri , & cil de fon parage.
Et au Dit intitulé , pour orgueilleux humilier,
comporé environ l'an m. ce. i.
Aux vers de droit héritage
Sera beau corps & beau vifage.
Jamais n'y aura avantage ,
Tant eût été de haut parage.
Qui ne devienne pourriture.
Au Roman de Morangis , compofé par Raoul
de Houdan, environ l'an m. ce.
Et telle eft gcnte de lignage
Je fuis aflcz de haut p.inigi
Mon père fut parent de Roy.
'Le parage eft donc une crpéce de tenure entre
frères d'une ancienne noblcffe. Du Chcine a
inféré dans les preuves de l'hiftoire de la Maifon
de Montmorency , page i6z. une ancienne
tranfaftion de l'an m. ccc. lxxix. où il eft convenu
que certains fiefs feroient tenus en parage par
Robert de Touteville & Marguerite de Mont-
morency. Cette tenure eft expliquée dans la
Coutume de Normandie , & particulièrement
dans celle de Poitou depuis l'article ii8.
Haut parage. Etoit un grand fief , comme
ceux des Pairs & des Seigneurs mouvans
immédiatement du Roi.
Une femme de haut parage, [ Mulier nohiliffîmce
profapiœ. ] Pour dire de très-noble parenté &
extraftion.
P A R A G F. A U ou P A R A G E R ,/ W. Qul tient
fief avec un autre.
Paragoge , f- f- Terme de Grammaire,
Allongement , addition d'une filabe au bout
d'un mot , comme dicier pour dici.
Se Paragonner , v. r. [ Variegare. ] Terme
de Fkurijle. Il fe dit des tulipes , & fignifie ,
revenir tous les ans avec un panache beau
& net. ( Quand les plaques demeurent bien
diftinftes des couleurs & du panache , on doit
cfpérer que la tulipe fc paragonnera tous les
ans. Culture des fleurs , ch. z.
Paragraphe,/. 7w. [ Paragraphes. ] Mot
qui vient du Grec , & qui parmi les Jurifcon-
fultes , eft pris pour une partie d'une loi , d'un
chapitre , ou d'un titre. ( La loi féconde , au
paragraphe fécond , dit Pacru plaid. 6. )
Un homme à paragraphe eft un joli Galand.
P. Corneille , Menteur , aCi. t. fc.6.
Paragraphe , fe prend auflî pour la marque
qu'on oppofe à une feftion , à un chapitre.
( Mettez un paragraphe dans cet endroit. )
■\ Paraguante, f.f. [ Donum. ] Mot
qui vient de l'Efpagnol , & qui veut dire ,
une forte de gratification , une forte de don.
Voiez Covarruvias, ( Il a eu fa paraguante. On
PAR.
lui a donné fa paraguante. ) Ce mot fe prend
fouvent en mauvaiîe part , pour un préfent
qu'on fait pour tenter la fidélité de quelqu'un ,
pour le corrompre.
■f P a R A 1 N s I , adv. [ Ergo , itaque, ] Mot
hors d'ufage , au lieu duquel on dit , ain/î.
f^aug. Rem.
Paraisonnier , f. m. Terme de Verrerie,
C'cft celui qui fouffle les glaces à miroir.
Parakinancie,/. /! Terme de Médecine^
Efpéce d'efquinancie qui attaque les mufcles
externes du larinx. Acad. Franc.
Paralaxe. (Parallaxe.) [ Paralaxïs. ]
Ternie ^ Aflronomie &C de Phyflque. Plufieurs
font ce mot féminin , mais quelques-uns le
croyent mafculln. C'eft la diflance qu'il y a du
lieu artificiel d'une étoile au lieu aparent. C'eft
l'angle fait par deux rayons qui partent , l'un
du centre de la terre , & l'autre d'un endroit
de fa furface , qui , fe traverfant dans le corps
d'un aftre , vont aboutir à deux points du Firma-
ment , entre lefquels on prend un arc d'un
grand cercle , qui eft la mefure de cet angle
de la paralaxe. ( Il y a diverfes fortes de
paralaxe , de hauteur , de latitude , de longitude,
d'afcenfion droite , de déclinalfon , &c. La
paralaxe de la Lune au Soleil. Lorfqu'un aftre
eft plus proche de la Terre , la paralaxe eft
plus grande. La plus grande de toutes les para-
Laxes , c'eft l'horizontale, Lorfqu'un aftre eft
vertical , il n'y a point de paralaxe. O^an. Dicl,
Math. Connoître la paralaxe du Soleil, lioh. Phif.
Que l'aftrolabe en main un autre aille chercher
Si le Soleil eft fixe , ou tourne fur fon axe.
Si Saturne à nos yeux peut faire un paralaxe,
Defprèaux y Epitre à M, de GuilUragues.'^
PARALiPOMENES,y]/w. plur. Ce qul a été
omis dans quelque ouvrage ou traité. Les
Paralipomenes font aufli un des livres de la
Sainte Ecriture.
Paralitse,//; [ PrœtermiJJlo. ] Figure
de] Réihorique. Feinte qu'on fait de vouloir
omettre quelque chofe qu'on dit pourtant.
Paralisie, (Paralysie.) [ Paralyfts ,
nervorum refolutio. ] Terme de Médecine. C'eft
une privation ou diminution confidérable du
fentiment & du mouvement volontaire , ou de
l'un des deux , en conféquence du relâchement
des parties nerveufes & mufculeufes , fuivi
quelquefois d'atrophie , de débilité de pouls ,
& d'autres fimptômes. h-i paralijîe eik parfaite ,
quand le paralitique eft privé du mouvement Sc
du fentiment tout enfemble. Elle eft imparfaite ,
quand l'un des deux eft aboli , & que l'autre
fubfifte. ( Fâcheufe , dangereufe paralifie. Avoir
une paralifie, ) Ce mot vient du Grec w«(jaXv»,
je relâche.
Par ALIX iQ.T-'E ) ( Paral YTiÇi.u t.) f. m.
[ Paralyticus. ] Qui a une paralifie. Qui eft
perclus de fes membres , ou quelques-unes des
parties de fon corps. ( Jefus dit au Paralitique y
vos péchez vous font remis. Nouv. TeJI, Ce
mot eft auflî adjecHf. On dit un Paralitique , 8c
un homme, tme femme paralitique,
f * Hé bien ! me dit-elle , pauvre paralitique,
êtes-vous venu ici tout entier ? Htfloire amou-
retife de' France , page lOO.
P A R A L L E LE , y. /w. [ Comparatto , collatio. )
Comparaifon qui fe fait d'une perfonne avec
une autre, he parallèle d'Alexandre ôc de Céfar.
Faug. Remarq.
Ménage
P A R.
Mértage a fait un long difcoiirs fur le ternie
paralUlc , au propre èc au figure. Vaiigelas parle
aufli de ce mot. Selon lui , parallèle tÙ. maj'cuiin
dans \e Jiguré ; il eft vrai que dans le propre ,
félon que les Géomètres le définiffent, on ne le
met guère tout leul , que Ion ne dile ligne en
même tems. : une ligne parallèle , Jeux lignes
parallèles , & alors il eft adjectif: mais dans le
figuré il arrive à ce mot deux choies , l'une que
à'adiectif(\u'\\ étoit au propre, il àé\'icntful>Jlanti/
au figuré , ne voulant dire autre choie que
comparai/on , l'autre qu'au propre on l'écrit
partielle félon fon origine Grecque , fuivie des
Latins , & au figuré il change d'ortographe par
la bizarrerie de l'ufage , le paralelle d'Alexandre
&de Céfar, &c. Mais Meneurs de l'Académie,
n'ont pas été de l'aVis de Vaugelas , & ils ont
décidé qu'il faut toujours écrire p.irallele.
Parallèle , f.f. [ Parallela.] Ligne parallèle.
{ Tirer une ligne parallèle. )
Parallèle , adj. [ Paralklus. ] Terme de Géo-
métrie & de Géographie, Ce qui eft également
diftant de quelqu'autre chofe. {\J\gne parallèle.
Cercles parallèles les uns aux autres , Roh. Phif. :
Parallèles, On apelle ainli les cercles de la
Sphère qui fervent à diftinguer les latitudes ,
les zones & les climats , parce qu'ils font
parallèles à l'équateur , & qu'ils le font entr'eux.
Parallélépipède , /• m, [ Parallelepipedum. ]
Terme de Géométrie, Corps lolide enferme par
plufieurs faces parallèles les unes aux autres.
C'eft un priime terminé par ilx parallélogrammes,
dont les opofez font de deux en deux iémblables,
parallèles & égaux. O^an, Dici. Math, ( ParalLle
reâangle , ou oblique. )
Parallélisme , f. m. {^Parallelifmus. ] Terme
de Gèornètne & d'Optique, C'eft la fituation de
deux lignes ou furfaces parallèles. Il fe dit
particulièrement en terme d'Optique , où l'on
parle du parallélifme des rayons.
Parallélogramme, f.m. [P.irallelogramm^i.]
Terme de Géométrie. C'eft une figure plane ,
terminée par quatre lignes drones dont les
opdfées deux à deux font égales &: pnralléks.
( Parallélogramme reftangle ou oblique. Décrire
un parallélogramme. Port- Roy il, ELm. Je G^cO/n.)
Paralogisme, y. 7w. [ Paralogifmui, ] Mot
qui vient du Grec & qui veut dire , mauvais
ralibnnement. Sophifme. ( il n'eft pas inutile
de reprélenter les principales foiirces des mauvais
raifonnemens qu'on apelle lophifmes ou paralo-
gifmes, Port-Royal, Art de parler , 2- p- c, i8.
Il y a fept ou huit fortes de paralogiÇmes qui
méritent d'être remarquez. Les impies & les
Pirrhonicns font de grands faifeurs de para-
logijmes, )
f Parangon,/. OT. [ Comparatio. ] Vieux
mot qui ne fe dit plus dans l'ufage ordinaire
qu'en riant , Si qui veut dire comparaifon
parallèle. ( Mettre une perfonne en parangon
avec une autre.)
j- Parangon. [ Prototyptis. ] Vieux mot qui ne
peut entrer aujourd'hui que dans le comique ,
& qui veut dire , modèle achevé , fur lequel on
fe doit conformer. ( ■\ C'eft un parangon de
fagefl'e & de doftrine. Abl. Luc. tir. i. p. 40-)
«(;_5 M. Lancelot le dérive du mot Grec •• »f«>- 1 ,
mettre l'un contre l'antre.
Parangon. On apelle perle parangon , diamant
parangon , les perles & les diamans qui fe
diftinguent par leur groflcur , par leur beauté
& par leur prix.
Tome IJI.
PAR. 35
Parangon. [ Marmor airtuii. ] Efpéce de marbre
fort noir. Quelle forte de marbre eft-cc là ?
C'eft du parangon. )
Parangon. Terme d' Imprimeur. Caractère entre
la paladine & le gros texte.
•{• Pa R an GO N N E R , V. a. [ Confcrrt. ] Vieux
mot qui fignifie mettre en coniparailbn; comparer
deux choies pour en connoître l'uleniitè. Ceux
qui travaillent aux rentes Seigneuriales fe fervent
de ce terme , lorfqu'après avoir fait un nouveau
Terrier fur les anciens , on parangonne les uns
avec les autres , pour reconnoître s'il n'y a
rien de plus ou de moins dans le nouveau
Terrier.
\ Se parangonner , v. n. \_Sefe confirre,"] Ce
mot eft vieux. Dites , fe comparer.
Paranimphe , ( Paranymphe. ) [ Pronubus ,
Paranywphus. ] Ce mot eft originairement Grec.
Les Grecs itpelloient Paranimphes, ceux qui lelon
la coutume condiiifoient l'époufe dans la mailon
de ion mari ; ils donnoient le nom de Nymphes
aux époufées. Julius Poilus liv. j. ch. J. n. ,;ci.
dit que !on apeiloit a « A « les dons que l'époux
faifoit à fon èpoufe, t rvuifi, ^ & «to //ç-i,'/a,
l'habit que l'époufe viuti envoyoit à fon époux
T ï ■»(.. Les Romains, qui obfervoient la
même cérémonie dans la conduite de rèpoulèe,
apolloient pronubus le condudlcur , & prorv.iha ,
fi c'étoit une femme qui eut cet emploi. Feftus
a dit : pronnba adhibebantur nuptiis qux femel
nupfrunt cuufa aufpicii , ut fingulare pcrfeveret
nuitrimonium. Et IfiJore lib. 9. pronnba diîîa eo
quod nuhentihus prœljl , qttxque nubentem viro
conjnngit , ipfa ejl & paranympha. Cette conduite
fe faifoit avec des clrconftances finguHeres. Je
fupofe les cérémonies ufitées dans les (iançaiiles.
& les facrifices acomplis fuivant la coutume,
le jour ayant cédé la place à la nuit , on le
mettoit en état de conduire l'èpoufée chez Ion
m:iri , & l'on commer^çoir par mettre les hardcs
de I époufée dans un jianier d'ofier , que Feftus
apelle cumerum , & dont le porteur étoit fuivi
de plufieurs femmes , portant dans leurs mains
une quenouille avec le lin ou la fiiace , qu'elles
mettoicnt fur un fufeau ; les parens , les amis
& l'épovix marchoient enfuite , fuivis de trois
jeunes garçons , vêtus d'une robe blanche bordée
de pourpre, que l'on apeiloit patrini & matrini,
dont l'un portoit un flambeau allumé , & qui
étoit tait d'une branche d'épine blanche ; parce
que félon le témoignage de Varron & de Feftus,
cette efpéce de bois étoit heureufe & de boa
augure , & qu'elle chaiToit les enchanremens ,
que les Romains craignoieni extrê.mement. Si
nous en croyons Pline liv. 16. ch. 18 ■ on portoit
plufieurs flambeaux que les amis communs ta-
choient d'enlever , de crainte que les mariez
n'en filTent un ufage de mauvais augure , & qui
préfageoit la mort prochaine de l'un ou de
l'autre. Ce n'eft pas encore tout ce que l'on
faifoit dans l'entrée de l'ènoufe ; Pline & Virgile
nous aprcnnent que l'époufe étant arrivée à la
porte de la maifon , les parens & le mari même
jettoient des noix aux enfans qui accouroient
dans la rue.
Tihi ducïtur Uxor i
; . nuces.
Sp.irge , M.iritf , nuce.
dit Virgile dans fon Eclogue hnitiéme. Servius
a donne plufieurs raifons de cet ufage : les noix ,
dit-il , étoient de bon augure ; elles ètoient
E
34 PAR.
confacrccs à Jupiter , ce qui les rencloit refpec-
tablcs. Il ajoute que l'on jettoit des noix aux
petits enf'ans , afin que le bruit qu'ils feroient en
'^ les ramaffant , empêchât d'entendre les plaintes
de l'époufe , ou enfin pour marquer que le mari
abandonnoit les divertiflTemens des cnfans ,
qui faifoient plufieurs jeux avec des noix ,
pour ne s'apliquer qu'aux affaires férieufes &
domeftiques.
Paranimplie. Terme de Théologien. Les para-
nimphcs iont des aftes de la faculté de Théologie,
qu'on célèbre tous les deux ans à la fin de
chaque licence , quelques jours avant que les
Bacheliers reçoivent la béncdiûion duChancelier
de Nôtre-Dame. Autrefois c'étoit ce Chancelier
lui-même qui faifoit cette cérémonie ; il adrcfl'oit
la parole à chaque Bachelier en particulier , à
qui il donnoit des louanges , ou faifoit des
reproches , félon qu'il s'étoit conduit pendant
le cours de la licence. Depuis long-tems le
Chancelier s'eft déchargé de cette fonftion fur
des Bacheliers qui le repréfentent , & qui
reçoivent de lui une bénédiftion particulière
pour cela. On en choifit un dans chaque famille
dont la faculté eft compofée ; le jour marqué
ce Bachelier fait un difcours fur tel fujet qu'il
a voulu choifir ; il apoftrophe enfuite fes
Confrères en vers Latins ; chacun lui répond de
la même manière. Dans l'intervale du difcours
& des vers on diftribue des dragées aux Dofteurs
& aux perfonnes notables qui fe trouvent dans
l'Aflemblée. Quelques jours avant cette céré-
monie , les Bacheliers vont en corps inviter les
Cours Souveraines , & les Jurifdiftions du
Châtelet& de l'Hôtel de Ville. Un Religieux,
qui eft toujours le préfenté des Jacobins , parle
au nom de tous ; il prie les Magiftrats d'honorer
les paranlmphis de leur préfence , & il leur
nomm; les jours & les endroits ou ces aftes
doiv.'nt fe célébrer. Chaque Maifon fournit fes
paranimphis à part , mais en des jours différens ,
c'eft-à-dire , la Maifon de Sorbonne , celle de
Navarre , les Ubiquiftes & les Réguliers , &
cela remplit ordinairement toute la femaine de
la Sexagefime ; on met tous les paranimphes à
des jours différens , afin que les Dofteurs &
les Bacheliers puiffent y affilier à tous ; le lieu
où ils fe font eft très-illuminé , fort orné &
rempli d'une grande quantité de monde ; celui
qui fait les paranimphes a une robe d'écarlate
doublée d'hermine , un bonnet fur fa tête , &
il a le privilège de parler couvert , ayant une
efpéce de mortier à la main & étant affiis fur
un trône de cinq ou fix marches , les Bacheliers
au contraire répondent debout & découverts.
I.e Lundi gras fuivant , tous les Bacheliers
s'affemblent dans la Chapelle de l'Archevêché , ^
& M. le Chancelier de l'Univerfité y étant
arrivé les fait tous mettre A genoux, & au nom
du Pape , dont il fait la fonftion de Vicaire
en cette occafion , il leur donne la bénédiftion
Apoftolique , & leur confère le degré de
Licencié ; c'eft alors qu'ils en prennent la
qualité. Depuis le mois d'Odobre 1747. les
paranimphes font réduits à de fimples clil'cours.
La Faculté de Médecine a fuivi en cela l'exemple
de la faculté de Théologie.
On croit que les par.:nir!iphcs de Sorbonne
tirent leur origine de la cérémonie qu'on faifoit
autrefois à Athènes pour donner aux nouveaux
Philofophes le manteau philofophique , au fujet
duquel Tertullien a écrit fon traité de Pallio.
PAR.
Il falloit que le nouveau Philofophe , habillé
d'une manière extraordinaire , effuïât durant
trois jours entiers , les infultes & les railleries
du peuple , & même des honnêtes gens ; la
modération & la fermeté contre ces fortes de
railleries , étoicnt le prix auquel on mettoit le
manteau philofophique. S. Grégoire de Nazianze
a décrit dans fes poéfies cette cérémonie , qu'il
auroit été obligé d'effuier comme les autres
lorfqu'il fut à Athènes , malgré la confidération
qu'on y avoit pour Saint Bafile fon ami , qui
employa fon crédit pour le faire difpenfer de
cette épreuve. Le Mercure Galant du mois
d'Oclobre IJOÇ).
Paranomasie. Reffemblances que les mots
ont entr'eux. Elles font dans des langues qui
ont une même origine. Le Clerc.
Parapet, y^OT. [ Lorica , crepido. ] Terme
de Fortification. C'eft une élévation de terre
par-deffus le rampart pour couvrir le canon
& les hommes qui combattent. ( Les Moufque-
taires bordent le parapet, Pofter des fentinelles
fur le parapet. )
Parapet , f. m. Terme A^ Architecture. Petit
mur à hauteur d'apui, c'eft-à-dire, de trois ou
quatre pieds de haut , pour fervir de garde-fou
à un pont , à une terrafle.
Paraphe , f, m. [ Nota peculiaris fufcripto
nomini addita. ] Quelques-uns font ce mot
féminin., mais mal. Le bel ufage le fait mafculin.
Prononcez parafe. Paraphe veut dire la fignature
d'une perfonne , le feing d'un particulier. ( Un
beau paraphe. Mettez-là votre paraphe. Faire
fon paraphe. )
Parapher , v. a, [ Chirographum fubjicere. ]
Mettre fon paraphe au bas de quelque afte ou
autre écrit qui doit faire foi. ( Parapher un
contrat , une obligation , &c. Laiffez ici ce
manteau , il vous feroit connoître , je vais
le faire parapher , ne varietur. Arlequin Procureur y
Comédie. )
^^ Paraphernal. Terme de Jurifprudenct
Romaine. C'eft un bien apartenant à une femme,
& dont elle jouit indépendamment de fon mari;
ce mot eft Grec & fignifie , hors de la dot.
Quelques Auteurs ont cru que les biens para-
phernaux & ceux qui étoient outre la dot , &
hors de la dot , extra dotalia , étoient différens :
mais c'eft une pure fubtilité. Difons feulement
que la dot & le paraphernal différent en trois
chofes. i'^. Le mari eft maître de la dot mobi-
liaire & des fruits des immeubles : mais il n'a
rien dans le paraphernal , ni en propriété ni en
fruits. 2". Le paraphernal eft fans privilège,
& ne jouit point des avantages de la dot. 3*^.
Si le mari a joui du paraphernal , la femme
peut en tout tems en demander compte , &
elle ne peut demander fa dot qu'après la mort
de fon mari , ou en cas de féparation de biens.
Le paraphernal n'eft connu que dans la Cou-
tume d'Auvergne , chap. i^. art. i. Les anciens
Bavarois le connolfl'oient aufli , cap. ig.tit. 2,
& cet ufage eft refté dans toute l'Alemagne ,
félon le témoignage de Gail lib. i. Obj. capit.
133. Quelquefois il y a des femmes qui laiffent
leurs maris en poffefîion de leur paraphernal :
mais la jouiffance du mari ne lui donne aucun
droit dans la propriété , & c'eft fur ce principe
que Rofental a décidé que le mari ne commet
jamais par fa félonie le fief apartenant à fa
femme , comme paraphernal , dont elle peut
difpofer fans fon autorilation & contre fon
PAR.
gré , mais on demande fi la femme ayant fou-
fcrt ou conlenti que Ton mari perçut les fruits
du paraphcrnal , elle peut lui en demander
compte. La queftion eft fort agitée. Quant à
moi , je crois que fi les fruits du paraphernal
exiftent , comme les arrérages des rentes , la
femme peut les demander ; fi au contraire ils
ont été employez dans la commune famille ,
je penfe qu'il faut bien examiner les circonf-
lances ; s'il paroît en quelque manière que la
femme y a confenti , il eft fans répétition ; il
en eft de même fi le mari a eu befoin du revenu
du paraphernal pour foutenir la famille. Voïez
BrcconnUr , dans fis Qiiejlions de Droit.
Parathernaux , adj. m. plur. \^Paraplurna ,
quiz accidunc mtd'uri praur doum. ] Terme de
Jurifprudince. Biens paraphernaux. Ce font les
biens qui font échus à une femme depuis fon
mariage , par fuccelHon ou autrement , & que
le mari a reçus outre la dot.
P AK ATHIMOSIS , f. m. [ Paraphimojîs. ]
Terme de Mcdecine , Maladie du prépuce qui
arrive lorsqu'il eft retiré , & tellement enflé
ou ulcéré , qu'on ne peut le rabattre fur le gland.
Paraphrase,// [ Paraphrafis. ] Mot qui
vient du Grec , & qui veut dire interprétation ,
qui eft félon le fens , & non pas félon les
paroles. ( Monfieur Codeau a fait en vers
plufieurs belles pamphrafis fur les Pfeaumes de
David. Le Cardinal de Richel-eu trouva les
paraphrafes de Monfieur Godeau fi charmantes ,
qu'il lui Ht donner l'Evêché de Graffe.
Les paraphrafes d'Erafme fur le Nouveau
Teftament font fi belles , que je crois qu'elles
lui ont été divinement inipirées , dit (iiolomiez,
mélanges hijloriques , page gS- mais cet éloge
eft un peu outré.
Paraphrafi. Se dit dans le difcours familier
des interprétations malignes , que des gens mal
intentionés donnent des chofes qui font d'elles-
mêmes indifférentes.
Paraphraser, v. a. [Scriptorem paraphrajî
txplanare. ] Faire .quelque paraphrafe. Interpré-
ter félon les paroles. ( Parupkrafer un pafTage
de l'Ecriture. Paraphrajer un Pfeaume , &c. )
Paraphrafer , fignifie auifi amplifier, augmenter
dans le récif. ( Vous paraphrafix mon difcours ,
.vous ne le raportez pas fidèlement. )
Paraphrafer , fe dit auilî abfolument , pour
dire qu'il faut raporter les chofes fimplement
fans les augmenter. ( Il ne faut ■çds paraphrafir.
Ne paraphrafex point. )
Paraphraste , / m. [ Scriptoris explanator ,
txplicator. ] Mot qui vient du Grec , & qui
lignifie , celui qui fuit une pfiraphrafi ,• & méta-
fhrajle fignifie Traducteur , Interprète.
( Le Sie'jr Godeau le paraphrafle ,
Le bon Baudoin le meiap/irafte ,
Ont maintenu tous ces beaux mots.
Ménage , Requête des DiBionnaires, )
Paraphrenesie , // [ Paraphrenefîs. ]
Efpéce de phrénefie dont les Anciens artribuoient
la caufe à l'inflammation du ventricule , du
foye , & fur tout du diaphragme. On l'apelloit
auffi fauïïe phrénefie pour la diftinguer de la
véritable.
Paraplégie , / / Terme de Médecine.
Paraiyfie qui fuccéde à l'apoplexie. Il fe dit
auflî de la paraiyfie particulière d'une ou plu-
fieurs parties , & de la paralifie univerfelle.
Parapluye , ( Parapluie. ) / m. [ UtnbdU?^
Sorte de petit pavillon portatif, qu'on étend
Tome III.
PAR. 3î
au deffus de la tête pour fe garantir de la
pluie. ( Un parapluye de toile cirée. )
ParaprÈs , adv. [Pojrea.] Ce mot eft hors
d'ufage , en fa place on dit après.
Parasange,//[ Parafanga.] C'eft le nom
de la mefure des chemins parmi les Perfes. La
parajange contient communément trente ftades ,
ou environ quatre mille pas géométriques ; car
il y avoit des para/anges de vingt à foixante
ftades ; O^an. Dicl. Math. ( Il faut que ton fonge
ait duré long-tems pour avoir tant couru de
ftades & de parafanges. Abl. Luc. )
Paraselene. L'aparence d'une ou de plufieurs
lunes au tour de la véritable lune. VoieLparelie.
Parasinanchie , / / Terme de Médecine.
Efpéce d'efquinancie dans laquelle les mufcles
extérieurs de la gorge font enflammez.
Parasite, /ot. [ Parafitus , alicnœ menpz
ajfecla. ] Ce mot eft Grec , il fignifie , écornifleur.
Celui qui vit aux dépens d'autrui. Ce nom elt
odieux depuis long-tems , mais il étoit autrefois
très-honorable ; il a eu le même fort que celui
de Sophijle , & le mauvais ufage que l'on en a
fait , les a également décrédités. Ceux que les
Athéniens apelloient jrapariTd , les Pvomains les
nommoient Epulones , par raport à leurs fondions
qui étoient égales. Le fentiment intérieur que
tous les hommes ont eu d'une Divinité , à
laquelle ils étoient redevables des produirions
de la terre , introduifit l'offrande des premiers
fruits que l'on recueilloit , pour marquer leur
reconnoifiTance &c pour les recevoir & les
enfermer dans les Temples ; il faîut prépofer
des perlonnes oui auroient le foin de les confer-
ver , de les diftribuer au peuple & de s'en
fervir pour les feftins , que l'on préfentoit
quelquefois à certaines Divinitez. Les Grecs
apelloient ces prémices î'fù aîrai; , une fainte
pâture , parce quelles confiitoient principalement
en blé & en orge , & qu'elles fervoient a la
nourriture du peuple ; & celui qui étoit pré-
po'e pour en fiire la diftribution fut apellé
?r<»P«ff/ ■ 0? , parafite , de •rtapù &c tmO(. Aîhenée
liv. 6. 6c après lui Samuel Petit in legcs ^tticas,
ont remarqué que prefqiie tous les Dieux
avoient leurs purafltes , qui fe mêloient aufii
de faire des facrifices avec les anciens & les
femmes qui n'avoient eu qu'un mari. Enfin le
lieu Q^i l'on enfermoit les grains offerts aux
Dieux , étoit apellé ^a.ftfi-n!i«. A l'égard des
Romains , l'ufage étoit de même d'offrir les
premiers fruits Si de les porter dans les Temples,
pour être employez comme ils l'étoicnt dans
Athènes aux feftins préfentez aux Dieux , & à
la fubfiftance du peuple. La loi i8. du titre de
annuis Legatis , nous fournit un exemple : Un
Teftateur ordonna que celui qui feroit fon
héritier , donnât après fon décès au Prêtre ,
au Gardien du Temple & libertis , une certaine
quantité de grains , de ceux qui feroient dans
fes greniers ou magazins , & dans un certain
jour. Samuel Petit prétend qu'il faut entendre
par le mot libertis , les parafites , parce que
dans le tems auquel vivoit ce Jurilconfulte ,
les parafites étoient déjà fort décriez. On ne
donnoit cet emploi qu'aux Afranchis ou à ceux
qui étoient defcendus d'un efclave afranchi :
mais il eft dificile de découvrir quand & comment
ces parafites , dont les fondions entroieht dans
le culte du Paganifme , commencèrent à dégé-
nérer & à tomber dans le décri où ils ont été
depuis. Quelques-uns difent qu'ils s'introduifirent
Eij
3<î PAR.
chez les Princes & chez les riches , & s'en
oiivroient l'entrée par leurs flatcrics &C par
leurs compluiiances baffes & indignes d'un
ho;iime d'honneur. La pauvreté &C l'indigence
obligèrent bien des gens à rechercher par ce
moyen une ('ubllllance honnête, mais nécelldirc ;
&c c'eft par cette raiCon que les Grecs apcUerent
ces parafites des flateurs , des complaifans
aveuolcs , en im mot gens qui facrifioient leur
honneur &i leur probité à la faim dont ils
ctoient pcrfécute/.. Ils ne furent pas moins
lâches & infenfibles à l'honneur parmi les
Romains. La plupart les traitant avec tout le
mépris & toute l'mdignité qu'ils méritoient ,
ne fe contentoient pas de fe moquer d'eux ;
ils les maltraitoient & les faifoient maltraiter
par leurs valets , ainfi on les tratoit de ridicules
& d'impertinens , mais encore de plag.is pati ,
de gens batus &c foutletez. Gnathon dit dans
l'Eunuque de Terence : Ego infdix , ncquc riJi-
cr.lus ejfe , ncqite plagas pati pojfum.
Lucien veut pcrfuader que la vie du parajlte
eft la plus hci;reufe , puilque , dit-il , s'il efl
vrai que la félicité confiée dans une parfaite
tranquillité du corps & de refprit , le moïeti
qu'Epicurc foit heureux, tandis qu'il s'embarraffe
de la grandeur du Soleil & de la figure du
nJe qu'il veut favoir s'il efl infini , & de
• -1 n /•' - .':t .. _ J_. T-\; „..
mon:
quoi il eft compofé ; s'il y a des Dieux ou
non , & s'ils fe mêlent de ce qui fe paffe ici
bas : m.ais le parafite fans s'enquérir de ce qu'il
n'a que faire , ni fe mêler du gouvernement du
monde , & croiant que tout va bien & qu'il ne
fauroit mieux aller , boit , mange & fe réjouit,
goûtant en repos les délices de la vie , fans
être même troublé par des fonges défagréables
& effraians. Enfin pour aprendre les autres arts
& s'y rendre habile , il faut beaucoup travailler ,
mais on aprend fans peine l'art de parafite &
toujours en riant ; & il a cela de particulier ,
que ces autres métiers coûtent beaucoup de
dépenfe pour s'y rendre habile , le parafite
s'inflruit aux dépens d'autrui. A toutes ces raifons
que Lucien exagère avec foin , il joint des
exemples , qui femblent autorifer l'excellence
de l'art parafitique. Neflor , dit-il , n'étoit pas
moins courageux qu'éloquent ; il étoit pourtant
le parafite d'Agamemnon ; Patrocle étoit le
parafite d'Achile ; Merion l'étoit d'idomenée;
& Ariflogiton , d'Harmodius ; mais il n'eft ni
raifon ni exemple qui puiffent effacer la honte
de l'infâme métier de parafite.
Parasitiq.ue , f. f. { Purajîticits. ] On apelle
ainfi l'adrcffe de vivre fans qu'il en coûte rien.
L'art de vivre aux dépens d'autrui. ( J'ai montré
que la parafniquc étoit un art , & il refle à
montrer que c'ell le meilleur , AU. Luc.^ Ce mot
eft hors d'ufagc, quoique la chofe foit très-ufitée.
Parasol,/. 772. [ Umbclla portat'dis. ] Toile
cirée , coupée en rond & foutenue fur de petits
morceaux d'ofier , & fur une baguette tournée
au bout de laquelle il y a un petit bâton tourné
pour allonger le parafol , dont l'ufage eft de
le défendre du folcil & de la pluye, en le portant
au deffus de la tête. ( Un beau parafai. )
Parasonium , f. m. Terme de Midailiijle.
Sceptre arrondi par les deux bouts comme un
bâton de commandement , ou une efpéce de
courte cpée qu'on porte à la ceinture.
Parasc^uinancie , ou Parasynanchie , /I/i
Efpéce de fquinancie dans laquelle les mufcles
externes de la gorge font enfljimmez.
PAR.
Parastates. Terme ^Anatomlt. Petit
corps rond qui eft couché fur chaque tefticule.
■}■ P A R A T I T L A I R E , f. tii. [ P aTatitlaùus. ]
Dofteur qui enfeigne les paratitles. Celui qui
aprend les paratitles fous quelque Dodeur de
Droit ou fous quelque Agrégé.
Paratiti-ïs , f. m. Terme de Jurifconfulte.
C'eft une explication fuccinte des titres & des
matières qui contiennent les titres. ( Les para-
titles de Cujas fur le Code font eftiraez. )
P A R A T R E , f. m. [ Vitrkus. ] Ce mot s'eft dit
d'un beau-pere qui maltraite les enfans que {2t.
femme a eus du premier lit , dans le même fens
qu'on dit marâtre. Et il fe trouve dans pluficurs
Coutumes , mais il n'eft point d'ufage.
P A R A V E NT , f. m. [ Objccluculum quo vtntus
arcctur. ] C'eft r.n ouvrage de Mcnuiiier & de
Tapifficr. Il eft compofé d'un bois haut de fix
ou fept pieds , qu'on apelle chafiis , qu'on plie
par le moyen de quelques fiches , en quatre
ou cinq parties , dont chacune s'apelle feuille ,
que le Tapiffier couvre ordinairement de ferge
ou de drap , qu'il embellit de quelque galon de
foye , d'or ou d'argent , pour mettre dans une
chambre IHyvcr, afin d'empêcher le vent qui
vient de la porte. ( Un beau paravent. Un pa- '
ravcnt jaune , rouge , vert ou blanc. Monter un
paravent. On vend &L on acheté pour l'ordinaire
les paravens par feuille. On en fait aufti de toiles
peintes, de papiers marbrez ou ornez de figures
peintes , &c. )
■j" Paravanture, adv. [Cafu finuità, forfan-l
Mot hors d'ufage ; en fa place on dit peut-être.
f Pareieu. Sorte de ferment burlefque,
qui veut dire , par ma foi , en vérité.
( Parbieu , j'en tiens , c'eft tout de bon ,
Ma libre humeur en a dans l'aile.
S. Ainjud. )
fPARBLEU, [ Me kercle. ] Sorte de fermtn'f
burlefque , qui veut dire, en vérité. (^Parbleu y
je garantis la pièce déteftable. Molière, Critique
de r Ecole des femmes, )
■fPARBoiiiLHR, V. n. [ Leviter ebullire.']
Voïez boiiillir. Il fe dit des herbes que les Phar-
maciens font boiiillir quelque tems pour en tirer
le fuc , ou des liqueurs qu'ils veulent épaiflîr,
P AKC , f. m. [ f^ivarium. ] Parc fe dit , i ".
d'un grand bois clos de murailles , dépendant
d'une Maifon Royale , ou d'un Château , où l'on
garde les'bêtes fauves. z°. Du chantier d'un
Arcenal de Marine , où font les Magafins &
où fe conftruifent les jardins. Dans l'ufage on
apelle encore parc , le jardin dépendant d'un
Château de particulier , quand ce jardin a ime
certaine étendue.
Parc. [ Ovium feptum. ] Terme de Bercer. Lien
où parquent les moutons. ( Les moutons font
dans le parc. )
Parc. [ Plags. ttretes. ] Terme de Chaffe. C'eft
où l'on fait le courre pour faire venir les bêtes
noires quand on les a enfermées dans les toiles.
Parc. [ RetiafemiorHcu/ata.] Terme de Pécheur.-
Il fe dit des pêcheries conftruites fur le bord
de la mer , & de certains grands filets qu'oa
y tend , pour y retenir les poiffons que la marée
y a aportcz.
Parc. [ Scptum. ] Terme de Mer. C'eft un
efpace qu'on renferme de planches entre deux
ponts pour y mettre les beftiaux que les Oficiers
embarquent pour leur provifion.
On apelle auffi Parc [ Septum annonœ é*
PAR.
conjlruuîoms mjritimi?] un lieu dans un nrfenal
rie marine , où l'on renferme les magal^ns géné-
raux & particuliers , & oii l'on conftruit les
vaiffeaux du Roii O-^an. Dïcl. Math,
Parc de V AriilUrie. [ Scptum pulveris igniarii. ]
Terme de Gucrri. C'elt dans un camp un lieu
hors de la portée du canon d'une place affiégce,
qui eft fortifié Sc.oîi l'on met les poudres &
les feux d'artifice. ( Le parc de ranilUrie eit
gardé par des piquiers. ) 11 y a aiifîi le parc
dis vïvns , qui efî le lieu du camp où font les
Vivandiers & les Marchands qui étalent les
chofes dont le foldat a belbin. Les parcs des
vivres font à la queue de chaque Réi^iment.
On dit qu'une choie a été faite ôc adjugée
au Parc Civil du Châtelet de Paris , pour dire
à l'ordinaire , à l'ilfui; de l'Audience , en cette
place qu'on apelle ailleurs ie Parquet.
Parcflle, f.f. \^P articula.'] Petite partie de
quelque tout. ( Divil'er ime chofe en pluiici;rs
parcelles. Patni , plaid iz.)
Parce qju l. [ Q/c/a , quoniam , quhd.'\
Conjonction qui lignifie à catij'e que , &C qui régit
Vindicatif. ( Ils croient chargez de fers , parce
qu'ils étoieni rebelles à la parole de Dieu ,
Port-Royal , Pj'ir.untis. )
\ Par ce que. Ce mot fe fép?.re par quelques-
uns , & fait trois mots , & fignifîe par les chojes.
Mais en ce fens & lorfqu'il efl ainfi (éparé ,
il ne vaut rien , Vaug. Remarq.
•}• Parchasser ,->'.«.[ Vinatlonem perfcere. ]
Quelques-uns l'ont dit pour fis^nifier , finir &
terminer la chafle par la prlfe de la bête qu'on
a chaffée. Il n'eft point d'ufage.
Parchemin,/! m. [ Membrana. ] Peau de
mouton raturée qui fert à écrire , à faire des
évar.tails ou à couvrir des livres. ( Parchemin
bien ou mal raturé. Parchemin en cojfe , c'eft
la peau de parchemin qui vient de chez le
Meoifîîer , & qui n'eft pas raturée. {^Parchemin
timbré.
Il ne peut rien offrir aux yeux de l'univers
Que de vieux parchemins qu'ont épargné les vers.
Dcfpréaiix. )
Parchemin vierge. C'eft la peau préparée des
petits chevreaux ou agneaux morts nés.
Allonger h parchemin. C'eft dans le ftile
populaire , multiplier les écritures fans néceffité,
& fouvent par efprit de chicane ou d'intérêt.
( Les Procureurs aiment à allonger le parchemin.')
On le dit encore de ceux qui différent long-
tems , fous divers prétextes , à faire ce qu'ils
ont promis ou ce qu'ils doivent faire : & de
même des difcours qu'on auroit pu abréger.
Parcheminer lE , f. f. \_Pergamenaria offlcina.']
Il fignifie l'art de faire le parchemin , & le lieu
oii l'on f;iit & où l'on vend le parchemin. ( 11
y a à Paris une rue de la Parchemineric. )
Parcheminier , y. ;n. [ Membranarum opifex.'\
Ouvrier Marchand qui acheté des Mégiffiers
des peaux de mouton qui font paflees en mé?,ic
& qui enfuite les étendant iiir la herfe & les
arrêtant avec le clan , les rature avec des fers
à raturer pour en faire du parchemin , dont 11
vend une partie en gros & en détail , & l'autre
il la porte au Bureau des Aides pour être
timbrée , &c être après diftribuée aux Grefïïers ,
Notaires & autres.
Parcloses,/!/. [ AffiiLx; mobiles. ] Terme
de Mer. Ce font des planches poices fur les
Vitonnlcres , & qu'on levé & bailfe quand
PAR. 37
on veut voir s'il n'y a rien qui empêche le
cours de l'eau vers les Archipompes , O^an,
Dicl. Marit.
Parcourir, V. rt. [ Peragrare , percurrere-l
Aller depuis un bout julqu'à l'autre. Vifiter
d'un bout à l'autre. Aller en divers endroits
d'un pais. ( Il a parcouru toute l'Alemagne. Le
Soleil paroit parcourir l'Ecliptique , d'Occident
en Orient. Roh. Phyf. )
Parcourir. [ Lihrum pervolvere. ] Ce mot en
parlant de livres , veut dire lire promptement
& (ans faire beaucoup de réflexions. ( 11 y ea
a qui croyent être fçavans pour avoir parcouru
les livres , & ces gens-là font tous feuls de
leur fentiment. )
* Parcourir quelqu'un des yeux. [ PerluJIrare
oculis. ] C'eft regarder quelqu'un avec attention
depuis les pieds jufqu'à la tête. ( Il la parcouru
des yeux (ans l'avoir pu reconnoître. )
^^ Parcours. Vieux mot que l'on
trouve dans quelques Coutumes , & qui fignifie
fociété , union entre certaines Villes ou certains
Villages. >» Le parcours eft , félon Ragueau ,
» une ancienne fociété entre les Villes & les
» pais de divers Seigneurs , pour la commodité
» du commerce. » Chopin dans fon Traité dij
Domaine , //v. t. tit. ii. 2. fait mention d'uns
ancienne traniaftlon faite entre l'Abe de Mouflon
& le Duc de Rcihel, par laquelle les fujets fiu-ent
alll z & afTocicz les uns avec les autres, & le
parcours des hommes d'une Seigneurie à l'autre.
Par-delà. \_Supra.~\ Au-delà.
( Ses égards vont pour lui par-dcL: le refpei£l.
Bourf. Efop, )
Parderrierf , adv. [ Pone , retrorfum. ] Par
la partie de derrière. (Il l'a pris en trahifon,
il l'a pris par derrière. Elle eft boîTuë par der-
rière , c'eft peu de chofe que cela , pulfqu'elle
eft belle au coffre. )
Par-dessous, adv. [ Suh , fuhter. ] Qui
lignifie fous. ( (^ela eft par-delfous. )
Par~dc'Jous. [ Infra. ] Ce mot eft prépojltion
quand il a un régime. (PafTer par-dejj'ous la |ambe.)
Par-dessus,/! w. Ce qu'on donne par
gratification au-delà du prix dont on eft convenu.
Par - de[fus. [ Altiks. ] Ce mot eft adverbe
lorfqu'il eft mis fans régime. ( L'eau coule
par-dejjus. )
Par-deffus. [ Supra. ] Prépojltion qui régit
Vaccufatif. (Avoir de l'eau par-de!Jus la tête. )
Par devant, adv. [ Antrorfum. ] Cq mot
dans le ftile ordinaire efl un adverbe , <k fir.nifie
par la partie de devant. ( 11 eft boffu par devant
& par derrière. Il avoit déjà reçu neuf bleffures
par devant & par derrière , Faug. Quint. Cart.
Par devant. \ Ante , coram. ] Ce mot en terme
de Pratique eft une. prépojltion qui régit ^ accafatify
& qui fignifîe en préfence ; mais en ce fèns il
eft vieux , & les Avocats difent , un Contrat
pafTé devant Notaires , & jamais pardevant
Notaires.
Par-dfvers. [ Pênes. ] Prépofition qui régit
Vaccufatif, mais qui ne fe dit guéres. (lia retenu
par-devers lui la moitié de cet argent. )
Pardon, f m. [ Venia , remijfio. ] Sorte de
remiffion & de grâce qu'on fait à une perfonne
qui nous a offenfé. ( Demander pardon de quel-
que faute. Obtenir le pardon. )
Pardon. [ Ignofcere. ] il fe dit quelquefois par
fimple civilité. ( Je vous demande pardon i\ jç
ne fuis pas de votre avis. )
3 8 PAR.
Pardon. [ Saliitatlo pnblica, Angclua. ] Ce font
trois ou quatre coups de battant de la cloche
fur le bord de la cloche pour avertir les Catho-
liques de dire quelques Paur & quelques Ave
Maria , OU autres courtes prières , afin d'obtenir
de Dieu miféricorde & remiflîon de leurs péchez,
& que Dieu leur falTe la grâce de les affifter
le rcfte du jour. ( On fonne ordinairement les
pardons dans les Paroiffes trois lois le jour , le
matin , à midi & à fept heures du foir. )
Pardons. [^Indulgeniix.'] Remiflîon que le Pape
acorde de certains péchez. ( Gagner les pardons.
Les Papes donnent des pardons. )
Paruonnable , adj. [ Fenlâ dignus ,
ignojcibilis. ] Ce mot ne fe dit que des chofes ,
Ô£ fignifie , qui mérite pardon. ( Crime qui n'eft
point pardonnahk. AU. Faute qui n'efl point
pardonnable , Faug, Kern. )
Pardonner, V. <j. [ Culpam condonare ,
Ignofcere. ] Donner pardon. Faire grâce. N'avoir
nul reflentiment d'aigreur contre une perfonne.
Je pardonne. Je pardonnai. J'ai pardonné. Je
pardonnerai , & non pas je pardonrai , Vaug.
Rem. ( En l'état où je fuis, je \\.\\ào\i pardonner,
mais je ne la dois point croire. Il eft généreux
de pardonner à fes ennemis. )
La clémence ctoit la vertu de Henri I V.
enforte qu'on peut douter s'il a foumis le
Royaume à force de combattre ou à force de
pardonner. Aléserai.
Pardonner. [ Excufatum habere. ] Il fe dit
quelquefois par civilité. ( Pardonnez-moi fi je
n'accepte pas l'offre avantageufe que vous me
faites. )
Pardonner , fe dit quelquefois pour excepter,
épargner , & dans ce fens on ne l'emploie guère
qu'après la particule négative ne. ( La mort
ne pardonne à perfonne. Le foldat dans fa fureur
ne pardonne ni aux femmes ni aux enfans. )
Pare'atis ,/ m. [ Pareatis. ] Terme Ai Palais.
C'eft un pouvoir de mètre un ou plufieurs aâes
à exécution dans un territoire dépendant d'un
autre Juge que de celui qui l'a rendu. ( Prendre
im pareatis , Patru. )
Pareau , f. m, \_Navicula Indica.'\ Grande
barque des Indes , qui a le devant fait comme
le derrière , où l'on met indifféremment le
gouvernail , quand on veut changer de bord ,
Olp-n. Dicl. Math.
Pareaii. Les pêcheurs apellent ainfi les cailloux
qu'ils atachent de diftance en diftance le long
de la coulure d'en bas du filet qu'ils apellent
une feine , pour l'arrêter.
^' Pare'e, qui apartient , dit Ragueau ,
aux Seigneurs voifins fur leurs fujets & hommes
de fief, pour les fuivre en la terre & la Sei-
gneurie l'un de l'autre , fans qu'ils fe puifient
prétendre être affranchis pour être fortis de la
terre de leur Seigneur.
P a R e'g o R I Q.U E , adj. &■ fubjî. On apelle
parégoriques les remèdes qui calment , qui adou-
ciffent , qui apaifent les douleurs. Ce font des
efpéces d'anodins.
Pareil, Pareille, adj. [jEqualls , parllis.']
Semblable. ( Bouche qui n'eut jamais {z pareille
en divins attraits. Foit.
Tu te trouverols mal d'un pareil ftratagême ,
Je vois de loin , j'atteins de même.
La Font. )
^ Pareil eft quelquefois fubftantif. Le Ch.
de Cailly fur le portrait de la Reinç.
PAR.
Ce portrait d'une merveille,
Plus belle que le foleil ,
Nous dit , je fuis le pareil
D'une beauté lans pareille.
On dit fort bien : cet homme n'a pas fon
pareil. Il trouvera fon pareil. Il mcprife fes
pareils.
Malherbe , Stances pour Alcandre :
En rares qualitez à nulle autre pareilles.
^^ Aujourd'hui ces mots à nulle aulle pareille^
à nulle autre féconde , font ufez & paflTent pour
chevilles. Ménage , pape 2.ç)j. J'ur Malherbe.
Pareille t f- /• [ ^«"^ referre. ] La même chofe.
( Rendre la pareille. )
A la pareille , adv. ( Je vous remercie , à /a
pareille. C'eft-à-dire, je vous rendrai la même
chofe. Adieu , à la pareille. C'eft-à-dire , adieu,
attendez- vous que je vous traiterai comme
vous m'avez traité.
11 lui fallut à jeun retourner au logis ,
Serrant la queue , & portant bas l'oreille :
Trompeurs , c'eft pour vous que j'écris ,
Attendez - vous à la pareille.
La Fontaine. )
Pareillement, adv. [ Si militer. ] Sembla-
blement. ( Cela eft pareillement vrai. )
Parein. Voiez Parrein.
P A R e'l I E , / / [ Parelium. ] Terme de
Phyfîque. C'eft un mot qui vient du Grec , &
qui veut dire , Taparence d'un ou de plufieurs
foleils au tour du véritable Soleil , dans l'inter-
feftion de certains cercles , dont les uns font
concentriques au véritable Soleil , & les autres
au Zenith ; & s'il arrive la même chofe autour
de la Lune , on le nomme parafélcne,
Parelle,/. / [ Lapathum. ] On apelle
ainfi en divers lieux l'ozeille des jardins.
P A R E M E N T , / TO. Ce mot généralement
pris , fignifie un ornement dont on embellit &
dont on réhauffe la beauté d'une chofe. ( Un
beau & magnifique parement. )
Parement , f. m. [ Ornamentum. ] Ce mot en
parlant A' habit, fignifie un ornement pour parer
le reverfis de la manche du pourpoint : C'eft,
par exemple, un morceau de taffetas uni , ou
piqué , un morceau de tabis , ou d'autre étoffe
à peu près de cette nature. ( Mettre des
paremens aux manches. )
Parement de manteau de femme. [ Affutum veflis
muiubris ornamentum. ] C'eft un tiffu de foye
qui eft de côté & d'autre fur le devant du
manteau , & qui prend depuis le haut du
manteau jufqu'au bas. ( Un joli , un beau
parement. )
Parement d'autel. [ Vefliaria. altaris ornamenta. ]
C'eft un ornement d'étoffe de foye qui eft
enrichi de broderie & frange de foye , d'or
ou d'argent , qu'on met pour parer le devant de
quelque autel. ( Un riche parement d'autel.
Parement de muraille. [ Lapidis faciès e.vteriùs
obverfa. ] Terme de Maçon. Ce font des pierres
qui s'élèvent également droites les unes fur les
autres & qu'on apelle dreflTces à la régie.
Perraut Fitruve liv. 2. ( Parement b;1ti de pierre
de faille. Pierre qui fait parement. ) En termes
A' Architecture c'eft le côté aparent d'une pierre
taillée , la face polie qui paroît au dehors ,
tandis que l'autre extrémité eft brute & ne
paroît point, Lorfqu'un mur eft tout conftruit
PAR.
de pierres pareilles qui le traverfent & qui
ont deux paremens opofez , on dit que ce mur
fait parpaing.
Parement. Se dit dans les forets entre les
bûcherons , de gros bâtons qu'ils mettent pour
parer les fagots au-defl'us de l'ame , & de la
bourrée.
Parement. [ Pavimentorum difpofîtio. ] Terme
de Paveur. C'eft l'arrangement uniforme des
pavez. ( Un beau parement de pavez. )
Parement. [ Carniuni aparatus. ] Terme de
Rotiffeur. Ce mot fe dit en parlant d'agneau.
C'elt la graiffe qui eft autour de la pance d'un
agneau & qu'on étend proprement fur les
quartiers de derrière pour leur donner plus de
grâce. ( 11 faut mettre le parement à cet agneau.
Ce parement n'eft pas bien.")
Parement. \^Accipitris pectoraUs mûadœ.'\ Terme
de Fauconnerie. 11 fe dit des mailles & de la
diverfité des couleurs. En terme de vénerie, on
apelle p.irement du cerf , une chair rouge qui
vient par-dcffus la vénaifon du cerf des deux
côtés du corps.
Parenchyme , f. m. Terme à^Anatomie.
Qui fe dit de la propre fubftance de piufieurs
parties du corps des animaux , comme du cœur ,
des poumons, du foye , de la rate , des reins.
Parent, y; OT. [ Parens , cognatus , propin-
quus. ] Perfonne qui nous eft unie par le fang.
( Nos parens ne font pas toujours nos meilleurs
amis. C'eft fon proche parent. A fes cotez
marchoient environ deux cens de fes plus
proches parens. Faug. Quint, l. J. c. J.)
Sans ceffe vous brûlez de voir tous vos pjrens
Engloutit à la Cour Charges, Digiii:ez, Rangs.
Dijpreuux. )
Parens. \_ Parentes, "l Ce mo* fignifîe quelque-
fois le père , la mère , inais quirlques-iins ne
trouvent pa^s ce mot élégant dans cette fignifi-
cation. hiovvelles remarques de la Langue Frant^oife.
( Dieu a choifi quelques animaux où il a voulu
tracer les images de l'amour & de la piété que
les enfans doivent à leurs parens. La Chambre.
Dieu lui donna des parens vraiment Chrétiens.
Fléckier. )
^^ Ce mot , dit le Père Eouhours , n'eft
pas noble pour dire ceux de qui nous avons
reçu la vie ; il ne fignifîe élégamment que les
perfonnes qui nous (ont unies par le fang , &
il ne les fignifie qu'en général , fans marquer
€n particulier le père & la mère. ( La plupart
des procez font entre des proches parens:
A-t-on vu quelquefois, dans les plaines d'Afrique,
Déchirant à l'envi leur propre République ,
Lion'! contre Lions , parens contre parens ,
Combaitre follement pour le choix des tyrans.
Defprèaux , Sut. g. )
Parens pour Père & Mère , eft employé
néanmoins par de bons Auteurs ; & M. de la
Chambre s'en eft fervi tross fois dans l'article
IV. de l'amitié des animaux. L'Auteur de la
vie d'un grand Archevêque fe fcrt aufïï de ce
mot dans la même fignification : Dieu lui donna
des parens vraiment Chrétiens. Quelque puiffantes
que foient ces autoritez , continue-t-il , je ne
crois pas qu'il faille trop y déférer ; les bons
Ecrivains font en matière de langage , ce que
font les bons Capitaines en matière de guerre ;
les uns & les autres fe méprennent quelque-
fois , tk quoiqu'on doive toujours les eftimer ,
PAR. 3 9
on ne doit pas les imiter en toutes chofes. Il
eft vrai : mais en matière de langage , il ne fuffit
pas de dire que les bons Auteurs fe font
mépris , il faut le prouver par un ufage qui
doit prévaloir , & le Père liouhours fe contente
de fon propre crédit pour établir fa décifion.
iÇj^ Dans la prévention qui regnoit parmi
les Payens au fujet des mânes & des el'priis
qui inquiétoient les vivans , particulièrement
pendant la nuit , que l'on apelloit Lémures , on
inventa des facrifices , afin que chacun pût
apaifer la malignité de ces efprits , & ces facri-
fices furent nommez parentalia. Ovide en fait
une affez ample defcription dans le cinquième
livre de fes Faftes , oii l'on voit que pendant
le mois de Mai , celui qui vouloit facrifier fe
levoit à minuit , comme effrayé par les Dieux
infernaux , & ayant les pieds nuds il mettoit
fon pouce au milieu de fes doigts joints enfemble,
afin d'éloigner par ce moyen les ombres qui
voudroient l'ataquer ; il lavoit enfuite les
mains avec de l'eau fimple , il fe tournoit d'un
autre cô'é , & mettant des fèves noires dans
fa bouche , il les prenoit & les jettoit derrière
lui en proférant ces paroles , par ces fèves que je
jette , je me délivre mni-méme , & je délivre mes
parens. Il repèrolt enfuite neuf fois ces mêmes
paroles fans regar 1er derrière lui , étant per-
iuadé que l'ombre les ramaffoit , il levoit encore
une fois fes mains , & après avoir frapé fur un
tambour d'airain , conjuroit l'ombre de fortir
de (a mailon en s'écriant par nei.f fois , âmes
de mes Ancêtres fo'ter^ d'ici. Regardant enfuite
autour de lui , il fe perfuadoit lui-même qu'il
avoit acompli une fi grande cérémonie dans
toutes les formes convenables. Le Poëie de
mande enfuite quelle eft l'origine de cetts
coîirume, & il l'atribue à Romulus qui inventa
ces fortes de facrifices nofturnes , pour apaifer
les Mânes de fon frère Remus. Nous aprenons
de Fejtus qu'il n'etoit point permis aux Grands
Prêtres de Jupiter ni de toucher les fèves-, ni
de les nommer parce qu'on croyoit qu'elles
étoient confacrées aux Morts , & que l'on
s'en fervoit dans les facrifices que l'on faifolt
à leur honneur. Voyez Lémures,
Parentage , f. m. [ Familia , genus. ]
Parenté.
Confine du Pape & du Roi ,
Cherche un autre mari que moi
Avecque ton haut parentage.
Muinard , poej. )
^^ Le terme parenté a fait beaucoup de tort
à parentage , qui étoit fort en ufage du tems de
Malherbe ; il dit dans fon Ode au Duc de
Bellegarde :
Si montrer dans fon parentage
Une longue fuite d'Aveux
Que la gloire a mis dans les Cieux.
Et dans le balet de la Reine:
L'Orient qui de leurs ayeux
Sait les titres amblcieux.
Donne à leur fang un avantage
Qu'on ne leur peut taire quitter.
Sans être iflu de parentage
Ou de vous ou de Jupiter.
ê;3° Ménage a fait ici cette note : Ce mot
quoique vieux , ne laifle pas d'être beau , &i
il eft bien plus^J oëiique que celui de parenté ,
40 PAR.
mais la beauté ne fe trouve 'guère avec la
viciileffe. Chevreau a fait i'ur ces mcmcs vers
deux obfervarions plus importantes ; l'une eft
fur le parentage de vous , qui eft infuportabic,
& l'autre , que quitter & Jupiter ne riment pas.
Voiez Adoptions.
Parente y /• /• \_ Confanguinitas , affînitas. ]
Race. Famille. Proximité & alliance que le fang
a établie entre de certaines perfonnes. (11 eft
d'une grande parenté. Sa parenté eft affez confi-
dérable. Sa parenté lui donne du crédit par
tout. )
Parente ,f.f. [Propinqua , affinitate conjuncla.'\
Celle qui nous eft jointe par le fang. (Elle eft
mon amie & ma parente. )
Parentelle,/. / Qualité de parent. ( Ce
Juge a été recufé à caufe de la parentelle. )
P A R E K T F s E , f.f. [ Parenthcjls , interclufo. ]
Terme de Grammaire. Ce font des mots qu'on
infère dans quelque période , & qui font un fens
à part. ( Les longues parentéfes obfcurciffent le
difcours. Notre langue eft ennemie des paientcfes.
Les parentéfes dans les vers doivent être courtes,
& même elles doivent être ingcnicufes , ou
autrement elles font infuportables. Le plus fur
dans notre langue , c'eft de ne point faire de
parentéfe. )
Parentéje , fe dit auiTi des marques dont on
fe fert dans l'Ecriture ou dans l'Imprimerie ,
pour enfermer les paroles d'uneparentéji. (Mettez
ceci entre deux parevtcfes. )
Parer, v. a. [ Exornart , decorarc,'\ Orner.
Ajufter. ( Si on fe pare feulement pour fatisfaire
Tmclination naturelle qu'on a à la vanité , ou
ce n'eft qu'un péché véniel , ou ce n'eft point
péché du tout. Pafc. l. z.
Si la beauté des femmes ne faifoit pas naître
l'amour dans le cœur des hommes , queferoient-
elles de tout le temps qu'elles emploient à (q parer?
Mademoifelle de Scudery. Prelque tous ceux qui
décla. Tient contre les femmes qui fe parent,
iroient les prier de reprendre leurs ajuflemens,
fi elles cefl'oient de s'en fervir. S. Evr.
Parer. [ Vit ire , avertere. ] Terme de Maître
d'armes. C'eft éviter. Empêcher avec adrefl"e ,
ou de quelque façon que ce foit , que le coup
qu'on nous porte rit nous attrape. ( Parer le
coup. Parer de la main. En parant il ne faut
pas éloigner l'épcc de devant foi. Parer de la
pointe de l'épée , parer du foible ou du fort de
l'épée. Liancourt, Maître d'armes , ch. 6. il. i6.
& ly. Il fe dit encore plus généralement , pour
dire. Eviter quelque coup. Et même au figuré ,
pour dire détourner quelque malheur.
* J'ai fort bien fait de parer la déclaration
d'un defir que je ne fuis pas réfolu de contenter ,
Molière , Amour Médecin , acf. i . Je. i .
Parer. [ Prcetervehere. ] Terme de Aler. Il fe dit
en parlant de cap , & fignifie , doubler le cap &
aller au-delà. ( Nous fumes long-temps à parer
le cap. )
Parer. [ Imum equi cornu refecare. ] Terme de
Maréchal. C'eft couper la corne & la foie du
pié d'un cheval avec le boutoir quand on veut
ferrer un cheval. ( Parer le pié d'un cheval. Pié
bien , ou mal paré. )
Parer. \Pellem exilem facere.^ Terme de Relieur.
C'eft ôter avec le couteau à parer, les cxtrémitcz,
&C quelquefois le dos d'un morceau de peau dont
on veut couvrir un livre. (Parer une couverture.
Couverture bien parée. )
Les Corroïcurs & les Parchemijiiers difent ,
PAR.
au même fens. Parer une peau. Parer le parchemin.
Cuir paré. Vache parée.
Parer. Terme de Rôtiffcur. C'eft lever la graiffe
qui eft fur la pance d'un agneau , & l'étendre
fur les quartiers de l'agneau. ( Parer un agneau.)
Se parer , v. r. [Exornare.] S'ajufter. (Les
femmes aiment à fe parer. )
Séparer des penfées d' autrui. \_Sibi aliorum cogitatx
tanquam fua arrogare. ]
I! eft affez de gens à deux pies comme lui
Qui fe parent fouvent des dépouilles d'autrui.
Et que l'on nomme Plagiaires.
La Font. )
Se parer , fe défendre , fe mettre à couvert de
quelque chofe contre quelque chofe. (Se/7ar<:r
de la pluie. Se parer des incommoditez de la
faifon. )
Pare', (P a r e'e. ) adj. [ Camp tus. ] Orné ,
ajufté. (Elle eft bien parée aujourd'hui. )
^" Benferade a eu raifon de dire
Quelque pari qu'on foit , on befoin d'avoir
Un iiirtout de jeunefle , & voulez-vous le voir.'
C'eft qu'il eft important quelquefois de bien taire
Son a£le bapiiftaire. )
f Parce , adj. f. Terme de Palais. On dit
qu'une pièce porte une exécution parée , c'eft-à-
dire , qu'on peut contraindre en vertu de cette
pièce , fans une ordonnance du Juge.
Pièce de bœuf parée. [ Bovinum fruflum prapa~
ratum. ] Terme de Boucher. C'eft la pièce qui fe
levé à tête de furlonge.
P a R e'r e. Terme de Commerce , qui vient de
l'Italien. Il fignifie l'avis ou confeil d'un Négo-
ciant. ( Le livre des parères de Savary contient
la réfolution des queftions les plus difficiles du
commerce.
Pare'se/. / C'eft la même chofe (\\ieparalyfîe.
Paresse, y]/l [ Pigritia , inertia , fegnities. ]
Nonchalance. Négligence. Lenteur blâmable,
( Satisfaire ù fa parefl"e. La pareffe toute languif-
fante qu'elle eft ne Iaifl"e pas d'être fouvent la
maîtreffe des autres paffions. Elle ufurpe fur tous
les defl"eins & les aflions de la vie. Mémoires de
M. le Duc de la Rochefoucaut. Un Auteur Italien
a bâti un temple à la Déefl'e Pareffe. ( Vous
connoiffez fa pareffe naturelle à foûtenir la
converfation. Molière.^
Paresseux, y! OT. [ Piger , defes , iners. 3
Négligent. Nonchalant. ( Il n'y en a point qui
preffent tant les autres que les parefleux.ikf<;/no//-M
de M. le Duc de la Rochefoucaut.
Parejjeux , pareffcufe , adj. [ Ignavus , fegnis.^
Nonchalant. Négligent. Qui eft fujet à la pareffe.
Qui aime la pareffe. (^Vous êtes pare feuf eh. ua
point qui ne fe peut fouffrir. Voit. Utt. ij.
Notre Mufe (oxyvint parejfeufe & ftérile
A befoin , pour marcher , de colère & de bile.
Defpreaitx. J
Paresseuse, /I/ Sorte de coifure de
femme qui s'aplique fur la tête comme une
perruque par le moien de laquelle une femme
pareffcufe , qui fe levé tard , eft coifée dans un
moment.
* Ventre parcffeux. Les lavemens rendent la
nature parejfeufe. La Chambre.
F a R E u R e. Voiez Pan'tre.
■J" P A R F a I R E , V. a. [ Perficere , ahfolvere. ]
Ce mot fignifie , achever. Mettre en fa perfeâion,
mais
PAR.
mais il n'eft pas fort en ufage , parce qu'il a vieilli.
Faites-vous toute belle , & tâchez de parfaire
L'ouvrage que les Dieux ont fi tort avancé.
yoit. po'éf. )
Parfaire unefommc. C'eft, en termes àc finance,
ajouter à une fomme ce qui y manquoit.
Parfaire un livre. C'eft en termes de Libraire ,
ajouter à un livre les fciiilles qui y manquent.
Faire & parfaire le procès à quelquurt. [Damna-
tionem explere. ] Terme de Palais. C'eft inftruire
le procès jufqu'à fentcnce définitive. Son procès
fera fait & parfait.
Parfait, (Parfaite.) adj. \Perfecliis ,
completus.] Qui a de la perfeûion. Accompli.
Achevé & fini dans toute fa perfeftion. (Entre
les vivantes images de la Divinité , c'eft la
première , c'eft la mieux reffemblante & la plus
parfaite, Benf. Compliment à M. de Mefrnes. 11 eft
impoffible de rien faire de parfait, ylbl. )
il faut bien des talens pour être parfait
Prédicateur. Nous n'en avons eu aucun à qui
on ne pût reprocher bien des défauts.
Il faut , pour en tracer le parfait caraftére,
Que la grâce clans lui fe joigne à l'art de plaire.
Vdliers. )
Nombre parfait. En termes i^Aritmaique. C'eft
im nombre qui dans toutes les parties aliquotes
ajoutées enfemble font ce même nombre. Ainfi
1 , 2 & 3 , parties aliquotes de 6 font enfemble
<j Et de même i, i, 4, 7 & 14 parties aliquotes
du nombre z8 , font enfemble 28. On trouvera
la même chofe au nombre 498 , &c.
Un accord parfait , en termes de Mujique , c'eft
la tierce , la quinte & l'odave.
Prétérit parfait , en terme de Grammaire. C'eft
le tems paffé ôi défini , comme Je parlai & j'ai
parlé. Le prétérit plus que parfait , comme f'avois
parlé.
Parfaitement, adv. [Perfecli, ad unguemi]
D'une manière parfaite. ( Il faut aimer Dieu
parfaitement. Il joue parfaitement du luth. )
§3" Malherbe a dit dans le poème des larmes
de faint Pierre ,
Mais toi, que plus que tous, ']3\md\ parfaitement.)
Ménage a fort bien obfervé qu'une chofe
parfaite eft une chofe' acomplie , & à laquelle il
re manque rien ; & ainfi à la rigueur des termes,
ce mot de parfaitement , ne peut être mis avec
un comparatif, comme l'a ici emploie Malherbe,
& moins encore avec un fuperlatif , comme
l'emploient ceux qui finift"ent leurs lettres par
ces mots : Je fuis parfaitement votre très-humble
ferviteur. Vaugelas remarque ^c)i. a de même
cette phrafe , & il ajoute qui diroit , Je fuis
parfaitement votre ferviteur , diroit fort bien : mais
Je fuis parfaitement votre tris-humble ferviteur , ne
fe peut dire qu'en ne fâchant ce que l'on dit ,
ou du moins n'y fongeant pas. L'Académie a
aprouvé cette remarque. Cependant l'ufage
fupérieur à toutes les régies autorife cette façon
de finir les lettres.
f Parfaute, adv. [ Defeclu. ] Ce mot eft
de Palais & un .peu vieux , & en fa place on
dit faute de. ( Par faute de païcr , dites faute
de paier. )
Parfois, adv. {(^uand^que?^ Ce mot fignifie
quelquefois, mais il n'eft pas fi ufité que quelquefois.
Et fi parfois d'amour votre ame eft allumée ,
C'eft un feu paflager.
^ jj, Voit.pof.)
lome llly
PAR. 41
P a R F o N D , vieux mot , extrême , grand ,
profond.
ParfondrEjV. <z. \Encauflum auro inducere.]
Terme d'Emailkur. C'eft mettre la befognc au
feu. ( Faire fondre l'émail également par tout. )
f Se Par forcer, v. n. [ Conari , eniti. ]
C'eft faire un effort violent & prefque au delà
de fes forces. Ce mot vieillit ; & il faut dire
fe forcer.
Parfournir, V. a. [Supplere, explere. '\
Achever de fournir ce qui eft nécefl'aire pour
rendre une chofe complette. (Un Libraire eft
obligé de parfournir les feiiilles qui manquent
à un livre qu'il a imprimé. )
P A R F u M, /.' m. [Odor odoramentum.] Senteur.
Odeur artificielle. Compofition odoriférante qui
étant chaufée ou echaufée , rend une agréable
odeur. ( Un excellent parfum. Faire de bons
parfums. Aimer les parfums. Elles achetèrent
des parfums pour embaumer Jefus. Nouveau
Teflatnent. )
tJjT Les Anciens aimoient f)rt les parfums,
ils en ufoient dans plufieurs ocafii ns , & parti-
culièrement dans les funérailles , & fur les
tombeaux , pour honorer la mémoire des morts ;
ainfi Antoine récommande de répandre fur les
cendres , du vin , des herbes odoriférantes , &C
de mêler des parfums à l'agréable odeur des rofes.
Sparge mero cineres , & odoro psrlue nardo ,
Hofpes & adde rofis balfama puniceis. )
Anacréon avoit dit long -tems auparavant.
Ode 4. A quoi bon répandre des effonces fur
mon tombeau .■* pourquoi y faire des facrifices
inutiles, parfume -moi plutôt pendant que je
fuis en vie , mets des couronnes de rôles fur.
ma tête.
Parfum. Se dit figurément des chofes qui flatent
agréablement l'efprit. ( Le parfum des loiianges.
Sa prière eft montée au Ciel comme un agréable
parfum. )
Parfum , fe dit aufli d'une fenteur défagréable.
( Voilà un méchant parfum. On nous envoie
un étrange parfum. )
On dit aufTi parfum pour fignifier la qualité
des fruits & des liqueurs qui flatent le goi'it ,
ces pêches ont beaucoup de parfum , rien n'égale
le parfum de la véritable eau de Barbade.
Parfum. [ Aromata , fuffmenta , Triymiamata. ]
Terme èiApoticaire. Ce font des médicamens
externes compofez de gommes & de poudi es ,
qui, mêlées enfemble & miles fur dts charbons
ardens, rendent une fumée propre à la guiiri'on
de plufieurs maladies. ( Préparer un parfum. )
Parfumer , v. a. [ Odoribus imbuere , un':;uent(>
perfricare.] Communiquer l'odeur d'un a^r.able
parfum à quelque choie qui en lolt fufceptible.
Faire prendre à quelque fujet l'odeur d'un parfum.
Répandre l'odeur d'un parfum. ( Parfumer des
gans. Parfumer l'air. Parfumer des liqueurs. )
* On dit figurément d'un di^n fait de bonne
grâce & fans aucun frais , qu'il efl parfumé. On
dit au fil , que Sénéque parfume trop fes penfées ,
qu'à la longue elles donnent dans la tête. Bouhours.
Parfumer les lettres. C'eft les expofer au feu
de foufre , ôc les tremper dans le vinaigre. ( On
parfume les lettres qui viennent des pais fufpefts
de contagion. )
Parfumeur , f. m.[ Myropola , unguentarlus.]
Marchand ouvrier qui tait , vend & emploie toute
forte de parfums , qui fait & vend de la poudre
F
4x PAR.
de Cypre , des favonnettes , des paftilles , eau
d'anoe , & autre eau de ienteur , vend de toutes
fortes de gans parfumez , effences , pommades,
&c. ( Le métier de parfumeur e(l trcs-ancien ,
& il a été en vogue parmj les anciens Grecs &
les anciens Romains.
Pari,/! m. [ Pccuniaria fponjîo. ] Ce qu'on
a gagé. ( Le pari eft confidérable , il eft de cent
piiioies. ) Les paris font ouverts.
P A R I A D E , / / \_Pirdicum cohio.'] Terme de
ckaffc. Saifon où les perdrix s'aparient.
Pdàadi , fe dit auffi des perdrix apariées. ( Il
y a plufieurs pariades dans ce champ.)
P A R I A G E , / ///. [ Confortium , Jociitas. ]
Terme de Coutume. Tenir une Juftice, ou un fiet
en partage avec un autre, c'eft-à-dire, enfocUtè.
§3= Ceft ainfi qu'on apelloit autrefois une
efpéce de fociété que nos Rois contraftoient
avec les Evêques & les Abez , par laquelle
ceux-ci participoient aux avantages & aux pri-
vilèges de leurs domaines. Cette affociation &
communication de droit , dit Chopin, liv. i.
ch. 8- du Domaine , efl: apellée pariage , telle que
celle que fit l'Evêque du Puy en Velay avec
Philipe le Bel Roi de France. Charles VIL par
Lettres Patentes adreffées au Parlement de
Touloufe,renouvella cette aflbciation & pariage,
& enjoignit à ladite Cour de Parlement de la
faire foigneufement entretenir. La Roche-flavin
a remarqué au Titre des Droits Seigneuriaux art.
12. que les Confeigneurs avec le pariage , ne
peuvent procéder à faire leur reconnoi (Tance
fans apeller le Procureur du Roi du lieu , s'il y
en a , ou du Siège plus prochain , comme fut
dit & arrêté le 17. Mai 1541.
Par ici, adv. [Hdc\ De ce côté. (Il faut
paffer par ici. C'eIt par ici. )
Parier, v. a. [ Sponfione certare. ] Gager.
( Parier une piftole , une paire de bas de foïe ,
un caftor , une paire de gans , &c.)
P A R I E u r ,/. OT. [ Sponfor. ] Celui qui parie.
( Il y a plus de parieurs que de joiieurs. Voilà
un mauvais coup pour des parieurs. )
Pariétaire , f.f. [^Helxine , urceolaris herba."]
Ceft une herbe qui croît naturellement fur les
murailles. Il y en a de diverfes fortes. Ce mot
eft auflî adjeflif. (^ Rué pariétaire , c'eft-à-dire,
qui croît fur des murs & en des lieux pierreux.)
|;3" Paris. [Lutetia.] L'une des plus grandes
villes du monde, & la capitale du Roiaumede
France. Dubreuil a raporté dans fes Antiquitez
de Paris , les différentes opinions fur l'origine
de ce mot; la plus vraifemblable eft^que Paris
fut bâti auprès d'un Temple d'Ifis ; wap» \m'c.
Spon prétend , dans la vingt-unième differtation
de fes Recherches d'antiquité , que l'on a trouvé
ime tête de femme couronnée d'une tour, &
que c'eft la figure d'Ifis , qui étoit adorée dans
un Temple élevé à fon honneur dans le terri-
toire qui apartient à préfent à l'Abaie de Saint-
Germain des Prez. (Quanta Lutetia.
Parisifn, Parisienne, celui ou celle
qui eft de Paris. On accufe les Parifiens d'être
un peu badaux ; il eft bien étonnant que l'efprit
foit fi peu naturel aux habitans d'une ville où
on en porte des quatre coins du Roïaume.
Parijienne, [ Minutifjlmi caractères. ] Terme
^Imprimerie. C'eft le plus petit caradére dont
fe fervent les Imprimeurs. On l'apelle autrement
Sedanoife.
P a R I s i s ,f.m. \Unitts quintce accejjîo^ Terme
de Palais. C'eft l'adition de la quatrième partie
PAR.
de la fomme au total de la fomme ; par exemple
le parijis de feize fous , ce fpnt quatre fous ; ainli
quatre fous pariJls font cinq fous. Le Roi par
fa dernière Ordonnance a ôtè le parijis. En
termes de Finance on apelle quart en fus ce qu'on
apelloit au palais /'j/-i/?i.
Parifis. [ Parifunfis agcr. ] Se dit auftî du
territoire auprès de Paris. ( Louvre enparifs.^
Parité',/;/ [ Puritas , œqudlitus. ] Terme
de Rétorique &C de Pkilofopliie. On apelle lieu de
parité lorfqu'on augmente fur des chofcs égales
entr'elles & où il ne fc trouve ni plus ni moins.
Parjure,/, m. \_PerJurium.] Faux ferment.
(Punir le paT]uTe. Patru. Urbanijhs. Je ne crois
pas qu'un homme puiffe vivre en paix fe fcntant
coupable d'un parjure. Ablanc, Rit. liv. 2. ch. J.
Eft-ce ainfi qu'au parjure on ajoute l'outrage.
Jphigcnie , jil. 4. /. 6.
Je fçais que vos regards vont r'ouvrir mes blefliires ,
Que tous mes pas vers vous font autant de parjures.
Rue.)
Parjure , adj. [ Perjurus. ] Qui a fait un faux
ferment. Qui s'eft parjuré. Qui eft fans foi.
Cupidon ne punit rebelle ni parjure.
Deshouïiers.
.... Mon ame parjure
Ne put jamais vous faire cette injure.
Voit. poëf.
.... Mon cœur même aujourd'hui
De mon parjure amant lui promettoit l'apul.
Racine , Iphigénie. û. 2./I 5. J
Parjure , f. m. (^ Perjiiriofus. ) Qui a fait un
faux ferment. { C'eft un coquin. C'eft un parjure.
Il n'y eut jamais tant de parjures & de facrilèges,
Abl. Luc.
On fçait de cent beauté?, les triftes avantures.
Et l'Empire amoureux ell rempli de parjures.
La Su^e , Elégits.y
Se parjurer, v.r. [Pejerare, obfringerefeperjurio.^
Faire un parjure. Commettre un parjure. (Ils'elt
honteufement parjuré. Il faut être un miférable
& n'avoir ni foi ni loi , pour fe parjurer. )
Par la, adv. [ lllac. ] Par cet endroit. Par
ce lieu. ( Il vient depalTer par là. Scaron. )
Par là. [ Sic. ] Sorte de conjonHive, qui veut
ô\xe ainfi , par ces chofes. (Je vois par là que , &c.
Parlant, Parlante , /j^a^. &adj. \_Loquax.'\
Qui parle.
( Les arbres & les plantes
Sont devenus chez moi WHara parUmts,
La Tont. )
Trompette parlante. [ Tuba anglicana. ] C'eft un
grand tuïau de fer blanc , fait en manière de
trompette , par le moïen duquel on porte la voix
articulée à une lieuë loin, ou environ. L'invention
des trompettes parlantes eft yenuë d'Angleterre.
On a dit qu'Albert le Grand avoit une tête parlante.
Armes parlantes. \S eut aria rentra nomini accom-
modata.'] Terme de Blafon. C'eft quand les pièces
dont l'Ecu eft chargé difent le nom de celui qui
porte ces armes , comme une tour , dans les
armes des Seigneurs de la Tour , &c.
P A R L £ M E N T , y; OT. Le mot de Parlement
veut dire conférence èc pour-parler , mais en ce
fens il n'eft pas en ufage.
Le Parlement [ Senatus fupremus ] eft une
Cour Souveraine , établie par nos Rois pour
rendre la Juftice à leurs Sujets. Cette Cour , à
PAR.
fa naiifance , ctoit l'affcmblée des Princes , des
Oficiers de la Couronne , des Prélats & des
grands Seigneurs du Roïaume qui rendoient la
juftice aux Sujets du Roi deux ou trois fois
l'année , en un lieu que le Roi dclignoit lui-même,
mais enfin en 1301. Philippe le Bel rendit cette
affemblée fédentaire à Paris , & parce qu'il
logcoit dans le palais du Roi qu'on apelle curia
en Latin , il a retenu depuis le mot de Cour.
Xoicz Joly & Mïraumont. Les Parlemens de
France font g^aris , Touloufe , Bordeaux , Aix ,
Grenoble , Dijon , Rouen , Rennes , Pau &
Mets. (Etre Avocat au Parlement. Etre Avocat
en la Cour de Parlement,
Combien au Parlement d'Avocats de grand pcîds
Pour aller à grand train vont-ils contre les loix
Bourf. Efop. )
Parlement. [ Curiœ fiipremœ confejfiis. ] Signifie
quelquefois la Séance du Parlement pendant imc
année, qui commence à la Saint-Martin & finit le
7. de Septembre. Cette ouverture fe fait par
une Meffe folemnelle , & des harangues de
l'Avocat général & du premier Préildent.
Le Parlement. \ Senatus AngUcanus. ] En An-
gleterre, c'eft l'Afleniblée des Etats du Roïaume,
que le Roi affemble , congédie , ou proroge
quand il lui plaît. Elle eft compofée de deux
Chambres, la Haute , où font les Seigneurs ; &
la Baffe, où font les Députez des Villes.
Parlementaire, y^ m. [Curiœ fupremœ fecîaruis.'\
C'eft celui qui tient le parti du Parlement. Ce
mot ne fe dit qu'en parlant de ceux qui out
fuivi le Parlement d'Angleterre qui étoit opofé
au Roi. Ce mot a eu aufli dans ces derniers
temps fon aplication en France.
P A R L E M E N T E R , V. «. [ Cum obfefforibus di
'àidenda avec agere. ] Ce mot fe dit des places
affiégées , & veut dire , parler , conférer avec les
ciJîégeans pour leur livrer la Ville à de certaines
conditions & dans un certain temps, (La Ville
parlemente. )
t'A peine Mars fe préfenta
Que la belle parlementa.
La Fontaine , Contes. )
* y'ille qui parlemente ejî à demi rendue. Façon
de parler prorerHale , pour dire qu'une fille ou
ime femme qui écoute des propofitions n'ell pas
éloignée de les accepter & de fe rendre.
Parler, v. a. C'eft expliquer fes penfces
par des fignes que les hommes ont inventez à
ce deffein , comme font les voix & les fons.
Expliquer fa penlée par paroles. ( Parler un
langage inconnu. Ablanc. Parler bien une langue.
Parier haut. Parler bas. Parler aux oreilles de
quelqu'un. Parler du nez. Parler gras. Parler '
entre fes dents. Parler Balzac , Parler Voiture.
C'eft s'exprimera peu près comme Balzac, ou
Voitu;-e. Parler blafon , parler chaffe. C'eft s'ex-
primer en termes de blafon & de chaffe. On aime
mieux dire du mal de loi-même que de n'en
point parler. Les petits efprits ont le don de
beaucoup parler & de ne rien dire. Cette feue
cft la plus nombreufe de toutes , & on ne doit
pas elpérer de la voir finir.
On peut dire aufli , parler une langue , parlei
Grec , Latin , Allemand , François.
On dit que les Ainans, pour ne fe rien céler
Au défaut de la voix, ont les yeux pour parler.
Bourf. Efop. )
Tome III,
PAR. 43
Parler. Difcourir. ( Parler de que Iquechofe,
Parler bien ou mal de quelqu'un. On parle
diverfement. Faire parler du monde. II a une
grande facilité à parler. Parler pour quelqu'un.
Je n'en ai jamais oiii parler. Parler du cœur ,
parler tout de bon. Parler en maître. Parler en
public. Parler à tort & à travers.)
Parler de la pluie & du beau tems. Prov. C'eft
parler , c'eft difcourir de chofcs indifférentes.
Parler en l'air. Prov. C'eft parler fans aucurt
deffein , fans aucune vûë particulière , lans
réflexion. C'eft auffi parler fans fondement , fans
être bien inftruit d'une chofe.
Parler au hasard , à la boule-vâc. C'eft parler
témérairement de ce qu'on ne fçait pas bien.
Tout parle en mon ouvrage , & même les poiflTons ;
Ce qu'ils difent s'adrefle à tout tant que nous femmes
Je me fers d'animaux pour infttuire les hommes.
La Font. )
* Faire parler les arbres , les rochers , &c.
[ Orationem afiringere. ] C'eft les introduire dans
un difcours comme ù. c'étoient des perfonnes qui
parlaflent.
Je veux croire qu'au fond il ne fe pafTe rien ,
Mais enfin on en parle , & cela n'eft pas bien.
Mol. )
* La chofe parle d'elle-même. [Perfe notumefi.]
C'eft-à-dire , la chofe eft évidente.
Se parler par lettres. [ Scripto adiré aliquem. ]
C'eft fe communiquer fes penfées par lettres.
Parler par figues , comme les muets. [Signis
alloqui. ]
Se parler desyeux. C'eft exprimer mutuellement
fes fentimens par des regards. On dit dans le
même fens , parler des yeux. ( II parle des yeux ,
c'eft-à-dire , il fait entendre par fes regards ce
qu'il defire. )
Parler en maître. C'eft parler fur une matière
qu'on pofféde à fond. C'eft auffi parler d'un
ton d'autorité pour fe faire obéir ; parler avec
hauteur.
Parler en Ecolier. C'eft parler étourdlment. ,
C'eft auffi parler des chofes dont on n'a qu'une
connoiffance légère & fuperficielle.
Parler comme un perroquet. Prov. C'eft parler
fçavoir ce qu'on dit.
Parler aux rochers. C'eft parler à des gens qui
ne font point touchez de ce qu'on leur dit , de
ce qu'on leur repréfente.
Parler à un fourd. C'eft parler à un homme
qui eft réfolu de ne rien entendre , de ne rien
faire de ce qu'on lui demande , de ce qu'on
lui dit.
Parler à cheval à quelqu'un. C'eft , en ftile
familier, parler à quelqu'un avec hauteur, avec
empire , avec emportement.
Parler des grojjes dents. C'eft parler avec
menaces.
Parler François à quelqu'un. C'eft lui expliquer
nettement & précilement fon intention , fa
réiblution , ne lui rien céler de ce qu'on veut
qu'il fçache.
Faire parler de foi. C'eft faire des chofes d'eciat,
dont tout le monde s entretient. On le dit en
bonne & en mauvaife part.
La nature parle , le fung parle. C'eft-àdire,
que dans certaines conjonûures les fentimens
naturels fe réveillent.
Parler du ventre. C'eft une adreffe qu'ont de
certaines perfonnes de parler d'une certaine
F ij
44 PAR.
maniéie qu'il femble que leur voix vienne de
loin.
■^ ParUr , v. a. Ce mot fe dit des tuïaux
d'orgues. ( Tiiiau qui pur!i bitn. C'eft-à-dire ,
qui a une harmonie tranche & naturelle comme
il la doit avoir. Mcrf. l. 6. )
PurUr. [ Afflatu divlno concitan. ] Se dit pour
jnfpircr. C'elt en ce l'cns que Defpréaux dit
des mauvais Polites , que Calliope ne daigna
jamais \^ur parler ; que l'Abbé de Villiers dit que
l'Ecriture içait parler au cœur.
Parler , f. m. [Elocurlo,fcr:no.'] Mot qui fignlfic
langage , mais qui ne fe dit qu'en poëlle.
Ses regards font par tout des vainqueurs glorieux
Et fa bouche qui forme un parler gracieux
A l'éclat & l'odeur d'une rofe nouvelle.
Sur. paëf. )
Ah ! que je l'eftimai belle
A fon parler il gracieux.
Volt, po'éf. )
Parler Grec , Latin , font mis adverbiale-
ment. On ne dit pas feulement parler une langue,
parler le langage de la Cour : mais on dit encore
parler guerre , parler blafon , parler c/iajfe , &c.
cola fe dit d'une perlonne qui fçait tous les
termes de la guerre , du blafon & de la chaffe ,
& qui les emploie à propos en parlant : Cela
s'étend à toutes les chofes dont on fçait les
termes propres , & dont on parle fçavamment.
Balzac dit dans fes entretiens , pour continuer
à parler Eplgramme ; il dit a.\xiX\ parler Horace ,
& c'eft en parlant des fages ignorans , comme
il les apelle , qui ne lavent pas un mot de Grec
ni de Latin , & qui n'ont étudié ni en Logique ,
ni en Rhétorique , & qui font néanmoins des
pièces , où l'on remarque toutes les régies du
raifonnement & de l'Eloquence : Je me contenterai,
dit-il , de vous en alléguer un feul , & encore ne
veux-je pas vous le nommer , qui brille entre les
autres , comme le foleil entre les ajîres , pour parler
Horace.
Balzac a parlé Balzac en cette rencontre plutôt
<\vC Horace ; car Horace dit expreffément, comme
tout le monde fçait ,
.... Micat imcr omncs
Juliuin fidus , velue inter igrtet
Luna minores. )
Parler doucement. Voïez doucement,
Parlerie , f. f. Babil. On ne s'en fcrt qu'en
mauvaife part , & dans le flile familier. ( Toute
cette parlerie m'ennuie.
■j- Parleur, f. m. [ Loquax , garrulus.] Celui
qui parle. Celui qui difcourt. Qui caufe. (11 n'y a
point de plus grands parleurs , que les deœi-
Sçavans, Âbl.
C'cft ce divin parleur dont le fameux mérite
A trouvé chez le Roi plus d'honneur que d'apui.
Mam. poëf. )
Ne foiezà la Cour, fi vous y voulez plaire ,
Ni fade adulateur , ni parleur trop llncére.
La Font. )
^^ Grand parleur , dit le P. ^. fuite des Remur-
cjncs nouvelles , &c. renferme deux chofes , un
défaut & une habitude. Qui dit grand parleur ,
dit un homme qui parle- trop , qui parle fouvent
mal à propos , qui parle en l'air , qui parle pour
parler ; on ne dit pas d'un homme qui ne dit
rien que fenfé , qui ne dit rien d'inutile , qu'il
foit un grand parleur , quoiqu'il parle beaucoup;
on ne le diroit pas même d'un homme , qui dans
uns ou deux rencontres auroit tenu de longs
PAR.
difcours contre fa coutume, &fe ferolt trouvé
en humeur déparier plus qu'à l'ordinaire. Grand
parleur marque une habitude , & il ne faut pas
s'en fervir dans des endroiis oîi il n'ell queilion
que d'un ade , comme ont fait de célèbres Ecri-
vains en traduifant orantes nolite multum loqui ,
ne foïez pas grands parleurs dans vos prières , au
lieu de dire ne parler pai beaucoup dans vos prières.
On dit bien , c'eft un grand parleur. Ce font de
grands parleurs , mais dans une ocafion particu-
lière. On n'exhorte guères les gens à n'être pas
de grands parleurs , on les exhorte à parler peu ;
du moins on ne dit oviWn'dUiimcni grand parleur ,
que pour marquer un homme qui cft fujct à
parler beaucoup , &c.
Parlcuje , f. f- [ Garrula , verbofa. ] Ce mot fe
joint ordmairement à quelque épitète , & ne fe
dit pas féal. (Ainfi on dit , c'eft une grandi
parleufe , pour marquer que c'eft une fille , ou
une femme qui parle beaucoup. Les femmes qui
ont l'efprit petit font gxîiuàcs parleufes.
P A R L o I R , y; OT. [ Allocutorium. ] Lieu du
Couvent où l'on parle aux Religieufes à travers
une grille. (CJn petit parloir. Un grand
parloir. )
Rien ne fait plus aifément oublier à une
Religieufe la faintetè de fon état que la fréquen-
tation du parloir. 11 y a des Convens où il faut
retenir de bonne heure le parloir.
, Parloir. [ Colloquii locus. ] Ce mot parmi les
Fciiillans eft une petite chambre ouverte de
tous côtés , & qui eft à chaque bout du dortoir,
où les Religieux parlent cnfemble , parce qu'il
n'eft pas permis de parler au dortoir.
Parloir aux Bourgeois. C'étoit anciennement
à l'aris , ce qu'on nomme prèfentement l'Hôtel
de Ville , c*fft-à-dire , le lieu où les Magiftrats
Municipaux tenoient leur Jurifdiâion , & termi-
noicnt les di.^Férends qui étoient de leur compé-
tence , & qui furvenoient entre les Bourgeois
en fait de police & de négoce.
Parmesan .,f.m. [Cafeus cajlrenjîs.'] Sorte
de bon fromage qui vient de i'arme en Italie.
( Le parmefan eft fort bon. )
Parmi. [ Inter , cum. ] Prèpofitlon. qui régit
Vaccufatif , & qui lignifie Entre. Au milieu. II
n'eft pas poffible de faire la Cour aux Mufes
parmi l'embarras des aftaires & les tracas du
ménage. ) ,
P A R N A G E , / w. [ GlandaricR paponis jus. }
Terme des Eaux & Forets , &i. de Coutume. C'eft
im droit Seigneurial dû aux propriétaires d'une
forêt pour la glandée & paiflbn des porcs 6c
autre bétail.
P A R N A s s F. , / w. [ Parnafus. ] Mont de la
Phocide , qui a deux pointes fort hautes & qui
eft confacré aux Mufes.
»
Vous me loiiez de bonne grnce
M:iis pour cette iiiunoitalité
Dont on parle tant au I'arn.tjfe
Hélas ! ce n'eil que vanité.
Mlle, de Scudery. )
Parna^e fatirique. Ouvrage de vers obfccnes.
Parnaffides. On apelloit ainfi les Mufes à caufe
du Mont Parnaffe qu'elles habitoient.
P .v R o D 1 £ , f. f. \Criticus , cenfor.] Sorte de
poème , où pour joiier quelque perfonne on
tourne avec eiprit & un fens railleur & agréable
les vers de quelque grand Poète. Le mot de
Parodie vient du Grec ou w^:tiS'ia ou irn(a^ti,
mot compofé de viafà prépofition & du fubftantit
P A R.
cù'A, qui fignifîe chant on chanfon. La prcpofi-
tlon wà/Jt jointe à ce fubftantif , y attache tout
à la fois une idce de refTemblancc , &c une idée
d'oppofuion ; de forte que parle verbe 7ia,a tr ,
nous entendons , hiivant l'étymologie de ce mot,
un ou plulieurs vers faits dans les mêmes meliires,
félon le même chant , mais qui différent par le
fens de ceux qui font la matière de la parodie.
La Parodie a été inventée par les Grecs ; & il
y en a de plufieurs efpeces, qu'on peut réduire
à deux ; l'une que l'on peut appeller iimple &
narrative , l'autre qu'on défigne fous le nom de
Parodie dramatique. La Parodie doit avoir pour
but l'agréable &c l'utile , comme tous les autres
genres de poëfie. On peut la regarder comme
une fîilion ingénieufe , fous le voile de laquelle
on propofe quelque vérité. Le fujet qu'on entre-
prend de parodier doit toujours être un ouvrage
connu , célèbre & ellimé. La critique d'une pièce
médiocre ne peut devenir intéreflante , ni piquer
la curiofité. L'Auteur d'une Parodie doit aulîi
éviter trois ècuëils dangereux , l'efprit d'aigreur,
la baffeffe de l'expreflion & l'obfcènité. Le llile
de la Parodie doit être fimple & naïf ^ & ne
foufTre rien de bas ni de burlefque. En deux
mots , il faut que la Parodie imite fidèlement ,
fans avoir rien de fervile ni de contraint ; qu'elle
foit févére fans aigreur , fimple fans bafl'effe ,
modefte , équitable , joignant l'utile à l'agréable.
On peut confulter fur ce fujet une Dijfcrtation
fur la Parodie , par M. l'Abbé Sallier , dans le
tom. 7. des Mèm, de l'Acad. des Infcriptions &
Belles- Lettres.
Scaliger dit dans fa Poétique ,,-//V. i. chap. 8-
que la Parodie étoit la fille de la Rapfodie.
Les Ouvrages des anciens Poètes étoiont
répandus dans le monde féparément & par lam-
beaux. jElien. liv. ij. chap. i^. raconte dans
fes divcrfes hiftoires que l'Iliade , & l'Odiffée
d'Homère étoient chantées fur les théâtres , ou
dans les jours de folemnité , par parties féparées.
Les uns chantoient les aôions d'Agamemnon ;
les autres , les funérailles de Patrocle. L'Odiflee
fourniffoit plufieurs fujets confidérables , comme
le^féjour d'Ulyffe dans la grotte de Calypfo , &c.
Çj' Mais comme ces récits étoient languiffans,
& ne rempliffoient pas l'attente & la curiofité
des auditeurs ; on y mêloit pour les délaffer ,
&i. par forme d'intermède, des afteurs qui réci-
toient de petits poèmes compofez des mêmes
vers qu'on avoit récitez, mais dont on détournoit
!e fens pour exprimer autre choie propre à
divertir le public ; c'étoit ce qu'on apelloit
parodies , dont Scaliger nous donne cette défini-
tion : ejl igitur Parodia , Rupjodiainverfa, mutaris
vocibus ad ridicula fenfum retrakens. Suidas avoit
dit avant lui , que parodier , c'étoit compofer
une Comédie des vers d'une Tragédie. Les
parodies ne furent inventées que pour repré-
î'enter aux fpeftateurs quelque fujet divertiflant
& comique , & comme naturellement on aime
mieux ce qui nous divertit , que ce qui nous
aflige , ces petits ouvrages comiques , tirez d'une
tragédie ou de quelque poème férieux , devinrent
fort à la mode , parce que l'on y mêloit de la
fatire. Athénée , liv. 16. fait mention de plufieurs
Poètes qui ont réudi dans ce genre de poëfie,
& fur tout d'un certain Euboeus de Paros , qui
du tems de Philipe , Roi de Macédoine , fit des
parodies pleines de railleries piquantes contre
les Athéniens. Voicz Rapfodie.
Parodier , v. a, [ Ferfiis induflria imminare. )
PAR. 45
Faire des parodies. ( Cette pièce a été parodiée. )
V AKoi ,f.f. [Paries.'\ Ce mot , pour dire
un mur , eft hors d'ufage, & en fa place on dit
mur ou muraille. ( Une paroi mitolenne. On dit
prèfentement un mur mitoien. )
On appelle aulîi parois , les membranes qui
environnent l'eftomac.
Paroi , f m. [ Lacera. ] Ce mot , en termes
èi Anatomie , eft mafculin. C'eft ce qui lèpare
les deux narines , depuis le haut du nez juf qu'à
la lèvre. Defg.
Paroi , f. m. [^ Equini cornu fecîrix novacula. ]
Inflrument avec lequel le Maréchal pare le pié
des chevaux. On l'apelle aufiî Boutoir.
Paroi. [ Arbores rnallei nota infculptœ. [ Terme
A^Eaux & Forêts. Arbres marquez du marteau
de l'Arpenteur entre des pies corniers qui fèpa-
rent les bois de diffèrens propriétaires , ou les
différentes coupes d'un bois.
Paroir. Inllrument fur lequel les Corroïeurs
& quelques autres ouvriers parent les cuirs
qu'ils préparent.
PARoiRE,y^/I [ Intcrpolatorium. ] Terme
de Chaudronnier. Inftrument d'acier , large &
épais comme une pièce de trente ious , qui eft
emmanché , & dont le Chaudronnier fe fert pour
grater le cuivre avant que de l'ètamer. ( On
grave le cuivre avec la paroire. ~)
P A R o E M I F , y; /^ Elpéce de figure ou de
proverbe fententieux.La/»i7rœ/72i> eft une allégorie
ferrée , & diffère de la parabole en ce que colle-ci
eft plus étendue.
Paroisse,/./. [ Parœcl't ttmplum. ] Eglife
gouvernée par un Curé qui a la charije d'ames.
( Aller à la Paroiffe tous les Dimanches & toutes
les Fêtes. On eft obligé à laques de fe confetfer
& de communier à fa Paroiffe. Les Parolffes de
la Campagne n'ont commencé qu'au quatrième
fiécle , Si celles des Villes font plus anciennes.
Difcipline de VEalifi ^ l.p, c. Z2.
Piiroijfe. [ Paracice territorium. ] Tout le lieu
où demeurent les ParoiiT^ens & Paroilfiennes.
Toute l'étendue des lieux oii s'étend la Jurifdiûlon
fpirituelle du Curé. ( Vifiterfa Paroifl"e. )
■f- * C\jlle coq de la. Paroiffe. [Parœciœ primarius.^
C'eft-à-dire, le plus confidérable : c'eft le premier
du lieu.
Paroissial, Paroissiale, ad/. [CurialiSf
parochialis. ] Qui eft de la Paroiffe. ( Eglife
paroifiiale. Meffe paroiiîiale. Patru , plaid. )
Paroiffien , Paroi[flenne. [ Parochianus. ] Ce mot
fe dit des perfonnes , & qui veut dire , qui efi
de la Paroiffe. ( Il eft fon Paroiff.en. Elle eft fa
Paroiffienne.)
Paroiffien , f. m. Celui qui eft de la Paroiffe.
( Un bon Paroiffien entend le Prône de fon Curé
tous les Dimanches. )
Paroiffienne , f.f. Celle qui eft de la Paroiffe.
(C'eft une des meilleures Paroilfiennes de M.
le Curé. )
Paroitre , V. «. [ Comparere , vider'i, eminere.']
Prononcez parétre. Je paroi , tu parois , ilp.iroit ,
nous paroiffons. Je parus , je paraîtrai. Je paroiffe y
je paruffe , je paroitrois , paroiffant. Ce mot fe
dit des perfonnes & des chofes , & fignifie , fe
montrer ,fe faire voir. Avoir de l'éclat , de l'apa-
rence , du luftre. Avoir un certain air , une
certaine mine. (Paroîtreen public. U neparoit
point, s'il paroiffoit il y a ordre de l'arrêter.
11 a paru une nouvelle étoile. Les Comètes
paroiffent de tems en temps. Le ruban bleu
i paroit fort fur le noir. On n'eu pas toujours
46 PAR.
ce qu'on paroît. Madame de Sablé. Les Efpagnols
paroiU'ent fagcs & ils font tous , & les François
paroijj'cnt fous & ils font fages.
Un Chevalier aimable autant qu'on le peut être
Qui connut Ion mérite, & par hazard un jour,
La vit à la grille paraître
Conçut pour elle un violent amour.
Pirr. Grifel. )
^^ Paroicre , fe dit généralement de tout ce
qui tombe fous la vûë , & qui fe fait voir ,
apparourc ne fe dit guère que des efprits ou des
fpcftres,
Parourt , fignifie auffi fembler. ( Cela me paroît
beau. Ce livre me paroît utile. Cet ornement
me paroît convenable , &c. )
Parole , f. f. \yirbum , ferma , vox.'\ Mot,
Explication de fa penlce par le fcn & la voix.
Voix articulée. Difcours. (Les paroles de vos
lettres (ont choifics. Lettre du Cardinal de Richelieu
à Balxac. A la Cour on ne fe fert guère des
paroles que pour dcguifer fes fentimens, Balzac
Lettres choifits. Il n'y a qu'une parole qui ierve.
Molière. Entre gens d'honneur une parole eil un
contrat. Il n'a pas dit une feule parole. L'honneur
qu'on rend en paroles coûte peu & vaut beau-
coup. Prendre la parole. Abl. Luc. C'eft-à-dire , le
difcours. Reprendre La parole. C'eft-à-dire , le
difcours.
Martin à ce difcours fouritSt fe confole
Se loiie & fans façon les croit fur leur parole.
rill.)
Jvoir le don de la parole. C'eft parler bien ,
parler facilement. On dit aufli , avoir la parole
en commandement , avoir la parole en main.
Parole. Ce mot entre encore dans quelques
façons de parler. ( Exemples. C'eft un homme de
parole. \_Stat promiffis.'\ C'eft-à-dire, qu'il tient
ce qu'il a promis. Ils donnent leur parole & ne
la tiennent pas. [ Fidem ajîringunt , promiffa non
fervant.'\ C'eft-à-dire, ils promettent & ne
s'aquittent point de leurs promefl'es. Sefouvenir
de fa parole. Baliac. C'eft - à - dire , de fa
promelTe. Reprendre, retirer , dégager fa parole.
[ Fidem liberare. ] C'eft-à-dire , fe retraiter civi-
lement & dans le tems prefcrit. Engager fa parole
& fa foi. Abl. [ Fidem aftringcre.'\ C'eft promettre
quelque chofe avec afl"urance. Violer fa parole.
Abl. Ret. l. 3. [In f de non f are. '\ Ocû-à-dire,
ne pas tenir ce qu'on avoit promis. On lui porta
parole de mille ccus. [ Promittere , denunciare. ]
C'eft-à-dire , on lui promit mille écus. Celui qui
portoit la parole en ces termes. Abl. Ret. Là.
[ Qui verba faciebat fie fatus efl. ] C'eft-à-dire ,
celui qui difcouroit. Se prendre de paroles. \Verbis
minari. ] C'eft dire qu'on fera beaucoup , lorfque
cependant on ne fait pas grand chofe. On dit
au même fcns , n'avoir que des paroles. [ Verba,
prœterea nihil. ] Qui fignifie aufli en parlant
d'amoureux , ne contenter les Dames que par
des paroles & des complimens.
Oui, les femmes font vos idoles,
M.iis à grand tort vous les aimez
Vous qui n'avei que des paroles.
Mad. Dejloges à Malherbe.^
Voïez Ménage , notes fur Malherbe.
Çj" Parole & voix font deux chofes diférentes.
Malherbe.
La parole & la voix reflufcitent les morts.
Ronf. Sonnet 27.
Je fuis femblable à la Prêtreffe folle
Qui bègue perd la voix & la parole, )
PAR.
^^ Godeau dans fa féconde Eglogue facrée.
J'cntcns de mon ami la parole & la voix. )
* Etre de deux paroles. [ Fidem nullam habere. ]
C'eft fe retracer de ce qu'on avoit promis.
Le mot de parole entre en plufieurs proverbes,
dont voici les principaux.
A grand Seigneur peu de paroles. Pour dire ,
qu'il ne faut pas abufer de leur audience.
A bon entendant il ne faut qu une parole. Pour
dire , qu'un mot fufit quelquefois pour faire
entendre une affaire quand on parle à un homme
d'efprit.
Parole. [ Fox. ] La voix. Le ton& l'inflexion
de la voix. ( Perdre la parole. Reconnoltre
quelqu'un à fa parole, II ne manque que trop
de parole.)
La parole de Dieu. [ Verbum Dei. ] C'eft ce
que Dieu a révélé aux hommes par fes Prophè-
tes ôi fes Apôtres , & qui eft contenu dans
l'Ecriture Saiiite.
Parole , fignifie quelquefois fentcnce , beau
fentiment , mot notable. ( Parole mémorable.
Parole digne d'un Pnnce. Les paroles des
Saints , &c. )
Paroles emmiélées. Paroles douées & flateufes.
On dit aufli, des paroles de foie.
Paroles couvertes. Termes qui infmuent, qui font
entendre ce qu'on ne veut pas dire ouvertement.
^S" Parole enfantine. C'eft une manière de
parler affeftée, à voix demi-bafl"e , & à demi-
mots , comme les enfans , qui n'ont pas encore
l'ufage libre de leur langue ; cette affe£lation eft
fade & ridicule.
§3" Paroler. Vieux mot. Dans L'Ovide MS.
Pallas fe tait. Venus parole
Je fuis celle qui tiens école. )
Paroli , [ Duplum depofitœ pecunis. primarium,'\
Terme de Jeu de cartes.
PARONOMASE,y;yi [ Allufîo vocis ad vocem
fer} per litterœ adjeclionem , detraclionem , tranfpo-
fit'utnem, vel immutationem.'] Figure de Rétorique,
par laquelle on renverfe le fens d'un mot par
un autre dont le fon eft le même , mais dont la
fignification eft différente. Par exemple. [ Hoc
eji amantium , vel potihs amentium. ]
P A Ro N s, [ Parités. ] Terme de Fauconnerie.
Ce font les pères & mères de tous les oifeaux de
proie. Acad. Fr.
Paronychia,/!/! [ Paronychia. ] Plante
qui pouffe des tiges noiiées , couchées à terre ,
garnies de feuilles femblables à celles de la
Renoiièe , mais plus courtes. Elle eft aftringente.
Acad. Franc.
P A R o N V c H I T,ff. Terme de Médecine.^fyicce
de tumeur , ou inflammation qui vient au bout
des doigts & au bout des ongles. C'eft la même
chofe que Panaris. Le premier mot n'eft guère
en ufage.
Parotide ,f.f. [Parotis.] Terme (VAnatomie.
Glande qui vient aux côte?, de l'oreille pour la
décharge du cerveau. ( Une petite parotide. )
En termes de Médecine , c'eft une tumeur contre
nature , qui occupe ces glandes,
P a R o X I s M E. yi OT. [ Paroxifrnus. ] Terme de
Médecin. Accès de fièvre qui redouble avec
violence.
•j-Parpaillot,/, w, [ Calvinifa. ] Mot
injurieux pour dire un homme de la Religion
prétendue Réformée. On croit que les gens de
PAR.
la Religion ont été apellez parpaillots , parce
qu'au commencement des troubles excitez pour
la Religion , ils fe jettoient dans le danger
commit \iis papillons Ce jettent à la chandelle.
D'autres dilcnt qu'ils eurent ce nom au fiége de
Clérac , après que les ailicgez eurent fait une
fortie , couverts de chemiCes blanches , en un
tems où l'on voïoit beaucoup de papillons en
l'air , qu'on appelle en Gafcogne parpaillots.
\ Parpaillote,/;/; Huguenote. C'eft
une parpailloite.
■^J' Voïez Minage dans fes Origines.
Parpaillote. Eipcce de monoie que le Roi
ordonna être fabriquée en 1499. ^^ns la ville
d'Aft , pendant le lejour qu'il fit à Milan , dont
il s'étoit rendu maître. Voïez le Blanc ,p.3zi.
de fon Traité hijlorique des Monoies.
Partin, Parpaigne , ad/. [Lapis angularis.'\
Terme de Majjonncrie. Il i'e dit des pierres de
taille qui tiennent toute l'épaiffeur d'un mur , de
forte qu'elle fait deux paremens , l'un en dedans,
l'autre en dehors. Voiez parement.
Parpirolle ,// Petite monoie de Savoie,
fabriquée à Chamberi , qui eft une efpéce de
fou. Elle eft de billon , c'eft -à -dire de cuivre
tenant deux deniers d'argent. Il y auffi àz^ par-
pirolles , qu'on nomme à la petite croix , qui
font fabriquées à Gex.
Par Q.U E , f.f. [ Parca. ] Déeft"e qui , à ce
que content les Poètes , préfide à la vie. ( II y
a trois Parques , Clothon , Lachefis , Atropos.
L'une tire le fil de nos jours , l'autre tourne le
fufeau , & l'autre coupe la trame.
Qu'ainfi les Parques détournées
GroiTiflant pour toi leur fufeau ;
N'exercent leur fatal cifeau
Que fur mes obfcures années.)
Les Poètes , par cette fiâion , ont voulu nous
aprendre que notre naifl'ance , notre vie , notre
mort dépendent d'une puiflance inconnue , &
qui régie toute chofes par des motifs , & par des
moïens qu'il ne nous eft pas permis de pénétrer.
On a nommé Parques ces prétendues Déeffes ,
parce qu'elles n'épargnent perfonne , quod nemini
parcant ; ou peut-être du mot Phénicien , Parka,
qui lignifie rompre. Héfiode a dit qu'elles étoient
filles de Jupiter & de Thémis.
Par Q.U E R , r, n. [ Textis cratibus clandere. ]
Terme de Berger. Ce mot fe dit des brebis , &
fignifie coucher en quelque lieu. ( Les brebis
parquent à cette heure. Les bergers font parquer
les moutons en un certain tems de l'année. )
Parquer , fe dit auffi en termes de guerre ,
pour mettre dans une enceinte. { Parquer l'Artil-
lerie. Les gens de l'artillerie fe font parquez.)
Parcfuer , fe dit des beufs qu'on met à l'engrais
dans un herbage. On le dit aulfi des huitres
qu'on met dans des réfervoirs pour les faire
groffir. (Parquer des beufs. Parquer des huitres.)
* P A R Q^u E T ,y. m. \_Qiiadrum feciilibus lignis
compaclum.] Terme de Menuijier. C'eft un aflem-
blage de plufieurs morceaux de bois qui font un
compartiment en quatre, ou d'une autre manière,
pour s'en fervir au lieu de pavé dans les cham-
bres, les cabinets & lesfales, qui font propres.
( Froter le parquet. Le parquet de ma chambre
eft beau. )
Parquet , fe dit auffi de l'affemblage de bois
qu on aplique fur le manteau d'une cheminée ,
ou hir le trumeau d'un mur , pour y mettre
enfuite des glaces de miroir.
PAR.
47
Parquet.\^Cognitorum negotiorumfcptum. ITerms
de Palais. C'eft le lieu du Palais où Meffieurs
les Gens du Roi donnent audience. (Meffieurs
font au Parquet. J'ai communiqué au Parquet
à Monfieur l'Avocat Général.)
Parquet. Se prend auffi pour les gens du Roi.
Parmi les Froteftans , c'eft une clôture qui fépare
les bancs des Miniftres d'avec les bancs du peuple
dans les Temples.
PARQ_U£TAGE,y!w. [ Seclilibus variatum. ]
Terme de Menuijler. C'eft un parquetage fait
avec du parquet. ( Ce parquetage eft beau &
agréable.)
Parqueter ,v. a. [ Tabulatum ex lignis feciilibus
coagmentare. ] Mettre du parquet en quelque
cabinet ou autre lieu qu'on veut rendre propre.
( Parqueter ime chambre. Je veux faire parqueter
proprement mon cabinet. Chambre proprement
parquetée.
Pour mon apartement cinq chambres parquetées ,
A force de miroirs fembloient être enchantées.
Bourf. Ef. )
* Par q_u o t , conj. [ Proinde , quart, itaque. ]
Ce mot eft vieux. On dit en fa place , cejl
pourquoi , donc.
Parrein , ( Parrain ^ f.m.[ Pater lujiralis. ]
L'un & l'autre s'écrit , mais on prononce /'jrm/z.
Celui qui tient un enfant fur les fons de Baptême.
Le parrein défère à la marreine l'honneur du
nom. ( Les cloches ont auffi des parreins 6c des
marreines lorfqu'on les baptife. )
P.irrcin. \Patrinus.'\ Soldat choifi pour punir
un foldat qui a déferté. ( Choilir un parrein. )
On apelloit auffi Patrini trois jeunes gens qui
conduifoient l'époufée dans la maifon de l'époux.
L'un portoit une torche compofée du bois da
noble épine , & les deux autres conduiioienc
l'époufe par la main. On fe fervoit de ce bois ,
parce que félon la remarque de Pline , il étoit
de bon augure , & félon Ovide , il diffipolt les
chagrins :
Sic fatus , virgam , qua triées pellere pojfit
A forihus noxas ^ hac erat alba , dédit.
§^ Quant à nos Parreins & à nos Marreines l
c'eft une pratique introduite dans l'EglIle depuis
que le Concile de Mayence , Can. 56. & les
Conftitutions des Papes , eurent défendu aux
pères & aux mères de préfenter leurs enfans
au Baptême ; ce qui leur a été permis pendant
quelque temps. Le Baptême des enfans ayant
été déclaré nécefl'aire , il falut bien que quelqu'un
les préfentât à l'Eglife , & on donna plufieurs
noms à celui qu'on choififfoit pour cette fonftion.
Le même Concile de Mayence les nomme Com-
patres , comme étant des féconds pères ; ils font
encore nommez Patrini fujceptorts , geflatores ,
afférentes. La raifon que l'on eut pour donner
des Parreins & de Marreines,fut pour les engager
à inftruire ou faire inftruire les jeunes perfonnes,
des Myftéres de notre Religion. Mais ce ne fut
pas feulement aux enfans que l'on donna des
Parreins ; on obligea les adultes même d'en
prendre , ce que Jofeph Vifconii prouve dans
fon Traitera Baptifmo , liv. i. chap. Jz.par un
grand nombre d'autoritez Eccléfiaftiques. Les
ufages ont fouvent changé fur ce point. Ainfi
autrefois on pouvoit avoir plufieurs parreins ;
mais à prcfent on n'en a qu'un de chaque fexe,
Voïez Jofeph Fifccnti & Grancolas,
48 PAR.
Parrein , fe dit encore du Saint dont on porte
le nom. On le dit burlcrquement de ceux qui
donnent un fobriquet. Anciennement on apelloit
parrein ceux qui alïiftoient de leur préfcncc un
Chevalier dans les Tournois. (Quand les duels
étoient autorifés , on apelloicnt parràns ceux
qui reprélentoient aux Juges les raifons du
combat. )
Parricide,/; w. En I.atin /'.2mcii/<z. Ce mot
eft mafcuiin quand on parle d'un homme , &i
firninin quand on parle d'une femme. Le mot
de parricide celui ou celle qui a tué fon pcre ,
ou qui commis un crime de cette forte. Vau.
Rem. (Néron eft vin. parricide. Comment eft - ce
qu'un parricide , & qui fe voit découvert , peut
dormir d'un fi bon fommeil ? Fau. Q. Curce. L'eft
une parricide déteftable , elle a tué fon enfant.
Les Romains n'avoient point fait de loix contre
les parricides, parce qu'ils ne croioient pas qu'il y
eût d'homme aft"ez méchant pour devemr parricide.
On dit une main parricide , un dejfein parricide,
.... Nommez-moi les perfides
Qui veulent vous donner des conleils parricides. )
Racine Britannlcus.
Parricide , f. m, Enhat'in parricidium. Meurtre
horrible. Crime énorme & dénaturé comme
leroit le meurtre d'un père , d'une mère , d'un
frère, de fon Prince , ou de quelqu'autre efpéce.
Parsemer, v. a. [ Spargere. ] Semer çà &C
là. Répandre çà & là. (Parfemer un lit de fleurs.
Parfemer une chambre de rofes. Petit chemin
toutparfeméde rofes. Mol. Femmes S gavantes.')
Part ,/./. [Pars , porcio , panicula.] Portion.
Ce qui apartient. Ce qui revient à quelqu'un
d'une chofe. (GrofTe ou petite part. Faire la
part au plus jeune, )
Eux venus , le Lion par fes ongles compta ,
Et dit nous femmes quatre à partager la proie;
Puis en autant de parts le cerf il dépeça.
La Font. )
Part, fîgnifîe, en termes de Commerce , l'intérêt,
la portion qu'on a dans une affaire , dans une
entreprife.
Pan , s'entend aufTi de l'autre côté d'un feiiillet
de papier , opofé à celui où on écrit aftuelle-
ment. (J'ai reçu le contenu de l'autre part. )
La plus part. Voïez plus.
La plus grande part. Voïez plus.
Part. Endroit. Lieu, ( Aller quelque part. Jbl.
[ Aliqub. ] Cela eft quelque part. [ Alicubi. ] Je
ne vais nulle part. Autre part , ailleurs.
Part. [ Ex iinâ , ex altéra parte. ] D'une part ,
la Loi de l'Evangile ordonne de ne point rendre
le mal pour le mal , & de l'autre , les loix du
monde défendent de foufrir des injures.
Départ & d'autre. [Utrinque , hinc inde , ultra
citrtique.] C'eft-à-dire , des deux cotez , des deux
partis.
Part. Ce mot entre dans plufieurs façons de
parler, qui ont un fens différent, ( Cela vient
de bonne part, f^oit. liv. 2g. [ Certis autoribus. ]
C'eft-à-dire , de bon lieu.)
Commander dans une Ville de la part du Roi.
Abl. Arr. l. y. Ceft-à-dire , par l'ordre du Roi.
Vous lui direz de ma part que tout va bien. Scar.
[ Abs me , meo nomine. ] c'eft-à-dire , vous lui
direz que je lui mande que tout va bien. Je n'ai
rien oiii dire de leur part. Foit. liv. J. Ces mots
fignifîent , ils ne m'ont rien fait dire'. Vous lui
ferez de ma pan mille baifemains. Scaron. C'eft-
P A R.
à-dire , vous lui direz que je vous ai prié de
lui faire mes baifemains. J'y ai contribué de ma
part. Prendre part à la gloire de quelqu'un. Fau.
l. 4y. C'eft-à-dire , s'intérefTcr dans la gloire
d'ime perfonne. Elle n'avoit nulle pan dans cette
affaire. Abl. [ Non agnofctbut hune rem. 1 C'eil-
à-dire , elle ne participoit point dans cette
affaire. )
De toutes parts, de tous cotez. [ Qiioquo verfus.]
( La vie eft remplie de mifércs de toutes
parts, )
Notre avare habitoit un lieu dont Amphitritc
Dijfendoi: aux voleurs de toutes parts l'abord.
La Vont )
A part moi. Pour dire en moi-mC-me. [Mccum.l
Ce mot eft bas.
Raillerie à part. [ Semotojoco. ] Pour dire , je
veux avoir ma part de ce que vous avez
trouvé.
Prendre quelque chofe en bonne ou mauvaife part.
[ Aliquid xquo anima vel perpcram interpretari. ]
C'eftà-dire , agréer quelque chofe, ou s'en tenir
offenfé,
A part. Séparément , adv. [Sparfim, feparatim.^
(Se mettre à part. Se tenir à part. Faire bande
à part. Tirer quelqu'un à part. Abl. Apoph. C'eft-
à-dire , prendre à quartier. Tirer à quartier. )
Mettre à part. [Subtrahere.] C'eft-à-dire, cacher.
Serrer, Mettre à couvert. (Mettre un peu d'argent
à part.)
Laijjei la mine à part. [ Frontem non attendas. J
C'eft-à-dire, ne vous fouciez pas de la mine,
ni de l'air d'une perfonne , ne la confidérez pas
de ce côté là, Reg. Sat. ij.
De part en pan , adv. De l'un à l'autre côté
du corps , tout-à-fait. Percer de part en part,'
Mol. Précieufes. [ Transfigere. ]
A P A R T £ , y; ffî. Ce mot eft pris de l'Italiea
& de l'Efpagnol , & on s'en fert en parlant de
ce qu'un Adeur dit tout haut fur le théâtre ,
mais qu'on fupofe n'être point entendu des autres
Adeurs. (Cet à -parte efl trop long, & mal
placé , &c.)
Partage ,f.m. [Partitio ,diJlributio.'] Divifion.
Aftion de partager. ( Faire un partage. Les
partages font bien faits , & perfonne n'a fujct
de s'en plaindre.)
§^ Partage. C'eft im afte fait entre les
perfonnes qui poffcdent un fonds , ou un héri-
tage en communauté , dont chacun prend fa
part. La maxime eft qu'entre les enfans qui ont
un partage des biens paternels & maternels ,
l'aîné conipofe les parts, & les puifnez choififîent.
Fornerius , 1.3. cli. ZZ. Lorfqu'Abraham voulut
fe féparer de Loth fon neveu , il lui dit , Gencf.
c. ij. Vous voïez devant vous toute la terre,
retirez-vous , je vous prie , d'auprès de moi ;
fi vous choififfez la gauche , je prendrai la droite,
fi vous choififfez la droite, je prendrai la gauche :
mais le plus fur eft de lotifér, &: en ce cas l'aîné
fait toujours les lots , & les puifnez tirent avant
lui. Comme il eft fouvent dificlle de faire un
partage bien égal , on peut fe pourvoir de léfion ,
quand elle eft du tiers ou du quart, mais cette
léfion ni aucune autre ne font point écoutées ,
lorfquc l'on tranfige fur inftance intentée pour
partager un bien commun.
Partage , fe dit de la diftribution des biens
& des maux que la nature & la fortune femblent
avoir tliite à tous les hommes. ( La mifere eft
fon
P A R.
fon partage, La valeur femble être le partage
de cette famlHe. )
Quiconque eft riche , eft tout ; fans HigefTe il eft fage ;
11 a, fans rien fçavoir, la icience enpurtas:e.
Defpréaux.
On dit , le partage des eaux. [ Locus partitionis
aquarum^ C'eft le lieu d'où on en peut faire couler
une partie d'un côté , & l'autre d'un autre côté.
La Seine au pied des monts que fon flot vient laver ,
Voit du fein de fes eaux vingt iiles s'élever ,
Qui pari.ie;eant fon cours en diverles manières
D'une rivière feule y forment vingt rivières.
DeJ'préaux. )
Partage', Partage'e, adj. [ Divifus ,
dijîraclus. ] Divifé. ( Biens partagez. Maifon
partagée entre les héritiers. )
Partagé , le dit aufîi des perfonncs , il a été
bien partagé , c'eft-à-dire , qu'il a eu un bon
partage.
* La Cour fut partagée. \^In contrarias fententias
dijlrahi. ] C'eft-à-dire : des gens de la Cour ,
les uns furent d'une opinion ou d'un parti , &
les autres de l'autre. La Ville fut partagée en
deux fadions.
Partager, v. a. \_Partiri. ] Faire quelque par-
tage. ( Partager les biens de quelqu'un. Partager
une fuccefTion. )
Partager. [ Dlvidere. ] Terme i^ Arimétlque.
Divifer. ( Partager une fomme. )
Partager en frères. C'eft partager amiablement ,
fans difpute , fans conteftation.
Partager le diférent. C'eft fe relâcher de part
& d'autre de fes prétentions & de fes droits.
On le dit furtout quand il s'agit de quelque
marché qu'on veut conclure.
Partager le vent , OU chicaner le vent. [ Obliquï
navigare. ] Terme de Mer. C'eft prendre le vent
en louviant , c'eft-à-dire , en faifant plufieurs
bordées, tantôt d'un côté , tantôt de l'autre,
Oian. Dicl. Math.
Partager. [Prœditiiseffe corporis & animidotièiis.]
Se dit des dons que la nature fait aux uns &
aux autres, fil a été panagé de tous les dons de
la nature. On dit qu'un homme a été bien partagé
de nez quand il l'a exiraordinalrement grand. )
* Cela partagea la Cour. Jbl-
Partageu K,f m. Terme dont on fe fervoit
autrefois en Arithmétique , pour dire , Divifeur
ou Partiteur. Il eft à préfent hors d'ufage.
P.\R tance. [ Profecîio.l Terme de Mer.
C'eft le départ du vaiffeau. ( Ainfi on dit le coup
de partance. C'eft le coup de canon qu'on tire
en mettant à la voile. )
Partance , fe dit auftî de tout autre départ ,
de toute autre féparation. ( Voilà le moment
de partance , le coup de partance , &c, )
Partant, [ Idcircù. ] Sorte de conjonclion
quifignifie , c'ejl pourquoi , & que quelques-uns
trouvent un peu vieille. Cependant on la ren-
contre dans de fort bons Auteurs ; il n'y auroit
pas grand mal à être retenu à la condamner.
Et partant ces divins efprits , qui. Patru,plaid.g,
s^ Ce mot commençolt à vieillir, lorfque
Vaugelas publia fes Remarques fur la langue,
il ne s'eft fouienu que dans le Palais , oh l'on
dit , partant le demandeur conclut , il eft vrai que
Mrs. de l'Académie ont obfervé fur Vaugelas ,
Remarque Ziç). que partant peut encore être
emploie avec quelques grâces dans les difcours
de raifonnemcut , hors de là on lui préfère par
conféquent. Ménage ne le condamne pas abfo-
ïument dans fon fécond volume d'Obfervations
Tome III,
PAR. 49
ch. ijfo. il raporte plufieurs endroits des ouvrages
de Balzac & de Patru , où l'on trouve ce mot
partant , & il l'écrit en difant , tout cela me
tait croire préfentement que partant peut encore
aujourd'hui trouver fa place : mais il ne peut
trouver cette place que dans les raifonnemens
familiers.
fPARTEMENT,//;?. [ Difceffus. ] Cc mot
pour dire départ , a vieilli. ( A la veille de fon
partement. Foit.liv.30. On diroit aujourd'hui
être a la veille de fon départ.
Parterre,/; OT. [ Planumfolum. ] Ce mot
en général fignifie une aire plate & unie. Le
fol & rez de chaufl"ée. ( Un grand ou un petit
parterre. )
Parterre. [Area in horto variis fiorihus difiincla.']
Terme de Jardinier. C'eft la partie du jardin qui
fait face au bâtiment , & qui eft divifée par
compartimens de boiiis , de fleurs , de gazon.
Place du jardin où font les planches & les
carreaux. (Un beau parterre. Un parterre coupé.
Un parterre en broderie , ou un parterre de
broderie. Un parterre en pièces coupées , ou
un découpé. Voïez Découpé.
Nos parterres n'ont plus de fleurs à vous donner.
Ou s'il en refte quelques-unes
Ce ne font que les plus communes ,
Indignes de vous couronner.
Pavillon. )
Parterre d'eau. On apelle ainfi les canaux
conduits par compartimens , à peu près comme
les parterres ordinaires.
Parterre de nate. C'eft la nate qui couvre le
plancher d'une chambre.
Faire un parterre. C'eft en ftile populaire ,'
tomber à terre de fon long.
Parterre. [ Planum. ] En parlant" du lieu où
l'on joue la comédie. C'eft l'endroit où l'on
entend la comédie debout. C'eft le lieu uni &
fans fiéges où l'on entend la comédie fans être
aflls. ( Billet pour entrer au parterre. On eft
mieux aux loges qu'au parterre. Quand il va à
la comédie , il va toujours au parterre. ) .
Un Clerc pour quinze fols fans craindre le hola ,
Peut aller au parterre ataquer Atila.
Defpréaux. )
* Parterre. [ Speclatores piano fiantes. ] Les
fpeftateurs qui font auparterre tandis qu'on joue
la Comédie. ( Le parterre n'ofe contredire.
Molière , Précieufes. C esMeftîeurs ne veulent pas
que le parterre ait du fens commun. Molière ,
Critique de V Ecole des femmes. )
Parterre. [ Charta. ] Il fignifie aufli un billet
pour aller au parterre & y entendre la comédie.
{ Un parterre coûte d'ordinaire quinze fols. J'ai
pris trois parterre pour trois de mes amis. )
^3" P arthen I ES. Suidas nous aprend que
l'on apelloit ainfi certaines chanfons compofées
en l'honneur des filles ou des Eumenides.
Parti,/; m. \_Sors , conditio.'\ Avantage.
Ofre. Condition qu'on préfente à quelqu'un.
Chofe avantageufe , utile & confidérable pour
une perfonne. ( Il a refufé de bons partis. Cette
fille-là eft un parti fort avantageux.
Veux-tu voir tous les Grands à ta porte courir ,
Dit un père à fon fils, dont le poil va fleurir,
Prens-moi le bon p.irti , laiflTe-là tous les livres.
Cent francs , au denier cinq , combien font-ils ? vingt livres.
Defpréaux. )
Parti. [ Partes , faclio. ] Perfonnes opofées
G
5« P A R.
à d'autres en quelque choie , & qui font deux
corps. Gens directement opofcz les uns aux
autres , à caufe de certains intérêts , & qui
font divlfez en deux corps. Fadlion. ( Le parti
des Janféniftes & celui des Jéfuitcs ont fait
grand bruit dans le monde. Le parti des Fron-
deurs & celui des Mazarins font fameux dans
l'hjftoire des guerres de Paris. Ce parti groffit
tous les jours. Ablancoun.')
* Etre, du parti di j'on cœur. Molière, Critique
de VEcole des Femmes.
Parti. [ Partes. ] Défcnfe. La proteâion que
l'on prend d'une perfonne. Querelle. Démêlé
qu'on a avec une ou plufieurs perfonnes , où
s'engagent fouvent force gens. ( Prendre le parti
des gens de bien , c'cft-à-dire , la défenfe.
Attirer quelqu'un dans fon parti , c'cft-à-dire ,
dans fes intérêts , dans fa défcnfe , dans fon
démêlé. Il prend \c parti des gens de mérite contre
tous ceux qui les ataquent. S'engager dans un
parti. S'atacher à un parti. Suivre un parti.
Prendre parti entre deux perfonnes.
Parti. \Tributum, veciigal.'] Ce mot , en matière
d'afaireSjfignifie un traité qu'un partifan fait avec
le Roi pour recevoir des droits qui apartiennent
à Sa Majefté. (On aferme aujourd'hui le /"«zm.
Le parti des Gabelles eft afermé. )
Parti. [ Bipartitus. ] Terme de Blafon. C'eft
la féparation de l'écu également par le milieu
depuis le haut jufques au bas. Il y a quatre
divifions de l'écu , le parti , le coupé , le tranché
i& le taillé. { Il porte parti d'argent & d'azur,
yoiez. Col. c. 12. )
Parti. Ce mot fe dit en parlant de Guerre.
[ Expedita militum manus. ] C'eft un petit corps
de Cavalerie ou d'infanterie , commandé pour
entrer dans le pais ennemi pour y faire des
prifonniers & obliger les ennemis à contribuer.
( Commander un parti. Envoïer un parti à la
guerre. Défaire un parti. Tomber dans quelque
parti ennemi. Aller en parti. )
Parti bleu. C'eft un petit parti de gens de
guerre , fans commiflion & fans aveu.
Parti. [ Conditio , nomen. ] Ce mot fignifie
quelquefois l'aftion de s'engager & de fe
déterminer à quelque condition ou à quelque
état qui fixe. ( Prendre parti dans les troupes.
Abl. Arr. liv. i. Elle a ^x\i parti ailleurs. Scaron.")
Il fe dit dans le même fens de l'établiflement
dans le mariage. ( Cette fille eft un bon parti. )
Life à de hauts partit pouvoit alors prétendre ,
Mais à force d'atendre ,
Les plus beaux & les meilleurs
Se pourvurent ailleurs.
Cûulanges. )
Parti. [ Fia , confilium. ] II fe dit des réfo-
lutions qu'on prend fur des affaires dangereufes.
( C'eft le feul parti qu'il y avoit à prendre fur
cette affaire. Prendre fon parti fur le champ. 11
a long-tcms balancé avant que de prendre parti.)
* Faire un mauvais parti à quelqu'un. \_ Magna
malo aliquem maclare. ] C'eft le maltraiter ou
lui procurer quelque méchante affaire.
Parti , partie , adj . [ Profcclus. ] Qui s'en eft
allé. Qui eft forti pour ne pas revenir fi-tôt.
( Il eft parti , elle eft partie de Rome. )
Partiaire , adj. [ Colonus agri ea lege ut
dimidium bonorum cedat. ] Mot qui n'eft d'ufagc
qu'en cette phrafe. Fermier partiaire. C'eft un
métaier qui prend les terres à labourer , à
condition d'en rendre la moitié des fruits.
PAR.
$3" Il eft dit dans la Coutume de Tours l
art. iij. Le Seigneur qui levé par défaut
d'homme , doit laiflTer la portion du Laboureur
& du métaier partiaire , au regard des fruits
artificiels & non des naturels.
Partial, Partiale, adj. f Seclarius ,
feditiofus. ] Prononcez parcial. Qui favorife un
parti. ( Il eft partial. Efprit partial. )
Partialiser. Verbe qui ne fe dit qu'avec
le pronom perfonnel. [ Partes amplecli. ] Prendre
tellement le parti de quelqu'un , qu'on ait peine
à écouter ce qui lui feroit contraire. ( Il ne faut
pas qu'un Juge fe partialife. Acad. Franc. )
Partialité', y]/I [ Facîio , div'ifio. ]
Prononcez parcialité. Affe£tion & pente parti-
culière qu'on a pour un parti, ( Il y a de la
partialité. On n'aime guère la partialité & peu
de gens en font exempts.)
Participant. Voiez plus bas.
Participation. Voiez plus bas.
Participe, y; OT. [ Participium. 1 Terme
de Grammairien. ] C'eft un tems de l'infinitif.
( Il y a un participe actif , & un participe pii(pf.
Le participe aclif eft indéclinable en François.
Exemple. Je les ai trouvées mangeant , je les
ai trouvées aïant le verre à la main. Faug. Rem.
Le participe paffîf eft déclinable. Ainfi on dit
nous nous fommcs rendus jma'is quand ce participe
eft immédiatement fuivi d'un verbe , il devient
indéclinable. Exemple, Mes iniquitez me font
venu acabler. Pf. jS. ir. i6.
^j" Je puis ici répéter ce que Vaugelas dit
dans fa Remarque 184. que dans toute la Gram-
maire Françoife il n'y a rien de plus important,
ni de plus ignoré que le participe. Le participe.
eft ainfi apellé, parce que, félon la Remarque de
l'Abé Régnier des Marais dans fa Grammaire
Françoife , il participe du nom & du verbe,
■{■ Participes , f. m. [ Confortes. ] Terme
de la Mer de Levant. On y apelle ainfi ceux qui ont
part, au corps du navire marchand. On les apelle
auffi parfonniers , & fur l'Océan combourgeois.
Participes. [ Confortes , participes. ] Terme de
Finances. Ce font ceux qui ont part dans un
traité , dans une afaire de Finance. ( L'Arrêt
porte que tous les Traitans & leurs Participes,
feront obligez de , &c. Acad. Fr. )
Participer, v. a. [ Participare. ] Avoir
part tenir de l'un & de l'autre. ( Il eft dificile
de participer à ce plaifir.
^^^ Participer à une chofe , ou participer d'une
chofe. Lorfque ce verbe fignifie entrer en partage,
on à^t participer. Un Affocié participe aux gains
& aux pertes. Quand il fignifie,tenir de la nature
ou de la qualité d'une chofe , on dit participer de.
Participant. Gérondif du verbe participer.
Participant , participante , adj. [ Particeps ,
participans. ] Qui participe. ( Il l'a fait participant
de fa gloire. Elle eft participante. )
Participation,/^/. \Partici patio, communio,'\
Prononcez participacion. Elle confifte à participer
à quelque chofe. Avoir eu part à quelque defl!"ein
d'une perfonne. ( Elle n'étoit pas capable d'en-
tendre une affaire de cette importance-là fans
la participation. Mémoires de M. le Duc de la
Rocliefoucauld. )
On dit aufli, il a fait cela fans mz participation^
fans me le communiquer.
Participation. Se dit en terme de commerce.
On apelle fociété en participation , une des
quatre focictés anonymes que font les Marchands.
Participation, [ Repercuffus. ] Signifie auffi
PAR.
emprunt , réflexion. Les Lunes & les autres
Plancttes n'ont point de lumière propre, elles
ne l'ont que par participation &C par emprunt
du Soleil. ( L'ame raiibnnable eft une partici-
pation de la divinité. )
Particulariser , v. a. [ Rem partiadarzm
eJl(Jirers. ] Marquer les particularité?, d'une
choie , en marquer le détail. ( Particularijir un
fait. Il a particularifé jufqu'aux moindres chofes
& nous a fort ennuie. )
Particularis.me , f. m. [ Scneenti£
fingularitas. ] Opinion des Particularises. Les
Luthériens regardent le particularilme comme
une opinion monftrueufe qui va à anéantir la
Religion.
Particulariste ,[■ m. [ P articularis fcntcntioi
tinax. ] Celui qui tient pour une opinion
particulière. On peut regarder le Père Lamy
de l'Oratoire comme un particularijle fur fon
Sentiment de la Pfique de Jefus-Chrift la veille
de fa Pafîion. M. de Tillemont lui a prouvé
que le Fils de Dieu fit la Pâque des Juifs avec
fes Apôtres. ( L'Auteur de l'Hiftoire du Peuple
de Dieu eft un panicularijîe , au fentiment de
quelques perfonnes.
Particularité' ,/■/.[ ^licujus rei JinguLt .'\
Chofes particulières. Détail de quelque chofe.
Circonftance. ( C'eft une particularité (on confi-
dérable. yJbl. Marquer toutes les particularitex.
Ecrire toutes les particularitei de ce qui s'eft
paffé. )
§3" On difoit autrefois , même à la Cour ,
particuliaritc , mais il faut dire particularité.
Vaugelas Rem. ^4- a obfervé que ce qui avolt
introduit particuUarité , étoit parce qu'on dit
particulier , & que l'on a crû que particularité
fe formoit de cet adjeftif , mais fon fentiment
eft que particularité eft dérivé de particularitas ,
de la baffe Latinité.
Particule,//. [ Portiuncula. ] Petite
partie, ( Ramaffer les particules de l'hoftie. )
Particule , f. f. \_ P articula. ] Terme de Gram-
maire. Sorte de petit mot tel que font les
conjonftions , les prépofitions & autres de cette
nature. ( Ce n'eft pas un petit fecret dans le
difcours que de fçavoir omettre ou rejeter avec
efprit une particule. )
Particulier , / 772. [ Singularis. ] Homme
privé. ( Un particulier n'a pas droit fur la vie
d'un autre. )
Particulier , particulière , adj. [ Privatis fm-
pilaris.] Qui n'eft pas commun. (Bien particulier.
Lit particulier. Chambre particulière. C'eft un cas
particulier. L'aimant a cela de particulier , qu'il
atire le fer. )
Particulier , fe dit d'un homme qui n'aime pas
à voir le monde , qui fe communique à peu de
gens. C'eft un homme fort particulier. ) On le
dit aufli d'un homme dont l'cfprit ne s'acomode
pas avec les autres , ou qui a quelque opinion
différente de l'opinion commune. ( Il a un efprit
particulier. Il a des opinions particulières. )
Particulier , particulière , adj . [ Singularis ,
fecretus. ] Singulier fecret. [Conàmit particulière.
Demander une audience particulière. )
Lieutenant particulier. [Privatus Prator.] C'eft
un Magiftrat qui juge en l'abfence du Lieutenant
Civil à Paris , ou du Lieutenant général dans
les autres Préfidiaux.
On dit aufli , Afl"effeur particulier. Maître
particulier des Eaux & Forêts , &c. [ Aquarix
6- fyhcjlris provinciœ prafes. I
Tome m.
PAR.
5
En particulier , adv. [ Seorfm , feparatim. ]
Chacun en particulier fe mit à le fuplier. Vaug.
Quint. Curt. l. j. C'eft-à-dire , chacun de fon
coté , &c.
Etre en fon particulier. C'eft être retiré dans
fa chambre , c'eft faire fon ménage & n'être
plus en penfion.
Particulier F ment, adv. [ Singulariter.]
Singulièrement. D'une manière particulière.
( Pour fe faire un ftile raifonnable en François,
on lit particulièrement Pafcal , Ablancourt ,
Vaugelas, Patru, Meflieurs de Port-Royal, les
Lettres de Madame de Sévlgnè, &c. D'Ablan-
court aimoit particulièrement fes amis. )
Partie,// [ Pars. ] Part , portion de
quelque chofe. Une des chofes en quoi le tout
fe divife. ( La partie ne doit pas être li grande
que le tout. ) Le mot de partie en matière
ii Anatomie , eft un corps qui eft ataché au tout ,
qui jouit d'une vie commune avec lui , &
qui eft fait pour fon ufage. ( Ainfi le bras eft
wnQ p. ^rtie du corps. Les Anatomiftes divifent les
parties du corps de plufieurs manières.)
S^ Les parties des animaux ont des noms
différens. On dit \e pied à^wn cheval, d'un cerf ,
d'un mouton, d'une chèvre, d'un bœuf, d'un
loup , d'un ours , d'un fmge , d'un lièvre , d'un
lapin , d'un rat , & ainii de tous les animaux
qui ont le plè de corne. Nous difons les ongles
d'un lion , les griffes d-un chat , d'un tigre , les
ferres d'un aigle , d'un épervier ; on dit aufli les
mains d'un épervier , & la bouche d'un cheval ,
la gueule d'un chien , d'un loup , d'un ferpent ,
d'un dragon ; le groin d'un cochon , le mufli
d'un cerf, le bec d'un oifeau , le mujeau d'un
chien , d'un renard , d'un poifl"on ; les défenfes
& la hure d'un fanglier , du faumon & du brochet.
Parties nobles. [ Corporis humani vitalia. ] .
Ce font celles qui font abfolument nèceffaires
à la confervation de l'individu ; ces parties
nobles font le cœur , le cerveau & le foie , 5c
félon quelques-uns , les tefticules.
Parties naturelles. [ Genitalia, ] Ce font les
parties de l'homme ou de la femme , deftiées
à la génération. ( Il y a une efpèce d'hommes
qui naiffent comme des plantes , mais ceux-là
n'ont point de parties naturelles, ^vl. Luc. t. 2.
hiji. l. i. L'âne fauvage eft très -jaloux. Sa
femelle étant en travail , il obferve , fi elle fait
un mâle , il fe jette defl^us tout enragé , & lui
coupe à belles dents les parties naturelles..
Oiian , l. 3. de la cha[fe. )
Parties honteufes. [ Pudenda. ] Ce font les
parties naturelles. Voïez l'exameron de la Motte
le Vayer. ( Il faut connoître les parties honteufes
de la femme , pour remédier aux maladies qui
leur arrivent. Voïez Du Laurens , Anatomie ,
& Mauriceau , Traité des femmes groffes. ) * Gui
Guillot , Néel , font la partie honteufe de la
Médecine.
Partie fîmilaire , ou partie fimple. [ Pars fitni-
laris. ] Eft celle qui fe divife en d'autres parties
qui font de même efpèce & qui paroiflent telles
aux fens. ( Ainfi les chairs fe divifent en parties
flmilaires. )
Partie diffimilaire OU compofèe. [ Pars diffuni-
laris. ] Eft celle qui fe divife en parties de
diférentes efpèces , de difèrente fubftance &
de difèrente dénomination. On apelle aufli cette
p:irtie , orgainque. ( L'œil eft une partit dijji-
niilaire & un organe. )
Parties de i'oraifon. [ Orationispartts. ] Terme
# G ij
5t PAR.
de Grammaire. Ce font les mots dont tout difcours
eft compofc. L'article , le nom , le pronom , le
verbe , l'adverbe , la prépofition , l'interjeftion ,
la conjonftion. On dit auflî en termes de Gram-
maire , faire les parties d'un difcours. C'eft dire
fi un mot eft un verbe , ou un nom , une pré-
pofition , ou autre chofe.
Partie. [ Pars adverja. ] Terme de Palais. Le
demandeur ou le défendeur , la défenderefle.
Le mot de parties en ce fens eft ordinairement
féminin , néanmoins fi ceux contre qui, ou pour
qui on plaide font des hommes , le pronom &
le nom qui fe raportent à ce mot de partie ,
peuvent fe mettre au mafculin, à caufe de la
chofe fignifiéc. On obferve la même chofe fi
le mot àc partie ed pris généralement. (Exemples.
Les parties ont été apointées. Ma partie eft par-
ticulièrement intêrejfée dans l'afaire. La partie ,
au fortir de l'enfance , s'eft confacré au miniftére
de l'autel. Patru , plaid. 14. Pour contrafler
une fociété , toutes les parties doivent fans doute
la confentir , mais ils peuvent tous donner leur
confentement de diférente manière. Patiu ,
plaid. 6. p. 180. Avoir à faire à forte partie.
C'eft plaider contre une perfonne puiffante.
Ces mots au figuré avoir à faire à forte partie ,
fignifient avoir un puiffant ennemi en tête. Qui
n'entend qu'une partie n'entend rien. Sorte de
proverbe pour dire qu'il faut entendre les parties
qui font intérefl"ées dans une affaire ou dans
une querelle. Prendre un Juge à partie. C'eft
ataquer un Juge en fon propre & privé nom ,
parce qu'il n'a pas bien agi. Prendre quelqu'un
à partie. Patru , plaid. C). Se poTlsr partie contre
quelqu'un. Patru , plaid, g.
Un Loup difoit que l'on l'avoit volé ,
Un Renard fon voifin , d'aflez mauvaife vie^
Pour ce prétendu vol par lui ûit apellé ,
Devant le Juge il fut plaidé ,
Non point par Avocats , mais par chaque partie.
Le NokLe. )
Partie. Signifie auffî client à l'égard de fon
Avocat ou du Procureur dont on a acoutumé
de fe fervir. Cet Avocat contente bien fes
parties. Ce Procureur a de bonnes parties.
Parties cafuelles. Terme de Finance & de gens
de Palais. [ Fortuita compendia. ] Ce font les
charges & les ofices qui par hazard reviennent
au Roi , & dont le Roi difpofe , parce que les
oficiers font morts fans avoir paie la paulette.
( Sa charge eft aux parties cafuelles. )
Partie. [ Bafjus , fuperius , ténor , contra. ]
Terme de Muftque. C'eft le deffus , la haute-
contre , la taille ou la bafle , qu'on apelle les
quatre parties de la mufique. ( Chanter fa partie.
Airs à quatre parties. )
Partie de nombre. [ Numertts , pars. ] Terme
d^Aritmétique. Il y a des parties aliquotes & des
parties aliquantes Parties femblables , aliquotes
ou aliquantes. Ainfi 3. & 4. font les parties
aliquotes femblables de 15. & de 20. parce
que chacun eft la cinquième partie de fon tout.
Ainfi 7. & 14. font les parties aliquantes de
iz. & de 24.
^3° Partie d'un nombre , c'eft une partie qui
entre dans la compofition d'un nombre ; ainfi
4. 4. 5. font des parties du nombre fept.
^^ Partie aliquott ou aliquante. La partie
aliquote d'un nombre , eft un nombre plus petit
qui eft compris dans le plus grand , un nombre
de fois exaftcment , c'eft-à-dire , qui mefure le
PAR.
plus grand , duquel il eft dit partie aliquote ;
ainfi on reconnoit que 3. eft une partie partie
aliquote de 12. parce que 3. mefure 12. par
4. où fe trouve compris dans 11. quatre fois
cxaftemcnt. 11 eft évident que l'unité eft une
partie aliquote de toute forte de nombre, parce
que tout nombre eft divifible par i .
^r La partie aliquante d'un nombre eft un
nombre plus petit , qui eft compris dans le
plus grand un certain nombre de fois avec un
refte , c'eft-à-dire , qui ne mefure pas le plus
grand , duquel il eft dit partie aliquante. Ainfi
on connoit que 2. eft une partie aliquante de
7. parce que deux ne mefure pas 7. puifqu'il
refte i .
^^ Les femblables pat ties aliquotes font celles
qui font également contenues dans leurs multiples.
Ainfi on connoit que ces deux nombres 3. ^.
font de femblables parties aliquotes de ces deux
18. 30. parce que 3. eft contenu fix fois dans
fon multiplié 18. & que pareillement 5. eft
contenu fix fois dans ion multiplié 30. Il eft
évident que ces deux nombres 18. & 30. font
équimultiples des deux 3. 5.
^^ Les femblables Parties aliquantes font des
nombres qui contiennent également de fembla-
bles parties aliquotes de leurs tous. Ainfi on
connoit que ces deux nombres 9. 18. font ce
femblables parties aliquantes que ces deux 12.
& 24. parce que 9. contient trois fois le quart
de 1 2. qui eft 5. & que pareillement 1 8. contient
trois fois le quart de 24. qui eft 6, Voïcz
O^an. Dicl. Math.
Parties. [ Expenji charta memoralis. ] Terme
de Marchand & de quelques Artifans & Ouvriers.
Mémoire de ce que le marchand , l'artifan ou
l'ouvrier a fourni à un particulier ou a une
communauté. Le mot de parties en ce fens eft
toujours pluriel. ( Les parties d'un marchand
doivent être arrêtées. Arrêter les parties d'un
tailleur. )
Parties Jimples , parties doubles. Termes de
Marchands ou de Teneurs de livres. Ils fe difent
des manières différentes de tenir les livres de
commerce & de drefTer des comptes.
Parties d'Apoticaires. On nomme ainfi les
parties des marchands & des ouvriers , qui efti-
ment leurs marchandlfes ou leurs ouvrages
beaucoup au-delà de leur jufte valeur.
Partie. [ Pilaris lufio. ] Terme de Jeu de paume.
Ce font ordinairement quatre , cinq ou fix jeux.
( Jouer partie. Gagner partie & revanche. Il
a joué trois parties aujourd'hui & les a gagnées.)
Partie , fe dit aulfi d'autres jeux. Partie de
trique-trac , partie de piquet , partie d'hombre ,
partie de billard. On speWe parties liées, quand
il en faut gagner deux de fuite.
Partie. [ Societas ad deleclationem. J Compagnie
de certaines gens qui fe mettent enlémble pour
quelque defTein de plalfir ou de rcjoulfTance.
Compagnie de gens qui fe font mis enlémble
de deftein formé. Afîiiire & defTein qu'on a &
qu'on veut faire avec quelqu'un. Ce ne furent
par-tout que galanteries & parties de plaifir.
Scaron. Faire une partie de chafl"c. Molière.
[Fenationem confituere.] Tout malade qu'il éioit ,
il voulut être de la partie. Remettre la partie.
[ Kern differre. ] C'eft diférer l'affaire , ou le
defTein qu'on avolt.
* Partie. [ Clandcfiinum confilium. ] Complot,
DefTein formé pour nuire ou perdre quelqu'un.
( C'étoit une partit faite pour le perdre. )
PAR.
Parties. [ Naturœ dona , anïmi dotes. ] Ce mot
pris pour qualitez aquifes ou naturelles , n'a
point de fmgulier. ( Cléarque avoit les parties
qu'il faut pour commander. Abl. Ret. l. J. c. 4.
En partie , [ Partirn. ] ( L'ouvrage ejl en partie
fait. C'eft-à-dire , eft prefque tout fait. Il a eu
en partie ce qu'il fouhaitoit. C'eft-à-dire , il a
prefque eu ce qu'il défiroit. )
Partir, v. a. [ Partiri , difpertirc. ] Ce
mot fignifie partage , &c fe conjugue ainli. Je
partis , tu partis. Il partit , nous partirons. J'ai
parti , je punis , je partirai , que je partifj'e. Je
partirais. Ce verbe n'eft pas ufité en tous fes
lems , mais dans les tems ou il n'eft pas ufité ,
on fe fcrt du mot partager. On dit , en parlant
blafon , partir l'écu en deux. Parti & tranché
de fable. Voïez Parti.
Partir. Verbe neutre paffîf. [ Prqficifci , ahire. ]
Je pars , tu pars , il part , nous partons , vous
partent ils partent. Je partis, tu partis , il partit,
nous partîmes. Je fuis parti , j'étois parti. Je par-
tirai , que je parte. Je partijjc , je partirais. Je
fuis parti. C'eft quitter un lieu pour aller en
quelque voyage , ou en quelque autre lieu
éloigné de celui qu'on quitte, (je pars demain
pour Londres. Il eft parti pour l'Éfpagne. Le
Courrier eft parti.
Parte^ , enfans d' Aaron , parte^ j
Jamais plus iUuflre querelle
De vos ayeux n'arma le zele
C'eft vôtre Roi , c'eft Dieu pour qui vous combatez.
Racine , Athalic. )
* Partir. [Oriri , emanare."] Venir. Procéder.
( Il n'eft pas dificile aux Grands de reconnoîrre
quand les louanges qu'on leur donne partent de
la flaterie. Abl. Arr. l. 4.
* Ce font des fautes illuftres qm partent d'une
grande ame. Boileau , Avis à Ménage. )
f Partir. [ Citifjimè ferri. ] Se dit auffi des
choies qui font pouflees avec grande force.
(Un boulet de canon/»a«avecgrandeimpétuofité.
Et la foudre qui va partir
Ne peut plus être retenue
Par la crainte du repentir.
Corneille. )
Partir , v. /z. [ Hic equus concinni greffum init.J
Ce mot fe dit en terme de Manège. ( Faire partir
un cheval. C'eft-à-dire , le faire échaper de la
main , le pouffer de vitefl"e. On dit au/îî , faire
partir un cheval de bonne grâce. On dit auflî
partez. » c'eft-à-dire , poufi"ez & piquez vôtre
cheval. )
Partir. [ Curfus , greffus. ] Terme de Manège.
C'eft le mouvement du cheval quand on le chafle
vite. ( Cheval qui a un beau partir. Animer
fon cheval au partir. )
Partir, v. n. [Progredi.] Terme de Mattre-
d' armes. Il fignifie , avancer le corps & pouffer
en même tems. Le mot partir n'eft ordinaire-
ment ufité que quand le Maître-d'armes parle
à fon Ecolier. ( Il lui dit , en garde , partex, ,
c'eft-à-dire , avancez & pouffez. Prenez garde
que la main parte la première en tous vos coups.
Attirer fon ennemi par des feintes pour le faire
partir. Il faut après la parade , partir d'un tems ,
droit au corps. Liuncourt , Maître-d'armes , du
y- 21.)
Partir. On dit en terme de Carrier , faire
partir la pierre , pour dire , la féparer & l'ouvrir
avec les coins de fer 6: les pomcllcs.
PAR. 53
Partisan , /." m. [ Publicanus , exaêlor. ]
Fermier du Roi. Le mot departijan en ce fcns ,
n'a ordinairement point de régime. ( C'eft un
riche partifan. Les partifans font tous riches ,
& s'ils ne font les plus honnêtes gens dufiécle,
ils font au moins les plus heureux. )
Les partifans nous font fentir toutes les paf-
fions l'une après l'autre. L'on commence par
le mépris à caufe de leur obfcurité , on les envie
enfuite , on les hait , on les craint , on les
eftime quelquefois , & l'on vit affez pour finir
à leur égard par la compaflion. La Bruyère. )
Partij'an. [ Dux , Diicior. ] Terme de Guerre.
Celui qui eft adroit à commander Si à conduire
un parti. ( C'eft un excellent partifan. )
* Partifan. [ Fautor. ] Qui tient le parti d'une
perfonne. Qui la défend. Qui la protège &
entre dans fes intérêts. Le mot de partij'an , en
ce fen^ a un régime. ( C'eft l'un des plus zélez
partifans de Monfieur un tel. Lorfque les Jan-
féniftes & les Jéluites étoient broiiillez , il y
avoit d'honnêtes gens qui étoient partijans des
uns & d'honnêtes gens qui étoient partifans
des autres.
Gilotin en gémit , & fortant de fureur
Chez tous fes partijans va Icmer la terreur.
Défpreaux , Lutrin. )
Partiteur , f m. [ Partitor , dlvifor. ]
Terme à^ Arumétique. Divileur. Dans la réçle
de divifion , on met le partiteur au-deffous du
premier nombre à divifer , avec une barre
entre -deux.
Partition,/. /7z. [ Partitio. ] Mot écorché
du Latin , & qui fe prononce particion. C'eft-
à-dire , partage , divifion. On dit en parlant de
Rctorique , les partitions de Ciccron. C'eft un
dialogue entre Ciceron & fon fils , où Ciceroti
lui donne quelques préceptes de l'Art Oratoire.
( Dans ce dilemme , la propofition qui doit
contenir la partition eft fous entendue. Port-
Royal , Logique , partie J. ch. iS. )
Partition. [ Divifio. ] Terme ^ Aritrnêtique.
C'eft la divifion , la quatrième régie de l'Arit-
métique. Voyez Divifion. Partiteur , c'eft-à-dire,
le Divifeur.
Partition. [ Difpofitio. ] Terme de Mufque.
C'eft la difpofition de plufieurs parties d'un air
de Mufique , notées fur une môme feiiille.
Partition. [ Partitio. ] Terme de Blajon. C'eft
la divifion de l'écu.
Partout, adv. [ Ubique.'\ En tout lieu.
( Dieu eft par-tout. )
Parvenir, Verbe neutre paffif. [ Affequi ,
confequi , adipijci. ] Je parviens , tu parviens. Je
parvins. Je fuis parvenu. Je parviendrai , que je
parvienne. Je parvinffe. Je parviendrais , que je
J'ois parvenu. Ce mot fignifie arriver , venir , être
élevé à quelque dignité. Monter à quelque dignité.
Parvenir à l'Empire. Il eft parvenu aux plus
hautes charges du Roïaume. Akl.
Parvenir , fe dit abfolument pour s'élever
en dignité , faire fortune , faire des progrès.
( Cet homme parviendra en peu de tems. Il eft
parvenu par fon mérite. Il aime le travail , il
ne peut manquer de parvenir. )
Parvis , f m. { Templi atrium , Ptopylœum. ]
Ce mot fe difoit autrefois de toutes les places
publiques qui faifoient face à un grand bâti-
ment. Aujourd'hui , Parvis eft la place qui eft
devant le portail d'une Eglife. ( Un beau &
grand parvis. Le parvis de Nôtre - Dame de
54 PAR.
Paris efl: plein de lard , de jambon & de chair
falce tous les ans le Jeudi - Saint. )
Ménage a fait un long dil'cours fur l'étimo-
logie de parvis , où l'on jjourra recourir pour
fatisfaire fa curiofité.
Parulii, // Terme de Médecine. Inflam-
mation de gencives que les Médecins mettent
au rang des phlegmons , &i qui vient quelquefois
k fupuraiion. Ce mot vient de wap» , proche ,
& de ïxot , gencive.
Parure,/./^ [ Ornatus , ornamentum. ]
Ornement & tout ce qui fert à parer & à ajufter.
(L'or de fa blonde chevelure
Son port célcfte 6i (a parure
Le faifoient aflez remarquer.
Voiture , pi^^f-
Perfuadé que la parure
Et le fuperbc ajuiiement
Du fexe que pour plaire a formé la Nature
EU le plus doux enchantement.
P errant Grifelid.
* Elle a perdu ces riches parures , ces orne-
mens fi prétieux qui la rendoient vénérable aux
yeux du vulgaire. Patru, plaid. ^. )
Parure , fe dit de la conduite d'un homme ,
dont toutes les aftions fc reffemblent , & d'un
ouvrage où tout eft de même caraftére. ( Tout
eft de même parure dans la conduite de cet
homme. Tout efl de même parure dans cet
ouvrage. ) On ne le dit gueres qu'en mauvaile
part.
Parure. [ Symrnetria. ] Il fe dit auffi de la
reflTemblance ou convenance des chofes dont
on fait parade. ( Ainfi l'on dit , les atelages
de chevaux doivent être d'une même parure^
c'eft-à-dire , de même taille & de même poil.
Gardes d'une même parure , c'eft-à-dire , qui
portent de mêmes armes & qui font vêtus d'une
même livrée. La tapilTerie de la chambre &
celle de l'alcove font de diférente parure. )
Parures. [ Ramenta. ] Terme de Relieur. Les
extrêmitez de la peau qu'on ôte avec le couteau
à parer. Tout ce qu'on coupe d'une peau avec
le couteau à parer lorfque les couvertures font
taillées. Le mot de parure en ce fens n'a point
de JînguUer. ( On jette les parures parce qu'elles
ne (ervent de rien. On les brCde auffi quelque-
fois. On les fait boiiillir pour en faire de la
cole & l'on en garnit aulTi des carreaux, )
PAS.
V AS,/, m. [ Pajfus , gradus. ] C'eft une forte
de mefure de Géographie & de Fortification ,
&c. Le pas commun eft de deux pieds , & le
pas géométrique de cinq pieds de Roi. Le mille
d'Italie eft de mille pas géométriques.
* ( Voilà tantôt fix ans écoulez , & nous ne
fommes encore qu'a// premier pas , c'eft-à-dire ,
nous ne fommes qu'au commencement. Patru ,
pldidoye^. )
Pas. [ Grejfus. ] Le marcher d'une perfonne.
Le mouvement des pieds en les pofant & en
les levant. Enjambée. ( Aller bon pas. Retirer
un pas en arriére. Marcher à grands pas. Se
retirer au petit pas. Abl. Arr. C'eft-à-dire , fe
retirer doucement. Retourner furfes/><îy. Abl.
S'étant féparé de la belle
Touché d'une vive douleur ,
A pas lents il s'éloigne d'elle
Charge du trait qui lui perce le cœur,
Perraut Grifelid. )
PAR.
Faire un faux pas. [ FeJUgio errare.) C'eft ne
pofer pas bien le pié. Et au figuré manquer de
conduite. Broncher à chaque pas.
Pas. [ l'ejligium.'\ La marque du pied qui fe
voit lorfqu une perfonne a marché. ( Voilà foa
pas. Les amours naiflent fous leurs pas. Fait. )
Donner le pus à une pcrjbnne. [ Cedere locum.'\
C'eft déférer par civilité à une perfonne & lui
permettre qu'elle pafle ou entre la première en
quelque maifon , ou autre lieu.
Prendre le pas devant. [ Prœgredi. ] C'eft entrer
ou pafler le premier en quelque maifon ou autre
lieu fans prefenter par civilité la porte à ceux
qui font avec vous.
Pas de balet. [ PaJJus. ] Terme de Maître de
Dance. C'eft un pas figuré qu'on fait dans les
balets. ( Donner un pas de balet. Le pas droit ,
grave , ouvert , batu , tourné , tortillé. Pas
relevé , balancé , coupé , dérobé , glifTé , tombé,
&c. Pas mignardé. Pas de danfe. Danfer les
cinq pas. )
Pas. [ Gradus , greffus. ] Ce mot fe dit des
animaux , & principalement du cheval. C'eft
la manière ordinaire dont marche un cheval.
( Le pas de ce cheval eft beau ; cheval qui a
un bon pas. Aller au pas. On dit en termes
de Manège, commencer une leçon zvipas, finir
une leçon au pas. Cheval de pas. )
Marcher à pas de loup , à pas de tortue , pas
à pas. [ Lencis pajjibus incedere. ] C'eft-à-dire ,
fort doucement.
Marcher à pas compttx.. [ Lento pajju. ] C'eft-
à-dire , gravement & doucement.
Pas déporte. [ Limen. ] C'eft le feiiil de la porte
( Elle eft tout le jour lur le pas de fa porte. )
Pas. [Angtifice.] Paffage difficile. Paffage ,'
ou détroit difficile de montagne. ( Gagner le
pas de la montagne. Vaug. Rem. Le pas des
Termopiles. hepas de Suze. Faug. Rem. Le pas
de l'Eclufe. )
* Pas. Démarche. [ Statim , quamprimum. ]
( Dès le premier /7aj il fe laifl"e effraier. Racine y
Iphigenic , acl. i.fc. J. )
Suivre quelqu'un pas à pas. [ Alicujus vefigiis
infifiere. ] C'eft le fuivre toujours & ne le quitter
point de vue.
* Il voïoit à deux pas de lui la prifon & la
mort. Voit, l. 24- C'eft-à-dire , il voïoit qu'il
étoit fort expofé à la mort ou à la prifon.
* Pas difficile. [ Res impedita & periculofa. ]
C'eft-à-dire , afaire embarafl"ante & épineufe.
Afaire dangereufe & où il faut aller bride en
main , où l'on doit fe conduire avec beaucoup
de circonfpeûion. * ( Pour fe tirer d'un pas fi
dificile il faut de l'efprit. La Chambre. )
* Pas, [ Oltum & operam perdere. ] Peine.
Vous n'y perdrez que vos pas , & le Diable
ne le fait pas. Fait.
* Pas. [ Fejligium. ] Voie. Veftige. ( Marcher
fur les pas de Téocrite & de Virgile. Boileau ,
Avis à Ménage. C'eft-à-dire , prendre pour
modèle Virgile & Téocrite.
Se faire eftropier fur les nj^ des Céfars,
De/préaux , Satire ■}.
C'eft-à-dire, en faifant de belles aftions à la
guerre. ) Defpréaux dit , parlant de Malherbe :
Marchez donc fur fes pas , aimez fa pureté ,
Et de fon tour heureux imitez la clarté.
•f * Pas de clerc. [ Ineptia , error. ] Beyûë.
Faute. ( Faire un pas de clerc.
PAS.
Ce petit Monfieur Scaliger
A fait dans fa belle critique ,
Ce qu'on apelle un pas de clerc.
Epine du. Chev. Pompon à Babiole.
+ Pas. [ Lucre capite fcdus aliquod. ] Ce mot
joint avec celui de pajjlr , veut dire d'ordinaire
mourir. ( Faire paffer le pas à quelqu'un ; c'ell le
faire mourir , le tuer.
Franchir le pas. C'eft faire une chofe qu'on
ne pouvoit fe refoudre à faire. ( Après avoir
long-tems balancé , il a franchi le pas. )
^5° Quelques Poètes font rimer pas dans un
fens à pas dans un autre. Benferade a dit;
Chevaux allez ne fe rencontrent pas
A point nommé chevaux de paj.
Je fçai que l'on trouve de femblables rimes
dans nos meilleurs Poètes , Racine dans les
Plaideurs ,
Tel que vous me voïez , Monfieur ici préfent ,
M'a d'un fort grand fouffiet fait un petit préfent.
Mais je ne fçaurois goûter ces fortes de rimes ,
peut-être par dclicatcffe.
Pas. [ Non , ncminè , ncquaquam. ] Sorte de
négative qui ne nie pas tant que point , & qui
ordinairement ne fe met pas devant la particule de.
( On n'aime pas long-tems quand on n'eft pas aimé.
Mais quoique vous ayez , vous n'avez point Callfte;
Et moi je ne vois rien quand je ne la vois pas.
Malherbe, poëf. liv. /.
L'honneur dans ce commerce eft fort mal a(furé ,
Ne vous y laiflez pas furprendre ,
Un ami fi fage & fi tendre
£A bien plus dangereux qu'un amant déclaré.
Pavillon. )
§3° ^^^ adverbe négatif, me paroit rude &
idéfagréable dans certaine fituation. Exemple.
Un homme qui étoit fi amoureux de vôtre
diyertiffement , s'acorderoit mal avec foi-même,
s'il pouvoit ne vous acorder pas une légère
fatisfaflion , que vous lui demandez.
Çj* Entre pas &L point il y a cette différence,
que point eft une négative abfolué & fans
reftridion : Je ne veux point de cela. Pas ne
porte pas fi loin.
<jr Pas & Point. Sont deux particules ,
dont l'ufage n'eft pas bien connu. Cependant
comme Vaugelas a remarqué chap. 38g. ces
particules oubliées aux endroits où il les faut
mettre , ou mifes là où elles ne doivent pas
être , rendent une phrafe fort vicieufe. Voici
l'exemple qu'il en donne : pour ne vous ennuïer ,
je ne ferai pas long. C'eft très-mal parler , il
faut dire , pour ne vous point ennuïer. Et fi l'on
dit : il fera plus qu'il ne promet pas ; c'eft encore
mal parler , car il faut ôter pas & dire , il fera
plus quil ne promet. On ne met jamais ni pas,
ni point devant les deux ni. Par exemple on
dit il ne faut être ni avare ni prodigue , & non
pas , il ne faut pas être , ou il ne faut point être
ni avare ni prodigue. On ne les met jamais auflî
devant que , qui s'exprime par nifi en Latin ,
& par ^non en François ; exemple : Je ne ferai
que ce qu'il lui plaira ; on voit bien que ce que
fe refout par nifi & par finon que. Mais la
régie ceffe , lorfque le mot que ne fignifie pas
Jinon que. Ainfi on dit je ne penfe pas que vous
U iaffie^ , je ne veux pas dire que vous ave^ tort.
On ne met ni pas ni point devant jamais , ni
PAS. 55
devant plus : je ne ferai plus comme j'ai fait ;
ni après plus , fi une négative fuit , // eji plus
riche que n'a été celui : mais on dit , je ne veu.x
pas non-plus que vous aUiex_. On ne le met point
devant aucun ou nul. On dit , il ne fait aucun
mal , nul mal ; ni devant fans. On dit fans
nuage , & non fans point de nuage. On ne met
point encore ni l'un ni l'autre ni avant que
l'on parle de quelque tems , ni après que l'on
en a parlé , comme je ne le verrai de dix jours ,
il y a dix jours que je ne l'ai vu. On les fuprime
ordinairement avec le verbe pouvoir , comme
il ne fçauroit faire tant de chemin en un jour , il
n'eût fçu arriver plutôt. On y peut mettre pas,
mais il eft beaucoup mieux de le fuprimer. On
dit rarement pas avec ofer. Ll n'oferoit avoir tout
cela , il n'oferoit dire mot. Vaugelas finit fa
Remarque en difant qu'il eft très -difficile de
donner des régies pour fuivre , quand il faut
dire pas plutôt que point , il le faut prendre de
l'ufage , & fe fouvenir que point nie plus tor-
tement que pas. Mefiîeurs de l'Académie ont
aprouvé fa Remarque par raport à point & à
pas : mais ils condamnent finon que dont Vau-
gelas s'eft fervi , il a dû dire finon feulement.
Pas. Terme de Tifferand. C'eft le paffage du
fil dans la lame. Etre hors de pas ; c'eft prendre
un fil pour un autre. )
Pas. [ Gradus. ] Terme de Charpentier. Petite
entaille faite fur les plates-formes d'un comble ,
pour recevoir les pieds des chevrons.
Pas. [ Fretum Britannicum. ] Terme de Géo-
graphie. Détroit de mer qui eft entre Calais &
Douvre. ( Le pas de Calais. On paflTe le pas de
Calais pour aller en Angleterre. )
Pas de fouris. [ Margo vallaris. ] Terme de
Fortification. C'eft le petit relais ou efpace qu'on
laiife fur la muraille au-deffus du cordon , pour
donner du pied au parapet.
Pas de vis. [ Stria. ] Terme de Méchanique.
C'eft chaque tour de la canelure du cilindre
tourné en vis. C'eft la diftance qui eft entre
les filets ou arêtes d'une vis.
Pas d'âne. [ Annulas caudatus. ] C'eft fur les
Navires un anneau avec une queue.
Pas d'âne. Terme de Fourbijjeur. Sorte de
plaque de garde d'épée. {Pas d'âne bien travaillé.)
Pas d'âne. [ Lupatum. ] Terme à^Eperonnier.
Sorte de mords qu'on donne aux chevaux qui
ont la bouche forte.
Pas d'âne. [ Tuffilago vulgaris. ] C'eft une
petite plante qui croît dans les lieux aquatiques,
qui eft bonne contre la toux , qui porte des
feiiilles larges & couronnées, & des fleurs jaunes.
Paffer le pas. Cette façon de parler a encore
un autre fens que celui de mourir , comme il
paroit par ces vers.
( Et dès que fon caprice a prononcé tout bas
L'arrêt de notre honneur, il faut paffer le pas.
Molière, Ecole des Femmes , a(l. J. fc 3.
C'eft-à-dire , il faut que cela foit ; il faut que
nous foïons au nombre de Meffieurs les Cocus.)
Pas de haubans. [ Funiculï. ] Terme de Ma-
telot. Ce font de petites cordes qui traverfent
les haubans en manière d'échelons.
Pas à pas. [ Pedetentim , Lente. ] Doucement.
(Suivre quelqu'un /^a? à pas. Aller pas àpas.
* Le moyen d'arriver à la gloire de fon
original n'eft pas de le fuivre pas à pas AU.
Tac. C'eft-à-dlre , de le luivre exaftemeni,
fcrupuleufcment, )
^6 PAS.
De ce pas , aJv. Tout d'un teins. [ Il me mena
de ce pas chez lui. ^bl. Luc. II croyoit qu'il
viendroit de ce pas attaquer l'armée.
Pas un , pas une , adj, [ Nullus , ncmo. ]
Nul , aucun. ( On ne trouve plus dans le cours
pas une pcrfonnc agréable , pus un vifagc rai-
fonnable. )
P A s c A G E. Voiez paccage.
Pascal, Pascale, ( Pasciial , Paschale. )
adj. [ Pafch.-iHs. ] Qui eft de Pâque. Qui regarde
la fête de Pâque. ( Manger l'Agneau Pafcal.
Cène Pafcale. Nouv. Tejl. S. Mathieu , ch. z6 .
Qa^dit au pluriel les cierges Pafials, & non
PafcMx.
P A s L E. Voïez pâle.
P a s L E u R . Voïez pâleur.
P A s L I R. Voïez pâlir.
Pas MER. Voïez pâmer.
Pasmoison. Voïez pâmoifon.
PAS(iUE. Voïez Pâque.
Pasquette , PâcLUETTE ,/./•[_ BclUs. Petite
fleur blanche qui vient au tems de Pâques. Elle
reffemble à une marguerite.
Il y en a qui l'apellent pâquerette , comme il
fe trouve dans le Diftionnaire de l'Académie.
Pas Q.U I N , y. m. [ Pafquinus. ] Statue que
les Italiens apellent Pafqtnno , qui eft dans une
des places de Rome , & à laquelle ceux qui font
mal fatisfaits du gouvernement ou des perfonnes
d'autoriré , vont attacher quelque vers ou quel-
que raillerie qu'on nomme pafquin , du nom
de la ftatuë à laquelle on les attache. Voiez
les antiquité^ de Rome. Pafquin s'adreffe d'ordi-
naire à Marforio , autre ftatuë de Rome , ou
Marforio à Pafquin , que l'on fait répliquer.
Ses réponfes font d'ordinaire courtes , vives
& malignes. Mais parmi nous le pafquin eft
une efpéce de fatire. Ses fujets font des parti-
culiers illuftres dont on accufe la conduite.
( Le caraflére du pafquin c'eft d'ctre plaifant.
Brantôme , Hijloire des Dames galantes , tome i .
difcours. T. dit que les pafquins eurent grand
cours en France du tems de Charles IX. & de
Henri III. Tan^un pafquin contre une perfonne.
( Melin dt Saint-Gelais a introduit le nom de
pafquin dans notre poëfie.
Un écrit fcandaleux fous votre nom fe donne ,
D'un Pafquin qu'on a t'ait au Louvre on vous foupçonne,
Defpreaux. )
Pasquinade f f. f. [Programma maledicum. ]
C'eft une fatire qui contient quelque chofe de
l'hiftoire médifante du fiécle. La pafquinade n'a
pour but que de déchirer le particulier , & le
fatire de le corriger. ( Faire une pafquinade.
Les pafquins & les pafquinades ne vivent guère ,
parce que peu de gens les entendent. )
■* Passable, adj. [ Ferendus , non contem-
nendus , tolerabilis. ] Tolcrable. Qui eft raifon-
nable & mérite d'être fouffert. ( Vous verrez
De vôtre dernière avanture
Une affez paJJ'abU peinture.
Voiture , po'cf.
Ma foi tout eft paffable , 'iJ le faut confcITcr ,
Et Mignot fur ce point s'eft voulu furpafTer.
Defpreaux. )
■* Passablement , adv. [ Mediocriter , fat bene.)
Tolérablement. ( Faire des vers pajfablement.
Fait. Us fe figurent qu'il n'y a qu'à s'expliquer
pafjablement pour devenir bon hiftoricn. Abl.
Lucien , tome z.
PAS.
Passacaille, f.f. [ Mufica modulatio. ]
Terme de Mujique. Pièce de Mufique à trois
tems , compoiée de couplets. C'eft prefque la
même chofe que la C/uconne ; il y a pourtant
cette diférence , que le mouvement de la paffa-
caille eft ordinairement plus grave que celui
de la chacone , le chant plus tendre & les
expreftions moins vives. C'eft par cette raifoa
que les Pafl"acailles font prefque toujours tra-
vaillées fur modes mineurs , c'eft-à-dire , dont
la mendiante n'eft éloignée de la finale que d'une
troifiéme mineure. Broffard, Diction, de Muftque.
Il y en a qui écrivent paffecaille , comme les
Auteurs du Diftionnaire de Trévoux. Meflieurs
de l'Académie difent paffacaille.
■f Passade, y.'/ [ Stips. ] Aumône qu'on
donne aux pauvres paffans pour les aider à
paifer chemin & à fe rendre oîi ils ont deflcin
d'aller. (Donner la paffade à un pauvre voyageur.
Demander la pafl"ade. )
Paffade. [ Converfio quinque motibus pcrfecla ,
uno luotu confans. ] Terme de Manège. C'eft
une étendue de chemin borné ou non , par oii
le cheval doit pafl'er & repalTer fans qu'il lui
foit permis de s'en écarter, ( Faire des paffades.
Cheval qui ferme bien une paffade. Ajufter un
cheval fur les pafâdcs. Il y a des pafjadcs
relevées , des paffades de piroiiette , des piîffades
de cinq tems , des paffades d'un tems, &c.
Paffade, f.f. [Tranfitus , tranfgreffus.'\ Aftion
de celui qui ne fait que traverfer un pais fans
s'y arrêter. ( Ce vin eft aflez bon pour une
panade. Danet. )
Paffade. [Jocofa natantiiim colluclatio. ] Se dit
entre les nageurs , lorfqu'en fe rencontrant l'un
enfonce l'autre dans l'eau & le fait paffer entre
fes jambes.
Passage ,f. m. [ Tranjitus, ] C'eft l'allée d'un
lieu à un autre. Voyage qu'on fait d'un lieu à un
autre. (Le paflage des troupes eft incommode.
En tous lieux fur nôtre paffage
Ce font des dèbordemens d'eau
Qu'il faut traverfer prefqu'à nage;
Chaque fleuve , chaque ruilTeau
A par-tout franchi ion rivage.
Abbc Regnur. )
Passage. [ Tranfitio. ] Lieu où l'on paffe
chemin pour palier. Permiflion de pafl'er. ( Le
pajfage eft libre. Donner paffage. Acorder le
pajfage. Livrer paffage aux troupes. Abl. Ret.
l. 4. c. ,3. Reconnoître un paffage. Abl. Arr.
l. 3. Il étoit aifé d'empêcher le paffage à toute
l'armée. Abl. Ret. L i. Envoyer faifir les paffâges.
Abl. Ret. l. z. c. J. Diiputer le pajfage du fleuve.
Abl. Ret. L z. c. 3.
Paffage. [ Via."] Endroit de chemin ou de route '
par où il faut pafl'er quand on va en quelque
lieu. ( Voici un dangereux paffage. )
* Paffage. [Aditus.] Route qu'on fe fait pour
pafl'er & pour avancer chemin , qu'on fe fait
vigoureufement au travers de quelques troupes
ou de quelque gros d'ennemis. ( Se (aire paffage
l'épée à la main. Abl, Ret. L J. c. i.)
* Paffage. [ Locus ,textus.] Endroit de difcours
ou de livre. ( Expliquer un paffage de l'Ecriture.
he paffage qu'il a aporté étoit décifif.
Ces p.iff.ii^es brillans , ces traits pris de l'hiftoire ,
De nos Prédicateurs firent long-tems la gloire.
rdiurs.)
Paffage , Se dit en terme de Mujîque , d'un
certain
PAS.
certain roulement de voix qui fc fait en paffant
d'une note à une autre. ( Ce Muficien fait trop
de pajfagcs en chantant. )
Paffdgc. Terme de Peinture. Les dégrès par
lefquels on paffc d'une teinte , d'une couleur à
l'autre, s'apcllent/jfl^j^w, en termes de peinture.
Paffagc. [ Thyrorion. ] Terme à^Archltcclurc.
C'eft un petit lieu qui ne fert qu'à dégager une
chambre d'avec une autre.
Paffage. [ Portoriuin , naulum. ] Droit que les
marchandifes paient en paffant par un lieu. Le
Roi de Danemark fait paier un droit de p^ffuge
par le Zund.
Passager,//». [ Vcclor. ] Terme de Mer.
Celui qui paie le fret pour le port de fa pcrfonnc.
& de fcs hardes. Fournkr. Il fe dit auflî de ceux
qui partent les rivières. \_ Lintrarius.^
Paffjger , V. a. [ Equiim agere, ] Terme de
Manège. Promener , mener au pas ou au trot.
{^Pajjager un cheval fur les voltes. Pajfager un
cheval au trot. Quelques-uns difent pa[[sger un
cheval , mais paffager eft le mot ordinaire. )
Pajfager , Paffagere , adj. [ Peregrinus. ] Qui
ne fait que paffer. Qui palTe vite. ( Oifeau
paj/hger. Chagrin pajfager. fleur paj/agere. Biens
pajftigcrs. Poiffon pajfager.
Comme chaque faifon , ma flamme eft paffagere.
Vtllcduu.)
Passant,/. OT. [ Prœtericns. ] Perfonne qui
pafTe fon chemin. ( Ataquer les pajfans.)
Pajfant. Participe , pour dire cjui pajfe.
Pajfant. [ Supcrans. ] Participe , qui fignifîe
qui J'urpajje , J'urmonte.
(Prélat pajfant tous les Prélats pd/^f^.
Voilure , po'dj.
Pajfant, tu vois ici le Comte de Grammont,
Ce Héros éternel du vieux Saint- Evremont.
Rec. de Bûu/t. )
Paffant , adj. On dit un chemin pafsant, une
rue paj'sante , c'eft-à-dire , un chemin public où
tout le monde a droit de paffer , ime rue fort
fréquentée , où il paffe bien du monde.
En paffant , adv. [ In tranfitu. ] En faifant
chemin fans venir exprès. (Saluer qrelqu'nn en
paffant. Je n'ai vu cette Ville qu'en paffant.
Boire un coup en paffant , c'efl-à-dire , fans
s'arrêter. )
En payant , adv. [ Ohiter. ] Incidemment ,
fans reflexion. Les libertins ne font en repos
que qi'and ils ne fongent qu'en paffant à ce qu'ils
font & à ce qu'ils peuvent être. Mad. Scud.
Paffant. [ Gradiens. ] Terme de Blajon. Se
dit d'un animal pofé dans un écu fur fes pieds,
& qui femble marcher. (N. porte de gueules à
deux lions paffans l'un fur l'autre. )
Passavant,/ m, [ Syngraphus viatorius. ]
C'eft une forte d'écrit qui permet à ceux qui
voiturent de paffer outre. (Prendre unpaffavant.
Voiez le bail des cinq groffes Fermes , art. JS. )
Passe,/!/ [In adverjarium inj'ultus. ]
Terme de Maître d! Armes. Elle confiftc à paffer
le pied gauche devant le droit en portant le
coup. ( Il y a de diférentes pafses , de tierce ,
de quarte, &c. Une />.7/Je bien faite & dans fon
tems , eft un très-bon coup. II y a auffi des
pafses au colet , qui confiftent à fe faifir d'une
manière prompte & adroite du corps de fon
ennemi , pour en tirer avantage. Liancoun ,
Maître d^ Armes , ch. i^. )
Pafse. [ Effe in curfu ad , &c. ] Ce mot fe
dit des perfonnes , & veut dire , fur le point.
Tome III.
PAS. 57
Etat. ( Nous ne femmes pas encore connues ,
mais nous fommes en paffe de l'être. Molière,
précicujes. Etre dans une belle p.tfse. Scaron. )
f * Faire une pafic au colet à quelque jolie
grifette
Pafse. [ Arcul.i ferrea. ] Terme de Billard.
Petit fer rond en forme de porte au travers
duquel on fait paffer la bille.
Pafse. [ Porta, ferrea qud glohulus trajicitur. ]
Terme de Jeu de Mail. Petit fer rond en forme
d'arc , qui eft à chaque bout du mail. ( Etre en
pafse. C'eft être affez proche de la paffe pour
y faire paffer la boule d'un feul coup. )
Pafse. [ Tranfcat. ] Terme de Jeu de Cartes^
On le dit pour témoigner qu'on ne veut pas
jouer ce coup là , ou qu'on veut voir venir
les autres. {Pafse , pafse pour y revenir. Quand
tous les Joiieurs ont dit pafse , il faut refaire J
On dit auffi , il faut paffer la pafse, II n a
gagné que la pafse.
Pafse. \_ Nummorum fupplcmentum.^ Terme de
Banquier & autres gens qui reçoivent. Surplus
pour faire le compte rond. ( Le compte y eft ,
il ne faut plus que h pafse. )
Pafse. Raifin de pafse. C'eft du raifm féché-
au foleil , dont on fait du vin en Afrique &C
au Levant.
Pafse. Terme de Teinturier. Il fe dit de la
dernière façon qu'on donne à certaines couleurs,
en les paffant légèrement dans une cuve de
teinture. ( On donne une pafse de cochenilfe
aux gris tannez. )
Pafse. [ Cincinnus. ] Terme de Faifufe de
bonnets. C'eft un devant de bonnet de femme.
■f On dit encore pafse , pour dire , cela peut
paffer.
Pafse-bale , ou pafse-bouht, [ Modulus glohula-
rius. ] Plaque de fer ou de cuivre percée en
rond par le milieu pour y faire paffer des boulets
& les calibres.
Pafse- canal. [jEffuarium.'] Paffage entre des
bancs de mer , ou un endroit étroit de mer entre
deux terres.
Pafse-caille. [ Tœnia manicaria. ] Porte man-
chon , un ruban ou efpéce de ceinture qui
foutient le manchon.
Pafse - debout. Acquit que les commis des
Douanes & Bureaux des entrées donnent aux:
Marchands & Voituriers pour les marchandifes
qui doivent feulement traverfer un pais ou
quelques Villes, fans y être déchargées.
Pafse-droit , f. m. \_ Indulgentia , relatio. ]
Grâce & faveur que l'on fait à quelcun en
relâchant de fon droit ou de la rigueur des
Loix. (Je fais cela par un pafse-droit.)
Paj'sc-droit. Se dit plus ordinairement d'une
efpéce de tort ou d'injuftice qu'on fait à quel-
cun , contre l'ufage ordinaire. ( On a fait un
pafse-droit à cet Oficier. )
Passe',/; m. [Elapfus.] Tems écoulé. Chofe
qui s'eft paffée. (Le pafsé n'a point vu d'amours
éternelles. Sçavoir le/'fl/it.'&l'avenir.^oir./.^o.)
Pafse , pafsée , adj. [ Tranfmifsus. ] Chofe
au-delà de laquelle on paffe. ( Fleuve pafsé ,
Rivière pafsée. )
Paj'sé , pafsée , adj. [ Evanitus , extinclus. ]
Qui n'eft plus. ( Cela eft pafsé. Mode pajsée. )
* Pafsé , pafsée. [ Jam anus & floris extincii. ]
Ce mot en parlant des perfonnes , veut dire
vieux. Qui n'eft plus confidérable pour les
qualitez du corps. ( Il eft bien pafsé. Elle eft
bien pafsée. )
H
58 PAS.
* Pafsc , pafsie. [ Evanitus. ] Ce mot fe dit des
couleurs , &C veut dire , ^iii a perJuJon Ittjlre. Qui
n'a plus fon éclat ordinaire. { Couleur pafiée. )
Pafsè en fatttoir. [ Dcciifsatus. ] Terme de
Blafon. C'efl-à-dire , mis en fautoir.
P A s s ï'e , / / [ Fejligiiim. ] Quelques-uns fe
fervent de ce mot en termes de CliaJ[e , pour
dire , U pas d'une béce. ( Voilà les pafsces de la
bête. )
Pafsie. Se dit du tems où certains oifeaux
pafTent d'un pais en im autre. ( Prendre des
becaffes à la paffie. )
Paffk. [ Tranjitus. ] Ce mot fe dit en parlant
de gens de guerre , & veut dire pajjage de gens
de guerre par un lieu. ( Ils ont eu pluficurs
pafsées de gens de guerre qui les ont fort incom-
modez. Les pafsées de gens de guerre enrichiffent
quelques perfonnes , & ruinent une infinité
d'autres. )
Pafsét. [Pili conjunctim contexti. ] Terme de
Perruquier &C de Trefsenfe. C'eft environ trois
douzaines de cheveux qu'on treffe fur les foies
lorfque l'on fait quelque perruque. ( Sçavoir la
pafscc. Aprendre la pafsie. )
PaJ'se-feur. [ Lychnis. ] C'eft ime anémone.
Voiez Anémone.
Pafse-jleur , ou pafse-rofe , ou œillets de Dieu.
Il y en a de plufieurs efpéces , qui contiennent
toutes beaucoup de fel effentiel & d'huile.
Leur fuc , afpiré par les narines , excite l'éter-
nuement. Leurs fémences font bonnes pour la
piqueure de fcorpion.
Passeger , V. a. Voïez Pajfager. Terme
de Manège.
Passement, /ot. [ Tœnia textilis. ] C'eft
un ouvrage de Paffementier qui eft fait de fil ,
de laine ou de foie , & qui eft travaillé en
manière de ruban. ( Un beau , un hon pafsement.
Faire du pafsement.
■j" Passementer , V. (Z. [ Tœnlis textilibus ornare.]
Mètre du paffement fur quelque habit. Garnir
le paffement. ( Ce mot de pafsementer en ce fens
ne fe dit prefque point , & en fa place on dit,
mètre du pafsement (ur un habit.)
P a s s E M E N T I E R , /. /72. [ Ticniarum textor. ]
C'eft celui qu'on apelle ordinairement Rubanier,
& qui fait de toutes fortes de rubans & de
paffements. ( Il eft maître Pafsementier. Les Pafse-
mentiers font prefque aujourd'hui tous pauvres. )
Passe MUR. [ Torwentum belUcum longius. ]
Nom qu'on a donné à une couleuvrine extraor-
dinaire qui a quarante calibres de long , & tire
fcize livres de balle.
Passe - Parole. C'eft un commandement
qu'on fait à la tête de l'armée , & qu'on fait
pafl"ant de bouche en bouche jufqu'à la queue.
Passe-i'AR-tout , f. m. [ Sera biforis. ] Terme
de Serrurier. C'eft une ferrure oii il y a ordi-
nairement deux clefs & deux entrées.
Pafse-par-tout. [ Clavis pervia. ] C'eft une clef
qui fcrt i\ ouvrir plufieurs ferrures. (Mon pafse-
par-tout eft perdu. )
Pafse-par-tout. Terme de Scieur. Scie propre
à fcicr de gros arbres.
Pafse-par-tout. Terme de Graveur. Planche
qui a une ouverture au milieu , dans laquelle
on enchaffe une autre planche gravée exprès ,
où eft le poteau , ou le chiffre ou les armes de
quelqu'un.
Un voyageur qui fçait le Latin a un pafse-
par-tout pour fe faire entendre. ( Un dijiinguo
tft le pafse-par-tout des mauvais Logiciens.)
PAS.
Passi- Passe. [Prajligia.'\ Tours de pafse-
pafse. Ce font des tours d'adreffe & de fubtilité
de main , par lefquels les Charlatans font
paroître & difparoîtrediverfes chofes.
j" Faire des tours de pajfe-paff'e. C'eft faire des
tours d'adreffe & de fubtilité de main. Au figuré,
c'eft tromper , fourber adroitement.
Paffe-perle. On donne ce nom à un fil de fer
très-fin qui fcrt à faire des cardes.
P A s s E - r I E D , y." OT. C'eft un air de Mufique ,
à trois tons fort vîtes , qui commence par une
noire hors de mefure. 0\an. Dicl. Mat.
C'eft aufli une danfe de Bretagne.
Passe-i'ierre , ou Perce-pierre. Plante qui
croît dans les jardins , & qui eft bonne en falade,
quand elle a été confite dans le vinaigre avec
des épices.
PASSE-poiL,yiTO. [ Decuffatoria. ] Terme
de Tailleur. C'eft une petite bande de fatin , ou
de tafetas de couleur qu'on mettoit dans les
coutures d'un habit , & qu'on faifoit un peu
avancer pour le relever.
PASSE-P0MME,yi/' [ Pomum mufleum. ]
Efpéce de pomme précoce , & qui eft fans pépins.
PASsE-P0RT,y; m. [ Commeatus. ] Ordre
par écrit d'un Souverain , ou de celui qui a le
pouvoir d'un Souverain , de laiffer entrer , paffer
& demeurer un certain tems fur fes terres , une
ou plufieurs perfonnes étrangères. ( Avoir un
bon paffeport. Le paffeport eft fini. Expédier
un paffeport.
Par tout d'exçellens paffepons
Des vices de l'ame & du corps.
Des/i. )
Pajfe-port , ftgnifie auffi la permiflîon d'un
Souverain de faire entrer dans fes Etats ou d'en
faire fortir des marchandifes , fans en païer les
droits. Il fe dit aufll de la permifiion que les
Marchands ou autres obtiennent de faire entrer
ou fortir , en païant les droits , des marchandifes
défendues.
Paffeport , en termes de Commerce de Mer ,
fignifie ce qu'on nomme autrement Congi.
Passer. \_Tranfire.^ Ce verbe eft aéîif &
quelquefois neutre paffif , d'autrefois neutre. Le
mot de paffer veut dire , aller d'un lieu à un autre
fans s'arrêter tout à-fait qu'on ne foit où l'on
veut aller. Quand le verbe pajj'er eft pris en ce
fens ou qu'il a un régime , & qu'il a un raport
aux lieux , ou aux perfonnes , il fe conjugue à
fon prétérit compofé avec le verbe avoir. Et on
dit fai paffi : mais quand le verbe paffer n'a ni
régime ni raport aux chofes , il fe conjugue
ordinairement à fôn prétérit compofé avec le
verbe auxiliaire. Exemples du verbe paffer , en
tant qu'il a un régime. Il a paffi la rivière. Abl,
Par tout où l'armée a paffi elle a fait un grand
dégât. Nouvelles remarques fur la langue. Exemples
du werhe paffer , en tant qu'il eft verbe paflif , &
qu'il n'a point de régime. Le bagage eft paffi.
L'armée eft pafjee. Abl.
Par tout où vous pnjfer^ vous répandez des grâces.
Les cœurs de tout le peuple acompagnent vos traces.
Bourf. Efop.
Passer-debout, On le dit des marchandifes
qui paffent dans une ville , pour être voiturées
ailleurs.
Paffer fur quelqu un. C'eft en terme A' Efc rime,
gagner le fort de l'épée de quelqu'un , pour le
faifir au corps , pour le défarmer.
PAS.
Faffer par hs armes. [Milium rtum cdinpiiharns
'glandibus trajkere. ] Ces mots fe difent en parlant
de ("oldats criminels. C'ell faire tuer à coups de
moulquet par trois ou quatre lolJats à la tête
du Régiment qui eft en bataille , un foldat
condamné par le confeil de guerre. ( Pafler un
foldat par les armes. )
"* Paffer. \In partes allcuj us tranflrt , transferri.^
Etre tranCpcrté. Etre transféré. ( L'Empire paffa
des Médes aux Perfes. ^/V. Rct. l. J. c. J.)
Pnffer. [ Âctingcrc , a(feaui , exupcrare. ] Aller
au-delà. ( La pKipart des kliles de Thcocrite ne
partent guère cent cinquante vers. Je nepujfercii
pas cinquante piflcles. Elle a beaucoup paJJ'é
mesefpérances. Folt. /. 3. Quand celaz-^î^- trois
mois, ma foi , je m'ennuie. Foie. )
* Pajjir. [ Omittere. ] Omettre. ( Vous paffez
une ligne. Vous paffez un mot. )
■* Paffér. [ Superare. ] Surpaffer.
* Pajfer. [ Ptrpolin. ] Retoucher. Voir , exa-
miner. ( Que pourroit-il y avoir de manque
après tant d'habiles gens qui y ont paffé.)
* PaJJer. [ Breviter Jlriclimquc dicere. ] Dire
légèrement. Parcourir. Raconter en peu de
paroles. ( Ceux de Smirne après avoir piijfc
légèrement fur leur origine , dirent , &c. Abl.
Tac. Arr. l. ^. Dire une chofe en paffant. )
* Pajfer. [ Satisfacere , depelhn. ] Satisfaire.
Diffiper, Chaffer. ( Paffer fon envie, Paffer fon
chagrin , fa mélancolie. Scaron,^
* Paffer. [ Confnmere. ] Ce mot fe dit fouvent
du tems qui s'écoule & qui fe confume à être
en quelque lieu , ou à faire quelque chofe. Et
il fignifie , demeurer , tmploïer , confumer. ( Paffer
l'hiver à Paris , & l'été à la" campagne. i'ca/'OTz.
Paffer les nuits fans fermer les yeux, Paffer fes
jours autour de Rome. Abl. Tac. Arr. liv.4.
Oiii, je vous aime & je vous ai choifie
Entre mille jeunes beautez ,
Pour pajfer avec vous le refte de ma vie ,
Si toutestois mes vœux ne font pas rejettez.
Pcrr. Grifdid.)
Paffer. [ Perdurare. ] Veut dire encore durer.
Cet habit lui a paffé deux étez. Il faut que ces
provifions nous /^a^/zf l'hiver. )
* Paffer. [ Tempus irifumere.] Ce mot joint à
celui de tems , a encore quelques autres fens.
( Ainfi on dit , c'eft un homme qui ne fonge
c\a'k paffer fon tems. C'eft-à-dire , qu'à fe divertir
& qu'à couler doucement la vie. Ilpaffe mal fon
tems. C'eft-à-dire, il a de grands chagrins , ou
de grands maux. )
* Paffer. [ Percolare. ] Couler quelque liqueur
au travers d'une chauffe. ( Paffer une liqueur.
Paffer un boiiillon dans un linge. )
On dit des liqueurs , quelles paffentpar quelque
conduit. Et des rivières , qu'elles paffent par un
tel lieu.
*' Paffer. [Effluere , labi.'] S'écouler, (Le jour
paffe infenfiblement. Ablanc. Voïez comme le
tems paffe. )
* Paffer. [ Cedert ï vicd.l Mourir, ( Il eft paffé,
il a plié bagage. Il va paffer. )
* Paffer. [JEffimari. J Ce mot fe dit des
diffinclions particulières , & veut dire être admis,
être reçu. (Le mot a paffé. Fau. Rem.) On le
dit auffi des monnaies. ( Cette piftole eft bonne,
elle paffera. J'ai fait paffer cet écu. J'ai paffé une
piftole qui étoit légère. )
Paffer. [ Statuere , decernere. ] Ce mot fe dit
des /ttg'ei lorfqu'ils opinent, ou des gens affem-
blez pour réfoudre quelque chofe , & fignitîe ,
Terne III.
PAS. 59
Se conclure. S'arrêter. ( Cela a pii(jét.o\.n d'une
voix. Abl. La chofe pafl'a à la pluralité des voix.
Il leur promit de faire pafler la chofe en plein
confeil.)
* Paffer. [ Obolefcere , in defiittudinem autre. J
Etre aboli. ( Ce mot eft paffé. La mode des
vertugadins eft paffce. )
* Paffer. [ Decernere. ] Ce mot fe dit entre
Notaires & autres gens de pratique , & veut
dire , faire acorder. ( Paffer un contrat. Paffer
un afte au grèfe. Paffer condamnation.)
Paffer , V. n. [ Haberi. ] Etre eftimé. ( Il paffe
pour un grand Phîlofophe, Vous ne me ferez
pas paffer pour dupe.
Qui fouffre l'afTiduité
De l'Amant qu'a fait fa beauté ,
En vain auprès de lui veut ptijer pour cruelle
Un homme qui fe voit d'une femme écouté
A droit de tout elpérer d'elle.
Pavillor..)
* Paffer. [ Deflorefcere.] Perdre de fon luftic.
( La beauté paffe , ou fe paffe. )
. . , . Que vous donner ?
Un fmiple bonjour , c'eft trop peu
Mon cœur, c'eft un peu trop, quoique fa faifon /»ii^
Il ne faut même pas , de votre propre aveu ,
Que jamais de fon cœur mon fexe fe dctade.
Desh.)
^^ Ce terme paffer eft heureufement emploie
dans ce Madrigal ,
Vous avez beau charmer , vous courez le deftln
De ces fleurs fi fraîches, fi belles, 1
Comme elles vous plaifez , \o\is paffire^ comme elles.
* Paffer. [ Statuere , acquiefcere. ] Ce mot fert
à marquer une forte de volonté , ou de néceflité
abfolué. ( Allons , il en faut paffer par là. Mol.
Allons, il faut que cela paffe. Mol. C'eft-à-dire,
il faut que cela foit. )
* Paffer. [ Annumerare , afcribere. ] Ce mot fe
dit entre Soldats , en parlant de montre. C'eft
donner à un Oficier la paie d'un ou de plufieurs
hommes comme s'ils ètoient effeftifs. Paffer trois
hommes à un Capitaine, )
Paffer. Se dit des examens qu'il faut fubir ,
des chefs-d'œuvres qu'il faut faire pour parvenir
à quelque degré. [Âfcribi in album. ^(^U falloit
autrefois effuïer un rude examen pour paffer
Dofteuf de Sorbonne. Ce Licentié a glorieufe-
ment paffé. )
Paffer la plume par le bec. [ Fruflrationem in
aliquem injicere, ] Pour dire , fruftrer quelqu'un
d'un avantage qu'on lui avoit fait efperer.
^l^ Les Romains , pour exprimer une trom-
perie cachée fous de belles apparences d'amitié
& de fervice , difoient osfublinire : c'eft-à-dire,
félon Henry Eftienne , dare verba , & arte quadam
illudere. C'eft là véritablement ce que nous apel-
lons , paffer la plume par le bec.
Paffer de fil en aiguille , pour dire , paffer d'un
difcours à un autre. Paffer du blanc au noir ,
pour dire ; aller d'une extrémité à l'autre.
( U amitié paffe legand , lorfqu'on touche la main
à quelqu'un qui n'a pas eu le tems d'ôter fon
gand. Contentement paffe richeffts , pour dire ,
qu'il vaut mieux être fatisfait fans inquiétude
que d'être riche.)
• Paffer. [ L&\igare. ] Ce mot fe dit entre
Architecles & Maçons , & fignifie mettre. ( On
paffera pardeffus , une compofuion de chaux
pour remplir les joints. )
♦ Paffer. Ceffer. ( Laiffer paffer la pluie,.)
H ij
60 PAS.
* Pdffir. Ce mot entre encore au figuré dans
plufieurs façons de parler. Exemples. Le feu de
fon efprit ne pajfc point dans fes ouvrages. Jhl.
Tac. Ann. l. ^. C'ell-à-dire , ne fe communique
point à fes ouvrages. Après avoir inftruit fes
difciples fur les véritez de la foi , il a paffc à la
reformation des mœurs , Godcau. C'eft-à-dire ,
il eft venu parler de , &c. Il ne lui laïffc rien
pa£er. [ Ficia & quidcm Icvia advenit. ] C'eft-à-
dire , il le corrige de tout. // laiffe. tout paffir.
[ Omnia culpandu prœtermittit. ] C'eft-à-dire , il
ne corrige, il ne reprend rien. Pajfcr par dejfus
toutes fortes de confidérations. Fait. Ut. zcf.
C'eft-à-dire , ne rien confidérer. [Niliil attcnderc.'\
Pa(fcr , V. n. Il fe dit des pierres prccieufes ,
& c'eft un terme de Joiiaillicr , & de meteur
en œuvre. C'eft perdre l'éclat de fa première
couleur. (Il y a des pierres prccieufes qui paffent
bien plutôt les unes que les autres. )
Pajjir. S'emploie dans les Arts mécaniques.
[Prœparare, expolire.] P.iJ/ir p-dr la filière de l'or
ou de l'argent. Pajfer une couche de verni fur
un tableau. PaJ/èr de la cafTc par le tamis pour
la monder. Pajj'er de l'hipocras par la chauffe.
Pajjir. Ce mot eft fort en ufage dans plufieurs
métiers, exemples. Piiffcr en mégie. [Pelle conficere.'\
C'eft acommoder une peau comme un Mégiflîer.
Pajfer une peau. C'eft lui donner les façons
néceffaires. Pajfer le carreau fur les rentraitures.
[ Pannum ajfutum comprimere. ] Terme de Tailleur.
Paffer un livre en parchernin. Terme de Relieur.
C'eft percer le carton avec un poinçon & mettre
les nerfs dedans.
Pajfer. Terme de Teinturier. C'eft mettre les
laines, les foies , ou les étoffes dans des chau-
dières,.ou cuves pleines de drogues ou ingrédiens
qu'ils emploient pour la teinture. ( Pafier une
étofe en noir , en bleu , &c. )
Pajfer en blanc. Terme de Monoïeur. C'eft pafl"er
les lames de métal dont on doit fabriquer les
efpéces , entre les rouleaux du laminoir , avant
de les avoir fait recuire.
Pajfer Jon ordre. Terme de Commerce de lettres
& de billets de change. C'eft mettre fon ordre au
dos d'une lettre ou billet de change en faveur
de quelqu'un , ou déclarer qu'on les lui tranf-
porie , pour lui être paie?,.
Pajfer des marckandij'es en fraude. C'eft les faire
entrer ou fortir fans païer les droits. On dit à
Cadix , pajfer par haut.
PaJJlr des rafoirs & des couteaux. Pour dire ,
les aiguifer ou les afiler fur la meule.
Pajjer à la claie. Terme de Jardinier. Voïez
Claie.
* Se faire pajfer maure. Docteur , &c. [ Ad
aliquem gradum evehi, ] C'eft-à-dire, fe faire
recevoir. Voïez maître. Paft'er maître.
Paffer , v.a. Ce mot fignifie encore faire pafftr.
(Paft'er un ruban dans un anneau. Paflcr une
épée dans les pendans du baudrier. Pafler le
lacet dans les oeillets. Paft'er un bouton dans
«ne gance. On dit aufll paft"er fon bras dans une
manche. Paffer fa chemife pardeffus fa tête. )
* Pajfer par diverfes charges , ojices & emplois.
[ Diverja obire munia. ] C'eft les exercer les unes
après les autres.
// a bien paffé des afaires par fes mains. [Multa
traciavit négocia. ] C'eft-à-dire , il a fait plufieurs
afaires.
* Se pajfer , v. r. [ Agi. ] Se faire. ( Tandis
que ces chofes fe paffoient , ils , &c. Abl. Arr.
l. i. c. ^.)
PAS.
* Se paffer. [ Marcefcerc ,f.acceffere. ] Perdre de
fon luftre. ( La beauté de Mademoifelle une
telle fe paffe fort. On dit aulU , elle ejl bienpajféc.)
* Se paffer , [Jluere. ] S'écouler. ( Une partie
de la viey^ paj/e à défirer l'avenir. Morale du
Sage. On eft fort fot de bazarder fon falut pour
un plaifir qmjepajfe en un moment. On dit auftî,
pour un plaifir qmpajfecn un moment. )
* Se pajfer. [Floris ejfe extincli.] Vieillir. Dimi-
nuer. Ceifer d'être fi frais & fi vigoureux qu'on
étoit. (Il commence fort à fe pafler. La pauvre
coquette fe paffe fort. )
Se paffer. [ Exolefcere. ] Il fc dit du fruit. On
dit qu'il fe pafj'e. C'eft-à-dire, que la faifon où
il devoit être mangé , s'eft écoulée , qu'il n'a
plus fon vrai goût , & qu'il eft devenu infipide
& mou. ( La pêche trop mûre eft paffée. Il y a
des pommes & des poires qui fe paffent bien
plutôt les unes que les autres. )
* Se pajfer. [Sibifatis eJfe.] N'avoir pas befoin.
Ne fe foncier pas. ( Je me pafferai de tous les
autres biens tant que je jouirai de ceux-là. Foit.
l. 2J. Les chameaux d'Afrique font meilleurs
que les autres , parce qu'ils fe paffent d'orge
jufqu'à quarante & cinquante jours. Abl. Mar.
t. i. l. I.)
* Se pajfer. { Abflinerefe.] S'abftenir. (Vous
vous pourriez pajfer de me dédier votre livre.
Boileau, Avis à Ménage. )
* Se paffer. [ Re aliqud contentum effe. ] Se
contenter. ( Je me paffe à peu. Il fe paffe de ce
qu'on lui donne. )
Passerage ,J'.f. [Lepidium.] Plante médicinale.
Passereau,/;/ [ Pajfer. ] Ce mot s'écrit ,
mais il ne fe dit guère en parlant. On fe fert en
fa place du mot de moineau , qui fignifie la
même chofe que celui de pajjèreau. (Je me
trouve comme un paffereau qui eft tout feul fur
le toit d'une maifon. Pfeaume go. v. g. )
Sa femelle s'apelle paj'e. Catulle a fait une
petite Elégie excellente fur la mort ^u paffereau
de Lesbie fa maîtreffe.
P.\ssER03E,y;/ Sorte de plante qui pouffe
une tige d'une coudée , & qui porte des fleurs
de couleur de pourpre , mais d'une couleur vive
& éclatante. ( Il y a des paffe-rofes cultivées
& des paffe-rofes fauvages. ) Voïez pajfe-feurs.
f Passeroute, J'.f. [ Prœfligiœ. ] Ce mot
fe dit des tours d'adreffe & de fineffe , &c fignifie
le tour & la fineffe qui l'emporte par deffus les
autres tours & les autres fineffes. ( C'eft des
plus merveilleux tours de la pafferoute &c la
maîtrife. Sar. )
Passe-tems, f. m, [ Obleclatio ludicra, ]
Plalfirs. Divertiffement. (Ce font des paffe-tems
permis. Paffe-tems honnêtes. Donner du paffe-
tems à quelqu'un. )
Aflez commodément, de peur qu'il ne m'ennuie.
Je prends les pjjfe-temps les plus délicieux.
Bcnfcrade , Bulct de la nuit , î. />. )
P A S S E T s , ou R A Y o N S. Séparations qui
font dans les armoires des boutiques & magafins
des Marchands , où l'on place & range les étofes
félon leur efpéce & qualité. ( Des armoires à
paffets. )
Pa ?s E-VELOURS , f. f. \_ Amaranthus.'] On
apelie aufli cettejîeur , amarante, ou fleur d'amour.
C'eft une fleur qui eft de velours cramoifi , &
qui garde long-tems fon luftre. (La paffe-velours
eft belle, agréable. )
Pa^evogue , f.J.\, Fioleneior remigatio. ] Terme
PAS.
de Mer. Vogue de Galcre redoublée avec grand
cfort de rameurs.
P A s s E-V OLANT,y!/7l. [ Suppojiiitius miUs. ]
Homme qui paffe en revûë & qui n'cft pas
enrollé. (Par l'Ordonnance de 1668. Sa Majcftc
a ordonné que les paffe-volans feroient marquez
à la joue , par le bourreau , avec un fer chaud
ileurdelifé. )
Pajjc-volûnt , (e dit auffi de ceux qui entrent
aux Ipeclacles fans païer , en fe mtlant parmi
ceux qui ont droit d'y entrer. On apelle encore
pa^e-volans ceux qui ne font que paffer dans un
endroit. { Ceux qui courent d'un lieu à un autre
fans prefque s'arrêter. )
^l^'On a pelloit autrefois jP<î^-vo/iî«r une petite
pièce d'Artillerie , dont Rabelais a fait mention ,
tlv. i. ch. z6.
Passeur d'eau,/! m. [Porcitor , lintrarius. ]
Celui qui paJJ'e la liviére depuis le Soleil levant
jufqu'au couchant ceux qui veulent paffer. A
Lyon ce font des femmes qui paffent les gens
fur la rivière de Sône , & on les z^cWq pa£euja
d'eau.
Passible, adj. [ Pajfihilis , qiiod patipotcflP\ \
(Ce mot eft tiré du Latin, il fignifie , qui peut
fouffrir. Nos corps ÇontpaJJibks. Godcau,
Pour les maux étrangers nos âmes font pafflhUs ,
£t nos propres malheurs nous trouvent infenfibles,
Hahcn , Temple de la mort, )
Passibilite'. [ PatlbUis qiialïtas. ] Term^
de Phifiqut. C'eft la qualité d'un corps paiîîble ,
qui peut foufFrir quelque douleur , recevoir , &c.
Passif, Passive, adj. [ Paticns ,paJJivusP[
Terme de Phifique. C'eft celui qui eft opofé à
actif. ( Principe ac?//! Principe /j^/^/)
Pajfif , paffive. [ Pajjivus. ] Terme de Palais,
qui fe dit en parlant de dettes. ( Um dette paffive.
C'eft une dette qu'on doit. Dette active , dette
qui eft dùë. On dit aufîi , voix paffive , & voix
active. On a voix aftive dans une affemblée
quand on peut y dire fon fentiment , donner
fa voix à quelqu'un pour être élu. On a voix
aftive & paiîîve quand on peut élire & être élu.
Paffif , paffive. [ Verbum patiendi. ] Terme de
Grammaire. Il fe dit en parlant des verbes qui fe
conjuguent en François avec le verbe auxiliaire.
Je fuis aimé , je fuis battu , font des verbes paffifs
François , parce qu'ils fe conjuguent avec le
verbe je fuis , & qu'ils fignifient qu'on eft l'objet
qui reçoit quelque effet de l'aftion , ou de la
paffion d'autrui. )
Paffif, f. m.[ Pafffivum verbum. ] Verbe paflîf.
(Conjuguer le paflîf. Le paflif en François n'cft
pas difficile à conjuguer quand on fçait les deux
verbes auxiliaires. )
Passivement, adv. [ Paffivï. ] Terme de
Grammaire. D'une manière paflive. (Ce mot fe
prend pafllvement. )
Passivete'j/./I [ Stattis paffflvus contempla-
tivorum. ] Terme de Myfiique. Qui marque l'état
de Vdtnc paffive & contemplative. {Lapafflveté
des contemplatifs n'eft point un état de foufrance;
elle n'eft opoCée qu'à l'aâion & à l'ailivité.
Bofuet.)
Passion,//^ [ Animi motus , affectus. ] Mot
général qui veut dire , agitation qui eft caufée
dans l'ame par le mouvement du fang & des
cfprlts , à l'ocafion de quelques raifonnemens.
D'autres difcnt qu'on apelle pajjion tout ce qui
étant fuivi de douleur & de plaifir , aporte un
tel cha.ngement dans l'efprit , qu'en cet état il
PAS. 6 1
fe remarque une notable diférencc dans les
jugemens qu'on rend. Rhétorique d\4rifîote , l.z.
( L'Orateur excite les paflions. Les paffions
font des mouvemens de la volonté , mais des
mouvemens impétueux & turbulcns , qui tirent
l'ame de fon affiéte naturelle , & qui l'em-
pêchent fouvent de bien diriger fes opérations.
( Les paflïons font dangereufes , lors même
qu'elles paroiffent les plus raifonnables. Les
anciens Poètes tragiques , tels que font Sophocle
&C Euripide , avoient trouvé l'art d'émouvoir
les paflions, & il les faut lire fi on veut aprendre
à bien toucher une paffion. Defcartes a fait un
excellent traité àcs pajfions.)
li^'r M . de Fenelon veut que \z paffion s'exprime
même fur la fcéne fans art & tout Amplement ;
dans ce fentiment il spelle pa£ion fu<;onnée , ces
vers de l'Œdipe de Corneille.
Impatiens defirs de gloire , •
Dont l'aveugle & noble tranfport
Me fait précipiter ma mort ,
Pour faire vivre ma mémoire ;
Arrête pour quelques momens
Les impétueux mouvemens
De cette inexorable envie,
Et foufre qu'en ce trifle jour
Avant que de donner ma vie ,
Je donne un foupir à l'amour. .
On n'ofoit mourir de douleur , dit cet
illuftre Prélat , fans faire des pointes & des jeux
d'efprit en mourant.
Paffion, fe dit en termes de Philofophie, de
l'impreflion reçue dans un fujet , il eft opofé
à Action.
Paffion , fe prend auflî pour l'expreflîon 8d la
reprefentation vive des paflions que l'on traite
dans une tragédie, ou autre pièce de Théâtre,
ou dans quelqu'autre ouvrage d'efprit. ( Les
paflions font bien traitées dans cette pièce. Ce
Poëte touche bien les paflions. )
Paffion , fe dit dans le même fens , en parlant
de Mufique & de Peinture. ( Il y a beaucoup
de paflion dans cet air là. Les paflions font bien
touchées dans ce tableau.)
Paffion. [ Cupiditas , ardor. ] Ce mot pris
généralement fignifie penchant , pante qu'on a
pour une chofe. (Les impies ontdelapaflîonpour
les vices. Avoir de la paflîon pour l'éloquence.
Abl. Luc.
Paffion , ^ Ardor , fludium. ] Ce mot fe prend
pour amour , ardeur , [éle. ( Le Duc de la Roche-
foucaut a dit, la paffion eft un Orateur qui perfuaàt
toujours. Voiture a écrit lettre J8. &" lettre ^o.
Rien ne peut éteindre la paffion que j'ai à vous
honorer. Par un honneur qu'on fe fait d'être
coriftant ^ on entretient plufieurs années les
miférables reftes d'une paflion ufée. S. Evrem.
in-4'^, p. Z06. C'eft ce que j'avois à dire pour
juftifier ma paflîon. Abl. Luc. t. 2. dance.)
Notre fiécle eft groflîer , & l'on ne voit plus
guère de ces pafflons défintéreffées qui n'en
veulent qu'au cœur. Danet.
Paffion. [Animi impetus. ] Ce mot fignifie auflî
quelquefois emportement brufque & caulé par
quelque reffentiment. Colère. Haine. ( C'eft
un brutal qui agit avec paffion. Quand on veut
parler contre quelqu'un qu'on n'aime pas , il
faut adroitement cacher {2. paffion , car fouvent
la paffion gâte tout. )
Paffon. [ Libido. ] Brutalité qui porte aux
plaifirs fenfucls & défendus. ( En ce fens on dit
maître ou efclave de fes paffiuns. S'abandonner à
fa paffion. )
6i, P AS.
PaOwn , fe dit particulièrement de l'amour.
(Il a déclare fa paffion. Il fe dit aufll de l'objet
delà paffion. La chaffcSi le jeufont fes paflîons.)
Paffion , fe dit dans les villages d'un coup de
cloche qui avertit que le Curé va réciter la
pajjwn.
Poffion. [Chripmors &■ papo.] T erme à' E g/ ife.
Les loufrancesde Jefus-Chrift. ( Lire la paffion
de Jefus-Chrilt. Méditer fur la paffion de Jefus-
Chrift. Prêcher la paffion de Jefus-Chrift. )
A Roiien on chante la paffion en mufique en
l'Eglife de Saint-Sauveur , le jour du Vendredi-
Saint.
Papon. [ Concio de Chr'ijîi cruciatihits. ] Sermon
fur la paffion de Jefus-Chrift. ( Aller à la paffion.
Oiiir la paffion.)
P A s s I o N N t' , P A s s 1 o N N e'e , adj . [AUcujus
rei cupïdus , qui motus impotentes habet. ] Touché,
{)oufl"é de quelque paffion ; & en ce fens le
mot de paftonné ne fe dit que des perfonnes.
( Etre pajjionnc pour la gloire. Abl. Quelque
paponnè que vous foïez pour les richeffes , elles
vous quitteront un jour malgré vous. C'eft une
femme paffionnée , c'eft tout dire. )
L'Académie écrivant à M. de Bois - Robert ,
l'un de fes membres , & ne voulant ni lui faire
une incivilité, ni le traiter d'égal , réfolut de
foufcrire. f^os tris-pa£ionnex ferviteitrs. Comme
un peu plus civil que trts-afficiionne^ , & un peu
moins que trcs-humbUs. Pdijfon.
Paponm , paPionnct. \Amor inctnfus , amajius,
tener. ] Ce mot fe dit des chofes qui ont raport
aux perfonnes , & veut dire , Touchant. Tendre.
Amoureux. (Airpaffionné. Expreffion paffionnée.)
Ses petites colères ont quelque chofe de
paPionnl , qui fait qu'on n'eft point fâché de
l'avoir irritée. PrinceJJè de Cleves.
C> Paponnc , fe dit des perfonnes & des
chofes qui ont raport aux perfonnes : un homme
paffionné , des fentirnens paPwnnis , des exprepons
paponnies , un air paPwnné : quelquefois ce mot
n'a point de régime , cet homme ejl trls-paPionné ;
& fouvent il a un régime ; cet homme ejlpaPionné
pour la gloire : ordinairement , paponnî eft fuivi
de pour : pour la gloire , pour les richepes.
On ne dit point ,paPionner quelque chofe , pour
dire aimer , ni être paPionni de quelque chofe ; il
faut , pour quelque chofe. Mais on dit , déjirer
quelque chofe avec paPion , &cfe paponner.
Paffionnèment, adv. [Ardentifudio, vehementer.]
Fort. Très. Beaucoup. D'une manière tendre &c
amoureufe. ( Aimer paiîionnèment. )
Paponner , v. a. [ Ardentifudio velle. ] Ce mot
pour dire , déffrer , ou aimer avec papon , n'eft
pas reçu. ( Paffionner une chofe. Il faut dire ,
défrer une chofe avec papon. Vaug. Rem. )
PaPionner. \Exprimere motus animi. ] Animer
ce qu'on récite ou ce qu'on chante. Le mot de
paponner en ce fens eft reçu : on dit : elle
paPtonne Us airs qu'elle chante. Poifl"on & Rofi-
mond étoient de bons Comédiens , ils étoient
pleins de feu , & pnPionnoient admirablement
ce qu'ils rècitoient.
Se paPionncr , v.r. [ A'/Wo ardort affici.] Se
laiffer aller à fa paffion. S'emporter. (Il ne fçauroit
parler fans fe paffionner. Il fe paffionne &
s'emporte pour rien. )
* Se paponner pourfes amis. [Excitari , arderc.]
C'eft avoir du feu & de la chaleur pour fes amis.
Passoire,//. [ Colum. ] Sorte de vafe
rond , ou ovale , qui eft de métal ou de terre,
qui eft iKicé de plulieurs trous , & qui a d'ordi-
P A S.
naire un manche , & dont on fe fe fert pour
pafl'er des boiiillons , &c. ( Une petite paffoire.
Une grande paffoire. )
Pasti. Voicz pâte.
^yPdfle. Terme depeiniure.Da Frefnoy a dit :
Toia fict tjbuld ex una depiUa tabella. \
^^ Ce qui a été ainfi traduit , que votre tableau
foit tout d'une pâte , c'eft-à-dire , le Tradufteur
dans fon Commentaire , d'une même continuité
de travail, & comme fi h tableau avoit été fait en
un jour; le latin dit , tout d'une palett.
P a s T e'. Voiez pâti.
Pastel, //ra. [ Diverforum colorum maPa. ]
Prononcez la lettre S dans ce mot. Il vient de
l'Italien pafcllo. C'eft une pâte compofée de
plufieurs couleurs broïées & gommées , dont
on fe fert pour deffiner. ( Paftel gris , rouge »
bleu , verd , jaune. Faire des craions de paftel.
Deffiner au paftel. On fait de beaux portraits
au paftel.
Le fa^cl en naiflant m'ofFre un tableau parfait.
La. Sorinïcre ; fur le Frog. des Arts )
Paflel. [ Glaflum , ou Guafum , ifatis. ] Le
Paftel ou la Guefde , eft une forte de plante qui
vient d'une graine qu'on féme tous les ans au
commencement de Mars , qui a les feitilies
femblables à celle du plantain , qui croît en
Languedoc , & furtout dans le Lauraguez ,
d'où vient que du Bartas , dans fa première
femaine , Jour iv. la nomme V herbe Laurageoife.
Elle eft très-propre pour les Teinturiers lorf-
qu'elle eft bien aprêtée. Il fe fait tous les ans
quatre récoltes de /^î/s/. (Bon paftel. Paftel en
pile. Paftel en cocaigne, ou en cocs. C'eft-à-
dire , en boule. Paftel en poudre. Aprêter le paftel
pour l'emploier dans la teinture. Infruclion pour
la Teinture , lï. partie , article z6cf. Mémoires
fur le Languedoc : le chap. 6. de la deuxième
partie traite amplement de la culture & de la
préparation du Pafel ou Guefde. )
P a s T E N A D E , /. /I VoiCz panais.
p a s T E N a Q.U E , f. f. [ Scorpio marinus. J
Poifl"on de Mer qui a la figure d'une raie.
Pasteur,/ TO. [ Paflor , pecoris cufos. ]
Ce mot fignifie Berger , mais il ne fe dit guère
au propre , & quand il s'y dit , on ne l'emploie
d'ordinaire que dans des églogues , dans de»
difcours graves & le plus fouvent pieux. (Les
Pafteurs font venus adorer Jefus-Chrift. Godeau,
prières , oraifon fur la crèche.
Un Roi qui naît dans une étable.
Des pajleurs compofent fa Cour.
Godeau, poëf. i. partie.
Pan a foin des brebis , Pan a foin des pajleurs.
Segraii , Egtogue i.
Quelques imitateurs , fot bétail , je l'avoue ,
Suivent en vrais moutons le pafleur de Mantouë.
La Font. )
* Pafleur. [ Paftor , parochus, ] Curé , Miniftre
de la parole de Dieu. ( Le Pafteur va prendre
le corps & lui donne la fépulture, Patru, plaid. 8.
Daillé & Claude étoient de fameux Pafteurs
parmi ceux de la Religion prétendue réformée.
J'ai de nos vieux Pafteurs confulté le pliis fage ,
J'ai mis tous fes confeil» vainement en ulage.
Pour moi je ne veux pas pénétrer le myftere,
Mon Pajltur me l'a dit , c'eft i moi de me taire.
Poil, anon, )
PAS.
Pastiches. On appelle Pajl'ukes certains
tableaux d'imitation , dans lefquels l'auteur a
contrefait la manière de quelque peintre , fes
touches , fon goût de delîln , l'on coloris. Les
Italiens apellent ces ouvrages jPfl/?/a, d'où nous
avons fait pajiiches.
Pastille,/;/ [Paffillus.] Sorte de compofition
odoriférante qu'on fait en manière de pâte , &
qu'on forme ordinairement en petites pièces
plates qu'on brûle dans une chambre pour y
répandre quelque bonne odeur. ( Ces paftilles
font excellentes.)
^3" Les Anciens aimoient les paftilles , Us
avoientdesperfonnes qui en faifoient commerce.
Martial //v. i. pag. 88. fait mention d'un Cofmus
fameux par fes paftilles :
Ne gravis heflerno fr agrès , Tefcennia , vino ,
Caflillos Cofmi luxuriofa vuras.
^3^ Ce qu'il ajoute eu vrai , on a beau avoir
dans la bouche des paftilles pour corriger la
mauvaife odeur de fon haleine , il fe fait un
mélange , qui la rend encore plus infuportable,
Quid quod olct gravîus mixtum dîapafmate virus ?
Atque duplex animo lorigius cxit odor. )
Il y a auflî des paflilUs de bouche qu'on mange
pour avoir une bonne haleine , & qui fervent à
la fantè. \^PaJIULus edulis ad commendandum hali-
tum. ] Tels font les mufcadins , les dragées , le
cachou.
fcC^ Pajlis , vieux mot, c'eA pâturage.
Pastoral, Pastorale , a^'. [Pjfioralis,
pajloritius. ] Ce mot au propre n'a pas un ufage
fort étendu. Il fignifie , qui ejl de berger.
Il ne faut pas fe faire une idée de la \'ie pajiorale
auffi agréable que les Poètes nous la repréfentent.
Tour à tour ils plaignoient leur amoureux fouci ,
La mufe pajlorale parle toujours ainfi.
Segrais , Eglogue î.)
Pajloral , paflorale , adj. [ Pajloralis dignltas.']
Qui eft de Pafteur d'Eglife. Qui regarde celui
qui a foin de la conduite des âmes. (Vigilance
paftorale. Lombart , S. Cyprien. Soin paftoral.
Bâton paftoral. )
Pajloral. Ouvrage du Pape S. Grégoire le
Grand, qui traite des devoirs des Pafteurs , c'eft-
à-dire , des Evêques & des Curez , & qu'on a
traduit en François. [Opus pajlorale.]
Pajlorale , // [ Carmen Bucolicum. ] Terme de
po'ifie. C'eft une forte de poëme qui nous vient
des Italiens , & qui a été inconnu aux Anciens.
( La pajlorale tire fon origine de l'églogue & de
la farire. C'eft un poème dramatique qui repré-
fente une aâion de bergères & de bergers
amoureux , & qui fe termine heureufement. La
matière pajlorale , c'eft l'amour des bergers &
des bergères. Le Taffe inventa en 1573. la
padorale. Voïez là-deffus Boccadini, RaguagUo.
Faire une pajlorale. On apelle quelquefois la
pajlorale , bergerie. On dit les Bergeries de Racan.
Les pajlorales de Monfieur de Fontenelle.
On apelle pafiorales dans les Collèges une
pièce dramatique , dont les A£lcurs font vêtus
en bergers , & reprèfcntSnt les ocupations des
bergers ; mais on a tort de faire monter des
bergers fur le théâtre.
Pastoralement, adv. \_Paurno amorc.'\ Avec
une bonté paftorale. ( Il l'a traité paftoralement.)
PastoureaUjPastou Kt.\.Li.,jubjl. Petit
PAT. <?5
pafteur , petite bergère. On fe fert de ces mots
dans les chanfons.
P a s T R E. Voïez pâtre.
Pasturagp. Voiez pan/rage.
Pasture. Voîqz pâture.
Pas-un. Voicz pas.
PAT.
P A T , f. m. Terme de Jeu des Echets , qui fe
dit lorfque l'un des joueurs n'étant pas en échec ,
ne fçauroit joiier qu'il ne fe mette en échec. Le
pat difère du mat. On eft mat , &ron a perdu
quand on ne fe peut pas ôter d'échec ; mais on
eft/7a/lorfqu'on ne peut pas joiier fans fe mettre
en échec. Et qu'alors la partie eft à refaire , &
ni l'un ni l'autre ne gagne.
P a T a c. Petite mormoie qui vaut un double,
& qui eft commune dans la Provence & dans
le Dauphinè. (Je n'en donnerois pas vr\ paiac')
^3^ On difoit autrefois patart qui étoit une
petite monnoie.
Villon , repues franches :
Qui n'avoit vaillant un patart.)
g^ Patar en Allemand fignifie un fol ; &
nous l'avons introduit parmi nous pour fign;fier
un double , un patar.
P A T A c H. Cendres d'une herbe , qu'on brûle ,
& qui fervent à faire le favon & à dègraiffer
les draps. Celles de Tripoli. De Syrie , font les
meilleures.
Patache,/./ \_Aciuarlum navigium.l Terme
de Mer. Vaiffeau pour le fervice des grands
navires , pour faire découverte & , harceler
l'ennemi. Fourn. La patache moiiille à l'entrée
des ports pour aller reconnoître les vaifl"eaux
qui viennent ranger les côtes.
P A T a G o N, {Moneta Batavica.] Mot qui vient
de l'Efpagnol patacon, c'eft une efpéce d'argent
qui fe fabriquoit en Flandre. Elle étoit grande
comme un écu blanc. Eile avoit pour légende
Alberthus & Elii_abetha Del gratia , avec une
manière de croix de faint André , au milieu de
laquelle il y avoit une couronne , & de l'autre
elle avoit pour \é^enà& j4rchiduces Aujlriœ. Ducei
Burgundiœ & Brab. avec un ècuft'on couronné ,
au dedans duquel étoient de petits lions.
Patagon , f. m. [ Moneta cornnta. ] C'eft auîîi
une efpéce de monnoie d'argent grande &épaift"e
comme un loiiis d'un écu , mais qui n'eft pas
ronde , & que pour cela le peuple de Paris apelle
pièce cornue, ou ècu cornu. Ce patagon a d'un
côté une grande croix , & de l'autre des armes.
Il a eu cours en France jufqu'au mois d'Avril
de l'an 1679. qu'il fut décrié par une Déclaration
du Roi donnée à S. Germain en Laie le 28.de
Mars 1679. avec ordre de le porter à la monnoie
pour être changé & en recevoir la valeur en la
monnoie qui a cours.
•J- Patapatapan. [Timpani pulfationes.\
Mot imaginé pour reprèfenter le fon du tambour.
Pataciue , /. / En Portugais , Pataca.
Monnoie d'argent qui vaut environ un ècu de
France de foixante fous.
Patarafes,// Plufieurs traits & parafes
broiiillez où Tonne connoît rien. Cette écriture
n'eft remplies que de patarafes.
P A T A R D , /. TO. Efpéce de monnoie qui vaut
un fou.
P A T A R D , eft auffi une monnoie de cuivre
64 - PAT.
qui a cours en Flandres , & qui vaut à peu près
le liard de France.
+ Patata patata [ Equl curfus. ] Mot
imaginé pour repréfenter le galop d'un cheval.
(J'ai vu un homme monte l'ur un cheval qui
couroit patata.
Patatra. Exclamation qu'on fait quand
on voit tomber quelqu'un. (Il a iÀxl. patatra. )
Patatra , Monjieur de Nevers. \_Exclamatio illu-
foria ] C'cfi une exclamation ironique qu'on fait
quand on voit tomber quelqu'un. Ce proverbe
vient de ce que François de Gonzague, Duc de
Nevers , courant la porte de Paris à Nevers ,
s';!batit dans la ville de Poiiilly , fur quoi une
vieille lui cria , Patatra Monficur de Nevers : ce
qui le mit tellement en colère , qu'il y envoya
des foldats qui défolerent toute la ville. D'où
vient qu'encore à préfent un paflant n'oferoit
dire patatra dans la ville de Poiiilly , fans le
mettre en peine d'être fort maltraité. ( Il a fait
patatra. )
Pataud, f. m. [ Canis cullnarius. ] Chien de
cuifinc. Ce mot fe dit figurément d'un hoijime
gras & potelé. ^Obefus.^^ ^^^wn^xo'-, pataud.
Pâte', pafli. f. m. [ Artocrtas.'\ L'un & l'autre
s'écrit , mais on prononce/^aV. C'ert une pièce
de patifl'erie compofé d'une abaiffé & d'un
couvercle qui renferme de la chair , du poiffon,
ou autre chofe. ( Faire un pâté. Ouvrir un pâté.
Entamer un pâté de requête. Pâté de requête.
Pâté à la Mazarine.
Votre pâtt dès qu'il parut
Ramena les fante? , & rit naître l'envie
De boire à Cloris , à Sylvie ,
A ce qu'on aime entin , &c.
La Font. )
Pâté en pot. [ Minutai. ] C'eft de la viande
hachée & affaifonnée comme fi on vouloit la
mettre en pâté , & qu'on fait cuire dans un
pot. ( Faire un pâté en pot bien garni de
marons. Mol. Avare , acl. 3. fc. i. )
Pâte. [ Cartarum mixiio fraiiduUnta. ] Terme
de Jeu de Cartes. Filouterie par laquelle on fait
femblant de mêler les cartes , afin de faire gagner
qui l'on veut.
Pdti. [ Abjunclum propugnaculum rotundum. ]
Terme de Fortification. Ouvrage de fortification
fait pour couvrir la porte de quelque Ville de
guerre. ( Attaquer. Infulter. Prendre. Emporter
im pâté. Défendre un pâté. Le pâté eft fort bien
paliffadé. )
Pâte d Hermite. C'eft ainfi qu'on apelle les noix.
Parce que les Hermites foupent avec des noix.
Pâte. {Crines cruJJâ ineluJi.^Te.rmQ de Perruquier.
Ce font des cheveux mis dans un pâté de gruau,
qu'on fait cuire au four pour faire prendre aux
cheveux une bonne frifure.
* Pâté. \_Labeculœ ex atramento effufo.'\ Encre
tombée de la plume fur le papier. ( Livre plein
de pâtez. )
Les Imprimeurs apellcnt pâté une forme qui
eft rompue ou dérangée. [ Typus confraclus. ]
Pâté , fe met en plufieurs proverbes. On dit
d'une femme en travail d'enfant , quelle crie des
petits pâie\. [ Dolores iiabet parturientis. ] On dit
encore. Croûte de pâté vaut bienpuin. Un bourgeois
qui a un enfant bien gras l'apelle pâté. Hacher
menu comme chair à pâté.
Pâté , fe dit en termes de Brocanteur , de
plufieurs petites chofes qu'on met enfemble pour
.les vendre ou acheter en bloc y n'étant pas affez
PAT.
confidérables pour les ertimer & évaluer en
particulier.
Pâte, (P a s t i.,)f.f. {^Farina ex aquâfubacla.']
L'un &c l'autre s'écrit, mais on prononce /JaVt.
C'eft de la farine détrempée avec un peu de
levain , ou de leveurc , & avec de l'eau , &
quelquefois avec du lait & autres chofes qu'on
pétrit enfemble pour en faire , ou du pain , ou de
la patifferie. ( Pâte bife. Pâte fine. Pâte feiiil-
letée. Faire de la pâte. )
Pâte à laver les mains qui eft faite d'amandes
pilées. [Maffa amygdalina lotaria.]
•j- * Etre de bonne pâte. [ Bene conjlitiitum corpus
kabere-l C'eft-à-dire , être de bon tempérament.
Etre d'une conrtitution forte & robufte. (C'eft
un homme de bonne pâte. AIol. Une femme de
bonne pâte. )
^^'Èt dans fon Avare , aél. z.fc. 3. rous êtes
d'une pâte à vivre plus de cent ans. Le ftile féricu.x
ne foufre ce terme que dans fa fignification
naturelle.
■j" * Mettre la main à la. pâte. [Opera/n conferre.]
C'eft-à-dire, aider les autres à travailler;
contribuer de fes forces à faire quelque chofe.
Pâte de fourneaux, C'eft le lut des fourneaux.
C'eft la terre dont font faits les fourneaux
chimiques.
Pâte d'amandes. [ Mafia amygdalina. ] Pâte
d'abricots. Ce font des amandes ou des abricots
formez en manière de pâte.
Pâte. [ Glutinum. ] Terme de Cordonnier. Eau
& farine mêlée enfemble dont on fe fert pour
faire tenir les morceaux de cuir des talons des
fouliers.
Pâte. [ Majfia. ] Il fe dit de plufieurs chofes
broièes , ou pulvérifées , qu'on a mifes en mafle
en les humeftant. (Pâte de couleurs. Pâte de
ftuc. Il y en a qu'on fait avec des émaux dont
on fait du criftal qui refl^emble à des perles
précieufes. Pâte d'émeraude.Pâte d'amétifte,6ic.)
Pâte. Efpéce de boiiillie dont fe fabrique le
papier.Elle eft faite de vieux chifons ou morceaux
de toile de chanvre & de lin , que l'on apelle
drapeaux , peilles , chiffes , drilles & pattes.
Pâte mole. Efpéce de fromage de Hollande ,
gras & mollet , qui s'apelle aulfi côte blanche.
On dit proverbialement , /■; n'ai ni pain ni
pâte au logis. [ Niliil efi domi qitod edam. ] Je n'ai
rien à manger.
On dit encore. C'efi la meilleure pâte d'homme
qui fiut jamais. \^Nemo illo meUor.'\ C'eft-à-dire,
le meilleur homme du monde.
On dit d'un homme à fon alfe & qui ne
manque de rien , qu'il ejl comme un coq en pâte.
P â T e'f , y; m. [ Mafia furfurea âellbiita. ] Les
Poulaillers & les Rotilfeurs apellent/?a7cfe, une.
pâte qu'ils font avec des recoupes de fon , dont
ils donnent à manger à la volaille pour l'engraifTer.
( Donner de la />«/« à des chapons. Engraifl"er
des poulets avec de la pâtée. )
Pâte, ou Patte, f.f. [ Pes , palma pedis.'\
La première fylabe de ce nom fe prononce brève.
Le mot de pâte fe dit proprement des animaux,
& c'eft le pied de certains animaux. ( On dit
la pâte d'un loup. La pâte du chat. Le chat
fait la pâte de velours de peur de blefTcr. Abu.
Luc. L'Académie éc»t patte. )
Deux chèvres donc s'émancipant
Toutes deux ayant piite blanche
Quittèrent les ba» prcz, &c.
La Font.)
t • Pâte
V
PAT.
f * Pate. [ Maniis. ] Mot burlesque pour dire
main. ( Grailler la pate au clerc d'un Raporteiir.
Scaron. Je demeurai lept heures de cette forte
fans remuer ni pied ni pate. f^oir. Uv. izg.^
Pate. [ Norma multiplex. ] Petit inftrumcnt n
pUifieurs pointes , oui fcrt à régler les papiers
de mulique , & à faire plufieurs raïcs tout d'un
coup.
Pate. [ Filula lignea. ] Terme de Charon. Bout
de rais de roue , qui entre dans le moïeu.
Pate. [ Fibula ferrea. ] Terme de Marchand
Chaudronnier. C'eft un morceau de fer qu'on
fcelle pour faire tenir la plaque du feu au contre-
cœur de la cheminée.
Pate. \ Bijii.'\ Ce mot fe dit en parlant de
verre. C'eft la partie fur laquelle fe foulient le
verre. (Verre qui a la pate caffée. )
Pate de haut-bois , pate de Jlute. [ Extremitas
fiftulœ. ] C'eft le bas bout du haut-bois & de la
flûte. ( Plus la pate des inftruments eft ouverte ,
& plus ils réfonnent. Merf.)
Pate de flambeau. [ Bafis. ] C'eft la partie la
plus baffe du flambeau.
Pate du guéridon. C'eft le bas du guéridon.
(Pate du guéridon rompue. )
Pate de fente de haut de chauffe. [ Limbiis
oriculatus.] Terme de Tailleur. C'eft une petite
bande d'étofe où il y a quatre ou cinq bouton-
nières, & qu'on amené par dedans le long du
côté de la fente des hauts de chauffes.
Pate d'oie. [Pcs anfcrinui.'] Voïcz Oie & mouiller.
Pate ,f.f. [ Bulbus. ] Terme de Fkurifte. Il fe
dit des anémones & des renoncules. L'oignon ou
la racine des anémones & des renoncules
reffemble en quelque façon à la pate d'un petit
animal ; & pour cela on apelle leurs racines des
pâtes , & elles fe multiplient comme les caïeux
des autres fleurs. Les graines d'anémones fimples
étant femées font de petites pâtes, qui au bout
d'un an , ou de deux ou de trois deviennent affez
fortes pour fleurir.
Pate d'ours, [^canthus.] Terme de Botanique.
C'eft l'acanthe ou branche urfine.
Pate. Eft un jeu d'écoliers , où on jette quelque
menue monoie contre une muraille, & où l'on
gagne quand il n'y a que la longueur de fa pate
entre les pièces des joueurs. [Ludus palmarius.]
Pate , ftgnifie , figurément , pouvoir qu'on a
fur quelqu'un. Ce filou a paffé plufieurs fois
par \z pate du Lieutenant Criminel. Je me fuis
tiré des pâtes d'un fripon de Procureur.
Pate de bouline. Terme de Marine. Cordages
qui fe divifent en plufieurs branches au bout
de la bouline pour faifir la voile en plufieurs
endroits.
^j" Pate de bouline. Ces boulines qui font des
cordes longues & fimples , tiennent chacune à
deux autres plus courtes que l'on apelle pâtes de
bouline. O^an. ou félon Aubin ce font des cor-
dages qui fe divifent en plufieurs branches , au
bout de la bouline , pour faifir la ralingue de
la voile par plufieurs endroits en façon de mar-
gles. Ces pâtes répondent l'une à l'autre par
des poulies.
Pâtes d'ancre. Terme de Mer. Ce font deux
branches de fer foudées fur la croiféede l'ancre,
courbées , aiguës & propres à mordre le terrein,
au deffous de l'eau pour arrêter le vaiffeau. Les
deux coins de la pate d'une ancre s'apellent
Oreilles. Oxan. Dicl. Math.
On dit proverbialement que le fingefe fert de
la pate du chat pour tirer les marons du feu , quand
Towe III.
PAT. 6$
quelcun fait fes afaires aux dépens des autres.
[ Alieno periculo facerc. ]
%^ Putes- pelues. Rabelais ^l'^zWq pates-pebies ,
les hypocrites par raport à ce qu'on dit de Jacob
& d'Efau , ch. 27. de la Genefe , comme fi on
vouloit dire que les hypocrites ont la voix de
Jacob & les mains d'Éfau. Furetiére croit que
c'eft allufion à la Fable du loup qui montroit
une pate de brebis à l'agneau pour le tromper.
On dit aufli que le chat fait la pate de velours
qu;ind il retire fcs grifcs en dedans.
En terme de Blafon , on repréfente les pâtes
ordinairement en barre. [ Pertranfvtrfalis. ]
f Patl'f , ou Patté'e , // [ Palrna perçu ffîo.'l
Terme de Collège. Coup de fouet , ou de ft-rule
que le Régent donne fur la main. ( Il a eu deux
bonnes pâtées. )
On dit en Blafon croix-patée, [ Crux pedata. ]
(Celle qui a les extrémitcz plus larges & en forme
de pâtes étendues. )
Patilzt, ou Valide. Efpéce de morue
verte.
f P A TE LIN ,f.m. [Adulator, palpator."] Trom-
peur. Fin & adroit. (C'eft un patelin. )
Patelinag B,f.m. [^Ars veteratoria.'] Artifice,
tromperie d'un patelin qui flate quelcun , &C
qui le tourmente en tant de manières , qu'il
vient à bout d'en tirer quelque profit. ( Le
patelinage, eft la marque d'une ame foible. Belleg.')
Pateliner,v. <2. &/Z. [ Veteratorie alicui
palpari. ] Tromper doucement & avec efprit.
Tromper en flatant. ( Les Gafcons & les Nor-
mands font maîtres en l'art de pateliner. Voiez
ce fourbe comme il pateline ce pauvre bon-
homme.
Pateliner , eh parlant d'affaires , fignifie manier
une affaire avec adreffe , pour la faire réiiffir
comme on fouhaite. On ne le dit qu'en mauvaife
part.
Patelineur, Patelineuse, adj. Qui
fait venir les autres à fes fins par des manières
foiiples & artificieufes.
Pate notre,/!/! [OratioDomlnicalis.^Grain
de chapelet. Un pater.- Ce mot de patenôtre (e
prend auffi pour les ave & les pater <^u'on dit fur
les grains de chapelet. ( Comment apelle-t-on
ce ^ros grain de chapelet , ime patenôtre, II
marmote cem'mcs patenôtres , 011 je ne comprens
rien. Racine , plaid. Dire (es patenôtres. Téoph. )
Patenôtres. Terme à'Architeclure. Ornemens
qui fe mettent au deffus des oves , qui font des
grains ronds ou ovales qu'on apelle autrement
colliers de perles ou d'olives. [ Figur.e femiglobuli."]
On apelle patenôtres de finges. [S'imics mutatio.]
Le bruit que font les finges en grondant. On dit
aufli des chats, qu'ils difent leurs patenôtres , quand
étant en repos , ils forment un certain bruit dans
le gofier.
Patenôtre', PatenÔtre'e, adJ. Terme
de Blafon. Fait en forme de grain de chapelet.
( Il porte d'azur à la croix patenôtrèe. Col. )
PatenÔtrerie.// Marchandifede chapelets.
( Le négoce de la Patenôtrerie fait partie de celui
de la Mercerie. )
PatenÔtrie K,f.m. \Tefferarumprecariarum
opifix. ] Ouvrier qui fait & qui enjolive & vend
de toutes fortes de chapelets. ( Il y a àespate-
notriers affez accommodez.
Patentes, ou Lettres Patentes,//
[ Régis jolemne diploma. ] Ce font des lettres en
forme & fellées du grand feau. ( Obtenir des
lettres patentes.)
I
C(y PAT.
Patente , fe dit auflî abl'olument. ( Il a obtenu
une patente. Il a produit fa patente. )
Patente de Languedoc , f-f- Sorte de droit que
le Fermier des cinq groffes fermes exige en
Languedoc des marchandifcs &c denrées qui
fortent par eau & par terre du Languedoc.
( Joiiir de la ferme de la patente. Voïez le bail
des Gabelles. )
Patent, Patent e. Terme de Chancellerie.
(Acquit patent. Lettres patentes. Acquit patent,
fignifie un brevet du Roi fcellé du grand fceau ,
portant gratification d'une fomme d'argent , &
fcrvant d'acquit & de décharge à celui à qui
il s'adreffe.
Pâte k,/. m. Terme de Patenvtricr. Gros grain
de chapelet qui eft au bout de chaque dizaine.
P aternofler , f. m. Ce mot n'a point ^Q pluriel
en François. (Dire cinq pater no/ler. )
Pater , v. a. [Glutinare. ] Terme de Cordonnier.
Etendre de la pâte fur les morceaux de cuir des
talons des fouliers afin de les faire tenir. ( Pâter
un talon. )
Pater E,y^y^ [Patera. ] Ce mot eft écorché
du Latin , & fe dit en parlant àts funérailles des
anciens. C'étoit un vaj'e d'or ou d'argent , de
marbre , de bronze , de verre , ou de terre qu'on
enfermoit dans les urnes avec les cendres du
mort , après avoir fervi aux libations du vin , ou
des autres liqueurs qu'on faifoit aux funérailles.
Paternel , Paternelle , adj. [ Paternus , ]
Patruus. ] Qui eft de père. Qui regarde le père.
(Soin paternel. L'amour paternel eft plus fage
que l'amour maternel. Charité paternelle.
Et d'un ton paternel réprimant Tes douleurs ;
Laifle au chantre , dit-il , la triftefle & les pleurs.
Defp. )
Paternellement, adv. [Paterno animo, patrii-.']
D'une manière paternelle. Avec une atfeftion
paternelle. ( Il reçut fon fils paternellement &
lui pardonna. )
Paternité', f.f. [ Paiernitas. ] Ce mot fe
dit en des matières de Théologie & en des
difcours comiques. C'eft-à-dire , titre de pJrc.
Père. ( On demande û la paternité en Dieu eft
diftinguée réellement , ou formellement de fes
autres attributs. Tant & tant fut par la /'arer/z/fi/
dit d'oraifons. La Font.)
Paternité eft aufli un titre d'honneur qu'on
veut aux Religieux vénérables. ( Votre paternité
veut-elle nous prêcher. )
Patetique, adj. [Commovendis animis aptus.]
Qui remue. Qui excite les paflions. ( Difcours
patetique. ( Cet endroit de la pièce eft beau &
patetique. )
Patetique, f. m. [Patheticus.] Tout ce qui excite
& remue les paflions. (En racontant il eft bon
de s'atacher au patetique.)
^^ Patetique, eft felon Longiri , ch. 6. cet
entoufiafme , cette véhémence naturelle , qui
touche , qui émeut , & il ajoute que l'élévation
d'efpritqui fait penfcr heureufement les chofes ,
& le patetique dépendent de la nature ; il faut
qu'elles naifljent en nous ; il ajoute que Cécilius
n'a point fait mention du patetique , parce qu'il
a cru que le fublime & le patetique naturel-
lement n'alloient jamais l'un fans l'autre ; mais
il fe trompe , puifqu'il y a des paffions qui n'ont
rien de grand , comme l'aflidion , la peur , la
triftcfl"e ; qu'au contraire il fe trouve quantité
de chofes grandes & fublimes , où il n'entre
point de pafFion ; dans la profe, les Panégyriques,
PAT.
& tous les difcours qui ne fe font que pour
l'oftentation, ont par tout du grand & du fublime :
de forte que même entre les Orateurs , ceux-là
communément font les moins propres pour le
Panégyrique , qui font les plus patétiques ; au
contraire ceux qui réiiHîfl"ent le mieux dans le
Panégyrique , s'entendent afl"ez mal à toucher
les paffions. Cet Auteur ajoute , du moins felon
la Traduûion de M. Boileau : j'ofe dire qu'il
n'y a peut-être rien qui relevé davantage un
difcours , qu'un beau mouvement & une paffion
pouflée à propos ; en effet , c'eft comme une
efpéce d'enthoufiafme & de fureur noble , qui
anime l'oraifon, & qui lui donne un feu & une
vigueur toute divine. Et dans un autre endroit:
le Patetique participe du fublime autant que le
fublime participe du beau & de l'agréable.
Pat£'tiq_u ement , adv. [Patheticè.] D'une
manière touchante. (Prêcher patètiqucment. )
Pâteux , Pâteuse , ad/. Il fignifie plein de
pâte. ( Il a encore les mains pâteufes. Ce pain
eft pâteux. )
* Pâteux ,pâteufe , adj. [NimLsfpi(fus.'\ Ce mot
fe dit en parlant de bouche de malade , & fignifie
plein d'humeurs gluantes. ( Bouche pâteufe. )
Pâteux, pâteufe. [Quibus ine/l glutinofus humor.'\
Terme de Jardinier. Il fe dit de certains fruits ,
qui étant trop murs , ont , pour ainfi dire , une
chair de pain à demi cuit. Ainfi l'on dit de quel-
ques pêches , ou de quelques poires , qu'elles
ont la chair pâteufe. Qitin.jard. fruit, t.i.)
Pathognomoni Q.U E, adj. Epithete qu'on
donne aux fignes qui font propres & particuliers
à la fanté ou à chaque maladie , & qui en font
inféparables : c'eft pourquoi on les apelle aufli
univoques S^ effentiels.
Pathos. Ce mot , qui eft Grec , fignifie pafiîon,"
& ne s'emploie que pour marquer les mouvemens
que l'orateur excite. ( H y a bien àw pathos dans
fes difcours. Acad. Fr. )
On voit par tout chez vous Yèthos & le pathos.
Molière , Femmes fçav. )
■f" Patibulaire , adj. [ Cruciarius.) Qui fent ;
qui regarde la potence. ( Avoir les inclinations
patibulaires , mine patibulaire. Scar. Air pati-
bulaire.)
La Fontaine a pris ce mot pour le gibet même.
(Le fcèlèrat paflTa près d\m patibulaire. On apelle
aufli fourches patibulaires les piliers oii l'on attache
les corps de ceux qu'on a exécutez.)
Paticer, V. a. [ Opus pijlorium conficere. ]
C'eft faire deMa pâticerie. { Cette cuifiniere eft
excellente , elle fçait fort bien pâticer. )
Pâticerie, y;/] [Dulciarius panis.) Pièces
de four , comme font pâtez , flans , darioles ,
tartes, tourtes , & autres friandifes, (La pirticerie
n'eft pas bonne pour la fanté. )
P A t I CI E R ,y; OT. [Pijlor dulciarius.] Artifan
qui fait & vend de toutes fortes de pâtîceries,
pâtez , tartes , tourtes , gâteaux , bifcuits , maca-
rons. ( Un pâticier. )
j" Paticiere , f.f. Femme de Pâticier.
Patience, // [ Patientia , conflantid. ]
Prononcez patiance. C'eft une vertu qui nous
fait foufrir conftamment. ( Patience grande ,
particulière , extrême , chrétienne. La patience
de Job eft illuftre. Avoir patience. Le mot de
patience dans ce fens n'a d'ordinaire point de
pluriel. C'eft pourquoi Balzac a repris Benferadc
d'avoir écrit dans un Sonnet :
On voit aller des piiticnces
Plus loin que la Tienne n'alla, )
PAT.
L'on croit pourtant qu'il y a des endroits où
les Prédicateurs fc peuvent lervir AQpacUncc au
pluriel.
Ce n'eft pas que la paùence
Ne foit pas une vertu des Dames de Paris ,
Mais par un long ufage elles ont la fcience
De la taire exercer par leurs propres maris.
Pcn. Gnfdid.)
En patience. Façon de parler adverbiale , qui
fignific en repos , en paix , en tranquillité.
^Demeurez en patience. Laiflez-le en patience.
Il foufFre fon mal en patience & fans fe plaindre.^
Patience , fe dit quelquefois par manière
d'adverbe. ( Patience , vous le paierez. Laiffez-
moi parler , patience , &c. )
Patience. \_Lapathum.] Sorte d'herbe à feiiilles
larges qu'on met dans le potage & dans quelques
farces. Le mot de patience dans celensn'a point
de pluriel. Il y a pîufieurs fortes de patience,
entr'autres la commune, qu'on nomme autrement
la parele ; la patience rouge , ou fang-dragon ,
& la patience des jardins , connue fous les deux
noms de Rapontic des montagnes , ou Rhubarbe
des Moines.
Patience. [Species armiliaris.'] Terme de certains
Religieux , comme de Bénédictins , Augujlins
déchauffei , & Feiiillans. Les Augujlins dèchauffe\
apellent patience un morceau d'étofe que portent
les novices, &: qui pend par devant & par derrière
un bon pié. Les Bénédictins nomment patience
une forte defcapu/airefans capuchon qu'on donne
aux Religieux malades. Et parmi les Feiiillans ,
la. patient t eft une forte de petit fcapulaire que le
novice porte durant fon noviciat , & qui pend
par devant & par derrière. La patience eA aufCi
parmi les Feiiillans une chemife qui n'a point
tle poignets , & qu'on donne aux Religieux
malades. (Il faut donner uns patience à un tel,
car il fe porte mal. ) Le mot de patience dans le
langage des Religieux a un pluriel.
Patient, Patiente , adj. [Patiens , tolerans.]
Prononcez paciant , paciante. Qui foufFre. Qui
endure. Qui a la force & l'efprit de diffimuler
les reffentimens , & de ne point s'emporter
brutalement. ( Le Sage eft patient. L'homme
patient vaut mieux que le courageux , Sal. Prov.
c. i6. Il efl bon patient. La charité ell patiente.
S. Cir. Tliéol. famil.
Une Dame aufli patiente
Que celle dont ici je relevé le prix ,'
Seroit par tout une chofe étonnante ',
Mais ce feroit un prodige à Paris.
Perr. Grifilid. préf.)
Patient ,f. m. [ Sons mortiaddictus. ] Celui qui
eft condamné à mort & qu'on va exécuter.
( On eft patient de voir pafler les patiens. Le
Confeffeur , le Miniftre n'abandonne point le
patient. Exhorter le patient à mourir courageu-
sement. )
Patient, fe dit de celui qui eft entre les mains
des Chirurgiens , & fur lequel ils doivent faire
quelque opération douloureufe. [jEger.]
Patient en Phyfique fignifie le fujet fur lequel
un agent opère. (Toutes les opérations de la
nature fe font en apliquant l'agent fur le patient. )
Patiemment , adv. [ j^quo anima , conjlantcr. ]
Vrononcez patiaman. Avec patience. Avec dou-
ceur & fans emportement. ( Soufrir patiemment
la pauvreté. Porter patiemment le malheur.
Ablancourt. )
Tome m.
PAT. 67
Patienter, V. n. [Patienter expect.ire.] Prononcez
paciante. Prendre patience. Attendre patiemment.
( Patientez un peu , & on vous fatisfera. )
P A T I N , y. m. [ Calceus altior , cotliurnus. ]
SouHer de femme qui a des femelles fort hautes
& remplies de liège , afin de paroître de plus
belle taille. ( Quand cette femme perd fes
patins , elle perd une partie de fa taille. )
Ç3° L'origine eft Grecque félon M. Lancelot,
il vient de ttuthj , marcher ; nàjoi , un chemin
batu. L'origine du P. Labbe eft plus naturelle :
Patin , dit-il , vient plutôt de Pâte , qui fe prend
pour un pié plat , patulus pes , que de Tr^Tiiy ,
calcare.
Patins , f. m. [Calapodia.l C'eft une chauffure
particulière dont les Hollandois fe fervent pour
aller fur la glace. ( Ce patin eft compofé de bois
avec un morceau de fer deffous pour couper
la glace. )
^" Maynard , fur une femme laquelle quittant
fes patins en fe mettant au lit , quittoit la moitié
de fa taille:
Quelques invifibles Lutins
Lui font laiffer dans fes patins
Plus de la moitié de fa taille.
Patin. [ Solea medio globo inferius injîntcta. ]
Sorte de fer à cheval fous lequel on a foudè une
demi boucle concave , & dont on fe fert pour
un cheval èhanchè , ou qui a fait quelque éfort.
( Attacher un patin à un cheval. )
Patins. \_Subflracti fundamentis ajferes.'\ Terme
d^ Architecture. Pièces de bois qui fe metent dans
les fondations fur les pieux , ou fur un terrain
qui n'eft pas folide, Félihien.
On apelle aufTi patin ou focle , la bafe du
piédeftal d'une colomne , Oxanam , Dict. Math,
[ Bafes , Fulcra. ]
•{- Patiner, v. a. [ Attrectare , pertractare."]
Manier. Tâter. ( Il aime les grifettes , parce qu'il
les patine. 11 aime à patiner. )
Patiner , fe dit auÔî des fruits qu'on manie
indifféremment. ( Il ôte la fleur de ces fruits en
les patinant , à force de les patiner. )
Patineur,/; m, [ Palpator. ] Celui qui
manie. Qui tâte.
Les patineurs font fort infuportables ,
Même aux beautez qui font xrh%-patindhles.
Scaron , Epit. chag. à M. (fAlbrct. )
Patineur , f. m. Se dit en Hollande , de ceux
qui vont fur la glace avec des patins.
P A t I R , r. <î. \Pati , tolerare , laborare.'] Jepati,
J'aipati. Jepatis. Je pâtirai. C'eft foufrir. Endurer.
Porter quelque peine. Recevoir dommage.
Elles quittent leur perfonnage.
Non fans avoir beaucoup pati ,
Et chacune dans fon ménage
Selon fon gré prend fon parti.
Perr. Grifelid. )
On voit que de tous tems
Les petits cnt pâti des fotifes des grands.
La Vont, fables , liv. 1. J
( Les bons patifTent pour les mauvais. Il ne pou-
voit abandonner cette contrée fans que l'ifle en
patît. Hifl. d'AubuJfon.)
Patir. Parmi les myftiques , c'eft être dans
l'inadion , & dans un contemplation paifible &
paffive. Ainfi dans ce fens , patir n'emporte pas
une foufrance opoféc à la joie. Fenelon,
I ij
68
PAT.
Le Chevalier de Cailîy , fous le nom de
d'Accilly , a dit dans une Epigramme :
Depuis le moment glorieux
Que mes yeux virent Oéonice,
De leur félicité le Ciel iut envieux.
Il ailigca mon cœur d'un éternel fuplice.
Dieux 1 Faut- il que le cœur P'ii'JJt
De la t'clicité des yeux. )
P A T I s , Voïez PaJIis.
•}• Patois,/^ m. [ Sermo rujlicanus. ] Sorte
de langage grolfier d'un lieu particulier , & qui
eft difércnt de celui que parlent les honnêtes
gens. ( Les provinciaux qui aiment la langue
viennent à Paris pour fe défaire de \Q\a patois.
Voïez Jargon. )
Patologie. (Pathologie.)/^/ \_P athologla.^
Terme de Mcdccinc. C'cft lapariie delà médecine
qui confidére la nature & la diférencc des mala-
dies,leurs caufes & leurs fimptomes. La Pathologie
examine tout ce qui eft contraire à l'économie
animale. Voïez Fcrntl. ( Le Traité de la Patho-
logie eft curieux. On dit qucjlions pathologiquis. )
Paton,/! m. [ Fulcimen coriaceum. ] Terme
de Cordonnier. Petit morceau de cuir qu'on met
en dedans au bout de l'empeigne du foulier ,
afin d'en conferver la forme. (Monter un paton.
Le paton de mon foulier me bleffe. )
Paton , f. m. [ Majja compacta ad faginandos
capones. ] Morceau de pâte préparée avec du
beurre & autres drogues , qui fert à engraifler
les chapons. On le dit aufli d'un petit oifeau
bien gras. ( Ces ortolans font des patons de
graiffe. )
PftTRE,(PASTRE,) f.m. [Pajlor armentitius.]
L'un & l'autre s'écrit, mais on prononce /jaVre.
C'efl: celui qui a foin de mener les bêtes au
pâturage.
Et fi fur un Edit des Paires de Nubie
Les Lions de Barcas vuideroient la Lybie.
Defpréaux. )
^^ L'Ordonnance des Eaux & Forêts de
1 669. veut que les Pajîres ou gardes des beftiaux,
foicnt nommez annuellement à la diligence des
Procureurs d'Ofîce ou Syndics des Comm.unautez
par les habitans , le Juge du lieu préfent, ou un
Notaire , & fans frais , & la Communauté
demeurera refponfable de ceux qui auront été
nommez.
^3' Les anciennes Ordonnances exigeoient
le ferment des Pajlres que les Ufagers avoient
choifis ; leur foin eft d'empêcher les abroutif-
femens ; & s'ils manquoient à leur devoir, les
Ufagers demcuroient du dommage caufé par leur
négligence.
5^ Ce terme Pajlre , n'eft , ce me femble ,
en ufage que dans les Provinces où il y a de
grands bois & de grands pâturages. Celui qui
ne mène qu'un troupeau de moutons , eft apellé
Berger, & le Pajlre a fous fa conduite le bétail
de toute forte d'un village ou d'une partie.
§3" Le maître du bétail doit rép.judre de la
faute de fon paftre , lorfque le bétail a fait du
dommage dans le fonds d'autrui , foit à garde
faite ou en cas d'abandon.
^3" Le paftre eft tenu de la mort & de la
perte des bêtes , foit qu'elle arrive par une
grande faute , lata culpa , ou par une faute légère
kvi culpa. Ils n'en font pas quittes en raportant
ja peau de la bête , fi ce n'eft en établiffant que
ja perte eft arrivée par un cas fortuit.
PAT.
f^ Parmi les loix agraires que l'on attribue
à l'Empereur Juftinien , & qui ont été données
au public par Leunclavius , il y a celle-ci qui
convient à notre fujet : fi un berger , fans le
confentement de fon maître , s'avife de traire
les brebis pour en vendre le lait , il fera fouété
& prive de fon falaire.
Ad Pat ri; s. Façon de parler baffe &
burlefque. Aller ad patres , pour dire mourir.
Je l'enverrai ad patres , pour dire, je l'enverrai
promener.
(J'ai , comme vous fçavez , un habile coufin ,
Homme de confcicnce, & (çavant Médecin,
Qui l'enverroit bicn-tot ad paires.
Bourf. Efop. )
Patriarcat, Patriarcale, aJJ.
[ Patriarchalis. ] Qui apartient au Patriarche. Qui
eft de Patriarche. (Il porte d'argent à la croix
patriarcale d'azur. Ccl. Trône Patriarcal. Di-
gnité patriarcale. Thomafjîn , Difcipl. EccUfiaji!)
P A T R I A R G A T ,y; w. \P atTiarchatus. J Dignité
de Patriarche. ( Elever quelqu'un au Patriarcat.
Thomaffîn , DifcipUne EccUflaflique. )
Patriarche , /. w. [Patriarc/ia.] Mot Grec
qui veut dire le premier des Pères. C'eft celui qui
pofl"éde la féconde dignité de l'Eglife , & c'eft
comme fi ondifoit, celui qui préfide aux quatre
parties principales du monde. ( H y a cinq
Patriarches , celui de Rome , d'Alexandrie ,
d'Antioche , de Jérufalem , &c celui de Conftan-
tinople. Un Saint Patriarche. On donne encore
ce no.m de Patriarche aux Saints Perfonnages
qui ont vécu avant la venue de Jefus-Chritt.)
On donne encore ce nom au chef des Eglifes
Chrétiennes d'Orient. Le Patriarche des Armé-
niens. Le Patriarche des Ayftins , des Jacobi-
tes » &c.)
Patrice, //7z. \_Patricius.'] C'étoit le nom
des Gouverneurs que les Empereurs de Conf-
tantinople envoïoient en Italie, en Sicile , &
en Afrique. Ce nom de Patrice a auftl été donné
par honneur à d'autres perfonnes. (Charlemagne
reçut du Pape Adrien le nom de Patrice de Rome ,
avant qu'il prît celui d'Empereur. )
|3" Patrice, Patriciens. Les Romains apelloient
Patrices ceux quidefcendoient des cent Sénateurs,
que Romulus établit, lorfqu'iljettales premiers
fondemens de la République. Feneflrel. cap. i.
^3" Ces premiers Sénateurs furent apellez
Patrices, parce que P«.omulus choifit les plus âgez.
Scleda^ue corpora Patres
Dixit :
dit Ovide , & pour les diftinguer des autres ,
ils portoient fur leurs fouliers la figure du
croiffant de la Lune, c'eft -à -dire un C qui
marquoit le nombre de cent , parce qu'ils étoient
cent Sénateurs, V. JJcdor. Etim.
Patricia T:,f.m. \^Patricias dignitas.'\ Dignité
de Patrice , laquelle a été dans l'Empire Romain
dépuis Conftantin le Grand.
Patricien, Patricienne, ad/. [Patricius.l
Qui vient de Sénateur Romain. ( P..acc Patricien-
ne. Famille patricienne. Les Patriciens étoient
les premiers nobles Romains du tems de Romulus.
Danet. )
Patrie,// [ Patria , natale foliim. ] Païs
où l'on a pris naiffance. Il eft naturel d'aimer
fa patrie. ( Le Sage n'a proprement point de
patrie. La patrie eft une vifion. La patrie eft
PAT.
par tout où l'on cft bien. Les anciens ctoicnt
fortement infatucz de l'amour de leur patrie.
Tu dois-là tous tes foins au bien de la pairie.
Tu ne t'en peux bannir que l'orphelin ne crie.
Dcfp.)
Ç3° L'amour de la patrie n'eft point une vifion,
& il efl peu de personnes qui ne Tentent dans
leur cœur un fccret atachement pour leur patrie,
& pour le lieu où leurs pères font nez. Uliffe, dont
on a tant vanté la fagefle , aima mieux revoir (a
chère Itaque , que de devenir immortel , c'efl
par cet exemple que Cicéron juftifie l'amour de
la patrie : Si quidcm, dit-il, etiam iHcfiipientiffîmiis
vir , hluicam ut videra , immortalieaum fcribitur
repudiajfc , lib. 2. Leg.
Patrimoine, [ Patrimonium , patria bona.'\
Bien qui vient du père & de la mère. ( Avoir
du bien de patrimoine. Tous les biens de l'Eglife
font le patrimoine des pauvres. Us ont été origi-
nairement confiez enfuite par l'Eglife aux Béné-
ficiers pour être les adminiftrateurs an patrimoine
des pauvres. Le Père ThomaJJin , Difciplim de
l'Eglife , l. part. l. 4. c. à.
On donne le même nom aux premiers Infti-
tuteurs des Ordres Religieux , comme S. Benoît,
S. François , S. Dominique , &c.
Patrimoine de S. Pierre. C'eft une partie du
Domaine que le Pape pofféde en Italie , & dont
Viterbe eft la Capitale.
Patrimonial , Patrimoniale, adj. [Paternus.]
Qui eft de patrimoine. Héritages patrimoniaux.
Fiefs patrimoniaux. Titre patrimonial fur lequel
on reçoit les ordres facrez.
Patriote, f. m. Un homme fort attaché
au bien & fort zélé pour la gloire de fa Nation.
Patriotism E , /. m. Amour de la Patrie.
P a T R I o T I du E , adj. Zèle patriotique , a.
le même fens que les précédens.
■{•Patrociner, V. n. [ Patrocinari. ] Mot
burlefque écorché du Latin. C'eft parler à une
perfonne pour le porter à quelque fentiment
qu'on voudroit qu'elle prît , en blâmant le fen-
timent que cette perfonne a , & foutenant celui
qu'on veut lui faire prendre.
( Prêchez, palrocine^ jufqu'à la Pentecôte ,
Vous ferez étonné , quand vous ferez au bout ,
Que vous ne m'aurez rien perfuadé du tout.
Molière , Ecole des Femmes, ad. i. fc. !. )
Il fignifioit autrefois plaider.
P A t R o N , /] «z. [ Exemplar ,fpecimen , arche-
thypus. ] Ce mot en général lignifie modèle
fur lequel certains ouvriers travaillent. (Un
beau patron de dentelle. Un patron de point de
France. Acheter un patron. Suivre fon patron.
Faire un patron. Tracer un patron.
•j" * Patron. [Spécimen, idea.] Ce mot fe
difant des perfonnes , eft figuré & veut dire
exemple. ( Si on a à prendre patron (ar quelqu'un,
il faut que ce foit fur une perfonne de mérite. )
Patron. [ Paironus , fervi Dominus. ] Terme
de Droit iivil. C'étoit celui qui donnoit la liberté
à quelque efclave. C'étoit tout homme qui
avoit le pouvoir d'afranchir fes efclaves. Le
patron , OU le maître , afranchiffoit fon efclave
quand il le faifoit affeoir à fa table avec lui ,
quand il l'adoptoit , &c. Voïez là -diffus les
Jnflitut. l. i. tit. 3.
Patron. [ Patronus , fnndator. ] Terme de
Droit Canon. C'eft celui qui a droit de préfenter
à l'Ordinaire , un Eccléfiaftique capable de
PAT. 69
remplir le bénéfice que lui ou fes prédécefTciirs
ont fondé. ( Il y a un patron Ld:que &C un
patron EccUftaJlique. Le Roi eft patron de toutes
les Egliiés Cathédrales & Collégiales , des
Abayes & des Monafteres , s'il n'y a point de
titre au contraire. Freret , de l'abus c. 8.)
Patron. [ Navarchns , nauclzrus. ] Terme de
Mer. Celui qui commande aux voiles du vaifleau
& généralement à tous les gens du vaiffeau.
Fournier Hidrographie. D'autres dilcnt que c'eft
un Oficier marinier qui commande tout l'équi-
page & toute la maneuvre , Pjntero Panttra ,
qui a fait un Traité de la marme , dit que
patron eft un Oficier de guerre qui diftribiië les
rations & autres chofes néceffaires à ceux qui
rament , qui a foin de tout ce qui regarde le
fervice de la galère & même des marchandilcs
qu'on y embarque. ( Il y a des p.urons dans
chaque galère. Voicz Pantero,l. z. c. iZ-p. 3lj)
^^j" Capitaine , Maîîre 6i Patron (ont trois
Commandans de vaifîeaux , qui diffèrent de
nom & de fondions. Le Capitaine commande
par brevet du Roi ; ceux qui ne commandent
que fur une fimple commiffion les vaiffeàux
marchands , font apeliez maures (ur les côtes
de l'Océan , & patrons fur la Médiievranée.
On leur donne aufiî la qualité de Capitaine ,
lorfqu'il s'agit d'un voiage de long cours.
^^ Les Romains apelloient Nuvarchi ou
Navicularii , ou Naucleri , tous ceux qui com-
mandoient fur Mer. On trouve dans la loi 30.
du titre de Naviculuriis Cod. Theod. ces trois
qualitez ; & quant au mot de maître , la loi 2.
de exercit. aci. nous aprend qu'il eft ancien ,
puifqu'on apelloit Magifer celui à qui tout le
foin du vaiffeau étoit confié.
f * Patron. [ Patronus , herus. ] Le maître
du logis. Le mot de patron en ce fens eft bas
& burlefque ; il eft pris des Italiens, qui apellent
le maître du logis padrone. ( Le patron eft-il
ici ? Où eft le patron .-* Le patron de la café
eft- il ici .''
Le Cardinal Patron. [ Cardinalis Patronus. ]
C'eft celui qui gouverne à Rome.
* Patron. [ Patronus titularis. ] C'eft le Saint
que quelque Roiaume, Ville ou Village où les
gens de profeffion honorent particulièrement ,
& dont ils célèbrent tous les ans la fête.
( Saint Denis eft le Patron de la France. Saint
Jacques celui d'Efpagne. Saint Nicolas le patron
des gens de mer. Saint Pierre celui de Rome.
On fe réjouit comme il faut à la fête des jjatrons.)
Saint Louis eft vôtre Patron ,
Louis le Grand en eft un autre ,
Au gré de bien de gens pour le moins aufti bon,
Deshùulieres, )
* Patron. [ Patronus , Mecenas. ] Protefteur."
Défenfeur. Celui qui s'intéreffe dans nôtre for-
tune , & qui tâche à la pouffer. ( Quand on
n'a ni grands biens ni grande naiffance , on ne
fait rien dans le monde fans patron. Un patron
tient fouvent lieu de mérite à bien de gens.
Se faire un patron. )
Nous fervons un Patron qui n'aime pas qu'on gronde.
Benferade. )
Patronage, y! OT. [ Patronatus , Jus nomi-
nationis. ] Terme de Droit Canon. C'eft le droit
de préfenter un Ecléfiaftique au bénéfice vacant.
( On acquiert le droit de patronage fur un
bénéfice , lorfqu'on a employé fon bien à bâtir
70 PAT.
une Eglife ou lonqu'on l'a fondée. On dit ,
ce bénéfice eft en patronage lai.ptc. Le patronage
dis Laïques a commencé en Orient , & VEcU-
Jiafliqnt en Ocident. Difc'tplïne di f Eglife , z.
part. liv. z- cit. y. )
^3° Le Patronage tel que nous le connoiflbns
aujourd'hui , ell difércnt du Patronage des
Grecs & des Romains. Il eft pourtant vrai que
le Patronage Romain eft la i'ource du nôtre.
Denis d'Halicarnafle en a donné une idée
générale dans le fécond livre de fon Hiftoire
Romaine. Il dit d'abord que les Athéniens &c
les Thefl'aliens confondoient fouvent les efclaves
&c les cliens , le Patronage & la fervitude ;
ils donnoient même aux cliens des noms qui
marquoient la baffeffe de leur condition &
leur pauvreté : mais Romulus en établiffant le
l'atronage parmi les Romains , adoucit les
rigueurs du Patronage des Grecs , & eut en
vue de former une certaine union d'amitié Si
de protedion entre les riches & ceux qui ne
l'étoient pas , afin d'éviter l'ufurpation & la
tyrannie que la fupériorité infpire & femble
même autorifer. II forma donc deux ordres, dont
le premier étoit compofé des Patriciens , & le
fécond des Plébéiens ; les premiers furent chargez
de la Religion , de la Magiftrature & du foin
des afaires publiques ; les Plébéiens furent
deftinez à la culture des terres , au foin des
troupeaux & au commerce : mais connoiftant
le danger où il laifloit cette partie de fon nouvel
Etat , il permit aux Plébéiens de choifir parmi
les Patrices un Patron & un défenfeur contre
l'injufticc , prefque toujours compagne de la
fupériorité ; il régla même les devoirs refpeâifs
des uns & des autres. Ces Patrices , dit l Hifto-
rien , étoient obligez d'expliquer à leurs cliens
les loix qu'ils n'entendoient pas , de s'intéreffer
dans toutes leurs afaires avec cette ardeur qui
fait agir les pères pour l'intérêt de leurs enfans ;
ils dévoient encore veiller à l'ufage que leurs
cliens faifoient de leurs biens , à l'emploi de
leur argent , & empêcher qu'on les trompât
dans les contrats qu'ils faifoient : d'un autre
côté les cliens étoient obligez de contribuer à
la dot des filles de leurs Patrons , au cas qu'ils
ne fuifent pas en état de les marier félon leur
condition , de païer la rançon de leurs Patrons
& de leurs enfans , lorfqu'ils étoient prifonniers
de guerre , de païer les dépens auxquels ils
étoient condamnez , fans efpérance de rem-
bourfement contre leur Patron ; de contribuer
de même aux frais que l'on faifoit ordinairement
dans les brigues & dans les pourfuites des
charges publiques ; outre ces devoirs perfonnels,
il en établit de communs entre les Patrons &
les cliens ; ainfi il ne leur étoit pas permis
d'agir criminellement les uns contre les autres,
ni de fervir de témoins contre de tierces per-
fonnes en matière criminelle , fi ce n'eft pour
leur juftification , & pour rendre l'obfervance
des loix du patronage exafte & inviolable de
part & d'autre. Celui qui les violoit étoit puni
comme coupable de trahifon & comme une
perfonne dévouée aux Dieux des enfers. Cette
loi étoit févére, mais ce fut fans doute , & c'eft
le fentiment de l'Hiftorien, par ce moyen que
la bonne intelligence fubfifta pendant très-long-
tems entre les Patrons & les cliens. Ce ne fut
pas feulement dans Rome que le Patronage fut
établi ; il fut aufïï obfcrvé dans les Colonies ,
lefquelles fe choififlbient des Patrons dans Rome
PAT.
pour les protéger , lorfqu'il s'agiffoit de leurs
intérêts. Nous liions dans la fixiéme Verrine de
Ciceron , que les Siciliens étoient cliens de la
famille des Marcelliens. L'Hiftoire en fournit
encore d'autres exemples , qu'on peut voir dans
Appien , dans Valere Maxime , dans Velleïus
Paterculus & ailleurs.
^' Il eft aifé de s'apercevoir que le Patronage
s'eft établi dans l'Eglife fur le modèle de l'ancien
Patronage Romain. Les Fondateurs s'attribuèrent
d'abord le titre de Patron , & le droit de pré-
fenter aux Evêques des Clercs pour fervir les
Eglifes nouvellement érigées.
Le Concile d'Orange tenu en 441. fous le
jeune Théodofe & Valentinien , confirma aux
Fondateurs le droit de préfentation aux Evêques,
ce qui fut enfuite autorifé par la Novelle 113.
chap. 18. de l'Empereur Juftinicn , & par le
fécond Concile d'Arles , canon 36. Quelques-
uns croient que le Patronage & les autres
honneurs ont été acordez aux Fondateurs pour
exciter les fidèles à faire des dons & des libé-
ralitez aux Eglifes. D'autres difent que ce droit
eft une marque de la reconnoiffance des Clercs
dont perfonne ne doit fe difpenfer. Voïez les
Jurifconfultes qui ont traité du Patronage , & du
Droit de Patronage. Nous ajouterons feulement
ce qui fuit :
C'eft principalement par la dotation que l'on
aquiert le Patronage ; & c'eft par cette raifon
que les Canons défendent de confacrer une
Eglife qui n'a aucun revenu ; & s'il arrive que
l'un dote l'Eplife & l'autre la fafle conftruire »
celui qui aura doté jouira feul du Patronage.-
On peut aquérir le Patronage par la ceffion
gratuite , par fucceffion ou par aquifition du
fond auquel il eft attaché , ou enfin par prefcrip-
tion , quoique le Patronage foit Ecléfiaftique ;
pour aquérir cette prefcription il faut quarante
années , & trois provifions ou nominations
dans cet efpace; on prouve l'exiftence du droit
par titres autentiques,par plufieurs préfentations,
quoique interrompues , pourvu qu'elles puiflent
établir une poffeflion immémoriale. La préfen-
tation eft le plus confidérable droit du Patronage;
elle confifte dans la liberté de choifir une
perfonne capable de fervir un bénéfice ou ofice
vacant , 6c de l'offrir à l'Ordinaire pour le lui
conférer: mais il faut que celui que l'on préfente
ait dans le tems de la préfentation , toutes les
qualitez requifes par la fondation , fans pouvoir
les aquérir dans la fuite. Si le Patron néglige
de préfentcr ou de conférer le bénéfice vacant
dans les fix mois accordez au Patron Ecléfiafti-
que , & de quatre mois accordez au Patron
Laïque ; l'un & l'autre font abfolument privez
de tous leurs droits, pour cette fois feulement,
& l'inftitution eft dévolue au Supérieur. On
ne peut ni permuter ni réfigner un bénéfice de
Patronage Laïque , fans le confentement du
Patron. Quant aux droits honorifiques du Pa-
tronage , ils confiftcnt à avoir un banc dans le
chœur , à y être enterré , à avoir tous les
honneurs préférablcment aux Seigneurs hauts
jiifticiers , comnîe d'être encenfé le premier ,
à être nommé de même le premier dans les
prières , à avoir le pain bénit avant les autres ,
à baifer la paix , en un mot tous les honneurs
lui font dûs par préférence.
Patrone, /'./ \^Patrona.'\ Proteftrice. Celle
qui nous défend, qui nous favorife, &qui nous
apuïe. ( Ste. Geneviève cH la Patront de Paris.)
PAT.
* Patronc >/•/.{ Putrona , prajîdium. ] Il
fignifie figuiement , celle qui nous pouffe dans
le monde , & qui nous favorife de fon crédit.
( Une bonne Patronc fait fouvent valoir les
gens plus qu'ils ne valent en effet. Réflexions
critiques & morales, c. 3.).
Pûtrone , ou Giikrc Patrone. C'eft la féconde
des Galères du Roi, ( On dit , la Patrone a
effuïé un rude combat. )
Patron£R,v. rt. [ Figurant delineare. ]
Enduire de couleurs par le moyen d'un patron.
Il fe dit de ceux qui mettent les couleurs aux
cartes à jouer.
\ Patronier , f. m. [^ Figurarum dclincator. ]
C'eft un faifeur de patrons. C'eft celui qui fait
& vend de toutes fortes de patrons pour les
dentelles &; les points de France. ( C'eft un
habile Patronier.')
PatroiIillage , ou V A-rom\.i.Acï , f. m. Saleté,
mal-propreté qu'on fait en patroiiillant. (Il a
fait un beau patroûillage, ) On ne le dit que
dans le ftile familier.
PATRoiiiLLE,yi/^ [ Exploratoriœ excubiœ. ]
Terme de Guerre. Ce font cinq ou fix foldats
qui font commandez par un Sergent , & qui
fortent de leur corps-de-garde pour voir ce qui
fe paffe la nuit dans les rues d'une ville , &
empêcher que rien ne trouble le repos de la
ville. ( La patrouille marche toutes les nuits.
Etre pris de la patrodilU. )
Un qui de la patrouille eft l'archer le plus brave ,
Un controlleur d'exploits , & l'autre un rat de cave.
Bourf. Efop. )
■f PatroÏIiller , Patoiiiller , V. V. [In cœno
verfari. ] Quelques-uns difent patoiiiller , mais
l'ufage eft pour patrouiller , qui fignifie marcher
dans la boii'é. ( Voilà un enfant qui patroiiille
dans la boue il y a un bon quart d'heure. )
Le terme patroïdller eft bas.
Patrouiller , fignifie aulTi dans le ftile familier,
manier quelque chofe mal proprement , la gâter,
la déranger en la maniant : en ce fens ce verbe
eft aûif. { Patrouiller des viandes. Patrouiller
des fruits. Acad. Franc. )
P AT RoiiiLLis , fe dit quelquefois pour
patroiiillage , & dans le même fens. ( Quel
patroiiillis faites-vous là .' ) Il fe dit aufîî d'un
bourbier. ( Il a mis le pied dans le patroiiillis.)
P A t; T E , Voyez pâte.
PatUjPatue, adj. \_Pennipes.'\ Ce mot
ne fe dit d'ordinaire qu'au mafculin , & en
parlant de certains pigeons. Il fignifie , qui a
des plumes fur les pieds. ( Un pigeon patu.)
Pâturage , Pasturage , ( PÛturage. )y? m.
[ Pafcua,pabulum. ] L'un & l'autre s'écrit , mais
on pror^once pâturage. C'eft le lieu où les bêtes
vont paître. ( Il y a de beaux & de bons pâtu-
rages en Normandie , & c'eft prefque auffi tout
ce qu'il y a de beau dans cette Province.
Climéne , il ne faut pas méprifer nos bocages ,
Les Dieux ont autrefois aimé nos pâturages.
Ségruis , Egl. i. )
Pâturage , fignifie auffi l'ufage du pâturage.
( Avoir droit de pâuirage fur une terre.)
Pâturage. Herbe de pâturage. C'eft une plante
dont les Teinturiers fe fervent pour leur tein-
ture en fauve.
Pâture, Pasture , (PâxuRE. ) //.
[ Pajîiis ,pabulufft ,paJiio. ] L'un & l'autre s'écrit,
mais on prononce pâture. C'eft- à- dire , la
PAT. P A V.
7î
nourriture qu'on donne aux bêtes , mais ce mot
de pâture eft peu ufité au propre , à moins que
ce ne foit dans le ftile familier , comme à fait
M. de la Fontaine.
( De façon qu'un beau foir qu'il étolt en pâture ,
Nôtre aigle aperçût d'avanture
Deux petits monftrcs fort hideux. )
* C'eft une néceflité de fervir de pâture aux
vers du monument. Main.
(Ç^ La pâture eft ce qui fert de nourriture
au bétail , & particulièrement l'herbe des prez ,
que l'on apelle pâturages , c'eft-à-dire , le lieu
où les bêtes ont acoutumé de paître.
^f^ Les Latins ont de même apellé pafcua
les lieux où le bétail étoit nourri. Témoin cet
endroit d'Horace. Ub. 4. Od. ^.
Qualemve Itctis caprea pafcuis
Intenta , &c.
^^ Et celui-ci d'Ovide dans fes Metamor-
phofes. Ub. 4. verf. 688.
D'iviùs hic faltus , herbofaque pafcua.
* Pâture. [ Efca. ] Au figuré , il fe dit de la
nourriture de lame. ( La parole de Dieu eft la
pâture de l'ame. La connoiffance de la vérité
eft la pâture de l'efprit. )
Pâture de chameau. Plante Medécinale , qu'on
nomme ordinairement , juncus odoratus.
Pâture , (PâTURE. ) v. n. \_P,afcert.'\
Paître. Il fe dit des bêtes qui paiffent. ( Celui
qui envoie pâturer fes beftiaux dans le pré
d'autrui. ) Voïez paître.
Patureur , ( PâTUREUR. ) f. m. On le dit
à la guerre , des Cavaliers & des Valets qui
mènent les chevaux à l'herbe. ( On a donné
une efcorte aux Pâtureurs. )
Paturon , f. m. [ Setœ longiores equi calcihus
impendentes. ] C'eft la partie du bas de la jambe
du cheval' qui eft entre le boulet & la couronne.
[ Paturon long. Paturon court. Cheval qui a
quelque incommodité au paturon. )
P A V.
Pavage , /^ m. [ Pavimentatio. ] C'eft l'ou-
vrage du paveur.
Pavaaee. Bois qui vient de la Floride, &
qui avec fon écorce & fa racine eft bon pour
la guérifon des maladies fecrettes.
Pavane .,[■£. [ Hifpanica faltatio dicia pavana.'\
C'eft une forte de branle ancien. ( Danfer la
pavane. )
•^^ La pavane eft un chant à deux tems.
On la divife en grande & en petite ; celle-ci n'a
que douze mefures en tout ; de quatre en quatre
mefures , il faut qu'il y ait un repos & une
cadence. La grande a trois parties , qui fe ter-
minent par des cadences diférentes ; la féconde
partie doit avoir deux mefures de plus que la
première & doit être plus gaye ;, la troifiéme
doit avoir deux mefures de plus que la féconde,
& encore plus de gayeté. Cette danfe n'eft
plus en ufage ; elle eft trop férieufe pour plaire
à la vivacité des jeunes gens.
Se pavaner, y. «. C'eft marcher d'une
manière fiére, fuperbe. (Ce pzxûidXi fe pavane ,
cette femme fe pavane. )
Pavate. Arbriffeau des Indes , dont la
racine guérit les eréfipeles, Sa dccoûion fe prend
7^ P A V.
auffi clans les fièvres ardentes , les inflammations
du foyc & le flux de ventre.
P AV l' ,/ m. [ Pavimcntum. ] Grez ou pierre
quarrée faite par les carriers pour paver. ( Vieux
pavé. Pave' neuf. Pofer le ^i^^vc. Mettre un pavé.
Affeoir un pavé. Tailler , cimenter , dreffer le
pavé. Affermir un pavé. Garnir un pavé de lable.
Arracher le pavé. Ebaucher le pavé. C'eft ôter
quelque chofe du pavé pour l'ajuftcr 6c le mettre
en état de fervir.
Ma mufe qui fe plaît dans leurs routes perdues ,
Ne fçauroit plus marcher l'ur le pave des rues.
Dcfpredux. )
Pavé d'échantillon. C'eft un pavé de grez , de
grandeur ordinaire, c'eft-à-dire , de huit à neuf
pouces cubiques.
Pavé fendu. C'eft celui qui n'a que la moitié
de l'épaiffeur du précédent.
Pavé di Mofaïque. C'eft un pavé fait de plu-
fieurs petits cubes de pierre ou de marbre ,
foit naturels , foit artificiels, qui, joint enfemble,
repréfentent plufieurs figures.
•f" * Prendre le haut du pavé. [ Caperc locum
honoraiïorem. ] C'eft - à - dire , le rang le plus
honorable lorfqu'on marche avec quelcun.
Tâcer le pavé. C'eft en ftile familier , agir
avec circonfpeftion , agir avec irréfolution.
Bateur de pavé [ Vagus per totam urbem.^ Voiez
Bateur.
Pavé fe met en plufieurs proverbes. Je fuis
fur le pavé du Roi. [ Sum in via Régla. ] Pour
dire , vous n'avez point droit de me faire fortir
d'où je fuis. Etre fur le pavé , fe dit d'un domef-
tique qui n'eft point en condition. Perfonne ne
lui dlfpute le pavé. [ Prxflat caterls. ] Pour dire
qu'un homme eft élevé audeffus des autres.
// a malmenant le haut du pavé. [ Hune dltavlt
fortuna. ] l'our dire , il eft en fortune.
Pavé. Ménage a tranfcrit entièrement dans
fes Origines le chapitre onzième du fécond livre
de l'Hiftoire des grands chemins de l'Empire ,
par le ficur Bergier. Je me contenterai d'en
raporter un abrégé. « Le mot de pavé a deux
» principales fignifications. Nous apellons /'iîn;
» un quarreau de grez , de cailloux ou autre
» matière de pierres ou terre cuite ; nous
» apellons aufTi pavé , l'ouvrage entier compoié
» des pavez ou quarreaux particuliers alliez
» ou battus avec arène fur la fuperficie de la
» terre. Mais les Latins donnent à pavimcntum
M une fignification plus étendue , car il fignfie
» le fol ou le parterre d'une place de quelque
» matière que ce foit , plaftre , terre , arène ,
» cailloux , briques ou quarreaux déterre cuite,
»> marbre , ou autre matière de pierres , pourvu
» que ledit fol & le parterre eût été affermi &
» batu , frapé & confolidé fur la fuperficie de
» la terre , ou d'un plancher , pour en faire une
» croûte & un plan ferme pour porter ce qui
» doit repofer ou paffcr par defl'us. Le mot
» pavimcntum , eft originaire d'un ancien verbe
» pavlre , qui vaut autant que tundere , ferire ,
» batre & frapcr , dont Ciceron s'eft fervi , &
» que Feftus & Pline ont expliqué , pavlre enlm
« ferire ejl , dit le premier & le fécond, llb. JS.
» cap. z5. Pavlmenta In Itallafiflucls pavlta. »
Pavé , pavée , ad/. [ Stratus , pavlmentatus. ]
Qui eft garni de pavez. ( Cour pavée. Eglife
pavée. )
j- * Avoir le gofîer bien pavé. [ Majorem habere
maxlllam, ] Ces mots fe difent des perfonnes
P A V.
qui avalent des chofes fort chaudes. (Le goinfre
a le gofîer pavé. )
P A v E R , V. a. [ Pavlmentare , faxls Jlernere.]
C'eft faire des rangs de pavé , les poler d'un
certain fens , & les garnir de chofes néceffaires
pour les affermir. ( Paver une rue. )
Paver à fec. C'eft paver fans chaux & fans
mortier, fur le fable feul.
Paver à bain de mortier. C'eft maçonner &
maftiquer le pavé avec de la chaux & du ciment.
Pavesade,/!/] [Lorlca.] Grande bande
de toile ou de drap qu'on étend le long du
platbord du vaiffeau quand on fe prépare au
combat. Voiez Pavlers & pavois.
Pavesades , Terme de Guerre. C'étoient
des mantelcts de claies , qu'on rangeoit du camp
aux travaux les plus proches du corps d'une
place , derrière lefquels les foldats à couvert
ouvroient un petit foffé pour les maintenir droits
& fermes. On les rangeoit dans ce foffé , qu'on
couvroit enfuite de terre. On les apelloit des
pavefades OU tallenas , parce qu'elles fervoient
à couvrir.
Paveur , f m. [ Pavlmentorum fruclor. ]
Artifan qui pave les rués , les cours, les Eglifes,
les chemins , & autres lieux qu'on pave. Le
Paveur pour gagner fa vie fe fert de pince , de
hle , de truelles & de diverfes fortes de marteaux.
( Etre paveur. ] Les paveurs s'apellent par rail-
lerie , lapidaires en grez ; mais c'eft un langage
qui n'cft pas ufité par d'autres.
Pavie. Sorte de pêche. Voiez p avis.
Pavlc. On donne ce nom à une efpéce de
linge ouvré , qui fe manufaâure en Flandre S>C
en baffe Normandie.
Paviers . Pavois, y^OT. ou Pavesade , /!/.
[ Confcrva lorlca. ] Terme de Mer. On les apelle
auffi bafllrgue. Ce font de grandes bandes de
toile ou d'étoffe , que l'on étend autour du
platbord des vaifTeaux de guerre pour cacher
les foldats & ce qui fe paffe fur le pont pendant
un combat. 0~an. Dlcl. Math.
Pavifr ou Pavoiser. \^Septo tegere.] Mettre
des bandes pour entourer le vaiffeau & cacher
les foldats durant un combat naval , ou pour
empêcher qu'on ne voie ceux qui travaillent
aux voiles.
Pavillon, y^/7;. [ Conopœum , tentorlum. ]
C'eft une forte de tente quarrée dont on fe
fert dans les campemens , pour fe garantir de
l'incommodité du tems. Le pavillon eft aufîi
une forte de bouffe pour un petit lit , faite
en piramide. ( Dreffer un pavillon dans une
chambre. Volt. llv. g.
Tantôt il fait drefler fes riches pavillons.
Ftechier. )
Pavillon. [ Vexlllum. ] Terme de Mer. Bannière
qu'on arbore ordinairement à la pointe de quel-
que mât, qui eft d'une couleur particulière, & qui
eft chargée des armes de la Nation & de l'Oficier
qui commande. ( Porter le pavillon. Arborer le
pavillon. Faire le pavillon blanc. [ Slgnum album
erl"ere. ] C'eft arborer un pavillon dans un
combat. Faire pavillon blanc à la vue d'une côte
étrangère. C'eft faire un fignal de paix pour
montrer qu'on veut avoir commerce. Faire
pavillon de France. [ Vexlllum Galllcum extendere.']
C'eft arborer le pavillon de France. Amener le
pavillon. C'eft le baiffer ou le mettre bas par
refpeft , à la rencontre de quelque vaiffeau qui
mérite cet honneur. Etre fous tel pavillon. C/eft
être
P A V.
être à bord d'un vaiffeau commandé par un
Ofîcier qui a tel pavillon. Mettre paviilon en
berne. C'cft une manière d'arborer , qui fert de
fignal pour apeller la chaloupe du vaifleau , fi
elle n'eft pas à bord , ou pour demander du
fecours. Fctire pavillon rouge , on faire feu. Se
dit d'un vaifTeau qui pendant la nuit met des
fanaux en plufieurs endroits pour être vu de la
flotte & en être fecouru. On dit auffi , baijfer
le pavillon. \Siibmittere Jignum. ] On le dit même
au figuré. * Un tel qui le pique de bel efprit,
baille le pavillon devant MonJIeur un tel. [ Fafces
fubmittit.] C'eft-à-dire, il lui défère, & ne
parle devant lui qu'avec retenue.
^3^ L'Amiral doit porter le pavillon quarré
blanc au grand mât , & les quatre fanaux.
Ordonnance de la Marine. La forme des pavillons
eft diférente ; ils font chargez d'armes & de
couleurs particulières. Le pavillon de France
eft toujours blanc femè de fleurs de lis d'or.
S^ Le navire qui eft monté par le Com-
mandant de l'armée a toujours été diftingué
des autres navires par quelque marque évidente,
pour le reconnoître dans le combat. Hérodote
dit que Policrate ayant aperçu la flote des
Athéniens , reconnut le vaiffeau du Commandant
par le fignal qu'il portoit.
à"3^ Cette marque de diftlnftion a toujours
été ou un étendart , ou une bannière , dont il
y a trois efpéces diférentes dans nôtre Marine,
le Pavillon , la Cornette & la Flamme,
^^ L'Ordonnance de 1669. liv. 2. tit. 2.
veut que lorfque l'Amiral fera embarqué , il
portera le pavillon quarré blanc au grand mât,
le Vice-Amiral au mât d'avant , le Contre-Amiral
ou le premier Lieutenant - Général ou Chef
d'Efcadre , qui en fera la fondion , au mât
d'artimon.
^r Les pavillons quarrez doivent avoir un
quart de bâtant plus que de guindant , le bâtant
eft la longueur qui voltige en l'air; le guindant
eft la hauteur qui règne le long du bâton.
^3" Les vaiffeaux du Roi ne peuvent porter
aucun pavillon que de couleur blanche , foit
pendant la navigation , foit dans les combats ;
ils peuvent feulement fe fervir de la couleur
rouge , ou de quelque autre couleur pour les
iîgnaux.
^3" Quant aux valffeanx marchands François,
il ne leur eft permis de porter que l'Enfeigne
de poupe , bleue avec une croix blanche tra-
verfante , & les armes du Roi fur le tout , ou
telle autre diftinftion qu'ils voudront choifir ,
pourvu que leur Enfeigne de poupe ne foit pas
entièrement blanche.
L'Ordonnance que j'ai citée , permet à celui
qui commande des vaifl'eaux Marchands qui
font emploiez au commerce d'Efpagne, de porter
le pavillon à l'arrière de leurs chaloupes ,
lorsqu'ils navigeront dans la Baye de Cadis.
L'Auteur du Diftionnaire de la Marine a
remarqué qu'aux navires vaincus ou menez en
triomphe , on attache le pavillon aux hautbans
ou à la galerie de l'arriére , & on les laiffe
traîner & pancher vers l'eau, & tels vaiflTeaux
font touez ou tirez par la poupe.
Le pavillon blanc eft un fignal de paix , le
rouge marque la guerre.
La Cornette eft une efpéce de pavillon que
les Chefs d'Efcadre mettent au mât d'artimon ;
elle eft blanche , & doit avoir quatre fois plus
de battant que de guindant ; elle doit être
Tomt III.
P A V. 75
tendue par le milieu des deux tiers de fa hau-
teur & les extrcmitez fe terminent en pointe.
Le, pavillon &: les cornettes ne font portez
que lorfque l'Amiral eft acompagnè de vingt
vaiffeaux de guerre ; le Vice -Amiral & le
Contre-Amiral de douze , dont le portier afeize
pièces de canon & les cornettes de cinq.
Les Vice-Amiraux , les Lieutenans-Gènéraux
& Chefs d'Efcadre qui commanderont un
moindre nombre de vaiffeaux, portent une fimple
flamme , à moins qu'ils n'aient une permiilion
par écrit de Sa Majefté de porter un pavillon
ou une cornette.
Lorique les vaiffeaux de Sa Majefté portant
pavillon rencontrent les vaiffeaux des autres
Rois portant des pavillons égaux aux leurs ,
ils fe feront faluer en quelques mers & côtes
que fe faffe la rencontre.
Amener les pavillons , c'eft raffembler le
pavillon entre les bras d'un matelot ^ qui fe
tenant auprès du bâton du pavillon , en fait une
efpéce de fagot , en le ramaffant entre fes mains.
■{■ * Mettre pavillon bas. [ Caput difcooperire. ]
Ces mots fe difent en raillant par ceux qui
étant à table ôtent leur chapeau quand ils veulent
boire à la fanté de quelque perlbnne & qu'ils
veulent témoigner du refpeô.
(Vous les verrez bien-tôt mettre pavillon bas ,
Et je réponds pour eux qu'ils ne répondront pas.
Auteur anor.lme. )
Mettre pavillon bas. Se dit auffi pour déloger,
décamper.
Pavillon. [ Vexilliim fupremum. ] Terme de
Blafon. C'eft ce qui couvre &c envelope les
armoiries des Empereurs , des Rois & de
quelques Souverains , à qui il apartient feule-
ment de porter le pavillon. 11 eft compofé de
deux parties , du comble , qui eft fon chapeau,
& des courtines , qui en font le manteau.
Pavillon. \^ Pendulum h tubâvexillum.^ Terme
de Chaudroniér. C'eft le gros du corps de la
trompe & de la trompette où eft l'ouverture
qui eft au bas du cor de la trompe & de la
trompette. ( Pavillon de cor bien fait. )
Pavillon. [ Pars d'omûs nfludinata. ] Terme
^Architiclure. Corps de logis qui accompagne
la maifon principale , & qui eft au bout de
quelque galerie. C'eft auffi un corps de logis
feul , qui eft nommé pavUlon à caufe de fa
couverture qui reffemble à celle des pavillons
ou des tentes d'armées.
P A v I s , /! W2. [ Perjica duracina. ] C'eft une
forte de pêche qui ne fe fend pas. Plutieurs
écrivent pavie & pavi , mais M. Perrault dans
fon Idylle à M. de la Quintinie , écrit toujours
pavis ; Ménage écrit de même.
Là des rouges pavis le duvet délicat ,
Ici le jaune ambré du roùiïatre mufcat.
Perrault.
Paul, f. rn. [ Paulus. ] Nom d'homme,'
( Paul vivoit & Paul eft mort. )
P AU LE , f. f. [ Paula. ] Nom de femme.
Paule , fille du Comte de Ponriévre fut affiégée
dans Roye par le Comte de Charolois , & elle
fe défendit courageufement. Brantôme, Dames
Galantes, t. l. p. 38 y. )
Pauleter, V. a. [ Jus poletanum jolvere. )
Paier le droit de paulette. ( Les Officiers des
Maifons Roïales ne pauUtent point , parce que
leurs Charges vaquent par mort. )
74
P A V.
P A u L E T T E , y: y: [ Jm poUtanum. ] C'eft I
l'argent de la foixantiéme partie du prix de
l'oficc que donne au Roi tous les ans au com-
mencement de l'année chaque Oficier de Juftice
& de Finance , afin de pouvoir pendant l'année
difpofer de fon ohcc. Ce droit a été apellé
paillette , d'un nommé Charles Faulet , Secrétaire
de la Chambre du Roi , qui au commencement
du dix-feptiéme fiéclc inventa le droit Ji pauUtte,
qui fut autorifé par Arrêt du confeil privé le
11. de Décembre 1604. Loi/eau, ch. 10. des
Ojices. ( Quand un Oficier meurt fans avoir
paie \^pauUtte , fon ofice va aux parties cafuellcs,
& eft perdu pour fes héritiers. La paulctte cft
ouverte. On n'eft plus reçu à la pauUtte après
un certain tems réglé par la Déclaration du Roi. )
Pau LOT , /!///. Nom d'entant & de petit
garçon , qui veut dire petit PmiL ( Paulot eft
beau & bien fait. )
Paume,// [ (^ola. ] Prononcez pôme.
Il vient du Latin palma. C'eft le dedans de la
main. C'eft la féconde partie de la main , qui
prend depuis les rafettes jufques aux jointures
des doigts. ( Il a la paume de la main toute
pleine de calus. )
^^ M. Lancelot le dérive du Grec w.rXï'fi»,
Palma , la paume de la main , de là vient, dit-il,
tmpaumer , comme qui diroit prendre de la
main , faifir.
Longue paume ,/■/.[ PHt^ ludus laxior. ]
Manière deyew de paume , où il n'y a qu'un toit
pour fervir , fans galerie ni murailles , & où
l'on joue avec de petites baies & des batoirs.
{ Joiier à la longue paume. )
Courte paume. [ Sphixrijierium. ] Ces mots font
un peu furannez. On difoit autrefois yoK^r à la
courte paume , mais préfentement on dit Jouer à
la paume. C'eft-à-dire , jouer dans un tripot ,
ou jeu de paume avec des raquettes & des baies.)
Le jeu de paume eft fort ancien & a toujours
paffé pour un jeu permis & un jeu honnête &
utile à la fanté. Plante , Martial , Ciceron &
plufieurs autres anciens Auteurs en ont fait
mention. On y voit auiîi que les baies dont on
fe fervoit étoient différentes : il y en avoit que
l'on apelloit pila trigonalis , foit parce qu'on
jouoit dans un lieu difpofé en triangle & qu'il
falloit que la baie donnât fur les trois cotez ,
parce que l'on jouoit à trois : on voit encore
une efpéce de baie cjue l'on apeWoh pila paganica,
parce que les villageois en uloient ordinaire-
ment. Le jeu de balon étoit aufli fort commun ,
c'étoit une efpcce de jeu de paume que l'on
jouoit en pouffant ou en repouffant le balon
avec le bras armé. Voïez ceux qui ont écrit
des Antiquitez. Mine lit. J. Ep. i. décrivant
la manière de vivre de Spurina , remarque que
dans certaine heure du jour il jouoit à la paume
long-tems & violemment , opofant ainfi ce genre
d'exercice à la pelanteur de la vieilleffe.
Paume. [ Palmus. ] On fe fert de ce mot en
parlant de la taille des chevaux deftinez pour
la guerre , & c'eft la mefure de la hauteur du
poing fermé. ( Un cheval eft de bon fervice
pour la guerre lorfqu'il a feize paiwus ou un
peu plus. )
Paumer , V. ^. [ Impingere alapam. ] Ce
mot eft bas & du petit peuple de Paris. II veut
Ane joufieter. (Elle lui a paumé la gueule. Je te
paumerai la gueule. )
Paumilr,/ot. [ Sphœrijlerius. ] Ce mot
fignifie h maître du jeu de paume , mais il ne fe
P A V.
dit guère feul. Les gens du métier difent paumler-
raquetier ; mais parmi les gens du monde , on
dit le maître du jeu de paume, ht paumier -raquetier
eft celui qui tient un jeu de paume , qui fait
& vend des baies & des raquetes , mais qui
ne peut vendre des raquettes , à moins qu'elles
n'aient frapé la baie. Voiez Raquetier.
P A u M £ L I, F , / / [ Dijlichum hordeum ]
Efpéce d'orge qui n'a que deux rar.»s de grains.
Paumelle. [ Vejligium. ] C'eft aufli une efpéce
de panture de porte qui s'atache fur le bois ,
& qui tourne fur un gond.
Paumelle. [ Digitale. ] Terme de Mer. C'eft
le dez que les Treviers ont à la main quand ils
coufent les voiles.
Paumelle. Morceau de bois plat , plus long
que large , dentelé par-deffus , que l'on tient
d'une main par le moyen d'une efpéce de
manicle. Cet inftrument fert aux Corroïeurs à
tirer les cuirs fur la table pour les rendre plus
maniables.
Paumure ) /^/ [ Cornu cervi apex. ] Terme
de ChaJJ'e. C'eft le fommet des têtes de cerf où
le bois fe divife en plufieurs branches , qui étant
au nombre de cinq , repréfente la paume de
la main.
Pavois, /.OT. [ Scutum , pelta. ] Vieux
mot pour dire bouclier. On ne peut fe fervir du
mot de pavois , qu'en riant ou qu'en parlant
des chofes fort éloignées de notre fiécle. ( Lorf-
que les Seigneurs avoient élu les Rois , ils les
élevoient fur un grand pavois & les faifoient
porter dans le camp , où le peuple étant affem-
blé en armes , confirmoit le choix. Mènerai ,
Hijloire de France , vie de Pharamond. ]
Le même Hiftoriographe fe fert du mot
Paveché , pour lignifier celui qui eft couvert
de pavois. [ Scutis teclus. ]
^^ Pavois. Terme de Marine. C'eft une tenture
de frife ou de toile que l'on tend autour des
vaiffeaux de guerre & qui eft contenue par des
pointillés pour cacher ce qui fe paffe fur le
pont pendant un combat ; on s'en fert auffi
pour orner un vaiffeau dans un jour de réjoiiif-
iance. Les pavois des Anglois font rouges ; &
par une Ordonnance de 1 670. les pavois doivent
être de couleur bleue femée de fleurs de lis
jaunes. Les mots de B.iflingues , B.iftingures ,
Bajlingueres , font ftnonimcs avec pavois.
Pavoiser. C'eft entourer le bord d'un
vaiffeau d'un tour de drap ou d'une toile large
d'une aulne de France ; ce qui fe pratique dans
les jours de réjouiffance ou de combat , tant
pour 1« combat que pour ne pas laiffer voir
les foldats. Aubin.
P a V o T , / /«. [ Papaver. ] Il y a des pavots
fauvages & des pavots cultivez. Ces pavots
font rouges , blancs ou noirs , & tous refrigé^
ratifs & propres à faire dormir. Le pavot cultive
eft une efpéce de fleur rouge , blanche ou
panachée en forme de hoiipe. Voiez poncea.
Les Poètes repréfentent le Dieu du fommeil
couché fur des pavots.
( Le Dieu couronné de pavots
A peine ce matin m'avoit abandonnée,
Qu'Apollon à mes yeux encore à demi clos,
S'eft fliit voir de lauriers la tête environnée.
Deihoulieres. )
* Comparer la rofe au pavot. Façon de parler
proverbiale , pour dire comparer des chofes
qui ne font point comparables.
r A V.
Pavot cornu. [ GLuichim flon lutta. ] II y en
a de trois efpcces : les feuilles de la première
reffemblent au Verbafcum de Montpellier ; celles
de la féconde, aux feuilles de la roquette , &
la troifiéme , à des feuilles plus petites que les
deux premières efpéces. Toutes trois contienent
beaucoup d'huile & de fel effentiel : elles font
fort réfolutives apliquées extérieurement.
Paupière , /. f. Prononcez popiere. Il
vient du Latin palp^bra. C'eft ce qui couvre
les yeux & qui les défend pardevant contre
l'air , le vent , la fumée , les moucherons &
autres incommoditez. Il y a deux paupières en
chaque œil , l'une en haut , & l'autre en bas.
Elles fe meuvent vite afin de récréer la vue
& de ne pas empêcher l'œil de voir. Elles font
compofées de peau , de cartilages , de muicles ,
de membranes & de poils qui font rangez dans
im trôs-bel ordre pour ne pas nuire à la vue ,
& défendre les yeux des chofes les plus légères,
comme de la pouffiere & des moucherons.
Voïez Bartolin , Anatom'n,
( Sa bouche de l'enfance avoit tout l'agrément ,
Et fes yeux qu'adoucit une brune paupicre
Plus bleus que n'eft le Firmament ,
Avoient aufli plus de lumière.
Perrault Grifdid.)
Permer la paupière. C'eft dormir. ( Je ne puis
fermer la paupiln depuis huit jours. ) On le dit
aufli poétiquement pour mourir, ( Il a fermé la
paupière. )
Pause, f.f. [ Interpojîca quies , ceffatio ,
paiifa. ] Prononcez p'ofe. La paufe confifte à
prendre quelque repos. C'eft l'aftion de fe
repofer. ( Il faut faire une paufe ici , & puis
nous continuerons nôtre chemin.
Le fujet fimple & clair n'enfermant qu'une chofe
S'avançoit vers la fin fans détour & dus paufe,
ViiUrs. )
Paufe. [ (luies. ] Terme de Po'èfîe Françoife.
C'eft-à-dire , repos. ( Les vers de douze filabes
doivent avoir une paufe. Les ftances de fix &
de dix doivent auffi avoir des paufes. ) Voïez
repos.
Paufe. [ Cantâs intirmijfio. ] Terme de Mufîque.
Certaine marque dans les livres de mufique ,
ou* veut dire qu'il faut qu'une partie ceffe de
chanter pendant que les autres continuent. Il
y a des paufes de quatre mefures , de deux ,
d'une , &c. Les plus petites paufes s'apellent
foupirs & demi-foupirs. Ox,an , Dicl. Math.
y ; Pauses. Terme de Navisation. Ce font
des bateaux fort larges & fort longs , dont on
fe fert à Arcangel en Mofcovie pour porter les
marchandifes à bord. Aubin.
f Pause' , Pause'e , adj. Prononcez pofL
Voïez pnfé.
Pause MENT , adv. Voïez pofément.
•j* Pauser , V. n. [ Paufare , paufam facere,]
Faire une paufe. Il ne fe dit qu'en terme de
mufique.
Pauvre, y!»?. [ Pauper , inops , egens. ]
Celui qui eft dans la difette & la néceflitè.
( Les vrais pauvres font les membres de Jefus-
Chrift. En foulageant la mifere des pauvres ,
vous entretenez quelquefois leur pareffe.
FUchier. )
Combatez-vous vos fens , domptez- vous vos foibleffes ?
Dieu, dans le pauvre, eft-il l'objet de vos largefîcs ?
Defpriaux )
Tome III,
P A V. 75
II y a des pauvris honteux. [ Inopes verecundi. ]
Des gens de famille qui foufFrent beaucoup dô
néceffité fans ofer la découvrir.
Pauvre , adj. Qui eft dans la néceflîté. Qui
foufFre à caufe de la pauvreté où il eft. Qui
n'eft pas riche. ( Malherbe eft mort pauvre.
Le Taffe a été pauvre, 6c n'eft pas mort plus
riche que Malherbe. )
Pauvre. Se dit , par extenfion , d'une perfonne
qui n'a pas de quoi fubfifter honorablement
félon fa condition.
* Pauvre d'efprit. [ f^enâ paupere illi ingenium
mariât. ] C'eft un imbécille qui manque de
jugement & de vivacité d'efprit pour compren-
dre les chofes.
Pauvre en efpiit. [ Pauper fpiritu. ] Terme de
l'Ecriture Sainte. Ce font les efprits fimples &
humiliez par le fentiment de leur mifere fpiri-
tueile. ( Bienheuveux font \ts pauvres en efprit ,
car le Roïaume des Cieux leur apartient. Saint
Mathieu , ch. à. )
* Pauvre volontaire. C'eft celui qui renonce
volontairement aux biens du monde.
* On dit d'une langue qu'elle eft pauvre y
[ innps Ungua ] quand elle manque de plufieurs
mots & des expreffions dont elle auroit befoin
en plufieurs rencontres. On acufe le François
d'être une langue pauvre ; elle ne paroit telle
qu'à ceux qui ne la fçavent pas.
Pauvre, [fnfelix.] Afligé, malheureux. Défolé.
( Ces pauvres Princeffes ne pouvant les empê-
cher , ne faifoit point de réponfes. Faug. Quint,
liv. 3. c. 12.)
Scudery dit dans fa Tragicomédie des Coups
d'Amour & de Fortune , que Sarrafin mettoic
au-deffus de tous les Poèmes dramatiques de
fon tems :
AflTez & trop long-tetïis ma pauvre ame abatuë
A fouffert les ngueurs de l'ennui qui la tuë.
^;j' Pauvre , n'eft point du ftile héroïque ;
on dit ce pauvre homme , d'un homme que l'on
plaint & pour qui l'on s'intérefl"e.
Pauvre. [ Imperitus , futilis. ] Ce mot fe dit
des perfonnes qui travaillent de l'efprit ou des
mains, & lignifie chetif , qui ne fait rien qui vaille,
( Ménage , ce pauvre Poëte ,
Dit qu'il a fait mon Epitéte.
Boileau , Avis à Ménage. )
On dit en ce fens, un pauvre livre , un pauvre
Auteur.
Pauvre. [ Defpiciendus , COntemptibilis , nullius
momenti. ] Ce mot fe dit des chofes , & veut
dire, chetif, tniférable. (Les foupirs & les lan-
gueurs font à mon gré une pauvre galanterie.
Le Comte de Bujfy , Hifloire amoureufe, )
Pauvre. [ Sirnplex & reclus. ] Ce m.Ot fe dit
aufli des perfonnes & veut dire naïf, fimple ,
qui n entend aucune finejfe. ( La naïveté avec
laquelle le pauvre homme mandoit ces nouvelles
fit rire cette folle. Le Comte de Buffy , Hifoire
amoureufe. )
Pauvre. [ Tennis. ] Mifèrable. Qui ne fçait
pas bien ufer de fon bien. ( Vous êtes riche en
éfet , & l'on vous tient pour un pauvre homme.
Corn. Ep. l. l.)
Pauvre. [ Pauperculus. ] Ce mot fe dit par
un fentiment de compaflion , d'amour ou d'a-
mitié qu'on a pour une perfonne. Ce pauvre
garçon avoit gardé jufques à ce mouchoir. Que
je plains le pauvre garçon. Le Comte de Buffy. )
Kij
76 PAU. PAY. PEA.
Pauvre. [ Carus , cara.] Ce mot (a dit en terme
de carcffi , & fignifie , tUn aimé , cher. ( Ma
p.iuvre Toinette, crois-tu qu'il m'aime ? Molière.)
Pauvrement, adv. [^Tcnuiter.^ Avec pau-
vreté. ( Vivre pauvrement, j
■f Pauvret , Pauvreté , ac!/. [ Pauperculus.)
Chctif , malheureux , qui eft dans la pauvreté
& dans la difette.
( Il foiit're un étrange fuplice ,
Mais le pauvret eft fans malice.
Foilure , po'éf.
La pauvreté n'a pas un double. Le Comte de
Bufy.
Le tems n'ofrit plus rien .i fes attrais
Que maris au rabais;
Et la pauvreté délaifl'ée
N'eut qu'un provincial épais.
Coulangcs. )
Pauvreté', yiyi [ Paupertas , inopia ,
tgeflas. ] Dilette. NecefFité. ( On mérite beau-
coup lorfqu'on foufre la pauvreté chrétiennement
& pour l'amour de Jefus-Chrift. La. pauvreté k
qui eft né quelque chofe eft plus dure & plus
odieufe que la mort. Patru plaid. 6. Chez les
Anciens la Pauvreté étoit une Divinité allégo-
rique , fille du luxe & de l'oifiYeté ou de la
parelTe. )
Pauvreté. [ Votiim paupertatis'\ Un des trois
vœux de Religion par lequel le Religieux
renonce à tous les biens du fiécle & ne poiTéde
rien en propre. ( La Régie de Saint François
eft celle qui fait plus rigoureufement obferver
la pauvreté. Garder la pauvreté. Faire vœu de
pauvreté. )
On dit proverbialement , pauvreté riejl pas
vice , mais ce(i une efpéce de ladrerie , tout le
monde la fuit.
\ * Pauvreté. [ Imptiœ , nugœ , dcliramerta.'j
Ce mot fe dit au figuré & n'entre que dans le
flile fimple & la converfation , & il fignifie
fotifes , paroles fotes & vuides de bon fens. ( C'eft
un homme qui dit les plus grandes pauvreté^
du monde.
Et les foins où je vois tant de femmes fenfibles ,
Me paroiiTent aux yeux des pauvrete^^ horribles.
Molière , Femmes Suvuntei. )
Pauvreté, fis dit des langues. ( Lz. pauvreté
de cette langue. )
PAY.
Payable, Payer. Voiez la colomne Pai,
Payen. Voiez la colomne Pai.
^5" P a ISA GIS te. Un Peintre qui réuflît
parlaitement en païfages.
PEA.
Péage ,f. m. [ Vecligal , portorîum , trlbutum.^
Terme de Coutume. C'eft un droit Seigneurial
qui fe prend fur le bétail , ou fur la marchan-
dife qui pafl'e , pour entretenir les ponts , les
ports & les paffages , fçavoir ce qui fe tranf-
porte & ce qui pafle d'une contrée en une autre.
( Le péage eft dû. Les enfans de France & les
Princes du fang font exemts de tout péage. On
ne peut impofer aucun péage fans la permiifion
du Roi. Voiez Ragueau , des droits Hoïaux.
4rrêt portant fupreflion As péage. Le Maître )
PEA.
On ne peut dire fi le mot de péage eft dérivé
de peagium OU pedagium , dont les Auteurs de
la bafl'e Latinité fe font fervis , comme Ménage
l'a remarqué , ou fi le mot Latin n'a point été
formé du François. Outre les tributs que l'on
exigeoit pour fournir aux dépenfes de la Répu-
blique Romaine , il y en avoit un général impofé
fur toutes les marchandifes que l'on tranfportoit
d'un lieu en un autre , & que l'on apelloit
vecîigal ou portorium , ce qui eft à proprement
parler nôtre péage , dont l'origine eft par confé-
quent fort ancienne , tant parmi les Grecs que
parmi les Latins : mais on ne peut découvrir
en quel tems ceux-ci ont commencé d'exiger
des droits fur les marchandifes en pafl"ant fur
leurs terres , parce qu'ils ont été long-tems fans
avoir ni commerce ni liaifons avec leurs voifins.
On ne fçait point encore fi Ancus Martius , qui
a ouvert le premier le port d'Oftie , y a établi
un droit fur les marchandifes qui y feroient
aportées. Il faut pourtant que les péages euflfent
été établis fous les Rois, puifque Flutarque,
Denis d'Halicarnafl"e & Tite-Live ont remarqué
que Publicola abolit les péages , ainfi que plu-
fieurs autres charges dont le public étoit oprim.é:
mais la République ayant étendu fa domination ,
elle fut obligée, pour (butenir plufieurs guerres,
de conferver ce qu'elle avoit aquis , & d'aug-
menter fes conquêtes , de rétablir ces anciens
fubfides , & même d'en impofer de nouveaux
fur tout ce que l'on portoit à Capoue , à Pouzol
& dans le camp , qui avoit autrefois été afranchi
de toute forte de droits , fuivant la loi g.^. y,
ff. de Publican. Ainfi Rome & toute l'Italie fe
virent acablées de fubfides , jufques au tems
où Cecilius Métellus étant Préteur , abolit les
péages dans toute llralie. Cet afranchiffement
fubfifta dans l'Italie jufques à la deftruftion de
la P^épublique & de la liberté ; car au raport
de Suétone , Jules Céfar renouvella tous ces
fubfides , ce qu'Augufte confirma. Il eft vrai
que fi nous en croïons Tacite , Néron eut quel-
que envie d'éteindre ce tribut apellé Portonum :
mais cette envie ne dura guère. Au refte on
comprend aifément que portorium fut un tribut
impofé fur tout ce qui entroit dans les ports
de la mer & des rivières, à porta portorium. La
confifcation a toujours été la peine de la fraude
faite à ces fortes de droits qui ont pafle jufqiies
à nous. Nous apellons Pontonage ou Pontenage^
celui que l'on levé fur les rivières ; Barrage y
le droit que l'on exige à la porte d'une ville ;
Travers , lorfqu'on eft obligé de paier quelque
droit en traverfant d'une province ou d'une
ville dans une autre.
O Charondas a remarqué fur la fomme rurale
de Boutilier tit. i8- que nous avons deux efpéces
de péages , le péage Roial & Seigneurial ; le
premier eft dû au Roi à caufe de fa fouveraineté,
le fécond eft acordé à certains Seigneurs fous
condition , dont la première eft de tenir les
chemins dans l'étendue de leur péage en bon
état & praticables ; la féconde de veiller à la
fureté des voiageurs ; ce droit eft nommé
Travers , parce qu'on le paie pour avoir la
liberté de faire traverfer d'un lieu dans un
autre les marchandifes dont on fait commerce.
L'étendue dans laquelle on peut exiger le
péage eft apellèe par la Coutume de Tours
art. 8i- Péagerie , dans laquelle on doit mètre
à un poteau au Chef de la péagerie la Pancarte
contenant les droits , laquelle ils doivent faire
P E A.
vérifier pardevant le Juge Roïa! Siipcrieur âa
lieu , oîi eft dû ledit péage , lequel rie doit
point être levé fur les denrées , & provifions
des particuliers , Aiivant les articles 82 & S3
de cette Coutume , & dans Tarticle 84 , il eft
réglé que qui a droit de péage , doit tenir en
réparation les ponts , ports & paffages fur
chemins , rivières & ruiffeaux du grand chemin
péager , finon qu'autres par devoir y fuffcnt
tenus. Le défaut de paiement de péage n'emporte
que l'amende fans confifcation , conformément
à l'article 87. La Coutume d'Auvergne , article
16. oblige de même le Seigneur qui a droit de
péage , d'entretenir les chemins. L'Ordonnance
de 1669. (i(. zc). art. j. défend au.\ proprié-
taires , fermiers , rentiers & péagers de faifir
& arrêter les chevaux , équipages , bateaux ,
nacelles , faute de paiement des droits qui
feront compris dans la pancarte qui fera faite
& aprouvée ; pourront feulement faifir les
meubles , marchandifes & denrées jufques à la
concurrence de ce qui fera légitimement dû par
eftimation raifonnable , & y établir CommifTaire
pour être procédé à la vente , s'il y échoit ;
la contravention doit être enfuite jugée par le
premier Oficier des Eaux & Forêts , & en cas
d'abfence par le Ju^ ordinaire , an. 4. &ic.
P e'a g e r , /. ffz. [ Portiior. ] Fermier de péage.
Celui qui exige le péage. ( Les péagers doivent
faire mètre les tableaux & les pancartes en lieu
éminent, public & acceffible, pour faire connoître
les droits qui font dûs. )
P e'a n. Les Péans ou Pœans , étoient ori-
ginairement des cantiques en l'honneur d'Apollon
& de Dione , qui renouvelioient le fouvenir
delà vidoire remportée fur Pithon, par Apollon,
dont Vtiay étoit aufli l'un des furnoms. Dans
la fuite on fit de ces Péans ou cantiques pour
le Dieu Mars , & on les chantoit au fon de la
flûte en marchant au combat. Dépuis encore ,
on les étendit à quantité d'autres Divinitez ,
& l'on en fit même pour faire honneur à la
mémoire des grands hommes. On en trouve
beaucoup d'exemples chez les Anciens.
P EAU , f. m. [ Cutis , pellis.] Prononcez po.
Dépouille d'animal. ( Une peau de mouton , de
loup , de lièvre , de renard. Une peau de poiffon.
Vnepeau d'anguille. Unepeau de grenouille , &c.
Peau. [ Coriiim. ] Ce mot entre en plufieurs
façons de parler de Mégilîier , de Pelletier ,
Peaucier , Corroïeur, &c. (Mètre ■ans peau en
couleur. Terme de Peaucier. Paiffonner une
peau. Terme de Gantier & de Peaucier. C'eft
tirer & étendre une peau fur le paiffon. Fouler
une peau. Terme de Corroïeur, & d'autres gens
qui travaillent en peau. Luftrer une peau.
Terme de Pelletier. Pommeler une peau. Terme
de Pelletier , &c. )
Peau. [ Cuticula. ] Ce mot fe dit des hommes,
c'eft tout ce qui couvre fuperficiellement la
chair. ( Avoir la peau toute écorchée. )
■}■ * Peau. Ce mot entre dans quelques façons
de parler proverbiale & figurée. Exemples :
■f Qui ri'enrageroit dans fa peau. [ Qui iracun-
diâ non turgefceret. ] C'eft-à-dire , qui ne feroit
fâché dans fon ame. S. Amand.
La peau vous démange. [ Prurit pellis. ] ' Vous
voulez être batuë. C'eft-à-dire , vous ne vous
fçauriez contenir , vous me pouffez à vous
roffer. Molière.
N'avoir plus que la peau & Us os. [ Grandi
fnacie torridurn e£e.'] C'eft-à-dire, être fort maigre.
P E A. 77
// mourra dans fa jteau. [ Veterem peUiculam
rctinebit. ] C'eft-à-dire , il ne changera jamais
de m.aniére.
Je ne voudrois pas être dans fa peau. [ Nollem
in cudem efjc navi.1 C'eft-à-dirc , je ne voudrois
pas être en fa place. )
On dit d'un poltron, qu'il a peur de fa peau.
[ Siti timet. ]
On dit d'un homme qui s'eft retiré fain &
fauf de quelque ocafion dangereufe. 11 a été bien-
heureux d'en raportcr fa peau.
On dit , je crains pour fa peau , c'eft-à-dire,
j'ai peur qui ne foit étrillé.
S Tant pis , reprit le trifte oifcau ,
e crains en ce cas pour leur peau.
La, fa'ituine. )
* Il faut coudre la peau du renard à celle du
lion. Ancien proverbe , pour dire qu'il faut
joindre la prudence à la force.
IL ne fçauroit demeurer dans fa peau. Pour dire
qu'un jeune homme eft inquiet &c remuant.
On dit d'un homme qui a foin de fon corps
& qui fçait bien fe traiter , quil a foin de fa
peau. [ Curât cutcm. ] On dit d'un homme qui a
été tué après s'être défendu courageufement ,
qu'il a vendu chèrement fi peau. [ Effufo niulto
fanguine vitam dédit. ] On apelle des contes de
vieille , des contes de peau-d'âne. M. Perraut en
a donné en vers ; c'eft à cette ocafion qu'on
a fait ce quatrain.
( Perraut nous a donné Peau-d'âne :
Qu'on me loue ou qu'on me condamne ,
Ma foi , je dis comme Boileau ,
Perraut nous a donné fa peau.
Peau. [ Cutis , pellicula. ] Ce mot fe dit des
fruits. C'eft ce qui les couvre , foit au dehors,
ou au dedans. ( Ainfi l'on dit , la peau des
cerifes , des prunes , des pommes , des poires ,
&c. La peau d'un noïan de pêche , d'abricot ,
d'amende , &c. H y a des fruits qui ont \a peau
douce , les autres l'ont rude , les uns l'ont lifte ,
& d'autres ont \?l peau velue , comme les coings.
On dit aufli la peau des mêlons & des concom-
bres , &c. On dit aufli qu'il y a une peau fous
l'écorce des arbres. On dit encore , les peaux
de l'oignon , \?i peau des porreaux , &c.)
Peau. [ Pellicula. ] On le dit encore de ce qui
fe forme fur diverfes liqueurs , comme fur l'encre
& fur les firops , & même fur le lait qu'on a
fait boiiiliir.
Peaucier, y^ m. [ Alutarius. ] Prononcez
pôcié. Marchand ouvrier qui prend du Mégiffier
& du Tanneur des peaux de mouton , qui donne
les façons néceffaires à ces peaux , les met en
couleur , & les vend enfuite aux Relieurs , aux
Gantiers & autres ouvriers ou marchands parti-
culiers qui en ont befoin. ( Un bon peaucier ;
un riche peaucier. )
Mufcles peauciers. [Mufculi cuticulares.'j.Terms
d'Anatomie. Ce font les mufcles qui font mou-
voir la peau où il font attachez.
^'' Peautraille. Vieux mot qui fignifioit
canaille. Pathelin.
M.iis je puifle Dieu avoijer
S'il n'eft atrait d'une peautraille
La plus belle villemaille
Qui foit je croie en ce Roîaume.
•j- P E A u T R E , / OT. [ Giibernacidum. ] ^'■iellx
mot qui fignifioit le gouvernail d'un vaiffcau.
78 P E A. P F: C.
'Cs' Pcautn. Le gouvernail d'un navire ou
d'un bateau. Nicod dit que ce mot a été fait
de pala , palitra.
pEAUTRh', Peautre'e , adj . Terme de BLifon.
Il fe dit de la queue des poiffons quand elle eft
d'autre couleur que le corps , parce qu'en éfet
la qucuë des poiffons eft leur gouvernail, ( Il
portoil d'argent au dauphin de fable ^c^wri; d'or.)
P E C.
P ï c , adj. [ Harengus noviis faU afperfus. ]
Epitéte qu'on donne au hareng fraîchement falé
qu'on mange en Holande tout crud avec du
beurre & du pain, ( Le hzrtngpec eft fort (ain. )
ii^ Pcc. Vieux mot. {Pcclus.} On dit encore
dans le Palais , que les Eccléfiaftiques font le
ferment la main au pec.
■}" Pe'cadille , ( Peccadille. ')/■/■[. Culpa
Uvis, ] Mot burlefque qui eft écorchc de l'Efpa-
gnol pucadïllo , qui veut dire , im peeii péché ,
une fuuu légère. ( Ce n'eft qu'une pccadUU. )
Peccant, Peccante, adj. [ Pccc3.ns^^
Terme de Médecin, Qui pêche en quelque chofe.
( Humeur peccante, La Chambre. )
Peccavi. Terme Latin qui s'eft rendu
François , & qui fignifie confcffîon defes piche\.
( Il ne faut qu'un bon peccavi pour avoir la
rémiffion de fes péchez. )
Pecha , /. m. Monoie de cuivre, qui a
cours dans plufieurs lieux des Indes , & qui vaut
environ fix deniers de France.
PêcHR, PESCHE,y. y. [ Malum pcrjîcum. ]
L'un & l'autre s'écrit , mais on ne prononce
point 1'/. La pêche eft le fruit du pêcher. (Les
pèches bien mûres font bonnes à l'eftomach &
au ventre. Il y a de plufieurs fortes de pêches.
II y a des pêches communes qui laiffent le noVau ,
qui ont la chair pleine de fuc. Il y a àes pêches
qu'on apelle prejfis. Pèches noix. Pèches coins.
Pèches rouges , alberges , pavies ou pavis , 6:c.
Là brilloit le teint vif des pêches empourprées ,
Ici le riche émail des prunes diaprées.
Perraut. )
Pêche , pefche , f. f. Pifcatiis , pifcium captura.]
L'nrtde prendre les poiffons. Manière de prendre
& de tirer de l'eau les perles. ( La pèche eft
bonne. Aller à la pèche. Entendre la pêche. La
pèche des perles eft admirable. Voïez ia Floride
de Garcilliil/o de la Fega. )
^^ La pêche eft un exercice moins noble
que la chaffe , mais il eft plus utile ; au/Tî l'on
en a fait un art particulier. Uipien , célèbre
Jurifconfulte , a dit dans la Loi 2. f. ne quid
in loeopublico que l'ufage des eaux étant commun
à tous les hommes , celui qui eft troublé dans
la liberté de pêcher ou de naviger , ne peut
point agir par complainte , comme ne pouvant
joiiir d'un droit qui lui eft particulier ; mais il
peut agir par aftion générale d'injure , en ce
que l'on veut le priver d'une faculté acordée à
tous les hommes. L'Empereur Juftinien dans
fes Inftituts tit. de rer. divis. §. Flumina. confirma
la liberté générale de pêcher. Cette jurifpru-
dence n'a plus été reçue dès que l'on a déclare
que les fleuves navigables étoient du domaine
de la Couronne ; & que les Seigneurs , fur cet
exemple , fe font apropriez les ruiffeaux & les
avures eaux , dont l'ufage eft ouvert à tout le
inonde.
Nous avons donc différentes fortes de pêches;
PE C.
la première & la plus confidérable eft celle de
la mer; la féconde eft celle des fleuves & des
rivières navigables ; la troifiéme eft celle des
ruiffeaux des fontaines qui font dans les lieux
publics , & la quatrième eft celle des étangs.
La pêche de la mer eft traitée fort amplement
dans le cinquième livre de l'Ordonnance mari-
time de l'année 1681. D'abord Sa Majefté
déclare la pêche de la mer libre à tous fes
fujets , non-feulement en pleme mer , mais
encore fur les grèves , & il leur eft encore
permis d'aller pêcher dans les mers éloignées ,
& fur les cotes d'Irlande, d'Ecoffe, d'Angleterre
& de l'Amérique , en prenant un congé de M.
l'Amiral pour un voyage. « Et quant à ceux
» qui font la pêche du poiffon frais avec un
» bateau , portant un mât , des voiles & un
» gouvernail ; ils ne prendront un congé que
» pour chacun an , fans qu'ils foient obligez
» de faire aucun raport à leur retour , fi ce
» n'eft qu'ils aient trouvé quelque détroit , vfi
» quelque côte ou fait quelque rencontre confi-
» dèrable à la mer , dont ils feront leur décla-
» ration aux Oficiers de l'Amirauté. >»
Mais en acordant la liberté de pêcher , le
Roi a prefcrit la manière des filets & des rets
dont les pêcheurs peuvent fe fervir dans les
pêches de la mer. La première efpèce eft apellée
Folles , qui font des filets à grandes mailles
de cinq pouces en quatre , dont on fe fert fur
les côtes de l'Océan pour prendre des rayes
& d'autres gros poiffons plats. Drege , filet
avec lequel on prend les plus délicats poiffons,
comme turbots, foies 6c barbues; leurs mailles
doivent être d'un pouce neuf lignes en quarré.
Tramail ; il n'eft point de pêcheur qui ne
connoiffe cette efpèce de filet , lequel eft propre
à la pêche & à la chaffe ; il fe fait ordinaire-
ment, félon l'auteur des rufes innocentes , avec
des mailles à lozange , tant pour les aumez ou
grandes mailles , que pour la toile ou petites
mailles , bien qu'on puiffe faire ces aumez à
maille quarrée : on fait ce tramail auffi long
qu'on veut ; la hauteur eft ordinairement de
quatre pieds , & on le peut faire plus ou moins
haut, félon qu'on le trouve à propos. Picots;
leurs mailles doivent être d'un pouce neuf lignes
en quarré , les mailles des filets apellez Picots
feront de pareille grandeur que celles de la DrégCy
& feront chargez d'un quarteron de plomb
ou plus par braffe. Ravoir ; le Ravoir eft une
efpèce de rets ou de filet qui eft tendu fur les
grèves que la mer couvre & découvre. Cour-
tine , filet que l'on tend fur les fables que la
mer couvre & découvre par fon flux & reflux,
il eft en ufage fur les côtes de Normandie : ils
doivent avoir deux pouces en quarré , & on
en attache avec des pieux plantez dans les fables.
Boteux , un petit filet attaché à un bâton
fourchu que les pêcheurs pouffent devant eux
fur les fables , & dont on fe fert fur les côtes
de rOcean. Bout de quifure ; c'eft la même
chofe. Coleret; c'eft un filet que deux hommes
traînent en mer auffj avant qu'ils y peuvent
entrer ou prendre pied : on s'en fert fur les
côtes de Normandie.
PêcHERiE , c'eft un ufage dans la Fffeffe
de faire un grand creux au bout des étangs'ïians
lequel le poiffon fe retire , à mefure que l'eau
s'écoule , pour être péché , & ce creux eft
apellé pêcherie.
P £ c H e' , / TO. Faute contre Dieu. ( Un gros
P E C.
péché. Un peclié véniel. C'eft-à-dire, un péché
léger , & qui eft digne de pardon. Faire un
péché véniel. )
Vit efclave toujours fous le joug du pechc ,
Au démon qu'il redoute il demeure attaché.
Defpr.)
Péché mortel , [ Peccatum mortale. ] C'eft un
péché qui donne la mort à l'ame , & qui la prive
de la grâce de Dieu. ( Commettre un péché
mortel. )
Il repéta cent fois que c'étoit chofe atroce ,
Et de pechi mortel traita chaque carolFe.
Vill. )
Péché originel. [ Peccatum originis , primœva
lahes. ] C'ell le péché du premier homme qui
pafle dans tous les autres hommes. Voïez originel.
Péché actuel. [Peccatum actnale.] C'eft un péché
fait par quelqu'un. Il eft opofé k péché originel.
Un péché d'omiffion. [ Peccatum omifjlonis. ] Un
pechi de commijjion. XJnpechéde furprife. (Demeurer
dans le pcché. Tomber dans le péché. On difoit
en fe raillant du Père Bauni , qu'il étoit l'agneau
de Dieu qui ôtoit les péchez du monde. Com-
mettre un péché contre nature. Le péché de la
chair , &c. on le met au rang des peche^
efface-, C'eft-à-dire , on ne fe fouvient plus de
lui. Régnier. )
P e' c H E R , V. 72. [ Peccare , delinquere. ] Faire
im péché. ( Pécher avec connoiffance. Pécher
fans connoiflance. Pécher par ignorance.
Votre place .' qui , moi ? vous voir ainfi pécher ?
Non , non , venez à pied , Monfieur : touche , cocher.
Vill. )
Le jufte en un jour , dit le Sage;
Fiche fept fois & davantage ;
Mais la femme jufte combien ?
Ma foi le Sage n'en dit rien.
Po'ét. anon. )
■* Pécher. [ Errare. ] Ce mot au figuré veut
dire manquer. T* Sa comédie pèche contre toutes
les régies de l'art. Molière , Critique de l'Ecole
des Femmes. Pécher contre le fens commun. Abl.
On pèche contre la Grammaire quand on fait
des folécifmes. On pèche contre la pureté de
la langue quand on fe fert de mots barbares.
Un Foëte latin peut pécher contre la quantité ,
& un Poète François contre la rime , &c.
Pécher. [Peccare.'] Terme de Médecin. Il fignifie
n'être pas tel qu'il devroit être. (Le fang pèche
en qualité. Il pèche aufli quelquefois feulement
en quantité. )
PêcHER , (Pescher,) V. a. [Pifcari.'] On ne
prononce pas Vs. C'eft prendre des poifl"ons ,
ou autre chofe de cette nature dans l'eau avec
des filets , ou autre inflrument fervant à la
pêche. Faire couler l'eau de quelque lieu où il
y a du poifl'on , pour prendre enfuite le polflon.
( Pêcher une carpe , pêcher un plat de poiiTon.
Pêcher un étan?, un vivier. Pêcher avec la feine
& le tramail. Pêcher à la ligne. La manière de
pêcher les perles eft tout-à-fait extraordinaire. )
t ■* Où a-t-il été pécher cela ? C'eft-à-dire , où
a-t-il été prendre cela ?
Pécher en eau trouble. C'eft tourner à fon
avantage , à fon profit le défordre des affaires
publiques ou particulières , s'en prévaloir pour
taire fes propres affaires.
PêcHER , ( Pescher ,) f. m.[ Perfica , perjîcus.]
L'un 6c VawiK s'écrit , mais on ne prononce pas
P E C. 79
r^. C'eft un petit arbre qui porte des pêches ,
qui croît dans les vignes , les jardins & les
vergers , & qui a les feuilles un peu dentelées ,
& un peu plus grandçs que celles de l'amandier.
(Voilà un pêcher bien chargé dépêches.)
Pécheresse ,// [Mulier libidinojli, peccatis
obnoxia.] Celle qui fait des péche^. (Je fuis une
grande péchereffe. Une vieille pèchereffe. «S'car,
Elle imite avec fes pleurs la fainte péchereffe.
Régnier, Satyre 13. C'eft-à-dire , la péchereffe
dont il eft parlé dans l'Evangile , & que l'on
confond mal à propos avec la Magdel^ne. Oh
le fait auffi adjedif )
Quand Dieu viendra juger les vivans & les morts ,
Et des humbles agneaux objet de fa tendreffe ,
Séparera des boucs la troupe pécherejfe.
Defpr. )
Pécheur,/^ m. \_Peccator ,fcelejlus.'\ Celui
qui fait des péchez. (Franc pécheur , pécheurs
endurcis , pécheurs fans mélange , pleins &
achevez. Pafc. l. 4.
Lorfqu'un pécheur émû d'une humble repentance.
Par les degrez prefcrits court à la pénitence.
Defpr. ^
PêcHEUR, OU Pesuieur,/ m. [PiCcator."] On ne
prononce pas l'i. Celui qui pêche. Celui qui fait
métier de pêcher , & qui s'entend à la pêche.
(Un bon pêcheur.)
Un carpeau qui n'étoit encore que fretin ,
Fut pris par un pécheur au bord d'une rivière.
La Font. )
Pêcheur à verge. [ Hamiota. ] C'eft celui qui
pêche à la ligne. (Etre reçu pêcheur. Les
pêcheurs ont pour leur fête la S. Nicolas.)
Le Pape parlant du fceau de fes Lettres , dit
qu'elles ont été données fous l'anneau du pécheur.
[ Sub annula pifcatoris. ] Parce qu'on fupofe que
S. Pierre , comme pêcheur , s'en eft fervi le
premier.
Pécheur. Sorte d'oifeau qu'on apelle ordinai-
rement en François martin pécheur , & les Italieiis
ucello fanta Maria. Voïez Martin.
Pechyagre, y!/". Efpèce de goûte qui ocupe
le coude.
Peck, ou Picotin. Mefure d'Angleterre
pour mefurer toutes fortes de grains.
•{■ P zcoKr , f.f. ( Stipes. ] Ce mot au propre
fignifie , un animal. Une bétt , mais il eft bas &
burlefque. (La chétive pécore s'enfla fi bien,
qu'elle creva. La Fontaine, Fables, l. i.)
f * Pécore. [ Stolidus , Jlupidus. ] Ce mot au
figuré eft bas , & fignifie , Sot. Sote. Qui n'a
point ou peu d'efprit. ( C'eft unegroffe pécore.
C'eft une petite pécore. )
P E c CLu E , ou p e'q.u V., f. f. [Stolidus.] Mot
burlefque & injurieux , qui ne fe dit que des
femmes & des filles , & qui veut dire , Miferable.
Mal-bdtie. Sote. ( A-t-on jamais vu deux pecques
provinciales faire plus les renchéries ? Mol. )
P E c T E N,/ m. Efpèce d'huitre dont la coquille
a la figure d'une main; elle eft bonne à manger.
Elle eft déterfive & apéritive.
Pectoral, /w. [ Pectorale. ] Pièce de
broderie que le grand Prêtre des Juifs mettoit
fur fon habit devant fon eftomac. (Le peftoral
du grand Prêtre étoit beau. Voïez là-deffus
Port-Royal , Hifloire de la Bible. )
Pectoral , peUôrale , adj . [Pectoralis.] Qui pend
8o P E C.
fur l'eftomac. ( En ce fens on dit , une croix
pectorale. C'eft la croix que les Evoques Te mettent
au cou quand ils font en état d'oficier. )
+ Pectoral, pccîoraU, adj. [Pcclori utilis, Julubris.]
qui eft bon pour la poitrine , qui la rcjoiiit &;
la fortifie. (Cela eft pcftoral. Sirop peftotal. )
Mufcle pecloral. [ Mufculus pccioris. ] Terme
i^Anatomie. C'eft un mufcle très-fort qui eft fur
la poitrine, & qui fert à remuer le bras en
devant.
PF'cULATj/I/n. [ Peculatus. ] Vol qu'on fait
des deniers du Roi & du Fifc. ( Acufer de
pécuiat? Etre convaincu de péculat. Etre puni
pour crime de péculat.)
Il y a un excellent Traité du Péculat dont
on croit M. Fouquet auteur.
P e'c u L A T , /; OT. ( Peculium. ) Terme de
Droit. Tout le bien qu'on a aquis par fes foins
& par fon travail. Bien qu'aquiert un fils de
famille par fes foins. (Le pécule en fe confondant
avec la maffe de fes biens , perd le nom de
pécule. Patru , plaid. 4. ) Ce mot vient de
peculium, qui fignifie en foi un bien médiocre ,
quali pufdla ptcunia , &C il eft dérivé à pecoribus,
parce que les troupeaux faifoient autrefois toute
la richeffe des familles.
^^ Pécule. Quelquefois on entend par k mot
pécule , tout le bien d'une perfonne. Tout fon
pécule , dit-on , confifte en peu de chofe : mais
félon les Jurifconfultes , il y a quatre fortes de
pécules , le profedif, l'adventif, le caftrenfe &
le quafi-caftrenfe : profeclitium , adventitium ,
caflrenfe & paganicurji. Le premier confifte dans
le profit qu'un fils de famille peut faire des
deniers que fon père lui a confiez pour négocier ;
le iecond comprend les biens qui arrivent à un
fils de famille par donation , fuccefîîon ou autre-
ment, fans que le père ou la mère y aient aucune
part ; le troifiéme eft un bien aquis à la guerre ;
& le quatrième eft de même un bien que le fils
de famille a aquis dans les fondions publiques ,
qui ont quelque raport aux fondions militaires.
Il y a une cinquième efpéce de pécule , qui eft
le bien ou la dépoiiille d'un religieux : mais elle
n'a rien de commun avec les autres.
^3 Quant au pécule des Clercs ; il faut remar-
quer que dans les premiers fiècles , où l'Eglife
commença de prendre quelque forme , les Clercs
vivoient en communauté fous la diredion des
Evêques, & fe dépouilloient de tous leurs biens ,
enforte que ne pofledant rien , ils ne difpofoient
aufti de rien. Mais lorfque que quelques-uns de
ces Clercs étoient ordonnez, & qu'ils joiiiflbient
de quelque titre ou bénéfice , ils difpofoient
librement des fruits pendant leur vie ; & quand
ils mouroient, leur fucceiiion apartenoit entiè-
rement à l'Eglife qu'ils avoient fervie, fuivant
la difpofition expreffe du Chapitre ,fed hoc ab
fuccejj'. ab-intejldt , des Décretales.
^3^ Mais dans la fuite il parut injufte de
confondre le bien que les Clercs pouvoient avoir
indépendamment du Miniftére , avec ce qu'ils
.pouvoient aquérir dans le miniftére , ou par le
miniftére, ainfi on leur permit de difpofer des
premiers par teftament ou par donation , & on
les ajugeoit aux plus proches parens en cas de
mort ab-iritejlat ; & à l'égard des autres biens ,
les Clercs pouvoient , pendant leur vie, en faire
part à leurs pauvres parens & à leurs domefti-
ques : mais tout ce qui pouvoit être provenu
de l'Eglife dcvoit lui refter , fans que le Clerc
put en difpofer en aucune manière, comme il
P E C.
eft décidé dans le Décret de Gratien & dans les
Décretales , & principalement par le Chapitre
invejligandum de pecul. Cleric. extra. Et dans le
Chapitre inquirendum , où ceux qui difpofoient
en mourant du bien provenu de leur bénéfice ,
font déclarez coupables de facrilége, & du même
crime que Judas, qui déroboit les oblations pour
les vendre. La dificulté de démêler ces deux
fortes de biens, a intrc^un infenfiblement l'ufage,
où l'on eft à préf ent, qui elt que les Eccléliaftiques
féculiers difpofent indifèremment de tous les
biens qu'ils laifl'ent en mourant , ou qu'ils apâr-
tiennent aux parens les plus proches au défaut
de difpofition.
^^ La difficulté eft plus grande , quand il
s'agit de la dépouille d'un Religieux , que l'on
a tiré du Cloître pour l'honorer de l'Epiicopat;
les Curez féculiers ne font point de vœu de
pauvreté ; ils vivent donc dans la liberté de
difpofer pendant leur vie des fruits de leur
bènéfi.ce , & ils meurent dans la même liberté
d'en difpofer en mourant , & s'ils ne le /ont
pas , la Loi en dlfpofe pour eux ; il n'en eft pas
de même de ceux qu'i ont renoncé autentique-
ment à tous les biens temporels , dont on leur
laiflTe la joiiifiance pendant leur vie : mais dont
ils ne peuvent pas difpofer en mourant, parce
qu'ils meurent comme efclaves de leur vœu ,
dont ils ne font jamais afranchis ; la dificulté
n'arrive donc que dans le cas de la mort d'un
Curé ou d'un Evêque religieux. Ce n'a été que
fort tard que l'on a toléré , que des religieux
fufl"ent Curez. Le Concile de Latran fous Alexan-
dre III. qui eft raporté dans le Chapitre Monachi ,
de jlatu Monachorum , défendit exprelTément de
donner des Cures aux Moines , & fi dans la
fuite on a donné aux Moines des Cures à fervir,
ce n'a été que dans des cas d'une nécefTité
indifpenfable , & au défaut de Curez féculiers.
Il eft vrai qu'il y a dans les Décretales tit. dejiatu
Monach. un Chapitre qui rend les Chanoines
réguliers capables de pofféder des Cures , comme
n'étant pas affujetis aux mêmes régies des autres
Moines. Mais le Pape Innocent III. ne leur
acorde ce privilège qu'à condition d'avoir un
autre Chanoine régulier pour aider le Curé dans
le fervice divin , & être fa confolation. Ainfi
le doute eft égal , lorfqu'un Evêque religieux ,
ou un Chanoine régulier Curé viennent à mourir,
à qui fa dépoiiille doit apartenir , fi c'eft à l'Eglife
qu'ils ont fervie , ou à l'Ordre dans lequel ils
ont fait profeffion. Les Chanoines réguliers
foutiennent qu'ils font fort anciens dans l'Eglife,
& qu'ils ont toujours joiii du droit de pofféder
des Cures , qu'il paroît par le Concile de Poitiers
tenu en onze cens , qu'ils étoient déftors en
pofleflîon de fervir des Cures , & qu'il les
diftingue en cela des Moines ; mais ils veulent
que ceux qui font Curez foient toujours fournis
à la régie Si à la révocabilité ; d'où ils concluent
que le pécule des Chanoines réguliers , Curez
ou Evêques , doit apartenir à la maifbn oii ils
ont fait profeflîon , fuivant cette régie générale ,
que tout ce que le Moine aquiert , efî aquis à
fon monaftere. On leur répond que les Evêques
& les Prêtres font afranchis du joug de la régie
monaftlque , en forte qu'il doit être regardé
comme émancipé par raport à fes Supérieurs
réauliers , & à fon monaftere , pullqu'il ceffe
d'être enfant de leur monaftere , & qu'il devient
père du troupeau qui lui eft confié. C'eft ce qui
réfultc du Chapitre Notatum XVlll. q. i. On
paft'e
P E D.
paffe même plus avant , & l'on foutient que les
Supérieurs réguliers n'ont plus de droit &c de
jurifdiaion fur les perlbnnes des Evêques &
des Curez profez dans leur Ordre. Quant au
proverbe , que tout ce que le Moine aquiert
apartient à Ion monaftére , de même que tout
ce que les efclaves aquéroient apartenoit à leur
maître, il ne peut être apliqué aux Evêques &
aux Curez qui ne font plus Moines , & à qui
il eft permis d'agir comme perfonncs libres qui
peuvent aquérir , & par conféquent leur pécule
ne peut apartenir légitimement qu'à leur Eglife.
Dans ce conflift plufieurs Auteurs féparent le
pécule des Curez qu'ils ajugent quelquefois à
l'Eglife que le mort a fervie ; quelquefois aufli
aux pauvres de l'Eglife , & rarement à l'Ordre.
Quant aux Evêques, les Cours fupérieures en ont
déféré la fucceffion aux parens ou à leur Eglife.
yoyii les Définitions Canoniques , & le Diflion-
naire des Arrêts. Trois Lettres de M. Gerbais ,
Doûeur de Sorbonne , touchant le pécule des
Religieux faits Curez ou Evêques, i/z-8°. 1699.
Réflexions fur les Ouvrages de M. Gerbais
touchant l'état des Chanoines réguliers. 1699.
in-iz. ,
Pe'cu LISTE ,/ m. Défenfeur du pécule. (Il
ne faut pas que les Péculljhs opofent les Statuts
de leur Chapitre, &c. M. Gerbais, troijléme Lettre,
pag. ^3. & en plufieurs autres endroits de fes
trois Lettres , fe fert de ce mot.
•j" P £'c u N E , f.f. Il vient du Laûnpecunia.
Mot bas & burlefque pour dire argent. ( Une
perfonne fans pécune efl un corps fans ame. C'eft
un pauvre homme , il n'a point de pécune. )
Pe'cuniaire , a(^'. [^Pecuniarius^ Qui regarde
l'argent. Qui confifte en argent. ( Condamner
à une peine pécuniaire. Amende pécuniaire.
[ Muleta, pecuniaria. ]
■\ Pe'cunieux , Pe'cunieuse , adj. \^P ecuniofus ,
pecullofus. ] Ce mot n'eft guère en ufage. Il
fignifie riche en argent. Celui & celle dont le
bien confille en argent. (U eft fort pécunieux.
Elle eft pécunieufe. )
FED,
Pedagne,/ot. Terme àc Mer. C'eft une
efpéce de marchepied fur lequel , en voguant ,
demeure toujours le pied du forçat qui eft
enchaîné.
Pédagogue, y^/re. \_Pedagogus , umbrat'icus
docior. ] Mot qui vient du Grec , & qui veut
dire , qui a la conduite d^un ou de plufieurs enfans.
Régent. Précepteur. Celui qui inftruit. Le mot
de pédagogue fe prend en mauvaife part , à moins
qu'il ne foit acompagné de quelque épitéte
favorable. (Le fieur *** eft un franc pédagogue.
Otez-moi les maris pédagogues , fi , je n'en,
veux point.
Et pourquoi , s'il vous plaît ,
Lui donner un Sçavant qui fans ccfic épilogue ?
Il lui faut un mari , non pas un péd.ircgue.
Molière , Femmes Sçavuntes , a. 5- /c- 3-)
Il fut élevé fous la difcipllne de ce divin
pédagogue. Patru , plaidoïé l6. pageS68. Saint
Benoît, CQ divin pédagogue de la vie monaftique,
ne défend rien de tout cela. Patru, plaid. i5.
On fe fert quelquefois figurément du terme
de pédagogue. ( La raifon eft un pédagogue qui
régie & qui modère les defirs de Famé. Bdleg. )
^3^ On apeile Précepteurs ceux qui inftruifcnt
les enfans de qualité. Les Romains choififfoient
Tome III.
P E D.
8i
ordinairement entre leurs efclaves celui qui étoit
le plus capable d'inftruire un jeune enfant. On
dit que Diogéne étant expoie en vente dans
l'ifle de Crète , il dit à celui qui le publioit , de
déclarer hautement qu'il étoit efclave , & qu'il Jçavoiù
fort bien enseigner Us Jeunes gens ; ce fut aufti ce
qui obligea Xéniades de l'acheter. On les apellolt
aufti Gardiens, Ck/?o^«. Horace dans fa Poétique:
Imbcrbis juvenis tandem cuflode remoto.
PE'DALE,y. /! [ Organi pneumatici pedaria
palmula.^ Terme de Pacleur d'orgue & à'OrganiJîe.
Il y a de diverfes fortes de pédales , il y a des
pédales de flûte & des pelades de trompette. En
général on apeile pédales tout ce qui fe touche
avec le piè lorfqu'on touche l'orgue. ( Toucher
une pédale.)
^^ Pédales. Les plus gros tuïaux d'une orgue
dont le fon eft grave , font apellez pédales , c'eft
aulfi le fon le plus bas d'un i'erpent & d'un baffon.
Pedane'e, adj. [Judex pedaneus.'\ Juge de
village, qui juge debout , fous l'orme & fans
tribunal. Il fe dit par opofition aux Magiftrats ,
qui à Rome , étoient fur des chaires. [ In
fella curuli. ]
On confond ordinairement les Juges pedanèes
des Romains , dont il eft fait mention dans le
Code Juftinien , lib. J. tit. J. avec les Juges
des Seigneurs , que Loifeau apeile les Juges fous
l'orme , ce font pourtant deux caraftéres bien
diférens ; les Juges pédanées n'étoient , parmi les
Romains , que (impies Commift"aires choifis &:
nommez par le Préteur pour juger les diférens
des particuliers , lorfqu'il ne s'agiffoit pas d'une
afaire importante. On les apelloit Pédanées y
parce qu'ils étoient affis en jugeant fur unfimple
banc ou liège fort bas , qui ne le diftinguoit
point de ceux qui font fur leurs pies ; ainfi on
les nommoit Pedaneijudices. Ils n'avoient ni le
caraftére ni le titre de Magiftrats. Ceux qui
étoient revêtus de la Magiftrature , jugcoient
fur une efpéce de trône élevé , & cette manière
de rendre la juftice faifoit connoître la diférenca
qu'il y avoit entre le Magiftrat & le Juge Pedanèe.
Loifeau , quoique peu favorable aux Juges des
Seigneurs, reconnoît qu'ils font vrais Magiftrats,
car puif qu'ils tiennent la jujlice en fief du Roi ,
ils en ont la Seigneurie directe , & font vrais Ma-
gifrats , étant les Jtigis du' Territoire. Et par
conféquent Mornac fur le titre de Pedaneis Cod.
n'a pas raifon de dire queles Juges des Seigneurs
n'ont rien qui refîemble aux Pédanées des
P..omains.
P e'd a n t , /". ot. [ Infulfus litterator. ] Ce mot
en général fignifîe tout homme qui enfeigne ,
qui conduit quelque enfant de qualité. Tout
homme qui enfeigne dans quelque Collège ,
qui eft régent de quelque claffe. ( Un tel eft le
plus grand pédant de l'Univerfité de Paris.
Pédant. \_Malèferiatus Palemo/z.] Ce mot fe
prend pour un fçavant mal poli , qui afede
û'ètaler une fcience mal digérée.
Un pédant eft un homme qui raifonne peu ,
qui a une extrême fierté , qui n'a qu'une fauffe
érudition , qui fait parade de fa fcience.
Que la dcftrinc eft raboteufe
Dans les écrits de ces pidans ;
Si j'en dis tout ce qu'il me feinble
Ce font de doéks ignorans.
Gomb. 2. Ep. )
Prefque tous les gens de collège fentent le
pédant de deux lieues à la ronde.
82. P E D.
pédant. [ R'idiculus erudhionis ojlentator. ] Ce
mot fignlfie auflî celui qui a un caraftére d'efprit
fot, qui s'atache opiniâtrement à foutenir quelque
point de fcicnce , à critiquer fur des bagatelles
& des chofcs de nul ufage. En un mot , c'cft
celui qui eft fortement opiniâtre , & en ce fens,
le mot de pédant s'étend fort loin. Car il y a
des pédans de toiites robes , de toutes conditions,
de tous états. Voiez /a Logique de Port-Roïal ,
difconrs i. pjg. l8'
. . . Les péJans font animaux ennuïeux ,
Mifamropes , chagrins , lâches , préfomptueux ;
Comeftans , aheiirtez , fourbes , malicieux ,
Ennemis du mérite , & lui faifant la guerre ,
Et qu'on doit mettre au rang des malheurs de la terre.
Scaron , Epitre chagrine. )
S^ Ne vouloir être ni confeillé , ni corrigé
fur fon ouvrage , c'eft un Pédantifme , dit M,
de la Bruyère , mais c'eft plutôt opiniâtreté ,
ou prévention aveugle , ou enfin ignorance ; car
les ignorans croient ordinairement en fçavoir
plus que les autres.
S;;^ L'idée d'un Pédant , le portrait d'un vrai
Pédant , eft fans doute celui-ci :
Un pédant enivré de fa vaine fcience
Tout hérifle de Grâc , tout boufi d'arrogance ,'
Et qui de mille Auteurs retenus mot pour mot
Dans fa tête enialTez , n'a fouvent fait qu'un fot,
Croit qu'un livre fait tout , & que fans Ariftote
La rail'on ne voit goûte, & le bon fens radote.
Defpr. Satyre IK)
Pédant , pédante , adj. [ Infulfus. ] Qui tient
du pédant. ( Efprit pédant. )
Je vois dans le fatras des écrits qu'il nous donne
Ce qu'étale en tous lieux fa pédante perfonne.
Mol.)
P e'd A N T E , /. / [ Mtdîer ineptam eruditlonem
afcclans. ] Femme qui a l'efprit pédant. ( C'eft
une pédante. Bail. )
Pï'd ANTER , •)-■. n. Terme injurieux qu'on
emploie pour exprimer la profeflîon de ceux
qui enfeignent dans les Collèges. ( Il n'a fait
toute fa vie que pédanter. )
PE'DANTERiEy;/[ Infulfa crudUio. ] Aûion
de pédant. C'eft une pédantcru infuportable. )
Pédanterie [G rammat'Jlarum ineptiœ.'\ Caraûére
d'efprit pédant. Vice d'efprit qui confifte à con-
tefter fotement fur des bagatelles , à entafler
du Grec & du Latin fans jugement. ( La pédan-
terie eft un vice d'efprit & non pas de profeflîon.
Port-Roïal , Logique , Préface. )
Péd.interie , fe dit aulft par mépris , de la
profcfîion de ceux qui enfeignent dans les claffes.
( 11 eft né pour la pédanterie. Il ne veut pas
renoncer à la pédanterie.
Pe'dantesque , adj. [ Ltedimagijlro conveniens."]
Qui eft de pédant. ( Difcours pédantefque. )
Ne fait point, afFcftant \iri{<;avo'\r pciiamefque
Du Grec & du Latin , l'étalage burlefque.
Mol. )
^^ Ceux qui voient le monde poli connoifTent
parfaitement le ftilc pédante/que , & ne s'y
trompent pas , le caraftére ridicule des Pédans
fe montre d'abord par l'afe£tation de parler bien
plus Latin que François, par ime citation conti-
nuelle des Anciens ; enfin , par l'impertinence
de leurs difcours , femblables au barbon dont
Balzac a décrit la vie , lequel ajant été invité
P E G.
à des fiançailles , après que le contrat fut pafl'é,
& que les confitures furent préfentées,il demanda
audience à la compagnie , & entreprit un long
difcours à la loiiange de la virginité , mais il
s'avança fi avant dans ce difcours , que de la
recommandation du célibat , où l'on penfoit
qu'il dcvoit s'arrêter , il paffajufqu'à la condam-
nation du mariage. Le monde eft encore rempli
de ces Sçavans de la fience des anciens & des
modernes , en qui l'efprit que Dieu leur a donné
eft une pièce inutile & prefque étoufée fous le
poids du Grec & du Latin dont ils ont rempli
leur tête. L'on peut bien dire d'eux , ce qu«
Madame Defloges difoit , au raport de Balzac,
qu'ils reflemblent à une bête que [on a chargée
de tout le bagage de Vantiquité. Le même Balzac
les définit , une Bibliothèque beaucoup plus en
défordre que celle d'un homme qui déménage.
P e'd a N T e s Q.U E M E N T , adv. [ Infulforum
Utteratorum more. ] D'une manière pédantefque,
(Agir pédantcfquement.)
\ P e'u antiser, V. a. \Infulfum litteratorem
agcre?!^ Tenir un procédé de pédant à l'égard de
qwelcun. ( Il n'aime point qu'on le pédantife. )
Pe'dantisme , y. ot. [ Grammatijlarum inepties.']
Ce mot vient de l'ItSiVien pédantifmo. C'eft l'efprit
& le caraftére de pédant qui trouve fotement
à redire à tout , qui s'attache à des bagatelles ,
& pafl'é légèrement ce qui eft de plus folide.
(J'aime la juftefl"e , mais je hai le pédantifme
& l'afeftation. Baliac, Oeuvres Diverfes , c. y.
Ils femblent réputer pour pédantifme tout ce
qui peut marquer de l'érudition. Segrais , Lettre
à Huet.
C'eft la pareflTé des hommes qui encourage le
pédantifme à groflir plutôt qu'à enrichir les
Bibliotèques , & à faire périr le texte fous le
poids des Commentaires. La Bruyère.
Pédantifme , fe dit auflî par mépris , de la
profeflîon de ceux qui enfeignent les enfans,
(Il ne quittera jamais le pédantifme.)
I^e'dfraste ,f. m. Ce mot eft Grec. Sodomite.'
( Ce font des difcours de pédér.ifle. Abl. Luc. )
Pédestre , adj. Ce mot vient du Lzùn pede^ris.
Qui eft à pié. Il fe dit des ftatuës , & veut dire ,
qui pofe fur fes pies. (Il y a dans l'Hôtel de
Ville d'Arles une ftatuë pédeftre de Loiiis XIV.
Lepédefire de la ftatuë eft à la fin , le Monarque
en vûë. La Font. )
Pediculaire. Terme de Médecin. Il vient du
h^Ùn pedicularis. { Maladie pediculaire, c'eft lorf-
quc les poux fortent par toute la peau en grande
quantité , & fourmillent par tout le corps. SJUa
eft mort de la maladie pediculaire. )
P e'd I c u l e , f.- m. [ Tenuijjîmus ramufculus. ]
Terme de Botanifle. 11 eft formé du Latin pedicu-
lum. Il fe dit de la queue qui attache les fleurs
& les fciiilles à leurs branches. L'Académie dit
pediculaire au lieu de pédicule.
P e'd o N , y; m. Terme en ufage à Avignon ,'
pour dire un courier , un meffager à pié.
P E G.
Pégase, yiw. [ Pegafus , tquus al a tus. "]
{|^ Les Poètes difent que le cheval Pégafe ,
à qui ils donnent des ailes , fit fortir la fontaine
d'Hipocréne , fur le mont Hélicon , d'un coup de
pié , & qu'il naquit du fang de Médufe. Pcrfe
apelle fons caballinus , la fontaine où les Poètes
de fon tems avoient bù , pour faire connoître
qu'ils n'avoient puifé que dans la fontaine d'une
P E I.
roffe , non point dans la fontaine de Pégafe :
le mot Caballinus fîgnlfie en efet , félon la
remarque de Cafaubon , un vieux cheval , il
eft dérivé du Grec n:«?jA^or , qui veut dire un
cheval qui n'eft propre qu'à porter le bât , que
les Latins apellent cqmn cLiullarius , ou plutôt
im vieux cheval atFoibli par un long fervice ,
ce que les Romains expliquoient par ce proverbe
que l'on trouve dans Pétrone , lajfus tanquam
caballus in clivo.
^^^ L'Auteur de la fcience des médailles a
remarqué , /jag-. jjô". que Pegafe eft le fymbole
de Corinthe , où Minerve le donna à Bellerophon
pour combattre la Chimère , il fe trouva aufTi
fur les médailles des villes d'Afrique & fur celles
de Sicile depuis que les Cathaginois s'en furent
rendu maîtres, parce qu'on tenoit que ce cheval
eft né du fang de Médufe qui étoit Africaine ,
Syracufe en particulier qui avoit une alliance
avec Corinthe marquoitfes médailles d'un Pégafe.
^ Dans fon génie étroit il eft toujours captif,
Pour lui Phœbus eft fourd, Si Pégafe eft rétif.
Defp.)
Pégafe. [Pegafus , Jyifus cœ!ife.] C'eftie nom
d'une conftellation Septentrionale, compofée de
vingt & quelques étoiles. Les Poètes ont feint
qu'après que Bellerophon fe fut fervi de Pégafe
quand il combattit la Chimère, ce cheval s'envola
au Ciel.
P E L
P E t G N E ,/ OT. [Pe^en.l Inftrumentde corne,
de boiiis , d'écaillé de tortue , ou d'ivoire ,
compofé de dents , de dos , ou de champ , dont
on fe fert pour nettoier & peigner la tête , ou
fa perruque. ( Un bon peigne. Peigne de bonis,
de corne , d'écaille de tortue , d'ivoire , &c.
Faire un peigne. Donnemn coup dépeigne. C'eft-
à-dire, peigner un peu.)
Donner un coup de peigne à un ouvrage.
[Retexere opu$. j Ces mots fe difent au figuré &
lignifient revoir un ouvrage pour le corriger &
le poHr. Quand on le dit d'une perfonne , cela
fignifie qu'on en a fait quelque maligne dcfcrip-
tion. // lui a donné un coup de peigne enpajfant.
~\ Hune malignh depexum dédit. ]
Peigne de Cardeur. {^Peclcn.'l Ce font des cardes.
Voïez Cardes.
Peigne. \Textorium pecten.l Terme de Tifferand.
Partie du métier de Tifferand , laquelle eft de
rofeau , ou de canne , qui eft faite en forme de
peigne , & au travers de laquelle paffe le fil de la
chaine.
Peigne. [Peclcn crenatum.'] Terme de Tonnelier.
Morceau de douve qu'on remet au bout d'une
douve rompue.
Peigne de Venus. Plante que les Botanifles
apellent /7«i;7t72 fenetis, zutrsmcnx fcandix , &C qui
n'eft d'aucun ufage en Médecine. On l'a ainfi
nommée , parce que fes fruits étant proche l'un
de l'autre , fcmblent rangez comme les dents d'un
peigne.
Les fciiilles de cette plante reffemblent à celles
de la Coriandre. Elle croît dans les champs ,
& contient beaucoup de fel effentiel. Elle eft
apéritive , vulnéraire , déterfive , réfolutive ,
propre pour exciter l'urine , & pour les maladies
de la veffic étant prife en décoftion.
On dit proverbialement d'un homme de mau-
vaife humeur ou en colère. Qu'il tuëroit volon-
tiers un mercier pour un />£;Vw.
Tome lll.
P E I. 83
Peigne. {^Scabies furfurea.'] Terme de Maréchal.
Maladie qui vient aux chevaux , caufée par une
craffe adufte & maligne qui fort par la racine
du poil, & s'attache fur le cuir ; par fon acrimonie
elle fait dreffer le poil à 'la couronne & au-
deffus , & enfin elle le fait tomber entiéremenft
Soleifel , parfait Maréchal , c. 7J. Il y a deux
fortes de peignes ; peignes fecs , qui font des
dartres farineufes , & peignes humides , qui font
des dartres coulantes. ( Cheval qui a des peignes
au paturon. Le mal d'âne eft une efpéce de
peigne humide , ou un ulcère dartreux. )
P E 1 G N E R , V, tf. [Pcclere?^ Démêler & ajufter
les cheveux avec un peigne. Nettoier la tête
avec impeigne. ( Peigner un enfant. Peigner une
perruque. )
. . . Tous les malins par un prétexte honnête
De montrer leur amour par de petits devoirs.
Chacune en le peignant arrachoit de fa tête ,
L'une les cheveux blancs , l'autre les cheveux noirs.
Bouf. Efop. )
Se peigner , v. r. [ Incertos crines colligtre. ]
S'ajufter les cheveux avec un peigne. Se nettoier
la tête avec un peigne. ( On ne fçauroit trop
fe peigner. )
Peigner. ^Lanam carminare.'\ II fe dit de la
laine , de la foie , du chanvre , & fignifie carder.
Peigner à Veau. C'eft peigner la laine trempée
dans de l'eau de favon.
Peigner à l'huile. C'eft peigner la laine arrofée
d'huile , pour la laver après.
Peigner. [Polire ,perpolire.'] Au figuré il fignifie,
rendre bien propre & bien ajufté. (Peigner un
ouvrage. Un jardin bien peigné. )
f On dit en langue populaire que le chat a
peigné le chien, [Felis unguibus deformavit canem ,]
lorfqu'il lui a donné quelques coups de grife.
On dit auffi en riant que deux femmes fe font
peignées , pour dire qu'elles fe font prifes aux
cheveux, qu'elles fe font décoifées & égratignées.
Peigne', Peigne'e, adj. [Peciitus.'] Qui
a été peigné. (Perruque bien peignée. Cheveux
mal peignez. Dans beaucoup de couvens d'hom-
mes on diroit que c'eft une vertu d'être cralfeux
& mal peigné.)
On le dit aulfi de la laine , du chanvre , &c.
qui ont pafl"é par la main des cardeurs. (Laine
peignée. Chanvre peigné.)
* Ouvrage bien peigné. \_Perpolitum opus.] C'eft-
à-dire , poli & bien fait. )
Peig N I e R ,f.m. \_Peclinum opifex."] Prononcez
pegné. Celui qui fait & vend de toutes fortes de
peignes. Le mot àe. peignier e^ le vrai mot, &
il (é dit par les gens du métier & par quelques
autres ; mais la pliipart des perfonnes du monde
qui ne fçavent pas les mots propres à\{tnt faifeur
de peignes. ( C'eft un des plus fameux & des plus
riches peigniers de Paris. )
Peignoir, f. m. [Muliebre involucrum.'\
Prononcez pcignoi. Efpéce de petit morceau de
toile blanche & fine qu'on fe met fur les épaules
le matin lorfqu'on eft en déshabillé & qu'on fe
peigne, & que les femmes portent ordinairement
dans la chambre lorfqu'elles font en deshapillé.
(Un peignoir à dentelle. Un for: beau peignoir.
Un peignoir bien fait. )
PEiGNEURES,y". / [ Exuviœ peciinationis. ]
Cheveux qui tombent quand on fe peigne. On
fe fcrvoit autrefois des ^£i^'-7f«;-« pour faire des
perruques.
P i i c N o N s , ou P I G N o M $. Sortc de laines
L ij
«4 P E I-
d'tme très-mauvaife qualité , qui ne font propre-
ment que les rebuts , ou plutôt ce qui eft refté
des laines qui ont été peignées.
P E 1 L L E s , y. /, Vieux chiffons , ou morceaux
de toile de chanvre & de lin, qui s'emploient
dans la fabrique du papier.
PeillieRj/Ito. Celui qui ramaffe les peilles
ou chiffons. On dit plus communément chiffonicr.
Peindre. [ P insère , depingere. ] Je peins , tu
peins , il peint , nous peignons , vous peigne-^ , i/s
peignent. Je peignais. J'ai peint. Je peignis. Ce
mot en général fignifie , emploier Us couleurs , &
en particulier il fignifie , les mcter & les noïer
avec le pinceau pour repréfenter quelque objet.
( Peindre en détrempe , en huile , à frefque ,
au paftel. Peindre en émail. Peindre en grand
ou petit. Peindre d'après nature. Alexandre
voulut qu'il n'y eût qu'ApcUes qui le peignît.
SupUment de Quinre-Curce , liv. z. c/i. 6. )
Peindre. [ Colofcrn inducere. ] Il fignifie quel-
quefois fimplement enduire avec de la couleur.
(Peindre du bois. Peindre du fer de peur qu'il
ne fe roiiille. )
Jules Céfar dit que les k'c\^d\%fe peignoientXz
corps de paftel qui leur rendoient la couleur
perfe , & les faifoient plus éfroïables dans le
combat, [i'e glajloinficiehant. ] Danet.
^^ La coutume de fe peindre les cheveux eft
fort ancienne. Spartien raconte qu'un vieillard ,
dont toute la tête étoit couverte de cheveux
blancs , demanda un jour une grâce à l'Empereur
Adrien , il la lui refufa ; quelque tems après ce
Vieillard s'étant peint les cheveux du plus beau
noir qu'il put trouver , fe préfenta à l'Empereur
& lui demanda la même grâce , mais ce Prince
aiant reconnu la tromperie lui répondit : ce que
vous défirez de moi , je l'ai déjà refufé à votre
père.
* Peindre. Il fe dit au figuré , & fignifie faire
par le difcours des repréfentations & des defcrip-
tions de quelque chofe. (L'Art du Poëte confifte
à bien peindre.
Je vais pour repoufler l'affront que vous lui faites
Le peindre ttl qu'il eft , & vous tel que vous êtes.
Bourf. Efop.
' M. de Fenelon, Archevêque de Cambrai ,
remarque dans fes Dialogues fur l'éloquence ,
P'^g- 9^- "que l'éloquence confiée non-feulement
» dans la preuve, mais encore dans l'art d'exciter
>t les paffions : mais pour l'exciter il faut les
» peindre , de forte que toute l'éloquence confifte
» à prouver , à peindre & à toucher. Toutes
» les penfées brillantes qui ne vont point à une
«de ces trois chofes ne font que jeu d'efprit;
>i peindre, ajofite-t-il, c'eft non-feulement décrire
» les chofes , mais en repréfenter les circonftanccs
» d'une manière fi vive & fi fenfible , que l'Au-
» diteur s'imagine prefque les voir ; par exemple,
» un froid Hiftorien qui raconteroit la mort de
» Didon fe contenteroit de dire ; elle fut fi
M acablée de douleur après le départ d'Enée ,
« qu'elle ne put fuportcr la vie , elle monta au
>> haut de fon Palais , elle fe mit fur un bûcher
»& fe tua elle-même ; en écoutant ces paroles
» vous aprenez le fait, mais vous ne le voïez pas,
» écoutez Virgile , il le mettra devant vos yeux :
» n eft-il pas vrai que quand il ramaffe toutes
M les circonftances de ce défefpoir , qu'il vous
«montre Didon furie ufe avec un vifage où la
» mort eft déjà peinte , qu'il la fait parler ; à la
»vûë de ce portrait & de cette épée votre
P E I.
» imagination vous tranfporte à Carthage , vous
» croiez voir la flote des Troyens qui fuit le
«rivage, & la Reine que rien n'eft capable de
» confoler ; vous entrez dans tous les fentimens
« qu'eurent alors les véritables fpeâateurs ; ce
>» n'eft plus Virgile que vous écoutez , vous êtes
« trop attentif aux paroles de la malheureufe
» Didon pour penfér à lui , le Poète difparoît,
« on ne voit plus que ce qu'il fait voir ; voilà
» la force de l'imitation & de la peinture ; delà
« vient qu'un Peintre & un Poëte ont tant de
» raport , l'un peint pour les yeux , l'autre pour
« les oreilles.
* Les objets fe peignent au fond de l'oeil fur
la rétine, comme fur de la toile. Ils fe peignent
auffi fur tous les corps polis , comme fur la glace
d'un miroir & fur l'eau.
* Il portoit fa douleur peinte fur le front.
Vaug. Q. liv. 6.
* Virgile peint fouvent les chofes dans les
defcriptions qu'il fait , & les bons Poètes le
doivent imiter en cela.
* // eft fait à peindre. C'eft-à-dire , il eft bien
fait. l^Homo graphicus.] Converf. du cheval de Miré,
■j" * C'ejl pour l'achever de peindre, \lllud depiclum
hune omnibus coloribus dahit. ] C'eft-à-dire , c'efl:
pour achever de l'acabler , de le ruiner , ou de
le perdre tout-fait.
■f * Cela vous va à peindre. C'eft-à-dire , cela
vous fied bien.
* Peindre. [Scith fcrihere. ] Ce mot fe dit en
parlant d'écriture. On dit d'un bon écrivain qu'il
peint fort bien , & qu'il y a quantité de gens qui
peignent fort mal.
Peindre , v. a. [ Facicm pigmenta inficere , lintrc
vultum. ] Se farder , fe donner de la couleur.
( Jezabel fe peignit les yeux avec de l'antimoine
pour plaire à Jehu.)
Peindre , fignifie quelquefois faire un portrait;
[Delineare.'] (Largilliereréiiffiffoit bien à peindre.
Il atrapoit bien l'air d'une perfonne. )
On dit figurément peindre quelqu'un de toutes
fes couleurs. [ Ornare aliquem ex fuis meritis. ]
P El Ni ,f.f. [Pœna , labor , cura.'\ TravaiJ,
Tourment. Soin.
Aproche donc & viens. Qu'un pareflèux t'aprenne ,
Antoine , ce que c'eft que fatigue & que peine.
Defpr.)
Mon cœur foufre à vous voir une peiru jncroïabic
Molière. )
On veut trouver des coupables , & on ne
veut pas fe donner la peine d'examiner les crimes*
La peine qu'on prend pour le perfuader aux
autres fait voir que cette entreprife n'eft pas
aifée. Mémoires de M. de la Rochefoucaut. Prendre
peine à dire des fotifes. ( Cette compofition
demande de la peine. Mol. )
{J^ Peine. On peut dire en général avec
Grotius & Puffendorf , que la peine efl un mal
que l'on foufre à caufe du mal que l'on a fait, mais
il remarque en même tems que tout mal n'efi pas
une peine dans le fens de punition d'un crime ;
ainfi ce que l'on peut foufrir par quelque accident
ou par quelque caufe étrangère , n'eft point à
proprement parler une pf//:e , mais une douleur,
une aflidion : une fouïrance , qui a tout autre
caufe qu'une aftion criminelle & réprchenfible ,
n'eft point \me peine , que par la reflemblance
entre ies peines prononcées par la jufticc & celles
que le hazard a caufées ou qui afligent plus
l'efprit, C'eft fur carte différence que la palîi«n
P E I.
n'eft point regardée comme une pdinc. Comme
la peine , clans fa fignification naturelle émane
d'une autorité fupérieure, elle doit être diftribuée
avec cette équité & cette juftice , qui font les
parties effcntielles de la juflice, il faut la régler
fur les circonftances du crime. L'autorité de punir
a deux fondemens principaux , l'exemple , pour
infplrer la crainte d'un femblable fuplice , & la
continuation du mal que le condamné pourroit
faire s'il n'en étoit empêché régulièrement. Les
peines font civiles ou criminelles , les premières
font pécuniaires , on en eft quite en paiant la
fomme dont les parties ont convenu, ou qui eft
réglée par la Coutume du lieu. Les criminelles
font légales , mais avec cette diference que les
imes font capitales , & les autres ne le font
pas ; on apelle capitales celles qui emportent la
perte de la vie, que Vom^eWe mon naturelle ,
ou la privation des droits civils , que l'on apelle
mort civile , mais les peines qui notent d'infamie
ou qui privent d'une partie du bien que l'on a ,
ne font point peines capitales.
Peine. [Sollicicudo , lubor.] Inquiétude. Ennui.
Chagrin. Fâcherie. (Tirez-moi de la peine où je
fuis. Se mettre en peine de quelque choCe.Baliac.)
Peine. [Supplicium,pœna.] Châtiment. Punition.
La peine eft un mal dont le Souverain menace
ceux de fes fujets qui entreprendroient de violer
fes loix , & qu'il leur inflige effeâivement lorf-
qu'ils les violent ; & cela , dans la vûë de
procurer quelque bien , comme de corriger
le coupable , de donner une leçon aux autres ;
& en dernier reffoft , afin que les loix étant
refpeftées & obfervées , la fociété foit fûre ,
tranquille & heureufe. (Peine corporelle. Peine
pécuniaire. Les Dieux ne tardèrent guère à faire
paier la peine de ce crime à celui qui en étoit
l'auteur. Faitg. Quint, l. 3- <^- iJ- C'eft-à-dire ,
il ne tardèrent guère à donner à l'auteur du crime
le châtiment qu'il mériioit. )
Enfin, je l'ai fait ftiir , & fous ce traitement
De beaucoup d'adlions il a reçu la peine.
Mûliîre. )
Peine du fins. Ce font les douleurs que fou-
frent les damnés dans l'enfer par les tourmens
auxquels ils y font livrez. Peine du dam , eft celle
que la privation de la vîié & de la joiiiflance
de Dieu leur fait foufrir. C'eft un point de foi
que les damnés foufrent des peines qui n'auront
jamais de fin.Ainfi les/'f/nijide l'enfer font apellées
de là , peines éternelles ; au lieu que les peines
du Purgatoire ne font que pour un tems. On
nomme ainfi les dernières , parce qu'elles ne font
infligées que pour achever de purifier ceux qui
ne font pas morts dans l'état de péché mortel ,
mais à qui il refte encore des fautes à expier avant
que d'être admis dans le féjour des bienheureux.
Peine , fe dit de la répugnance qu'on a à dire
ou à faire quelque chofe. ( J'ai peine à lui dire
ce qui fe pafTe. J'ai peine à me fé parer de cette
compagnie, &c.)
Peine , fe dit auffi pour le falaire du travail
d'un artifan , ou de quelqu'autre qu'on a emploie.
( U faut païer la peine de cet ouvrier. Je lui ai
donné tant pour fes peines. Toute peine mérite
falaire.)
£treer2peinc.C'e(^^vo\rdes embarras d'afaires.
avoir des afaires fâcheufes. C'eft auflî être dans
l'inquiétude. ( Je fuis en peine de ce que telle
chofe , telle perfonne eft devenue , je fuis en
peine de ne point avoir de fes nouvelles.
P E I. 85
j4 peine. Prefqu'aufTi-tôt. [Ubi ,Jlatim ntque.']
(A peine avoii-il commencé fon difcours qu'il fu»
interrompu , c'eft - à - dire auffi - tôt qu'il eut
commencé, &c.)
A peine , adv. [ Fix. ] ( A peine y eut-il une
feule maifonilluftre qui n'eût part à cette calamité.
Faug. Quint, l. J. c. ij. C'eftà-dire , il n'y eut
prefque pas une feule maifon qui , &c. )
A peine , adv. [Suh pœna.] Ce mot fe trouve
fouvent dans les Edits & Déclarations du Poi.
C'eAk-d'ire , fur peine de. (Obligez-les d'abfoudre
les criminels qui ont une opinion probable à
peine d'être exclus des Sacremens. Pafc. l. 6.)
A grand peine , adv. [ iV« quidem. ] (A grand
peine m'obiigeriez-vous en cela , que vous ne
voulez pas feulement , &c. C'eft-à-dire , vous
n'auriez garde de m'obliger en cela , puifque
vous ne , &c. )
Sur peine. [ Suhpœna vetitum. ] f On les oblige
fur peine de péché mortel. Ordonner fur peine
de damnation. )
Sous peine , fous des peines. ( Cela eft défendu
fous peine de mort. On le défend fous des p»ines
très-rigoureufes. C'eft-à-dire , on le défend à
moins que d'être puni rigoureufcment. )
On dit également a-i'o/V ycei/jê , & avoir de la
peine à faire une chofe. Voïez la fuite des Remar~
qiies nouvelles du P, Bonheurs , pag. 22^.
On apelle homme de peine, \_operarius homo ,^
celui qu'on aplique à des travaux où l'on fatigue
beaucoup. On dit ?iK\^\ fervante de peine.
On dit auftî proverbialement : je viendrai à
bout de cette afaire ou je mourrai à la peine.
\_Rem ifiam conficiam aut fub onere dp.fatifcar?\^ C'eft
peine perdue de lui parler. [ Verba fiunt mortuo,
fruflra dicis. ]
Peiner. \_Multiim laborart.^ Ce verbe eft
neutre & quelquefois aclif aufli. C'eft faire avec
peine. Travailler & fe donner beaucoup de
/'e;/2« pour faire une chofe. (Il peine fort lorsqu'il
fait des vers. Il peine extrêmement tout ce qu'il
fait. Cette dernière façon de parler eft un peu
hardie au fentiment de bien des gens , qui
néanmoins ne la condamnent pas. )
Peiner , fe dit aufli pour faire de la pane à
quelqu'un. [ Molejliam inferre. ]
Peiner , îé dit encore d'une poutre , d'une
folive, qui eft chargée d'un trop pefant fardeau.
( Cette poutre peine beaucoup ; cette folive
peine trop pour réfifter long-tems. )
Peine' , Peine'e , partie. On dit qu'un ouvrage
eft h\Qn peiné , lorfqu'il paroît qu'on y a travaillé
avec beaucoup de peine , qu'il eft travaillé
pefamment. ( Cet ouvrage eft trop peiné. )
Ecriture peinée , fe dit d'une écriture qui paroit
écrite pefamment. Ouvrage peiné , difcours peinéy
tableau peiné.
Se peiner, v. r. \Totus effe in aliqua r«.] Prendre
de la peine. C'eft un garçon qui fe peine beau-
coup. Se peiner pour ne rien faire.
Peint, Peinte. [ P ictus. ] Voiez Peindre,.
P E I N T R. E , yi OT. [ Piclor. ] Celui qui avec
des pinceaux &i des couleurs imite ce qu'il y a
de beau dans quelque fujet. ( Uh Peintre doit
être fçavant dans la fable & dans l'hiftoire. )
Un Peintre eft méprifé quand fon foiblegcnie
Toujours fe rencontrant dans fes divers tableaux.
Ne peut à fes d^fleins donner des jours nouveaux.
Vill. )
Le Vafari a fait la vie des Peintres , des
Sculpteurs & des Architefles les plus fameux.
M. Félibien a écrit fur le même fujet.
86
P E I.
Peintre in érr.uil , f. m. \_EncauJlicus p'iclor. ]
C'ell celui qui, avec des pinceaux èc des couleurs
d'émail , imite fur des plaques d'or ou de cuivre
émaillccs de blanc tout ce qu'il y a de beau
dans la Nature. Les couleurs du Peintre en émail
font le noir d'écaillé , l'azur , le jaune , le gris
de lin , le rouge , le pourpre d'or , le pourpre
de Vitrier, &c. M. Bordier & M. Petitot font
des plus fameux Peintres en émail de Paris , &
les premiers qui ont fait des portraits en émail.
On ne faifolt avant eux que des fleurs & autres
petites gcntillcffcs. Un portrait en email , grand
comme la paume de la main , vaut quarante
ou cinquante piftoles , quand il eft fait par un
habile Peintre , & le plus petit quinze à vingt
piftoles.
Peintre , fe dit aufll de celui qui repréfente
vivement les chofes dont il parle , dont il traite,
foit en profe ou en vers. On dit : cet Orateur ,
ce Poëte eft un grand Peintre.
Etre gueux comme un Peintre. Proverbe, C'eft
être mal dans fes afaircs.
Peinture, yi/! [ Piclura , ars picturœ. ] Art
qui imite avec les couleurs ce qu'il y a de beau
dans un fujet.
De fon Art quel eft donc l'empire ?
Ou quels font fes enchantemens ?
A fon gré la toile refpire ,
La couleur prend des fentimens ;
La main fçavante qui l'emploie ;
De l'aftion qu'elle déploie
Me peint les plus fe:rets reflbrts.
Des paffions vivante image !
Le Speâateur qui t'envifage
Sent à la fois tous leurs tranfports.
JBourtt , O Je fur les progr. de la peinture. )
( Il y a diverfes fortes de peinture. 'Li peinture
à huile eft celle dont les couleurs font détrempées
avec de l'huile de noix, ou de lin. La peinture
tn détrempe eft celle dont les couleurs font détrem-
pées avec de l'eau & de la colle , o;i bien avec
de l'eau & des jaunes d'œufs battus avec de
petites branches de figuier. La peinture à frefque ,
c'eft celle qui fe fait contre les murailles & les
voûtes fraîchement enduites de mortier fait de
chaux & de fable. Il y a auflî une peinture fur
le verre , & une peinture en émail. Les Froteurs
apellent auftl peinture une forte de compofition
où il y entre de l'ocre , de la pierre de mine,
& autres chofes pour froter les planchers. )
Peinture , fe prend quelquefois pour fard.
[Fucus.'] Les femmes ne prcndroient pas tant de
peine à fe farder & à s'enluminer , fi elles
îçavoient que toute cette peinture les rend afreufes
& dégoûtantes. La Bruyère.
Peinture en émail , f. f. [ In encaujlo piclura. ]
C'eft un art qui imite avec des couleurs d'émail
ce qu'il y a de beau dans un fujet. Elle fe fait
fur des plaques d'or, ou de cuivre émaillécs de
blanc par les Orfèvres mctcurs en oeuvre , &
on peint fur ces plaques avec des pinceaux &
avec toutes les couleurs d'émail , qui peuvent
agréablement imiter la nature. Mais il eft befoin
de donner aux émaux qu'on qjnploie , un feu
propre , afin de le parfondre fur la plaque , &
de leur faire prendre le poliment qu'ils doivent
avoir , & pour cela l'ouvrage doit aller fcpt
ou huit fois au feu. La peinture en émail n'eft
point fujete à changer , & le tcms qui fait de
fi grands changemens en la plupart des chofes
ne peut rien fur elle.
Peinture. [ Piêla tabclla. ] Tableau. (Voilà une
belle peinture.)
P E I. P E L.
* Peinture. Ce mot fe dit au figuré & a divers
fens. Exemples.
■{• * Etre brave en peinture. Abl. Apopht. C'eft
être un faux brave. Mn. Maréchal de France en
peinture.
Un duel met les gens en mauvaife pofture ,
Et notre Roi n'ell pas un Monarque en /Jfi/wur*.
Molière. )
* Je ne crains point d'être cherchée dans les
peintures qu'on fait dôs femmes qui fe gouvernent
mal. C'eft-à-dire , dans les defcriptions qu'on
fait des femmes. Molière.
Peinture, lé dit de la defcription vive. (Ce
Poëte réulFit dans la peinture des pallions. Ce
Prédicateur a fait une vive peinture du vice.
* Faire une nouvelle peinture de quelqu'un. C'eft
repréfenter fon caraftére défavantageufement.
Peinture. [ FoUa luforia picla. ] Ce mot fe dit
en jouant aux cartes , &c veut dire , cartes d'une
certaine couleur. ( De quelle peinture voulez-
vous joiier ? eft-ca du cœur ou du carreau ? On
ne dit plus peinture en ce fens , on dit couleur.
Quelle eft la couleur favorite ?
^3" Le P. Bouhours a fort loiié dans {es
penfées ingénieufes ces quatre vers que Malherbe
compofa fur un livre de fleurs pûmes par Rabel
fameux peintre:
L'Art y furmonte la Nature ,
Et fi mon jugement n'efl vain ,
Flore lui conduiloit la main
Quand il faifoit cette peinture.
^^ Faire une peinture , ne paroît pas jufte ;
on ne fait pas un art , c'eft l'art qui aprend à
faire quelque ouvrage félon fes régies. D'ailleurs,
en cet endroit, faire une peinture , explique mal
un aflemblage de diférentes fleurs qui compo-
foient le livre.
Il y a long-tems qu'on a trouvé une grande
reflTemblance entre la peinture & la poéfie , &
que l'on a accordé des licences aux Poètes &
aux Peintres , que l'on refufe aux Orateurs.
Horace a dit dans fon Art poétique.
Piélorihu! atqne pj'c'tis
QiùJUbet audendi femper fuit aqua potejlas.
^^ Ce n'eft pas que la profe n'ait fes peintures
comme la poëfie , mais elles font bien plus vives
dans la poëfie que dans la profe. Les Poètes
peignent avec des traits plus hardis que les
Orateurs : mais fans \a peinture le difcours languit,
& l'on ne peut échaufer l'imagination des audi-
teurs , ni exciter les paffions avec un ftile fimple
& uni.
P E L.
Pela c HE, // Efpcce àe peluche groffiére
faite de fil & de coton.
Pelade,//! [^Alopccia.l Mot injurieux qui
fe dit des vérolez. ( Avoir la pelade. C'eft avoir
la tête toute pelée après qu'on a fué. C'eft qu'en
général la pelade eft une maladie qui fait tomber
le poil & les cheveux. )
Que la ligne avec la pelade
Se jette deflus ma falade.
S. Amant. )
Pelade. C'eft le nom de la laine que les Mégif-
ficrs 6c Chamoifeurs font tomber par le moien
P E L.
de la chaux , de deffiis les peaux de mouton
& de brebis.
Pelage,/'". Il le dit de la couleur du poil
de quelques animaux. (Us fontdediférent pelage,
c'eft-à-dire , la couleur de leur poil eft diférente.)
PiLAGiENS. \_Pelagiani.] Hérétiques fameux
que faint Auguftin a combatu dans pliifieurs
ouvrages ; ils nioient la grâce de Jefus-Chrift ,
la nécellité du baptême , l'exiftcnce du péché
originel. Le Cardinal Noris a fait une très-
fçavante hiftoire de leur héréfie , & fon ouvrage
eft fort folide & eftimé,
P E L A I N s. Ce font des fatins de la Chine.
f iL A Ml DE , /./.[Pelamys.] Danct dit , que
c'ijl un poijfon di Mer , & qu'on apeLU aïnfi un
jeune Thon qui na qu'un an. Mais )e crois que
la Pelamide eft un poiffon diférent du Thon , &
qu'il a la chair moins rouge.
P E L A R D , adj. \L'.s,num decortîcacum.^ Epitéte
qu'on donne à un certain bois , ou plutôt à de
jeunes chênes , dont on a ôté l'écorce pour faire
du tan , c'eft ainfi qu'on l'apellc à Paris. Acad. Fr.
Pelardeaux. [ AffidcB tormento farta. ] Terme
de Marine. Morceaux de planches couvertes de
lîourre , de poix & de brai, qui fervent à boucher
les écubiers , ou quelques trous qu'aura fait le
canon ennemi. Acad. Fr.
Pelatre,/ot. [ Batilli patella. ] C'eft la
partie de la pèle qui eft la plus large & qui a
ordinairement des rebords. (Un pelatre mal-fait.)
Pelauder. [Acerèis i&ièus excipere.] Terme
populaire. Batre à coups de poings ou de main.
( Les écoliers font fujets à fe pelauder en fortant
du Collège.
PêLE, Pe'le, ou Pe'ne, / m. [Patella.]
Terme de Serrurier. On dit pêne oupéle , mais le
plus ufité de ces deux, mots c^eû pclc. C'eft un
morceau de fer qui eft dans la ferrure , qui
ferme la porte ou le couvercle d'un cofre &
que la clef fait aller. ( Le pcle entre bien avant
dans la gâche. Le pèle de cette ferrure va bien.)
Pèle , ou pelle , f.f. [Pate/u ferrea.] Inftrument
de fer dont on fe fert pour prendre du feu , des
cendres , des balieures & autres chofes qui font
à peu près de cette nature. Cette forte de pc/lc
eft compofée d'un manche , au bout duquel il
y a ordinairement un bouton de fer , Si d'un
jeiatre avec des rebords. (Pèle rompue. Faire
une pèle. )
Pèle , ou pelle,/, f. [ Patella.'] Inftrument de
bois qui eft compofé d'un manche & d'une partie
qu'on apelle le plat de la pèle , dont on fe fert
pour prendre diverfes chofes , comme gravas ,
fumier , terre , & dont on fe fert pour remuer
diverfes petites chofes , comme blé , avoine, &c.
Il y a des piles de fer qui ont un manche de
bois, defquelles on fe fert pour remuer la terre.
(Faire provifion de part & de pèle pour un
fiège. Pèle pour enfourner. )
P E L e'e , P E L e'e , adj. [ Glaber , depilatus. ]
Qui eft pelé. Qui n'a plus de poil , qui n'a plus
de peau. ( Cochon de lait pelé. Amande pelée.)
Pelé ,f. m. [Calvus. ] Terme injurieux , pour
dire qui a peu de cheveux à la tête. Qui a la
tête fort dégarnie de cheveux. (C'eft un vieux
pelé tout jaune , & qui n'a plus de dents. Abl.
Luc. Qui eft cet autre pelé. Abl. Luc )
Il n'y avait aux Etats que trois teigneux & un
pelé. Voïezle '^atolicon d'F/pagne. Ùcû-h-dire ,
il n'y avolt que des gens de nulle confulération.
P E L e c I N u s , /. CT. Plante dont les feiiilles
rcffemblent à celles de la Vcfie, ou du Securidoca,
P E L. 87
Sa femence eft propre pour exciter l'urine ,
lever les obftructions , fortifier l'eftomac , étant
prife en poudre ou en décodion. On cultiva
cette plante dans les jardins.
PJlée ,/./. [ Patella plena. ] Plein la pèle.
Prendre une pilée de feu. Donner une pelée de
feu. ( Il y en a qui difent pêlcrée , & l'Acadèmia
admet ce mot. )
Pe'le- me'le , adv. [ Promifaà , permixte,
confuse.] Confufément & en défordre. (Entrer
pêle-mêle dans une Ville. Abl. Ar. l. i. c. ^.
Ils entrèrent pêle-mêle dans la place. Vaug,
Quint. /. -4. )
^^ Malherbe, dans fa Profopopèe d'Oftende,"
a dit:
Tout ce dont la fortune aflige cette vie
Pèle- mêle aflemblé me ptefle vivement.
» Surquoi Ménage a fait cette obfervation :
» pêle-mêle, ce mot eft toujours de la haute poëfie.
» M. Chapelain s'en eft fervi dans l'a Pucelle ,
» ( foible autorité,) & M. de Segrais dans fon
» Eneïde ; & comme fon étimolpgie eft fçùë de
» peu de perfonnes , je la remarquerai ici par
» ocafion. Pêli-mêk, vïtnt àz pejfulum & de
» mufculum. Peffulum eft le diminutif de pejfum ,
» qui fignifie le fond , d'où vient cette façon de
» pa.rler pejfum ire , pour dire ; aller au fond; du
» La.nn pej/ulum, dans cette fignificationde fond
» on a fait le François pèle , qu'on a dit aufli
» pour un verroiiil du Latin pejfulum dans la
» fignifîcation de verroiiil dans lequel ce mot de
» pèle eft ufité encore aujourd'hui par le petit
» peuple de Paris : « mais Chapelain & Ménage
ne pourront jamais placer pcle^mèU dans la haute
poëfiie.
Peler, v. a. [ Glabrare. ] Prononcez la pre-
mière fdabe de ce mot courte & fort doucement.
Oier le poil. Oter la peau. Arracher l'écorce.
( Peler les amandes , peler l'ofier. \_DeUbrare.'\
Quelques-uns fe fervent de ce mot en parlant
de cochons de lait, & en ce (ens peler fignifie
ôter la peau avec de l'eau chaude , mais en ce
fens , le mot de peler n'eft pas le mot d'ufage ,
& en fa place on dit échauder un cochon de
lait, & jamais peler un cochon de lait.
Peler la terre. C'eft enlever du gazon.
Pe/er des allées. C'eft enlever de la terre 8c
de l'herbe, avec la bêche , la pèle.
P E L E R I N. /. w. [ Peregrinator. ] Celui qui va
en pèlerinage 6i quia le bourdon & lecoletin,
( Etre pèlerin. Vivre eu pèlerin. Un pauvre
pèlerin. )
Rouge au foir , blanc le matin, jour de pèlerin.
* Pèlerin , [Cautus , callidus , vafer.] Mot bas
& comique , au figuré. Il fe dit des perfonnes ,
& félon les chofes dont on parle, il a un fens
fatirique & ofenfant. Si l'on dit d'un jeune
homme qui aime les belles , & qui en a queU
quefois des faveurs , ceji un bon pèlerin , c'eft-
à-dire , un galant , un éveillé , qui fait fon poiîible
pour fe bien divertir. Quand on parle d'un homme
qui ne fonge qu'à venir à bout de fes defteins
par toutes fortes de manières libres & gaillardes,
le mot de pèlerin eft choquant , & veut dire
libertin , gaillard , fripon & fcélérat. C'eft dans
ce fens qu'il femble que Molière ait dit : fi tu
connoiffois le pèlerin , tu trouverois la chofe
affez facile pour lui. Fcjlin de Pierre , a. i.Jc. i.
Pèlerinage , f. m. \_Peregrinatio votiva.] Voïage
qu'on fait par dévotion en quelque lieu , aîi
répofe quelque corps Saint. Voïage qu'on fait
88 P E L.
par dévotion en un lieu où il y a quelque chofe
de Saint. ( Aller en pèlerinage à Saint-Jacques.)
Les pderinagis étoient autrefois en ufagc parmi
toutes les Nations. On prenoit même avec
certaines cérémonies l'habit de pèlerin , qui
confiftoit particulièrement en im bourdon &
en une efcarcelle. M. Ducange a traité fort
au long des anciens pcUrinages dans fa quinzième
Differtation , on y voit que nos Rois , voulant
entreprendre quelque voïage d'outre-Mer, après
avoir chargé la figure de la Croix fur leurs épaules,
avoient acoutumé d'aller à Saint-Denis, & là,
après la célébration de la Meffe , ils recevoient
des mains de quelque Prélat le bâton àe pekrin
& l'efcnrcelle , & même l'oriflamme. C'efl ainfî
que Loliis le Jeune & Philipe-Augufte en uférent.
Richard , Pvoi d'Angleterre , qui partit dans le
même tems du Roi Augufte , vint à Tours , où
il prit , par les tuains de Guillaume de Tours ,
le bourdon & l'efcarcelle de pclerin. Le même
a remarqué que fouvent on fe fervoit du mot
Echarpe , au lieu de celui d'efcarcelle , parce
qu'on attachoit les efcarcelles aux écharpes dont
on ceignoit les pderins. Guillaume Guiart en
l'an 1 190 :
Le Roi en icet s'aprefte
Si comme Dieu l'en avifa
De là aller où promis a ,
Autrement cuidcroit mefprendre
L'écharpe & le bourdon va prendre
A Saint- Denis dedans l'Ecclife
Puis à l'ontlamme requife
Que l'Abé de céans li bailla.
5^3^ On efl bien revenu de cet empreffement
d'aller chercher bien loin des fecours que l'on
peut trouver chez foi par fes prières & par fes
bonnes œuvres.
Pèlerine, y?yi [Qw^e peregrinatnr religionis
causa. ] Fille , ou femme qui va en pèlerinage.
( C'eft une vraie pèlerine. C'eft une pèlerine fort
dévote. )
* Pèlerine. \_Hilaris , fcjliva. ] Ce mot dans le
Comique fignifie une gaillarde , une éveillée &
déniaifée. (C'eft une bonne pèlerine. Je copnois
la pèlerine , il y a long-tems. )
Pelerinf.r, V, a. [Pcregrinari.] Aller en voïage.
Mot qui ne fe dit qu'en raillant d'un vagabond.
Danet.
Pelérôn, f.vi. [Palmula.] Petite pèle de
bois dont les boulangers de Paris fe fervent pour
enfourner le petit pain. (Péleron brûlé. )
P e'l E T e'e , f. f. C'efl la quantité de terre
qu'on prencl avec une pèle. ( Une petite péletèe.
Une bonne pélctée. Prendre la terre à péletées.)
P e'le t e r I e ,f.f. [Jrspellionis.] Marchandife
de pcletier , telle que font manchons , peaux ,
fourrure. (La pcleterie ne va plus aujourd'hui
comme elle alloit autrefois. )
■ Péleteric, fe dit du corps des PJleeiers, qui eft
le quatrième des fix corps de Marchands de Paris.
Pcleterie. Rué de Paris où aparemmcnt dcmeu-
roient , ou travailloient autrefois les /Jc'/mVw.
P E L E ï I e r! , / m. [ Pellio. ] Cet artifan mar-
chand s'apelle dans fes lettres de mdàinic pèhtier
fourreur ; c'eft celui qui acommodc la peau & le
poil de certains animaux pour fervir defoinrure,
d'ornement ■, ou de qUelqu'autre chofe aux per-
fonHes ,' & qui vend ces peaux en gros, ou en
détail, & en irait des irianchons & autres ouvrages
ilepèié^erie. (Un péletier ù fon aile. )
■ PtùtANv/. m. \_Pelicanurn.'\ Vaifleau chimique
^Ôtircorporifier les efprit ou volatilifer les corps
par circiilatibn.
P E L.
Pélican , f. m. [Pélican us. ] Oifeau de rivière ^
de lac, ou d'étang, qui a une efpéce de hupe,
qui eft femblable au cigne , fi ce n'eft qu'il a
un fac ou poche de cuir fous la gorge. (Le
Pélican fait fon nid autour des lacs & le ferpent
lui tue fes petits. Bel. On dit que le pélican a
un amour extraordinaire pour fes petits jufques
à fe faire mourir pour leur conferver la vie.
Dans un canton fertile un pclican régnoit
Qui foir & matin (e faignoit
Par tendrefle pour fa couvée.
Bourf. lett. )
La graiffe du Pélican eft bonne pour amollir
& réfoudre. Sa fiente eft propre pour l'épilepfie
& les maladies des nerfs , étant prife au poids
d'une dragme dans de l'eau de bétoine.
Pélican,/, m. [Pelicanum. "] Inflrument dont
les Chirurgiens fe fervent pour arracher les dents.
y4cad. Fr.
Il y a une certaine pièce d'artillerie à qui l'on
donne ce même nom , & qui eft un quart de
coulevrine portant fix livres de boulet. [Tormen-
tum helUcum minus. ] Acad. Fr.
Pe'liope, ou Pi'LioposE,y^ m. & f. Poule
d'eau qui a les pies blancs.
Pelis. On apelle ainfi les laines que les
Mégifliers font tomber de deffus les moutons
tués.
Pelissier , f. m. Celui qui fait ou qui vend des
pelijjes ou robes de chambre fourrées &. des pelifjons.
On le dit auiïi de ceux qiri préparent les peaux.
pELissoN,y; m. [ Pellita vefiis.l Sorte de
jupe de peaux. (Un bon péliflbn , un vieux
pèliffon. Le mot péliff'on s'cft dit autrefois pour
péliffe , robe fourrée , habit doublé de peaux.
^^ Pelage. C'eft dans la Coutume de Mante
un droit Seigneurial , qui fe lève fur les bêtes
à poil.
Pellicule, y^/^ [ Pellicula , epiderma. ]
Terme â'Anatomie. Diminutif de peau. C'eft une
peau fort mince & déliée. ( L'épiderme eft la
pellicule qui couvre la peau. Les valvules des
artères & des veines font des pellicules prefque
infenlibles. )
Pellicule , fe dit de la petite peau qui eft au
dedans de la coque d'un œuf, & de celle qui
envelope le jaune.
Pellicule , fe dit encore de la petite peau qui
eft au dedans de quelques fruits ou fleurs.
Peloir,/;ot. [ Depulforium. ] Terme de
Mégifjhr. Prononcez péloi. C'eft une forte de
rouleau de bois long d'environ un pié & demi ,
avec quoi le Mégiflier fait tomber le poil de
defl"i!s la peau des brebis & des moutons qu'il
paffe en mégie.
Pelotage,/ m. Laine/'t'/oMg'e de vigogne;
c'eft la troifiéme forte des laines de vigogne.
On l'apelle /;<r/own'e , parce qu'elle vient d'Efpage
en pelotes.
Pelote, ouPlote, \_Globulus yfphœrula.^
Ce mot & les fuivans peuvent être prononcez
en deux fyllabes. Ce mot fe dit en parlant de
neige. C'eft une forte de petite boule de neige ,
qu'on forme avec les mains , & qu'on jette à
de certaines perfonnes , ou que de jeunes gens
fe jettent les uns aux autres pour rire. (Une
grofTe ou petite pelote de neige. Jetter une
pelote de neige ;\ quelque fervante, ou à quelque
laquais. )
Pelote , ovplote. [Lanuginis globulus. ] Ce mot
fe dit en parlant de coton. Les Chandeliers de
Paris ap client plotc , du coton en forme de boule,
ou
P E L.
ou de corps ronJ. fUnegrofleou petite pelote
de coton. Dévider une pelote de coton. )
Pelote , plotc. [ Capfula tomentata. ] Ce font
pln'icurs petites recoupes de drap cnvelopécs
d'un morceau de velours ou d'autre étofe , bien
proprement coufuë , qu'on pofe fur la toilette
d'une Dame pour y mettre des épingles , dont
on fe fert quand on la coife , ou dont elle ie
fcrt quand elle fe coite elle-même.
Pelote , plotc. [ Efcaria pillaLi. ] Terme de
pécheur des environs de Paris. Petite boule com-
pofce de terre & de vers qu'on jette aux poiffons
pour les amorcer.
Pelote, plotc. [ Stella alhicans ïrl fronts eqitl. ]
Ce mot fe dit de certains chevaux ; & c'eft la
même chofe que fi on difoit étoile. ( On dit ,
c'eft un cheval qui a une pelote , ou étoile au
front. Soleifcl , Parfait Maréchal. )
Pelote à fu. [ Globulus ignitus. ] C'eft une
compofition d'artifice , dont on fe fert la nuit
pour éclairer dans un foffé.
Pelote de mer. [ Pila marina. ] Efpéce de baie
ronde qu'on trouve fur les rivages de la mer
parmi l'algue , & qui eft ordinairement groffe
comme le poing. Elle eft formée de poils &
autres ordures.
Pelote. [ Capfula. ] Petit cofret dans lequel les
Dames ferrent leurs boucles , leurs bagues , &
autres afaires de toilette. Acad. Fr.
Pelote. C'eft dans les fours à verre une efpéce
de petit établi de terre couverte de braife éteinte,
fur laquelle on met quelque tems repofer le plat
de verre au fortir du grand ouvreau , avant de
le mettre dans les arches du four à recuire.
Pelotes. Les Fondeurs de petits ouvrages nom-
ment ainfi le cuivre enfeiiilles, qu'ils ont préparé
pour mettre à la fonte.
Pelotes. On nomme ainfi dans le commerce
des foies , les foies grèges & non ouvrées, qui
viennent ordinairement de Meffine & d'Italie ,
& qui font pliées , ou plutôt roulées en grofl"es
pelotes.
Peloter , ou plotcr. [ Datatim ludâ ludcre. ]
Terme de Jeu de paume. Prononcez ploter. C'eft
joiier pour fe divertir feulement. (Peloter en
atendant partie. Allons peloter une douzaine de
baies. )
Peloter, ou ploter , v. n. \_Globulos niveos
injicerc. ] Jetter des pelotes de neige. ( Allons
peloter pour nous échaufer. )
Piloter, ploter, v. n. [Expifcari.] Terme de
Pécheur d'autour de Paris. C'eft jeter de petites
pelotes de mangeaille aux poiffons pour les
amorcer. ( îl faut peloter quelque tems avant
que pêcher. ) Ils difent auflî écher , mais c'eft
en parlant de leur ligne , & il veut dire amorcer.
Il faut écher votre ligne.
* Peloter , v. a. [ f^erbcrare. ] Mot bas &
burlefque , pour dire batre. ( Il l'a peloté comme
il faut. )
Peloter, veut dire audî baloter quelqu'un , fe
moquer de lui. [ Feluti pilas aliquem traclare. ]
Vous avez été furieufement peloté dans cette
compagnie.
On dit qu'un homme pelote en attendant partie,
quand il s'amufc à quelque léger divenifi'ement
en attendant un meilleur.
PiLOTON, Ploton,/w. {Glomus,
glomcr. 3 Prononcez ploton. C'eft une manière
de fort petit couftînet , rempli ordinairement
de fon, & couvert de ferge , d'éiofe . de broderie
ou de foie , où l'on met des épingles , que de
Tome III.
P E L S9
petites filles te autres portent pendu à ta ceinture
pour y ficher des épingles: ( Un joli peloton. )
Peloton , ploton. [ Glohus nudus. ] Terme dé
Raqucùcr. C'eft le fond de la baie , lié avec de
la ficelle. ( Couvrir un peloton. Lorfque le
peloton eft couvert , c'eft une baie. )
* Peloton , ploton. [ Manipulus , caterva. ]
Terme de Guerre. Ce font quarante ou cinquante
fantaffins qu'on pofte dans les intervales des
efcadrons pour foûtenir la cavalerie. ( On mit
un peloton entre chaque intervale des efcadronsj
Relation de la campagne de Rocroi. Pofter des
pelotons dans les intervales des efcadrons. Les
pelotons ont fait grand feu. )
Les ennemis penfant nous tailler des croupières.
Firent trois pelotaris de leurs gens à cheval.
MùlUre. )
Il fe dit aiifii d'autres qui s'affemblent pat
petites troupes dans les rues. [Turma conglobata.]
■f * C'ejl un peloton de graijfe. [ Glomus adipis-l
Ces mots en parlant d''oifeau , veulent dire que
l'oifeau dont on parle eft bon & gras.
Peloton , f. m. [ Globulus. ] C'eft du fil , de
laine , ou de la foie dévidée eti rond comme une
petite boule , & en ce fens on dit figurément ,
dévider le peloton , quand on débroiiille quelque
afaire.
Peloton. Se dit de la pofture d'un homme ,
dont les membres font ramaffez. En hiver il y
a qui fe tiennent dans le lit eri petit peloton
pour avoir plus de chaud.
Pelouse, f.f. \Campus gramineus.'\ Prononcez
prefque ploiije : mais on le peut faire de trois
fyllabes , en prononçant la première fort courte
& fort doucement. C'eft une forte d'herbe courte
& douce.
C L'autre étourdi tombe à l'envers
Quilles à mont fur la peloufe.
S. Amant , Rame ridicule. )
P E L T E , y! m. Sorte de Bouclier. Les peltes
a voient la forme d'un croifl"ant plein, ou d'une
lune qui finit fon fécond quartier. Les peltes
étoient beaucoup plus légers que les boucliers
ordinaires ; auffî les fubftituoit-on fouvent à
ceux-ci.
f PelUjPelue, adj. [ Villofus , pilofiis. ]
Chargé de poil. Patepehii. Ces mots fe difent
au figuré , d'un hipocrite qui eft flateur 6c
trompeur. On dit plus fouvent velu que pelu.
Peluche,/./ [ Villofa pellis. ] Prononcez
prefque/j/uc/ze. C'eft une forte de panne à grand
poil, fervant à faire des doublures. (Peluche,
verte , grlfe , noire , bleue , rouge , &c. )
Peluche. [ V'dlofa fiorum folia. ] Terme de
Fleurijh. C'eft le velouté de la fleur de l'anémone.
( Anémone à peluche rouge. Fond de peluche
d'anémone. Le calice , le cordon & la peluche
font une belle anémone , & ce qui ren4 une
anémone parfaite , c'eft lorfque ces trois chofes
font de diférentes couleurs. )
Peluche', Peluche'e, adJ.[f^illofus.] Terme
de Fleuriftc. Qui eft embelli d'une peluche. ( Une
anémone peluchée. Morin , traité des fleurs, p. 78.
Pelure,// [ Frucluum cutis. ) Prononcez
prefque plure. C'eft la peau qu'on ôte de deflus
quelque fruit , ou quelque fromage. ( Groffe
pelure. Petite pelure de poire , de pomme ^
de fromaE;e , &c. Pelure de noix , de châtaigne ,
; de grenade , d'orange. [ Corium , cortex. ]
M
9®
P E N.
P E N.
pENAitLON , /. m. Mot du peuple, qui
fignifie haillon. (Sonhabit s'en va en penaillons.)
On dit aufli dans le même fcns ; il eft tout
pcnailU.
PtNAL, Pénale , adj. [Penalis.] Qui affujetit
à quelque peine. ( 11 y avoit dans les premiers
fiécles parmi les Romains des loix pénales contre
les Chrétiens. )
f Penard,/ot. [ Vctulus, fintx. ] Le mot
de/)i'«<2r</fe joint ordinairement à celui de vieux,
& donne l'idée de quelque vieux homme qui
eft caffé. ( Elle a époufé un vieux penard qui
la fait enrager quand elle regarde feulement un
homme entre les deux yeux. C'étoit un vieux
penard, qui n'étoit guère le fait d'une Demoifellc,
mais elle l'a pris pour fes écus.
Ma foi j'en fuis d'avis , que ces penarJs chagrins
Et vertueux par force , efpérent par envie
Oter aux jeunes gens les plaillrs de la vie.
Molière. )
P £ N A T E S , /» m. pi. [ Pénates. ] C'eft le nom
que les anciens Païens donnoient à leurs Dieux
domeftiques.
( Un chat contemporain d'un fort jeune moineau ,
Fut logé près de lui des l'îige du berceau ,
La cage & le panier avoient mêmes pénates.
La Font. )
^3" Les Pénates & les Lares étoient des divi-
nitez domeftiques , que les Païens adoroient ,
fuivant l'idée que chacun en avoit formé. Lares
& Pénates étoient les mêmes Dieux fous des
noms difcrens , & félon plufieurs Auteurs , il
n'y avoit point de différence entre ces Dieux ,
& les autres, ou du moins ils. étoient choifis
entre les autres Dieux pour leur donner le foin
& la proteftion des Empires , des Villes , des
chemins & des familles particulières : cependant
cette diférence eft marquée clairement dans cette
ancienne Infcription citée par Baudelot dans fon
Traité de VUtilité des Foïages.
DUS DEABUS Q.U E
PENATIBUS
FAMILIARIBUS
ET JOVI C>€TERIS
V E dÎ B U S.
^^ Denis d'Halicarnafle obfcrve que l'on
donnoit aux Dieux Pénates des noms diférens
par raport aux fondions qui leur étoient com-
mifes. Chacun avoit la liberté de fe faire des
Dieux Pénates , que l'on ne connolffoit qu'en
idée , & qui par conféquent ne pouvoient être
céfignez ni par un nom particulier , ni par une
figure fmguliére , telle par exemple que celle de
Jupiter , de Mars , de Neptune , &c. Le même
Hiftorien, dit que Timée a décrit la matière &
la forme des Dieux Pénates en ces termes :
» Dans le fanftuaire du temple de Lavinium oii
» Enée dépofa ceux qu'il avoit aportcz de Troye,
» ils portent des caducées, & font faits de fer, ou
» d'airain ou de terre cuite , ce qu'il dit avoir
» apris des habitans du pais. Mais Denis d'Hali-
» carnaffe condamnant les Hiftoriens qui ne
» débitent que ce qu'ils ont apris par bruit
» commun , raconte que l'on montroit dans
P E N.
» Rome , proche du marché , un temple fort
» obfcur & fort petit , où l'on voïoit deux
» ftatucs des Dieux des Troïens , avec cette
» infcription , Dcnates , qui eft la même chofe
i> qatz. Pénates. Les Anciens qui n'a voient pas
» l'ufage de la lettre P , fe fervoient de la lettre
» D. Ces deux figures , d'un ouvrage très-
» antique , repréfentoient deux jeunes hommes,
» qui tiennent une pique à la main. Nous avons
>) dans plufieurs autres temples , les ftatuës des
» mêmes Dieux fous la forme & fous l'habit
» de deux jeunes guerriers.
•{•Penaud, Penaude. [ Riibore perfufiis. ]
Ce mot eft vieux & bas. Il fignifioit , trifte ,
confus & étonné de quelque accident qui étoit
arrivé. ( Il eft penaud comme un fondeur de
cloches. Elle a été fort penaude quand on l'a
prife fur le fait. )
Penchant, Pencher. Voiez Panchant.
Pendable , adj. \_Sufpendio dignus.~\ Prononcez
pandahle. Qui mérite la corde. Digne de la
potence. ('C'eft un Cd.s pendable, La poligamie
eft un cas pendable. Molière. )
Pendaison , //. Penderie , exécution de
pendus. Ce mot eft du ftile familier.
Pendant, y^ m. Prononcez pandant. [ Enjls
lorum penfile. ] Terme de Ceinturier. Il fe dit
parlant de baudrier & de ceinturon. Les deu?c
pendans du baudrier , ou du ceinturon , ce font
les parties du baudrier qui pendent au bas du
baudrier , & au travers defquelles on pafl"e
l'épée. La plupart des foldats appellent ces
pendans coilillons , mais ce mot ne ie dit qu'en
riant & entre gens un peu libres.
Pendant , f. m. \_ Partes penfiles in Jlemmate. ]
Terme de Blafon. Il fe dit des parties qui
pendent au lambel.
Pendant. Terme ài'Horloger. C'eft la partie
de la montre où eft ataché un anneau dans
lequel on pafl'e un ruban.
Pendant. Terme de Mer. Banderole qu'on
arbore ordinairement aux vergues pour faire
quelque fignal , ou fervir de quelque embellif-
fement.
Pendans d'oreille , f. m. [ Inaures. ] C'eft quel-
que chofe de joli ou de précieux , comme perle
ou autre pareil ornement qu'on atache à l'oreille,
pour parer la perfonne qui le porte. (Cléopâtre
avoit deux perles en pendans d'un prix inefti-
mable. Céfar eut , après la mort de Cléopâtre ,
une de ces perles , & il la fit fcier pour en faire
deux pendans à la ftatuë de Venus. Citri ,
Triumvirat , 3. p. ch. zj. )
Les pendans d'oreille ont été , & font depuis
long-tems , un ornement de l'un & l'autre fexe.
Les Grecs & les Romains fe fervoient des perles
& des pierres les plus précieufes pour parer
leurs oreilles , avec cette diférence remarquée
par Ifidore, liv. i8- de fes Origines ch. 31. que
les jeunes filles avoient un pendant à chaque
oreille , & les jeunes garçons n'en avoient qu'à
une feulement ; les Grecs nommoient les pen-
dans d'oreille nctuturfu-f , les Latins inaures ou
Jlalagmia. Une fervante demande à Ménaechme ,
acl. 3. fc. 3. de lui donner de quoi acheter des
boucles & des pendans d'oreille :
Amaho , mi Menachme , inaureis da mihi.
Faciundas pondo duum nummum flalagmia.
Juvenal nous aprend auffi dans fa Satire
fixiéme , que les Romains nommoient encore
Elenchi les pendans d'oreille.
P E N.
A'iV non permittU fihi mulier , turpe putat ml
Cum viriJcs gemmas co'Jj circumdidit , 6- cun
Aurihui extentis mjgnos commifu Elcnchos.
Les Grecs avoient plu fieurs noms diférens pour
exprimer les pendans d'oreilles ; Hefychius &
Julius Pollux en ont remarqué quelques-uns.
Quant à la forme , à la matière , au poids &
à l'ouvrage , il n'y a point eu de règle certaine,
chacun a Cuivi fon génie , fes forces & fa vanité ,
& le luxe n'a pas été moindre dans cette efpéce
d'ornement , que dans tout ce que l'ambition &
la volupté ont pu inventer pour fatisfaire l'or-
guëil des hommes. Nous aprenons même de
quelques infcriptions raportées par Gruter ,
qu'il y avoit des femmes & des filles qui n'avoient
d'autre emploi que d'orner les oreilles des
femmes , comme nous avons des Coëfeufes.
Les pendans d'oreilles étoient du nombre
des choies dont les mères ornoient leurs filles ,
pour paroître devant celui qui devoit devenir
leur mari. Ce foin eft bien dépeint par Claudien
fur un des Confulats d'Honorius :
Ac velut vfjicih trepidjntibus ora puella ,"
Spe propiore thori mater folcrtior ornât ,
jldvenientc proco , vcflefque 6- cingula comit
Sepe manu , vtridiquc anguflat jafp'uk peClus l
Suhflr'mgitque com,im gimniis y & colla momli
Circuit , & baccis onerat candcntibus aures.
Les peuples les plus fanvages n'ont point
d'autre parure que celle des pendans aux oreilles,
au nez , aux joues ; & au défaut de perles ,
ils fe fervent de coquilles ou de petits cailloux.
Les curieux apellent pendans , deux tableaux
apariez qui ne fe peuvent vendre l'un fans
l'autre.
Pendant , aàj . [ Pendulus , fufpenfus. ] Qui
pend , qui eft ataché par en haut. ( Les Edits
font fceliez en fceaux pendans en lacs de foie.
On dit qu'un homme va les bras penàans ,
quand il a une contenance fote & qu'il nefçait
que faire de fes bras. On dit aufll qu'un homme
a les oreilles pendantes , quand il eft extrêmement
fatigué. )
Couteau pendant. Se dit d'un homme qui eft
prêt à tout faire pour un autre. ( Il eft le couteau
pendant d'un tel. )
Pendant , pendante , adj. [ Lis pendens. ] Terme
de Palais , qui lignifie , qui neji pas encore décidé;
^ui n'ejl pas encore jugé. ( Procez pendant à la
Cour. Procez pendant à la Grand'Chambre. )
Pendant. [ Per , inter.'\ Prépofition qui régit
l'acufatif, & qui veut dire durant, par un cer-
tain efpace de tems ( Pendant le fermon. Pendant
la paix ou la guerre. Madame de la Suze dit
ironiquement :
Pendant une aimable jeunefTe
On n'eft bon qu'à fe divertir ,
Et quand le bel âge nous laifle
On n'eft bon qu'à le convertir.
Ç^ Il faut bien prendre garde de ne fe pas
méprendre dans l'ufagQ de pendant & cependant.
Ils fignifient deux chofcs difcrentes. Malherbe
a dit dans fon Ode à la Reine Mère pendant
fa régence.
Grand Henri, grand foudre de guerre
Que cependant que parmi nous
Ta valeur étonnoit la terre
Les deftins firent fon époux.
Tome III .
P E N. 91
Il faloit dire pendant , qui marque nn intervale
de tems ; le Pootc devoit aufll s'apercevoir du
mauvais effet des que ii proches l'un de l'autre.
Pendant que. [ Diim , intzrea , ciim. ] Sorte
de conjonction qui régit Vindicatif &(. qui fignifie
tandis que. [ Pendant qu'on fait des livres on
n'a guère d'argent, )
f P E N D A R D , y. wz. [ Furcifer , nequam. ]
Prononcez p'andar. Méchant, coquin, fripon ,
fcélérat. (Nous verrons cette zhire , pendard ,
nous verrons cette afaire. Le pendard de Scapin
m'a , par une fourberie , atrapé cinq cens écus.
Molière. ^
Ah ! tu prens donc , pendard , goût à la baftonnade.'
Molière. )
f Pendardf , /./ [Damnata.] Prononcez
pandarde. Méchante , coquine , fcélérate. ( Parlez
bas , pendarde. Molière. )
P E N u E L o (iu ^ , f. f. [ Pendula cryflallus. ]
Prononcez pandeloque. C'eft un petit morceau
de criftal qui eft taillé en poire , & dont on
fe fert pour orner les corbeilles où l'on porte
quelque bouquet. ( Des johes pendeloques. )
Panddoques. [ Panni lacerati. ] On le dit en
fe moquant des pièces qui pendent des habits
déchirez. ( N. a toujours fa foutane pleine de
pendeloques. )
Pendeloque. Se dit aufli d'une parure de
pierreries ajoutée a des boucles d'oreilles.
\ Elle a de belles pendeloques. ) Ce mot fe prend
aufll pour un pendant d'oreilles qui n'eft que
d'une pièce.
Pendentif , f. m. [ Arca formas. J Terme
à' Architecture. C'eft tout le corps de la voûte
fufpenduë hors le perpendlcule des murs , 6c
qui poufl!e fur les arcs-boutans.
Penderie. [ Sufpenfio , fiifpendium. ] Aûion
de pendre au gibet. ( Il y a eu aujourd'hui
grande penderie à la Grève, ou aux Terreaux , li
c'eft à Lyon , ou au Vieux Marché , fi c'eft à
Roiieii. )
Pendiller, v. n. [ OfcilLire. ] Prononcez
pendillé. Etre pendu ,à quelque chofe, ( On
auroit vu fous un cordeau pendiller ta tête
folle , fi , &CC. )
Pendeur,7Îtc. [ Punis fufpenfor trochleœ. ]
Terme de Mer. C'eft un bout de corde de
moïenne longueur , qui foutient une poulie , où
paffe la maneuvre.
PENDouR,y^/n. [ Funis fufpenfor. ] Terme
de Charcutier. C'eft un morceau de corde pour
pendre le lard. ( Il faut mettre un pendoir à
cette flèche de lard , & la pendre. )
Pendre , v. a. [ Pendere , fufpendere. ] Pro-
noncez pondre. Atacher en haut. Je pend , j'ai
pendu , je pendis. ( Pendre le lard au plancher ;
pendre une cloche. )
S^ M. Sarazin a dit dans fon Ode fur la
prlfe de Dunkerque :
Il a puni ton orgueil ,
Et de ta rage étoufée ,
Sur le fommet d'un écueil
Pend le glorieux trophée.
Ce dernier vers ne me paroît pas imitable ;
les monofilabes fonnent toujours mal au com-
mencement du vers.
Pendre. [ Ciuci fuffigere. ] Etrangler à une
potence , à un gibet. ( H y a un Roi en Afie ou
en Afrique , qui tient à gloire de pendre lui-
même fes fujets. Furetiere , Roman Bourgeois.
M ij
91 P E N.
De trois fergens pindc^-en deux ,
Le monde n'en fera que mieux.
Et quand Pierre fera pendu ,
Le monde n'aura rien perdu. )
•j- Dire pis que pendre. [ Omnibus malediciis
aliquem profcindcrc.'\ C'eft-à-dire, chanter poiiilles
à quclcun & lui dire toutes fortes d'injures. Il
a mérité le pendre. Il ne vaut pas le pendre. Il
fembie que dans ces façons de parler , le mot
de pendre eft pris comme un fubftantif.
* Pendre Vèpée au croc. [ Arma deponere. ]
C'eft-à-dire, quiter l'épée & le métier des armes.
* La bigote a pendu le rofaire au croc fi-tot
quelle a été mariée. C'eft-à-dire , elle a levé le
mafque.Sc a ceffé de faire la dévote.
Se pendre , v. r. [ Laqueo vitam Jlbi eripere. ]
S'étrangler foi-même. ( Ils n'ont pas un courage
d'Ifcariot pour fc pendre eux-mêmes. Furetiere,
Roman Bourgeois. )
Pendre eft quelquefois fubftantif, comme dans
cette prafe. ( C'eft un traitre qui ne vaut pas
le pendre. )
Pendre. Se dit aufli d'une plante de l'Ifle de
Madagafcar , ôi dont les feuilles font femblables
à celles de l'aloës.
P F N D u , y. m. [ Cruciarius , Jufpendiofus. ]
Celui qui a été étranglé à la potence par le
bourreau. ( Les corps des pendus apartiennent
au bourreau , qui les vend aux Chirurgiens
pour en faire des difl"eûions. De cent pendus ,
il n'y en a pas un de perdu. Roman Bourgeois,
Epitre au Bourreau. C'eft-à-dire , la plupart des
cens qu'on pend lont fauvez. On dit quand
un homme fait bien fes afaires , qu'/7 a de la
corde de pendu. Roman Bourgeois , Epitre au
Bourreau.
Ces blafons frauduleux ajoutez à des vitres ,
Contre les droits du Roi font autant de faux titres.
Et l'intervale eft bref de faufiaire à pendu.
Bourfdult , Efope.)
Pendu , pendue , adj. [ Sufpenfus. ] Ataché
en haut. Ataché à une potence. ( Lard pendu.
Femme pendue. )
Pendu , pendue au croc. [ Depojîtus. ] Ces mots
fe difent en parlant d'afaires & de procez ,
& veulent dire : qui a cefl"é , qui n'eft point
pourfuivi , qui eft laifl'é,
* Le procès ejl pendu au croc. [ Ceffiua lis. ]
C'eft-à-dire , il ne fc pourfuit plus ; il a cefl'é.
•^ L'afaire ejl pendue au croc. C'eft-à-dire, elle
ne fe pourfuit plus ; elle eft laifTée.
■{• Pendu , pendue au croc. Ces mots fe difent
en parlant d'cpéc & d'autres chofes, & fignifient,
qui ne fert plus & qu'on a abandonné. ( Son
épée eft pendue au croc il y a plus de dix ans.
Rofaire pendu au croc. )
Pendu. Ataché à quelcun que l'on carefle. (Ce
jeune marié eft fi fou de fa femme , qu'il eft
toujours pendu à fon cou & qu'il ne la peut
quiter. )
Je veux être pendu (î , &c. Efpécc de jurement
dont on fe fert pour afirmer quelque chofc.
( A quoi fert de parler que pour être entendu ?
Et fi je vous entens , je veux cire pendu.
Bourf. Efop. )
Pendule, y^/ [ Horologium -ofcillatorium . ]
Prononcez pandule. C'eft une forte d'horloge
qui eft meilleure que les horloges ordinaires ,
èl qui fut inventée en 1657. par M. Hughens,
P EN.
Mathématicien Holandois. ( Une belle & bonne,
pendule. Une pendule à refl'ort. Une pendule à
ancre. )
On en peut voir la defcription dans un ouvrage
que fit M. Hughens , imprimé à Paris en 1673.
ious le titre de horologio ojcillatorio , ou dans
Bion en 1716.
Pendule de poche , f. f. [ Pendula. ] Sorte de
petite montre de poche dont M. Hughens a
donné l'invention. (^Cette pendule eu chère.)
Pendule , f. m. \_ Vibraïus horologii ftylus
pendulus. ] Prononcez pandule. C'eft une verge
de fer qui fert à faire les vibrations du pendule.
( La vibration du pendule eft trop grande ou
trop petite.
Le Pendule , avec vous , par fes vibrations ,
Régloit différemment vos opérations.
La Soriniere , poème fur le progris des Arts. )
Le mot de pendule , pris dans un fens plus
général , fignifie un poids ataché à une corde ,
ou à une verge de fer , fufpenduë à un point
fixe , qu'on apelle le centre du mouvement. Et
ce poids étant une fois agité & mis hors de la
ligne de direâion , fait plufieurs vibrations ,
jufqu'à ce qu'il fe foit mis en repos. Les vibra-
tions du pendule fe font en des efpaces de tems
égaux , quoique les efpaces que parcourt le
pendule foient inégaux. Galilée eft le premier
qui a fait des obfervatlons fur le mouvement
du pendule. La longueur du pendule détermine
le tems dans lequel fe fait chacune de ces vibra-
tions. Un pendule long de cinq pieds de Roi ,
fait 1846 vibrations fimples dans ^une heure.
Oian. Dicl. Math. Un pendule long de trois
pieds huit lignes & demie , marque les fécondes
à chacune de fes vibrations. \Jn pendule long
de neuf pouces deux lignes & un quart , marque
les demi fécondes. Un pendule de quatorze
pieds dix pouces , marque deux fécondes. Un
de trente - cinq pieds ftx pouces & une demie
ligne, marque trois fécondes. Enfin un pendule
de 109 II. pieds fix pouces, marque une minute.
• Voiez la page yo. des aditions à la Géométrie
de Haquet. Voiez aufti Vibration.
Pêne. Voïez penne.
V i u^ , f. m. Terme de Serrurier , qui veut
dire pélc de ferrure. Voïez pèle.
Pênes. Terme de Mer. Ce font de certains
bouchons de coton ou de laine atachez au bout
d'un bâton pour fuiver , goudronner & brayer
im navire. Fournier. On apelle ces bâtons ,
bâton à valdel.
P e'n e't RABiLi 1^ ,f. f. Terme dogmatique.
Qualité qui rend pénétrable. On dit la péné-
trabïUtc des corps.
P e'n e't R A B L E , adj. [ Pcnetrabilis. ] Qui peut
être pénétré , percé. On dit de diverfes chofes
foit au propre ou au figuré , qu'elles ne font
pas pénétrables. Voicz impénétrable.
Pe'ne'trant, Pe'ne'trante , adj. [ Méaiilis,
pervadens , permeans. ] Qui pénétre , qui entre
dedans. (Le mercure eft pénétrant. L'a£lion du
feu eft pénétrante. Un froid pénétrant , c'eft-
à-dire , violent & qui fe fait fentir. )
•j- Un efprit pénétrant. [ Acies acris ingenii. ]
C'eft- à-dire , fubtil & élevé.
Pe'ne'tratif , Pe'ne'trative , adj. Terme
Dogmatique. Qui pénétre aifément. Qualité
pénétrative.
Pe'n e't r a t I o n ,f.f. [ Lmmijfio unius corporis
in uliud. ] Prononcez pénctracion, C'eft l'action
P E N.
par laquelle une chofc entre dans une autre
ou ocupe la même chofe. ( La pénétration de
l'eau dans une éponge ne fait que chaffer l'air
qui étoit dans fes pores. Mais la vraie pénétra-
tion des corps par laquelle doux corps (croient
enfemble en une même place , efl impoflible
& abfurde en Phyfique.)
* Pénétration. [ Ingenii per/picacia , acies."] Ce
mot au figuré fe dit de l'efprit & fignifie vivacité,
lumière d'efprit , intelligence. (N'avoir aucune'
pénétration d'efprit. C'cft un homme qui a de
la pénétration. )
Pi'ne'trer , V. a. & V. n. [ Penetrare ,
pervadere , permeare. ] Entrer avant. Entrer &
enfoncer dedans. Percer. ( Pénétrer jufqu'au
cœur du pais. La pluie a pénétré mon jufte-
au-corps. L'efprit de vin , les baumes, les huiles,
&c. pénétrent la peau & paffent dans la chair,
& jufqu'aux nerfs & aux os. Les doux péné-
trent dans le bois. 11 y a du cuir fi fort que
l'eau ne le peut pénétrer. Ce coup d'épée a
pénétré jufqu'au cœur. )
* Pénétrer, v. a. [ Percellere. ] Outrer. Toucher
de paffion. ( * Elle avoit le cœur pénétré de
ces trilles nouvelles. Cela m'a pénétré jufqu'au
cœur. j4bl. )
* Pénétrer. [Perfcicere , introfpicere.'] Concevoir.
Aprofondir. ( * Pénétrer ce qu'il y a de bien
& de mal dans une aûion. Vous commencez
à pénétrer.
En amour quelquefois il eft bon d'ignorer;
Et fouvent vouloir pénétrer
Aprend de méchantes nouvelles.
Buffy.)
Saint Auguftin eft le Dofteur de l'Eglife qui a
pénétré plus avant dans les matières de la grâce.
Peneux , Penewse , adj. Il fe dit en cette
phrafe populaire : lafemaine peneufe , pour dire,
la femaine Sainte,
i P e'n I b l e , adj. [ Operofus, laboriofus, difflcilis,
molejius.] Difficile. Qui donne de la peine. (Un
pénible ouvrage, f^oit. Chofe pénible, ^élil.
Et moi , fur ce fujet loin d'exercer ma plume ,
J'amaffe de tes faits le pénible volume.
Defpréaux , Ep. g. )
•{• Péniblement , adv. [ Opcrosi. ] D'une
manière pénible. Avec peine, ( On voïage péni-
blement dans les pais marécageux. )
Penides,/./. \_Penidia.'\ Terme ô^c Pharmacie.
Sucre cuit avec une décoâion d'orge jufqu'à ce
qu'il foit caffant. Quand il eft ainfi cuit on le
jeté fur un marbre oint d'huile d'amende douce,
puis on le malaxe en pâte avec les mains, &
pendant qu'il eft chaud on le met en bâtons
tortillez comme» des cordes. Ces penides font
excellentes pour le rhume.
I Penil , /^ m. [ Pubes. ] Vieux mot qui
ne peut entrer que dans le burlefque. C'eft la
partie qui eft au-deffus des parties naturelles ,
& qui eft couverte de poil à un certain âge.
P E N I N ou P E N N 1 N G , ('. m. C'eft Ic deuicr
de Rolande. Il vaut un cinquième plus que ne
valoit le denier tournois de France.
Péninsule j// [ Pcninfula. ] Terme de
Géographie. Ce mot eft Latin. On dit plus
fouvent en François prefquijie. Voiez PreJ'<]ii'iJîe.
Peniston ou P aniston , /. /n. Etofe
de laine qui fe fiibrique en Angleterre. C'eft
une efpéce de moleton.
pENiTSNcs , f. f. [ Dolor de peceato commifo.]
P E N. 95
Terme d^Eglife. Prononcez pénitance. Le mot
de pénitence vient du Latin pœnitentia , & il ne
fe fe dit ordinairement dans notre langue qu'en
des difcours oh l'on parle de piété. C'efi une
vertu qui nous fait concevoir de la douleur de nos
péchei : c'eji un retour du pécheur à Dieu avec un&
ferme réfolutionde ne plus pécher à F avenir, (Et dans
ce feus on dit que la pénitence doit être véri-
table , conftante , courageufe , & non pas lâche
& endormie, ni fujette aux rechutes. Exhorter
à la pénitence. Porter à la pénitence. Maucroix^
Homélies de S. Chrifojlome.
Pourras-tu le teint frais faire aimer l'abftinence ,
Et les cheveux poudrez prêcher la pénitence ?
Villiers.)
Pénitence. [ Pœnitentiœ Sacramenttim. ] Ce mot
en terme à^Èglife Catholique, eft un Sacrement
que Dieu a inftitué pour remettre en fa grâce
ceux qui l'ont perdue , par les péchez qu'ils ont
commis depuis le Baptême. Jefus-Chrift a infti-
tué le Sacrement de Pénitence. Expliquer Is
Sacrement de Pénitence. Il y a des livres qui
traitent de la matière , de la forme & dé^ éfets
de la pénitence. Les Miniftres de la Pénitence ,
ce font les Prêtres.
Pénitence. [ Pœna piacularis. ] Terme ^Eglife.
Peine que le «Prêtre impofe au pénitent pour
tâcher dans ce monde à fatisfaire en quelque
forte à la Juftice de Dieu , & à apaifer fa colère.
( On dit en ce fens , donner une pénitence.
Impofer une pénitence. )
Pénitence publique. C'eft celle que l'Eglife
impofoit autrefois aux pécheurs qui avoient
mérité cette humiliation, avant de les reconcilier
par l'abfolution & de les admettre à la partici-
pation de l'Euchariftie. Cette pénitence publique
a duré plufieurs fiécles , & l'Eglife n'a jamais
fait aucun décret pour l'abolir ; le relâchement
des fidèles a caufé celui de la difcipiine & a
fait cefler infenfiblement la pratique de la péni-
tence publique , dont l'Eglife avoit retiré de lî
grands fruits. On peut lire dans le Catéchifme
de Montpellier & dans plufieurs autres ouvrages
connus , en quoi confiftolt cette pénitence pé-
nitence publique , quelle en étoit la forme ,
quels ont été fes dégrez , pour quels péchez
on l'impofoit , &c.
Penitencerie ,y! yi \^ Caméra pœnitentiaria.'\
C'eft la Cour ou le Tribunal du grand Péniten-
cier & des Pénitenciers du Pape. ( C'eft un
Bref émané de la Pènitencerie. )
Pe'nitentiel , Pe'nitentiflle , adj. [ Codex
pxnitentialis , Canones pœnitentiales. ] Ce mot
n'eft proprement ufité qu'au pluriel , & il fait
à fon pluriel pénitenciaux , & non pénitentids.
Il veut dire qui concerne & qui regarde la
pénitence. [ Les Pfeaumes Pénitenciaux. Vai:g.
Rem. Les Canons Pénitenciaux. LeP. ThomaJJin,
Difcipiine de l'Eglife , l. part. c. 20. )
Pe'nitencier , y; m. [ Penitentiarius.'\ C'était
autrefois un Prêtre qui étoit le Vicaire général
del'Evêquc pour l'adryiniftraîion de la péiiitence,
pour cela on apcUe le Pénitencier l'Oreille de
l'Evcque. Le Père Thomaffln, Difcipiine dePEglife,
Le mot de Pénitencier fignifie aujourd'hui la
même chofe qu'autrefois ; c'eft le Vicaire de
l'Evêque pour tout ce qui regarde le Tribunal
de la confcience. Il abfout des cas dont il n'y
a que l'Evêque ou l'Archevêque qui puiffe
abfoudre. ( Se confefi'er au pénitencier. )
P e'n i T E N T , / OT. Celui qui fe répent d'avoir
94 P E N.
ofenfé Dieu. Celui qnl donne des marques qu'il
a reoret d'avoir péché. ( Un pénitent Laïque.
Un pénitent F.cléfiaftique. Exhorter un pénitent
à changer de vie. S. Cyr. Le Prêtre doit voir
fi fon pénitent s'eft bien préparé. Interroger
un pénitent. Abfoudre un pénitent. )
Pénitent , Pénitente , adj . { Pœnitens. ] Qui
eft marri d'avoir péché. Qui eft fâché d'avoir
commis quelque faute. ( Homme pénitent. Fille
pénitente.
Pénttens endurcis , que rien ne vous aflige ,
L'on fçaura diriger celui qui vous dirige.
Sanlec. )
Penitens du Tiers-Ordre , f. m, [ Religiojl tertli
Ordinis Sancd Francifci. ] Religieux du Tiers-
Ordre de Saint François , fondez , à ce qu'on
dit, par le Pape Nicolas IV. Ils font habillez
d'un gros gris comme les Capucins ; mais ils
en font diférens , parce qu'ils n'ont point de
capuce en pain de fucre , & qu'ils ont de hautes
fandales. On apelie à Paris ces Religieux
Pic-pus , du nom d'un petit village qui efl:
au bout du Fauxbourg Saint Antoine & qu'on
nomme Pic-pus. Depuis fort peu de tems ces
Religieux fe font mis en noir , ont rafé leur
barbe , pris du linge , des bas & des fouliers.
Penitens. [ Pœnitentium fodalitas. ] Il fe dit
aufll de certaines confréries de gens féculiers
qui s'affemblent pour faire des prières & des
procédions nuds-picds , & qui fe donnent auffi
la difcipline. Il y a des Penitens blancs, noirs,
bleus. Il y en a qui , dans quelques villes ,
aflîftent les criminels à la mort & leur donnent
la fépulture.
Pe'nitfnte , f. f. Celle qui fait pénitence.
Celle qui fe confefle à un Prêtre. ( Abfoudre
«ne pénitente. C'eft une de mes pénitentes.
Il confeffe une de fes pénitentes. )
Quand ces pénitentes font riches & qu'elles
font de gros préfens à leurs Direfteurs , on les
apellc des filles de Tyr , parce que l'Ecriture
dit que ces filles venoient , chargées de préfens,
implorer la face du Seigneur.
Ce font trente l.iquais de trente Pcnhentes ,
Portant tous des bouillons de viandes fucculentcss.
Sanlec. )
^y Ces pénitentes font fort foigneufes de
la fanté de leurs Diredeurs ; elles pourvoient
à tous leurs befoins , foit en fanté , foit en
maladie. On les apelie pénitentes à confitures
& à boiiilions. Sanlecquc décrivant la pauvreté
de fes paroiffiens dit ;
Près de là font dans des mafures
Cinq cens gueux couverts de haillons ;
Point de dévote à confitures ,
Point de pénitente a bouillons.
P E N N A c H E. Voïez panaclic,
Pennacher. Voïez panacher.
P E N N AG E , y: m. [ Plumatilis amiclus. ] Il
fignifie en général toutes les plumes qui couvrent
le corps de l'oifeau de proie. Le pennage eft
de diverfcs fortes de couleur, noir", roux,
cendré , &c.
Penne,//: [ Pennx decufata. ] Plume
d'oifeau de proie. Greffe plume d'oifeau de
Fauconnerie. (Penne rompue. Penne arrachée. )
Voïez Fouilloux , Fauconnerie.
Penne. [ JTcli cornu. ] Terme de Mer. C'eft
le point ou le coin des voiles Latines.
P E N.
Pennes. [Pennœ adornati/es.] Terme de Blafon
Il fe dit des plumes de l'oifeau qu'on met fur
un chapeau , dans les Ecus.
Pennes , Peines , Pefnes ou Piennes, Ce font
les bouts de laine ou de fil /-qui reftent atachez
aux enfublcs , lorfque l'ttofe ou la toile eft
levée de deffus le métier.
Pennonceau , f. m. Sorte de banderole
chargée d'Armoiries. Dans les faifies réelles
'des terres, on affiche à la terre faifie les pen-
nonceaux aux armes du Roi, On prononce
communément panonceau.
Pénombre , /. / Terme ^ Afironortùe. Ce
mot* eft formé des mots Latins, peni-umbra^
c'eft -à -dire , prefqu ombre. C'eft la partie de
l'ombre qui eft entre la vraie ombre & la
lumière éclatante , dans laquelle il eft prefqu'im-
poffible de déterminer précifément oii la lumière
finit & l'ombre commence ; & c'eft ce qui
rend la plupart des obfervations dificiles ÔC
incertaines.
f inoii , f. m. [ Scutum variis jlemmatibus
confenum. ] Terme de Blafon , qui veut dire
armoirie. ( Un penon de plufieurs alliances ,
Col. c. 8. p. 6z. )
On parle à Lyon de Penons , qui font les
Capitaines de Quartiers qu'on apelie Pénonages.
Penon OU Pennon. C'eft une ancienne efpéce
d'enfeigne de guerre ; elle étoit faite d'une étofe
de foie ou d'un drap , dont une partie étoit
fendue en deux parts jufques au milieu. Les
Enfeignes de Cavalerie font encore aujourd'hui
de véritables penons. Nous lifons dans Alain
Chartier : Havart CEcuyer tranchant , monté fur
un grand deflrier , portait un penon de velours
a^uré à quatre fleurs de lis. Befly , dans fon
hiftoire des Comtes de Poitou , ch. 23. raconta
que l'an io66. le Pape envoïa une bannière
» ou étendart de guerre au Duc Guillaume de
» Normandie , dit le Conquérant , afin de s'en
» fervir en la conquête du Roïaume d'Angle-
» terre ; & il faut bien dire qu'elles ne fufl'ent
» pas fi amples qu'elles font aujourd'hui ,
» d'autant qu'elles euflTent été trop malaifées
» & incommodes ; ou bien l'on ufoit d'un
>> drapeau médiocre , qu'on nommoit Phanon ,
par une diftion corrompue du Latin ; car ce n'eft
pas un mot Thiois, comme on l'a penfé. Le Fere
Ménétrier a inféré dans fon livre des ornemens
des Armoiries /a^e 2.c)0. un extrait d'un ancien
manufcrit qui lui avoit été communiqué par
M. du Gange , où l'on voit l'ancien ufage du
Penon. « Quand un Bachelier a. grandement
» fuivi la guerre & qu'il a terre affez , & qu'il
» puiffe avoir Gentils - hommes , fes hommes
» pour acompagner fa bannière , il peut licitc-
» ment lever bannière , & non»autrement , car
» nul homme ne peut , ne doit porter ne lever
» bannière en bataille , s'il n'a du moins cin-
» quante hommes d'armes , tous ces hommes
» &c fes archers ou arbalétriers qui lui apar-
» tiennent , &c s'il les a la première bataille
» où il fe trouvera à porter un penon de fes
» armes , & doit venir au Connétable , aux
» Maréchaux ou à celui qui fera Lieutenant
» de rOft , pour le Prince requérir qu'il porte
» bannière , & s'ils lui oftroyent , doit fommer
» les Hèraux pour témoignage , & doivent
y> découper la queue du penon. » Voici ce
qu'Olivier de la Marche raconte fur cela dans
fes Mémoires, ch. zj. page 36g, en parlant
de la manière dont Meflire Louis de la Vieville
P E N.
obtint du Duc de Bourgogne la permi/Tion de
lever bannière : « Mcffire Louis de la Vieville .
» Seigneur de Sains , releva bannière , &c
» le repréfenta le Roi d'Armes de la Toifon
» d'or , & ledit Me(iire Louis tenoit en une
» lance le penon de fes pleines armes , & dit
» ledit Toifon : Mon redouté & Souverain
» Seigneur , voici vôtre humble fujet , Mcflire
» Louis de la Vieville , iffu d'ancienne bannière
» à vous fujete , & ell la Seigneurie de leur
» bannière entre les mains de fon aîné , & ne
» peut ou doit fans méprendre porter bannière ;
» pnrquoi il vous fuplie , confidèrée la nobleffe
» de fa nativité & les fervices faits par fes
» prédèceffeurs , qu'il vous plaife de le faire
>» banneret & le relever en bannière , & il
» vous reprèfente fon penon armorié , fuffi-
» famment accompagné de vingt-cinq hommes
» d'armes pour le moins , comme eft & doit
» être l'ancienne coutume. Le Duc lui répondit,
» que bien fut-il venu , ôc que volontiers le
>> feroit ; fi bailla le Roi d'armes un couteau
» au 'Duc , & prit le penon en fes mains &
» le bon Duc, fans ôter le gantelet de fafeneftre,
» fit un tour au tour de fa main , de la queue
» du penon , & de l'autre main coupa ledit
» penon & demeura quarré ; & la bannière
» faite, le Roi d'armes bailla la bannière audit
« Melfire Louis, & lui dit : Noble Chevalier,
» recevez l'honneur que vous fait aujourd'hui
» vôtre Seigneur & Prince , & foiez aujour-
»» d'hui bon Chevalier , & conduifez vôtre
» bannière à l'honneur de vôtre lignage. Ainfi
» fut le Seigneur de Sains relevé en bannière. »
On voit par ce récit que le penon étoit quarré,
& qu'il étoit ataché au bout d'une lance , qu'il
faloit être banneret pour le porter , & qu'il
faloit avoir au moins vingt-cinq hommes d'armes
& vafiaux pour être banneret. Le Penon eft
encore à préfent l'enfeigne de la Cavalerie.
Pensant , adj. [ Cogitans. ] Ce qui penfe.
La matière ne peut pas faire un être pmfant.
On apelie auffi mal-ptnfant un homme qui penfe
mal de fon prochain. Nicole.
P F N s e' E ,f.f. [ Cog'uatio. ] Prononcez panfée.
Aôion de l'efprit qui penfe. Nous fçavons par
expérience que nous fommes capables de diver-
fes penfées. Roh. Phyf. l. i. c. z. Bonne ou
mauvaife penfée. Dieu connoît nos penfées.)
éï^r Penfie. L'Eloquence confifte dans la
penfée & dans l'expreflion. Elles font naturel-
lement infépnrables : mais 11 eft plus néceffaire
de bien penfer , que de bien parler ; & l'on ne
peut ni bien parler ni bien écrire , fi la penfée
que nous exprimons par nos paroles , n'eft pas
jufte. C'eft le fentiment d'Horace dans fon Art
Poétique. Cependant on s'atache plus à préfent
à l'expreflion qu'à la penfée ; c'eft ce qui fait
craindre la décadence de nôtre langue. On peut
donner des régies pour parler jufte , mais il eft
dificile d'enfeigner à penfer jufte : les idées des
chofes fe forment dans nous-mêmes , fans que
nous fçachions comment , & on ne peut nous
guider dans un chemin qui nous eft inconnu.
C'eft par cette raifon que l'Auteur moderne
du Traité de l'Art de parler , déclare d'abord
qu'il n'entreprendra pas de prefcrire des règles
touchant l'ordre que l'on doit donner aux
chofes , qui font la matière du difcours , & qu'il
fe contentera d'avertir feulement que l'on doit
méditer fon fujet & faire dcffus toutes les
réflexions néccffaircs , pour ne rien oublier qui
P E N. 9j
puifle contribuer à fbh éclairciffement, Quin-
tilien a bien connu la dificulté qu'il y a de
donner une définition jufte de la penfée ; il
s'atache feulement , liv. 8- ch. S. à en faire
une ample defcription.
Quelquefois , dit-il , elle fe rapofte à une
feule chofe , comme celle-ci : R.kn ne gagne
tant Us cœurs que la bonté , quelquefois aufli à
une perfonne ; telle eft la penfée de Domitius
Afer , lin Prince qui veut tout fçavoir , efl fouvent
obligé de pardonner bien des chofes. Il y a des
penfées Jirnples , comme celle-ci : rien ne gagne
tant les ca'urs que la bonté. H y en a qui
contiennent la raifon qui leur fert de fondement^
par exemple : dans toutes les querelles le plus
fo.t paraît être l'agreJJ'eur , quoiqu'il fait le plus
ofcnjé , parce qu'il ejl le plus en état d'ofcnfer. Il
y a auffi des penfées doubles , cotnme : la
complaijahce nous fait des amis j la vérité des
ennemis. 11 ajoute qu'il y a des Auteurs qui
comptent jufques à dix genres de penfées , parce
qu'on peut les former par interrogation , par
comparaifon, par admiration, par déguifement
& par fimilitude, ce qui peut en produire un
nombre infini : mais celles qui traitent des
contraires , l'emportent fur les autres , par
exemple : La mort ti efl point un mal , mais les
aproches en font terribles. Il y en a de fimples ,
comme : l'avare n'efl pas plus riche de ce qu'il a ,
que de ce qu'il n'a pas : mais la figure leur donne
plus de force : Ef-ce donc un fi grand mal que di
mourir ? Cette penfée eft plus vive que celle-ci :
La mort n'efl point un mal. Il en eft de même
quand on aplique une penfée générale à un
fujet particulier : Il efl aifé de faire du mal ; il
il efl dificile de faire du bien. Medée dit la même
chofe dans Ovide avec plus de force :
Quoi ! j'ai pu le fauver , & je ne puis le perdre !
^^ Ciceron aplique à la perfonne ces fortes
de penfées avec plus de fuccez : La fortune , o
Céfir , en vous donnant tin pouvoir infini , vous
a donné ce qu'elle avoir de plus grand ; & la
nature en vous infpirant la clémence , vous a donné
ce quelle avait de plus précieux.
Quintilien , après avoir donné toutes ces
idées générales des penfées , entre dans un détail
des diférentes efpéces de penfées , & obfervé
que les penfées ne doivent point être fréquentes
ni vifiblement faufl'es , & qu'elles conviennent
à l'Orateur, dont le mérite donne de l'autorité
& du poids aux raifons qu'il emploie pour
foutenir fa caufe. En éfet , dit-il , ne feroit-il
pas ridicule qu'un enfant, ou un jeune homme,
ofât prendre un ton décifif & qu'il parlât en
maître. Il ne faut pas auffi afefter de finir lé
raifonnement par une chute recherchée & que
l'on fait venir de loin , pour ne laiffer aucun
vuide , étant perfuadez qu'un Orateur ne doit
reprendre haleine , que pour donner à l'âuditeuf
le loifir d'aplaudir.
On demande ce que c'eft qu'une penfée ingé-
nieufe , mais il eft dificile de fatisfaire pleine-
ment à cette demande , puifqu'on ne peut dire
qu'en termes généraux que la penfée ingénieufe
eft la produftion d'un efprit jufte , éclairé &
qui fçait démêler le vrai du faux ; il eft aifé
de fe tromper & d'être ébloui par un brillant
qui fe diiTipe dès qu'on y f;iit la moindre atention.
Ciceron dans fon Traité de l'Orateur , liv. i,
nous a donné l'idée d'une penfée ingénieufe ^
en parlant de l'éloquence de Craffus j fes penfées.
-yc P E N.
djt-il , étoient parfaites , vraies , fiirprenântes
par leur nouveauté , naturelles , fans fard &
îans cette afFeftation qui les rend puériles.
Quintilien a remarque la diférence qu'il y a
entre les penfées ingénicufcs & celles qui n'en
ont que l'aparence : telle eft celle d'un décla-
mateur , lequel exhortant les Courtifans d'Ale-
xandre de faire des funérailles dignes de ce
grand Conquérant , leur dit , qu'ils dévoient
l'finfévclir fous les ruines de Babylone & cepen-
dant chacun les verroit paffer à fes fenêtres ,
hoc qiùfquam fpecîabit è teclo.
Le principal caraftére d'une penfée ingénieufe,
€(1 qu'elle fbit vraie ; & , félon l'expreiTion du
Perc Bouhours dans fa manière de bien penfcr,
ime ponfce eft vraie , lorfqu'elle repréfente les
chofes fidèlement , & elle eft fauffe quand elle
les fait voir autrement qu'elles ne font ; mais ,
ajoute-t-il , il faut prendre garde que tout ce
qui paroît faux ne l'eft pas ; qu'il y a bien de
la différence entre la fiction & la fauffeté , Tune
imite & perfeftionne en quelque façon la nature ,
l'autre la gâte & la détruit entièrement. C'eft
dans ce même fentiment que Quintilien a dit
que les penfées ne dévoient être ni trop fré-
quentes ni viliblement faufles ; la vérité dans
les penfées les rend juftes ; de forte , ajoute le
même Père Bouhours, qu'une penfée jufte eft,
à parler proprement , une penfée vraie de tous
les cotez , & dans tous les jours qu'on la
regarde , l'exemple qu'il raporte de la jufteffe ,
nous en donne une idée bien fenfible , que je
ne dois pas oublier. C'eft l'épigramme d'Aufone
fur la mort de Didon.
Infellx Dido ! mdU bine nupta mariio ,
Hoc pereumc fugis , hoc fugknte péris.
Le Tradufteur repond à l'original:
Pauvre Didon , oà t'a réduite ,
De tes maris le trille fort !
L'un en mourant caufa ta fuite ,
L'autre en fuyant c:iufa ta mort.
Les penfées fimplesfont celles que l'on explique
en peu de mots , comme la mon n épargne per-
fonnt , mais elles font bien froides , & c'eft pour
la rendre plus vive qu'Horace a dit :
Pa'.ida mors aqtio piilfat paie
Pauperum tabernas , ngumque lurres.
Et Malherbe ,
Le pauvre en fa cabane, où le chaume le couvre ,
Eft fujet à fes loix ;
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N'en défend pas nos Rois.
Les penfées nobles attirent l'atention &
remplifl"ent l'imagination d'idées qui y reftent
empreintes pendant long-tems. Hermogcne a
a traité amplement de la hoblefl"e des penfées ,
dans fon premier livre de form. ch. 3. Il ne
fuffit pas , dit-il , que la penfée foit intelligible ,
jl faut qu'elle ait de la dignité & de la noblcffe;
car la clarté toute feule nous conduit infenfi-
blement dans le ftile froid ; la dignité du fujet
influe , félon ce Rhéteur , de la nobleffe à la
penfée.
On apelle penfées fortes celles qui font pleines
d'un grand fens & exprimées en peu de paroles ,
& qui d'abord produifent leur éfet : mais les
penfées agréables s'infinuent plus doucement
& Ians exciter Intérieurement aucune agitation ;
P E N.
il eft vrai , mais la perfuafion eft bien pIuS
chancelante quand elle naît de la force des
penfées qui nous arrachent nôtre confentement
malgré nous ; mais elles exigent un talent
particulier , qu'il eft dangereux de tenter ; car
tel veut faire l'agréable & le plaifant , qui fe
rend ridicule & impertinent ; la naïveté eft un
grand agrément dans les penfées ; Voiture Se
après lui le Chevalier de Cailly , ont plu par
leur naïveté, fur-tout le dernier. Il y a de la
naïveté dans ce Madrigal qui fut fait fur la
fortune d'un homme de mérite :
Elevé dans la Vertu ,
Et malheureux avec elle
Je difois , à quoi fers-tu ,
Pauvre & ftérile Vertu .*
Ta droiture & tout ton zèle
Tout compté , tout rabatu ,
Ne valent pas un fétu ;
Mais voïant que l'on couronne
Aujourd hui le grand Pomponne,
Aufli-tôt je me fuis tu :
A quelque chofe elle eft bonne.
Cet endroit de la Lettre de Voiture à M. le
Prince, n'eft pas moins naïf ni moins charmant.
C'eft injuftement que la vie
Fait le plus petit de vos foins ;
Dès qu'elle vous fera ravie ,
Vous en vaudrez la moitié moins ;
Soit Roi , foit Prince ou Conquérant;
On déchet beaucoup en mourant;
Ce refpeél , cette déférence ,
Cette foule qui fuit vos pas ,
Toute cette vaine aparence
Au tombeau ne vous fuivront pas;
Quoique vôtre efprit fe propofe
Quand vôtre courfe fera clofe ,
On vous abandonnera fort ;
Eh Seigneur , c'eft fort peu de chofe
Qu'un demi-Dieu , quand il eft mort.
Quant à la délicatefi'e des penfées , elle eft
de la nature des ces grâces & de ces agrémens ,
qui rendent les perfonnes charmantes ; on les
reffent , on en eft faifi : mais on ne fçauroit les
exprimer ni les peindre. Je dirai pourtant, après
le Pare Bouhours , qu'une penfée où il y a de
la dèlicatefl"e , a cela de propre , qu'elle eft
enfermée dans peu de paroles , & que le fens
qu'elle contient n'eft pas fi vifible ni fi marqué ;
il femble d'abord qu'elle le cache en partie ,
afin qu'on le cherche & qu'on le devine , ou
du moins elle le laiflTe feulement entrevoir pour
nous procurer le plaifir de le découvrir tout-à-
fait , quand nous avons de l'efprit , &g.
Les penfées ufées font celles que l'on a
répétées fouvent en parlant fur un même fujet,
dont plufieurs fe font fervis dans toutes les
ocafions où elles ont pu être placées ; le nombre
des penfées ufées eft grand , mais on en trouve
peu de neuves. On raifonne , on parle dépuis
fi long-tems fur tout ce que nous voïons & que
nous connoiflTons , qu'il eft prefque impoflible
de pcnfer quelque chofe qui échapé aux hommes :
mais la manière de les exprimer peut être Ci
ingénieufe & fi agréable que la penfée en paroît
neuve ou du moins peu commune.
Penfée ,f.f.\_ Senfus, mens. ] Prononcez panfée^
Ce mot fignifie Sentiment , Opinion , Créance ,
Dejjein. ( N'avoir aucune penfée de fon falut.
Paf'c. l. yf.. Serois-je fi malheureux que vous
ayez cette penfée de moi. Molière. Cette
conduite donna au Cardinal des penfées contre
la liberté de , &c. Mémoires de M. le Duc de la
Rochefoucauld. C'eft-là ma penfée. Les fécondes
penfées font fouvent les meilleures. )
Ptnfét.
P E M.
Penfêe. [ Sentent'ia. ] Ce mot fignifîe quelque-
fois, un beau Icntiment , une bonne réflexion.
( Il y a plufieurs belles penfées dans les écrits
de S. Auguftin, de Seneque , &c. Les penfées
de M. Pafcal. Une penfée ingénieufe. Il y a
dans ce difcours prefqu'autant de penfées que
de mots. )
Le Père Bouhours a fait un recueil Aes penfées
des Anciens & des Modernes , & c'eft de cet
ouvrage dont on a dit :
( Dans le recueil des penfées
Que vôtre main a ramaflees ,
Vous en ufez modeftement ;
Vous citez les ptnfcrs des autres
Sans avoir rien tiré des vôtres.
Que vous avez de Jugement !
Poète anonime, )
Penfée. Terme de Peinture , qui veut dire
Efquijfc. C'efl une première penfée, C'ell-à-dire ,
un deffein qui n'eft pas fini.
Penfée. [ Fiola tricolor. ] Sorte de fleur com-
pofée de cinq petites feiiilles , chacune defquelles
eft embellie de couleur de pourpre , de jaune
& de blanc. La penfée eft auffi une petite fleur
jaune ou violette fort jolie. ( Il y a des penfées
fauvages & des penfées cultivées. )
Y.^. penfée , qu'on nomme aufli Herba Trinitatis,
contient beaucoup de fel eflentiel & d'huile.
Elle eft déterfive , vulnéraire , pénétrante , fudo-
rifique. On s'en fert pour les ulcères des
poumons , pour les obftruftions de la matrice
& pour la gale.
Couleur de penfée. C'eft une forte de violet
tirant fur le pourpre.
Penfement. Vieux mot qui veut dire la même
chofe que penfée. \^Cogitatum. ]
J'ai vécu fans nul penfement /
Me laifTant aller doucement
A la bonne loi naturelle;
Et je m'étonne fort pourquoi
La mort daigna fonger à moi ,
Qui ne penTai jamais à elle.
Régnier. )
Pe N S E R ^ V. <z. &v.n. [Cogitare.] Prononcez
penfé. Faire réflexion fur une chofe. Avoir
quelque /7e«/.'i. Croire. Songer. (Je ne penfois
pas à faire un livre. Penfer à Dieu. Penfer à
la mort , à l'éternité , &c. Le mariage eft une
chofe à laquelle on doit penfer mûrement. Mol.
Je l'aime plus qu'on ne fçauroit penfer. Foit.
Penfez mieux à vous ménager. Foit.') Je pmfe ,
donc je fuis ; c'eft félon Defcartes , la première
& la plus certaine de toutes les véritez.
On dit ordinairement , que penfe:^-vous quand
vous ne penfez^ à rien.
(Si quelquefois à l'écart je médite i
Si Tircis dit que je ne penfe à rien ,'
Il a raifon, je penfe à fon mérite. )
Penfer. [ Arbitrari. ] Ce mot lignifiant croire
fe met avec l'infinitif fans particule. ( Il penfe
être habile homme , & il n'eft qu'un fot. Gomb. )
Penfer. [ Propius nikil faclum efl. Ce verbe ,
pour dire il s'en ejlpeufalu, ne veut point de
particule après lui. ( Ainfi on dit : Il a penfé
être tué , il a penfé mourir ; & jamais : penfé
de mourir , ni à mourir. J'ai penfé être étoufé
à la porte. Mol. Je m'embarque fur la même
mer , où j'ai penfé tant de fois abîmer. Foit. )
Sans y penfer. [Inconfultà , inopinacè.] C cil-
Tome III.
P E N. 97
à-dire , fans y prendre garde. ( Il l'a blcflTé fans
y penfer. ) Voïez Honni.
^3° Penfer en vous , ou penfer à vous , font
deux chofes diférentes. L'Auteur des Réflexions
fur l'ufage préfent de la Langue Françoife, & le P.
Bouhours ont remarqué également que penfef en
quelcun a un fens plus fort qwe penfer à quelcun ;
& le premier ajoute que penfer à vous eft une
penfée qui ne fait que pafl"er ; je penfe en vous ,
une penfée qui dure & dont on s'ocupe avec
complaifance. Le P. Bouhours , dans la fuite
de fes nouvelles Remarques convient qwe penfer
en vous, emporte amitié & tendrcfl'e; au lieu que
penfer à vous , n'emporte que civilité, honnêteté ,
générofité.
Penfer. Voiez Pencer.
Penfer , f. m. Mot qui n'eft ufîté qu'en vers l
& qui veut dire penfée.
( Vainement ofFufqué de fes penfers épais ,
Loin du trouble & du bruit il croit trouver la paix.
Defp.)
J'étoufferai dans mon ame
Tous les penfers qui nourriflbient ma flâme.
Voit, pc'éf.
Tu n'as ni penfer , ni defir ,
Qui tende à me faire plalfir.
Boifr. t. 1. Ep. 12.')
Pensif, Pensive, adj. \Cogitatione defixusy
cogitabundus.'\Vrononccz penjif. Qui fonge. Qui
rêve. ( Etre tout penfif. Elle eft toute penfive. )
Pension,/.'/. [ Pœdagogium. ] Prononcez:
panfîon. Une certaine fomme d'argent, ou d'autre
chofe de pareille valeur qu'on donne pour être
logé , nourri, & quelquefois enfeigné. (Païer
une bonne penfion. Se mettre en penfion. Etre
en penfion. On eft mal en penfion dans les
Collèges. )
Penfion. On apelle auflî /7«/2/«)/2 le lieu cil l'on
prend des penfionnaires. Un tel tient penfion i
la penfion d'un tel eft très-bonne.
Penfion. [Penjîo benefciaria.] Terme à'Eglifè.
C'eft une portion modique d'environ la troifiéme
partie du revenu d'un bénéfice , qui par une
autorité fupérieure eft affignée pour caufe &c
pouruntems à un Eccléfiaftique. (Les anciennes
penfions ne confiftoient qu'en des fonds dont on
laifl"oit l'ufufruit , aujourd'hui la penfion confifle
en argent. )
§3* Penfion fur un bénéfice. C'eft une doSrine
aprouvée par les Conciles , par les Ordonnances
de nos Rois & par l'ufage que les penfions fur
les Bénéfices font admifes , quand elles ont une
caufe légitime, & que le Pape les a autorifées.
Les Cardinaux Sadolet , Contaren , & Pierre
Théatin , aïant été afiemblez par Paul III. pour
favoir leur fentiment fur les abus qu'il fe
propofoit de faire condamner par le Concile
qu'il avoit defl"ein d'aflTembler , compoférent un
mémoire fuivant les intentions du Pape , dans
lequel , parlant des penfions fur les bénéfices ,
ils déclarèrent netement que l'on ne pouvoir
les tolérer que comme des aumônes faites à des
perfonnes indigentes , pour leur aider à fubfifter,
& que c'étoit un abus qui devoit être réformé ,
que d'acorder àes penfions fur des bénéfices à des
perfonnes qui peuvent fubfifter de leur propre
bien.
C'étoit fur ce même principe que les Pères
du Concile de Chalcedoine tenu en 451. avoient
acordé une penfion à Domnus , qui avoit été
depofl"édè du PatriarchatdeConftantin ople ,ùi
N
9 8 P E N.
les revenus de cette dignité , ;1 caufe de l'indi-
gence où il ctoit réduit , & afin que le caraftére
Epifcopal ne fut point flétri & avili. Mais il y
a long-tems que l'on a inventé d'autres raifons
pour établir une penfion fur un bénéfice ; la
facilité d'en obtenir la permiffion , la cupidité ,
qui n'a point de bornes , ont été les fources de
la licence qui régne dans l'Eglife. Loiiis XIV.
publia fur cette matière, au mois d'Oftobre 1 67 1 .
lin Edit par lequel il eft décidé qu'il ne feroit pas
permis de créer Aç.% pmfions , que jufques au tiers
du revenu folide d'un bénéfice ; que l'on ne pour-
roit fe réferver une pinfion , qu'après avoir fervi
le bénéfice pendant quinze ans , ou lorfque le
Bénéficier eft tombé dans une infirmité , qui le
rend incapable de fcrvice. On trouve dans les
mémoires du Concile de Trente recueillis par
M. Dupuy , une inftruftion de Charles IX. par
laquelle il demande au Concile de Trente l'abo-
lition des penjîons créées pour droits prétendus
fur un bénéfice : mais quoique le véritable efprit
de l'Eglife autorife cette abolition , & que le
prétexte de la paix ferve fouvent de prétexte
aparent , on a confervé ce moïen pour établir
une penjîon au profit de l'un des prétendans.
On croit de même que la réfignation peut fervir
de raifon pour fe conferver une partie du revenu,
dont on fe prive en faveur d'un autre , ce qui
ne peut être vrai que fous les conditions d'un
fervice de quinze ans , ou d'une incapacité de
fervice , à caufe des infirmitez furvenuës au
Bénéficier ; la permutation eft fufceptible , félon
notre jurifprudence, de la rétention à^unQpmJion,
quand il y a une inégalité dans le revenu des
bénéfices permutez. M, l'Abé Richard , fort
connu par fes ouvrages finguliers , a publié un
traité pour prouver que le Roi peut établir des
ftnfions fur les bénéfices de fa nomination.
Penfion. [ Régis vel Principis bencficium. ] Ce
qu'un Roi , Prince ou grand Seigneur donne à
quekun pour être dans fes intérêts. ( 11 a deux
mille écus de penfion du Roi d'Efpagne.
Ils croient qu'au moindre bruit de leurs produirions
lis doivent voir chez, eux voler les paifwns.
Molière. )
^3° Benferade perdit fa penfion par la mort
du Cardinal de Richelieu , & dans fon chagrin
il fit ainfi l'Epitaphe de ce Miniftre.
Ci çît, oui gît par la morbleu
Le Cardinal de Richelieu ,
Et ce qui caufe mon ennui ,
Ma penfion avecque lui. )
Pensionnaire , f. m. [ Qui penfionem annuam
dat ludimagi(lro.~\ VxononCQzpanfionnaire. Ce mot,
en parlant d'homme , eft mafcuUn. Celui qui paie
penfion pour être logé , nourri , & quelquefois
enfeigné. ( Un bon penfionnaire. Etre penfion-
naire dans un Collège. On l'apelle auffi en Latin
Conviclor. )
Penfionnaire , f. f. Celle qui païe penfion pour
être logée , nourrie , & quelquefois Inftruite.
( Avoir de petites penfionnaires. Elle eft penfion-
naires aux Urfulines. )
Penfionnaire. \_ In hencficiis principis delatus. ]
Celui ou celle qui rcqo'it penfion de quelque Grand
pour être dans fes intérêts. Ainfi on dit. ( Il eft
penfionnaire d'Efpagne , de France , &c.
Penfionnaire. On apelle en Hollande, Co/r/èiY/dr
Penfionnaire , le Miniftre d'Etat qui eftprincipa-i
lenient chargé des affaires de la République.
P E N.
P E P.
Pensum,/./». Sorte de punition qu'on donne
à un écolier.
Pentacrwstiche, ad/. [ Pentacrojliches. ]
Vers dilpofez , enforte qu'on y trouve cinq
acroftiches d'un nom en cinq divifions qu'on fait
après en chaque vers.
Pentagone,/ OT. [ Pentagonus. ] Terme de
Géométrie &C de Fortification. Mot Grec qui veut
dire une figure de cinq cotez & de cinq angles,
( C'eft un pentagone. )
Pentame'tre. Voiez Pantamétre.
Pe NT apaste,/ot. [ Pentapafius.1 Machine
à cinq poulies.
P ENTAT EU Q.U E. Ce fout Ics ciuq livrcs de
Moïfe qui font au commencement de la Bible ;
fçavoir la Genéfe , l'Exode , le Lévitique , les
Nombres , & le Deuteronome.
Pente. Voïez Pance.
Penture. Voiez Panture.
Pentecôte,/./. \_Fiflum Pentecofles!\ Prononcez
Pantecàte.yiot Grec qui veut dire le cinquantième
jour d'après Pâques , Fête qu'on célèbre dans
l'Eglife en mémoire de la décente du Saint-Efprit
furies Apôtres. (La Pentecôte eft pafl"ée. C'eft
demain la Pentecôte. )
Pentie're,// Efpéce de filet propre à
prendre des bécaffes & autre gibier.
Pénultième, adj. \_Penultimus.'\ Ce mot
eft Latin & fignifie preÇque le dernier. Le dernier
moins un. ( Il eft le pénultième de fa clafl'e. La
pénultième fylabe d'un mot, )
^^he Roi Henry IV. avant que de combatte
le Prince de Parme, écrivant à Gabrielle d'Eftrèes,
finit fa lettre par ces mots : Bien voiispuis-je affurtr
que fil je meurs , ma pénultième penfée fiera, à vous ,
& ma dernière fiera à Dieu.
Antépénultième. \_Antepenultimus.^ C'eft-à-dire,^
celui qui eft avant la pénultième , le dernier
moins deux,
P E o T E. [ Naviculd Dalmacica.] Petit vaiffeau
de Dalmatie.
P E P.
Pepastiq.ue. Médicament qui fait venir
à maturité les humeurs vitieufes , & les difpofe
à une bonne fupuration. On apelle auffi ces
Médicamens, Peptiques , du Grec wirrliKoç , conco-
quens , qui a la vertu de cuire & de mûrir ; du
verbe wtVTw , je cuis , je difpofe à maturité.
Pépie,//. [ Pellicula quœ Unguam vefiie. ]
maladie qui vient à la langue des oifeaux de
fauconnerie, parce qu'ils ont mangé de la chair
fale & puante. Voïez Tardif., Fauconnerie.
P EPI E , // Maladie qui vient fur le bout
de la langue des poules & de quelques oifeaux ,
& qui eft comme une petite peau blanche. (Oter
la pépie. Poule qui a la pépie. Arracher la pépie,
La pépie vient aux poules. )
j- * C'eft un petit bec qui na pas la pcpiel
[ Multiim garrula.l C'eft-à-dire , c'eft une petite
fille qui caufe bien.
^r Le P. Labbe dérive ce mot de pipire.
Les Efpagnols difent pipita , qui a été dit par
corruption au lieu de pituita , que l'on trouve en
cette fignification dans Palladius liv. i. cap. 27.
pituita his nafci folit , il parle des poules , quia
alla pellicula Unguam vefiit extrcmam. Columellt ,
cap. 3. l. $• de pituita. Pépie. Ménage.
P e'p I E R , V. n. [ Pipire. ] Ce mot fe dit des
l moineaux lorfqu'ils pouffent un cri naturel £c
PEP. PEQ.PER.
qui les diftingue des autres oii'eaux. (Le moineau
pépie. )
>^î^ Ce mot eu. ancien , il fignifie bégayer
comme les enfans. Villon.
Je fensmon cœur s'affoiblir
Et plus je ne puis pépier. )
P E p I N , / TO. [ Granum , Çetntn. ] Manière
de petit grain qui eft dans le cœur de certains
fruits comme dans le cœur des pommes & des
poires. ( Semer des pépins. On dit qu'un
Empereur s'étrangla avec un pépin. Un pépin
de raifm fit mourir le Poète Anacréon. )
Pépins. Morceaux d'or pur que l'on trouve
dans quelques mines du Chily & du Pérou.
Pe'piniere , f. f. \^Plant.irium , fcminarium. ]
Terme de Jardinier. Plants d'arbres fur une même
ligne , ou fur plufieurs pour être gréfez & levez
lorfqu'on en aura à faire. ( Faire une pépinière
de poiriers. (Faire une pépinière de pommiers.
Planter des pépinières. Entretenir des pépinières.
Elever une pépinière. )
( • L'Académie eft comme une pépinière d'où
le Barreau & la Chaire ne tirent pas moins
d'hommes que le ParnafTe. Vaug. Rem. Epître
dcdicatoire. On dit que la France eft une pépi-
nière de foldats.)
Pe'pinie'rigte , f. m. \^Surcularitis hortulanus.]
Terme de Jardinier. C'eft celui qui ne s'atache
qu'à élever des /»e/>/;22i;«5. (Il paffe pour un bon
pépiniérifte. Ce mot eft aufli adjeûif , & l'on
dit , c'eft. un Jardinier pépiniérifte. Quint, des
Jardins , préface. )
Pe'ple , f. m. Le Pépie étoit une robe longue,
ample & flotante, qui confiftoit en deux pièces
d'étofe féparées , l'une pour le devant , l'autre
pour le derrière. Chez les Grecs & chez les
Romains , le Pépie n'étoit guère propre qu'aux
femmes. Les hommes en portoient cependant
quelquefois. Le fond des pépies étoit blanc,
léger , & fait de bvjfus , qui étoit un lin très-fin ,
fort blanc & fort précieux. Il s'atachoit avec
des agrafes.
P e'p L I s. Efpéce de tlthimale que M. Tour-
nefort apelle Tithymalus maritimus folio aurito
obtufo , ] & qui naît au bord de la Mer. Il y a
encore une autre efpéce de tithimale apellée
Peplus.
P EP T 1 Ci.U E s. Voïez Pépajliqttes.
P E Q.
•J- Peq.ue. YoyczPecque.
P E R.
* Perçant, Perçante, adj. \^Âcer , acutus.'\
Ce mot , en parlant de froid , veut dire violent.
{ J'ai fouffert un hiver plus perçant que celui
de France. Voit. lett. 2j.]
* Perçant , perçante , adj. [ Promptus , acer. ]
Qui pénétre. Qui voit loin. ( Ei'prit perçant.
Yeux perçans. Voit. Voix perçante. )
Peiçant , perçante , adj. [ Tercbra , tcrebellum.'\
Qui fait un trou , & qui s'introduit dans un
autre corps. Les villebrequins & les forets font
des inftrumens perçans.)
Perce,/!/. [Dolium terebrare.] Il ne fe dit
qu'en cette façon de parler , mettre en perce , en
parlant de muid , c'eft-à-dire ,. le percer , & y
mettre une broche , pour en tirer du vin ou autre
liqueur. Yoicz Percer,
Tome III.
< P E R. 99
Perce', part. pajf. Ce qui eft tr o iic. [Perforatus,
transfoffus.
Percé , éclairé. Parlant d'un bâtiment où il y
a bien du jour. \^Lucidus,luminofus.'\ Ce château
eft bien percé. )
Percé. En terme de Blafon. Se dit des pièces
ouvertes à jour qu'on apelle aufîi ajourées.
Perce-JÎosse , /. / \Lyfimachiai\ Plante dont
les feiiilles reffemblent à celles du faule. Elle
eft aftringente & vulnéraire. On s'en fert pour
l'hèmmorragie , pour netteier & confolider
les plaies.
Percechausse'e , f.m. Sorte d'infefte, qui
perce quelquefois une chauffée de part en part.
Perceffuille ,f.f. \Bublcurum vulgatijjlmum^
Plante qui pouffe une tige à la hauteur d'un
pié & demi , & dont les fleurs font en parefol
& de couleur jaune.
C? Percefe'uilk. C'eft une plante dont la tige
paffe par le milieu de la feiiille^.
L?ipercefeiiille contient beaucoupBe fel effentiel
& d'huile. Elle eft dèterfive , vulnéraire & deffi-
cative. Sa femence eft bonne prife intérieure-
ment, contre la piqueure des ferpens.
Perceinte,/;/ [ Pr£cincius. ] Terme de
Marine. Ce font des rebords de cordons , ou
de bandes de bois qui régnent en dehors le long
des bordages d'un vaiffeau qui fervent à la liaifon
du tillac.
P E R G E-L E T T R E ,y; m. [Scalpellus epiJlolaris.'\
Petit inftrument d'acier dont on fe fert pour
percer les lettres. ( Un perce-lettre bien fait.)
On ne s'en fert prefque point aujourd'hui.
Perce-foret , y; m. On apelle ainft dans le
ftile familier , un chaffeur déterminé. ( C'eft
un perce-forêt. )
P E R c E - N e'g E , /!/. [ Narcifloleucoium. ] Fleur
fort blanche qui vient durant l'hiver.
Perce- MOUSSE, y;/; Plante qui croît dans
les bois & ailleurs , entre la mouffe des vieux
arbres , dont les feuilles font auffi déliées que
les cheveux.
Perce-oreille.// [^Auricularia.l Sorte d'infefte
qui pique l'oreille & la gâte. L:i perce-oreille eft
auffi un autre petit infeûe qui naît dans les
jardins &c dans les fleurs & à plufieurs plantes ,
& leur fait tort. La perce - oreille fe prend à la
main ou avec de petits cornets de papier.
Percepier , ou Porchepier. Efpéce de pié de
Lion qui croît dans les champs & fur les
montagnes. Elle a un goût un peu acre , avec
quelque amertume. Elle contient beaucoup da,
fel effentiel & d'htiile. Elle eft apéritive & bonne
contre le fcorbut.
Perce-pif.rre , f f [ Crithmium , faxifraga. ]
Sorte d'herbe qu'on mange en falade confite dans
le vinaigre. On appelle autrement cette herbe :
Pûjje-pierre , Bacille , C rijle marine , Fenouil marin,
ou herbe de Saint-Pierre.
Perception ., ff- \Mentis perceptio .] Ter me
de Philofophie. C'eft l'aftion de connoître ôc
d'apercevoir par l'efprit & par les fens. La per-
ception , ou la vùë & la connoiffance des choies
fe forme , pour l'ordinaire , du concours de deux
actions ; l'une , de la part de l'objet , & qui
n'eft autre chofe que l'impreflîon que cet objet
fait fur nous; l'autre , de la part de l'efprit , 6c
qui eft proprement un regard de l'ame fur l'objet
qu'elle veut connoître.
Perception,]', f. [Jus percipiendifruclus. ] Terme
de Palais. Il fignifie récolte. ( La perception des
fruits d'une terre, d'un bénéfice, &c.
N ij
,oo P E R.
PERcîrTiBLF. , adj. Qui peut être vu. On ne
le dit guère qu'avec négative. (Cela n'eft point
perceptible. Cela n'eft prefque pas perceptible.)
Percer, v. a. \_Pcrforure ,penirchrare.'\ Troilcr.
Faire un trou à quelque chofe. ( Percer un ais.
Percer à jour. )
On dit anSx percer une muraille. [Murum perfo-
rare. ] C'eft-à-dire , y faire quelque ouverture.
Percer un bâtiment. [ JE,dibits indcre feneflras. ]
C'eft y faire des ouvertures pour lui donner du
jour. (Une maifon bien percée.)
Percer à jour. [Transfodcre , transfigsre.'] C'eft-
à-dire, de part en part, d'un côté à l'autre.
Percer d'un coup d'épée. Percer d'un coup de
lance. C'eft bleffer de telle forte avec une lance ,
ou une épée que le coup pénétre dans le corps.
( Le mulet en fe défendant
Se fent percer de coups , il gémit , il fouplre.
ij Font. )
On dit auîfi , ce foldat fut tout perd de traits.
Le navire fut tout perce de coups de canon.
Percer une apoftume , un abcès , ôcc. [Fomicam
fecare. ]
Percer. [Dolia terebrare.'\ Ce mot fe dit en
parlant de muid , de vin , de bierre , de vinaigre,
6cc. C'eft mettre en perce. (Percer un muid de
vin, une pièce de vinaigre. Percer un muid de
bierre, de cidre. Percer du vin. )
Percer. [ Tranfmittere. ] Ce mot fe dit de la
pluie & de la violence des vents , & fignifie
pénétrer. (La pluie a percé mon chapeau.
Il foufloit un vent de bife
Qui perçoit jufqu'à la chcmife.
Voit, po'éf. )
Percer, v. n. \_Nafci , onV/.] Ce mot fe dit des
dents qui commencent à venir aux enfans. (Les
dents commencent à percer à cet enfant. C'eft-
à-dire , commencent à fortir des mâchoires. )
Percer. [ Altiks rimari. ] Prévoir. Pénétrer.
( Que j'en vols de belles conféquences , je perce
dans les fuites.
C'eft-!à que de plus près obfervant la Nature
Je perce les replis de la fcience obfcure.
Rcc. del'Acdd.l.r.)
Percer. Terme de Chaffe. C'eft lors qu'une bête
tire de long , & s'en va fans s'arrêter étant
chafl"ée. Le mot de percer fe dit aufll lorfque le
piqueur perce dans le fort. Sal.
On dit au même fcns percer les efcadrons des
ennemis. [Per medios kojles pcrrumpcre.]
Percer , v. a. Terme de Jardinier. Percer une
couche. C'eft avec un bâton pointu y faire des
trous exprès pour y femer quelque graine.
Percer , fe dit aufli des voïagcurs qui entrent
bien avant dans le pais, [Regioncm pcnctrare.]
Chriftofle Colomb eft le voïageur qui a percé
plus avant dans les terres auftrales.
* Percer de douleur. [ Dolore animumfodicare.']
C'eft au figuré , caufer une vive douleur & qui
pénétre jufqu'au cœur.
(Perd jufques an fond du cœur
D'une atteinte imprévue aufli bien que mortelle.
Corn.Cid.a. i. )
* C'ejî un panier percé. C'eft-à.dire , un homme
qui dépenfe tout ce qu'il a , & qui ne fçauroit
garder d'argent.
* // efl bas percé. [ Paritm admodum hahet in
loculis. ] C'eft - à - dire , il n'a guère d'argent.
Voïez Panier. Voïcz Crible.
PER,
^^ Percer i, ce verbe doit être fuivi de quel-
que chofe , car tout feul , il ne forme aucune
idée. M. Defpréaux , Sat. XI. a dit :
Mais quelque fol efpoir dont leur orgueil les berce
Bientôt on les connolt &. la vérité perce.
Cela veut dire que la vérité fe montre , &
qu'elle diffipe les ténèbres dont l'^mour-propre
nous aveugle.
Le naturel toujours fort ôt fçait fe montrer.
Vainement on l'arrête , on le force à rentrer ;
11 rompt tout , perce tout & trouve enfin paffage. )
Percer, fe dit aufti au figuré pour parvenir i
fc faire connaître. ( Son mérite a été long-tems
retenu dans l'obfcurité , mais enfin il a percé.
Cet Auteur aura de la peine à percer. )
Perceur,/! /w. [ Perforator. ] Terme de
Mer. On apelle ainfi ceux dont le métier eft de
percer les navires pour les cheviller. Acad. Fr.
Percevoir, v. a. [ Percipere. ] Terme de
Palais. Recevoir , ou recueillir quelques fruits
& quelques revenus. ( Ce font des fruits qu'il
a perçus, les autres font encore à percevoir.)
On s'eft fervi du même mot pour fignifier apren-
dre , comprendre. Mais on a tort , ce mot ne fe
dit point en ce fens.
Perchant , / m. [lnfidens.'\ Terme A^Oifelier.
Oifeau que l'oifelier attache par le pié , & qui
voltige autour du lieu où il eft attaché pour y
faire venir les autres oifeaux , & donner ocafion
à l'oifelier de les atraper.
P[erch E , y. /! [Pertica menforia.] "Lz pcrch.£
eft une mefure diférente , félon les lieux. U y
en a de vingt pies , d'autres en ont moins. Mais
la véritable longueur doit être de trois toifes
ou de dix-huit pies , mefure du Châtelet de Paris.
Voïez l'Ecole des Arpenteurs , p. z6. &C le Traité
de r Arpentage ,/7.J 6". imprimé à Roiien en 171 4.
Mefurer à la perche. ( La perche eft aufli un
morceau de bois gros comme le bras , ou plus ,
plané ordinairement , & long de fept ou huit
pies , & quelquefois davantage , pour étendre
du linge, &c. \^Pertica , longurius.]
^^ Les Romains fe fervoient de la perche
pour partager les terres , dans l'établiffement
des nouvelles colonies , ou lorfqu'après avoir
chaffé les anciens habitans d'une contrée dont
ils s'étoient rendus maîtres , ils vendoient à
l'enchère les terres après en avoir fait la divifion.
Properce apelle ce partage trijîis pertica , avec
raifon , puifque les anciens propriétaires fe
voïoient dèpoiiillés de leurs biens.
Njm tua ciim mullis verfarcm arva juvenci
AhftuUt excultas pertica triflis opes .
^3" Le mot pertica fignifioit non-feulcmcnt ce
bâton long de dix pies dont on mefuroit les
terres , mais encore le fonds mefure & confiné ,
comme nous l'aprenons de Siculus Flaccus , de
Frontin & de plufieurs autres que Gœfius a
recueillis & qu'il a expliqué par des notes très-
néceffaircs pour leur intelligence. Ragueau a
remarqué dans fon indice au mot Arpent , qu'au
pais du Perche l'arpent doit contenir ceM perches,
c\\ZQ\inc perche vingt - quatre pies', & chacun
pié treize pouces.
Perche . En Architeflure Gothique , on apelle
perche certains piliers fort menus & fort hauts,
joints cnfemble au nombre de cinq ou fix , &:
P E R.
qui fe courbent par le haut pour former les
arcs & les nervures qui retiennent les pendentifs.
Ces petites colonnes déliées font en effet fort
femblables à des pirches.
Perche. [ Perça. J Sorte de poilTon de lac &
«le rivière , qui a la bouche petite & fans dents ,
le corps large & aplati , couvert de petites
écailles , avec deux nageoires au dos , deux
auprès des ouïes , deux au ventre , & une auprès
du trou des excrémens. (La perche ell fort bonne.
Il y a aufli des perches de Mer. )
Perche. \Cornu cervinifcapus.] Terme de CUaJfe.
On apelle perches les deux grolTes tiges du bois
ou de la tête du cerf , du dain , ou du chevreiiil ,
où font attachez les andoiiillers. ( Quand le cerf
entre en fa féconde année , il poulie deux petites
perches , & en fa troifiéme année , les perches
qu'il pouffe font femées d'andoiiillers. Sal. c.23.)
Perche. ( Contiis. ] Terme de Batelier. C'eft le
croc avec lequel il conduit fon bateau.
On dit d'une femme grande & d'une taille
rnauffade, que c'eft une grande perche. [Longurio.^
On dit aufli ,/e battre à /a perche , quand on ne
fe fait pas grand mal.
Perche', adj. [ Sidens, ] Oifeau perché.
(Maître Corbeau , fur un arbre perché,
Tenoit en ion bec uiAVomage.
Xj Font. )
Perché eft auffi un terme de Blafon , qui fe dit
d'un oifeau peint fur une perche. ( Il porte d'azur
à l'épervier perché & grilleté d'argent. )
Se percher , v.r. [ Sidère. ] Ce mot fe dit pro-
prement des oifeaux , & veut dire s'ajioir.
( Un aigle fe vint percher fiur le joug du chariot.
u4l>L Arr. 1.2. ch.z.
Ils fe venoient percher fur la Ville ,
OU pour lors étoit Bouteville.
Vo'n.po'if. )
V ■EKCHis ,f.m. [ Septum ex longuriis.'\ Terme
de Jardinier. C'eft une clôture qui fe fait avec
des perches , dont les unes font fichées un demi
pié avant dans la terre , & efpacées d'environ
huit à neuf pouces , & les autres mifes en
travers à la même dillance. ( On ne peut entrer
dans un endroit oii l'on a fait un bon perchis.)
FERCHFOirv.,y^y. \Tyanfverfum cavcaiveruculum.]
Terme à'OiJ'elier. C'eft le bâton de la cage où
fe perche l'oifeau. ( Le percheoir de cette cage
eft rompu. Il faut mettre un percheoir à cette
cage.)
Perclus, Perclue, aJJ. \AIembris captus ,
membris inirs?\ Etre perclus de fcs membres. C'eft-
à-dire , ne fe pouvoir aider de fes membres.
Elle e(l perdue d'un bras. C'eftà-dire , elle a
perdu l'ufage d'un de fes bras. On ditauffi
pcrclufc au féminin.
•{• * Tout faux dévot a le cerveau perclus. [ Hebes
tjl illi ingenium. ] C'eft-à-dire , tout faux dévot
eft fou. Ë>ejp. Satire ^.
Perçoir, f. m. [ Tcrebella. ] Terme de
Tonnelier & de Vinaigrier. C'eft une efpéce de
forêt dont on fe fert pour percer les pièces de
vinaigre & les muids de vin. ( Perçoir perdu.)
Quelques-uns û\ïtnt perçoire ,f.f. Les Serruriers
ont des perçoirs pour forer les clefs ; & les
Armuriers fe fervent aufîi de perçoirs pour forer
les canons des armes à feu.
PpRcolirR r. , y!/; Outil dont fe fervent les
Serruriers , Taillandiers , Maréchaux , & autres
ouvriers qui travaillent les métaux , &C parti-
culièrement le fer.
P E R. loi
Percussion, //. [ Percuffio. ] Terme de
Phyfique. Impreffion d'un corps qui en frape un
autre , ou qui tombe fur un autre. (Mouvement
de percufllon. La percuffion de l'air. Il faut
conlidérer la force de la percufllon & de la
répei-cuflîon. On dit un infirument de la percuffion ,
c'eft-à-dire, un corps qui fait du bruit, & rend
un fon fenliblc lorfqu'il eft frapé. Les cloches
font les plus excellens inftrumens de percuffion.
Merf. l. y.)
Perdant, yiw. [ Jacluram faciens. ] Qui
perd au jeu. (Monfieur eft un des perdans. Les
gagnans & les perdans. )
Perdition,// [ Perditio , amiffio. ] Ce
mot ne trouve ordinairement fa place que dans
des difcours de piété , ou en parlant le langage
de l'Ecriture. ( Dieu met au jour cet ouvrage
de perdition & de ténèbres. Patru , plaidoïé 3.
Retirer quelqu'un du chemin de perdition. )
Prononcez perdicion.
Pers-je. [ Perdam-ne. ] Impératif du verbe
perdre , à la première perfonne. M. Fléchier
croit qu'il faut dire , perdé-je. Vaugelas eft pour
pers-je. ( Loiiis XIV. dit un jour : Depuis fix
ans que j'ai tant d'ennemis fur les bras , pà-s-je '
un feul pouce de terre ? ) Voïez lu lettre de
Bourfault à AI. Fléchier , Evéque de Nifmes. Le
mieux eft d'éviter ces façons de parler qui ne
font pas décidées. .
Perdre, v. a. [ Perdere , amittere , jacluram
facere. ] Je perds , j^ai perdu , je perdis. Faire une
perte de quelque chofe. ( Perdre fon argent.
Perdre fon bien. Il a perdu beaucoup de fang.
Perdre la vie. Perdre fa caufe , fon procès.)
Perdre la bataille. [ Prcelium adverfum facere. ]
C'eft être vaincu. On dit aulîî perdre l'efprit ,
[ Rationem obruere , ] la mémoire , la connoif-
fance , la vûë, &c. (Il a perdu fon père, fa
mère , &c. c'eft-à-dire , qu'ils font morts.
Infortuné joueur il perdra tous fes biens
Qu'un contrat malheureux confond avec les tiens.
Aul. anon. )
* Vous ne fçauriez me perdre , quelque
négligence que vous aïez pour moi. C'eft-à-dire,
je vous aimerai & vous eftimerai toujours ,
quoique vous me négligiez fort. Voit. l. ly.
* Perdre. Dilîîper. Confumer. Emploi'er mal.
( Perdre fon tems. Perdre fa peine. Abiancourt.
Perdre fes pas. Voit.^
* Perdre. [ Aliquem pejfumdare. ] Ruiner.
Décrier. Oter l'honneur. ( Perdre quelqu'un.
Pafc. l.J. Si Narciffe ne fe fût hâté de perdre
Meffaline , Meffaline le perdoit liîi-même. Abl.
Tac. An. l. zi. Il ne fe foucioit pas de la perdre.
Aimez , mais d'un amour couvert
Qui ne foit jamais fans mlflére :
Ce n'eft pas l'amour qui vous perd
C'eft la manière Àe le faire.
Le Comte deBujfy. )
* Perdre, [Depravare, corrumperc-l Débaucher,
Mettre dans le dcfordre. (Heureux celui qui ne
hante point les impies, car ils perdent les gens.)
* Perdre. [Aberrare.] Egarer. (Perdre un homme
dans les bois. )
* Perdre de vue. [ Confpeclu amittere.] C'eft-à-
dire, ne voir plus. (A tous coups ils me perdoient
de vûë , & m'envoïoient plus haut que les aigles.
Voit. l. g.
* On le perd de vue. [ Ventofa verba profert. ]
Ces mots fe difent de certains Auteurs qui
rot ^, ^ ^- ,
s'élèvent tellement on écrivant , qu'on ne fçait
où ils vont , qu'on ne voit plus la fuite de leurs
diicours.
Perdre U goût des belles chofes. \^Prœctaris rébus
non ampli us capi.'\ * Les idées Je perdent. \Delentur
idées.] C'eft-à-dire , s'éfacent de la mémoire.
* Le mouvement ne fe perd point dans le
monde , mais il fe communique. [ Scmper manet
tadem motûs intnjiua.]
Il y a plufieurs proverbes fur le mot perdre.
Qui perd pèche. Qui quitte la partie la perd.
Qui quitte fa place la perd. A laver la tête d'un
âne on perd i'a lefiive. Marchand qui perd ne
peut rire. Qui perd fon bien perd ion lang. Il ne
faut pas \z\iKt.x perdre les bonnes coutumes. Au
figuré , en chofes fpirituelles & morales. Perdre
fon ame. \^ Animam perdert.\ C'eft fe damner,
perdre l'état de grâce. \^EJfutu gr.ttiœ decidere. ]
C'eft en décheoir. Il vaudroit mieux fe perdre
gaiement par la galanterie, que de le/)frif/-£ par
l'orgueil, & par l'envie ou le chagrin , qui acom-
pagnent la dévotion. La Bruyère. Coi.ibien de
femmes que les aparences feules ont perdues dans
le monde. H. S. de M. La cliafteté fe perd dès
qu'on confent de la perdre , &c.
Se perdre , v. r. [Eiabi.'j Ce mot fe dit des
chofes dont on fait perte. ( Le bien fe perd ,
l'argent fe perd aifément. Les Dames fe gagnent
par les voies que nous fommes gagnez , & fe
perdent de même. Le Chev. de Meré , pr, "^onv.)
Se perdre. [ Aiifugere. ] Se difliper. (Les belles
connoiffances fe perdent avec l'âge.)
Se perdre. [^Itinerc deerrare.'j S'égarer. ( On fe
perd fouvent dans les rues de Paris.)
* Se perdre dans/es raifonnemens. \_Evanefcerein
argumentis.] C'efi s'égarer dans fes raifonnemens.
* C'efi un homme qui fe perd. [Sibi exitio eff.]
C'eft-à-dire, qui fe débauche, qui fe ruine, ou
qui tient une mauvaife conduite.
Perdre cœur , ou le cœur. M. Godeau a dit dans
«ne Ode à Loiiis XIII.
L'Efpagne autrefois redoutable
A ton abord perdit le cœur.
P E R D R E A U , /. OT. [Perdtcis pullus.] C'eft le
petit de h perdrix. ( Ces perdreaux font dodus ,
ce n'eft que peloton de graiffe.
Sans l'état malheureux où les dateurs l'ont mis ,
Feroit grâce aux perdreaux , & peUr aux ennemis.
BourJ. Efop.)
PerdrigoNjT^ '''• {.Prunum Lbericum.] C'eft
une forte de prune noire , violete ou blanche.
(Voilà de l'excellent perdrigon.Perdrigon violet.)
P t R D R I X . y; /. [Perdtx.] Oifeau qui ne fe
perche jamais fur aucun arbre, &c qui cft fort
bon à manger. ( Il y a des perdrix blanches ,
des rouges , & des grifcs qui font celles qu'on
voit ordinairement. La perdrix grife eft plus
petite que la rouge. Mais la rouge eft la plus
belle de toutes; elle eft agréablement marquetée,
& elle a le bec & les pies rouges. On conte
que la femelle de la perdrix pond fes œufs en
deux endroits , que le mâle en couve une partie,
& la femelle l'autre. Bel. l. S. Une perdrix mâle.
Une perdrix femelle. Une bonne perdrix eft un
excellent manger. Les vieilles perdrix font
admirables au pot.
Dans le verger couroit une perdrix privée ,
Et par de tendres foins dès l'enfance élevée.
* Perdrix-fumet. Voïez Fumet.
La Font. )
P E R.
Perdu, Perdue, adj. [Deperdieus, amiffus.]
Chofe dont on a fait perte. ( Argent perdu.
Ocafion perdue. Tems perdu.)
* Fille perdue. [ Filia luxu & venereis perdita.'\
C'eft-à-dire, débauchée, proftituée. (Leurs
maximes ne vont qu'à favorifer les femmes
perdues. Pafc. l. 8-)
* C'efl un perdu. \_Famd expers.] C'eft-à-dire,'
un débauché.
* En/ans perdus. [ f^elites. ] Voïez En/ans.
E n fans perdus , que l'on a voit autrefois dans
les armées , & que l'on ne connoît plus. Voïez
M. Ménage, origine de langue, &c. Fonds perdu.
Mettre fon argent à fonds perdu , c'eft-à-dire ,
le placer de telle forte qu'on fe dépoiiille
entièrement du fonds & qu'on ne fe réferve
que le revenu fa vie durant. Heures perdues.
Les heures du loifir d'un homme qui eft ordi-
nairement fort ocupé. Je vous prie de travailler
à cela à vos heures perdues.
f Peke, f. m. [Paier.] Ce mot fe dit pro-
prement des hommes. C'eft celui qui a engendré.
C'eft celui qui a des enfans.
Je veux feulement par manière d'acquit
Tâcher à vous faire comprendre
Qu'il n'eft pas toujours fur qu'on ait l'heur de defcendre
Du p&c Çie la mère dit.
Bourf. Phiiiion. )
Pén putatif. C'eft celui pafle pour père bien
que quelquefois il ne le foit pas.
Père de famille. [ Paterf ami lias. ] C'eft celui
qui a femme & enfans. ( Etre père de famille. )
Beau-père , f. m. \Socer. Vitricus.] C'eft le mari
de la femme qui eft notre mère. C'eft auflî le
père de la femme que l'on a époufée. ( \Ja
méchant beau-pére.)
Grand-père , f m. [ Avus. ] Le père de celui
ou de celle qui font notre père , ou notre mère.
( Son grand - père eft riche. * Homère eft le
père des Poètes. [ Poctarum parens. ] Abl. )
* Père. [ Pater , Doclor. ] Titre qu'on donne
à certains Ecrivains Ecclélïaftiques, très-diftin-
guez par leur dodrine , & prefque tous aufti
par leur fainteté , qui ont écrit fur diverfes
matières de religion. ( Les Pères Grecs. Les
Pères Latins. )
* Père. [Reverendus Pater."] Titre qu'on donne
aux Religieux qui font Prêtres.
Le Père Correcteur. [ Pater Correclor. ] C'eft le
Supérieur d'un Couvent de Minimes.
Le Père Miniflre. [ Pater Minifier. ] C'eft le
Supérieur d'un Couvent de Mathurins,
Le Père Recleur. {Pater Re^or. ] C'eft le Supé-
rieur d'un Couvent de Jéfuites.
Le Père Gardien. [Pater Cuf os.] C'eft le Supé-
rieiu- des Capucins , des Récolets , & des
Cordeliers.
Le Père Maître. [Candidatorum Prœfecîus.] C'eft
le maître des Novices des Capucins.
Le Père Temporel. [ Reclor peculii Monacho-
rum.] C'eft une pcrfonne féculiére déléguée du
Pape pour manier les aumônes qu'on fait aux
Capucins.
Nos Pères. [Majores."] Ce font nos majeurs.
Ceux qui nous ont précédé. ^ C'étoit la coutume
de nos pères. U ne faut pas toujours fuivre
l'exemple de nos pères. Du tems de nos pères.)
En vain vous votK couvrez des vertus de vos pères.
Ce ne font à mes yeux que d<: vaines chimères.
Vefp.)
P E R.
Pércs de l'Oratoire. [ Sacerdotes Oratorli. ] Ce
font des Eccléfiaftiques qui ne font liez d'aucun
vœu, qui font habillez de noir comme des Prêtres
fëculiers , & qui vivent fous un Général & des
Supérieurs particuliers. Ils furent premièrement
fondez en Italie en 1550. par S.Philipede Néri
Florentin, & approuvés duPape en i ^yô.Enfuite,
à l'exemple de S. Philipe de Néri , le Cardinal
de Bérule les fonda à Paris en 16 11. le jour
de S. Martin , & le Pape Paul V. confirma la
fondation du Cardinal de Bérule en 1613.
•j* * C'eft un /»(//-« aux écus. [ Bene nummatus ejl. ]
C'eft - à - dire , un homme riche , & qui a de
l'argent.
^^^ Pires confcrlpts. Brutus fut créé Conful ,
après l'expulfion des Tarquins , il apella dans le
Sénat des Chevaliers que l'on nomma Patres
confcripti , parce qu'ils furent ajoutez dans le
catalogue des Sénateurs ; & dans la fuite tous
les Sénateurs furent aufli apellez Patres confcripti.
ydiez Fenejïella , c. i.
Pérégrination, yiy^ [ Peregrinatio. ]
Voïage fait en pais éloignez. On dit , faire de
longues pérégrinations.
Perelle , f. f. Terre féche en petites écailles
grifes , qu'on ramafie fur les rochers en Auver-
gne, Elle entre dans la compofition de l'orfeil ,
qui eft le tournefol en pâte , ou en pierre. Cette
pâte eft compofée avec du fruit de V Heliotropium
trioccum , de laperelle , de la chaux & de l'urine.
Sa couleur eft bleue. Les Teinturiers s'en fervent.
Péremption d'instance, f.f. Intercita
'& obfoleta aciio.l, Ce mot vient du Latin, peremptio.
Prononcez peramption. Il n'eft en iifage que
dans la pratique. La péremption d'injlance a été
établie par la Loi properandum , cod. de judic.
fuivant laquelle tous les procès criminels doivent
être terminez dans deux ans , & les procès civils
dans trois ans , à conter du jour de la contef-
tation en caufe. Cette loi a toujours été fuivie
en France. Voiez les Oeuvres d'Auianet , les
Quejlions de Droit de Bretonnier,&Cc. JeanMenelet,
ancien Avocat au Parlement de Dijon , a fait
un Traité des péremptions des injlances , qui eft
eftimé.
Peremptoire , adj. [Peremptorius , certijfjlmus.']
Terme de pratique. Décifif. (Une raifon peremp-
toire. Une exception peremptoire porte la déci-
fion de la caufe, )
■{•Peremptcirement. adv. \Peremptorih.'\
D'une manière peremptoire & décifive. Définiti-
vement, ( La prefcription a été aquife péremp-
toirement. )
Pereection, f.f. [ Perfeciio , confummatio."]
Ce qu'il y a de plus parfait en quelque chofe.
Achèvement parfait. Acompliffement entier &
parfait. Excellent. fAteindre' à la perfeftion. Abl.
Il eft intéreffé en la perfeûion de la langue. M.
Benferade , Compliment à M. de Mefme. Aprocher
de la perfedion. Le Chevalier de Meré , Converf.
Aquérir la perfeftion. Aviver à la perfedion.
Abl. Tendre à la perfcftion. Abl. Porter une
chofe au plus haut degré de perfeftion.
Je les aime encore mieux qu'une bigote altiére ,
Qui dans fon fol orgueil aveugle & fans lumière ,
A peine fur le feiiil de la dévotion ,
Penfe atteindre au fommet de la perfeSiion.
Defp. )
Perficlions. [EximicE dotes, virtutes.] Au pluriel,
il fe dit de l'affemblage de toutes fortes de
bonnes qualitez. (Il a toutes les perfeûions
qu'on fçauroit fouhaiter.
P E R. 103
Quand vous verrez mon père , apuîez fortement
Sur [apetfcBions de mon premier amant.
Bourf. Efop.)
En perfeclion. Façon de parler adverbiale J
qui ûgniRe parfaitement. (Travailler en perfeûion,
Danfer en perfeftion. Joiier des inftrumens ea
perfedion.) On dit auffi , dans le ftile familier ,
a la perfeclion.
Perfectionner, v. a. [Perfcere , abfolvere.^
Rendre plus parfait & plus acompli. ( La fin
de l'hiftoire eft de perfeftionner la vie civile.
Flich. Préface fur la vie de Commendon. )
Se perfectionner , v. r. [ Excoli , perfici. ] Se
rendre plus parfait. ( On ne fe perfedionne que
bien peu , à moins que d'être aidé par un ami
intelligent & fincére , ou du moins qu'on ne
s'obferve foi-même , & bien févérement. Le.
Chev. de Meré. )
Perfide, adj. [ Perfidus , infidus. ] Déloïal.'
Qui eft fans foi. (Le Seigneur du Clérat , de
Vienne en Daufiné , aflure que les Daufinois
font perfides , qu'ils ont l'ame noire & le corps
blanc , du Clérat raifonne mal de juger des gens
de fon pais par lui-même.
Une ame généreufe , & que la vertu guide i
Fuit la honte des noms d'ingrat, & de perfide.
Cari
Fuïez ces faux amis, dont la bouche timide
N'a pour tous les abfens qu'un filence perfide.
Vill.
Perfide , fe dit auffi des chofes. ( Un tout'
perfide , un adion perfide , de perfides fermens.'
Perfide , eft auffi fiibfiantif. Un perfide : une
perfide. ( C'eft un perfide : c'eft une perfide. )
Je lui donne ma fille, & tout le bien que j'ai.
Et dans le même temSj \e perfide , l'infàitie ,
Tente le noir deiTein de fuborner ma femme.
Mol.)
Perfidement, adv. \_ Perfidiosl.'\ Avec
perfidie. ( Il l'a perfidement trahi. Il en ufe
perfidement. )
Perfidie ,f.f. [Perfidia, proditio.] Déloïauté.'
( Une perfidie infigne. Il m'a fait une perfidie. )
C'eft le coup , fcélérat , par où tu m'expédies ,
Et voilà couronner toutes tes perfidies.
Mol.)
Perfoli AT A ,y]y] [^Perfoliatum.l Plante qui
eft une efpéce de parcefeiiille , & qui eft bonne
pour les plaies , pour les fradures , pour les
hernies.
Pergole's E, y^/. Sorte de raifin.'
Pergoute , ff Sorte de fleur blanche qui
a quelque chofe de la marguerite. (Une jolie
pergoute. )
Péri. Terme de Blafon. Ondit/«r/ en bande,
en barre , en fautoir , de ce qui eft mis dans le
fens de ces diférentes pièces. ( Au bâton de
gueules péri en bande. Acad. Fr.
Péricarde,/ OT. Terme à^Anatomie. Mot
qai vient du Grec & qui veut dire une mem-
brane qui envelope le cœur. ( La figure du
péricarde reffemble à celle du cœur. )
tPrRicARPE,/OT. Mot Grec , qui eft un
terme de Botanique , & qui fe dit d'une pellicule,
ou membrane qui envelope la graine de quelque
plante.
■|- Péricliter, v. n, [Periclitari.] Ce mot
I04
P E R.
fignifie courir quelque hazard , mais il ne fe dit
communément qu'en terme de Palais , ou dans
le flile fimple. { On périclite fort. Benf. Rond.
pag. J73-)
■\ P£RicRANE,yi/7j. [ Pericranium.] Terme
à'Anatomic. Membrane qui environne le crâne.
Peridot,/;77. Sorte de pierre précieufe
qui n'eft pas fort confidérable , qui tire fur une
couleur qui tient du vert & qui fe trouve grande
& nette. ( Le péridot eft dificile à tailler , &
fon ufage eft rare. )
Péridot, f. m. Pierre de couleur verte : le
pîridot eft d'unverd jaunâtre , ou verd-canard :
il eft très-vrai femblable que c'eft \z Chryfoprafe
de Pline , qui fuivant la defcription qu'il en fait ,
étoit pareillement d'un verd doré tirant fur le
verd d'un poreau. Quand \e péridot eft dans fa
perfeûion , ce n'eft pas une pierre du dernier
ordre. Les Indes en produifent qui font fort
fupérieurs à ceux de l'Europe. * Mariette , Tr.
des pierres gravées , t. z. p. l68.
PERiE'ciENS,y^/7z. [ Periœcci. ] Terme de
Géographie. Ce mot eft Grec. Les Periéciens font
les habitans de la Terre qui font fous un même
parallèle & fous un même cercle Méridien , mais
en deux diférens demi -cercles de ce même
Méridien : de forte qu'ils ont les mêmes faifons
& en même tems ; mais les heures opofées ,
comme par exemple , quand les uns ont midi ,
les autres ont minuit , &c. Oxan. Dicï. Mat.
P e'r I EL e's e. Terme de Chant. Les périeléfes
n'ont point d'autre origine que l'organifation
du chant que l'on vouloit faire fentir. De là
vient communément que la périéléfe eft reftée
d'ufage dans les anciennes Eglifes. On apelle
cadences périéléfées , ces circonvolutions fi com-
munes dans les verfets des Répons de Paris ,
& prefque inféparables des intonations. * Lebeuf,
Traité Hijlorique du Chant, p. y g. En général
périéléfe , fignifie circonvolution , parce qu'on
tourne, en quelque manière, autour de la dernière
note avant que de la faire fonner.
P e'r I E R , /. OT. Oifeau de la couleur & de
la grandeur d'une aloiiette commune. (Unpérier
mâle. Un périer femelle. )
Périer , J'. m. Morceau de fer emmanché au
bout d'une perche qui fert à faire l'ouverture
des fourneaux , afin de faire couler le métal
quand les Fondeurs veulent jeter quelque ou-
vrage en bronze. Acad. Fr.
P e'r 1 G e'e , f.m. [ Perigeum. ] Terme i! Ajlro-
nomie. Mot Grec. C'eft le point de l'excentrique
du Soleil ou des autres planètes qui eft le plus
près de la terre.
P e'r iGOKo ,f. m. [ Lapis petracorius.'] Sorte
de pierre , que l'on nomme ordinairement
périgueux .
Perigueux,//». Efpéce de pierre dure,
pefante & noire comme du charbon de terre ,
dificile à pulvérifer. On la trouve en Daufiné
& Angleterre ; les Emailleurs & les Potiers de
terre s'en fervent.
Périhélie, y^/72. [ Perihelium. ] Ce mot eft
Grec. On dit qu'une Planète eft dans ion périhélie,
quand elle eft le plus proche du Soleil ; cela
fupofe que l'orbite de la Planète eft excentrique,
c'eft-à-dire , que le Soleil n'en occupe pas le
centre ; dèflors il y a dans la circonférence une
partie plus près du Soleil que l'on z^cWc périhélie,
& une partie plus éloignée que l'on nomme
aphélie. Ces deux différences ont lieu également
. dans le fiftême qui fupofe les orbites des Planètes
P ER.
elliptiques & qui place le Soleil à un des foiers
de l'ellipfe.
P E R I L ,/ m. {Periculum , difcrimen.] Danger.
Etre dans un péril èminent. Faug. Rem. [ Il eft
en péril. Le péril eft grand. S'expoferau périL
Se tirer du péril. Cette maifon eft en péril.
caduca. )
Au péril de ma vie. [ Vitae damno. ] (Je me
charge de faire rèuflir cette afaire au péril de
ma vie. )
Aux rifques , périls & fortunes de quelqu'uni
Terme de Pratique.
P e'r iLLEUSEMtNT, adv. [Periculosi.] Dan-
gereufement.
Pe'rilleux , Pe'rilleuse , adj. [ Perîculofus. ]
Dangereux. (<^ela eft périlleux , chofe périlleufe^,)
Le verbe périller , pour dire , rifquer , être en
danger , étoit autrefois en ufage.
Saut périlleux. C'eft un certain faut dificile &
dangereux , que font les danfeurs de corde.
PERi'METRE,y^/w. \Circuitus , perimetrum.'\
Terme de Géométrie. \.Z périmètre d'une figure,
c'eft le circuit.
Périmer. Terme Ae Pratique. On ne le dit
qu'en pariant d'une inftance, lorfque faute d'avoir
été pourfuivie pendant un certain tems , elle
vient à périr. ( Laifler périmer une inftance.
Cette inftance eft périmée.)
P E ri N e'e ,f. m. \^Femen.'\ Terme ^ Anatomie^
C'eft l'efpace qui eft entre la verge & le derrière.
On l'apelle auffi Pentrefejfon.
Période,/^ m. \Summus apex."] L'Académie
le fait mafcuUn. Le plus haut point , ou la fin
de quelque ehofe. Le mot de période en ce fens
eft un peu vieux. ( Etre au dernier période de
fa vie. Vaug. Rem. Etre parvenu au plus haut
période de fa grandeur , de fa fortune , de fa
gloire. )
Période ,f.f. [ Periodus , revolutio. ] Terme de
Phyfique , d'Afironomie & d'autre Science. Efpacc
de tems durant lequel un Aftre fait Ion tourj
Le tems de la période de Mercure eft d'environ
un an. Roh. Phyf. Jupiter fait {ipériode en douze
ans. Voiez Régis.
Période Julienne,f.f. {^Juliana periodus.] Terme
de Chronologie. La période Julienne eft compofée
de trois cycles multipliez les uns par les autres ;
fçavoir de l'Indiftion , du nombre d'Or , & du
cycle du Soleil , ou lettres Dominicales , de i ç
pour rindiflion , de 19 pour le nombre d'Or,
& de 28 pour les lettres Dominicales , ce qui
fait 7980 ans. La période Julienne a été inventée
par Jofeph Scaliger , & apeliée Julienne parce
qu'elle eft acommodèe à l'année de Jules Céfar.
On parle dans la Chronologie d'autres périodes s
mais la période Julienne eft la plus confidérable
& du plus grand ufage.
Période , f. f [ Periodus , verborum ambitusJ)
Terme de Grammaire & de Rétorique. Il y a deux
fortes de période , la fmple & la compofée. La
période compofée eft une forte d'èlocution achevée
& parfaite , qui a des parties diftinguèes , &
qui eft facile à prononcer tout d'une haleine.
La période fimple n'a qu'une partie. La période
ne doit être ni trop courte , ni trop longue.
(Période ronde. Période quarrée. Période de
deux , de trois , de quatre & de cinq membres.
Les plus belles périodes Françoifes n'ont ordi-
nairement que trois membres , & elles doivent
avoir un certain nombre de filabes. Voiez la
première période du 16. plaidoïé de Patru. Chaque
mot dans les traduaions de d'Ablancourt eft^
mefuré
P E R.
mefurc par la juftefîe des périodes; & un mot
de plus , ou de moins , en ruineroit je ne fçai
quelle harmonie , qui plait autant à l'oreille que
celle des vers. S. Evremo/it , Difcours Jur Us
Traducteurs . )
C'eft un vice qui affoiblit beaucoup le difcours,
quand les périodes font arrangées avec trop de
foin , ou quand les membres en font trop courts,
& ont trop de filabes brèves. Defp. Subi. c. 33.
^^ Période. Les quatre grands jeux que l'on
célébroit dans la Grèce en des tems fixez , fçavoir
les Olympiques , qui fe tenoient à Pife dans
l'Elide, en l'honneur de Jupiter ; les Pythiques,
à Certhe de Phocide , auprès de Delphes , en
l'honneur d'Apollon; les Iftmiques , dans l'iftme
du Péloponefe , auprès de Corinthe & de Sicyo-
ne , en l'honneur de Neptune ; & les Neméens ,
dans la vallée de Nemée , auprès d'Argos , en
l'honneur de Jupiter ; étoient apellez Izpériode ;
parce qu'ils étoient célébrez régulièrement dans
un même lieu & dans un tems réglé , ceux qui
avoient vaincu dans ces quatre jeux étoient fi
honorez , que l'on n'a pas fait dificulté de dire
que parmi les Grecs , c'étoit la même chofe que
d'avoir triomphé parmi les Romains.
Pe'riodique , adj. [Qwi ptriodis dijlinguitur ,
perlodicus. ] Terme de Rétorique , qui veut dire ,
Nombreux. Harmonieux. Qui a un tour de période.
( Difcours périodique. )
Périodique. [Status périodicus.} Terme de Phyjique
Si. à'JJîronomie. Efpace de tems durant lequel it
fe fait un certain retour & une certaine révo-
lution. (Ainfiondit un mois périodique. C'eft-à-
dire , le tems de vingt - fept jours & demi ou
environ , que la Lune parcourt dans un cercle
qui coupe l'écliptique , & qui s'en écarte de part
éc d'autre de cinq degrez. Périodiquement , adv.
D'une manière périodique.
Periosti,/] m. Terme ^ Anatomie. Ce
mot eft Grec. C'eft une membrane qui envelope
quelque os.
Peripateticiens,/! m. pi. [ Peripatetici-I
Philofophes qui étoienf difciples d'Ariflote , &
qu'on nommoit ainfi , parce qu'ils fe promenoient
en enfeignant.
^3° Platon laiffa en mourant deux difciples ,
iXenocrate de Chalcèdoine & Ariftote de Stagyre,
lefquels formèrent deux fedes, dont les Partifans
furent diftinguez par le lieu où ils s'affembloient
pour philofopher. On apella ceux de Xenocrate
Académiciens, parce que c'étoit dans l'Académie,
c'eft-à-dire , dans le jardin d'Academus , qu'ils
agitoient les queftions. On donna aux autres le
nom de Péripatéticiens , parce que , dit Cicéron ,
lib.i.QuœJl.Acad. ils difputoient en fe promenant
dans le Lycée. Leur Philofophie étoit la même ;
elle n'avoit pour objet que les mœurs , la
connoiflance du vrai & du faux , & du fouve-
rain bien.
P e'r I p A T e't I s M E , /. m. [ Péripatétifmus. ]
Opinion des Péripatéticiens , & que Defcartcs
a anéanti par une autre philofophie plus claire
& plus nette que la leur. ( Le Péripatétifme eft
un des oprobres de la raifon humaine. Cette
Philofophie barbare qui pouvolt tout au plus
prétendre à la faveur des Goths & des Vandales,
a pourtant encore parmi nous quelques ftupides
Seûateurs.
Je m'atache pour l'ordre mx Piripatàifme.
Mol.)
Peripherie,//: [ Peripheria , ambitns. ]
Tome m.
P E R. 105
Terme de Géométrie. Ce mot eft Grec , & fignifie
circonférence.
P £ R I p e't 1 e , f.f. [ Pcripétia , fubitanea
agnitio. ) Terme de Pocjîe dramatique. Prononcez
peripécie. C'eft un changement inopiné de l'aftion,
& un événement tout contraire à celui qu'on
atendoit. (La péripétie doit être Ingénieufemcnt
fondée. )
!^^ La péripétie eft , félon Ariftote , un
événement imprévu , 6c contre les aparences ,
& qui change entièrement l'état des chofes. Ce
renverfement eft la plus grande beauté de la
tragédie. La Mefnardiére a raporté dans fa
Poétique plufieurs exemples de l'éfet des péri-
péties dans les tragédies de Sophocle , d'Euripide
& de quelques autres Poètes dramatiques. II
remarque enfuite qu'il faut fe refl"ouvenir, qu'une
fable ne peut foufrir qu'une feule péripétie , parce
qu'étant une révolution qui change toute la face
des afaires , il n'y a point d'aparence qu'il arrive
entre deux Soleils à une perfonne deux accidens
fi remarquables ; ce changement eft auftî apellé
catajlrophe , mot qui eft plus connu qus péripétie.
Outre la régie propoféc par la Mefnardiére , il
y en a une féconde bien importante , c'eft la
préparation , dont le défaut eft beaucoup plus
grand, félon l'Abé d'Aubignac, & plus fenfiblc
dans la cataftrophe que dans aucune autre partie
du Poème : premièrement , dit-il , c'eft le terme
de toutes les afaires du théâtre , donc il faut
qu'elles fe difpofent de bonne heure par tout
pour y arriver. En fécond lieu , c'eft le centre
de tout le Poème , donc les moindres parcelles
y doivent tendre , comme des lignes qui ne
peuvent être tirées d'ailleurs ; davantage , c'eft
la dernière atenta;, des Speftateurs , donc il faut
que toutes les chofes font fi bien ordonnées ,
que quand ils y font arrivez , ils n'aient plus
lieu de demander , par quel chemin on les y a
conduis. Enfin , comme c'eft le plus confidérable
événement & où tous les autres doivent
aboutir , auffi eft-ce celui pour lequel il faut les
plus grandes préparations & les plus judlcleufes.
Périphrase , f- f. [Periplirafls , circumlocutio.]
Ce mot vient du Grec. 11 fignifie circonlocution.
C'eft une figure de Rètorique qui confifte à
exprimer avec plufieurs paroles ce qu'on peut
dire en un mot. ( Il n'y a rien dont l'ufage
s'étende plus loin que la périphrafe , pourvu
qu'on ne la répande pas par-tout fans choix &:
fans mefure. Dcfpr. Long. 24. La pauvreté des
langues rend la périphrafe nèceffaire. Nous
pourrions nous délivrer de cet embarras , fi
nous avions la fageflTe d'enrichir notre langue
d'une quantité de mots propres qui lui manquent,
& qu'il feroit aifé de tirer d'ailleurs. )
^^ Longin croit que la périphrafe eft d'un
grand ufage dans le fublime : mais elle doit être
maniée avec beaucoup d'atentlon & de réferve,
de peur de tomber dans une répétition tort
ennuïeufe. C'eft un trope , dit Quintilicn , qui
fert à expliquer par un détour , & en plufieurs
paroles , ce qui fe pourrolt dire plus brévemeat ;
elle fert auffi quelquefois à expliquer des chofes
que la pudeur & la blenfcance ne permettent
pas de dire nuement & fans détour.
Pf'riphraser, V. a. [yJmplifcare.] Se fervir
de circonlocutions. ( En matière de langage on
ne doit point périphrafer fans que la périphrafe
foit nèccflaire , ou qu'elle fiifie beauté. )
Periploca, f. f. Plante qui croît dans les bols
Elle rend du lait quand on la rompt. Elle eft
G
ïo6 P E R.
un poifon pour les chiens , les loups , les renards
& les autres animaux à quatre pies. Elle el\
réfolutive étant apliquce extcrieuremenr.
P E RI PNEUMONIE, y. /! [ Pcripncumonia.
Terme de Médecine. C'eft une inflammaiion du
poumon avec une fièvre aiguë & dificulté de
refpirer , acompagnée fouvent d'un cractiement
de i^ang.
P E R I p T E R E , /. OT. [ Peripteriuin. ] Terme
Ôl^ ArchiteBure. Lieu environné de colonnes , &c
qui a une aîle tout autour : le mot cft Grec ,
il vient de srlffat, qui lignifie proprement l'ordre
des colonnes qui eft au portique , & au côté
des temples ou de queiqu'autre édifice. Ces
périptires étoient des temples , qui avoient des
colonnes des quatre cotez, & qui étoient difé-
rentes du Pcr'ijIyU & de l'AmphiproJJyU , en ce
que l'un n'en avoit que devant , & l'autre devant
& derrière , & point aux cotez , &c. Voïez
FUihicn 6" Perraut fur Vitruve.
P e'r I r , V, 77. [ Perire. ] Je péri , je périjfois.
Je péris , j'ai péri , je périrai. Que je périjje. Aller
en décadence. Tomber en décadence. Dépérif.
Se dilîîper. Se ruiner. Se perdre. ( Mailon qui
périt. Tout fon bien va périr fi on n'y donne
ordre. A la fin tout périt. * C'eit un homme
qui périt l'ans reflburce. )
Périr, [fnterire.] Mourir par quelque accident.
Prendre fin. Soufrir quelque perte. ( C'eft un
coquin qui périra malheureufemcnt. Périr dans
l'eau. Périr fur mer. Périr par le feu. Périr de
mifere. Fdire périr l'armée. C'eft la ruiner. )
PériJJable , adj. [ Fluxus , caducus. ] Qui peut
péi#. Frêle. Fragile,
(Le bien ds la fortune eft un bien piriff.ibU ,
Quand on bâtit fur elle on bâtit fur le fable.
Rac.po'éf. )
Perisciens,/. w. [ Pcrifcii. ] Terme de
Géographie. Ce mot eft Grec. C'eft le nom qu'on
donne aux habitans des Zones froides , parce
qu'en Eté , le Soleil ne fe couchant point , ils
voient leur ombre tourner continuellement
autour d'eux.
P£Rissox.oGiE,y. y^ [ Perijfologia , fermo
fuptrvacaneus. ] Terme de Grammaire. Qui veut
dire , abondance de choies fuperfluës.
Peristalti q_u e , adj . \_Motus vermicularis.]
Terme à^Anatomie. Ce mot eft Grec; c'eft le
nom que les Médecins donnent au mouvement
des intellins , &c. femblable à celui des vers
qui rampent , d'où vient qu'on l'apelle auflî
mouvement vermiculairt.
Peristile. \Locui columnis cincîus.] Terme
6!" Architecture , il eft tout Grec , wépi environ ,
circum , & çyAoç une colonne ; c'eft un lieu envi-
ronné de colonnes. Le périJUle eft diférent du
périptére , en ce que les colonnes du période font
en dedans , & celle du périptére font en dehors ,
comme aux temples des anciens ; ainfi tout ce
qui eft entouré de colonnes n'eft pas périjlile.
Voïez Perràtit Jur Fitruve , liv.j. ch. i.p.yo,
PerisystolEj/Iw. Terme de Médecine.
Qui eft entre les deux mouvemens du poux ,
le mouvement du fiflole ou de contraâion. Le
mouvement de diallole ou de dilatation.
Péritoine, j'. m. \ Omentum. ] Terme
ii Anatomie. Membrane qui ocupe tout le ventre
inférieur.
Perle, f.^f. [ Margarita , unio. ] Sorte de
pierre précieufe , ronde , longue , plate , en
forme de poire , ou de bouton , qui fe forme
P E R.
en mer dans la chair des coquilles qu'on poche
aux Indes dans de certaines faifons. Voiez là-
defllis Garcilajfo de la Vega , Relation de la Floride y
& Ac'Jla ,l.^.de l'Hijhire des Indes. Quelques-
uns cillent que les perles font conçues de la
rofée qui tombe dans de certaines coquilles ,
&C que félon que cette rofée eft pure , les perles
font blanches, ou de belle eau. Rondelet, //i^'?(5;V«
des poiffims , c. 44. penfe que cette opinion eft
fabuleufe. Les perles que Cléopatre avoit en
pendans étoient d'un prix ineftimable , foit pour
l'eau , pour la groffeur & pour la figure. Céfar
en fit Icier une pour faire deux pendans à la
ftatuë de Venus. Citri , Triumvirat. Les perles (e
forment en la manière des oignons.
On apelle suffi perles les goûtes de rofée qui
font lur les herbes éclairées des raïons du Soleil.
Perle baroque. C'eft une perle dont la figure eft
irréguliére.
Perle parangon. C'eft une perle d'une groffeur
extraordinaire.
Mere-perle. C'eft la coquille des perles.
Nacre de perle. [ Concha margaritifera. ] C'eft le
nœud de la coquille.
Gris de perle. C'eft une couleur femblable à
celle de la perle.
Blanc de perle. C'eft une efpéce de fard dont
les femmes ufent , croïant qu'il les rend plus
belles.
Perles fines. Les véritables ptHes.
Perles faufies. Celles qui font contrefaites,
qui ont une meilleure forme & plus d'éclat que
les véritables.
Semence de perles. Les plus petites /'er/«.
Perle d'arbalète. On apelle ainfi un grain qu'on
pafl'e au travers d'un fil qui eft attaché à la
fourchette de l'arbalète. Cette perle fert de guidon
à celui qui tire.
On fe fert aufiî de perles enfilées pour l'ufage
de divers inftrumens de Gnomonique.
f * C'efi la perle des beaux efprits. [ Flos, decusJ]
Ces mots font un peu vieux &c ne fe difent guère
qu'en riant.
( Les Bergers du prochain village
Confultoient fon ciiftal pour y voir leurs défaut*
Enfin c'étoit la perle des ruiffea'ux.
Tribolel. )
^:;^° On afeôoit autrefois d'exprimer par ce
terme perle , une beauté , un mérite , un efprit
d'un ordre fupérieur.
Mais quoi ! C'eft un chef-d'œuvre , où tout mérite abonde
Un miracle du Ciel , une perle du monde.
Malherbe , Fragm. )
Voïez ce que Ménage a dit dans fes Origines
fur le mot perle. L'Hiftoire Romaine a fait
mention de certaines perles d'un prix exceftif.
Suérone a remarqué que Jules Céfar acheta une
perle foixante fefterces , qui font , félon la fupu-
tation de Budée , cent cinquante mille écus , &
qu'il en fit préfent à Servilie fœur de Caton
d'Utique.
"t" * Nous nefornmespas ici pour enfiler des perles.
Locution proverbiale pour dire : Nous nejommes
pas ici pour perdre le temps à des bagatelles.
Perle', P r. r l e'e , ady. [Murgaritis dtfiinclus.']
Ce mot fe dit de certaines chofes , & veut dire
qui efi embelli de perles , qui a des perUs. { Diadème
perlé. Croix perlée. Voïez Bouterouë , Traité
des monnaies , page iSj- 6- zzi. Couronne
P E R.
perlée. Ce font aufîî des termes de BLtfon.
Perlé , pcTlii. Ce mot fe dit en parlant de
bouillons , & veut dire blanchi d'un bon lait
d'amandes qu'on a broïées avec de bon jus de
mouton , & qu'on a mifes fur le potage. ( Il
nous a fait manger pour fon opéra d'une foupe
à boiiillon perlé , loutenuë d'un jeune dindon.
Mol. Bourg. Gencil. a. ^.^
Perlé. [ Ludus concinnus. ] Terme de Mufîquc.
Qui fe dit d'un jeu brillant & délicat en parlant
du lut , & du thuorbe.
Perlois , f. m. Petit cifelet ou poinçon
gravé en creux , dont fe fervent les Fourbiflours
& autres ouvriers qui ornent leurs ouvrages
de cifeiurcs & damafquinerle , pour former les
petits orncmens de relief, qui font faits en
forme de perles.
PtRLURES, /!/. [ Margaricaria crijla cornuum.l
Terme de C/uJli. Grumeaux qui font le long
des perches & des andoiiillers de la tête du
cerf, du daim ou du chevreuil. Salnove.
Permanence, f. f. Terme Dogmatique.
( La permanence du corps de Jefus-Chrift dans
l'Euchanllie. ) Ce mot n'a point d'autre ufage
propre.
Permanent , Permanente , adj. [ Firmus ,
(labilis , conjians. ] Prononcez permanan. Qui
dure. Durable. ( Rien ici bas n'ell permanent.
Dieu feul eft permanent. )
Per messe , /.' m. l^Permeffus.] Fleuve de la
Béotie & qui tombe du Mont-Helicon , fur lequel
les Poètes feignent qu'Apollon habite avec les
Mufes. Defpreaux dit qu'il fut
( . . . . par un coup du fort au grand jour amené ,
Et du bord du Permejfe à la Cour entraîné.)
Permettre, V. fl. [ Permittere , Jînere ,
Jare copiam. ] Je permets , J'ai permis. Je permis ,
je permetrai. Que je permette. Je permijfe. Permet-
tant , permis. C'eft donner permilfion. Acorder.
Confentir. ( Il ne faut pas , pour quelque confi-
dcration que ce foit , permettre le mal. Je vous
permets de me maltraiter quand j'aurai recours
à vous. Dieu a permis que les méchants tom-
baffent dans la mifere. )
* Permettre. [ Licere. ] Ce mot fe dit dans un
fens un peu figuré, & fignifie , foufrir. Donner
la liberté , le moïen , &c. de faire ou de dire
quelque choie. ( Exemples. Le tems ne permet
pas de fortir. Le refpeft ne permet pas de
parler. L'état de fes afaires ne lui permet pas
de faire une grande dépenfe.)
Permis, Permise, adj. [ Licitus. ] Qu'on
peut faire avec juftice , avec raifon. [ Cela eft
permis. Chofe permife.
Mais c'eft un jeune fou qui fe croit tout permis
Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis.
Defpreaux. )
Permission,/! /\ [ Facilitas , licentia, permijjîo.']
C'eft le pouvoir & la liberté qu'une perfonne
fupérieure acorde à fon inférieur de faire quel-
que chofe. Privilège. ( Demander la permiffion
de faire quelque chofe. Acorder , obtenir la
permiffion de faire batre monoie. Ablanc.
Permijfion. On nomme en Flandre , dans le
Brabant & en quelques autres endroits , Argent
de permijfion , ce qu'on nomme dans le commerce
Argent de change , c'eft-à-dire , l'évaluation fur
laquelle fe font les remifes & les chances de
ces provinces dans le pais étranger.
Tome III.
P E Pv. 107
Per missionnaire, y! m, [ Llcentiatus. ]
On apelle ainfi à Paris celui qui a permiffion
du Chantre de Nôtre-D.^me de tenir de petits
penfionnaires , & de leur enfeigner la grammaire
& les humanitez. (C'eft un permiffionnaire. )
Permutant, f. m. [ Compermutans. ]
Terme i^EcléJlajlique. C'eft le Bénéficier qui
permute , qui change fon bénéfice avec un
autre , par la permiffion du Supérieur. ( Si l'un
des permutans vient à mourir avant la prife
de poffeffion , le furvivant n'eft pas obligé de
quitter fon bénéfice. )
Permutation,/!/] [Permutatio , cornmutatio.]
Dans le droit civil , la permutation eft un de
ces contrats qui n'ont point de nom. lih. i. de
rerum pcrmiit. & s'acompiit en donnant une
chofe pour une autre ; il eft d'ailleurs du nombre
de ceux que les Jurifconfultes apellent contrats
de bonne foi , & qui produifent une aftion qu'ils
défignent par ces mots , prafcriptis verhis.
Ce terme permutation eft pkis connu dans la
jurifprudence Ecléfiaftique , c'eft un échange ,
par lequel deux Béncficiers fe tranfmettent
réciproquement le droit qu'ils ont dans leur
bénéfice , dont ils font en poffeffion actuelle ;
car il ne fufit pas d'avoir droit au bénéfice ,
pour pouvoir en faire une permutation avec
un droit réel & certain , l'expeftative n'ayant
rien de certain qui pût équipoler à un droit
réel & certiin.
L'intérêt n'entrant que trop fouvent dans la
permutation des bénéfices , il faut que pour la
purger de la fimonie qu'il pourroit y avoir ,
elle fe faffe de l'autorité du Pape ou des Evêques;
la permutation faite fans l'autorité de l'un ou
de l'autre , feroit non-feulement nulle , mais
plufiei.rs croïent qu'elle rendroit les deux béné-
fices vacans & impétrables ; on peut voir fur
cette qiicftion ce que Boetius Epo a écrit fur le
chapitre cum olim de rer. permutât. La plupart
des Dofteurs tiennent que les Abés exempts ,
qui jouillent des droits Epifcopaux par pref-
cription ou par titre , peuvent admetre des
permutations des bénéfices de leur Ordre ; parce
qu'ils ont le pouvoir d'inftituer & de deftifuer :
mais cette prérogative n'apartient qu'aux Abez,
qui ne connoiffent pas le Pape pour leur Supé-
rieur. Car un Abé dans un Ordre qui a un Chef
Général, comme dans l'Ordre de Citeaux , ne
peut autorifer une permutation ; il faut recourir
au Chef de l'Ordre. Tous les jours de l'année
ne font pas également libres ; & que'qoes Au-
teurs ont crû que l'on ne pouvoir point permuter
deux bénéfices dans les mois refervez pour les
Graduez par le Concordat , ni au préjudice des
Indultaires , brévetaires du joVeux avènement
ou du ferment de fidélité. L'Edit du mois de
Décembre 1691. a décidé une autre queftion
en ces mots : « Déclarons les provifions des
» Collateurs ordinaires par démiffion ou per-
» mutation nulles , fi les procurations pour faire
» les démiffions & permutations enfemble les
» provifions expédiées fur icelles n'ont ete
» infinuées deux jours francs avant le décez
» du réfignant ou permutant , le jour de l'infi-
» nuation & celui du décez non comptez , ce
» que nous voulons être exaftement gardé par
» nos Juges , fans y contrevenir , à peine de
»t nullité de leurs jugemens. » On a encore
fait naître cette queftion fur cette matière ; fi
la régie des vingt jours a lieu dans le cas de
la permutation ; enforte que l'un des permutans
O ij
io8 P E R.
mourant dans les vingt jours depuis fa procu-
ration, l'autre permutant ne peut point prétendre
le bénéfice du décédé. Les Ultramontains, fidèles
exécuteurs des régies de la Chancelerie Romaine,
décident qu'il n'y a plus de permutation , &
qu'elle s'eft évanouie par la mort de l'un des
permutans avant les vingt jours expirez : mais
nous tenons en France que la régie ne peut
avoir lieu qu'à l'égard des permutations qui fe
font entre les mains du Pape & de fon autorité.
Les Grands-Vicaires ne peuvent point auto-
rifer une permutation , s'ils n'en ont pas un
pouvoir f[5écial de l'Evêque. Cap. ult. di Offic.
Ficar. in 6.
Permuter, v. a. [ Pcrmutare. ] Terme d^
Bénéficier. C'ed changer fon bénéfice avec un
autre par la permillion du Supérieur. ( Permuter
un bénéfice contre un autre. )
Pernicieux , Pernicieuse , adj. [Perniclofus ,
exiiialis , nocens. ] Détcftable. Nuifible. ( Maxime
pernicieufe. Exemple pernicieux. S. Ciran. )
Pernicieusement , adv. [ Perniciosh. ] D'une
manière pernicieufe. ( Il vit pernicieufement. )
Péronnelle,/'./'. [ Loquax & ridicida. ]
Mot bas & burlefque pour dire : fotte , mal-
bâtie , idiote. ( f Taiiez - vous , péronnelle.
Molière , Femmes S gavantes , aci. J . fc. 6". )
Peroole , Bluct , Blaveolé, Aubifoin. [ Cyanus.'\
Plante qui croît abondamment dans les bleds ;
elle contient beaucoup d'huile & de phlegme
& peu de fel. Sa fleur eft afîringente & rafrai-
chiffante , propre pour les maladies des yeux.
Peroquet ou Perroquet,/] m. \_PfItaccus.'\
Oifeau qui vient des Indes , qui eft ordinaire-
ment verd , qui imite le langage des hommes &
le cri des animaux. Marmol , Hijloire d'Afrique,
liv, i. raconte que dans les montagnes d'Etiopie
il y a des perroquets de diverfes couleurs , &
qu'il s'en trouve qui ont la queue longue d'un
pié & demi & p'us ; mais que ces perroquets
à longue queue n'aprennent point à parler. (Un
perroquet mâle. Un perroquet femelle. ) Olina
dit que le perroquet aime la converfation des
enfans , qu'il eft fujet à la goûte & qu'il vit
environ vingt-cinq ans. Olina auroit pu dire
que cet oifeau vit quelquefois cinquante ou
foixante ans.
( De tous les perroquets c'étoit le plus charmant ,
Même à mordre il avoit une grâce infinie ,
Rongeoit les meubles proprement ,
Et ne crioit que rarement.
Pavillon. )
Peroquet. Se dit d'un homme qui parle fans
s'entendre. ( Il faut acoûtumer les hommes à
refléchir , afin d'en faire des hommes , & non
pas des perroquets. Belleg. )
Peroquet. [ Sella plicatilis. ] Chaife à dos qui
fe plie , & dont on fe fert à table.
Peroquet. [ Aloe major. ] Plantes d'aloës.
Peroquet , perroquet. [ Magni mali appendix
altéra. ] Terme de Mer. C'eft le mât le plus
élevé du vaifTeau , arboré fur les hunes du
grand mât & de la mifaine , & fur celle du
beaupré, & de l'artimon. On ne porte la voile
de peroquet que dans le beau tems , car fi le
vent étoit forcé , le vent qu'elle prendroit
metroit le vaifl"eau en danger de fombrer fous
voiles. Tems de peroquet. C'eft un beau tems de
Vent médiocre , qui porte à route.
Péroraison ,/! /] \_Peroratio. ] Terme
de Rêtorique. C'eft la conclufion d'un difcours \
P E R.
on d'un pocme. On la compofe de tout ce
que l'on a dit de plus capable de perfuadcr &
d'émouvoir les Auditeurs ou les Ledeurs. Les
Grecs, dit Quintilicn , lapellcnt répétition^ &L
les Latins énumtration. C'eft aufll un tableau en
racourci de la caufe que l'on préfente aux yeux
des Juges pour en rapellcr les idées dans fon
imagination. Il faut que la peroraifon foit fuc-
cinte , autrement ce feroit une repétition frès-
ennuïeufe & qui montreroit trop que l'on fe
défie de la mémoire des Juges, à qui l'on croit
néceffaire de rapeller tout ce qui a été dit :
il m'a paru que rien n'étoit plus propre à fe
rendre les Juges favorables, que de mêler dans
la peroraifon quelque trait agréable & plaifant;
c'eft ainfi que l'on s'infinue dans le coeur &
que l'on perfuade ; c'eft le fentiment de Quinti-
licn & l'expérience l'a confirmé. Lesperoraifons
étoient défendues dans le barreau d'Athènes ,
& fi un Avocat s'avifoit de toucher les Juges
par de longues répétitions , il y avoit un Huiflier
qui étoit en droit de lui impofer filence. L'Exorde
a la même vue que la peroraifon. Quintilien a
fait un long chapitre fur ce fujet, où il marque
tous les détours dont on peut fe fervir dans la
peroraifon ; & après en avoir fait voir l'utilité
ou l'inutilité , il dit à l'égard de la compafTion,
qu'il n'apartient qu'aux grands Orateurs d'en-
treprendre d'excifer les larmes des Juges & des
Auditeurs. C'eft un moïen très-puiffant quand
on y peut rèiiftir ; mais s'il ne perce pas jufques
au cœur , il refte froid & fans éfet : ainfi un
Orateur médiocre leur doit laifl"er la liberté de
s'atendrir , & de régler fes fentimens fur les
circonftanccs de l'acufation. Ce précepte eft
très-important , & c'eft avec raifon que Quin-
tilien dit que dans l'entreprife d'exciter des
larmes , il n'y a point de milieu , fi l'on ne fait
pas pleurer les Juges , on les fait rire à fes
dépens : niràl habetijla ru médium, fed aut lacrymas
mentur aut rifum : mais , ajoute ce Rhéteur ,
la peroraifon n'eft pas feuleiîient ocupée à
exciter la compafllon , on eft fouvent obligé
de la détruire & même de l'étoufer entièrement
dans le cœur des Juges, foit par des raifonnemens
qui les calment, foit par des railleries agréables
qui chafl'ent la trifteffe de la compaflion ; il en
raporte enfuite deux exemples ; quon donne ^
dit un Avocat , du pain à cet enfant , afin qu'il
ne pleure pas ; on avoit amené cet enfant aux
piez des Juges pour les toucher de pitié par fa
préfence. Dans une autre ocafion un Avocat
plaidant pour un homme fort gros & fort
pefant ; votant que fon adverfaire avoit aporté
un enfant dans l'Audience , que ferai-je , s'écria-
t'il , en regardant fa partie , je ne pourrai jamais
vous porter fur mes épaules. Mais Quintilien nous
avertit fort a propos , qu'il faut bien prendre
garde dans ces ocafions de tomber dans une
fade raillerie. Epilogue & peroraifon marquent
également la fin du difcours.
P E R C) t , /] OT. [ Secundaria cœfionis quercûs
proletaria. ] Terme des Eaux & Forêts. C'eft
une forte de baliveau.
^y Perot , eft une efpèce de chêne que l'on
nomme Perot , quand il a les deux âges de la
coupe ordinaire. « Il eft dit dans l'article 119.
» de la Coutume d'Amiens : & fi en iceux bois
» y avoit gros arbres qu'on noinme Perots ou
» Tayons , ladite veuve ne les peut couper ou
» abatre , ne les apliquer à fon profit. »> Deheu
fur cet article , remarque que fi on nomme
P E R.
Perots ces arbres qui ont les trois âges des autres
avant qii'étre repuux_ tels , on les nomme aiiiïi
Tayons ., qui lignifie dans le langage Picard, le
Grand-Pere ; ainfi le;; Perots ou Grands-Pcrcs ,
doiverjt avoir trente ans.
^S;^ Pcrot. On dérive ce mot de Perrot ,
diminutif de Pierre. Voïcz Ménage.
Pérou. On dit proverbialement dans le
commerce , c'i^ un Pérou , pour fignificr un
négoce , une entreprife où il y a beaucoup à
gagner ; par allufion au Pérou, le pais de l'univers
le plus abondant ea mines d'or & d'argent.
Perpendiculaire , adj. [ Perpendicularis. ]
Terme de Géométrie , &c. Prononcez perpan-
diculalre. On dit cju'une ligne droite eft ptrpen-
cidairt à une autre ligne droite , lorfqu'elle y
tombe à angles droits ; une ligne q{\. perpendiculaire
à un plan , à vin cercle , à une fphere , fi elle
ne panche pas plus d'un côté que de l'autre.
On dit auin au même fens qu'un plan eft per-
pendiculaire à un autre plan. On dit qu'une
ligne , ou un plan (onx perpendiculaires à l'horifon,
loriqii'ils tombent à plomb. On dit qu'une ligne
droite eft perpendiculaire à une ligne courbe ,
comme à un cercle , à une parabole , &c. lorfque
cette ligne droite eft perpendiculaire à la tan-
gente de cette ligne courbe à un même point.
Perpendiculaire , f. f. [ Linea ad perpendiculum
exacla. ] Ligne perpendiculaire. ( Tirer une
perpendiculaire. Elever une perpendiculaire.)
Perpendiculairement, adv. \_Ad cathetum!\
D'une manière perpendiculaire. ( Tomber per-
pendiculairement. Abl. Un diamètre qui coupe
perpendiculairement un autre diamètre , divile
le cercle en quatre parties égales. )
PERPENDicuLE,y^»z. [ Perpendiculum, ]
C'eft en général une ligne perpendiculaire à
l'horifon. Et en particulier on spelle perpendicule
le filet qui tend en bas par le moïen d'un poids
qui lui eft ataché , & dont on fe fert pour
divers inftruments de mathématique , comme
pour le niveau , &c.
Perpétrer, v. aci. [ Perpetnire-I Commettre,
Ce mot ne le dit guéres que des grands crimes ,
& il n'a d'ufage que dans le ftile de pratique.
( Ce fcélérat a été tué pour avoir commis &
perpétré plufieurs affafTinats. Jcad. Fr.)
P E R p e't R E s. Terres communes , qui ne font
en la poffeffion d'aucun particulier.
P E R p e't u A N N E , C- /■ Sortc d'étofFc de laine
croifée , qui vient ordinairement d'Angleterre.
Perpe'tuel , Perpe'tuelle , adj.\_Perpetuus,
perennis. ] Continuel. Qui ne ceffe point. Qui
dure. Qui eft à vie. ( Il inftitue un Chef d'Ordre
qui eft à vie , ou perpétuel. Patru , UrbaniJJes.
La dignité d'Abé & d'Abeffe , de foi eft perpé-
tuelle. Pntru , Urbanijles. )
Perpi'tuellement , adv. [ Perpetud ,femper.'\
Toujours. Inceffamment. (Il étudie perpétuelle-
ment. Ils font perpétuellement enfemble. )
P E R p e't u e r , V. a. [ /Eternitati mandare.\]
Rendre perpétuel. Eternil'er. Immortalifer.
Que la flame du Cie! me tue
S'il avient que je perpétué
L'honneur de vôtre fouvenir.
Main. poéf. )
Perpe'tuitf.', / / [ Pcrpetuitas. ] Durée qui
ne ceffe point. Continuation de longue durée.
(Cela ne détruit ni le titre , ni la perpétuité
du titre. Patm , Vrhanifles. )
Monfieur Nicole a fait un excellent traité de
P E R. 109
la perpétuité de la foi touchant î'Euchariflie ,
auquel Monfieur Arnaud a eu quelque part : il y
montre que l'Eglife a toujours crû la prcfence
réelle 6i la tranfubftaniiation.
A perpétuité , adv. [ In perpetuum. ] Pour
toujours. ( Condamner aux galères à perpétuité.
Fonder une Meffe à perpétuité. )
Perplexe , adj. [ Incertus , diibius. ] Ou
perplex , au mafculin , & perplexe au féminin.
Irrcfolu. Chancelant & incertain de ce qu'il
veut faire.
( Deux Avocats , qui ne s'acordoient pas ,
Rendoient perpUxe un Juge de Province.
La Font. Cornes. )
Ce mot a vieilli.
Perplexité',/! y. [ Dubitatio , ha:jLtatio.~\
Irréfolution. incertitude de ce qu'on doit faire.
Etat irréfolu & inquiet où fe trouve une per-
fonne. ( Alexandre fe trouva dans une grande
perplexité. Faug. Quint, liv. ^. ch. J. Mètre
quelcun en une étrange perplexité. F^aug. Quint.
Je ne puis /evenir de ma perplexité ;
Je l'aurois méconnu fans fa ditormité.
Bourf. Efope. )
Perprendre, V. a. Prendre de fa propre
autorité.
Phrprinse ou Perprison , / / Terme de
Coutume. Adion de perprendre.
Perquisition , y./ ( Contjuijitio. ] Prononcez
perkixicion. Recherche. Il n'eft guère en ufage
qu'en terme de Palais. ( Faire une exafle per-
quifition de quelque perfonne , de quelque vol ,
&c. )
Perrau , f. m. Grand chauderon de cuivre
étamé , dont les Marchands Ciriers fe fervent
pour la fabrique des cierges.
Perre'e , f.f. Mefure de grains dont on fe
fert à Vannes & à Auvray en Bretagne, Dix
perrées font le tonneau dans ces deux Villes ;
mais la perrée de Vannes eft plus forte de dix
pour cent que celle d'Auvray.
Perrete , (Pierrette.)// \_Petra.'\ Nom
de femme qui ne fe donne guère qu'aux femmes
du petit peuple. ( Perrete eft mariée. )
•\ Perrichon,// Petite Perrete. (Perrichon
eft bien jolie. )
P £ R R 1 E R. Voïez Pierrier.
^^ Perrier. Ce terme lignifie dans nos anciens
Hiftoriens une machine de guerre qui fervoit
à jeter des pierres avec tant de force , que les
murs les plus forts en étoient renverfez. Foiei
les Chroniques de Flandres. Guillaume de Tyr
les apelle Petraria. Voïez Pierrier,
Perrière , f.f. Carrière d'où l'on tire des
pierres. Il fe dit principalement en Anjou des
Ardoifieres.
Perriq^ue, // [Pftaculus.] Petit per-
roquet qui n'eft; pas plus gros qu'un merle, &
dont le plumage eft tout-à-fait verd , excepté
le bout des ailes & de la queue qui tire fur le
jaune. Il y a des pais où on l'apelle Peruche.
C'eft aujourd'hui le mot le plus en ufage.
Perron , /! ot, [ Podium , fuggefus lapideus.]
Terme à'Arckite&ure. C'eft un lieu élevé devant
un logis où il faut monter plufieurs marches de
pierre. (Un beau perron. On trouve d'abord,
je crois que c'eft un perron , non , non , c'eft
un portique , je me trompe , c'eft un perron.
Par ma foi je ne fçai fi c'eft un portique ou
un perron, Foit. l. qS.
I lO
P E R.
Il gagne les degrez & le perron antique
Ou lani celTe étalant bons & méchans écrits ,
Barbin vend aiix palTans des Auteurs à tout prix.
Di-jprcuiix. )
^j" Les Architefles ont inventé des Perrons
de diférentes manières : Perron quarrc , celui
qui eft d'cqucrre : perrori cintré , celui dont les
marches font rondes ou ovales ; il y a des
perrons dont une partie des marches eft en
dehors , & l'autre en dedans , ce qui forme un
paiier rond dans le milieu ou un palier ovale.
Perron à pans , celui dont les encoigneures font
coupées : Perron double , celui qui a deux rampes
égales , qui tendent au même palier , Ôic. Foiex^
D'Aviler.
P E R R O Q.U E T. VoiCZ Peroquct,
Perruche. Voïez Ptrrique.
P E R R u Q.U E ^f.f. [ Coma adfdtîiia, galériens,
cœj'aries. ] C'eft une coife de releau autour de
laquelle on range avec tant d'adreffe des che-
veux qu'ils repréfentcnt la coifure naturelle
d'une perfonne. ( Il y a des perruques à calote
dont les cheveux font atachez autour d'une
calote , & ces perruques ne font que pour les
enfans malades , pour les vieillards ou pour
quelques Ecléfiaftiques. Les autres perruques
s'apellent Amplement perruques. Les perruques
blondes font les ph'S chères. La perruque eft
compofée d'une coife de refeau dont le deffus
garni de cheveux s'apeile plaque , les autres
parties font le devant , le derrière &: les coins.
Combien devant nos yeux , qui ne s'en doutent pas ,
Sous leur grande perruque étalent des apas
Qui de la tête peinte étant le vrai modèle ,
Ont beaucoup d'aparence , & n'ont point de cervelle.
Bourf. Efope. )
Ménage a raporté dans fes Origines les difé-
rentes étimoiogies du mot perruque. L'ufage des
perruques eft fort ancien. M. Thiers a pris foin
d'en raporter les preuves dans fon Traité des
perruques , qui eft beaucoup plus étendu que
celui de Rangon , Rhéteur du Collège de Berlin,
& imprimé à Magdebourg en 1663.
Le même Monfieur Thiers dit que l'Abé de
la Rivière , Evêque de Langres , a été le
premier des Ecléfiaftiques qui ont porté des
perruques , & qu'on le peut par conféquent
apellcr avec juftice le Patriarche des EcUJîaftiques
perruque^. Son exemple établit peu à peu l'ufage
des perruques dans l'Eglife , & même parmi
quelques moines.
Perruquier ., f- m. \_ Galerïculorum opifex. ]
Ceft celui qui fait des perruques pour les
hommes , des tours & demi-tours de cheveux
pour les femmes & des coins pour hommes.
( Un bon perruquier. Les perruquiers ont été
érigez en corps de maîtrife en 1674. Pour
diftinguer leurs boutiques de celles des Chirur-
giens , ils metent à leurs enfeignes des baffîns
blancs , & les Chirurgiens des baffîns jaunes.
Les perruquiers dans leurs lettres de maîtrife
s'apellent Barbiers , Baigneurs , Etuvijles &
Perruquiers.
P E R R U Q.U I E r E , / /. [ Comœ. fubdititiœ
textrix. ] Femme ou fiUe qui fait des perruques.
■{■Pers, Perse, adj. [ Cmmleus. ] C'eft-
à-dire , bleu. ( Yeux pers. Couleur pcrfe. ) Il
vieillit.
D'herbes & fleurs rouges & verfes.
Villon.
P E R.
On difoit autrefois pars pour couleur perfe.
Dans Martial d'Auvergne , cité par Borel dans
fon tréfor , on lit ces vers :
Puis venoit une haquenée
Couverte de beau cramoifi ,
Toute de fleurs de lis l'emée
Sur un beau velours pars choid ,
Et puis venoit le Chancelier
Habillé de velours vermeil.
Sur un cheval tort ûngulier,
Couvert de velours jufqucs à l'oeil.
Persan. \^Statua tal'ulatophortE.'\ Nom que
les Archiieftes donnent à toutes les ftatucs
d'hommes qui portent des entablement.
^3^ Perse , Persan , Psrsienne. Ce dernier
mot n'eft point en ufage , nous ne recevons
que Perfe ou Perfan. On dit* pourtant un habit
à la Perfienne. Une belle Perjienne. Le Père
Bouhours a remarqué que pour fignifier une
éiofe faite en perfanne , il ne Içâit s'il ne vau-
drolt pas mieux dire , une étofe de Perfe , qu'w/ze
étofe Perfienne , comme nous dilons une étofe de
la Chine , plutôt G^érofe Chinoife ; mais fi le
R. Père vivoit encore , fon doute cefferoit
depuis que l'on a fait en France ceitaines étofes
à grands ramages , que les Dames apellent
tout court des Perflennes. On dit la langue
Perfanne OU le Perfan ; mais on dit à la Perfienne,
pour dire à la manière des Perfes. Vaugelas a
dit dans fon Q. Curce , \êtu à la Perfienne ,
fon cimeterre à la Perfienne.
Perse A. \_Perfa.'\ Arbre dont les feuilles
refl"embknt afl'ez à celles du laurier, & le.
fruit à une poire.
Perse'cuter , V. a. [ Perfequi , infeclari.'^
Prononcez perceciité. Ce mot fignifie tourmenter.
Faire foufrir perfécution. Les mots qui commen-
cent par per , &C qui ont immédiatement une f
après ce mot per , veulent qu'on prononce cette
f comme un c. Faug. Rem. ( Néron, Domitien,
Adrien , Sévère , Décius , Valérien, Diocictien,
Maximien font les Empereurs qui ont perfécuté
l'Eglife. Voïez Sulpice Severe , Hifloire Sacrée ,
liv. Z. )
* Perfecuter. [ Vexare , txagitare.^ Importuner.
PrefTer. Solliciter. Tourmenter. Ne laifl"er point
en repos. ( Il le perfécutoit furieufement. Il fait
des vers feulement pour donner à gagner aux
Libraires qui le perfécutent. Molière, Précieufes.)
On dit d'un importun qu'il eft ion perfécutant.
[ Importunus , moleflus. ]
Persécuteur , f. m. [ Vexator , oppugnator."]
Prononcez percécuteur. Celui qui perfécuté.
( Un perfécuteur de l'Eglife. Néron , Dioclétien
& Maximien ont été les plus cruels perfécuteurs
des Chrétiens. Ils faifoient femblant d'arrêter
les perfécuteurs fur le penchant de ma ruine.
Téophile , poéf. f * Un perfécuteur d'oreilles,
c'eft-à-dire , qui fatigue l'oreille , parce qu'il
parle mal. Sarafn , poéf.
Mille perfécuteurs s'élèvent contre lui.
Ec la vérité feule étoit tout fon apui.
Poète anon. )
Persécution. [ Kexatio , infecîatio. ] Pronon-
cez percécution. Aftion de perfécuter. Tourment.
Peine & guerre qu'on fait à une ou plufieurs
perfonnes parce qu'on les hait. (Commencer la
perfécution & la ruine d'une perfonne. La
perfécution que j'avois fouferte étant finie , je
crus. Mémoires de M. le Duc de la Rochefoucauld.
L'Eglife a foufcrt neuf perfécutions , la première
P E R.
s'alluma fous Néron , & la neuvième s'éteignit
lorfque les Empereurs commencèrent à faire
profclfion du Chriftianifme. VoiezSu/piceSevcre,
Hijlolre ficrîi. )
Perse'e. [ Pcrfeus."] Conftellation compofée
de vingt -fix étoiles.
P E R s e' V e'r a n c e , /! /! [ Perfeverantia , conf-
tant'ui. ] Prononcez pirccvcrance. C'cft la conf-
tance qu'on a à faire le bien. ( La perfévérance
mérite d'être couronnée. La perfévérance n'eft
digne , ni de blame , ni de louange , parce
qu'elle n'eft que la durée des goûts & des
fentimens qu'on ne s'ôte & qu'on ne fe donne
point.
PeRSe've'r ANT, PERS£'vE'RANTE,a<^". [ConftiinS,
immohilis , firmus. ] Prononcez pcrccvinint. Qui
a de la perfévérance. Qui continué fans inter-
ruption. ( Il faut être perfévérant. Elle eft
perfévérante. )
P E R s e'v e'r e r , V. n. [ Perjijlere , perfeverare!)
Prononcez perdvcré. Avoir de la perfévérance
Perfifter. Etre ferme & confiant dans fon fen-
timent. ( II perfévére dans la réfolution qu'il
a prife. Servir une maîtreffe & perfévérer , c'ell
affez dire que l'on aime. Patris. )
Persicaire,// ^Pirficaria.^ Plante qui
pouffe des tiges de la hauteur d'un pied , &
dont les feiiilles reffemblent à celles du pêcher,
il y a la perficaire douce , avec des taches &
quelquefois fans taches , & la perficaire brûlante
ou poivrée , qui eft fans taches & d'un goût
poivré.
Persiflage ,/! m. Mot nouveau , mais fort
ufité depuis plufieurs années & qu'on lit dans
beaucoup d'écrits, hç Perjiflagc n'eft pas la même
chofe que le galimathias. C'eft un difcours qui
préfente des idées générales , des images fra-
pantes , des raifonnemens vaftes , enfin un
difcours que ni celui qui le fait , ni ceux qui
l'écoutent ne fe piquent point de comprendre.
1.Q perffiage eft aujourd'hui fort à la mode. Son
principal ufage eft de fronder tout, & de fronder
de bon air & du bon ton. Voïez la Lettre tTiin
PatiJJier Anglais au nouveau Cuïjlnler François.
De la joie & du cœur on perd l'heureux langage
Pour l 'ablurde talent d'un trifte perfiflage.
Greffe! , Comédie du Méchant
Persil. [ Apium hortenfe. ] Prononcez perci.
C'eft une forte de petite plante bonne à manger,
qui porte des fleurs blanches , qui a une racine
odoriférante & qui eft chaude & apéritive.
( Perfil commun. Perfil cultivé. Perfil fauvage,
Perfil de marais , &c. Voïez Dalec. t. i. Le
perfil de Macédoine eft le meilleur de tous ,
fon goût eft aromatique & fon odeur agréable.
Charas , tkîriaque , ch. J3.
Deux alTiettes fuivoient , dont l'une ctoit ornée
D'une langue en ragoût de perfi couronnée.
De/préaux. )
Çj* Perjtl vient de Petrofelinum , félon Mé-
nage. On prononçoit autrefois perjîl , comme
dans le Rondeau de Villon,
Repos éternel donne pour Cil
Sire , clarté perpétuelle ,
8ui vaillant plat' ni écuelle ,
'eft oncques util de petùl
II fut rez , barbe & fourcil.
On dit à préfent Perci.
On apelle arracheurs de perjîl les bateliers de
P E R. lîi
de la Loire qui tirent leurs bateaux pour les
faire remonter. [ Helciatores. ]
Perfdde Montagne. [ Oreofc/inum.] Cette plante
contient beaucoup de fel eflentiel &C d'huile.
Ses feuilles reffemblent à celles de l'Ache. Elle
eft incifive , déterfive , apéritive. On fe fert
de fa racine & de fa femence pour la pierre ,
la gravelle & pour exciter l'urine.
Persillade , f.f. [ Acctaria petrof&lino
refperfa. ] Terme de Cuijinier. Afiaifonncment
fait avec du perfil. Du bœuf à la pirfdlade ,
c'eft-à-dire , qu'on mange avec du perfil crud.
Persillé', Persille'e , adj. \^Nlucidus.'\ Il fe
dit de certains fromages , & il ne fe dit d'ordi-
naire qu'au mafculin. Il fignifie qui a une forte
de moififfure , qui a un verd de perfil. ( Le
fromage perfillé eft bon pour les Buveurs.)
Persister , v. /2. [ Stare ,pzrffltre.'\ Demeurer
ferme dans quelque fentiment. Continuer,
Perfévérer. ( Il pcrfifte dans fa dépofition. Il
perfifte à dire & à faire les mêmes chofes
qu'auparavant. )
Personnage , / wz. [ Homo , vir. ] Prononcez
perçonnage. Ce mot au propre fe dit feulement
des hommes & veut dire homme. ( Un grand , un
illuftre , un fameux perfonnage. Ablancourt étoit
un excellent perfonnage.
Je vous dis que inon fils n'a rien fait de plus fage
Qu'en recueillant chez foi ce divin perfonnage.
Molière. )
Perfonnage. Ce mot dans la fignificatloit
à'homme , fe joint aufli avec des épitétes qui
marquent quelque blame. Ainfi on dit , c'eft
un fot perfonnage , c'eft un ridicule perfonnage,
[ Ridiculus homo. ] C'eft-à-dire , un franc fot ,
un ridicule achevé.
Perfonnage. Ce mot s'emploie aufll fans épitéte
& toujours en mauvaife part. ( Si vous aviez
vu de quelle manière la nature a deflîné ce
perfonnage , VOUS ne pourriez vous empêcher
de rire. )
Perfonnage. [ Perfona. ] Terme de Comédien.
A£teur. Celui ou celle qui repréfente quelque
perfonne à l'aûion de la pièce qu'on joue. ( Les
perfonnages de la pièce font Sganarelle, Lucinde.)
Le mot A'Acleur en ce fens eft plus ufité que
celui de perfonnage.
* // joué dans le monde le perfonnage d'un fot!)
[ Sibi fatui perfonam imponit. ] C'eft-à-dire , c'eft
un fot.
( Que vous jouez au monde un petit perfonnage.
De vous claquemurer aux chofes da ménage.
Molière. )
* Il a fort bien Joué fon perfonnage dans toute
l'afaire. [ Recle partes egit. ] C'eft-à-dire , il a
fort bien fait ce qu'il devoit faire.
Personaliser , V. <z. [ Profopopaiam agere. ]
C'eft feindre que les créatures inanimées agiflent
à la manière des hommes , comme fi elles en
avoient les paffions , comme faire parler les
murailles , la mer , &c. Voïez perfonijier.
P E R s o n A T , /; TO. [ Perfonatus. ] Ce mot fe
dit dans certains Chapitres de France. C'eft un
Chanoine qui a un degré au-deffus d'un fimple
Chanoine.
gf^ La dignité dans l'Eglife eft acompagnèe
de jurifdiflion , le Perfonat eft fans jurifdiâion.
Personne. [ f^ir vel millier. ] Ce mot
fignifie l'ame &: le corps joints enfemble , &
lït P E R.
en ce fens il efi nufcidin ou fimuùn, fclon que
la chofc fignihcc le demande.
Pcrfonm. [ JH^juis , mmo , nullus. ] Ce mot
eft toujours mafcuiui , lori'qu'il eft pris pour tiiU
ou pour aucun , & alors il n'a point Aepluricl ;
c'cft une manière de nom InJcclinabU , on ne
l'employé même en ce Cens qu'avec une néga-
tive , ou avec une interrogation. Pcrjonne
u'efl venu ici , & jamais perj'onne ne[l vcnuï.
Vaug. Rem. Perfonm a-t-iL jamais fait a que
vous f.iitis ?
^ijT Pcrjonne, dit Vaugelas , fignifie Vhomme
& la fimme tout enfemble , comme fait homo en
Latin , & en ce fens il eft toujours féminin ,
& a perfonncs au pluriel , fe gouvernant en tout
& par-tout comme les autres fubrtantifs réguliers,
par exemple , y 'rfi v// la pcrjonne que vousjavci;
il faut porter du rcj'pcci aux perfonncs conjîituccs
en dignité.
II fignifie le nemo des Latins , & en ce fens il
eft indéclinable & n'a ni genre ni pluriel , mais
il ert toujours mafculin. Exemple : Perfonne
ncfl venu. Je ne vois perfonne (i heureux que vous.
fi pourtant on parle à une femme , il faut dire
Ji heurcufi qui vous , ce qui a raport à femme ,
& il feroit plus régulier de dire , je ne vois
point de femme , au lieu de perfonne ,Jî hcurcufe ,
fi 8'''^[f^ 1"' 'i'ous.
L'ufage de perfonne pour nemo , n'eft propre-
ment que pour les chofes qui regardent l'un
& l'autre fexe conjointement , comme perfonne
n'a été fâche de fa mort, car perfonne com^prcnà
l'homme & la femme fans les féparer ; ainfi il
a le genre mafculin : mais quand perfonne fe
raporte à l'un des deux fexes , ou a une perfonne
feule , alors ce n'eft pas le lieu d'employer
perfonne pour nemo.
Vaugelas fait enfuite cette obfervation : On
ne laiffe pas de donner quelquefois au terme
perfonne le genre mafculin , & même plus
élégamment que le féminin : par exemple ,
Malherbe dit ; j'ai eu cette confolation en mes
ennuis , qu'une infinité de perfonncs qualifiées ont
prix la peine de me témoigner le déplaijîr qu'ils
en ont eu. (Qu'ils eft plus élégant que qu'elles,
parce qu'on a égard à la chofe fignifiée , qui
îbnt les hommes en cet exemple , & non pas
h. la parole qui fignifie les chofes.
Voici l'obfervation de l'Académie. On a
condamne ces manières de parler : Je ne vois
perfonne f lieureufe que vous ; je n'ai jamais vit
perj'onne fl gro^e quelle , que M. de Vaugelas
femble tolérer ; & il faut dire en parlant à une
femme : je ne vois point de perfonne fi heureufe
que vous ; & parlant d'une femme , je n'ai jamais
vu de femme fi grojj'e qu'elle, ce qui eft la même
chofe que fi on difoit , je ne vois aucune per-
fonne ft heureufe que vous , aucune femme fi grojfe
qu'elle.
A l'égard de ce que Malherbe dit : /'ai eu
cette confolation en mes ennuis , quune infinité de
perfcnnes qualifiées ont pris la peine de me témoigner
le déplaijîr qu'ils en ont eu; on a décidé qu'il
auroit été mieux de dire, qu'elles en ont eu , à
caufe que le genre qu'il faut donner à ce relatif,
eft déterminé par l'adje^Iif qualifiées , qui eft
féminin , de forte que pour faire recevoir qu'ils
au lieu de quelles , il auroit falu dire , plujkurs
perfonncs de qualité , ou du moins fe fervir d'un
adjeftif q"i eut le genre mafculin & le genre
féminin fcmblablcs , comme : plufïeurs perj'onnes
confidéral'lcs ont pris la peine de me témoij;ner le
P E R.
déphiifir qu'ils en ont eu. Cet 3LiX]CÙ\i confidérables,
étant de deux genres , ne fait pas le même éfct
que qualifiées , qui étant féminin , ne peut être
joint qu'à un fubftantif qui foit aufll féminin.
Le Père Bouhours convient avec Vaugelas ,
qu'après avoir fait féminin le terme perj'onne,
on peut quelquefois lui donner le genre mafculin,
à l'imitation de Malherbe : mais , ajoute-t-il , il
me femble que M. de Vaugelas n'a pas fuffi-
famment éclairci ce principe , car fi la chofe
fignifiée doit fervir de régie pour changer de
genre après perfonne , il y a des rencontres où
il feroit un folecifme ; par exemple , fi on parle
des Dames de la Cour , après avoir dit , que
ce font des perfonnes très-fpirituelles , je ne
dirai plus , ils jugent h'ien des ouvrages d'ej'prit ,
il faut néceffairement dire elles , par raport aux
Dames de la Cour , qui font la chofe fignifiée :
au contraire fi je parle des Docteurs de Sorbonne,
après avoir dit qu'il y a en Sorbonne des per-
fonnes très-fçavantes, je dirai : ils ont une parfaite
connoiffance de la Théologie , & non pas elles ,
parce que les Dodeurs font la chofe fignifiée.
Si l'on parle de plufieurs perfonnes de l'un &c
de l'autre fexe , je dirai , ils parlent des afaires
de la guerre , & non pas elles ; car lorfque les
deux genres fe rencontrent , il faut que le plus
noble l'emporte.
Il faut encore faire cette réflexion , que quoi-
qu'un homme foit la chofe fignifiée , on met le
féminin après perfonne , quand le mot qui s'y
raporte y eft joint en quelque façon , par exemple
on dit : Il y a dans la Sorbonne des perfonnes
très-fçavantes & tris-difcrétes , aufquelles on peut
Je fier pour la conduite des mœurs : ce feroit mal
dit , aufquels , parce que le relatif aufquels tient
à perfonne. Perfonne fignifie quelquefois le corps
ou la figure extérieure & diférente de Perfonne ,'
qui fignifie l'homme ou la femme , on dit en
ce fens : fa perfonne plaît extrêmement ; elle <t
mille agrémens en fa perfonne. Voiez les Doutes
du même Auteur.
Perfonne. [ Homo , femina. ] Lorfque ce mot
ne fignifie pas nul , mais l'homme & la femme
tout enfemble , il eft toujours féminin , & il a un
pluriel. (Exemples. J'ai vu la perj'onne que vous
fçavez. C'eft une belle perfonne. Les perfonnes
qualifiées. II faut porter du refpeft aux /)i;//o/j/je5
conflituées en dignité. Vaug. Rem. )
Perfonne. [ Multi. ] Ce mot ne fignifiant pas
nul , mais l'homme & la femme tout enfemble
eft féminin & mafculin dans une même période ,
c'eft-à-dire , que le pronom qui fe raporte au
mot de perfonne féminin , fe met au mafculin.
Vaug. Rem. (Exemples. J'ai eu cette confolation
dans mes ennuis qu'une infinité de perj'onnes
qualifiées ont pris la peine de me témoigner
le déplaifir qùils ont eu. Vaug. Rem. Il y a
des perfonnes qui fe font perdues par une chaleur
de dévotion , parce qu'ils ont voulu plus faire
(\vCils ne pouvoient. Port-Royal , Imitation de
Jej'us-Chrifi.
Que tout iroit bien mieux fi perfonne ici bas.
Ne fe mèloit jamais de ce qu'il ne fçait pas.
Poème fur l'cd. de S. Aupiflin. )
Perfonne. [ Species. ] Ce mot fe prend fouvent
pour la figure , ou l'extérieur du corps , & en
ce fens il eft toujours féminin. ( Sa perfonne
me plaît extrêmement. Il eft bien fait de fa
perfonne. Ablanc. Sa perfonne eft pleine d'apas.
Voit. poij\
Entre
P E R.
Entre la veuve d'une année
Et la veuve d'une journée
La diférence eft grande ; on ne croiroit jamais
Que ce fût la même perfonne :
L'une fait fuir les gens , & l'autre a mille attraits.
La Fontaine. )
Perfonne. Ce mot s'emploie fouvent avec les
pronoms paflifs , & alors il a diverfes fignifica-
lions. Jimer fa perfonne , c'eft aimer fes ailes,
avoir un grand loin de fa fanté , de fon corps ,
de fon ajuftement.
Etre content de fa perfonne. C'eft être fatisfait
de foi-même.
Paier de fa. perfonne. C'eft aller à l'occafion ,
s'expofer au péril , faire bien fon devoir. ^
S'aJJurerde la perfonne de quelcun. C'eft l'arrêter,
le mètre en prifon.
Perfonne. [ Perfona. ] Ce mot fe dit en Théo-
logie & en parlant de Dieu : c'eft la Nature
divine avec fes raports & fes relations réellement
diftinftes. ( Ainfi la perfonne de Jefus eft la
divinité de Jefus-Chrift. Il y a un Dieu en trois
perfonncs. )
Perfonne. Terme de Grammaire. C'eft une
particulière diférence du nombre du verbe ,
laquelle eft triple en chaque nombre. ( La
perfonne d'un nombre fmgulier d'un verbe ,
c'eft y«, &c,)
En perfonne. [ In propriâ perfona. ] Sorte
^adverbe. ( Il commandoit en perfonne , c'eft-à-
dire , il commandoit par lui-même & non point
par autrui. )
On dit, ofinfer quelcun en fa perfonne. On dit
encore , en termes de Pratique , parlant à fa
perfonne , parlant à fa propre perfonne , c'eft-à-
dire , parlant à lui-même. On le dit aufll dans
le ftile familier. On dit aufli , dans le ftile
familier , la perfonne , pour fignifier l'efpéce.
Comment trouvez-vous ce cafFé ? la perfonne
en eft excellente.
Personnel , Personnelle , adj. [ Proprius. ,]
Qui regarde la perfonne. ( Les fautes font
perfonnelles. Ajournement perfonnel. )
Personnellement , ao'v. [Propriè &Jîncerk]
( Je fuis perfonnellement vôtre ami. C'eft-à-dire,
pour moi je fuis vôtre ami.)
Perfonnellement , adv. [ Perfe. ] En perfonne.
( Comparoître perfonnellement. Terme de Palais.
S'établir perfonnellement. Terme de Notaire. )
Personnifier, v. a. \_Perfonam effingere. ]
Il fignifie parler des chofes ou des quaiitez ,
comme fi c'étoient des perfonnes. ( Les Poètes
ont perfonnifié toutes les pallions , comme
l'Envie , la Vengeance , la Gloire , la Fortune,
la Difcorde , le Sommeil , &c. )
Perspectif , adj. [ Scenographia. ] On
apelle en Géométrie un plan perfpecîif , l'apa-
rence d'un plan objeûif décrit au-delà du tableau
fur le plan géométral.
Perspective , f.f. [ Pars optices cujus ope
quce remota funt proxima videntur. ] Il y a deux
fortes de perfpeâive , Vwnefpéculative , & l'autre
pratique. La Jpcculative eft une connoiflance de
l'efprit , par laquelle l'efprit confidérant de
certains objets , connoît les raifons de leurs
diverfes aparences , félon les diverfes pofitions
de l'œil qui regarde. La perfpeâive pratique eft
aufli une connoiflance de l'efprit , aidée des
fens extérieurs & exécutée par la main , à la
faveur de laquelle la perfpeclive pratique nous
enfeigne à repréfenter dans un tableau ce qui
paraît à nos yeux , cm que l'entendement conçoit
Tome III,
P E R- tt3
en la forme que nous le voyons. Le mot ds
perfpeclive fignifie aufli des tableaux faits pour
repréfenter des objets en perfpedive.
Perfpeclive. Se dit d'une peinture qui repré-
fente des jardins , des bâtimens , ou autres chofes
femblables en éloignement , pour tromper la
vue , & qu'on met ordinairement au bout de
l'allée d'un jardin ou d'une galerie.
Perfpeclive linéale. C'eft celle qui fe fait par
les lignes feules.
Perfpeclive aérienne. C'eft celle qui fe fait par
la dégradation des couleurs.
Perfpeclive. Se dit de l'afpeâ: de divers objets
à la campagne viis de loin. ( Ce coteau fait
une belle perfpeflive. Cette maifon a une belle
ville en perpeftive. )
Perfpeclive , au figuré fe dit de divers bonheurs
ou malheurs qu'on regarde comme certains ,
quoiqu'encore éloignez. ( Les biens de cet oncle
font une belle perfpeâive pour vous. Le malheur
qui le menace eft unie fâcheufe perfpedive pour
lui. )
En perfpeclive , fe dit pour en éloignementi
{ Il eft riche , mais ce n'eft encore qu'en perf-
peftlve. )
Perspicacité', y;/ [ Perfpicacitas ,fagacîtas.'\
L'Académie , qui a reçu ce mot , dit que c'eit
une forte de vivacité & une pénétration d'efprit
qui fert à découvrir les chofes les plus dificiles
à connoître. Ce mot eft très-propre pour expri-
mer l'aûion par laquelle l'efprit connoît la vérité.
Perspicuité,/;/^ [ Perfpicuitas. ] Ce mot
vient du Latin & iignie clarté , netteté. Il fe
dit du difcours. ( La perfpicuité du ftile , du
difcours. )
Perspiration ,f.f. Terme de Médecine.
Tranfpiration infeniible qui fe fait continuelle-
ment par les pores de la peau.
Persuader. [ Suadere , perfuadere. } Ce
verbe régit un ^zccz^/à/;/" quelquefois , & quel-
quefois un datif. Il femble qu'il répSeVacufatif
quand il fignifie amener une perfonne au fenîi-
ment qu'on defire. Convaincre une perfonne à
force de raifons , l'entraîner par de puiflantes
confidérations. ( Exemples. L'Orateur perfuade
fes Auditeurs par la force de fon raifonnement.
Ablanc. Je n'ofe lui parler d'amour de crainte
de la perfuader. Gomb. Ep. i. Mais lorfque
perfuader fignifie confeiller , porter à croire ,
faire croire , il femble qu'il veuille un datif.
(Cette conduite perfuadoit à la Reine que , &c.
Mémoires de M. le Duc de la Rochefoucauld. Il lui
perfuada de prendre la robe. On peut plaire
& ne pas perfuader. Coftar,yà«ê de fa défenfc ^
page jz. dit que Balzac avoit le fecret de parler
magnifiquement , mais qu'il n'avoit pas le talent
de plaire ni de perfuader. )
Se perfuader , croire , s'imaginer , fe figurer.'
[ Il fe perfuade tout ce qui flate fa vanité. )
Persuadant , adj. Qui perfuade. Difcours
perfuadant. Raifon perfuadante.
Persuasif, Persuasive, adj. \_Perfuaforius,
fuafione pollens. ] Qui perfuade. Qui a la force
de perfuader. ( Difcours perfuafih Abl. Avoir
une éloquence perfuafive. Molière, Critique de
l'Ecole des Femmes. ) On dit aufli d'un homme
éloquent , // efl fort pcrfuafif.
Persuasion,/!/. [ Perfuafio , induclus. ]
Conviûion de l'efprit caufée par la force &; la
vérité des raifons. Créance. Sollicitation. ( La
perfuafion n'a pour l'ordinaire fur nous qu'autant
de puiflTance que nous voulons. Defp. Longin,
P
>
114 P E R.
ch. :. Il fera porté à manger de ces viandes;
avec perfiiafion qu'il a qu'elles font fouilL-es.
jS'ouveau Tefijment , première Epïtrt de S. Paul
aux Corinihiens. Il a fait cela à la perfuafion
de Monlieur un tel.)
Dans ce grand nombre de Divinitez que le
P.iganifme avoit inventées , la Perfuafion ocu-
poit une place parmi les Dceffes. Hérodote
AV. 8- a dit que la Perfuafion & la Néceflîté
ctoient deux puiflantes Divinitez.
Perte, f.f. [ Dainnum, jaclura , detrirrientum.']
Dommage qu'on a foufFert en perdant quelque
cliofe. ( Faire de grandes pertes. Faire des pertes
confidérables. Réparer fa perte. Recouvrer fa
perte. Ahlanc. Une perte de fang. La perte
d'une bataille.
Ils foupircnt après la pertt
De leur dcrniete liberté.
BuJTu )
Perte ou gain tout ejl égal. C'eft-à-dire , ne
fe foucier ni de perte ni de gain , recevoir l'un
& l'autre d'un vifagc égal. Scaron. )
A perte de vui , adv. [ Longe lateque, ] C'eft
aufiî loin que la vue fe peut étendre, ( Une
allée à perte de vue. )
•}■ * Parler à perte de vuï, [ Immodicl loqui. ]
C'eft-à-dire , parler fans réflexion. ( C'eft un
homme qui parle de tout à perte de vue , &
qui foavent fe fait fifler. )
On dit auffi courir à perte d'haleine. [ Ad
interclujlonetn animœ currere. ]
En perte , *n pure perte , adv. ( Il fait des frais
en pure perte. Tout cela eft en perte pour moi.)
Perte. Toile de chanvre qui fe fabrique en
Bretagne , fur-tout dans le village nommé Perte,
& en d'autres lieux.
PERTEGUEs,y^OT. /»/. [ Pertlculoi. ] Terme
de Marine. Bâtons qui portent une pièce d'étofe
qu'on apelle tendelet , qui fert à couvrir la poupe
d'une galère , contre le foleil & la pluye.
Pertinacite' , //; \_Pervicacia.'] Opiniâtreté
en quelque chofe. ( Il foutient fes opinions
avec une grande pertinacite. )
Pertinent, Pertinente, adj. [Aptus ^ ido-
neus, conveniens. ] Convenable. Qui eft à propos.
( Il a alégué une raifon pertinente. Ses offres
ont été déclarées pertinentes. )
Pertinemment, adv. [ Apte , convenienter,
appojlt}. ] Prononcez pertinamman. Convenable-
ment. Raifonnablemcnt. Fort à propos. ( Il a
répondu pertinemment à toutes Les demandes
qu'on lui a faites. )
Pertuis,/;72. [ Foramen. ] Ce mot fignifie
un petit trou , mais il n'eft guère ufité dans le
langage ordinaire. (Boucher un pertuis. On dit
plutôt boucher un trou. )
* Pertuis. [ Sinus. ] Paffage fur une rivière ,
oîi les bateaux ne peuvent paffer que les uns
après les autres , & où quelquefois on ne pafl'e
pas fans quelque danger , à caufe que le paffage
eft difficile. ( Paffer un pertuis. )
^^^ Pertuis de bajjtn. C'eft un trou par où
fe perd l'eau d'un baffin de fontaine ou d'un
réfervoir , lorfque le plomb , le ciment ou le
corroy , eft perdu en quelque endroit , ce que
les fontainiers apellcnt aufli Rinard , du Latin
Runa. D'Aviler.
Pertuis. [ Foramen. ] Chez les Serruriers c'eft
le trou d'une clef forée. Chez les Tireurs d'or,
c'eft le trou de la filière par o\i paffe le lingot.
En Géographie , c'eft un détroit de mer entre
P E R.
' une Ifle & la terre ferme. [ Sinus. ] Le pertuis
Breton , vers l'Ifle de Rhé.
Pertuisanne ,/■/. [ Spiculi longioris & latioris
hajîa. ] C'eft une arme qui eft compofèe d'une
hampe & d'un fer large , aigu & tranchant au
bout de la hampe , & qu'on donne à de certains
foldats de chaque compagnie d'infanterie. ( \Jne
bonne pertuifanne. On commence à ne fe plus
fervir des pertuifannes , parce qu'elles ne font
pas un grand effet. ) Ce mot eft dérivé de per-
tundere , pertufus , pertuj'ana. Pertuifanne.
PertuisannieRjPertusannier,/?»?.'
[ Siciliarius. ] On dit pertuifannier , & non pas
pertufannier. C'eft le foldat fantaffin qui eft
armé d'une pertuifanne. (Un bon pertuifannier.)
Perturbateur, y; OT. Il vient du Latia
perturbator. C'eft celui qui trouble , qui met le
defordre & la divifion. ( Etre perturbateur du
repos public. Voit. let. Z- C'eft un perturbateur
de l'Etat , de l'Eglife ; c'eft le perturbateur du
peuple. )
Perturbation, f.f. Terme Dogmatique.
Trouble , émotion de l'ame à l'ocafion de quel-
que mouvement dans le corps.
Perturbatrice , f. f. [ Perturbatrix. ] Celle
qui trouble & met en defordre. ( Elifabeth qui
étoit une perturbatrice du repos de l'Eglife , a
dit. Maucroix , Schifme , liy. J. p. -4J77. )
Pervenche , f.f. [ Pervinca vulgaris latifolia.'\
Ce mot vient du Latin pervinca. C'eft une plante
médecinale , qui rampe , dont les feiiilles font
d'un beau verd & les fleurs blanches. C'eft un
des vulnéraires.
Pervers, Perverse, adj. [ Perverfus «'
depravatus. ] Ce mot fe dit des perfonnes , 6c
veut dire méchant , fcélèrat , & ne fe dit bien
qu'au mafculin. ( Efprit pervers. )
Pervers , f. m. [ Sceleftus , pravus. ] Méchant,'
fcélèrat. C'eft un pervers.
Il eft l'apuL des bons , la terreur des pervers.
Le Juge prétendoit qu'à tort & à travers
On ne fçauroit manquer condamnant un pervers.
La Fontaine )
•j* Perversion , f.f. [ Depravatio.] C«
mot eft écorché du Latin. Il ne fe dit guère,
fignifîe l'aftion par laquelle on pervertit quelcun
& par laquelle on rend plus méchant , ou de-
vient plus méchant.
Perversité',// [ Perverjîtas , pravitas ,
nequitia. ] Mot tiré du Latin , qui fignifie mé-,
chanceti ; il peut trouver fa place dans le difcours
grave & férieux. (Il a triomphé de la perverfité
de fes ennemis.
Trop de perverfné règne au fiécle où nous femmes
Et je veux me tirer du commerce des hommes.
Molière. )
Pervertir, V. a. [ Pervertere , corrumpertf
depravare. ] Ce mot fe dit proprement des
perfonnes , & veut dire gâter. Mettre dans les
mauvaifes voyes. ( Sous couleur de l'inflruire
il l'a perverti. Les flateurs & les méchants
pervertiffent beaucoup de monde.)
Pervertir l'ordre des chofes. C'eft troubler l'ordr*
établi. On dit aulli , pervertir U fens dt FEeriturtf
pervertir le fens d'uji pafj'age.
P E S.
Pesade,// [ Anteriorum ptdum ereBio
poflicis immotis. ] Terme de Manégt. Aûion du
P E s.
cheval qui levé les pieds de devant fans remuer
ceux de derrière. La péfade eft le fondement
de tous les airs. )
P e' s A G E. L'aftion de péfer.
Je vis fans balancer rejeter maint ouvrage,
Que je penfois au moins mériter le pifags.
Anon, Mercure de Févr. ij^g.
V iSAtiT , f. m. [ Sicoma. ] Terme de Chafu-
hl'ur. C'eft un affez gros morceau de fer ou de
plomb envelopé de toile ou d'étofe qu'on met
fur la befogne pour la tenir lorfqu'on travaille.
( Mon pefant eft perdu. )
Pefant , Pcfanu , f- m. [ Gravis , ponderofus. ]
Terme de Phyfiquc. C'eft tout ce qui eft porté
comme de foi-même en ba*. Qui tend en bas.
( Le mouvement des chofes pefances ne vient
pas tant d'un principe interne que d'un externe.)
Pefant , pcfanu , adj . [ Gravis. ] Lourd , qui
péfe. ( Corps pefant. L'eau eft pefante. )
. . . ... Et ma mufe tremblante
Fuit de ce grand fardeau la charge trop pefante,
Defpréaux.
Pefant , Pefante. [ Ponderans. ] Il fe dit des
pièces de monnoye , & veut dire qu'elles font
du poids régUî dont elles doivent être. ( Cet
ccu eft pefant. Une piftole pefante. )
* Pefant, pefante , adj. [Parum ejfficax, tardus.]
Ce mot fe dit des perlonnes & veut vire lourd.
Qui a peu de feu & de vivacité , peu de brillant.
( Efprit pefant.
Il n'eft pas fans efprit , mais né trifte & pefant
11 veut être folâtre , évapojé , plaifant.
De/préaux. )
Pefant , pefante. [ Moleflus , gravis , incommo-
dus. ] Fâcheux , onéreux , embaraffant. ( La
carde de deux filles eft un peu trop pefante.
Molière. Il s'avança avec toute la diligence dont
étoit capable une armée auflî pefante que la
fienne. Faug. Quint, l. j. c. y.)
Pefant , pefante , adj. [ Ingravefcens. ] Ce mot
fe dit de certains chevaux de fille. C'eft un cheval
pefant à la main , c'eft-à-dire , qui s'abandonne
îlir la bride.
Avoir la main pefante , avoir le bras pefant ,
c'eft être fort & robufte , & donner de grands
coups. On le dit aufîi d'une perfonne puiflante ,
dont le reffentiment & la vengeance font à
craindre. ( Vous avez afaire à un homme qui
a le bras pefant. )
Avoir la tête pefante , c'eft l'avoir chargée
d'humeurs , de vapeurs.
On dit d'un homme qui a beaucoup de mérite,
qu'jV vaut fon pefant d'or. [ Decet aura hune ho-
minem expcndi. ]
^^ Les Muficiens difent une mufique pefante,
quand les mouvemens , & par conféquent les
notes , font d'une longue durée. Foiei Broflard ,
Diftionnaire de mufique.
ppSAMMENT , adv. [ Gravatim , lente , tarde. ]
D'une manière pefante. ( Il n'avoit avec lui
que des foldats pefamment armez. Ahlanc. Ret,
\_ Catapkracli milites. ]
Pesanteur,/;/. [ Gravitas. ] Terme de
Phyfique , qui n'a point de pluriel. La pefanteur
n'eft autre chofe que le mouvement des corps
vers le centre de leur tourbillon , ou l'éfort que
les corps font , lorfqu'ils font retenus , pour
fe mouvoir vers ce centre. La pefanteur ne
ne reconnoît d'autre caufe quQ Ximpulfion ®u
Tome III.
P E S. II î
le choc de queiqu'autre corps. M. Bouillet ,
Dofteur en Médecine , a donné une bonne
differtation fur la pefanteur , qui a remporté le
prix de l'Académie de Bourdeaux. ( Une pierre
tend en bas par fa propre pefanteur. )
Pesanteur. [ Impulfio gravis. ] Charge
lourde, poids. (Soulevez un peu ce balot &
vous en fentirez la pefanteur. )
Pefanteur ; fe dit en parlant des coups que
donne un homme fort & robufte , & du bras
& de la main qui les donne. (La pefanteur de
fon bras , de fa main , de fon corps. ) '
Pefanteur de tête. [ Capitis gravitas. ] Maladie
qui vient de l'abondance du fang ou d'autres
vapeurs groffiéres. (Cela caufe des pefanteurs
de tête. Il a une pefanteur de tête qui l'incom-
mode fort. )
Pefanteur , Se dit figurément de l'efprif.'
[ Tarditas ingenii. ] (Les habitans du Nord ont
plus de pefanteur d'efprit que ceux du midi, )
§3^ Balzac dit dans fon Socrate Chrétien, pag.
231 ■ « Quand l'ame fe trouve dans fes pefanteurs
» & dans fes aflbupiflemens , Dieu prend plaifir
»à la reveiller, & à s'aparoître à elle.
Pfsche, pefcher. Vo'iez ci-devant, Pêche,
pêcher , &c.
Pese'e , /. / [ Penfura. ] C'eft tout ce qu'on
pefe en une feule fois. ( Une bonne pefée.
Faire plufieurs pefées. )
Une pefée , eft auflî une quantité de laine qu'on
donne au poids à l'ouvrier.
Peser, v. a. [ Appendere , ponderare. ] Voir
la pefanteur d'une chofe avec les poids. (Pefer
une piftole. Pefer du chanvre, du lin, de la
laine, &c.
Pefer , v. n. [ Gravem 6- ponderofum effe. \
Avoir de la pefanteur. ( Coffre fort qui pefe
beaucoup. )
Pefer, v. n. [ Molefum effe. ] Etre onéreux ,
fâcheux & embaraffant. ( La Couronne lui pefe
fur la tête. )
Quand on r^nnoît l'Amour, fes caprices, fes peines ,
Quand on fait , comme moi , ce que peferir fes chaînes.
Deshoulieres , Poëf)
Pefer la pierre. Terme de Carrier. C'eft la
foulever de de defl"us le tas avec la groffe barre ,
pour la mettre fur les boules.
* Pefer , v. a. [ Rem perpendere , examinare ,
trutinari. ] Confidérer , examiner , so\ï. ( Pefer
la diférence qu'il y a entre les chofes, Lifez &
pefez chaque mot. Pefer un crime. Patru ,
Plaidoié. )
* Pefer , v. n. [ Prœgravare manum. ] Ce tnot
fe dit de certains chevaux de felle , & veut dire ,
s'abandonna trop fur la bride. (Cheval qui pefe
à la main.)
* Pefer. [ Infigere vefigia. ] Terme de Chajfe.
Ce mot fe dit , quand une bête enfonce beaucoup
de fes piez dans la terre , ce qui eft une marque
que la bête a grand coriage. Salnove. ]
Pefer. [Morari , moram facere.] Terme de
Mufique. Qui veut dire , apuur fur les notes,
( Pefez bien fur vos notes. )
Pes^uti , f. m. [ Librator , penfator. J Celui
qui pefe. Mais il fignifie proprement , celui qui
efl établi par autorité publique pour pefer certaines
chofes. ( Un bon pefeur. Un pefeur exad &c
fidelle.)
§3° P E s M e. Vieux mot qui fignifie , dur ,
fâcheux , pénible. Ville-Hardouin , n^ , ^y. Et
didens al fejor lor avint uni mefaventure qui fu
P ij
1 1 6 P E S.
pefmt & dure. Du Cange raportc dans fort Glnffu'ire
fur cetu hiftoire , pliiftciirs endroits de diférens
Auteurs , qui s'en l'ont Tervis. Guillaume de
Nangis M. S. fous l'an 1116. parlant du Roi
des AfTaffins, ici crls-pcfms Roi & mal voulant
Seigneur des Harquajjes hahitoit en la Contrée
d'Antioche & de Damas.
Guillaume Guiart fous Xaw 1267.
Eftoit le Duc de Bavière
Un neveu Maintroi qai mort ère
De vil.iine mort &. de fxjive
ComaJin ot nom en baptcfme.
Philipe Moufques en la vie de Charles le
Simple.
Terris Fius Gulllauine fu fi efine ,
Qiii ne fut pas crucux ni fifinc.
En la vie de Philipe I.
Dont fit une très-grand'gélée
Trop pcj'me & trop déméfurée.
Peso, y; m. Monoie de compte d'Efpagne.
( Les dix mille pefos valent douze mille ducats. )
Peson, f. m. \_Statera, vccHs.'\ Ce il une
forte d'inftrument qu'on apelle aulfi la balance
romaine , & avec quoi on pef'e ce qu'on ne peut
commodément pefer avec des balances. Il eft
compofé d'une verge, d'une mafie , d'un crochet
& d'autres petites chofes que les Balanciers
apellent , broches , joues , gardes & tourrets. (Un
bon pefon. Un pefon fort jufte. )
Pefon à reffort. Sorte de machine dont on fe
fert pour pefer diverfes marchandifes. Ce pefon
n'eft pas fi jufte que le pefon à contre-poids
ou romaine , parce que le reffort eft fujet à
fe relâcher & à s'afoiblir par fon trop grand
ufage.
Pefon. [ yerticillus. ] Morceau de plomb que
les femmes mettent au bout de leur fufeau ,
lorfqu'ciles filent , afin de le tourner plus
facilement.
Pcfe-liqueur , f. m. [Hydro'netrum.'] C'eft un
inftrument par le moïen duquel on connoît
combien une liqueur eft plus pefante qu'une
autre. C'eft une fiole de verre , à demi pleine
de vif argent , fur le cou de laquelle il y a
plufieurs «divifions. Quand on la plonge dans
quelque liqueur, plus elle enfonce, l'on juge que
la liqueur eft moins pefante , & au contraire, &c.
Pessaire, /. m. Terme àHJpoticaire.
Médicament externe propre pour le cou & le
corps de la matrice, compofé de racine d'herbes,
de femences de fleurs , & de fucs tirez de ces
chofes, & incorporez, avec gommes , oignons,
confeftions, poudres, miel & coton. Le tout
pour guérir les maladies de la matrice , pour
provoquer ou arrêter les mois. ( Peffaires
émoUiens. )
•{•Pesse, //. C'eft une forte de fapin.
Voïez Sapin.
Pfste,// [ Pejlis , pefliUntia. ] Maladie
populaire & contagieufe qui eft celle de toutes
les maladies qui emporte le plus de monde.
C'eft une tumeur qui naît fous la gorge , aux
oreilles &f aux aînés. Le fierni a fait deux
piaifar^s Capito/i fur la Pefle. ( La pcfte fe mit
dans l'armée & emporta une partie des plus
braves folda's. Le mauvais air , la méchante
nourriture & la trop grande chaleur engendrent
PES.
la pefte. Avoir la pefte. Donner la pefte. Aporter
la perte dans un pais. La pefte fe gagne & fe
comunique.
La Pi^c , puifqu'il faut rapcllcr par fon nom ,
Capable d'enrichir, en un jour, l'Atheron ,
Faiiliit aux animaux la guerre.
La Fontaine.')
* Il ne manquoit pas de flaferrs , peflifatah
qui renverle plus d'Etats que les armes des
ennemis. Vang. Q^iiint. l. S- chap. 6.[Pernicies
fatalis, ]
( La Difcorde aux crins de couleuvres ,
Tcjh fatale aux Potentats ,
Ne finit, &c.
Malherbe, Poéf. /._?.)
* Pe^i. Ce mot fe prend quelquefois en bonne
part & fur tout en parlant d'amour. v
( C'eft un fubtil venin , c'eft une douce pefle
Qui veut charmer mes fens.
Benfcrade , Poëf. )
* Pefte. [ Malus cruclatus. ] Ce mot fert à
faire quelque imprécation & à examiner quelque
mouvement de l'ame. ( La pefte étoufe le rimeur.
f-^oit. [ Pefis opprimât Poctum. ] La pefte foit du
fou. Oh, oh, pefte la belle. Molière.
/h ' j'oubliois, Pefte de ma mémoire,
(. elui qui iait grand cancan dans l'Hiftoire.
Scarron. )
Pcfte. [ Maligmis. ] Se prend quelquefois pour
i.n adj. {^Cet écolier ejl pefe , pour dire, malin.
Oui fe fent prude & précieufe.
Pour toujours eft en fureté ,
Et fût-elle pcjlc & rieufe ,
Les rieurs font de fon côté.
MUe. de la Vigne. )
*Pester, V, n. \^ In aliquem debacchari ,
alicuifomackari.] Dire du mal. Injurier. S'em-
porter contre une perfonne ou quelqu'autre
chofe , mais avec des paroles injurieufes &
outrageantes. ( Pefter contre le genre humain
Il pcfte contrç les Médecins & avec raifon ,
car ils ont tué fa maîtreffe à force de la faigner
6i de la purger.
Je fuis parti , les Cicux d'un noir crêpe voilez ,
Feftant fort contre vous dans ce fâcheux martire.
Et maudifTant vingt fois l'ordre dont vous parlez.
Molière.
On fe foulage , quand on pefle ,
Et l'on ne fauroit trop pcjler contre l'Amour.
Cadmus, a. j.')
fFESTERFE,// Mot bas & burlefque.
Tu ne pouvais mieux rencontrer dans ton humeur
de peferie. Saint Amand , Rome ridicule. C'eft-
à-dire , dans l'humeur oit tu étois , de dire rage
& de peftcr.
Pestiféré', Pestifere'e, adj. \_Pefte
lahorans , peftilentià conflicldtus.'\ Qui a la pefte,
infefté, contagieux. (Endroit peftiteré. )
Pefiferé, f. m. [ Pefte corruptus. ] Qui a la
pefte & qui la peut donner. { Au lieu de vous
fuir comme un peftiferé , on a vu beaucoup
de gens de naiffance ne faire point de dificulté
d'aler boire avec vous. Roman Bourgeois, Epit.
au Bourreau. )
P E s.
PET.
Pestifire, adj. On dit. Un air pijiifcre ,
c'eft-à-djre , qui comunique la pefte on quelque
maladie contagieufe. Une odeur peftiteie , une
vapeur pelîifere.
Pestilentiel, Pestilentielle, aiij.
[ PcfH/cr.] Qui a une qualité maligne, envenimée.
Si qui tient de la pefte. ( Fièvre peftilentielle.
La Chambre. )
Pestilentieux , adj. Il fignifie la môme chofe
que peftilentiel. ( Air pellilentieux. Vapeurs
peflilentieufcs.)
Pestilence,// [ Pclliknûa. ] Corruption
de l'air. Pefte répandiie dans un païs. ( II y a
une grande peftilence à Naples.) L'Académie
Françolfe reçoit ce mot comme en ufage ,
quoiqu'il foit vieux. L'Ecriture dit , que. ceux
qui hantent des hommes corrompus , font ajjis
dans La. chaire de pejiilence.
Pestilent, Pestilente, adj. [ Pejïilenti
feire fiiucius.] (Maladie peftilente. Bouhours ,
j4ubuJjon, l. 5. pag. 28g. Fiévre peftilente. )
Pestrin. Voïez Pétrin.
Pestrir. Voïez Pétrir.
PET.
Pet,/ m. [ Crépitas ventris. ] Vent qui fort
du fondement avec bruit. ( Faire un pet.
Déjà plus fier qu'un pet en coque ,
Il avoit tagoté vos murs de biquoque.
S. Amand , Rome rid. )
On apelle auffi , pcjl , une forte de baignets
fort enflez.
Pe'tales, pi. fein. ou Feuilles.de la
Fleur. Terme de Fleurijle. les pétales mollement
repliées , font comme les langes où la femence
de la fleur eft reçue dans fon enfance , •& qui
la couvrent , tant qu'elle eft incapable de
fuporter le grand jour. Fabio Colonna eft le
premier qui daris un livre imprimé à Rome en
164 c). s'eft fervidu mot/Jt;'ra/«, pourdiférencier
les feiiilles des fleurs , des feiiilles proprement
dites , ou feiiilles des plantes, on dit auffi au
finguiier, une pétale, la pétale. Les fleurs ont
fouvent deux enveloppes ; l'une verte, que l'on
apelle , Calice ; ôi l'autre , colorée , que l'on
nomme proprement , pétale.
P E T A L I s M £ , /'. m. C'étoit à Syracufe , la
même chofe que l'oftracifme à Athènes. Voïez
Ojlracifme.
Pe'tarade,// Quantité de pets que fait
le cheval en levant le derrière. ( Le cheval fît
la pétarade. Lu Fontaine , Fable , liv, 6.
^ * Faire la pétarade. C'eft fe moquer en
faifant des gambades. ( Il lui a fait la pétarade. )
Petarasse,// \_Afcia hifida.'\T&xm.^ de
Marine. Elpece de hache à marteau , qui a le
côté du taillant fait comme un calfat double ,
& dont on fe fert à poufl'er l'étoupe dans les
grandes coutures. )
Pétard, / m. [ Pyloclajlrum. ] Sorte de
machine à anfes, qui eft de métal, qui eft faite
en matière de grand gobelet , qui eft creufe
de fept pouces ou environ ; & large par la
bouche à peu près de cinq , qu'on emplit de
poudre fine & batiie , qu'on couvre enfuite fort
bien , & dont on fe fert pour faire fauter les
portes & les barrières des villes qu'on veut
prendre d'emblée , pour rompre quelque pont-
levis , des chaînes & autre obftacle, ) Charger
un pétard. Mettre le feu au pétard. Atacher
le pétard. )
PET. uy
Pétard. [ Tormmtum ducîile. ] C'eft une carte
où l'on met de la poudre , qu'on plie bien dans
cette carte , & qu'on pique de pUiiieurs coups
d'épingles. Enfuite on la pofe fous le talon du
foulicr avec une traînée où l'on met le feu , &C
cela fait du bruit. Les jeunes garçons s'amufent
à faire ces fortes de pétards pour fe divertir.
(Tirer des pétards.)
Petarder, V. a. [ Admoto pyloclaflro »
valvas difrumpere. ] Faire fauter quelque porte
ou quelque barrière avec le pétard. Se lèrvir
du pétard pour rompre quelque obftacle que
ce foit. ( Petarder un pont-levis. Petaider une
barrière. Petarder une porte. )
Petaruier, /] m. [ Pyloclajlri vibrator. ]
Celui qui peiarde. Celui qui va atacher le pétard
à quelque forte d'obftacle. ( Les petardie.-s font
en danger. )
Petase, / m. \_Petafus.'\ Nom que les
Antiquaires donnent au chapeau ailé de Mercure.
P E T a s i.T E , [ Pitafues. ] Plante qui croît ai;x
lieux humides , & qui eft bonne pour la toux
& pour l'aftme.
Petechies, Taches qui s'élèvent fur la peau
dans des fièvres malignes , d'où l'on les apelle ,
fièvres petéchiales.
Petaud. On ne fe fert de ce mot que dans
ce proverbe. Ceci rejfemble à la Cour du Roi
Petaud, pour dire , qu'il n'y a que dèfordre cC
confufion. Ac-id. Franc.
(Chacun y contredit, chacun y parle haut.
Et c'eft tout juftement la Cour du Roi Pciuiid.
Mulieie, )
Pétaudière,// [ Locus confujîonis. ]
Terme de Raillerie. Pour marquer un lieu rempli
de dèfordre & de confufion. Acad. Franc. On dit
proverbialement, La Cour du Roi Petaud, où
tout le monde eji maître.
Petenuche,/! m. C'eft une bourre de foie
d'une qualité inférieure à celle qu'on nomme ,
fleuret. On l'apelle auffi , gallette de cocole.
Peter, [ Crepitum reddere. Faire un pet.
Peter plus haut que le eu. Proverbe populaire.
C'eft entreprendre des chofes au deffus de fes
forces , prendre des manières au deflus de fon
état.
\ * Peter. [ Crepitare. ] Ce mot fe dit de la
poudre , Si. veut dire , faire du bruit en tirant.
Eclater avec bruit. ( Le charbon fait peter la
poudre. )
•[• * Peter. [ Difrumpi. ] Ce mot fe dit des
marons qu'on met au feu fans les fendre , & il
fignifie, faire un bruit prefque femblable à celui que
fait un petit pijlolet , lorfquon le tire. Eclater
avec bruit. (Les marons pètent, fi on ne les
fend, avant que de les mettre au feu.)
Peteur,/ m, [ Crepitator. ] Celui qui pete.
( Vilain peteur.
L'un avecque prudence au Ciel s'impatronife ,
Et l'autre en fut chafle comme un peteur d'Egllfe-
Régnier , Sat. 14. )
Péteuse,// [ Qwœ crepitum edit. ] Celle qui
pete. (Groffepeteul'e. Fi, la peteufe. Une petite
peteufe. ) .
Peteufe , ou Bouvier. [ Bubulca. ] Petit poiflbn
de rivière long de trois ou quatre doigts, de
couleur argentine. Sa queiie eft fourchiie. Il
eft apéritif.
Pétillant, Pétillante, adj ,\_Crtpitam .'\
î 1 8 PET.
Ce mot fe dit proprement du feu , Se veut dire ,
qui étincelle avec btuit. On le dit auffi du vin.
( P.ir-tout alors eft en campagne
Le fciill.:r,t vin de Champagne ;
Le maître ne l'épargne pas.
Perrault, Chajft.)
* EnfaT}t pétillant. [ Puer viviJits. ] C'eft-à-
dire, entant vif & plein de feu,
* Yeux petillans. [ Scintillantes ocuU. ] C'eft-
à-dire, vifs & brillans.
Pétillement,/; m, \^ Formicatlo. ] Certain
mal qu'on fent dans les jambes , comme fi elles
étoient couvertes de fourmis. Danet.
Pétillement , f. m, [ Scintillatio. ] L'aftion de
pétiller. (Le pétillement des yeux , du feu, du
vin. Danet. )
Pétiller., v. n. [ Crepitu peiflrepere. ] Ce
mot fe dit proprement du feu. (J'elî jeter avec
des manières d'étincelles. ( Le feu pétille. )
* Pétiller. [Scintillare.'] Briller, éclater. (On
voit pétiller en elle je ne fai quoi de brufque.
Bcnfcrade. )
* PitilUr. (^Micare.'\ Ce mot fe dit du vin, &
fignifîe , étinceUr.
Vrai Dieu ! que le vin eft bon ,
Qu'il eft frais ! dans mon verre il pétille.
Scarron, Po'èjîcs^
Il fe dit auffi des yeux , & fignifîe , qu ils font
vifs & éclatans. ( On cflime les yeux qui pétillent.
Il pétille d'impatience. )
Petit, Petite, adj. ÇParvus, exiguus.^
Ce mot fe dit des chofes & des perfonnes, &
veut dire, qui n'efl pas grand. (Petit lieu, petit
cabinet , petite chambre , petite ville , petit
homme, petit garçon, pstite femme, petite
£lle.)
Petit , petite. [ Minimus. ) Qui n'efl pas de
conféquence. { Vous ne manquerez de recevoir
ma lettre , par ce bonheur que vous dites que
vous avez dans toutes les petites chofes. Foit.
liv. zz. )
Petit , Petite. [ Infans. ] Ce mot , en parlant
d'enfant , veut dire , fort Jeune. ( J'etois petit ,
quand cela arriva. Il eft chargé de quatre petits
enfans. )
* C'eji un petit efprit. [ Parviim & médiocre
ingenium. ] C'efl-à-dire , qui a peu de génie. Qui
n'eft point confidérable pour l'efprit.
* Tout pttit Prince a des Ainbaffadeurs. La
Fontaine, Fables, liv. i. C'efl-à-dire , Tout
chetif & tout pauvre Prince. Tout Prjncs peu
confidérable.
■* Mon petit Monfleur , je vous trouve plaifant.
Ces mots fe difcnt en colère , pour marquer à
un homme qu'il manque de refped & de fens.
( Molière a écrit : mais mon petit Monfitur ,
prenez-le un peu moins haut, Voïez Mifantrope ,
Acîe z. )
Un petit. [ Paululum. ] C'efl-à-dire , un peu ,
tant foit peu. ( Aimez-moi par charité un petit.
Foit.^ II n'eft plus d'ufage.
A moins d'être Sofie ,
On ne peut pai favoir tout ce qu'il dit.
Et dans l'étonncment dont mon unie eft Caifie ,
Je commence, à mon tour, à le croire.^/; pciil.
Molière. )
• Petit , petite , adj. [ Humilis. [ Peu confidé-
rable en comparaifon d'un autre plus grand.
PET.
( N'en déplaife aux Grands, ils font petit s devant
les Dieux. Benferade.
Les petits en toute afaire
Elquivent fort aifément ;
Les grands ne le peuvent faire.
La Fontaine. )
Petit lard , f. m. [ Lardum fatis pingue.] C'cft
une forte de lard entre-lardé , & qui n'efl pas
épais comme le lard à larder. ( Le petit lard
eft excélent. )
Petit métier, f. rn. [ Cruflulum tortile. ] Pâte
faite de farine , de fucre , d'œuf & d'eau ,
détrempez enfemble , qu'on fait cuire entre
deux fers fur un feu clair , & qu'on roule
enfuite , fi l'on veut , en petits cornets. ( Faire
un petit métier. )
Ce mot , petit, fe joint encore à divers
autres mots , avec lefquels , îl change un peu
de fignifîcation. (Petit lait, petite oïe. Le petit
doigt. Le petit coucher. Mon petit cœur.) [ Meum
corculum. ] (Petits piez. Etre réduit au petit pié.
Petit fils.
Petit-Gris. Sorte de fourrure faite de peaux
d'une efpéce de rats ou d'écureiiils , dont le poil
de l'échinie eft d'un très-beau gris cendré , &
celui de la queiie & du ventre, d'un blanc
tirant un peu fur le gris. ( Le petit gris vient
des pais froids, fur tout de la Sibérie.)
Petit-Gris, fé dit auffi d'une efpéce de duvet,
ou petites plumes qui fe tirent du ventre &
du defTous des aîles de l'autruche.
Petit- Noir. Sorte de plumes noires, qui
proviennent auffi de l'autruche.
Petiti , f. m. [^Humiles.] Le Peuple. le petit
Peuple.
* (On voit que de tout tems.
Les petits ont pati des fotifes des Grands,
La Fontaine, Fables, liv. i. )
Petits , f. m. \^ Catuli , pulli. ] Mot général J
dont on fe fert fouvent pour dire , les animaux
nouveau-nex , qui font nourris par leur mère.
Petits Choux , f. m. [ Globulus pifloriuS: J
PâtifTerie faite de fleur de pur froment, d'œufs,
de fromage & d'un peu de fel. (Les petits choux
font bons. )
■\ Petit à petit , adv. \_Paulatim.'\ Peu à peu.'
(Il en viendra à bout petit à petit. )
^f^ Voici la remarque du Père Bouhours fur
le mot petit. Petit , dit-il , joint à homme ou à
jemmt , ne fignifie que la taille , un petit homme,
une petite femme ; & quoiqu'en dilant c'e^ un
plaij'ant petit homme, c'efl une bonne petite femme ,
on entendra je ne fais quoi qui marque autre
chofe que la taille , ce qu'on dit , a quelque
raport au corps , de forte qu'on ne dira pas
cela d'un homme ni d'une femme de grande
taille, comme on dit d'un homme de petite
taille , tel qu'étoit Alexandre , c'efl un grand
homme. A la vérité , les femmes fe traitent quel-
quefois entre elles de ma petite , quelques grandes
qu'elles foient , mais c'efl par un jargon d'amitié ,
qui ne mérite pas d'être compté entre les
cxpreffions de la langue. L'Auteur de l'Epître
écrite à une perfonne de la Cour fur les Conquêtes
du Roi , s'eft fervi du mot , petit , pour fignifier ,
coumun , ordinaire.
Ce n'eft pas fans fujet que je tiens ce propos.
Sans parler du ficcle où nous fommes ,
Dans les fiécles paflez fouvent de grands Héros
Ont été de nks-pctits hommes.
C'eft-à-dire , comme l'Auteur l'explique lui-
PET.
même , que les Héros les plus fameux , qui (c
lignaloient dans les combats , qui rempliflbient
tout le monde de la gloire de leurs armes ,
étoient Ibuvent dans la vie civile & par-tout
ailleurs des hommes du commun , qui fe
trouvoient confondus dans la foule. Mais petit
joint à d'autres noms apcllatifs , lignifie , dans
le figuré , peu de chofc , peu de mérite , &C cela
fans nul raport à la taille : petit Prince, petit
peuple , petites gens , petit Prophète , &c. & nous
difons en riant : mes petits Meffîeurs , je vous
trouve plaifans , d'en ufer comme vous faites.
•{•Petitement, [ Modicè , exiguë , parce ,
tenuiter. ] D'une manière petite & pauvre. ( Il
vit petitement.
Nôtre Do£leur régaloit fa moitié ,
Petitement ; enfin c'étolt pitié.
La Fontaine. )
Petitesse, f. f. \_Staturcz brevitas. Petite
taille. ( Ma petiteffe m'a été reprochée plulieurs
fois. Voit. l. 32.).
* La petiteffe de Vefprit fait C opiniâtreté. S^Exi-
guitas , tenuitas ingenii. ] Mémoires de AI. le Duc
de la Roche-Foucaut.
( Etre aujourd'hui grandeur, & demain, pcti.'ejfc,
C'eft le commun deftin des Grands par cas fortuit.
Buurf. Efop. )
Petiteffe, fignifie auffi , modicité; & en fens ,
on ne le dit guéres qu'en parlant de dons , de
préfens. ( J'ai égard à la bonne volonté , 6c non à
la petiteffe du don.)
Petiteffe , le dit pour minutie , bagatelle. ( Il eft
plein de petiteffe. )
•{•PE'TiTiON,yi/. [ Petitio , poflulatum. ]
Prononcez , péticion. Ce mot vient du Latin ,
petitio, qui fignifie , demande, mais il n'eft pas
en ufage en ce fens général.
Il eft ufité dans les Mathématiques ; où il
fignifie , une demande claire & intelU'fible , dont
l'exécution & la, pratique ne requièrent aucune
demonpration. ( La Géométrie eft établie fur les
définitions , les axiomes & les pétitions. Les
pétitions fervent de difpofition à la Géométrie
pratique. Le Clerc , Principes de Géométrie. )
f Pétition. [ Poflulatio , poflulatum. ] Terme de
Palais. Demande ou adion en Juftice. La plus
pétition , c'eft une demande plus grande qu'on
ne la doit faire de droit.
\ Pétition de principe. \Petitioprïncipii.'\ Terme
de Logique. Il fe dit , lorfqu'on fupofe & met
pour chofe certaine, ce qui ne l'cft pas, & qni
a befoin de preuve. Logique de Port-Roial. J'.
Partie.
•f P e't i T o I R E , y! w. [ Petitoria difceptatio. ]
Terme de Palais. Aftion par laquelle on
demande la propriété de quelque chofe. Il eft
opofé à pojfeffoire. ( Il faut juger le poffeffoire
avant le pétitoire. )
|3"Lorfque le poffeffeur d'un fonds eft troublé
dans fa poffeffion , ou qu'il en eft chaffé par
force , il fe pourvoit au Juge Roial du lieu en
complainte contre celui qui l'a troublé , pour
être maintenu ou rétabli dans fa poffeflîon.
L'inftance étant liée , on contefte fur le poffef-
ffoire , pour favoir qui des deux reftera en
poffeffion du fond pendant la conteftation fur
ce pétitoire : ce préalable eft fondé fur la
neceffué de réglerla poffeffion momentanée, afin
«l'éviter que les parties n'en viennent aux armes
PET. 1 1 9
pour jouir. Jufqu'A ce que le fond de l'ataire
foit décidé , celui des deux qui a joui pendant
la dernière année, eft maintenu; ainfi c'eft une
régie générale que l'on ne peut point acumuler
le pétitoire &c le poffeffoire. On apelle, pétitoire,
l'aftion réelle que l'on a fur le fond dont il
s'agit. L'Ordonnance de 1667, Tit. iS. explique
cette matière.
•{• Peton,/ m. \_Pediculus.'\ Mot burlefque
qui eft fouvent en la bouche des nourrices, &
qui veut dire , pié. { Ah les beaux petits
petons ! ah , que j'en fai , belle nourrice , qui
fe tiendroient heureux de baifer feulement les
petits bouts de vos petons ! Molière, Médecin
malgré lui, Âcl. 3- ./<^- J- )
Pétoncle,/;/ [ Petunculus. ] Efpéce de
petit poiffon à coquille. Rondelet..
Pétoncle. Terme de Rocailleur. Sorte de petite
coquille grlfatre & plate. ( Une petite ou groffe
pétoncle. Une jolie pétoncle. )
Petreau , yi m. Terme de Jardinier. C'eft
le fûuvageau qui repouffe du pié de quelque
arbre que ce loit. Ainfi l'on dit que les pruniers
repouffent beaucoup de petreaux. Quint. Jardins
fruitiers. )
* ? ETKtE, adj. Plein de pierres, mot qui
ne fe dit qu'en Géographie, en parlant de l'Al-abie,
pais fort inculte, féparé de l'Arabie heureufe.
(L'Arabie petrée. ) IPetroft.']
Petreol, / m. \_Oleum peirolinum.] Ce
mot vient de l'Italien , petrogUo. C'eft de l'huile
qui fort d'un rocher. Il s'en trouve dans l'Ile de
Zante, & dans quelques Iles de l'Archipel. On
dit, le petreol & riiuile de petreol. (Ce petreol
eft fort inflammable, & l'on s'en fert à la
compofition des feux d'artifices qui brûlent
dans l'eau. L huile de petreol a une odeur forte
& défagréable )
*Petricherie,/./[ Inflructus pifcatorius. ]
Terme de Mer , qui fe dit de tout l'apareil qui
fe fait pour la pêche des morues , comme
chaloupes, hameçons, &c. Ce terme a été
emprunté des Efpagnols , qui apellent , petrechos,
un équipage de guerre ou de chaffe.
Pe'trification , // [/« lapiJem^ converfio.'\
Ce mot en terme de P/;7/,/tte , fignifie, le chan-
gement qui fe fait, quand L'eau, le hais ou quelqu autre
corps fe convertit en pierre. (La pétrification du
bois eft dificile à expliquer. )
Pétrification. [Lupidea tranfmutatio.] Ce mot
fe dit auffi pour fignifier , les corps mêmes qui
ont été convertis en pierre. ( H y a des cavernes
où l'on voit plufieurs fortes de pétrifications.
Les cabinets des curieux font pleins de diverfos
pétrifications. )
P e' T R I F i £ r , V. a. {In lapidem convertere. ]
Convertir en pierre. (Il y a de certaines fontaines
qui ont la vertu de pétrifier de certains corps
durs qu'on y jette. Roli. Phyf Ilfe dit figurément.
*Quel tort lui fais-je enfin ? ai-je par un écrit,
Pétrifié fa veine , & glacé fon efprit ?
De/préaux, Sait s-)
C'eft-àdire, ai-je durci fa veine ? Suis-je caufa
que Chapelain fait des vers durs , ^rudes &
laborieux, & qu'il n'a point de feu d'efprit ?
Se pétrifier, v. r. [ Lapidefcere. ] Devenir pierre.
( Phinée fe pétrifie à la vue de Méduie. Btnf )
Pétrole,//; Efpéce d'huile ou de bitume,
dont il y a de deux fortes ; l'une blanche , &
l'autre noire. L'une & l'autre fo.al incifiycs ,
iio- PET. PEU.
pénétrantes raréfiantes , rcfolutives , atémiantes.
Elles réfiftent au venin, chaffent les vers,
font (lifTiper les vents , & fortifient les nerfs.
P 1 T u 1. A N c p , y! / [ PauLanda. ] Mot qui
eft pris du Latin , & qui veut dire , une manicn
d'agir , où il y a de Cernporumtnt , de l'in/blence
& de rcfiontirii , & qui regarde Us actions & les
paroles. (C'étoit un autre Lucien par fes bons
mors , par fa raillerie , &C par fa pétulance (ans
pareille. Maucroix, Schifme d'Angleterre , l.z.
page 294.)
Pi-'ruLANT, Pe'tulante, aJj. [Petulans.]
Mot tiré du Latin , fignifiant , qui a de la
pétulance , qui a une forte de conduite emportée 6*
infolente. (Un efprit pétulant. Humeur pétulante.)
P e' T U L E M M E N T , adv . [ Afpiic. ] AvCC
pétulance. (Agir pétulamment. )
Petun, / m. \^Petunum, tabacum, ] Tabac.
( Prendre du petun. ) II n'y a guère que les
Américains qui nomment ainfi le tabac.
Petuner ,v. «. [ Tahacifumum ore naribusque
excipere. ] Prendre du tabac. Fumer avec la pipe.)
(Aujourd'hui l'aveugle Fortune
Eft pour qui boit , pour qui peiune.
Scar. Foéf.)
PEU.
Peu, adv. \_Pan\m , paululiim. ] Qui fignifie ,
En petit nombre , en petite quantité. ( Il a peu de
bien. Il a peu d'argent. Il y a peu de queftions ,
où vous ne trouviez que l'un dit oiii , & l'autre
dit non. )
Un peu , adv. [ Parum. ] ( Cela eft un peu
ridicule. Cela eft un peu fort. ) Voïez , plus bas ,
le mot peu , pris fubftantivemcnt.
Un tant foit peu , adv. [ Parum. ] ( Donnez
m'en un tant foit peu. )
Un peu moins , adv. [ Pnulh minus. ] ( II y a
un peu moins que vous ne dites )
Un peu plus, [ Paulb magis. ] Un peu davantage.
( Il y a un peu plus que vous n'avez écrit. )
Un peu aprh, [ Paulà pofl. ] Prefque aufli-tôt.
(Il eft venu un peu après.)
Un peu auparavant , adv. [ Paulà anteà, ]
( Cela eft arrivé un peu auparavant. )
Peu à peu , adv. [ Paulatim. ] Infenfiblement.
( On devient bon ou méchant peu à peu. )
A peu prks. [ Ferme , ferè. ] Prefque. En partie.
( Je vous raporterai à peu près la fubftance de
fon difcours. Faug. Rem. )
Peu s'en faut que, [Parum abefi ut.'\ Sorte de
conjonftion qui régit le fubjonftif. (Peu s'en
faut que je ne dife que les hommes font fous ,
de fe donner tant de peine , & de faire mille
bafl'effes pour amaffer du bien , quand une fois
il en ont autant qu'il en faut pour vivre
honnêtement. )
Peu fouvent, adv. [ Rarh. ] Afl"ez rarement.
( Il arrive peu fouvent que l'amitié qui eft entre
les hommes foit de longue durée , parce qu'elle
n'a d'ordinaire pour fondement que le feul
intérêt. )
Tant foit peu , adv. [ Pauiifper. ] Confidérez
tant foit peu ce que c'eft que la colère , & vous
ne vous y abandonnerez pas facilement.
* Quelque peu. C'eft la même chofe que tant
foit peu.
iUn Païen qui fentoit quelque peu le fagot ,
t qui croioit en Dieu , pour ufer de ce mot ,
Par bénéfice d'inventaire ,
Alla confulter Apollon.
La Font. )
PEU.
Peu , fm. Ce mot eft quelquefois fuhflantif^
& il a divers fens. Lorfqu'il fignifie peu de chofe ,
& qu'il eft le nominatif du verbe , il veut le
verbe au fingulier. Mais lorfqu'il fignifie un petit
nombre , & qu'on fous-entend un génitif pluriel
après /'^K , il demande le verbe an pluriel. (Faites
part aux pauvres & avec joie de ce peu que
vous avez. [Parvurn.] Peu avec la juftice vaut
mieux que de grands biens avec l'iniquité.'
Proverbes de Salomon , c. i5. Peu agiffent ron-
dement, c'eft- à -dire, peu de gens en ufent
fincérement. [ Pauci. ] Le monde fe paie de
paroles , peu aprofondifferff les chofes. C'eft-
à-dire , peu de perfonnes fe donneat la peine
d'examiner les chofes.)
* Peucedanum. Plante qu'on apelle autrement
Queue de pourceau.
Feuille,//; Terme de Monnaie. Morceau
de pièces de monnoie que l'Eftaïeur a rompues
pour en faire effai. ( Voilà une peuille. Amafler
les peuilles. )
Selon Bo'izzrd , pag. 14c). les Ordonnances
veulent que des quatre peuilles coupées par
l'Effaïeur , il en laiffe une aux gardes , & une
autre au maître , & qu'il fe charge des deux
autres , dont il garde l'une , & l'autre lui ferve
à faire l'effai. Chacune des trois peuilles doit
être enclofe dans du papier , celles des gardes
eft cachetée par l'Effaïeur , celle du maître par
les gardes & par l'Effaïeur , & fur chacune on
doit marquer la quantité, le poids, l'aloi & le
jour de la délivrance : l'Ordonnance ajoute : 6c
feront les trois peuilles gardées jufqu'après le
jugement des boëtes.
Peuplade,/;/ [ Colonia. ] Gens envoïer
d'un pais pour peupler un lieu particulier.'
Colonie de gens qu'on envoie pour peupler un
lieu. ( Envoler des peuplades en quelque lieu.
Ablancourt. )
Il fignifie auffi le lieu où l'on a fait quelque
peuplade. ( On a envolé un Gouverneur & des
Miffionnaires dans les peuplades du Canada,
Incolœ. )
Peuple, /ot. [ Populus , gens. } Ce mot en
général fignifie une multitude de perfonnes qui
habitent dans un même lieu , en y comprenant
les perfonnes de qualité & autres. ( Ainfi on
dit , il y a bien du peuple à Paris. Il y a une
infinité de peuple à Paris.
Ce n'eft que fur fjs ennemis
Qu'on entend gronder le tonnerre i
Les peuples qui lui font fournis
• Sont les plus heureux de la terre.
Rec.dtBouh.)
Peuple , f.m. Ce mot fe prend dans un fens
vague , pour dire , tout le corps du peuple , fans
y comprendre ce qu'on apelle gens de qualité
& les gens qui ont de l'efprit & de la politeffe;
C'eft en ce fens que d' Ablancourt a écrit que
le peuple était amoureux de la nouvtauté.
Je vois courir le peuple , & je lis dans fes yeux ,
Que Loiiis eft viflorieux.
J>esh.)
Peuple. [Cives fparceciani,'] Ce mot fe prend
auflî dans un fens plusrefferré, pour dire toutes
les perfonnes qui font d'une même Paroiffe.
( S. Euftache eft la Paroiffe de tout Paris où il
y a le plus de peuple. )
Le petit peuple. [ Plebecula , plebs infima.] C'eft
toute la racaille d'une Ville. C'eft tout ce qu'il
PEU.
y a de gens qui ne font pas de qualité nî boiir- ,
geois ailez, ni ce qii on apelle honnêtes gens.
(Le petit peuple eft méchant. )
Ce petit peuple en étoit curieux
Et chetchoit à lui faire outrage.
Rec. de Bou/i.)
•^ Peuple poétique. \_Plehs po'étarum.'\ C'eft-à-
dire, la mirttitiide des petits Poètes. ( H y va
de l'honneur de vous autres héros du Parnaffe
de ne point foufrir qu'on outrage le peuple
poétique. )
* Peuple. {Fulgus.'\ Ce mot fe dit au figuré
dans un fens aflez nouveau. ( Il faut être bien
peuple pour fe laiffer ébloiiir par l'éclat qui
environne les Grands. Les Princes Lorrains
avoient fi bonne mine , qu'auprès d'eux les
autres Princes paroiffoient />««//£ , c'eft-à-dire,
bourgeois. Nouvelles Remarques fur la langue. En
ce fens il eft vrai de dire que dans toutes les
conditions il y a des gens qui font peuple , &
qu'on en trouve fans nombre depuis le Prince
jufqu'au Savetier. )
Ç^ Racine a dit dans fon EJîlier , act. i.fc. i.
Qui pourroit cependant t'exprimer les cabales
Qui formoit en ces lieux ce peuple de rivales.
* Peuple , fe dit auflî du petit poiffon qu'on
acheté pour alviner un étang. ( On a obligé ce
fermier à mettre deux milliers de peuple dans
cet étang, )
Peupler , v.a. [ Urbem civibus frequentare,'\
Remplir Ae peuple. Mettre des gens dans un lieu
pour l'habiter. ( On dit qu'un des fils de Caïn
peupla l'Ethiopie. Abl. Marmol. )
Peupler, v. n. \^Propagare.'\ Ce mot fe dit
fouvent entre marchands de poijfons dans un iens
neutre , & fignifie multiplier. ( La carpe peuple
fort. ) ^ .
On dit znffi peupler un étang , peupler une vigne,
peupler un bois.
* Peupler , v. a. Terme de Charpentier. Garnir
de pièces de bois convenables , les parties vuldes
d'un bâtiment. (Il faut trente folives pour peupler
ce plancher. )
Peupler. Terme de Manufacture. Peupler une
étofe en boutons ; c'eft la friïer , foit par l'envers
comme certains draps , foit par l'endroit comme
des ratines.
* P E u p L e' , P E u F L e'e , [ Populis ficquens ,
populo fus. ] Lieu où il y a beaucoup àt peuple.
( La France eft très-peuplée. Opéra peuplé de
mille Dieux. P errant. )
P BvvtïiTL , f. m, [ Populus. ] Il y a deux
fortes de peupliers , un blanc & un noir. Le
peuplier blanc eft un arbre grand & haut , qui a
le tronc gros , l'écorce des branches liiTe &
blanchâtre , fon bois eft blanc & tendre , & fcs
feuilles comme celles de la vigne. Le peuplier
noir eft celui qu'on apelle ordinairement tremble.
Voiez Tremble. ( Le peuplier aime les lieux
marécageux. Dal. )
L'écorce An peuplier blanc e^àéKQrÇwe , propre
pour la fciatique , pour la dificulté d'uriner , &c
pour la brûlure : on s'en fert ext^euremcnt.
Les feiiilles du peuplier noir font propres pour
adoucir les douleurs de la goutte, en les apliqnant
fur la partie malade.
P E u R ,y; /; [Timor , metus.l II vient du Latin
pavor, & l'on dil'oit anciennement/i.7i.'«r. Crainte,
^préhenfion. Fraieur. (Avoir peur. Donner de
Tome m.
PEU. P H. P H A. izï
la peur à quelqu'un. La peur le faifit , & il fe
troubla fi l'on qu'on ne le put jamais remettre.
Trembler de peur. Abl. )
Une fervile peur tient lieu de charité ,
Le befoin d'aimer Dieu pafle pour nouveauté.
Defp.)
La plus légère peur corrompt les cœurs timides ;
Et des plus vertueux lait fouvent des perfides.
Qrsh. Trjg. de Catil. a. J.fi. J.'
Avoir peur de fon ombre. [ Umhram timere. ]
C'eft-à-dire , avoir peur de rien.)
De peur de. [ A'i;. ] Sorte de conjonction qu*
régit le verbe à l'infinitif. ( Quand on n'eft pa^
habile , le plus fur eft de peu parler , de peur
de faire connoître fon foible. )
Charles VII. s'abftint de manger par la crainte
d'être empoifonné , & fe laiffa mourir , At peur
de mourir. Farillas.
De peur que. [ Ne. ] Conjonction qui demande
le verbe au fuhjonclif. ( Le plus fiir c'eft de ne
point parler des Grands , de peur qitWs, ne fe
vengent fi on en parle mal , & qu'ils ne
s'ofenfent fi on n'en parle pas avec toute la
bonne opinion qu'ils ont fouvent tout feuls
d'eux-mêmes.)
Peureux , Peureuse, adj. \^Pavidus.\ Qui
craint. ( Il eft peureux. Elle eft peureufe.
Aminte , tu me fais, & tu me fuis , volage ,
Comme le fan peureux de la biche fauvage.
Ségrais, Eglogue 4. )
Peureux , peureufe. \Sufpicax , fujpiciofus.] Ce
mot fe dit des chevaux , & veut dire ombrageux.
( Cheval qui eft peureux. )
Perraut apelle une bande de canards , un
efcadron peureux.
. (Et le coup qu'à fleur d'eau l'on tire
Difperfe l'efcadron peureux.
_ Perr. )
Peut-être , adv. [Fortaffe , forfitan , forte. ]
Par hazard. Ménage avoiie en quelque endroit
de fes ouvrages qu'il n'a point de génie pour
les vers , & cela eft peut-être plus vrai qu'il ne
le dit.
P H.
Ph. Ces deux lettres P & ^jointes enfembla
fe prononcent comme une F.
Il y a quelques mots , qu'on écri voit par /"/z ,
félon leur étimologie , que plufieurs écrivent à
préfent par une F, On les trouvera en leur rang,
P H A.
Phaeton, f m. [Phaeton.l Fils du Soleil
& de Climéne. (Phaëion fut téuéraire, mais il
fut auffi malheureux.
Croïez-moi , Seigneur Thaëton ,
C'eft en Dieu de bon fens , qu'avec vous je m'explique ,'
Ne prenez point un fi haut ton ,
En chofe problC-mati.juc.
Bourfaut. )
^^ Quelques Auteurs croient que la fable de
Phaëton renferme une vérité hiftorique , &
plufieurs autres font perfuadez qu'elle eft une
image Ingcnieufe de la témérité des ambitieux ,
qui s'expofent aux plus grands dangers pour
Q
111 P H A.
aqitérir ou des rlcheffes ou de la gloire ; les
premiers clifent que l'on a entendu parler de
quelques chaleurs excelTives , qui embraferent
la terre & en confumerent les fruits. Les autres
foutiennent qu'il y a eu un Prince du nom de
Phaëton, lequel en fe promenant dans fon char
fur le rivage du Pô , y fut noie. Zetzes traite
de fable tout ce qu'Ovide a raconté dans fes Mé-
tamorphofes de l'aventure malheureufe de Phaë-
ton : mais il ne nous aprend point la caufe du
malheur arrivé A ce Prince , qui n'eft pas moins
fabuleux que celui d'Ovide. Il me femble que
l'on doit regarder cette avanture , comme une
allégorie dans toute fon étendue , & il eft aifé
d'en comprendre le fens caché fous des fiftions
qui peuvent fervir de leçons & d'exemples aux
ambitieux. On a inventé depuis quelque tems
une ei'péce de voiture que l'on a apellée Phacton,
parce qu'elle reffemble en quelque manière aux
Chars que les Peintres ont accoutumé de repré-
fenter quand ils peignent la chute de Pha'éion,
En ce fens , un Phacton efl une petite calèche
découverte , fort légère , & portée fur deux
roues.
P H A G e'd f.'n t Q^u E , adj . Epitéte qu'on donne
aux ulcères malins qui mangent & rongent les
parties voifmes. On apelle encore i£u phagédé-
niqui , une eau de chaux dans laquelle on a
mêlé du fublimé corrofif , & qui efl propre à
^yjkii'ix \ts v\cii^% phagidéniquts , aies déterger,
à confumer les chairs baveufes & fuperfluës.
Ce mot vient de Çi>» je mange.
Phalange,/, y; [ Phalanx': ] Terme de
Milice Gréque. C'étoit l'infanterie des Grecs
péfanment armée. Abl. Traité de la bataille des
Romains. D'autres difent que la phalange étoit
un corps d'infanterie de huit mille hommes.
[ Mais lorfqu'à vaincre tout fes Phalanges font prêtes ,
Le Ciel avec fes jours termine fes conquêtes.
Rec. de i' Acad. 1707.)
La phalange étoit un corps de feize mille
hommes rangés fur feize de profondeur , quand
les Romains portèrent la guerre en Macédoine.
Elle étoit invincible , dit Polybe , tant qu'elle
dtmeuroirunie , mais il étoit rare , qu'occupant
vingt flades , c'eft-à-dire , une lieuë , elle trouvât
im tcrrcin qui lui convînt.
* Phalange , efl aulfi un petit Infefte venimeux.
Les Médecins apellent phalanges les rangs &
difpofitions des doigts de l'homme.
Phalangium,/ot. [ Phalangium.'\ Plante
qui pouffe fes feiiilles dès fa racine , & dont les
fleurs font blanches , & le fruit rond.
* P H A L A R 1 s. [Phalaris major.] Plante dont
le fuc eft bon contre les douleurs de la vefîie.
P H A L E u Q.U £ , adJ. [Phaleuci ver/us.] Terme
de Pocjîe. Efpéce de vers qui a cinq pieds
communs , un fpondée , un daftile , & trois
trochées. (Les vers de Catule font phaleuqucs.)
PhantÔme. Voicz Fantôme.
Se former des phantômes , ow fantômes. Patru,
plaid. 2. C'cft-à-dirc , fe former des chimères.
Pharaon,/; m. Jeu de Cartes. (Jouer au
Pharaon. ) Ce jeu a été défendu par plufieurs
Ordonnances.
Phare,/: m. [Phan/s.'] Ce mot vient du
Grec pharos , que les Latins ont rendu en leur
langue par celui depharus, les François j)ar celui
de Feu , de Fanal, ou de Phare. Les Efpagnols
apellent le phare farol , & les Italiens fl-iale.
Ce qu'on nommoit autrefois phare étoit une tour
P H A.
fur un rocher dans une Ide de ce nom , bâtie
par Ptolomée Philadelphe , où l'on alumoit des
feux, afin que ceux qui navigeoient, puffent
régler fùrement le cours de leurs vaiffeaux.
Aujourd'hui , par raport à cet ancien phare ,
on apelle de ce nom une tour qui efl élevée
fur la côte , & dont le haut porte un fanal
qu'on allume la nuit , pour montrer la route aux
vaiffeaux , & les empêcher de dflnner contre
la côte.
!Ç3^ Le mot phare efl rude , & même peu
connu ; on ne doit point l'emploïer au figuré ,
à l'exemple de M. Godeau dans une Ode au
Roi Loins XIII.
Loiiis , permets moi de le dire ,
Tu reçus un grand don des Cleux ,
Lorfqu'ils te donnèrent l'Empire
Su'avoient poffédé tes aïeux,
ais c'eft une grâce plus rare
D'avoir aujourd'hui pour ton p/iare
Un Richelieu dans tes Etats ,
Ses confeils te donnent le titre
D'apui, de vengeur & d'arbitre
Des peuples & des Potentaw.
Ph A R I eu M. Poifon dont parle Diofcorîde ;
mais on ne fçait aujourd'hui ce que c'eft.
Pharisiens. [ Phari/ki. ] Seâaires parmi
les Juifs , qui faifant profeffion d'obferver exté-
rieurement la loi , étoient fort méchans au fond
du cœur. On trouve leur portrait dans l'Evan-i
gilede S. Mathieu, ch. 23. Le Seigneur parlant ^
au peuple & à fes Difciples dit : »Les Scribes
» & les Pharifiens font aflis fur la chaire de
» Moife : obfervez donc & faites ce qu'ils vous
» difent : mais ne faites pas ce qu'ils font; car
» ils difent ce qu'il faut faire , & ne le font pas ;
» ils lient des fardeaux pefans Se infuportables ,
» & les mettent fur les épaules des hommes,
» & ils ne veulent pas les remuer du bout des
» doigts. Ils font toutes leurs aftions afin d'être
» vus des hommes , c'efl pourquoi ils portent
» les paroles de la Loi écrites dans des bandes
» de parchemin plus larges que les autres , &
» ont aufîi des franges plus longues ; ils aiment
» les premières places dans les feflins , & les
>> premières chaires dans les Synagogue» ; ils
» aiment qu'on les falue dans les places publi-
» ques , & que les hommes les apellent Maîtres.
II finit le portrait par ce trait qui doit èfraïer
ceux qui fuivent aujourd'hui les traces des Pha-
rifiens : » Mais , malheur à vous Scribes &
» Pharifiens hipocrites , parce que vous fermez
» aux hommes le Roïaume des Cieux ; car vous
» n'y entrez point vous-même , & vous n'en
» permetez pas l'entrée à ceux qui défirent d'y
» entrer. Malheur à vous Scribes & Pharifiens
» hipocrites , parce que fous prétexte de vos
» longues prières , vous dévorez les maifons
» des veuves , &c.
Pharmacie, ff [ -^rs medicamentaria. ]
Mot originairement Grec , qui veut dire l'art
de guérir par des remèdes. Il y a deux fortes
de pharmacie, la Galénique & la Chimique. La
pharmacie Galénique efl la partie de la Médecine
qui enfeigne le choix , la préparation & la
mixtion de0médicaniens. La pharmacie Chimique
efl un art qui enfei(»ne à réfoudre les corps mixtes,
à divil'cr &c à connoître les parties dont ils font
compofez pour en (cparer celles qui font mau-
vaifes , en exalter les bonnes & k s unir lorfqu'U
efl befoin. (La matière de la pharmacie efl le
remède , fonfujet le corps humain , & fa fin la
P H A. P H E.
connoiffance des remèdes & la fanté. Les prin-
cipes de la pharmacie Chimique font le foufre ,
le mercure, le phlegme & la terre.)
P H A R M A c I EN ,/. m. [PharmacopoLt.l Celui
qui {çà'it la p/iarmacu. (Il eft bon Pharmacien.
C'eft un excélent Pharmacien. Le Pharmacien a
une double fin : La première , c'eft la vraie
connoiffance & la parfaite préparation du médi-
cament, la deuxième , c'eft la fanté de l'homme,
pour laquelle le Pharmacien choifit , prépare
& mêle tous les médicamens. Ckaras, Phar. i.
p. c.z.)
Ph AR M acope'e ,f.f. [Pharmacoptea.] Livre
qui donne la connoiffance de la pharmacie. ( La
Pharmacopée de M. Charas eft bonne.)
Pharmacopole, Terme de Jéri/îon. Qui
fe dit d'un Apoticaire qui prépare & qui vend
les remèdes,
Phar 1 NX. Terme à'^natomie. Partie de la
bouche ou commence le conduit qui va à
l'eftomac.
Pharyngotome,/. m. Inftrument de Chi-
rurgie dont on fe fert pour fcarifier les amygdales
euflammées & gonflées ; ou pour ouvrir les
abcès dans le fond de la gorge.
Phase , f. f. \_PhaJîs , apparennaA Terme
^ Aflronomk. Ce mot eft Grec , & il fignifie
toutes les diférentes aparences des Aftres par
raport au Soleil & à la Terre : mais particuliè-
rement de la Lune & de Venus ; qui paroiffent
dans une rondeur parfaite , & enfuite elles
forment une efpéce de croiffant. Voïez Or^an.
DiU. Mathémat.
P H E.
Phebus,/ TO. [Jpol/o.] Apollon, Dieu de
la Poëfie , félon les Anciens.
(F/iébus, ni fon troupeau ,
Nous n'eûmes fur le des jamais un bon manteau.
Regn. Sat. )
^^ M. Defpréaux a dit dans fa première
Satire : ^
Il eft vrai que du Roi la bonté fecourable
Jette enfin fur la mufe un regard favorable ,
Et réparant du fort l'aveuglement fatal,
.Va tirer déformais Phebus de l'hôpital.
Phébus,f. m. \_Nug(z canorx.lSorte àe langage
affefté , peu naturel , & qu'on ne comprend que
dificilement. ( Le Phèbus de notre langue ne fe
raporte prefque point à celui des Grecs. Jlbl.
Lucien, t. J.
Un autre, en mots pompîux l'un à l'autre coufus.
Nous donne pour fublime un fuperbe plicbus.
^ L'AbédcVilliers.)
Parler phébus. C'eft exprimer en termes trop
figurés & trop recherchez ce qui doit être dit
plus fimplement.
Donner le phèbus , emploïer le phébus. C'eft fe
fervir d'un ftile trop affeûé , trop figuré.
P H e'l A N D R y u M , y; m. Plante dont il y a
deux efpéces. L'une & l'autre font apèritlves.
Elles excitent l'urine , & les mois aux femmes ,
& purifient le fang. La racine de la féconde
eft fudorifique.
Phénix, y: OT. \_Phœnix.'] Belon , Hijloire des
oïfeaux , lib, 6. c. Jj. dit que le phénix eft un
oifcau grand comme un aigle , que les plumes
d'aïUour de fon cou font dorées & que les autres
P H E. PHI.
12-5
plumes font de couleur de pourpre , que fa tête
eft embellie de plumes élevées en forme de crére,
qu'il compofe fon nid de rameaux de cafle
odoriférante & de rameaux d'encens , que le
Soleil venant enfuite à alumer tout cela , le
phénix brCde & renaît quelque temps après de
fcs cendres, Jonfion , Hijl. des oifeauv , die que
tout cela eft fabuleux , & on croit qu'il a raifon.
■j" * Phénix. [ F/os , aies. ] Ce mot au figuré
eft comique. ( Diana apelle Vafquez le phénix
desefprits. C'eft le phénix des efprits relevez.
Defpr. Sat. g, M. Bulteau de Préville eft le
phénix des beaux efprits de Roiien.
Un Sonnet fans défaut vaut feul un bon Poëme ;
Mais en vain mille Auteurs y penfent arriver ,
Et cet heureux Phénix eft encore à trouver.
Defpr. )
Phénomène, y! OT. [Phœnomenon.'] Terme
de Philofophie. Mot qui vient du Grec. C'eft une
aparence qu'on découvre dans le ciel & dans
tous les éfets fenfibles de la Nature. (Les éclipfes
font des phénomènes. Les mouvemens des pla-
nètes , leurs aproches , leurs afpefts , leurs
opofitions , font des phénomènes du ciel. La
féchereffe de la terre , la chaleur du feu , &c.
font des phénomènes de la terre & du feu.
Découvrir un nouveau phénomène. Chercher
la caufe d'un phénomène. )
Phénomène , au figuré , fe dit d'une chofe rare.
( On dit à une perfonne qu'on n*a point vue
depuis long-tems , c'eft un phénomène de vous
voir. ) On fe fert encore de cette expreffion
dans le ftile familier , en plufieurs ocafions.
P H e'r e'c r a t I e n, f^'ers Phérécraùcn , ainft
nommé de fon Auteur , Phérécrate , Athénien ,
contemporain de Flaton. Le f^ers Phérécraùcn
étoit compofé des trois derniers plés du Vers
hexamètre , avec cette condition , que le premier
de ces trois pies doit toujours être un ipondée.
Dans Horace , Qjiamvis pontica. pinus , eft un
Vers phérécratien,
PHI.
Philactere,/;/;. [ Antidotum. ] Pronon-
cez, & même ccnvezfilaclére. Ce mot vient du
Grec. Préfervatif. C'eft un remède fuperftitieux,
qu'on ataciie au cou , aux bras , aux jambes des
hommes, ou des bêtes, pour chafler ou empê-
cher quelque maladie , ou quelque fâcheux
événement. ( Les philadéres font défendus , &
ont été condamnez par les Pérès & par les
Conciles , Thiers , fnperjl. Il y a des philaftères
qui fe font par des paroles, mais ils font ridicules.)
Ce mot eft Grec , fXauTtfloi' , qui fignifie en
général un préfervatif , une défenfe contre le
venin , & contre tout ce qui peut nous nuire.
La fuperftition a inventé plufieurs fortes de
philaftéres , & leur a donné plufieurs noms ,
dont le plus commun eft vhami^ioi dans la langue
Grecque , & AmuUtum dans la Latine. La forme
n'a jamais été fixe ; tout ce qui pouvoit être
porté ou au col , ou aux bras , ou en quelque
autre partie du corps avec un fentiment de
religion, étoit un Phylactère , & dans la fuite
on s'eft fervi de ce nom pour exprimer les
reliquaires & les agnus Dei , que l'on portoit
fur foi. Le Pape S. Grégoire écrivant à Théo-
delinde , Reine des Lombards , lui aprend qu'il a
envoie au Roi Adolouvald un phylactère , con-
fiftant dans une croix , où il y a du bois de la
12-4
PHI.
Croix (hi Seigneur , & un Evangile enferme dans
une boite magnifique. Et nous liions clans S.
Mathieu, ch. 2.3. «.3. que les Pharifiens afec-
toient de porter un philaciérc , & de riches
trangcs , omnia vab opéra j'ita faciunt ut vLùaniur,
Jilutant cnim phyLicler'ui /ha & mannlfuantjimbrias.
if Ils font toutes leurs aQions afin d'être vus
» des hommes , c'eft pourcpioi ils portent les
» paroles delà loi écrites dans des bandes de
« parchemin plus larges que les autres, & ont
« des franges plus longues.
Il y a aparence que les Pharifiens portoient leurs
phylactères plutôt par oftentation que par fuperf-
lition , comme on les a portez dans la fuite ;
ce n'eft pas que les Juifs ne fuffent prévenus
du pouvoir de certains préfervatifs contre les
maux qui arrivent fouvent aux hom.mes. Saint
Cyrille , Evêque de Jérufalem , dans la première
de fes inftruftions qu'il donne à ceux qui éioient
nouvellement baptifez article 3, déclare que la
divination, les augures, \cs phylactères qws Von
porte fur foi & qu'il apelle TnfUfin.xra , ces
mots écrits fur une feiiille d'arbre ou de papier,
&c toutes les chofes de ce caradére , font un
culte diabolique.
Saint Ambroife , Saint Auguftin & plufieurs
autres Pérès de l'Eglife, les Conciles de Rome ,
d'Agde , de Conftantinople , de Tours , & une
infinité de Synodes ont également condamné les
/'/;_>'/ijf7trV«, les remèdes apliquez avec des paroles,
&c étoient régardez comme des inventions du
Démon , dont le culte ofenfe direflement l'au-
torité d'un Dieu , que nous devons uniquement
adorer. Voïez Thiers, dansfon Traité des Superjl.
tom. i. liv. 3. chap. i. & fiiiv.
Phylactères , f. m. [P/iylacleria. ] Bandes de
parchemin , que portoient les plus dévots d'entre
les Juifs fur leur front , & où étoient écrites les
paroles delà loi. (Ils étendent leurs phylaûéres.
P H I L A u T I E. Amour de foi-même. Complai-
fance vitieufe pour foi-même. (Cet homme eft
plein de philautie. j4cad. Fr. )
P H I L I F E , ou F I L I p E , y^ m. [ Philippus. ]
Nom d'homme , dont le diminutif efl Philipot ,
qui veut dire , petit Philipe. ( Philipe de Valois
Roi de France mourut en i 370. âgé de cinquante-
cinq ans.)
Phi Li POT , y^ /«. Petit Philipe. (Philipot
devient grand. )
Ph I L I POT E , /./. Nom de fille , qui veut
dire petite Ptiilipt. ( Philipote eft belle. )
Philologie, f.f. {^Philologia. ] C'eft une
litcrature univerfelle qui s'étend à toute forte
de fcience & d'Auteurs. Ce mot eft Grec.
Pliilologiie , f.f. Un Sçavant qui a une litté-
rature univerfelle , ou qui écrit fur toute forte
de littérature , ou qui peut en difcourir.
Philologique , adj. On nomme Philologicjue
une Differtation fur des matières de litcrature.
Philomfle. Nom, dont les Poètes fe fervent
fouvent pour marquer un roflignol.
( Et dans les bois prochains Philométe en génùt.
On voit plus d'une hirondelle ,
Et l'on entend nuit & jonr,
La cliarmame Philomèlc
Parler de fon tendrs amour.
Bofquillon. )
Philosophe,/, m. \_Philofopt{us.'\ Mot qui
vient du Grec & qui veut dire Amateur de la
Sagejfe, Sage. Prudent. Mais comme dans ce fens,
PHI.
le nombre des Phdofophes d'aujourd'hui eft fort
limité, on l'étend un peu davantage, & on
nomme philoloplie celui qui fçait , qui croit
fçavoir , ou qui fe pique de fçavoirla Logique,
la Morale & la Phyfique. (Lucien a mis les
anciens l^hilofophes à l'encan, & à fon imitation
on feroit un plaifant dialogue fur les Philofophes
modernes. )
Defcartes eft le plus grand Philofophe qu'il y
ait eu. Gaffendi l